Quand la ville plonge dans le noir, place au système D

à ne pas ouvrir la chambre froide afin de ne pas faire baisser sa tem- pérature », explique Aude Busnel, responsable des deux restaurants. Finalement 40 kg de ...
1006KB taille 5 téléchargements 72 vues
Saint-Malo

Rédaction : 15, avenue Jean Jaurès Tél. 02 99 40 65 65 - Fax : 02 99 40 65 69 Courriel : [email protected] Relations abonnés : Tél. 02 99 32 66 66

Ouest-France Jeudi 2 juillet 2015

Quand la ville plonge dans le noir, place au système D Le temps d’une nuit, Saint-Malo a vécu sans électricité. La coupure de courant a bousculé la soirée. Restaurateurs, mareyeur, force de l’ordre ont passé une nuit mouvementée.

Reportage 21 h 30, chaleur suffocante. À l’approche des vacances, les longues soirées d’été ne laissent pas présager une coupure de courant. L’ambiance est à la détente. Et puis, soudain, à bord d’un bateau dans le bassin Vauban, un voisin débarque : « Il n’y a plus d’électricité dans le quartier, nous ne pouvons plus ouvrir les toilettes du port. » Rien de dramatique, la soirée continue et le soleil se couche petit à petit. D’un seul coup, Intra-muros se retrouve dans le noir. Plus d’éclairage public, les feux de signalisation sont éteints. Les questions fusent. « Euh Mademoiselle ? Ou Monsieur ? Désolé, mais je ne vois rien. Vous savez si les boîtes de nuit sont encore ouvertes malgré la coupure de courant ? » Saint-Malo n’est éclairé que par la pleine lune. Une atmosphère étrange règne. Silencieuse, la ville semble soumise à un couvre-feu. Les voitures roulent très prudemment. Aux Bas-Sablons des jeunes traînent sur la plage. Pour se déplacer, ils utilisent leur téléphone portable, la lampe torche du XXIe siècle !

Panique en cuisine ! La ville ne dort que d’un œil. Touristes et Malouins traînent en terrasse en attente de leurs plats. C’est la panique en cuisine. « Nous étions complet. Nos appareils ont trente minutes d’autonomie et nous pensions que ça allait se rétablir, mais non. Alors nous l’avons fait à l’ancienne, s’amuse Thibault Hector, propriétaire du Lion d’or, du Café de l’ouest et de la Licorne place Chateaubriand. Nous ne pouvions plus utiliser les fours ou la friteuse, alors c’était moules et salade pour tout le monde. Nous avons mis des bougies et garé nos voitures phares allumés devant les terrasses pour les éclairer. Finalement, à part quelques mécontents, les clients ont

joué le jeu. Il y en a même qui ont trinqué à la coupure de courant. » Thibault Hector ne comptabilise aucune perte contrairement au Café de Saint-Malo et à la Duchesse Anne : « Nous avons perdu toute la marchandise qui était dans les petits frigos. Mais nous avons fait attention à ne pas ouvrir la chambre froide afin de ne pas faire baisser sa température », explique Aude Busnel, responsable des deux restaurants. Finalement 40 kg de viande et une soixantaine de homards n’ont pu être sauvés.

Nuit blanche Chez Matthieu crustacés, près de la criée, la soirée n’a pas été de tout repos. « Nous avons dû faire la vidange des viviers d’araignées et sortir les homards de l’eau. L’électricité nous permet de fournir l’eau en oxygène. Le courant est revenu vers 1 h 30, alors nous avons effectué la procédure inverse. Mais à 3 h, une deuxième coupure arrive et nous avons du tout recommencer », raconte fatiguée Marie-Christine Giroux, employée de l’entreprise. « Ça me fait mal au cœur le gâchis, ce sont des marins pêcheurs qui travaillent derrière », se désole-t-elle. Finalement, elle n’a pas réussi à sauver ses araignées.

La coupure d’électricité, hier soir, a chamboulé la soirée de nombreux Malouins et touristes. Ils ont dû improviser. Comme ici au Lion d’or.

« C’est un attentat ? » « Nous avons reçu des appels pour savoir si c’était un acte de malveillance, un attentat ou un événement naturel. On a beau être à des milliers de kilomètres de tout ça, l’esprit est impacté et la moindre épine semble suspecte », témoigne le commandant Jean-Marc Urvois, au commissariat.

Marie-Axelle RICHARD. Regarder notre vidéo sur ouestfrance.fr Lire également en page 8

Marie-Christine Giroux, employée de Matthieu crustacés.

Aude Busnel, responsable du Café de Saint-Malo et de la Duchesse Anne.

Les commerçants et restaurateurs touchés

La nuit a été courte pour Christophe Guesdon, boulanger dans le quartier de la gare. A 21 h 30, mardi, lorsque la coupure de courant plonge SaintMalo dans le noir, c’est la panique : « J’étais très stressé de perdre toute la pâte que j’avais faite la veille. » Christophe se précipite dans sa boulangerie, reste au chevet de ses machines quelques instants. Impuissant, il rentre chez lui, mais reste aux aguets. « J’avais mis la télévision en veille et quelques interrupteurs ouverts, pour que ça me réveille, une fois le courant revenu. » En tout, Christophe Guesdon a perdu 150 € de matières premières. Comme beaucoup d’autres commerçants, il a dû redoubler d’effort hier matin pour servir ses clients à l’heure.

Des pertes à la laiterie Malo La laiterie de Saint-Malo, elle, n’a pas pu livrer dans les temps. « Tout ce qui était sur la ligne de production a été détérioré », déplore le directeur du site, Xavier Macé. Cinq personnes sont restées à l’usine toute la

nuit pour nettoyer. Xavier Macé est désabusé : « Pour l’instant, le souci principal est de livrer nos clients. Nous n’avons pas d’estimation des pertes pour le moment, on fera les comptes ultérieurement. » Même son de cloche au MacDonald’s, qui n’a ouvert ses portes qu’à 14 h, hier. « Nous avons perdu une grande partie de nos produits, regrette la manager Solène Rolland. Il a fallu attendre la livraison exceptionnelle de ce matin pour repartir. » Outre la perte des produits, le fast-food a souffert de l’arrêt du service pendant la coupure, même si le manque à gagner reste difficile à estimer. « On était en plein rush quand c’est arrivé, relate Solène Rolland. Il a fallu évacuer les clients et en rembourser quelques-uns. »

Séances de cinéma interrompues Les clients du casino et des cinémas malouins se sont eux aussi retrouvés sur le trottoir. La séance a été interrompue au milieu du film, pour les 48

Assurer les urgences en pleine panne

Police, maisons de retraite, hôpitaux : comment gérer une panne d’électricité quand on doit répondre aux urgences ?

Si l’alimentation est assurée par un groupe électrogène dans la plupart des supermarchés, les pertes ont parfois été très lourdes dans les rayons frais.

spectateurs du Vauban 2 et les 260 du Vauban 1, remboursés par la suite. Au casino Barrière, l’ordre d’évacuer a été émis trois quarts d’heure avant la fermeture habituelle. Le tout, dans le calme : « Il n’y avait pas trop de monde. Nous avons donc noté les noms pour que les clients puissent revenir et récupérer leur mise. Nous les avons recontactés aujour-

Nouveautés

Louez La vaLise qu’iL vous faut Impasse de la Peupleraie à côté du QUICK et du

CÉZEMBRE / ST-MALO

www.latitude-bagagerie.com 02 23 52 19 25 Annonceurs, cette rubrique vous intéresse, contactez Precom au 0 820 856 212 (0.12€/mn)

800 L

C’est, environ, la quantité de glace perdue par le magasin Sanchez, dans l’Intra-muros, suite à la panne de courant. L’artisan glacier a dû fermer à 21 h 30, mardi, soit deux heures et demie avant la fermeture habituelle.

d’hui », raconte Mickaël Perouzel, directeur des machines à sous. Les activités avaient repris leur cours normal dans l’après-midi, même si la coupure de courant animait toujours les conversations entre clients et commerçants.

Perrine KETELS.

Séance de micro-peeling

Deal du jour sur

saintmalo.maville.com tIon Interven

eXPre7S2Sh

SouS um maXIm

59€

au lieu de 119€

• Dépannage volets roulants manuels ou électriques • Motorisation des volets roulants “manuels” • Vente de pièces détachées

DInan, DInarD, SaInt-maLo et communes alentours

12 Bd Villebois Mareuil - SaInt-maLo [email protected] - www.universtore.fr

marc PePIon

06 20 33 41 48

Les hôpitaux doivent se doter d’un groupe électrogène depuis 2003.

« Les gens se demandaient ce qui arrivait. On a eu des réactions mêlées d’inquiétude et d’angoisse », relate Jean-Marc Urvois, commandant au commissariat de police de Saint-Malo. Lorsque la panne d’électricité se déclenche, mardi, à 21 h 30, le standard du commissariat vibre sous les appels soucieux de Malouins, craignant un acte de malveillance. Il faut agir vite, rassurer la population et mettre en place un dispositif d’urgence. « On a demandé à Rennes un petit renfort, notamment des véhicules avec des chiens, sur les sites susceptibles d’être volés, suite à la coupure des alarmes et des dispositifs de sécurité », raconte JeanMarc Urvois. Les liaisons téléphoniques et communications radio sont restées actives, grâce au groupe électrogène

du commissariat. Un dispositif rendu obligatoire dans les hôpitaux depuis 2003, pour rester opérationnel à tout moment. Moins touchées par les urgences, les maisons de retraite doivent tout de même se doter de moyens d’alimentation autonome elles aussi. L’Ehpad de Notre-Dame-des-Chênes a pourtant été plongée dans le noir, mardi soir. « Heureusement que cela s’est produit dans la nuit, souffle Anne Le Moal, directrice de l’établissement. Les résidents dormaient et il faisait suffisamment frais pour qu’il n’y ait pas de problème, causé par un manque de ventilation. » Deux membres du personnel ont passé la nuit à rassurer les uns et les autres. Seul incident majeur de la panne : le petit-déjeuner, qui n’a pas pu être servi à temps, à cause des boulangeries fermées.