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Conversion Discernement Mission – Susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord

Conversion Discernement Mission Susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord Réflexion et guide d’action pratique à l’usage des évêques, supérieurs majeurs, prêtres en paroisse, diacres, religieux, jeunes adultes, éducateurs, parents, responsables des vocations, aumôniers universitaires, agents de pastorale scolaire, séminaristes, jeunes religieux, Serrans, Chevaliers de Colomb, groupes de femmes, autres mouvements

CECC

laïcs, communicateurs et médias, directeurs de formation, nouveaux mouvements ecclésiaux, instituts séculiers et de quiconque est convaincu que les vocations peuvent faire la différence.

Conversion Discernement Mission Susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord Réflexion et guide d’action pratique à l’usage des évêques, supérieurs majeurs, prêtres en paroisse, diacres, religieux, jeunes adultes, éducateurs, parents, responsables des vocations, aumôniers universitaires, agents de pastorale scolaire, séminaristes, jeunes religieux, Serrans, Chevaliers de Colomb, groupes de femmes, autres mouvements laïcs, communicateurs et médias, directeurs de formation, nouveaux mouvements ecclésiaux, instituts séculiers et de quiconque est convaincu que les vocations peuvent faire la différence.

PLAN PASTORAL DU TROISIÈME CONGRÈS CONTINENTAL SUR LES VOCATIONS AU MINISTÈRE ORDONNÉ ET À LA VIE CONSACRÉE EN AMÉRIQUE DU NORD

VOCACIÓN,DONDEDIEU, GIVENFORGOD’SPEOPLE

Ce Plan pastoral a été approuvé par le comité exécutif du Congrès, placé sous la supervision épiscopale de Mgr Roger Schwietz, o.m.i. (Anchorage, AK), Mgr Richard Grecco (Toronto, ON), et de Mgr André Rivest (Montréal, QC). Le Plan a été rédigé par le coprésident du Congrès, M. l’abbé Raymond Lafontaine, qui a bénéficié de l’apport considérable des autres membres de l’exécutif : Soeur Catherine Bertrand, S.S.N.D. (Chicago, IL), Soeur Martha Fauteux, S.S.N.D. (Waterdown, ON), Madame Dorothy Foss (Little River, SC), Soeur Barbara Anne Gooding, R.S.M. (Washington, DC), Soeur Susan Kidd, c.n.d. (Toronto, ON), Monsieur William Kokesch (Ottawa, ON), M. l’abbé William Kubacki (Toledo, OH), et Dr Patricia Skarda (Northampton, MA). Monsieur Albert Beaudry a préparé la traduction française de l’ouvrage Conversion,D iscernm ent, M ission :Creating a Vocation Culture in N orth Am erica et Sœur Lisette Ducharme, ssccjm a révisé la traduction. Photos : Richard J. Osicki, sauf W.P. Wittman Photography – 54 T/B, 84; SKJOLD – 76; L’Osservatore Romano - 119 Art & m ontage : Service des Éditions de la CECC Publié par: Service des Éditions Conférence des évêques catholiques du Canada 2500, promenade Don Reid Ottawa, Ontario K1H 2J2 Tél : (613) 241-7538 ou sans frais 1-800-769-1147 (Canada et États-Unis) Téléc. : (613) 241-5090 Courriel : [email protected] Im prim é au Canada par: Tri-Graphic Printing (Ottawa) Limited Réimprimé en 2004. Conversion,discernem ent,m ission :Susciter une culture de la vocation en Am érique du N ord, Copyright © Concacan Inc., 2003. Tous droits réservés. Seul le Chapitre 6 du présent plan peut être reproduit sans la permission expresse de l’une des deux conférences épiscopales ci-haut mentionnées. Si, par inadvertance, l’auteur a omis d’obtenir la permission pour l’utilisation d’une œuvre protégée, l’éditeur, sur avis du détenteur, ajoutera la mention de droit d’auteur dans le prochain tirage du livre. Disponible aussi en anglais sous le titre Conversion,D iscernm ent,M ission:Creating a Vocation Culture in N orth Am erica. D épôt légal: Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa ISBN 0-88997-476-4 (version française) ISBN 0-88997-477-2 (version anglaise) No. de l’ouvrage de la CECC : 184-452

Tabledesmatières LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA CECC Jacques Berthelet, c.s.v.

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LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA USCCB Wilton D. Gregory

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Section un – Les fondements ChAPITRE1

«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous?» L’histoire du Congrès nord-américain de 2002

ChAPITRE2

«Lechamp,c’estlemonde.» Les vocations dans le contexte de la société nord-américaine

ChAPITRE3

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«Jésusleurexpliqua,danstoutel’Écriture, cequileconcernait.» Fondements bibliques et théologiques d’une pastorale des vocations

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Section deux – Action ChAPITRE4

«Jésuslui-mêmes’approcha,etilmarchaitaveceux.» Cinq priorités pastorales: Prier, évangéliser, expérimenter, accompagner, inviter

ChAPITRE5

«Àl’instantmême,ilsselevèrent etretournèrentàJérusalem.» Plan d’action pastorale spécifique: suggestions pratiques

ChAPITRE6

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«Ilsracontaientcequis’étaitpassésurlaroute, etcommentilsl’avaientreconnuquandilavait rompulepain.» Guide d’animation

ANNExEA Déclarationdesjeunesadultes ANNExE B MessagedupapeJean-PaulII ANNExE C MembresduComitéexécutif NOTES TABLEDESMATIÈRESDÉTAILLÉE

106 116 119 123 128 132

CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DU CANADA CANADIAN CONFERENCE OF CATHOLIC BISHOPS

Le 18 novembre 2002 Le troisième Congrès continental des vocations aux ministères ordonnés et à la vie consacrée, qui s’est tenu à Montréal (Québec) du 18 au 21 avril 2002, a été un véritable événement d’Église. Événement qui a réuni plus de 1100 délégués représentant l’Église en Amérique du Nord : évêques, prêtres, diacres, religieuses et religieux, jeunes et moins jeunes, et impliqués dans des services diocésains ou scolaires, mouvements et associations. Tous sont engagés à supporter l’émergence de vocations pour l’Église d’aujourd’hui. Ce congrès a suscité une heureuse collaboration entre la Conférence des évêques catholiques du Canada et de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis. À l’invitation du Saint-Père, les deux conférences épiscopales ont uni leurs efforts et ont rassemblé un comité organisateur qui, par sa composition, illustrait l’importance pour notre Église d’adopter une culture des vocations. «CONVERSION, DISCERNEMENT, MISSION : Promouvoir une culture des vocations en Amérique du Nord». Le Plan pastoral, issu de ce troisième congrès, s’inscrit dans une démarche ecclésiale qui propose la mise en œuvre, dans chacun de nos milieux, de la pédagogie d’une pastorale des vocations tournée vers la communauté chrétienne. Pour l’Église canadienne, le troisième Congrès continental des vocations et la Journée mondiale de la jeunesse ont été deux moments extraordinaires qui nous ont permis d’entendre les aspirations des jeunes et celles de toute l’Église. Les paroles fortes du Saint-Père lors de la Journée mondiale de la jeunesse continuent de résonner : «Le monde a besoin de vous, le monde a besoin de sel, de vous comme sel de la terre et lumière du monde». ( Homélie de Jean-Paul II, 28 juillet 2002, no 3) Cet appel enthousiaste renforce la conviction soulevée lors du Congrès des vocations de l’importance d’instituer une nouvelle culture des vocations au cœur même des communautés chrétiennes. Tous les fidèles sont appelés, par leur baptême, à être à l’écoute des appels spécifiques du Seigneur pour leur vie et leur bonheur. Cette mission est non seulement une responsabilité individuelle, mais elle est celle de chacune des communautés. L’appel aux ministères ordonnés et à la vie consacrée s’entend à la fois au cœur de la personne, mais il vibre au sein de communautés chrétiennes vivantes et elles-mêmes interpellantes de la Parole de Dieu. Lors de la Journée mondiale de la jeunesse à Toronto, les jeunes du monde entier ont eu l’occasion de vivre des moments forts de rencontre avec Jésus et de découvertes des possibilités extraordinaires que la foi au Christ éveille en eux. Le Saint-Père a bien entendu cet appel des jeunes et il les a interpellés :«Et si, au plus profond de votre cœur, vous entendez résonner le même appel au sacerdoce ou à la vie consacrée, n’ayez pas peur de suivre le Christ sur la voie royale de la Croix!». (Homélie de Jean-Paul II, 28 juillet 2002, no 5). Nous avons maintenant la responsabilité d’être au service de ces jeunes qui aspirent à réaliser leur vocation et de répondre avec générosité et entrain à l’appel du Seigneur. Ils revivent aujourd’hui ce que Marie, toute jeune, a vécu lorsque l’Ange l’a visitée. Comme Marie, ils peuvent être appelés à dire : «Qu’il me soit fait selon ta parole !» (Lc 1, 38) Déjà, les responsables diocésains, de communautés religieuses, de pastorale des vocations et de pastorale jeunesse, les leaders de mouvements de jeunes et d’associations se concertent pour être davantage présents aux personnes qui s’éveillent à leur propre vocation dans l’Église. C’est sur cette lancée que se présente le plan pastoral comme contribution à la progression des services pastoraux pour les jeunes en discernement. Ce plan pastoral est le fruit d’une réflexion qui a impliqué non seulement les délégués du Congrès, mais des milliers de participants aux mini-congrès diocésains et paroissiaux organisés à travers le Canada et les Etats-Unis. Je souhaite qu’il devienne une ressource de premier plan pour encourager et susciter la mission dans nos communautés chrétiennes pour que cette nouvelle culture des vocations émerge avec vigueur dans notre Église. Prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson ! † Jacques Berthelet, c.s.v. évêque de Saint-Jean-Longueuil Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

UNITED STATES CONFERENCE OF CATHOLIC BISHOPS

Le 18 novembre 2002 Chers frères et sœurs dans le Christ, Le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord a été une grâce pour l’Église. Comme vous le savez, il a été convoqué par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II et s’est déroulé à Montréal du 18 au 21 avril 2002. J’ai eu moi-même le privilège d’y assister. Comme je l’ai dit dans l’homélie que j’ai prononcée devant les délégués, le vendredi 19 avril 2002, « les vocations à la prêtrise et à la vie consacrée ne manquent pas dans notre monde; par contre, le discernement, l’écoute, l’acceptation et la confiance semblent faire défaut… Chaque vocation est donnée pour le bien de la personne appelée mais aussi pour celui de l’Église et du monde où nous sommes appelés à travailler.» Depuis la tenue du troisième Congrès continental sur les vocations, plusieurs personnes ont travaillé ferme pour colliger l’information et les données fournies par les 1136 délégués ainsi que par la dizaine de milliers de participants aux rencontres préparatoires organisées sur le plan local. Toutes leurs observations de même que les idées des nombreux conférenciers du Congrès sont reprises dans le Plan pastoral que voici. Ce Plan pastoral deviendra un outil : il servira à promouvoir une culture des vocations en Amérique du Nord. En vue de favoriser une telle culture des vocations, à cette heure de l’histoire de l’Église en Amérique du Nord, l’action pastorale va se concentrer sur cinq domaines : la prière, l’évangélisation, l’expérience, l’accompagnement et l’invitation. Tous les membres de l’Église en Amérique du Nord (évêques, supérieurs majeurs, prêtres, religieuses ou religieux, éducateurs ou éducatrices, diacres, parents, jeunes, membres d’organismes laïcs, etc.) seront invités à s’associer à ce Plan pastoral. En fait, nous espérons que ce sera toute l’Église d’Amérique du Nord qui assumera cette responsabilité en encourageant les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée. Dans son message pour la 40e Journée mondiale de prière pour les vocations (le 11 avril 2003), le Saint Père rappelle que «si dans la culture actuelle celui qui sert est perçu comme inférieur, dans l’histoire sainte le serviteur est celui qui est appelé par Dieu pour réaliser une œuvre singulière de salut et de rédemption». Nous le savons, car nous pouvons témoigner du nombre et de l’enthousiasme des jeunes présents à la Journée mondiale de la jeunesse de Toronto, les jeunes sont inspirés par le Saint Père et ils sont prêts à répondre à l’appel à la sainteté et au service qui leur est lancé par Dieu. Le troisième Congrès continental sur les vocations et les deux Journées mondiales de la jeunesse célébrées en Amérique du Nord ont contribué à jeter les bases d’une culture des vocations sur notre continent. Le présent Plan pastoral nous aidera à susciter un environnement propice, apte à inciter les jeunes à répondre favorablement à l’appel de Dieu. Plusieurs, en effet, sont en mesure de suivre l’exemple de la Vierge Marie et de dire «oui» au dessein de Dieu sur leur vie. Il nous incombe d’appuyer leur vocation et ce rôle est une responsabilité importante partagée par toute l’Église. Reportons-nous de nouveau aux paroles du Saint Père. «Comme les autres fois, nous tournons en ce moment encore notre regard vers Marie, Mère de l’Église et Étoile de la nouvelle évangélisation. Invoquons-la avec confiance afin que l’Église ne manque pas de personnes prêtes à répondre généreusement à l’appel du Seigneur, qui invite à un service plus direct de l’Évangile.» Je prie pour qu’on utilise le Plan pastoral que voici de manière à lui faire rendre tout ce qu’il peut donner et à créer une culture où jeunes gens et jeunes filles répondront avec courage à l’appel du Seigneur et envisageront les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée. Sincèrement dans le Christ, † Wilton D. Gregory Évêque de Belleville Président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis

SECTIONUN Lesfondements la conversion et le discernement

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ChAPITRE1 «Notrecœurn’était-ilpas brûlantennous?» L’histoire du congrès nord-américain de 2002 «Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures?» (Luc 24, 32)

MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE Une histoire digne d’être racontée Les gens au cœur de l’histoire L’endroit et le moment Les jeunes et les jeunes adultes : «une option préférentielle» Les délégués : principales recommandations La genèse du Plan pastoral Le Congrès et l’Église universelle

Unehistoiredigned’êtreracontée Le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord s’est déroulé à Montréal, Québec, Canada, du 18 au 21 avril 2002. Il avait trois grands objectifs: • susciter en Amérique du Nord un environnement propice à la promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée • unir et orienter l’Église en Amérique du Nord dans son engagement à cultiver les vocations • accueillir dans l’espérance les futurs ouvriers pour la moisson. Afin d’atteindre ces objectifs, l’exécutif du Congrès1 a conçu un événement qui permettrait d’offrir: • une expérience de célébration des vocations, avec une forte composante spirituelle • une solide réflexion théologique et pastorale sur les problèmes concrets que doit affronter la pastorale des vocations en Amérique du Nord

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Chapitreun

• un plan pastoral pour l’Église en Amérique du Nord, en vue de mettre en œuvre de façon réaliste et pratique les recommandations des délégués au Congrès. Tels sont les faits. Les Actes du Congrès2 relatent de façon détaillée la planification et la célébration de ce rassemblement de 1100 délégués des différents secteurs de l’Église en Amérique du Nord. Ce récit est du plus haut intérêt, tant pour ceux et celles qui ont participé au Congrès directement ou indirectement que pour les personnes qui contribueront à sa mise en œuvre à long terme. Nous sommes nombreux à oublier le détail des heures et des dates qui forment la matière première de l’histoire. Mais lorsqu’il s’agit de récits, notre mémoire est généralement bien meilleure. Il n’y a pas à s’en étonner. Peuple chrétien formé par l’Évangile, les catholiques savent bien ce que c’est que d’entendre raconter des récits, d’y puiser une formation, de les vivre et de les transmettre à la génération suivante. Le présent chapitre d’introduction a moins pour objet le noble travail de l’historien que l’activité plus humble du conteur, car le Congrès nord-américain sur les vocations de 2002 est une histoire qu’il est nécessaire de raconter.

« L’EspritdeDieunourrissait l’énergiejuvénilequianimaitles

C’est une histoire de dialogue, histoire de échangesauxtables… » l’engagement profond d’hommes et de femmes de foi travaillant généreusement dans un esprit de collégialité, histoire de planification réfléchie et méticuleuse mais aussi de joie spontanée et d’énergie juvénile. Une histoire dont l’action se déroule dans un contexte de crise et de scandale, au moment où l’image des ministres ordonnés de l’Église et la crédibilité même de l’Église catholique en Amérique du Nord subissaient un grave préjudice. La crise est devenue temps de grâce, le moment pour nous d’accepter notre besoin de conversion, de sainteté, de Dieu. La foi s’en est trouvée fortifiée, l’espérance réveillée, la charité accrue, les liens d’amitié approfondis. On a rencontré le Christ Sauveur et Semeur, Celui qui sème la semence du règne de Dieu en tout lieu, dans chaque cœur humain, sans préférence comme sans exception. Dans cette histoire, l’Église en Amérique du Nord nomme et assume la tâche privilégiée qui est la sienne de permettre à une nouvelle génération de jeunes gens et de jeunes filles de vivre leur vocation, de la discerner et d’y répondre généreusement comme à un «don de Dieu, fait au peuple de Dieu». Pour mieux saisir la portée des recommandations spécifiques de ce plan pour l’avenir de la pastorale des vocations, il vaut la peine d’entendre l’histoire d’un événement qui est devenu l’expression authentique d’une espérance en l’avenir de l’Église sur ce continent. Dans cette Église, le témoignage du ministère ordonné et de la vie consacrée continuera de jouer un rôle vital et irremplaçable.

Lesgensaucœurdel’histoire Le 18 avril 2002, 1136 délégués, venus surtout du Canada et des États-Unis, se retrouvaient à l’Hôtel Reine-Élisabeth, au centre-ville de Montréal. Des représentants du Mexique, de la Caraïbe, de l’Amérique latine, de l’Europe, de l’Australie et du SaintSiège allaient donner au Congrès une dimension internationale et donc une saveur

«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous?»

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SECTIONUN –Lesfondements plus complètement «catholique». Les délégués incarnaient la diversité régionale, ethnique et culturelle qui caractérise aujourd’hui l’Église catholique en «L’unitéaaussiétéforgée Amérique du Nord. Il y avait là des femmes et des àpartird’unedonnée hommes de foi profonde, personnellement engagés dans l’Église : des évêques, des prêtres et des diacres, théologiquecentrale : des sœurs et des frères, des laïcs consacrés, des lefaitquechaquevocation missionnaires et des contemplatifs, des novices et des séminaristes, des responsables religieux et diocésains chrétienneestbien“un de la pastorale des vocations, des formateurs et des dondeDieu,faitaupeuple éducateurs, des pasteurs et des théologiens, des responsables de pastorale jeunesse et de pastorale deDieu”» universitaire, des agents de pastorale scolaire, des membres d’associations laïques engagées dans la promotion des vocations et, chose importante, des parents et des jeunes adultes. Cette assemblée diversifiée se réunissait autour d’un objectif commun. Celui-ci ressortait clairement du logo du Congrès, qui en illustrait le thème – Vocación: Don de Dieu, Given for God’s People – en évoquant la figure biblique du Semeur répandant généreusement le don de la vocation dans le cœur humain, appelant une récolte abondante. Le rituel d’ouverture, axé sur le cierge pascal, rappela aux participants que c’est le Christ ressuscité qui appelle à la vie, au témoignage, à la communauté des disciples, au ministère. Un chant thème enlevant, célébrant le fait que chacun et chacune d’entre nous est appelé «à une mission d’amour et à servir le Seigneur» identifiait Jésus – Enseignant, Conseiller, Berger, Sauveur – comme la source et le terme de notre appel personnel, comme Celui qui rend possible de répondre avec générosité. Quand le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal, transmit aux délégués les vœux du pape Jean-Paul II, il devint évident que cette assemblée de l’Église en Amérique du Nord était en communion avec l’Église locale, hôte du rassemblement, et avec l’Église universelle qui invitait à le convoquer. Pendant quatre jours, plusieurs orateurs – conférenciers principaux, animateurs d’atelier, porte-parole du Saint-Siège – allaient partager les fruits de leur recherche et de leur sagesse avec les délégués au Congrès. Leurs propos seraient marqués par une profonde connaissance et un grand amour de la tradition catholique, par l’acuité du regard théologique, par une analyse sociale pénétrante, une vaste expérience pastorale et une solide réflexion spirituelle. Ils ont jeté un regard neuf sur ce qu’on appelle la «crise des vocations», appelant les délégués à y voir non pas d’abord une menace mais plutôt une grâce, l’occasion de discerner les chemins de la conversion et du renouveau auxquels est appelée l’Église en ce temps et en ce lieu. Répondant en plein temps pascal à cet appel à la conversion et au renouveau, l’assemblée réunie a fait l’expérience de la présence vitale et authentique du Christ ressuscité. La présence de Dieu invitait les

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Chapitreun

délégués à la prière et à l’Eucharistie. On reconnut Sa présence dans le partage de la Parole et la fraction du pain. L’Esprit de Dieu nourrissait l’énergie juvénile qui animait les échanges aux tables et les plénières «à micro ouvert», suscitant l’écoute attentive, le partage respectueux et le discernement dans la prière. C’est ainsi que les délégués se sont employés à «lire les signes des temps et à les interpréter à la lumière de l’Évangile3». C’est avant tout leur lecture qui inspire ce plan pastoral qui vise à susciter une authentique «culture de la vocation» dans l’Église d’Amérique du Nord. En assumant cette responsabilité, les délégués au Congrès répondaient à l’invitation que leur avait lancée Sa Sainteté le pape Jean-Paul II par l’entremise de l’Œuvre pontificale pour les vocations ecclésiastiques. Après que des congrès sur les vocations eurent été organisés pour l’Amérique latine (Sao Paulo, 1994) et pour l’Europe (Rome, 1997), les conférences épiscopales du Canada et des États-Unis furent invitées à entreprendre la préparation d’un congrès semblable pour le continent nord-américain4. Très tôt, il ressortit des consultations que pour que le Congrès puisse donner un fruit durable, une pluralité de voix, d’expériences et d’engagements vocationnels devraient être associés à sa conception et à sa réalisation. La composition de l’exécutif du Congrès reflétait clairement ce souci de diversité. Trois évêques – un des États-Unis et deux du Canada (secteurs français et anglais) – assuraient la supervision épiscopale. Deux prêtres diocésains – un Canadien, un Américain – faisaient office de coprésidents. Ils avaient autour d’eux 15 personnes dévouées et compétentes : sœurs, frères et laïcs consacrés, femmes et hommes laïcs, diacres et prêtres. L’équipe comprenait des représentants des supérieurs religieux et des conférences vocationnelles canadienne et américaine, mais aussi des personnes qui avaient l’expérience de la pastorale des vocations dans le contexte plus large de la vie de l’Église. À partir de cette diversité, il fallait forger l’unité. Les polarités linguistiques et régionales qui dominent le paysage de l’Église au Canada diffèrent des polarités dominantes de race et d’idéologie qu’on observe aux États-Unis. Néanmoins, on a pu nommer et relever des éléments et des défis communs, et la diversité est devenue signe d’espérance pour une future collaboration – sur le plan vocationnel et missionnaire à travers toute l’Amérique du Nord. Pour préparer le Congrès, des «mini-congrès» diocésains ou régionaux ont été organisés localement un peu partout en Amérique du Nord. De septembre 2001 à mars 2002, ils réunirent plus de 10 000 participants, représentant au moins 136 diocèses d’un bout à l’autre du continent. L’unité a aussi été forgée à partir d’une donnée théologique centrale : le fait que chaque vocation chrétienne est bien «un don de Dieu, fait au peuple de Dieu», un appel à la sainteté, au statut de disciple et au service, axé sur la construction du Corps du Christ dans le monde. En outre, ici et maintenant, Dieu continue d’inviter des hommes et des femmes à vivre un engagement public et permanent et à assumer un témoignage généreux et un service désintéressé dans le cadre des vocations particulières à la vie consacrée et au ministère ordonné.

«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous?»

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SECTIONUN –Lesfondements Le défi pastoral fondamental consiste à susciter une «culture de la vocation» dans l’Église d’Amérique du Nord, c’est-à-dire une culture dans laquelle chaque fidèle est amené à pouvoir identifier et assumer la mission à laquelle il est appelé, en tant que membre du Corps du Christ, dans le monde et pour le monde. La promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée ne peut se comprendre qu’en lien avec la vocation baptismale universelle à la sainteté et au service. Les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée – comme au célibat et au mariage, au ministère laïc et au témoignage chrétien dans la société séculière – s’épanouiront dans l’Église quand chaque membre pourra identifier et vivre concrètement l’appel du Père à la vie et à la sainteté, l’appel du Fils à devenir son disciple et à vivre la communion, et l’appel de l’Esprit au témoignage et à la mission.

L’endroitetlemoment L’endroit et le moment où s’est tenu le Congrès n’ont pas peu contribué à en dévoiler la signification profonde. Il se déroulait dans la ville de Montréal, dont les racines sont françaises et catholiques et qui est devenue une métropole cosmopolite, multiculturelle et sécularisée. Même s’il y a beaucoup à célébrer dans la diversité linguistique, culturelle et religieuse qui caractérise aujourd’hui cette grande ville, cette diversité s’accompagne d’une perte du sens profond de l’engagement chrétien qui a inspiré ses fondateurs et qui a façonné son histoire. Dans ce contexte, la construction de l’unité sociale, du consensus moral et d’une véritable profondeur spirituelle est devenue une tâche extrêmement difficile. Le Congrès se tenait dans la province de Québec. Le Québec a une riche histoire religieuse : berceau de la foi catholique dans le Nord de l’Amérique, il a vu naître plusieurs congrégations religieuses et il a formé un très grand nombre de prêtres et de religieux et religieuses. Ces femmes et ces hommes audacieux ont joué un rôle vital dans la mise en place d’une infrastructure d’institutions catholiques (éducatives, sociales, culturelles et caritatives) dans toute l’Amérique du Nord et au-delà. En dépit de son riche héritage ecclésial, l’Église du Québec est aussi celle qui, en Amérique du Nord, a vu diminuer le plus rapidement la pratique religieuse et la relève vocationnelle.

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Chapitreun

À l’origine, le Congrès devait se ternir du 4 au 7 octobre 2001. À cette date, il serait survenu au lendemain des événements tragiques du 11 septembre : terrorisme, conflit armé et instabilité mondiale. Cependant, à l’été 2000, quand on se rendit compte que le Congrès coïnciderait avec le prochain Synode des évêques, à Rome, il fut décidé de le reporter en avril 2002. On ne pouvait évidemment pas prévoir que cette décision ferait que le Congrès surviendrait en pleine « Maisàmesurequeprogressait crise interne et externe de l’Église, en un temps de scandale et d’humiliation, relié à la divulgation de leCongrès,lasituations’est nombreux cas d’inconduite sexuelle chez des membres miseàchanger» du clergé en différentes régions des États-Unis. La situation se compliquait encore du fait qu’on reprochait à des évêques et à d’autres responsables ecclésiastiques d’avoir cherché à taire et à dissimuler ces incidents. Dans les semaines qui ont immédiatement précédé la tenue du Congrès, cette image de l’Église et de ses ministres a été présentée tous les jours au public nord-américain, dans les pages de ses journaux et magazines comme dans les émissions diffusées à la radio et à la télévision. À Montréal, les délégués se sont trouvés confrontés à des manifestants brandissant des pancartes où on lisait que les victimes de violence dans les institutions administrées par l’Église au Québec «attendaient un miracle». L’intérêt des médias pour le Congrès se concentrait sur les récentes révélations d’agression sexuelle et sur l’impact qu’elles pourraient avoir pour l’avenir des vocations sacerdotales et religieuses. À bien des égards, le moment semblait très mal choisi pour célébrer l’engagement des ministres ordonnés et des personnes consacrées dans l’Église, ou pour inviter des jeunes à envisager une vie de témoignage et de service dans l’Église. Mais à mesure que progressait le Congrès, la situation s’est mise à changer. A tour de rôle, les conférenciers principaux ont reconnu la colère, la confusion et la douleur provoquées par les récentes révélations, et la menace qu’elles représentaient pour la crédibilité morale de l’Église et de ses ministres. Mais ils ont invité les délégués, plutôt que de chercher refuge dans le déni ou dans le désespoir, à puiser au plus profond de la tradition catholique : à revendiquer la beauté radicale de l’appel évangélique à suivre le Christ et à renouveler leur engagement envers les idéaux les plus élevés du ministère ordonné et de la vie consacrée, bref à servir Dieu au coeur de son peuple. Le climat ambiant de suspicion en vint à être perçu comme un appel à la conversion, où l’Église pourrait vraiment participer au mystère pascal du Christ, luimême qualifié de pécheur, arrêté tel un criminel, humilié en public, dénudé en face de Ses accusateurs, abandonné et exécuté. En ce temps de Pâques, les délégués se sont fait rappeler que de la mort une vie nouvelle avait surgi dans le Christ ressuscité dont le corps rayonnait une vie nouvelle tout en portant la marque de Ses plaies. Un esprit de renouveau a ainsi jailli d’un recentrage sur la richesse de l’héritage biblique et théologique de l’Église. Les délégués ont exprimé leur espoir en un sacerdoce revitalisé, en un renouveau de la vie consacrée, en des formes encore à naître de collaboration et de respect mutuel entre ministres ordonnés, personnes consacrées et membres laïcs de l’Église, et en un accroissement de la transparence et de la responsabilité à tous les niveaux de l’Église. Les personnes présentes ont été

«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous?»

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SECTIONUN –Lesfondements sommées de «devenir feu» en embrassant leur vocation à la sainteté, en intégrant un engagement passionné pour la sainteté personnelle à la promotion pour la justice, en se donnant totalement au Seigneur de manière à pouvoir dire à la prochaine génération, avec autant de crédibilité que de conviction : «Dieu te demande toute ta vie. Donne-la Lui 5». On a rappelé aux délégués que ce genre d’engagement exige une conversion: conversion du cœur au niveau personnel, conversion des structures sociales et ecclésiales. Afin que le travail pour les vocations soit concret et efficace, il doit s’enraciner dans une attitude contemplative, sachant que Dieu, qui ne se laisse pas dépasser en générosité, continue d’appeler de «nouveaux porteurs de la flamme que Jésus est venu allumer sur la terre». Cela revient à croire que Dieu peut susciter des vocations «là où notre joie la plus profonde rencontre la soif profonde de notre monde 6», et qu’Il le fera. Quoique profondément personnelle, la vocation n’est jamais un projet purement individuel. Toujours situées dans le contexte plus vaste de la mission de l’Église dans le monde, les vocations ecclésiales répondent aux besoins concrets d’une époque et d’un temps particuliers. Les efforts de promotion des vocations doivent donc se rattacher à des projets missionnaires et communautaires spécifiques qui répondent à des besoins réels. C’est ainsi que l’engagement dans un projet d’Église locale offre à des jeunes adultes une occasion privilégiée de discerner leur cheminement vocationnel 7.

Lesjeunesetlesjeunesadultes : une«optionpréférentielle » Au cours du Congrès, l’Église a été mise au défi de nouer de vraies conversations avec les jeunes et les jeunes adultes en son sein. Ceci impose aux ministres «Laparticipationactivedejeunes ordonnés, aux femmes et aux hommes consacrés, et à catholiquesauCongrèsétaiten quiconque est en contact avec des jeunes, de leur partager leur histoire spirituelle, leur héritage religieux, soiuneprisedeposition : leur expérience communautaire et leur engagement puissantsigned’espérance …» pour la mission de l’Église. À cet égard, le fait que le Congrès sur les vocations ait coïncidé avec les dernières étapes préparatoires à la 17e Journée mondiale de la Jeunesse, qui devait se tenir à Toronto du 23 au 28 juillet 2002, s’est avéré providentiel. Plus que jamais, l’attention s’est concentrée sur les jeunes catholiques : leurs besoins, leurs convictions, leurs engagements, leurs espoirs et leurs aspirations. Dans cette perspective, les orateurs comme les délégués ont recommandé à l’Église en Amérique du Nord de faire une option préférentielle pour les jeunes 8. Sans rien enlever à l’«option préférentielle pour les pauvres» (un des éléments centraux de l’enseignement social catholique), ils ont fait valoir que pour rendre possible la future mission de l’Église, d’importantes ressources financières, humaines et spirituelles devront être investies dans une présence et un travail pastoral direct auprès des jeunes catholiques. Les délégués ont été invités à faire confiance. Soutenus par un exemple inspirant et par un accompagnement personnel, par des expériences de retraite et d’engagement social, par la richesse de la tradition spirituelle et sacramentelle catholique, et par une

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Église qui sache les accueillir et faire place à leurs talents et à leur dynamisme, les jeunes catholiques se montreront ouverts à une invitation à envisager la vie consacrée et le ministère ordonné comme des façons viables de témoigner du Christ dans le monde. La présence et l’énergie communicative d’un important contingent de jeunes adultes parmi les délégués au Congrès a été une grâce extraordinaire. Même dispersés aux tables des délégués, ils ont fait entendre leur voix, et ils ont rapidement noué des liens de communauté les uns avec les autres. Appuyés par les organisateurs du Congrès mais de leur propre initiative, ils ont convoqué leur propre groupe de travail : 127 jeunes adultes se sont retrouvés pour dîner et ont travaillé toute la nuit pour traduire leurs délibérations en une déclaration en sept points sur les vocations 9. Dans ce texte, les jeunes adultes réaffirment leur alliance avec l’Église et leur désir d’être les saints du nouveau millénaire. Ils reconnaissent que pour répondre à leur vocation unique dans la vie, ils ont besoin de l’appui et de l’orientation de l’Église. Plus précisément, ils demandent un esprit de dialogue ouvert et respectueux, une Église qui soit inclusive, responsable, juste et vulnérable. Ils disent chercher à grandir dans la prière et le discernement, inspirés par «des figures de sagesse et des conseillers objectifs» qui, en leur partageant leur propre histoire, les aideront à découvrir la volonté de Dieu et à y répondre plus pleinement. Ils ont demandé une formation plus complète à la tradition catholique : son riche héritage biblique, sacramentel, liturgique, historique, spirituel et social, son engagement pour la liberté et la justice, pour la dignité de la personne humaine. Ils ont demandé qu’on leur donne de vraies responsabilités, qu’on forme en eux des «leaders qui osent prendre des risques pour le royaume de Dieu» et qu’on les aide à vivre à plein leur foi catholique pour qu’à leur tour ils puissent la partager à leurs contemporaines et à leurs contemporains dans un monde où les jeunes ont faim de Dieu. Plutôt que de publier leur déclaration sous forme de «manifeste», les jeunes adultes délégués ont préféré la partager avec l’assemblée dans un contexte d’action de grâces. Ils ont exprimé leur gratitude pour le privilège de participer activement au Congrès, pour l’accueil et les encouragements reçus. Ils ont célébré l’exemple généreux de tant de personnes ordonnées, consacrées et laïques qui vivent leur propre vocation dans la joie et la fidélité, et qui leur ont inspiré le désir de répondre à leur tour avec autant de joie et de générosité. L’ovation debout qui a suivi leur présentation a été la plus longue et la plus bouleversante de tout le Congrès. La participation active de jeunes catholiques au Congrès était en soi une prise de position : puissant signe d’espérance en l’avenir de l’Église, de sa mission dans le monde, de la vie consacrée et du ministère ordonné comme moyens pertinents et vitaux de vivre l’Évangile aujourd’hui en Amérique du Nord. Leur énergie illimitée, leur engagement pour l’Évangile, leur prière de vénération en présence de la Croix de la Journée mondiale de la Jeunesse, qui leur a été confiée symboliquement pour que, de la basilique Notre-Dame, ils la transportent dans le monde au terme de l’Eucharistie de clôture, ont donné des assises fermes à la conviction que le temps, l’énergie et les ressources investis pour nourrir la foi et la spiritualité des jeunes

«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous?»

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SECTIONUN –Lesfondements catholiques représentent un gage solide pour la future mission de l’Église, promise à une riche moisson. Il est devenu évident que les jeunes et les jeunes adultes catholiques sont bien «un avenir plein d’espérance».

Lesdélégués :principales recommandations Les délégués ont appris des jeunes adultes et des conférenciers du Congrès, mais ils ont aussi appris les uns des autres. C’est de leur sagesse et de leur expérience que ce plan pastoral tire sa principale inspiration. Au fil du Congrès, les délégués ont participé à une démarche qui incorporait une réflexion sur leur expérience personnelle et sur les données recueillies lors des consultations régionales antérieures au Congrès, des échanges aux tables et des sessions plénières à micro ouvert où des recommandations pouvaient être formulées, discutées et évaluées. L’énergie de l’assemblée a fini par se porter sur l’identification d’attitudes fondamentales à cultiver et d’actions précises à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif de susciter une véritable «culture de la vocation» au sein de l’Église en Amérique du Nord. Sur le plan des attitudes ou de «l’être», on a surtout appelé à une prière plus profonde – enracinée dans une rencontre authentique avec Jésus Christ, menant à une conversion personnelle et structurelle – et à une vie de témoignage authentique, généreux et joyeux du Seigneur ressuscité. On a aussi appelé à un renouveau de l’Église : reconnaissance de l’égale dignité et de l’interdépendance fondamentale entre toutes les vocations ecclésiales, enracinées dans l’appel baptismal universel, de manière que toutes les vocations, qu’elles soient laïques, consacrées ou ordonnées, soient appréciées, encouragées et promues comme autant de «dons de Dieu, faits au peuple de Dieu». Sur le plan de l’action ou du «faire», les principales recommandations des délégués se regroupent sous six grands titres: • faire du travail auprès des jeunes et des jeunes adultes une priorité pastorale • évangéliser et catéchiser de manière à communiquer l’Évangile d’une façon claire et efficace • former des paroisses et de petites communautés de foi vibrantes, accueillantes, porteuses d’espérance et axées sur le Christ • soigner la pastorale des familles • inviter explicitement à envisager l’appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée, dans un contexte de discernement, de témoignage personnel et de formation spirituelle • assurer le suivi du Congrès dans les paroisses, les diocèses, les communautés religieuses et, surtout, dans les rassemblements de jeunes 10.

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LagenèseduPlanpastoral Ce plan pastoral est un travail de synthèse. Il intègre les diverses priorités pastorales identifiées par les délégués au Congrès (y compris celles qu’ont nommées les jeunes adultes), l’expérience pastorale de ceux et celles qui travaillent depuis plusieurs années en pastorale des vocations ainsi que la perspective théologique et spirituelle élaborée par les nombreux conférenciers qui sont intervenus au Congrès. Le point autour duquel s’articule cette synthèse – et donc le problème central – c’est de chercher des réponses pratiques à la question suivante : Comment fonder et susciter une «Commentfonderetsusciterune «culture de la vocation» à travers l’Église en Amérique du Nord? «culturedelavocation»àtravers Nous procédons en cinq étapes distinctes mais étroitement reliées l’une à l’autre et dont chacune fait l’objet d’un des prochains chapitres du plan pastoral.

l’ÉgliseenAmériqueduNord?»

1. Parce que le souci pastoral des vocations doit se mesurer à la réalité quotidienne où l’appel de Dieu est entendu et reçoit une réponse, le Chapitre 2 passe en revue un certain nombre de caractéristiques fondamentales de la société nord-américaine d’aujourd’hui pour identifier à la fois les espoirs et les obstacles à la création d’une authentique «culture de la vocation». 2. Pour être pastoralement efficace, un plan d’action pour les vocations doit d’abord être théologiquement adéquat. Le Chapitre 3 examine donc le riche héritage de la tradition biblique et théologique catholique dont les récits, les images, les symboles et les doctrines fournissent une compréhension renouvelée de la «vocation» comme réalité spirituelle et théologique fondamentale. Le chapitre s’arrête, plus spécifiquement, à l’importance théologique et pastorale constante des vocations particulières au ministère ordonné et à la vie consacrée en tant qu’éléments constitutifs de la vie et de la mission de l’Église. 3. Le Chapitre 4 dégage cinq priorités pastorales centrales – «prier, évangéliser, expérimenter, accompagner, inviter» – par rapport auxquelles l’ensemble de l’Église en Amérique du Nord est conviée à s’engager. Pour que la pastorale des vocations porte des fruits, l’invitation à embrasser une vocation particulière doit s’appuyer sur des fondements solides. Une vie de prière et une pratique sacramentelle fervente, la qualité de l’enseignement religieux et de l’éducation de la foi, une expérience vécue de la communauté et du service, et la présence de modèles significatifs qui donnent un témoignage approprié et prodiguent un accompagnement, voilà autant de préalables indispensables pour des vocations saines et durables à la vie consacrée et au ministère ordonné.

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SECTIONUN –Lesfondements 4. Le Congrès a tenté de promouvoir dans toute l’Église une prise de conscience et un sentiment de responsabilité à l’égard de l’avenir du ministère ordonné et de la vie consacrée comme de l’avènement d’une «culture de la vocation». Il y a cependant dans l’Église des groupes spécifiques de qui cette responsabilité relève plus directement. Dans cette perspective, le Chapitre 5 pose carrément une série de questions pertinentes aux personnes et aux organismes concernés par différents aspects de la pastorale des vocations. Il vise ainsi à aider les évêques, les supérieurs majeurs, les responsables de la pastorale des vocations, les éducateurs, les conseillers spirituels, les aumôniers universitaires, les agents de pastorale scolaire, les curés, les diacres, les laïcs consacrés, les religieux, les ministres laïcs, les parents, les jeunes adultes, les communautés paroissiales et les membres d’associations laïques œuvrant pour les vocations à relever le défi de la mise en application des principales recommandations de ce plan pastoral. 5. Les délégués ont explicitement formulé l’espoir que, sur le modèle des rencontres diocésaines et régionales tenues pour préparer le Congrès, des réunions fassent suite au Congrès afin d’amorcer le travail de mise en application. Afin de faciliter ce travail, on propose au Chapitre 6 un outil d’animation simple et convivial pour des réunions de suivi au Congrès. Il permet aux participants de prier et de réfléchir au contenu du plan pastoral, d’identifier les éléments les plus pertinents pour leur contexte particulier et de formuler un plan d’action réaliste que leur association (congrégation, paroisse, diocèse, etc.) soit disposée à appliquer.

LeCongrèsetl’Égliseuniverselle Ce Congrès sur les vocations pour l’Église en Amérique du Nord n’a pas été un événement isolé. Il s’est tenu en réponse à une invitation précise lancée par le SaintSiège, dont le souci pastoral s’étend à l’Église universelle. Premier Congrès du genre en Amérique du Nord, il a pu bénéficier de l’expérience de rencontres semblables organisées en Amérique latine (Sao Paulo, Brésil) en 1994 et en Europe (Rome) en 1997, qui ont toutes deux produit des documents offerts par la suite à l’Église

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universelle 11. Même si le contexte social et pastoral est ici assez différent, les grandes recommandations de ce Congrès viennent compléter celles des deux précédents. Par ailleurs, ces recommandations s’inspirent de l’enseignement et de la pratique de l’Église universelle : l’Écriture sainte et la tradition, les documents du Deuxième Concile du Vatican et, de façon plus particulière, les exhortations apostoliques qui ont suivi les récents synodes sur le laïcat, sur la formation des prêtres, sur la vie consacrée et sur le ministère des évêques 12. Réciproquement, on peut espérer que le travail de ce Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord porte aussi des fruits pour l’Église universelle. Au cours de sa préparation et de son déroulement, des représentants du Saint-Siège ont assuré les organisateurs et les délégués que la «crise» des vocations en Amérique du Nord ne doit pas être vue seulement comme une menace mais aussi comme une occasion de croissance et de vie nouvelle, et que l’Église universelle regarderait maintenant du côté de l’Amérique du Nord en quête d’inspiration et de solutions pratiques. En ce sens, le Congrès des vocations 2002 a vraiment été pour l’Église en Amérique du Nord un kairos, un «moment favorable». Temps de conversion, de repentir et de purification; temps d’écoute mutuelle respectueuse, marqué par un profond amour du Christ et un engagement non moins profond pour la mission de Son Église dans le monde; temps propice à de nouvelles façons de soutenir l’appel à vivre le message évangélique intégralement et librement; et temps d’une réponse fidèle et aimante à l’appel lancé par un Dieu toujours fidèle et infiniment aimant. Le défi qui nous attend a été évoqué par un conférencier au Congrès, le Père Donald Senior: «Ceux qui ont le mandat de promouvoir les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse, à cette époque de la vie de l’Église en Amérique du Nord, doivent être des sacrements d’espérance pour une Église blessée. Ce n’est que si nous croyons passionnément à l’Église et à son ministère, que si nous croyons de tout notre cœur que Dieu nous appelle à la vie, que si cette foi et cette espérance sont bien vivantes en nous, que nous serons capables de parler sans gêne ou sans hésitation aux jeunes chrétiens qui se sentent appelés par Dieu à porter l’Évangile au monde. Ce n’est que si nous mobilisons nos meilleurs idéaux et notre foi la plus profonde que nous serons dignes de cette nouvelle génération de chrétiens en quête d’une vie de sainteté.» 13 Nous osons espérer que l’étincelle divine vécue par les délégués au Congrès, quand ils se sont rencontrés à Montréal du 18 au 21 avril, puisse attiser la flamme d’une nouvelle Pentecôte. Avec l’Esprit présent au coeur de notre unité, puissions-nous grandir pour devenir une Église dont les membres accueillent leur propre vocation comme un «don de Dieu, fait au peuple de Dieu», et deviennent capables de semer la semence généreusement et abondamment afin de récolter une moisson fructueuse pour le règne de Dieu en Amérique du Nord. Puisse ce plan pastoral donner une expression concrète à notre vocation commune; puisse notre Église devenir «sacrement d’espérance» en Amérique du Nord, dans le contexte où nous sommes appelés, pour la mission à laquelle nous sommes envoyés.

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ChAPITRE2 «Lechamp, c’estlemonde.» les vocations dans le contexte de la société nord-américaine «Le semeur est sorti pour semer…» (Mt 13,3) «Le champ, c’est le monde.» (Mt 13,36)

MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE Connaissance du terrain Facteurs historiques Une réalité complexe et diversifiée Les congrès diocésains et régionaux : principales conclusions Facteurs positifs et négatifs dans la culture nord-américaine L’Église et la culture : un engagement critique Pluralisme, liberté, subjectivité La pastorale des vocations en contexte de scandale et de «défaveur» Les jeunes et les jeunes adultes catholiques, un signe d’espérance? Les jeunes adultes catholiques : identité, spiritualité, communauté, mission Jeunesse, mission, leadership et audace Conclusion

Connaissanceduterrain Pour mener à bien cette tâche, l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique.14 La figure biblique du Semeur a clairement focalisé les délibérations du Congrès nordaméricain sur les vocations. «La semence est la Parole de Dieu; le Christ est le Semeur.» Le Christ est celui qui sème généreusement la semence de la vocation dans chaque cœur humain, qui engage le dialogue entre la liberté de l’appel divin et la liberté de notre réponse humaine, qui sème courageusement partout et qui sème prudemment au moment approprié. C’est le Christ qui sert de modèle à tous ceux et celles qui, reflétant

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son image, participent à la mission en appelant de nouveaux ouvriers pour la moisson. Les semeurs courageux et prudents doivent très bien connaître le terrain qu’ils veulent cultiver. Si «le champ, c’est le monde», il s’agit de scruter attentivement la société nord-américaine, en particulier son «caractère souvent dramatique», les «attentes et les aspirations» de ceux et celles qui y sont établis. Il faut une analyse pénétrante de ses grandes tendances sociales et culturelles pour bien discerner au sein de la société nord-américaine le sol accueillant où la semence d’une authentique «culture de la vocation» pourra prendre racine, arriver à maturité et donner une récolte abondante. En outre, l’une des tâches essentielles de la pastorale des vocations consiste à aider les jeunes à discerner comment ils relèveront le défi d’être «sel et lumière» pour construire une «civilisation de l’amour». Cette invitation, reçue directement du pape Jean-Paul II lors de la récente Journée mondiale de la Jeunesse, les jeunes d’aujourd’hui la reçoivent dans la joie et l’enthousiasme 15. Les jeunes adultes délégués au congrès ont proclamé leur engagement à vivre une relation d’alliance avec l’Église et dans l’Église. Pour que leur énergie soit efficacement harnachée en vue de la nouvelle évangélisation, il est de la plus haute importance de bien comprendre les valeurs dominantes, les convictions et les préoccupations spirituelles de la jeunesse d’aujourd’hui. Dans la culture nord-américaine, l’idée de la vie personnelle comme vocation a été largement supplantée et remplacée par les notions séculières de réussite, de satisfaction personnelle et de réalisation de soi. Il est urgent pour l’Église de traduire, dans un langage plus accessible à une nouvelle génération de catholiques, la profonde réalité humaine et spirituelle qu’exprime le terme «vocation», et l’importance qu’elle a toujours pour leur vie comme pour l’avenir de l’Église.

Facteurshistoriques 16 Les États-Unis et le Canada partagent une histoire qui a pour trait commun la poursuite de l’unité sociopolitique dans le contexte d’une incroyable diversité idéologique, ethnique, culturelle et religieuse. Cette diversité remonte aux vagues d’immigration successives venues enrichir la population nord-américaine. Cette histoire commence avec les premiers habitants de l’Amérique du Nord, les peuples autochtones ou premières nations. Elle se poursuit à l’époque coloniale, marquée par l’arrivée de colons français, britanniques et espagnols, jusqu’à l’accession à l’indépendance économique et politique. L’héritage tragique du commerce des esclaves africains a amené des millions d’autres personnes en Amérique du Nord et dans la Caraïbe. Puis vinrent les grandes périodes d’expansion et l’arrivée de millions d’immigrants : d’abord d’Europe de l’Ouest puis éventuellement d’Europe orientale, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, de la Caraïbe, en fait de partout à travers le monde. Ces gens regardaient l’Amérique du Nord comme un lieu de prospérité et de liberté, terre d’abondance regorgeant de ressources naturelles, refuge contre la misère économique, la discrimination politique et l’intolérance religieuse.

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SECTIONUN –Lesfondements Cette histoire de liberté et de prospérité relative a donné naissance à des valeurs culturelles spécifiques qui en sont venues à définir l’identité nord-américaine : ainsi, par exemple, l’autonomie, la tolérance, le pluralisme, le respect de la primauté du droit et du processus démocratique, l’initiative personnelle et la responsabilité sociale. Qu’ils parviennent ou non à vivre cet idéal, qu’ils remarquent ou non les vices tapis à l’ombre de ces vertus personnelles et civiques, les Nord-Américains regardent généralement avec admiration cette expérience sociale unique à laquelle ils s’identifient. Et ils continuent de se laisser façonner par ses valeurs dominantes et par ses lacunes caractéristiques.

Uneréalitécomplexeetdiversifiée Mais l’identification et l’analyse de ces courants dominants deviennent de plus en plus complexes. Qu’est-ce exactement que «la culture nord-américaine»? Quels en sont les traits distinctifs? Comment nommer et décrire adéquatement son «moment présent17» à une époque de fermentation intellectuelle, technologique et culturelle sans précédent? Quel est le paradigme culturel dominant dans une société où se côtoient plusieurs générations et où coexistent difficilement, quand elles n’entrent pas directement en conflit et en contradiction, des visions du monde moderne, postmoderne, antimoderne et prémoderne? L’analyse culturelle est importante, car ceux et celles qui sont engagés dans la pastorale des vocatio ns, à quelque niveau et dans quelque contexte que ce soit, se doivent de connaître le terrain où il faut semer le message du Christ. De plus, si complexe que soit la diversité sociale et culturelle nord-américaine, l’identification et la compréhension de ses courants dominants sont indispensables pour que l’Église puisse offrir une réponse pastorale adéquate. D’où des questions comme celles-ci : • Qu’est-ce qui exerce l’influence la plus forte sur les valeurs, les choix éthiques et l’engagement des catholiques : l’Évangile, tel que l’interprète la tradition catholique, ou les valeurs et la vision du monde de la société séculière? • Comment les catholiques perçoivent-ils leur Église? Plus précisément, comment perçoivent-ils les personnes qui servent dans le ministère ordonné ou la vie consacrée? • Comment l’Église et ses ministres sont-ils représentés dans les médias? Dans l’opinion publique? • Quels sont les besoins des jeunes? Comment les jeunes catholiques s’identifient-ils en relation à Dieu, à Jésus Christ, à l’Église? • Quelles sont les images du ministère ordonné et de la vie consacrée qui prédominent dans la jeunesse catholique? Chez leurs parents? • Quelle forme prennent les attentes et les aspirations des femmes? Comment les jeunes femmes perçoivent-elles leur rôle et leur place dans l’Église? • Quelles approches pourraient inciter un jeune à envisager de répondre positivement à un appel à un engagement permanent dans l’Église?

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Lescongrèsdiocésains/régionaux : principalesconclusions On a beaucoup écrit, ces dernières années, sur les courants sociaux et spirituels qui caractérisent la société nord-américaine d’aujourd’hui, et en particulier sur la culture et la spiritualité des jeunes 18. Sans négliger ces données, les organisateurs du Congrès ont préféré consulter directement les membres de l’Église en Amérique du Nord, en concentrant leur attention sur les facteurs qui influencent les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée. Cette consultation s’est faite par «Ellesontétéorganiséesdans...les le biais de rencontres régionales qui se sont tenues entre septembre 2001 et février 2002. Elles mouvementsdejeunes,parmiles ont été organisées dans les diocèses et les agentsdepastoralevocationnelleetles éparchies, les régions et les paroisses, les congrégations religieuses et les clubs Serra, sur les responsablesdediversâges,langues, campus universitaires et dans les mouvements de cultures,régionsettypesdevocation. » jeunes, parmi les agents de pastorale vocationnelle et les responsables de divers âges, langues, cultures, régions et types de vocation. Les participants à ces rencontres se sont vus poser trois questions: 1. Quand vous pensez à la vie consacrée et au ministère ordonné en Amérique du Nord, qu’est-ce qui vous fait espérer? 2. Aujourd’hui en Amérique du Nord, quels sont à votre avis les obstacles qui retiennent quelqu’un d’envisager/encourager une vocation à la vie consacrée ou au ministère ordonné? 3. Nommez trois idées que vous voudriez voir mises en œuvre ou trois gestes que vous pourriez poser dans votre propre milieu, en tant que responsable de la promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée. Le dépouillement et l’analyse de ces données ont respecté trois facteurs importants de diversité au sein de l’Église en Amérique du Nord : la nationalité, la langue et la génération. Les réponses des États-Unis, du Canada anglais et du Canada français ont été analysées séparément. À l’intérieur de chaque regroupement national, elles ont ensuite été subdivisées par groupe d’âge : 30 ans et moins, 31-50 ans et plus de 50 ans. Compilées et analysées par des professionnels dotés d’une formation en théologie et en sciences humaines, ces données ont été présentées aux délégués du Congrès pour alimenter la discussion 19.

Facteurspositifsetnégatifsdanslaculture nord-américaine Chez tous les groupes, des facteurs culturels négatifs ont été cités parmi les obstacles les plus importants à une «culture de la vocation». On a parlé de matérialisme, de consumérisme, de sécularisme, d’individualisme, de pluralisme, de relativisme moral et d’indifférence religieuse 20. L’aisance et le confort, même s’ils ne sont pas négatifs en soi, ont également été identifiés comme des obstacles potentiels.

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SECTIONUN –Lesfondements Ces facteurs sont sans doute aggravés par le soupçon qui semble peser sur toutes les institutions et les figures d’autorité, surtout si elle sont religieuses. Lié à une «période d’anticléricalisme et de préjugé reçu à l’encontre du christianisme 21», ce soupçon est alimenté par les images de l’Église (et surtout du sacerdoce et de la vie religieuse) projetées par les médias, images souvent superficielles, dépassées et tendancieuses, et parfois malveillantes. La faute n’en incombe pas qu’aux médias. Les répondants ont aussi relevé la pauvre visibilité et la faible présence des prêtres, des religieux et des religieuses dans la vie quotidienne de la plupart des catholiques, en particulier des jeunes. «Nous ne pouvons pas choisir quelque chose que nous ne voyons ni ne connaissons», de dire les jeunes adultes. Et leurs parents : «Nous ne pouvons les encourager à suivre une voie que nous ne comprenons pas. » L’idée que les évêques, les prêtres, les sœurs et les frères sont généralement âgés, distants, débordés, frustrés et isolés est malheureusement trop répandue. Les jeunes adultes réclament des «témoins authentiques, joyeux», prêts à partager leur «passion et leur profond amour pour le Christ et pour l’Église 22». Ils veulent, disent-ils, qu’on les aide à embrasser leur vocation, qui est «de porter et de nourrir le feu que Jésus est venu allumer sur la terre 23». Est-ce là ce qu’ils voient et ce qu’ils vivent? Les mini-congrès ont également mentionné que le travail pour les vocations est entravé par une instabilité personnelle et sociale généralisée : taux de divorce élevé, ruptures des familles, perte du respect de l’autorité (parentale, civique et religieuse). Ce qui réduit considérablement la capacité de s’engager à long terme. Les progrès rapides dans les domaines de la technologie, du divertissement et des communications tendent à renforcer une tendance malsaine à rechercher les réponses instantanées et les gratifications immédiates. En conséquence, indiquent les répondants, nous, NordAméricains n’avons pas la patience de discerner les mouvements subtils qui balisent la quête d’intégrité morale et de vérité religieuse. Dans une société qui prône la liberté sexuelle et l’égalité des chances pour les hommes et les femmes, l’exigence du célibat sacerdotal et le fait de cantonner les femmes dans ce qui semble un rôle subalterne et diminué sont souvent perçus de façon négative. Les jeunes, hommes et femmes, y voient des obstacles qui les empêchent d’envisager sérieusement la vie consacrée ou le ministère ordonné. La plupart de ces perspectives négatives ont trouvé un écho au Congrès lui-même. «La semence des vocations est semée en abondance», mais «le terrain du monde est souvent corrompu, encombré de ronces, chargé de distractions et de passions mauvaises qui viennent l’étouffer et l’empêchent d’arriver à maturité et de donner son fruit 24 ». Même s’il «ne manque pas de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée dans notre monde», il semblerait que «le discernement, l’écoute, l’acceptation et la confiance soient une denrée rare 25 ». D’autres voix au Congrès ont exprimé une préoccupation qui faisait écho aux conclusions du Congrès européen sur les vocations de 1997 : la culture occidentale contemporaine est profondément «anti-vocationnelle» de par sa nature, en ce sens que les choix pour l’avenir sont dictés avant tout par des soucis de réalisation de soi,

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de sécurité économique et de satisfaction affective. Il n’y a souvent aucune référence, font-elles observer, «à l’amour de Dieu et du prochain, au mystère transcendant et à la responsabilité sociale 26 ». Si dans notre société la vie elle-même n’est plus accueillie comme «un don de Dieu», si son but n’est plus perçu en lien à une vie donnée «pour le peuple de Dieu», comment susciter une «culture de la vocation»?

Égliseetculture :unengagementcritique Ces facteurs négatifs sont réels et ne doivent pas être sous-estimés. Mieux vaut les reconnaître franchement et s’y attaquer directement. Par ailleurs, les jugements à l’emporte-pièce sur la société nord-américaine désespérément corrompue et foncièrement hostile à la foi catholique, à son ministère et à sa mission ne servent pas à grand-chose. L’idée que certains aspects de la culture nord-américaine nuisent au travail pour les vocations doit être nuancée car il y en a d’autres qui sont, eux, tout à fait accueillants à une évangélisation renouvelée. Il se trouve une nouvelle génération de catholiques disposés à répondre à l’appel de Dieu. Si c’est «au niveau de nos récits profonds «…ilfautabsolumentun qu’une vocation au ministère ordonné et à la vie consacrée engagementcritiquefaceà ‘prend feu’ chez un individu ou chez un groupe de personnes», ceux et celles qui cherchent Dieu doivent avoir laculturenord-américaine l’occasion de dire leur récit et d’y réfléchir. Alors seulement contemporaine.» pourront-ils voir et nommer les traces de la présence constante de Dieu guidant leur vie, Son invitation permanente à la vie et à l’amour, à la sainteté et à la mission. Mais pour y arriver, il faut absolument un engagement critique face à la culture nord-américaine contemporaine. S’engager de façon critique, c’est éviter une double tentation : l’acceptation naïve de la culture dominante et une condamnation sans appel de la culture. Se retrancher dans l’une ou l’autre de ces positions extrêmes, c’est échouer à pénétrer la culture, à entamer avec elle un franc dialogue, à apprivoiser son langage et ses symboles, à prendre les moyens de nommer et d’évaluer ses vertus et ses vices, ses intuitions et ses points aveugles. Surtout, un tel engagement exige que nous apprenions à exploiter à la lumière de l’Évangile ce que notre culture comporte de potentiel vital. Qu’entendons-nous par «culture»? Au Congrès, on a parlé de la culture comme de «notre demeure sacrée» qui nous fournit le contexte et le langage pour entreprendre notre quête de sens, d’identité, de communauté et d’union au Divin. L’attention portée aux récits et aux symboles où s’expriment «notre mémoire mythique, notre imagination symbolique et nos engagements affectifs» nous mènent à une compréhension plus fine de la structure interne de la culture 27. Sans canoniser faussement tous les aspects de la culture nord-américaine, sans prétendre pouvoir «arranger» ou «guérir» ses problèmes, il faut d’abord être en mesure de la nommer correctement. Nommer correctement l’époque à laquelle nous vivons, c’est ainsi poser «un geste politique et prophétique 28 ». Pour vivre cet engagement critique, il faut d’abord cultiver une pratique spirituelle importante : adopter un regard «contemplatif» sur la culture nord-américaine. Comprise

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SECTIONUN –Lesfondements comme un «long regard aimant porté sur le réel», la contemplation exige l’ouverture au discernement de l’auto-révélation de Dieu dans l’ici et le maintenant, dans les valeurs, les vertus et les récits qui façonnent aujourd’hui les personnes et les peuples. Par ailleurs, cette ouverture exige aussi une distance critique qui crée un «espace où l’Esprit de Dieu devienne présence réelle et sensible, questionne nos évidences, démasque nos illusions, brise nos idoles et nous demande de modifier nos perceptions et nos cadres de référence 29 ». Le discernement contemplatif nous demande de discerner à l’intérieur de notre culture des amorces de progrès et de déclin, de rupture et de guérison, de péché et de vertu. Plus douloureux encore, il nous met en demeure de discerner les mêmes tendances au sein de l’Église, elle-même façonnée par les tendances culturelles dominantes. Quels sont les «récits profonds» qui enflamment la culture nord-américaine? Quelles sont les valeurs et les vertus qu’elle chérit – même si elle n’arrive pas à hisser sa vie à leur hauteur? Comment les mettre à contribution pour l’élaboration d’une véritable «culture de la vocation» tant à l’intérieur de l’Église qu’au sein de la culture dans son ensemble?

Pluralisme,liberté,subjectivité L’une des valeurs chéries de la société nord-américaine, c’est le pluralisme. Les NordAméricains vivent dans un contexte de diversité ethnique, culturelle et religieuse. En outre, les exigences de l’ordre social et de la collaboration ont favorisé la pratique de vertus telles que la tolérance, l’acceptation des différences légitimes, le respect du processus démocratique et de la primauté du droit. Influencés par ce contexte culturel, les catholiques en Amérique du Nord – et surtout les jeunes – sont à l’aise face à la diversité des opinions et des expressions de foi. Ils n’en continuent pas moins à s’identifier fermement et positivement comme chrétiens et catholiques.

«Ladiversitéestelle-mêmeune composantedel’identitédel’Église catholique,communionuniverselle descroyantsaumilieu…»

Les amitiés que nouent les catholiques nordaméricains et les collectivités auxquelles ils appartiennent jettent des ponts sur les barrières traditionnelles de race, de sexe, d’âge, de religion, d’origine ethnique et de statut socio-économique. Ce qui les amène à demander à l’Église et à l’ensemble de la société de réexaminer les formes subtiles de séparation et d’exclusion qui continuent de prévaloir 30. Pour la plupart, ils se méfient des institutions, qu’elles soient politiques, morales ou religieuses, qui prétendent détenir le monopole de la vérité.

Par ailleurs, la capacité d’autocritique des catholiques nord-américains est souvent réduite. Ils ont peine à admettre jusqu’à quel point ils sont influencés par la culture monolithique, axée sur l’image médiatique et la consommation, qui sous-tend leur style de vie confortable, même quand elle contredit les valeurs morales et politiques auxquelles ils se disent attachés. De toute évidence, substituer son jugement personnel à celui de l’autorité ecclésiastique, se dire que «tout peut passer» en matière de foi ou de morale, ce n’est guère cohérent avec la tradition catholique et cela sape l’unité de l’Église. D’autre part,

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il faudrait être buté et manquer de jugement pastoral pour ne voir dans la diversité ou le pluralisme que des déviations condamnables qui font obstacle à l’implantation de l’Évangile et empêchent les jeunes d’opter pour une vie de service dans l’Église. La diversité est elle-même une composante de l’identité de l’Église catholique, communion universelle des croyants au milieu de qui l’Évangile est prêché, célébré et vécu sous tant et tant de formes culturelles et rituelles. Le défi consiste à équilibrer la diversité et l’unité dans l’Esprit, de qui procède la diversité des dons et des formes d’expression. De même qu’il ne faut pas confondre l’unité et l’uniformité, la diversité ne saurait servir de prétexte à la fragmentation. Deux valeurs apparentées servent de pivots à la culture nord-américaine : • la revendication de la subjectivité personnelle • le désir de liberté. Dans les consultations qui ont précédé le Congrès, ces valeurs ont été identifiées comme des obstacles à une vie d’engagement en réponse à l’appel de Dieu. Ces valeurs représentent des obstacles lorsque, idéologiquement corrompues, elles deviennent individualisme, subjectivisme, relativisme moral et religieux. Même des commentateurs bienveillants à l’endroit de la société nord-américaine reconnaissent que l’importance que nous accordons à la liberté individuelle se dégrade trop souvent en arbitraire subjectif. On revendique ses droits sans se soucier de sa responsabilité personnelle ou sociale. Les convictions personnelles sont souvent adoptées au hasard, sans grand souci de cohérence intellectuelle, de responsabilité morale ou d’authenticité religieuse. La spiritualité s’est privatisée et compartimentée, et on ne sait plus ce que c’est que d’appartenir à une tradition religieuse cohérente. Or ce n’est pas que le respect pour l’individu et la liberté humaine soit étranger à la foi chrétienne et à la tradition catholique. Il faut bien voir le lien entre: • des vertus modernes populaires comme l’authenticité, la motivation, l’ouverture, l’intégrité, la responsabilité et le fait d’être «fidèle à soi-même» et • dans la tradition catholique, le sens profond de la dignité de la personne humaine, de la création de l’homme et de la femme à l’image et à la ressemblance de Dieu, de la liberté de l’acte de foi, de l’exercice moralement responsable d’une conscience bien formée, du désir fondamental de Dieu enraciné dans chaque cœur humain qui est «inquiet tant qu’il ne trouve pas en Dieu son repos». Ici encore, le défi consiste à aborder de façon critique la passion contemporaine pour la liberté et l’expression de soi : il s’agit moins de la condamner que de la faire entrer en dialogue avec le message de l’Évangile transmis par la tradition catholique. Il est évident qu’il y a dans la culture nord-américaine certains éléments qui compromettent les valeurs évangéliques, et d’autres qui sont carrément hostiles à la foi chrétienne et à l’Église catholique. Il ne faut pas sous-estimer le défi qu’il y a à

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SECTIONUN –Lesfondements susciter une «culture de la vocation» en pareil contexte. Au Congrès, l’abbé Ron Rolheiser a mis les délégués en garde contre le danger de sauter rapidement à la conclusion que nous vivons maintenant à une époque «post-chrétienne». Il est à la fois plus juste et plus utile, dit-il, de voir dans la culture occidentale contemporaine une culture adolescente, «incomplète». Comme bien des adolescents, cette culture est encore en train de découvrir son identité. Comme d’autres, tantôt elle critique ceux qui lui ont donné la vie, tantôt elle en a honte. Et pourtant, d’insister le conférencier, même quand elle se montre le plus rebelle, même au plus creux de sa crise de croissance, elle absorbe une part beaucoup plus importante de l’histoire et des valeurs chrétiennes qu’elle n’est prête à l’admettre 31. Avec le temps, dit l’abbé Rolheiser, à mesure que notre culture grandit et arrive à maturité, elles s’approprie les éléments positifs qui l’ont façonnée, poursuivant ainsi l’histoire de la famille – non par la simple répétition du passé mais en leur appliquant sa créativité dans un contexte nouveau, comme «le maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien» (Mt 13,52). Tel est donc le décor dans lequel les jeunes catholiques d’Amérique du Nord sont invités à discerner ce qu’ils savent de la tradition catholique, leurs liens avec elle et leur engagement à son endroit. C’est le contexte dans lequel nous les invitons à envisager sérieusement diverses vocations particulières afin de témoigner et de servir dans l’Église et pour le monde : le mariage et la vie de famille, le célibat vécu généreusement dans le monde, et la vie consacrée et le ministère ordonné.

Lapastoraledesvocationsencontextede scandaleetde«défaveur» Dans son discours inaugural au Congrès, le Père Donald Senior a su traduire ce qui hantait nombre de délégués au moment où ils arrivaient au Congrès: Nous sommes réunis pour appuyer les vocations à la prêtrise et à la vie consacrée – et les manchettes annoncent tous les jours des articles qui font honte à l’Église, qui la jettent dans l’embarras ou qui la mettent en accusation, elle et ses dirigeants. Jamais de toute ma vie je n’ai vécu une période comme celle-ci, où il y ait tant de colère, de confusion et de douleur dans l’Église et chez les gens de bonne volonté à l’extérieur de l’Église. Que faire en un temps pareil 32? Il n’y a pas lieu de rappeler ici le scandale et l’humiliation vécue par l’Église des États-Unis dans les mois qui ont précédé immédiatement le Congrès sur les vocations. Les médias étaient braqués sur la divulgation à répétition de cas d’inconduite sexuelle de la part de membres du clergé. On parlait de complot et de maquillage épiscopal; vraiment, une période douloureuse et difficile. La crédibilité de l’Église et de ses structures, l’image de ses ministres et de ses représentants visibles semblaient avoir touché le fond. La souffrance des victimes d’agression et la profonde conversion personnelle et structurelle à laquelle elles appellent l’Église sont des réalités que l’Église peut et doit affronter. Cependant, sans vouloir minimiser la nature dramatique du moment

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présent, il nous faut le replacer dans un contexte historique plus large et y reconnaître le plus récent chapitre de la longue histoire de l’Église en Amérique du Nord. Ayant connu une série analogue de scandales à la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’Église du Canada est en mesure de sympathiser sans réserve avec l’Église des États-Unis, secouée par la douleur et l’incertitude au cours des mois qui ont immédiatement précédé le Congrès. D’ailleurs, les données des «mini-congrès» (dont la plupart s’étaient tenus avant que les médias n’attirent l’attention sur les scandales les plus récents) indiquaient que «les mauvais exemples», «les scandales/la pédophilie» et «l’image négative dans la presse et les médias» figuraient déjà en bonne place parmi les obstacles qui empêchent de répondre positivement à une vocation au ministère ordonné ou à la vie consacrée. La situation récente de l’Église catholique en a été une de «défaveur historique», où «l’anticléricalisme et les préjugés contre le christianisme» jouent un rôle important. Presque toutes les institutions sont suspectes aujourd’hui. L’Église catholique, qui est l’organisme religieux le plus considérable et le plus en vue, est souvent pointée du doigt et soumise à l’examen du public. Pour qui aime l’Église, apprécie sa responsabilité sociale et sa façon de promouvoir l’honnêteté, l’intégrité, la transparence et le souci du plus faible, il est douloureux d’assister à l’humiliation publique de l’Église, mise à nu devant ses accusateurs, et de voir ses plaies exposées aux regards du monde. L’Église subit un émondage, et l’émondage est une opération douloureuse 33. Cet exercice est particulièrement pénible pour ceux et celles qui ont donné leur vie au ministère et à la mission de l’Église. Non seulement se voient-ils aujourd’hui sousestimés et surchargés, mais on remet en question leur intégrité morale et leur engagement. On peut observer l’impact de cette expérience chez les communautés religieuses, touchées par la chute de leurs effectifs et le vieillissement de leurs membres, et qui doivent abandonner des territoires de mission autrefois fructueux. On le voit chez les évêques et les prêtres qui s’efforcent de préserver des paroisses et d’autres ministères alors qu’il manque de ministres. On le remarque chez les ministres laïcs – hommes et surtout femmes de foi – qui continuent de servir l’Église dans la fidélité et la solidarité même quand ils se sentent exclus ou qu’ils sentent méconnue leur «Sansl’ombred’undoute,il contribution essentielle. C’est ce que vivent des légions de catholiques qui cherchent à pratiquer les valeurs de s’agitpourl’Églised’untemps l’Évangile à la maison, au travail et à la paroisse, qui dedouleuretdepassion. » attendent de l’Église consolation spirituelle et leadership moral, et qui se sentent aigris, embarrassés et même trahis à la suite des événements récents. Sans l’ombre d’un doute, il s’agit pour l’Église d’un temps de douleur et de passion 34. Mais un temps de passion est aussi l’occasion d’une solidarité profonde avec le mystère pascal du Christ. L’Église est remise à la place du Christ – avec les pauvres, les exclus, les criminels condamnés. La leçon de Pâques, c’est que, paradoxalement, la mort peut venir de la vie. Même le Christ ressuscité, venu porter un message de paix et de pardon, continue de porter la marque de Ses plaies. La même chose vaut de l’Église qui est le Corps du Christ sur terre.

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SECTIONUN –Lesfondements Rapprocher les souffrances actuelles de l’Église de celles du Christ, ce n’est pas laisser entendre que les dirigeants, les ministres et les membres de l’Église soient innocents de tout méfait, ou que l’Église n’ait pas contribué au déshonneur et à la marginalité qui la touchent aujourd’hui. En fait, ce serait une grave erreur que de reprocher aux médias séculiers ou aux autres institutions publiques le tort causé à l’image et à la crédibilité de l’Église, pour se retirer dans une sainteté hermétiquement scellée qui n’aurait pas le moindre sens pour le monde et sa corruption. Au lieu de cela, les conférenciers du Congrès ont appelé l’Église à retourner à ses sources les plus profondes, à accueillir ce moment comme un temps privilégié de purification et de renouveau: Et d’abord, c’est pour nous le temps de voir tout cela à partir des sources les plus profondes de notre foi. Nous pouvons et nous devrons débattre longtemps des causes de ce scandale et des remèdes à y apporter. Mais en même temps, nous devons creuser au plus profond de notre héritage et en retirer pour nous-mêmes et pour le peuple que nous servons les idéaux les plus nobles et les plus sacrés de notre foi chrétienne. Nous devons nous rappeler avec précision et avec intensité la beauté de l’Évangile et les idéaux les plus élevés de notre appel comme prêtres et comme religieux et religieuses au nom du peuple de Dieu. Nous sommes appelés à la sainteté et à la pureté du cœur – rien de moins. Nous devons proclamer l’Évangile avec conviction et avec passion – rien de moins. Nous sommes là pour servir et non pour être servis – rien de moins 35. Une grâce importante, née du scandale et de la crise, est la prise de conscience que les solutions improvisées ne suffiront plus. À plusieurs reprises, les délégués et les conférenciers ont répété que ce qui ressortait du Congrès, ce n’était pas le besoin d’une nouvelle affiche, d’une vidéo, d’une campagne publicitaire ou d’un programme. S’il y a un avenir pour la vocation au ministère, si Dieu continue vraiment d’inviter des femmes et des hommes généreux à des vies de service et de mission dans l’Église, ce qu’il faut, ce ne sont plus simplement des techniques ou des stratégies nouvelles, mais un esprit nouveau et un cœur nouveau. Ce qu’il faut, c’est une transformation intérieure, une conversion: Les stratégies qui n’offrent que de l’information, des analyses rationnelles, des normes éthiques et des exhortations inspirantes ne provoqueront pas les changements qui s’imposent dans notre société et dans notre Église. Pas plus que ne seront efficaces des stratégies fragmentées et isolées. Quelles que soient les stratégies que nous emploierons, elles devront

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viser une transformation de la conscience, une guérison et une libération de la mémoire, de l’imagination et du cœur. Nous parlons ici d’une «conscience alternative», d’un changement structurel intérieur, d’une façon radicalement différente de connaître, de voir, d’entendre, de juger et d’agir. Nous ne parlons pas seulement de changements. Nous parlons de conversion, c’est-à-dire de changer notre façon de percevoir, de sentir et d’agir 36. À quoi pourrait ressembler cette conversion, cette démarche de retour aux sources? Nous commençons par revenir aux sources de notre foi : aux récits bibliques qui font de nous un peuple, qui façonnent notre expérience de l’appel divin et de la réponse humaine. Nous le faisons pour pouvoir entendre à nouveau la voix du Christ au cœur du monde d’aujourd’hui. Il continue d’appeler une nouvelle génération de témoins qui serviront l’Église en répondant aux besoins concrets du monde.

«…leschrétienssesententmarginalisés, queleursconvictionssontridiculisées etqueleurssymbolessontrepoussés enpériphériedelasociété…»

Les métaphores tirées des Écritures évoquent avec force le défi de créer un nouveau rapport entre la foi et la culture. Quand les chrétiens se sentent marginalisés, que leurs convictions sont ridiculisées et que leurs symboles sont repoussés en périphérie de la société, ils peuvent puiser des forces dans la promesse de Dieu faite à Jérémie d’un «avenir plein d’espérance». En un temps où l’Église est confrontée à une société qui célèbre la diversité et l’égalité, nous pouvons modeler notre réponse sur celle de Jésus. Il était disposé à pénétrer les intervalles difficiles, il n’avait pas peur de traverser les frontières de la patrie, de l’origine ethnique, de la religion et des sexes, emporté par Sa passion de prêcher, de guérir et de proclamer le Règne de Dieu. En un temps où peut nous décourager l’effondrement de notre rêve, ce qui semble être l’échec total et définitif de notre mouvement, il nous faut rencontrer Jésus sur notre propre route d’Emmaüs. Il nous faut demander son aide pour comprendre les événements du monde qui nous entoure à la lumière des Écritures, et reconnaître Jésus dans Son auto-manifestation. Voici le temps où l’Église est retournée et renvoyée à Jérusalem, au cœur du monde, là même d’où elle est tentée de s’enfuir. Voici le temps de porter la Bonne Nouvelle que le Christ est bien vivant, qu’Il nous précède sur la route, et qu’Il nous demande de nous préparer à une nouvelle Pentecôte où, une fois encore, nous serons revêtus de la force d’en haut 37. Notre conviction que l’Esprit Saint guidera l’Église à travers les crises devrait nous fortifier pour la tâche considérable qui nous attend. D’un côté, des congrégations autrefois vigoureuses ont été décimées, des séminaires désertés et leurs apostolats traditionnels abandonnés faute de personnel. De l’autre, l’expansion incroyable de l’apport des laïques, hommes et femmes, à la mission de l’Église : ceux qui sont engagés professionnellement dans le ministère laïc, et le grand nombre de tous ceux et celles qui, en paroisse, au foyer ou au travail, vivent fidèlement les engagements de leur baptême et de leur mariage. Il y a des signes concrets de renouveau et d’espérance dans un nombre croissant de diocèses, de communautés et d’instituts séculiers. De même, naissent de nouvelles formes de vie consacrée qui semblent attirer une nouvelle génération de catholiques. Mais ces tendances ne sont pas assez fortes pour refléter l’ensemble de la situation à

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SECTIONUN –Lesfondements laquelle est confrontée l’Église au Canada et aux États-Unis. Si ce qui nous attend, c’est «un avenir plein d’espérance38» - comme le disaient en 1998 les évêques des États-Unis dans leur stratégie pastorale nationale pour les vocations – quelles sont les sources de cette espérance?

Lajeunesseetlesjeunesadultescatholiques, signed’espérance? La confiance dans la présence de Dieu parmi nous est l’origine et la source première de notre espérance: par l’Esprit Saint, Dieu continue d’appeler jeunes et vieux à devenir disciples et à vivre la mission. Toutefois, par-delà les frontières d’âge, de langue et de nationalité, les participants aux mini-congrès régionaux ont tous désigné les jeunes catholiques comme la source d’espérance la plus visible pour l’avenir du ministère ordonné et de la vie consacrée. En dépit de fortes réserves à l’égard de certaines dimensions de la culture des jeunes, ils ont exprimé leur appréciation pour les jeunes et les jeunes adultes, soulignant, pour les célébrer, leur spiritualité, leur générosité, leur témoignage, leur soif de Dieu, leur idéalisme, leur passion pour la justice, leur engagement à servir, leur penchant contre-culturel et leur participation accrue au ministère.

La Journée mondiale de la Jeunesse : moment vocationnel Les délégués au Congrès ont aussi relevé que les rassemblements de jeunes catholiques sont un signe tangible d’espérance en l’avenir. La chose n’aura jamais été plus clairement et vivement perçue qu’aux célébrations entourant la Journée mondiale de la Jeunesse 2002 à Toronto. Lors de son homélie, le pape Jean-Paul II s’est reconnu, à 82 ans, «âgé et un «Iln’enapasmoinsexhortéla peu fatigué» pour aussitôt rendre hommage à «l’espérance inébranlable qui jaillit éternellement au jeunesseà“resterprocheetà cœur des jeunes». Dans un geste empreint d’une soutenirlagrandemajoritéde confiance profonde, il s’est confié à cette nouvelle génération de catholiques : «le Pape continue de prêtresetdereligieuxdévoués s’identifier pleinement à vos espoirs et à vos quin’ontd’autredésirquede aspirations». En réponse, l’assemblée de quelque serviretdefairelebien”» 800 000 personnes s’est mise à scander : «Le Pape est jeune! Le Pape est jeune!» En cet instant, le pouvoir de la foi, qui jette un pont entre les générations, s’est manifesté avec force. Le Pape a alors reconnu le «profond sentiment de honte et de tristesse» provoqué par «le tort causé par des prêtres et des religieux à des personnes jeunes et vulnérables». Il n’en a pas moins exhorté la jeunesse à «rester proche et à soutenir la grande majorité de prêtres et de religieux dévoués qui n’ont d’autre désir que de servir et de faire le bien». Ces mots ont provoqué de nouvelles acclamations et de longs applaudissements chez les jeunes pèlerins. Enfin, leur a-t-il rappelé, quels que soient nos échecs et nos faiblesses personnelles,

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nous sommes en fin de compte «la somme de l’amour du Père pour nous et de la possibilité que nous avons réellement d’être l’image de Son Fils». C’est dans ce contexte que le Saint Père a lancé une invitation directe et explicite : «Et si, au fond de votre cœur, vous percevez le même appel au sacerdoce ou à la vie consacrée, n’ayez pas peur de suivre le Christ sur la voie royale qui mène à la Croix 39. » La somme d’énergie libérée durant cette Journée mondiale de la Jeunesse est matière à réflexion. Comment allons-nous rejoindre la génération montante de jeunes catholiques, établir le contact avec elle, la guider et l’accompagner, l’évangéliser et nous laisser évangéliser par elle? Comment pouvons-nous les aider à discerner attentivement l’appel du Christ et à y répondre concrètement – dans leur vie personnelle, dans l’Église, dans le monde? Même si chaque étape de la vie humaine est porteuse de vocation, les grandes décisions sur l’orientation d’une vie se prennent généralement à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte. Il ne faut certes pas négliger ceux et celles qui discernent un appel au ministère ordonné et à la vie consacrée à un âge plus avancé, souvent après avoir fait l’expérience d’une vie professionnelle et/ou familiale 40. Pas plus qu’il ne faut sous-estimer le rôle essentiel de la vie de famille, de la vie liturgique et sacramentelle, d’une catéchèse et d’une éducation de la foi de qualité, ou d’une pastorale jeunesse efficace pour semer et cultiver la semence de la vocation chrétienne. Il n’en demeure pas moins que le travail pour les vocations continuera de concentrer ses efforts – comme par le passé – sur les jeunes adultes, âgés de 18 à 35 ans, qui travaillent consciencieusement à prendre des décisions à long terme touchant leurs études, leur carrière, leurs relations et leur foi.

Des études récentes : « génération du millénaire et génération X » Qu’est-ce que la recherche récente nous a appris sur ce segment de la population catholique en Amérique du Nord? Quelles sont les valeurs qui ont façonné les jeunes adultes d’aujourd’hui? Que signifie pour eux le fait d’être catholiques? Quelles sont leurs convictions religieuses fondamentales? Comment expriment-ils leur spiritualité? Quel genre de relations et de communautés forment-ils? Quelle est la durée des engagements qu’ils prennent? Comment voient-ils leur engagement dans la vie et la mission de l’Église? Sont-ils ouverts à la possibilité d’être appelés à exercer un service permanent dans l’Église : dans la vie consacrée, comme prêtre ou diacre, dans un ministère laïc? Qu’est-ce qui les empêche d’entendre cet appel ou d’y répondre?

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SECTIONUN –Lesfondements Même si les lignes de démarcation démographiques et culturelles ne sont pas toujours très précises, la recherche récente sur «la population des jeunes et des jeunes adultes» a tendance à distinguer deux grands groupes : la «génération X» (née entre 1960 et 1979) et la «génération du millénaire» (née après 1980 et qui a atteint aujourd’hui l’adolescence ou la jeune vingtaine 41). Il est nécessaire de comprendre ces deux groupes car ils partagent certaines caractéristiques importantes: • • • • •

l’ouverture à la diversité un certain relativisme une identité fluide le savoir-faire technologique une approche éclectique de la religion et de la spiritualité.

Par ailleurs, plusieurs membres de la génération du millénaire réagissent contre ce qu’ils perçoivent comme l’irrespect, l’individualisme et le cynisme abusifs de la génération X. Même s’ils ont aussi connu la rupture de la famille, l’incertitude politique et économique et l’absence de balises éthiques et religieuses, tout indique qu’ils ont tendance à être: • plus optimistes • plus autonomes • plus intéressés à nouer des liens et à construire la communauté (notamment ce qu’on appelle aujourd’hui la «cyber-communauté») • plus disposés à faire du service communautaire bénévole • moins cyniques face aux structures et aux institutions • chose importante, plus susceptibles de se tourner vers les traditions religieuses comme pouvant éclairer le chemins spirituels qu’ils cherchent à se frayer. Il est toujours risqué d’étiqueter toute une génération – ou même un groupe quel qu’il soit – comme si chaque personne devait se conformer à un modèle précis. Les jeunes adultes d’aujourd’hui, qu’ils soient de la génération X ou de celle du millénaire, restent des êtres humains chacun avec ses dons, ses talents, ses limites et ses faiblesses. Qu’on les prenne personnellement et collectivement, il ne s’agit ni de les canoniser ni de les condamner, mais de les respecter et de les comprendre 42. Il est essentiel pour l’Église d’avoir conscience des grands courants sociologiques et religieux qui façonnent la vision du monde de ces jeunes, si elle veut concevoir et mettre en œuvre des outils efficaces de transmission de la foi aux nouvelles générations de croyants. Nous devons amorcer avec les jeunes adultes un dialogue où leurs intuitions, leurs expériences et leur spiritualité aient la possibilité de s’exprimer et d’être confrontées à celles de la tradition catholique. Il y aurait là une base solide à partir de laquelle lancer une invitation à envisager un appel à la mission et, en particulier, au ministère ordonné et à la vie consacrée.

Lesjeunesadultescatholiques :identité, spiritualité,communauté,mission La recherche présentée au Congrès par S. Mary Johnson, S.N.D. de N., est

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particulièrement pertinente. Cette enquête a étudié la spiritualité des jeunes adultes d’aujourd’hui, leur sens de l’identité catholique, leur désir de faire communauté et leur participation à la mission de l’Église 43. Sœur Johnson a rapporté que la plupart des jeunes adultes revendiquent positivement leur identité catholique; même s’ils ne pratiquent pas régulièrement, ils continuent de s’identifier comme catholiques. Ils continuent de croire aux points fondamentaux de la foi catholique : en Dieu, en Jésus le Fils de Dieu, à la Résurrection, à la présence réelle du Christ dans les sacrements, au rôle privilégié de Marie et des saints. Ils considèrent qu’ils ont une vie spirituelle. Ils appuient les grands principes de l’enseignement social catholique. Et ils prient. Par ailleurs, la recherche indique que leur sens de ce qui fait l’identité catholique est souvent assez flou. Leur sentiment d’appartenance institutionnelle à l’Église est plus faible que celui des générations antérieures. Leur connaissance et leur compréhension de la tradition catholique sont limitées et ténues, à un point parfois choquant. Très peu d’entre eux ont vécu un catholicisme qui soit un système culturel compact où l’appartenance à une paroisse et la participation à un organisme catholique procurent une identité collective cohérente. Plusieurs ont de la difficulté à expliquer de façon précise ce que cela signifie que d’être catholique. Pour plusieurs, c’est une réalité qui reste périphérique et non un facteur qui définisse et intègre ce qu’ils sont sur le plan personnel. Dans un monde d’individualisme religieux, plusieurs définissent la foi catholique comme une simple option personnelle. Ils empruntent librement à d’autres traditions religieuses en laissant tomber des éléments centraux de la tradition catholique, en particulier ceux qui concernent l’ecclésiologie et l’enseignement moral sur le mariage et la sexualité 44. Leur niveau d’adhésion aux croyances centrales, à la pratique sacramentelle, à l’éducation permanente de la foi et à une participation active à la «...lesjeunesadultesont mission de l’Église reste souvent précaire et indécis.

demandédepouvoirapprendre

Évidemment, pour que les jeunes soient en mesure deconseillersobjectifsetde d’entendre l’appel à des vocations particulières de service au sein de l’Église, de le discerner et d’y répondre, il faut guidesspirituelslestechniques d’abord les aider à articuler de façon claire et cohérente dudiscernement... » ce que cela veut dire être catholique. C’est-à-dire être une personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu (et donc appelée à la vie et à l’amour), être baptisé (et donc membre de la communauté eucharistique appelée à la sainteté des disciples du Christ), et être confirmé (et donc appelé à partager la mission ecclésiale d’évangélisation, de justice et de paix). Les jeunes adultes délégués au Congrès ont exprimé de manière claire et convaincante leur soif de spiritualité authentique, leur désir de former des communautés de foi vivantes et leur engagement à participer à la pleine mission de l’Église. Même s’ils ont été marqués par l’éclectisme du marché spirituel contemporain, ils ont demandé qu’on leur expose dans toute sa richesse et sa diversité la tradition de la prière et de la spiritualité catholique. Ils veulent connaître l’Évangile, vivre la vie sacramentelle et liturgique de l’Église et pratiquer des exercices de dévotion anciens et nouveaux.

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SECTIONUN –Lesfondements Plus précisément, les jeunes adultes ont demandé de pouvoir apprendre de conseillers objectifs et de guides spirituels les techniques du discernement, d’être aidés à nommer et à s’approprier l’appel de Dieu dans leur vie par des témoins qui aient eux-mêmes progressé dans la voie de la spiritualité avec passion, dans la joie et avec authenticité. Ils ont demandé des expériences de retraite significatives. Conscients de ce que la puissance de Dieu se manifeste souvent dans la faiblesse humaine, ils ont dit rechercher un dialogue spirituel où leurs propres craintes, leurs incertitudes, leurs questions et leurs vulnérabilités soient respectées, et où la conversation authentique, cœur à cœur, devienne possible. Ils ont aussi exprimé leur besoin de trouver dans les leaders de l’Église – évêques, prêtres et diacres, femmes et hommes consacrés, et tous ceux et celles qui ont part à la vie et au ministère de l’Église - des hommes et des femmes de prière profonde, qui leur enseignent à prier en priant avec eux. Les jeunes adultes délégués ont aussi réaffirmé leur alliance avec l’Église et dans l’Église. Dans un monde d’individualisme, ils se sont dits prêts à tenter de construire la communauté aux niveaux local et global. La communauté est pour eux un concept positif : elle évoque l’amitié et le fait d’être en lien, une structure qui n’est pas oppressive mais au sein de laquelle, en tant que personnes, ils sont interpellés à grandir, à se développer et à rendre des comptes. Voici quelques-uns des qualificatifs qu’ils utilisent pour décrire la communauté qu’ils s’attendent à trouver dans l’Église : ouverte, honnête, inclusive, respectueuse, diversifiée, égale, vulnérable, juste, aimante, indulgente et responsable. Malheureusement, plusieurs d’entre eux ont dit ne pas voir ou ne pas vivre l’Église comme une communauté de ce genre. La minorité qui cherche directement à s’engager de manière significative dans la vie de la paroisse ou de l’Église locale est souvent déçue. La liturgie lui paraîtra souvent individualiste, mécanique, insignifiante ou ennuyante. Elle trouve peu de choses qui répondent directement aux besoins, aux questions et aux problèmes de jeunes adultes (célibataires pour la plupart). L’expérience des jeunes adultes d’aujourd’hui appelle l’Église à mettre davantage l’accent sur la nature intrinsèquement communautaire du catholicisme, sur son appel à l’unité dans la diversité et sur la tâche qui lui revient de construire des liens de solidarité et de réconciliation. Leur expérience souligne l’importance d’une vie liturgique plus vivante, qui incorpore des éléments artistiques et musicaux auxquels puissent vibrer les jeunes adultes, et où ils cessent d’être de simples spectateurs pour devenir des participants engagés activement et capables d’assumer divers rôles liturgiques. Il s’agit donc pour l’Église de leur offrir des occasions concrètes de participer à de petits groupes de foi, à des programmes d’éducation des adultes et à des projets axés sur l’action, qui fassent appel à leur besoin de former communauté en priant, en partageant, en travaillant et en célébrant ensemble comme jeunes adultes catholiques. Il y a chez les jeunes adultes une grande générosité qui attend de pouvoir s’exprimer. Ceux et celles qui ont participé au Congrès ont reconnu, au nom de leurs contemporains, avoir besoin d’être bien préparés à leur mission dans l’Église : par une catéchèse et une éducation de la foi sérieuses ainsi que par une connaissance plus profonde de l’Écriture, de l’histoire et de la tradition catholique comme de l’enseignement social et moral de l’Église. Ils ont dit aspirer à une orientation et à une

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Chapitredeux

direction authentiques. Ils ont demandé à s’engager dans des initiatives qui incarnent le défi de l’Évangile d’une manière pratique et concrète, en travaillant directement au service des pauvres et des défavorisés et dans des projets d’évangélisation qui traduisent leur désir d’ «alimenter un feu, allumé par Jésus Christ, qui puisse apporter la vie à un monde qui vit souvent dans le froid et l’obscurité» 45. D’après un sondage réalisé récemment auprès de jeunes adultes catholiques, seulement 15 pour cent d’entre eux ont indiqué avoir été incités à envisager sérieusement une vocation à la vie religieuse ou au sacerdoce. Et la plupart l’ont été par un membre de leur famille 46. Même si la majorité des jeunes adultes voient d’un œil positif les efforts faits dernièrement pour permettre aux laïcs d’occuper la place qui leur revient justement dans la vie et la mission de l’Église, les jeunes adultes catholiques veulent et comptent être informés de toutes les options qui «Ledéfiestbeaucoupplus s’ouvrent à eux. Ils s’attendent à ce que la génération actuelle de prêtres, de religieuses et de religieux les fondamental.» invitent – par leur exemple et leur témoignage personnel, par l’accompagnement et la direction spirituelle – à envisager une vocation à la vie consacrée ou au ministère ordonné. Ils s’attendent aussi à ce que ces «sages» les aident, le plus objectivement possible, à discerner si telle est bien la voie que le Seigneur les appelle à suivre.

Jeunesse,mission,leadershipetaudace Nous comprenons que dans une vraie communauté tous et toutes sont appelés à être leaders. Nous reconnaissons que nous sommes appelés à prendre des risques. Nous vous demandons de nous soutenir et de nous entraîner au leadership et à l’audace pour le Royaume de Dieu 47. Ce simple énoncé des jeunes adultes traduit une intuition profonde : le leadership efficace au service de la mission de l’Église exige de savoir prendre des risques. De fait, la déclaration des jeunes adultes anticipait sur les propos qu’allait tenir le dernier conférencier du Congrès, l’abbé Gilles Routhier. Celui-ci a souligné que la pastorale des vocations doit d’abord s’enraciner solidement dans un sens renouvelé de la mission de l’Église en un temps et un lieu précis. Dieu n’appelle pas les personnes dans l’abstrait, indépendamment du contexte social, historique et religieux où elles se trouvent. Dans la Bible comme dans l’histoire, être appelé, c’est être «envoyé», être «mis à part» pour une mission particulière. Et souvent, cette mission consiste à accueillir quelque chose de neuf, d’étrange, de dérangeant et même de dangereux. La thèse de Gilles Routhier, c’est que les grandes périodes de fermentation spirituelle dans l’histoire de l’Église – de renouveau du sacerdoce, de fondation de nouvelles congrégations religieuses et de relance des anciennes – correspondent précisément à des moments où l’Église s’est montrée particulièrement attentive aux besoins qui se faisaient jour dans une société donnée et où elle a fait preuve de créativité pour y répondre. Après avoir lu fidèlement les signes des temps et les avoir interprétés à la lumière de

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SECTIONUN –Lesfondements l’Évangile, l’Église peut alors mobiliser ses formes institutionnelles qui fournissent la continuité et les structures nécessaires pour répondre efficacement aux besoins. Curieusement, un cycle de déclin s’amorce et s’ensuit une baisse du nombre et de la qualité des vocations dès que l’attention de l’Église cesse de porter sur sa mission actuelle (réponse pastorale concrète aux besoins physiques et spirituels du monde) pour gérer les «acquis du passé» (préservation de l’institution, survie d’une congrégation ou d’une œuvre donnée). Qu’est-ce que tout cela veut dire pour l’Église en Amérique du Nord, au moment où elle entend relever le défi d’appeler une nouvelle génération de prêtres et de diacres, de femmes et d’hommes consacrés, de laïcs catholiques pleinement engagés au service de la mission de l’Église? L’abbé Routhier fait une double proposition 48. D’abord, l’objectif du Congrès, «susciter une culture de la vocation au sein de l’Église en Amérique du Nord», ne sera pas le fruit d’un meilleur plan de marketing, de méthodes de recrutement et d’accompagnement plus efficaces ou de la déconstruction prudente de notre vie paroissiale et religieuse. Le défi est beaucoup plus fondamental. Non, ce qu’il faut, c’est une véritable intuition spirituelle, enracinée dans une écoute attentive des voix du présent. Ce qui exige un certain détachement des structures et des formes usées et confortables qui, si efficaces qu’elles aient pu être dans le passé, ne correspondent plus à la tâche à accomplir. Pour reprendre la parole de Jésus, on ne recoud pas de vieilles pièces sur un vêtement neuf; le vin nouveau demande des outres neuves (Luc 5, 36-39). La prudence reste une vertu importante. Mais la prudence excessive devient timidité et nous empêche de répondre courageusement à l’appel de l’Évangile à «avancer au large». Même si «nous avons pêché toute la nuit sans rien prendre» dans les eaux familières près de la rive, Jésus continue de nous appeler à lancer nos filets en eau profonde. C’est précisément cela, écouter «les joies et les espoirs, les craintes et les angoisses» de nos frères et sœurs, les relire à la lumière de l’Évangile et les articuler en un projet missionnaire pour chaque Église locale – paroisse, diocèse, institut séculier, congrégation religieuse, apostolat spécialisé – qui soit clair, concret et mobilisateur. Il faut qu’il dépasse les généralités qu’on trouve habituellement dans les énoncés de mission et les charismes de congrégation pour traiter spécifiquement des besoins qui émergent actuellement, dans ce contexte, ce temps et ce lieu précis. La deuxième proposition se rattache à la première. Pour que ce genre de renouveau soit possible, il faut un acte profond de foi en Dieu qui n’a pas abandonné le présent. L’audace et la créativité requises pour cette tâche exigent aussi un acte profond de confiance aux jeunes, sans qui l’avenir ne se construira pas. La prudence est une vertu qu’on associe naturellement à la sagesse et à l’expérience, et elle reste nécessaire. Mais l’audace et la créativité conviennent mieux aux jeunes. En un sens, ils ont moins à perdre; ils sont plus occupés à construire et à consolider leur identité qu’à la préserver. Mais il y a bien peu à perdre et tout à gagner à inviter les jeunes adultes à s’engager directement dans l’activité

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missionnaire de l’Église, et à leur confier de vraies responsabilités, tout en sachant qu’inévitablement il y aura des échecs comme des réussites. D’ailleurs, d’ajouter l’abbé Routhier, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que les jeunes soient prêts à s’engager de manière définitive et permanente dans des modèles particuliers de ministère ordonné et de vie consacrée. Pour le meilleur ou pour le pire, l’itinéraire par lequel les jeunes entrent graduellement dans la vie adulte et ses engagements s’est modifié radicalement. Il se caractérise par une adolescence prolongée, par une alternance de temps d’études, d’expériences de travail et d’exploration de soi. Il avance en zigzague plutôt qu’en ligne droite. Les jeunes d’aujourd’hui sont réticents à prendre un engagement à long terme avant d’avoir eu l’occasion de «l’essayer» d’abord. Les programmes «Venez et voyez», qui comprennent des visites dans les séminaires et les maisons religieuses sont une forme populaire de promotion des vocations. Mais il serait peut-être encore plus urgent, propose l’abbé Routhier, d’avoir des programmes «Venez vivre», où des jeunes catholiques, qu’ils aient exprimé ou non un intérêt précis pour la prêtrise ou la vie religieuse, seraient associés à un projet missionnaire, formeraient communauté avec d’autres jeunes comme eux et travailleraient côte à côte avec des catholiques adultes engagés, dont des prêtres, des diacres, des religieux et des religieuses. Ces projets, dit-il, deviendraient des lieux d’éveil vocationnel : de prière, d’évangélisation et de formation de la foi, d’expérience concrète de la mission de l’Église, de discernement et d’accompagnement. Ils pourraient devenir le contexte de choix où de jeunes adultes, qui assument déjà leur engagement baptismal, seraient invités à envisager un engagement plus permanent dans le cadre du «…l’ÉgliseenAmériquedu diaconat, de la prêtrise ou de la vie consacrée.

Conclusion

Nordestinvitéeàposerun actedefoiprofondeenDieu.»

Le présent chapitre s’est ouvert par une réflexion sur «le monde» où le Christ sème abondamment la semence du Royaume. Il se termine par un rappel. Même si dans le Nouveau Testament le monde est souvent perçu sous un jour négatif, en opposition à la perspective et au ministère de Jésus et de Ses disciples, il reste le lieu de l’ultime révélation de Dieu : «Oui, Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique… car Dieu a envoyé Son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé» (Jean 3, 16-17). Beaucoup de choses, dans notre société nord-américaine, sont affectées par la cécité du péché et ont besoin d’être transformées par le levain de l’Évangile. Comme chrétiennes et comme chrétiens, notre attitude à l’égard du monde ne doit pas en être une de condamnation mais d’engagement. Une attitude qui incite jeunes et vieux à devenir «sel de la terre et lumière du monde» (Mt 5, 1-12. 13-16) par la pratique quotidienne des Béatitudes : pauvreté spirituelle, douceur, humilié, engagement pour

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SECTIONUN –Lesfondements la justice, miséricorde, pureté du cœur, courage face à la persécution et à l’opposition. «La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux» (Mt 9,37). À la vue des énormes défis que représente l’appel de nouveaux ouvriers pour la moisson — dans le contexte de la société nordaméricaine et parmi les jeunes en particulier — il est facile de céder au découragement. La moisson pour le Royaume est un grand projet; le défi de susciter la «nouvelle civilisation de l’amour» sur le continent nordaméricain exigera toujours plus d’ouvriers que nos efforts ne pourront en fournir commodément. C’est pourquoi l’Église en Amérique du Nord est invitée à poser un acte de foi profonde en Dieu. Au Père qui appelle à la vie; au Fils qui appelle des disciples; à l’Esprit qui donne d’accomplir la mission. L’Église est appelée à faire confiance : l’Esprit qui inspire tant de dons divers pour la construction du Corps du Christ, qui suscite des vocations diverses pour que la mission de l’Église puisse donner une récolte abondante dans le monde, continuera à être la source de son unité. Enfin, l’Église en Amérique du Nord est appelée à se persuader que Jésus, qui a luimême brûlé d’un zèle passionné pour la venue du Royaume de Son Père, continue aujourd’hui d’allumer une passion semblable chez Ses disciples. Nous osons croire, comme Marie Chin le suggère, «qu’il y aura des gens pour porter et nourrir le feu que Jésus est venu allumer sur terre. Et Dieu, qui ne se laisse pas dépasser en générosité, leur donnera certainement le courage d’être feu, d’embrasser la passion de Jésus pour un monde transformé. Dieu suscitera des vocations dans notre Église là où [notre] joie la plus profonde rencontrera les besoins du monde 49». Même s’il y a beaucoup d’inédit dans la mission unique à laquelle est appelée l’Église catholique en Amérique du Nord, ceux et celles qui sont engagés dans la pastorale des vocations ont le privilège de puiser à une riche tradition biblique et

théologique. Cette tradition s’articule autour des éléments centraux que sont la notion de vocation comme appel fondamental de Dieu à la vie, à la communion et à la mission, et les modalités particulières de cet appel dans les diverses formes de

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Chapitredeux ministère ordonné et de vie consacrée. C’est vers cette tradition que nous nous

ChAPITRE3 «Jésusleurexpliquacequile concernaitdansl’Écriture.» FONDEMENTS BIBLIQUES ET ThÉOLOGIQUES D’UNE PASTORALE DES VOCATIONS «Et en partant de Moïse et de tous les prophètes, Jésus leur expliqua ce qui le concernait dans l’Écriture.» (Lc 24,27)

MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE Préambule : la vertu d’espérance Un postulat central : l’appel du Dieu d’amour est universel Fondements bibliques Fondements théologiques Fondements ecclésiologiques: «Dans l’Église et le monde, pour l’Église et le monde» Les vocations particulières Les vocations au ministère ordonné Les diacres Les prêtres Les évêques La vie consacrée Le mariage et la vie de famille Le célibat Les vocations dans la «réciprocité de la communion» : harmoniser les vocations laïques, consacrées et ordonnées Un espoir pour la route

Préambule :lavertud’espérance Dans Pastores dabo vobis, le pape Jean-Paul II a rappelé à l’Église que l’attitude provoquée chez les chrétiens par ce qu’on appelle la «crise des vocations» devrait en être une non pas d’angoisse et de crainte mais plutôt d’attente et d’espérance : «La première réponse de l’Église [à la crise] se trouve dans un acte de foi totale à l’Esprit Saint. Nous sommes profondément convaincus que cet abandon confiant ne décevra pas si nous demeurons fidèles à la grâce reçue 50.» Notre espérance s’enracine dans la conviction profonde que Dieu continue d’appeler Son peuple à la vie, à la sainteté et au service. En Jésus, pleinement homme

«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»

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SECTIONUN –Lesfondements

et pleinement Dieu, «l’Esprit révèle l’immensité de l’amour de Dieu pour nous : amour répandu librement, fidèle et sans limites, constant en toutes circonstances, amour qui donne la vie, l’espérance à toutes et à tous. L’appel de Dieu est un appel de l’Amour incarné à aimer 51 ». Notre riche héritage de récits bibliques et de réflexion théologique offre un fondement solide à notre espérance alors que nous affrontons la question fondamentale de la vocation chrétienne, de son incarnation concrète dans les vocations spécifiques à la vie consacrée et au ministère ordonné sous leurs diverses formes. Faire retour à notre passé sacré, ce n’est pas céder au désir nostalgique de ressusciter «le bon vieux temps». Revenir à nos sources bibliques, c’est rechercher les «traces du divin», remonter à nos racines religieuses afin de mieux comprendre le présent et de préparer avec une plus grande confiance notre route vers l’avenir. Dans ce mouvement nous sommes guidés par Celui qui promet «des desseins de paix et non de malheur» et qui garantit un «avenir plein d’espérance» (Jr 29,11).

Unpostulatcentral : l’appelduDieud’amourestuniversel Le document de travail du Congrès (l’Instrumentum Laboris) aborde la discussion de la théologie de la vocation en scrutant «l’appel universel du Dieu d’amour». Ce point de départ n’a rien d’aléatoire. Même si le Congrès a été invité à examiner le défi de faire lever des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée, il est vite devenu évident que pour amener l’ensemble de l’Église à s’engager à susciter une «culture de la vocation», il faut d’abord reconnaître la vocation première de chaque chrétienne et de chaque chrétien, appelés à la vie et à l’amour, à la sainteté à la suite de Jésus, au témoignage et au service. Tous les catholiques baptisés ont part à cet appel universel; tous et toutes doivent être aidés à l’entendre et à y donner une réponse pleine et entière. La pastorale des vocations, en ce sens, «part nécessairement d’une vaste idée de la vocation (et d’un appel adressé à tous en vue de celle-ci)». Elle est «d’abord générale, puis spécifique, respectant un ordre

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qu’il ne semble pas raisonnable d’inverser et qui déconseille, en général, de proposer immédiatement une vocation particulière, sans aucune catéchèse progressive 52». Par ailleurs, pour être efficace, la pastorale des vocations doit favoriser un engagement personnel dans un choix de vie précis. Si nous sommes tous «appelés à une mission d’amour et de service du Seigneur» et de Son peuple, nous ne la vivons pas tous de la même façon. Certains sont appelés à vivre la mission dans le mariage et la vie familiale, d’autres comme célibataires. Les uns entrent dans le ministère ordonné et la vie religieuse alors que d’autres servent dans des ministères laïcs. D’autres encore, en très grand nombre, répondent à l’appel par leur présence dans le monde, à travers leurs responsabilités professionnelles, sociales, politiques et communautaires. Cette extension universelle de la notion de vocation ne la banalise aucunement. Elle reconnaît le fait que la vocation n’est pas quelque chose qu’on choisit un jour pour l’abandonner le lendemain. Vivre sa vraie vocation suppose à la fois la capacité de découvrir l’appel de Dieu et la volonté d’y répondre au plus profond de son être. Cela exige de pouvoir discerner la réponse la plus appropriée à l’appel, réponse qui tienne compte non seulement des talents, des limites et de la situation de la personne, mais tout autant des besoins de l’Église et du monde. La démarche doit devenir un projet de vie visant à reconnaître et à accueillir avec constance le désir de sainteté et d’union à Dieu et la disponibilité à percevoir l’appel de Dieu dans les faims du monde.

Fondementsbibliques 53 Le Congrès européen sur les vocations a affirmé que la pastorale des vocations offre à l’ensemble de la pastorale une perspective «unitaire et de synthèse», qui intègre tout le travail pastoral, et que «la pastorale des vocations est la vocation de la pastorale aujourd’hui» 54. Cette déclaration ne doit pas être interprétée comme cherchant simplement à attirer l’attention sur le travail trop souvent sous-estimé des responsables de la pastorale des vocations. Leur travail est en effet une composante vitale d’un tout beaucoup plus vaste : le renouveau de l’Église en Amérique du Nord et de sa mission d’évangélisation. La pastorale des vocations n’est pas, en dernière analyse, affaire de recrutement, de marketing, de motivation efficace, si importants qu’ils puissent être comme éléments d’un plan pastoral d’ensemble. Pourquoi? Parce que la question de la vocation humaine rejoint les fondements mêmes de notre foi : à chaque génération et à chaque endroit, Dieu appelle librement des individus à la vie, les forme à l’amour, leur inspire une quête de sens et d’objectif, et suscite une réponse libre et entière à Son invitation.

«Cedramedelavocation traversetoutel’histoire dusalut. »

Ce drame de la vocation traverse toute l’histoire du salut. Il est un axe majeur de l’Ancien comme du Nouveau Testament. Il s’exprime dans les diverses manières dont, à différents moments de l’histoire du peuple choisi, Dieu a appelé des hommes et des femmes de foi à servir comme patriarches et prophètes, juges, leaders et maîtres : Abraham, Sara, Joseph, Moise, Miriam, Déborah, Samuel, Ruth, David, Amos, Isaïe, Jérémie et Esther.

«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»

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SECTIONUN –Lesfondements Les récits de vocation de l’Évangile sont dans le droit fil de ceux de la tradition judaïque : Jésus en appelant Ses disciples reproduit la façon dont Dieu, à travers l’histoire d’Israël, a appelé Son peuple à suivre la voie de Dieu et à participer au drame de la libération, de la justice, de la sainteté et de la rédemption. Ces textes soulignent le caractère surprenant des choix de Dieu : «Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Dieu?» (Gn 18:14) On ne fait guère d’effort pour masquer le péché et les faiblesses spirituelles de ceux que Dieu appelle : patriarches malins et roublards, futures mamans sceptiques, souverains corrompus et avides de pouvoir, prophètes timides et réticents. Plus frappant encore, le groupe des disciples de Jésus : d’abord lents, confus, grognons et peureux, ils ont peu à peu été façonnés par l’enseignement et l’exemple de leur Seigneur, par l’expérience de Sa mort et de Sa résurrection, et par le don de l’Esprit Saint qu’Il leur avait promis. Ils deviendront missionnaires pour porter la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre. Le message est clair; Dieu appelle des hommes et des femmes ordinaires – hésitants et gauches, craintifs et pécheurs, jeunes et inarticulés. Dieu place le trésor divin dans les vases les plus invraisemblables, qu’il appelle à «une mission de transformation humaine et à vivre un changement en profondeur et parfois déchirant afin d’être fidèles à cette convocation divine 55 ». De manière convaincante et définitive, les récits de vocation des quatre Évangiles nous révèlent que l’idée de vocation est essentielle à la compréhension biblique de la personne humaine : en relation à Dieu, à la communauté croyante et à une mission à remplir dans le monde. Il faut relever quatre caractéristiques de ces textes: • D’abord, la vie de disciple ne naît pas d’un choix mais d’un appel. Dans les Évangiles, que ce soit sur le mode de l’autorité ou de la séduction, c’est toujours Jésus qui prend l’initiative. L’appel arrive comme un cadeau gratuit, qu’on n’a pas mérité. Il respecte toujours la liberté de l’interpellé. Par ailleurs, son urgence et l’autorité de celui qui appelle exigent une réponse. • Deuxièmement, il s’agit d’un appel à devenir disciple : appel à la sainteté et à l’amitié avec Jésus, appel à entendre et à mettre en pratique son enseignement, appel à Le suivre «sur la route». • Troisièmement, l’appel a pour objet de partager la mission rédemptrice, de participer à la tâche de transformation du monde par le renouveau de la communauté croyante, de proclamer le règne de Dieu par l’enseignement, la guérison et la réconciliation. • Quatrièmement, l’appel exige souvent une rupture avec une vie antérieure plus confortable. Suivre Jésus, c’est renoncer à tout : bateaux, champs, emplois, possessions, réputation, voire amis et familles. Cette nouvelle allégeance – à Jésus et au Royaume de Son Père – impose une conversion du cœur, de l’esprit et de la vie… à longueur de vie.

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Fondementsthéologiques Les Écritures, interprétées par la tradition constante de l’Église, jouent un rôle normatif pour déterminer la place de la vocation dans l’existence humaine. Quel message pouvons-nous tirer de notre héritage biblique au moment où nous entreprenons de revitaliser notre pastorale des vocations? Les pistes que voici semblent primordiales :

«Laplupartdesitinéraires vocationnelscomprennent quelquesmomentsclés,quand l’invitationduSeigneur,“viens, suis-moi”,retentit… »

• Fondamentalement, une vocation ne se définit pas par le faire, par un rôle ou une fonction donnée. Elle est avant tout question d’être, où la vie est accueillie consciemment comme pur don de Dieu, pénétrée de sens et de finalité, vécue dans une réponse généreuse et sans réserve à Celui qui en est la source, et dont l’accomplissement ultime consiste à «voir la face de Dieu et à vivre». • L’Église est l’ekklesia, l’assemblée convoquée et réunie par Dieu; même si les distinctions spécifiques entre ses fonctions et ministères relèvent de son identité et de ses structures essentielles, tout le Peuple de Dieu participe à une vie, à un appel et à une destinée commune. • En tant que sacrement de la présence d’amour de Dieu dans le monde, l’Église reflète le mystère trinitaire du Père, du Fils et de l’Esprit. Dans la Trinité, nous trouvons un dynamisme infini d’appel et de réponse, où la diversité de vocation et l’unité de mission coexistent dans une harmonie et une identité parfaites. • Dieu le Père appelle chaque personne humaine à la vie dans l’amour, et sollicite une réponse d’amour, qui constitue «la vocation fondamentale et innée de tout être humain». Cet appel à la vie divine et humaine de l’amour est célébré avant tout dans le sacrement du baptême. Ainsi, toute vocation chrétienne s’enracine dans l’appel baptismal. • Envoyé par le Père, Jésus appelle et forme des disciples qui marchent à Sa suite et se donnent par amour «même jusqu’à la mort». Dans l’Eucharistie qui célèbre le mystère de la mort et de la résurrection du Christ «jusqu’à ce qu’Il vienne dans la gloire», les chrétiens sont formés pour leur mission en modelant leur vie sur Celui qui a été pris, béni, rompu et partagé pour la vie du monde. En ce sens, toute vocation est profondément eucharistique. • L’Esprit, guide et consolateur, nous accompagne dans notre cheminement dans le monde, appelant les chrétiens à vivre leur engagement baptismal pleinement et fidèlement. Notre «oui» à l’Esprit et à l’Église s’exprime dans le sacrement de confirmation. • La vocation chrétienne est intrinsèquement missionnaire. Elle a pour but de transformer le monde en guérissant, en enseignant, en

«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»

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SECTIONUN –Lesfondements réconciliant et en donnant la vie et la liberté aux enfants de Dieu. La vocation n’est jamais un statut inerte ou un jardin fermé. C’est un appel à engendrer la vie : en soi, en autrui, dans le monde auquel nous sommes envoyés. • La plupart des itinéraires vocationnels comprennent quelques moments clés, quand l’invitation du Seigneur, «viens, suis-moi», retentit comme un appel direct et personnel adressé au cœur humain. Généralement, cependant, cet appel est médiatisé graduellement : dans la prière, à travers les événements les plus importants de l’histoire personnelle, lorsque des expériences s’entrecroisent et, peut-être de manière encore plus vivante, à travers des personnes – accompagnateurs, guides spirituels, témoins – dont l’invitation directe amène un jeune homme ou une jeune femme à envisager sérieusement l’appel à une vocation particulière. Ce principe de la médiation est une dimension essentielle à la pastorale des vocations 56. • Il découle du principe de médiation que tous les membres de l’Église partagent la responsabilité de «susciter des vocations». Ce n’est pas seulement l’affaire du séminaire, ou du directeur des vocations, ou de l’évêque, ou des supérieurs religieux, ou d’un groupe donné au sein de la paroisse, du diocèse ou de l’institut religieux. Tous et toutes sont appelées à s’impliquer – les uns davantage, d’autres à un moindre degré. Nous continuons d’avoir besoin de spécialistes qui consacrent le plus gros de leur ministère à l’accompagnement initial, à l’invitation possible et à la formation des candidats qui discernent un appel à la prêtrise ou à la vie consacrée. Mais la pastorale des vocations devrait occuper une place de choix dans les priorités pastorales et les plans d’action de chaque église locale. • Il est bon de désirer des vocations et de prier pour elles avec ferveur, sachant que Dieu est capable de susciter de nouvelles vocations même au désert. Mais l’Église doit aussi identifier et, dans la mesure du possible, écarter les obstacles qui empêchent des candidats et des candidates de s’engager de manière généreuse et permanente au service de la vie et de la mission de l’Église.

Fondementsecclésiologiques :«Dansl’Égliseet lemonde,pourl’Égliseetlemonde » Dans cette rencontre dramatique entre deux libertés – le choix absolument libre de Dieu et la réponse humaine qu’il sollicite - un lien intime est scellé entre Dieu et chaque personne humaine. Nommer et s’approprier devant Dieu sa vocation unique est un acte uniquement personnel. Et pourtant aucune vocation n’est pure référence à soi-même, aucune n’est un contrat privé «entre moi et Jésus». La vocation chrétienne est nécessairement vocation ecclésiale. Les vocations naissent dans le contexte de l’histoire personnelle et familiale, et dans un contexte social, culturel et historique particulier. Elles naissent aussi

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dans une communauté ecclésiale donnée (paroisse, école, groupe de prière ou de partage de foi, projet de service). L’Église universelle est la «mère de toutes les vocations» car elle médiatise l’appel lancé par le Christ à chaque personne humaine. De la même façon, les vocations existent pour l’Église. Elles expriment de diverses manières l’appel universel à la sainteté, implicite dans le baptême. Chaque vocation témoigne de manière unique et irremplaçable de la présence permanente du Christ dans l’Église. De même, chaque vocation chrétienne est-elle au service du monde, ordonnée à la transformation graduelle de la société humaine qui devient le Royaume de Dieu. La réalité vocationnelle de l’Église demande un profond respect de la complémentarité et de l’interdépendance de toutes les vocations ecclésiales. Parce que l’Église est à la fois communauté et communion de vocations, tous ses membres doivent se préoccuper et s’occuper de l’essor de toutes les vocations dans l’Église, et pas seulement de la leur. Saint Paul décrit l’Église comme un corps (I Co 12) dont les membres doivent tous bien fonctionner dans l’harmonie les uns avec les autres; l’image convient tout particulièrement à l’édification d’une Église où la valeur unique de chaque vocation est respectée et où toutes les vocations travaillent ensemble au service de la sainteté et de la mission. Chaque vocation, en tant que choix de vie stable et définitif, s’ouvre sur une triple dimension : par rapport au Christ, tout appel est «signe», façon particulière de révéler le visage du Seigneur Jésus. Par rapport à l’Église, elle est «ministère», don pour la communauté, pour l’utilité commune, dans le dynamisme du service. Par rapport au monde, elle est «mission», semence du Royaume 57.

Lesvocationsparticulières

«…certaines,commelavocation auministèreordonnéeet àlavieconsacrée,lesont d’unemanièretoutàfait particulière … »

Dans sa lettre pour la 39e Journée mondiale de prière pour les vocations, le pape Jean-Paul II a demandé à l’Église universelle de prier pour le succès du Congrès nord-américain sur les vocations. «Le premier devoir de l’Église est d’accompagner les chrétiens sur les voies de la sainteté» pour qu’en approfondissant leur connaissance du Christ et leur engagement envers Lui, ils puissent «redécouvrir en Lui leur identité authentique et la mission que le Seigneur confie à chacun». Rappelant que «chaque vocation dans l’Église est au service de la sainteté», Jean-Paul II affirme que «certaines, comme la vocation au ministère ordonnée et à la vie consacrée, le sont d’une manière tout à fait particulière» 58.

Le congrès n’avait pas pour mandat d’exposer une théologie complète des vocations dites «de consécration spéciale» : diacres, prêtres et évêques; religieux et religieuses de vie apostolique ou contemplative; laïcs et vierges consacrés; sociétés de vie apostolique et nouvelles formes de vie consacrée; formes diverses d’association de laïcs à des instituts religieux. Au Congrès, la délégation du Saint-Siège a insisté sur la nécessité d’une théologie claire, correcte et convaincante du sacerdoce ministériel : fidèle à la christologie et à l’ecclésiologie de Vatican II qui offre un «compas sûr et fidèle» à l’Église au seuil du

«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»

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SECTIONUN –Lesfondements nouveau millénaire 59. D’ailleurs, les exhortations post-synodales du Saint-Père (sur la mission des laïcs, sur la formation des prêtres, sur la vie consacrée et sur le ministère des évêques 60) contiennent un trésor auquel l’Église en Amérique du Nord peut puiser sans réserve. Au lieu de répéter ou de résumer ces textes importants, ce qui suit en tire simplement quelques éléments clés pour une théologie du ministère ordonné et de la vie consacrée, en mettant l’accent sur les aspects les plus pertinents par rapport au défi qui consiste à susciter une nouvelle génération de ministres ordonnés et de femmes et d’hommes consacrés 61.

Lesvocationsauministèreordonné Les diacres C’est délibérément que le Congrès nord-américain sur les vocations a décidé de faire porter ses travaux sur les «vocations au ministère ordonné» (et pas seulement sur «la prêtrise»). La présence de nombreux diacres permanents aux États-Unis et au Canada exige que soient soulignés l’importance de leur ministère et le cheminement unique qui permet d’identifier, de discerner, de former cette vocation et d’y répondre. Même si le nombre de prêtres a diminué au cours des dernières années, le rétablissement du diaconat comme ministère permanent et distinct dans l’Église «L’apportdesdiacresau apparaît aujourd’hui plus clairement comme un ministèredoitêtrecompris développement majeur du Concile Vatican II, tant sur le plan ecclésiologique que ministériel. Il n’y a àlalumièredel’importance pas d’endroit où ce phénomène soit plus évident particulièredudiaconat qu’en Amérique du Nord, où l’on trouve plus de la dansl’Église.» moitié des diacres permanents du monde entier. Un ministre ordonné sur cinq aux États-Unis est aujourd’hui un diacre. Les diacres exercent le ministère dans 46 États sur 50 et dans 135 des 194 diocèses et éparchies. Sans être aussi nombreux que leurs homologues américains, les diacres canadiens forment le troisième contingent le plus nombreux au monde et leurs responsabilités ministérielles vont croissant. Les diacres exercent des ministères essentiels pour l’Église en Amérique du Nord. Dans la liturgie, ils proclament l’Évangile, font l’homélie, assistent à l’autel et administrent l’Eucharistie. Ils président aux baptêmes, aux mariages, aux funérailles et aux enterrements. En pastorale, ils enseignent la catéchèse et donnent une formation religieuse, dirigent des retraites et des programmes de renouveau paroissial, offrent du counselling et de la direction spirituelle. Plus spécialement, ils sont engagés dans des programmes pour rejoindre les pauvres matériels et spirituels : les marginalisés, les malades et les vieillards, les veuves et les orphelins, les personnes séparées et divorcées, les mourants et les familles en deuil. L’apport des diacres au ministère doit être compris à la lumière de l’importance particulière du diaconat dans l’Église. Dans le sacrement de l’Ordre, le diacre est configuré au Christ d’une manière unique et bien précise : en tant que «serviteur de

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tous». Dans un monde qui valorise le pouvoir et la domination, le service public et permanent du diacre s’adresse «aux plus petits». Comme la plupart des diacres permanents sont des hommes mariés qui ont élevé des enfants, le ministère auprès des familles leur est souvent confié. En outre, comme nombre d’entre eux exercent aussi une profession séculière, ils ont tendance à être plus présents et plus impliqués que les prêtres ou les évêques dans le milieu et les structures profanes. Même s’ils proclament l’Évangile et peuvent faire l’homélie à la messe, leur présence et leur témoignage comme ministres ordonnés dans leur milieu familial ou professionnel leur donnent l’occasion d’appliquer la consigne de saint François : «proclamez sans cesse l’Évangile; si nécessaire, employez des mots». Parce que la plupart des hommes deviennent diacres permanents un peu plus tard dans la vie, leur cheminement vocationnel est différent de celui de la plupart des prêtres et des hommes et femmes consacrés. Les dons et les talents qu’ils apportent au diaconat – leadership, responsabilité, travail d’équipe, maturité spirituelle, valeurs familiales, relations humaines, désir de servir et passion pour l’Évangile – sont ceux qui les ont aidés à s’acquitter de leurs responsabilités chrétiennes dans leur vie civile, professionnelle et familiale. C’est précisément leur témoignage de fidélité comme laïcs catholiques qui a incité leur entourage – pasteurs, amis, collègues, paroissiens – à les inviter à envisager l’appel à un service permanent dans l’Église. Cet appel «de l’extérieur» aura suscité à son tour un appel semblable «de l’intérieur» ou il lui aura fait écho. Si après une période de discernement impliquant le candidat (en dialogue avec son épouse et/ou sa famille) et les autorités diocésaines, cet appel est authentifié, le candidat commence une période de formation théologique, spirituelle et pastorale menant éventuellement à l’ordination.

Les prêtres La tradition catholique est profondément sacramentelle, axée sur l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Aussi les discussions sur la «crise des vocations» ont tendance à se concentrer sur le besoin de prêtres, à cause de la fonction unique et irremplaçable qu’ils exercent en présidant la vie sacramentelle et liturgique de la communauté chrétienne. De même, étant donné que, pour la plupart des catholiques, c’est la paroisse qui répond à ce besoin, le travail pour les vocations

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SECTIONUN –Lesfondements porte principalement sur le recrutement de candidats pour le clergé diocésain, susceptibles d’animer la vie spirituelle, pastorale et sacramentelle de la paroisse et des communautés périphériques qui forment l’Église locale. Dans la lettre qu’il a adressée au Congrès de Montréal, le pape JeanPaul II a rappelé que le sacerdoce ministériel est l’un des éléments constitutifs de l’Église. A cause de l’importance et de la profondeur de la vie sacramentelle, où le prêtre est appelé à représenter le Christ dans ses fonctions «de Chef, de Pasteur, de Prêtre et d’Époux», «de lui dépendent la réalisation et le développement de toutes les autres vocations 62». Le cardinal Zenon Grocholewski a fait écho à ce message, en soulignant l’importance pour la pastorale des vocations d’exposer clairement et fidèlement l’identité du prêtre. Il a souligné la relation essentielle et surnaturelle du prêtre avec le Christ, relation vécue dans un rapport intime avec Jésus et une vie sacramentelle et liturgique intense, centrée sur l’Eucharistie. Par le ministère de la Parole et des sacrements et dans le cadre de leur animation pastorale, les prêtres représentent la personne du Christ d’une manière unique et irremplaçable, a-t-il dit. Ils sont essentiels à la vie, à la sainteté et à la mission de l’Église. Les prêtres relèvent de l’évêque qui les ordonne et leur confie le mandat d’un ministère particulier dans l’Église locale. D’une manière différente mais non moins importante, ils relèvent aussi de la communauté chrétienne qu’ils ont été appelés à servir. Leur fonction liturgique (présider l’Eucharistie) et leur rôle pastoral (présider la communion ecclésiale) sont étroitement reliés. Au cours des dernières décennies, le style de leadership des prêtres s’est peu à peu transformé : le pasteur «seigneur de son domaine paroissial» a évolué vers des modèles de collaboration où prêtres, diacres, religieux, religieuses et ministres laïcs partagent l’animation pastorale d’une communauté. Pourtant, même dans ces modèles, les prêtres ont un rôle unique. Plus que jamais, peut-être, les catholiques ont besoin du leadership que peuvent dispenser de saints prêtres fidèles, compatissants et intelligents, comme Donald Senior l’a souligné durant le Congrès: Y eut-il jamais une époque dans notre mémoire collective où l’on ait éprouvé avec plus d’urgence le besoin de la vocation du prêtre dans l’Église? Amener une communauté diversifiée et souvent divisée à l’unité de la prière et de la foi, prêcher l’Évangile avec autorité et avec clarté, mener une vie évangélique exemplaire, travailler habilement et avec doigté avec des collaborateurs laïcs à la construction de la communauté, être source d’unité et non de division, représenter publiquement et avec intégrité la mission et la finalité de l’Église. Voilà quelques-unes des fonctions de la prêtrise et elles sont absolument indispensables à la santé et à la vie de l’Église de ce temps 63.

Les évêques Les évêques sont les pasteurs en chef de l’Église. Ils remplissent ce service en communion avec le Saint-Père, en collégialité les uns avec les autres et animés d’un profond souci pastoral pour le Peuple de Dieu confié à leurs soins. Leur ministère, en tant que successeurs des apôtres, porte directement sur l’unité de l’Église. Comme leurs collaborateurs prêtres, ils représentent le Christ dans le ministère de la Parole, des sacrements et de l’animation pastorale, et participent à l’autorité du Christ, tête de

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l’Église. Le niveau d’autorité confiée aux évêques exige qu’ils suivent l’exemple du Christ qui «n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner Sa vie en rançon pour la multitude» (Mc 10,45). Appelés par le Christ à travers le successeur de Pierre, les évêques président d’une manière unique à la communion de l’Église. En communion avec les prêtres diocésains, les membres des diverses congrégations et instituts de vie consacrée, les diacres, les ministres laïcs et toute l’Église diocésaine, l’évêque offre un repère d’unité. Il cultive l’harmonie entre la diversité des vocations et l’unité de l’Église. Pour cette raison, les évêques doivent se préoccuper vivement de l’essor de toutes les vocations au sein de leur diocèse : laïques, consacrées, diaconales et sacerdotales. C’est un aspect important de leur fonction que de veiller à l’intégration harmonieuse des efforts de promotion de la vie sacerdotale diocésaine et des différentes formes de vie consacrée, de manière à éviter l’ignorance et la concurrence mutuelles. Il leur revient aussi de construire une Église où chaque ministère soit vu comme une vocation. «Étant donné que les évêques ont pour mission d’unifier le Corps du Christ, les préoccupations de l’Église universelle sont aussi les leurs 64.»

Lavieconsacrée La vie consacrée continue de représenter, pour reprendre les mots du pape Jean-Paul II, «un don précieux pour la croissance et la sainteté du peuple chrétien 65». De fait, le monde et l’Église cherchent des «témoins authentiques du Christ » et, en particulier, des femmes et des hommes qui témoignent du Christ et de Son Évangile d’une manière unique et totale. Ils le font par leur vie et leurs œuvres; en s’engageant à pratiquer les conseils évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance; en vivant leurs charismes fondateurs dans le contexte d’une vie communautaire priante et vibrante; en servant fidèlement l’Église et en répondant attentivement aux besoins du monde. Le nombre de personnes consacrées en Amérique du Nord a chuté dramatiquement au cours du dernier demi-siècle. Plusieurs des ministères qu’ils ont longtemps assurés dans l’Église et la société – dans le travail missionnaire, l’éducation, la formation de la foi, les soins de santé, le service social et, plus récemment, dans l’apostolat des retraites, la direction spirituelle et diverses formes de pastorale paroissiale, «Yeut-iljamaisune hospitalière ou universitaire – sont maintenant largement époquedansnotre assurés par des laïcs. Empressés à partager leur mission avec mémoirecollectiveoù l’ensemble de l’Église, les femmes et les hommes consacrés continuent de chercher de nouvelles façons de vivre le l’onaitéprouvéavec caractère prophétique de la vie religieuse «d’abord et avant plusd’urgencelebesoin tout comme un appel à l’intimité contemplative avec Dieu» « delavocationduprêtre à cause d’une espérance inébranlable en Dieu qui sauve 66 ». En fait, «la maison de Dieu, l’Église, aujourd’hui non moins dansl’Église? » qu’hier, est ornée et enrichie par la présence de la vie consacrée 67».

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SECTIONUN –Lesfondements La forme la plus familière et la plus visible de vie consacrée est celle que vivent les sœurs, les frères et les prêtres qui appartiennent à des communautés et à des congrégations de vie religieuse apostolique. Ces femmes et ces hommes généreux ont apporté une contribution inestimable au travail de l’Église en Amérique du Nord, par leur participation enthousiaste à l’œuvre d’évangélisation et en créant des structures permanentes qui ont permis à la mission sociale, éducative, caritative et religieuse de l’Église de rejoindre des millions de personnes, catholiques et non catholiques. La vie consacrée continue toutefois de se vivre sous des formes diverses : les unes bien connues, les autres relativement nouvelles. Les hommes et les femmes qui embrassent la vie monastique et contemplative (moines et moniales) ou la vie érémitique vivent une vie pleinement consacrée au culte divin, à l’ascèse personnelle, à la prière personnelle et communautaire et à l’amour fraternel en communauté. Les membres des sociétés de vie apostolique, sans prononcer de vœux de religion, s’engagent à la solidarité fraternelle pour une mission commune; plusieurs de ces sociétés, vouées au travail dans les missions étrangères, jettent des ponts de solidarité internationale dans l’Église et servent les plus pauvres d’entre les pauvres. Vivant et œuvrant dans le monde, les membres des instituts séculiers témoignent humblement et discrètement du Royaume dans leurs activités professionnelles et leur engagement social. D’autres formes de vie consacrée sont en émergence et ont atteint divers degrés d’approbation formelle ou canonique. Ces «communautés nouvelles» orientent leur mission vers le service direct des démunis, l’évangélisation et la présence à la jeunesse, en s’appuyant sur une vie communautaire solide nourrie par la prière personnelle et liturgique. Quoiqu’ils ne prononcent pas de vœux, les nouveaux mouvements ecclésiaux et les apostolats laïcs attirent des femmes et des hommes désireux de vivre une vie commune, dans la pauvreté matérielle et spirituelle, proche des pauvres et des marginalisés. Par ailleurs, même dans des congrégations et des instituts qui voient diminuer le nombre de leurs membres, des laïcs, hommes et femmes, continuent de s’associer au charisme, à la mission et à la spiritualité des divers instituts de vie consacrée : comme associés, oblats et membres de «tiers ordres». À mesure qu’apparaissent en Amérique du Nord de nouvelles formes de vie consacrée et que des formes plus familières connaissent un renouveau, se consolide l’espoir que les dons de l’Esprit sont reçus en abondance et qu’en outre «la vie consacrée n’a pas seulement joué dans le passé un rôle d’aide et de soutien pour l’Église mais [qu’]elle est encore un don précieux et nécessaire pour le présent et pour l’avenir du Peuple de Dieu, parce qu’elle appartient de manière intime à sa vie, à sa sainteté et à sa mission 68». Comme un arbre qui se ramifie de façons admirables et multiples dans le champ du Seigneur, à partir d’un germe semé par Dieu, ainsi se développèrent des formes variées de vie solitaire ou commune, des familles diverses dont le capital spirituel profite à la fois aux membres de ces familles et au bien de tout le Corps du Christ 69.

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Quels sont les défis particuliers auxquels se trouve aujourd’hui confrontée l’Église en Amérique du Nord et qui montrent que nous avons toujours besoin du témoignage unique et de la vocation prophétique des femmes et des hommes consacrés? Donald Senior suggère ce qui suit: Avons-nous souvenir d une époque où le besoin de vie consacrée ait été plus urgent? Pour démontrer, dans un monde rempli de violence et où se creusent les fossés et l’hostilité entre les cultures, les races et les idéologies, qu’il est possible à des personnes de vivre ensemble dans l’harmonie et l’amour – que la communauté humaine et chrétienne est possible avec la grâce de Dieu? Pour donner le témoignage public à toute une génération qui a soif de spiritualité authentique qu’une vie de sainteté est bien possible à notre époque? Pour accepter des missions que trop souvent les gouvernements et les organismes privés sont tentés d’abandonner : travailler auprès des victimes du sida, nourrir ceux qui ont faim, se solidariser avec les sans-abri et les abandonnés, manifester pour la paix? Pour illustrer dans la vie de l’Église cette dimension charismatique de l’Esprit de Dieu qui ne doit pas être supprimée? Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles l’Église a désespérément besoin de vocations à la vie consacrée 70.

Lemariageetlaviefamiliale Même si le Congrès a surtout mis l’accent sur le défi de susciter des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée, l’une de ses six recommandations pour une intervention pastorale urgente et immédiate a pour objet le renforcement du mariage et de la vie familiale. Si la famille est bien «l’Église domestique» et la pépinière de toutes les vocations chrétiennes, alors le ministère auprès des couples et des familles revêt une grande priorité.

«Leministèreauprèsdes famillesdevraitaiderles conjointsetlesparentsà comprendreleur vocationunique… »

Le ministère auprès des familles devrait aider les conjoints et les parents à comprendre leur vocation unique : appel à édifier des familles où la vie soit reçue comme un don de Dieu, où l’amour soit vécu à la hauteur de ses exigences quotidiennes et où chaque membre de la famille soit encouragé à écouter la voix de Dieu pour y répondre pleinement et généreusement sa vie durant. Les familles sont appelées à jouer un rôle décisif pour l’avenir des vocations dans l’Église. La sainteté de l’amour sponsal, l’harmonie de la vie familiale, l’esprit de foi avec lequel sont affrontés les problèmes quotidiens de la vie, l’ouverture aux autres, surtout aux plus pauvres, la participation à la vie de la communauté chrétienne, constituent l’ambiance adéquate pour l’écoute de l’appel divin et pour une réponse généreuse de la part des enfants 71. La vie de famille en Amérique du Nord est soumise à de fortes tensions. Elle est marquée par des taux de divorce élevés, par l’instabilité sociale et économique, par la perte de contact avec les grands-parents et avec la famille élargie à cause des déménagements et des ruptures familiales, par l’importance réduite accordée à la pratique religieuse et à la dévotion comme expérience vécue en famille, et par l’impact d’une société qui valorise le profit pécuniaire et personnel au détriment d’une vie vouée à un engagement permanent et au don de soi. Faut-il s’étonner qu’il y ait si peu de prière, si peu d’encouragement donné à un fils ou à une fille qui envisagerait un appel à la

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SECTIONUN –Lesfondements prêtrise ou à la vie consacrée? La diminution du nombre de prêtres et le retrait du ministère de plusieurs religieux et religieuses qui étaient régulièrement en contact avec les enfants, les adolescents et les parents ont aussi contribué à créer une situation où les jeunes sont réticents à choisir «ce qu’ils ne connaissent pas» et les parents à appuyer un projet qui leur semble étrange et mystérieux. Le manque d’appui au niveau de la famille et des pairs a été identifié par les délégués au Congrès et par les participants aux rencontres régionales comme un obstacle majeur à l’idée de la vocation religieuse. Une théologie solide de l’Église domestique comme pépinière de vocations, un ministère vigoureux auprès des familles, qui réponde à leurs besoins réels et à leurs vrais problèmes, et la présence active de prêtres et de religieux et religieuses qui donnent l’exemple de vies saintes, saines et heureuses sont aujourd’hui essentiels à la promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée.

Lecélibat Que ce soit en vertu d’un choix délibéré ou à cause des circonstances de la vie, un nombre croissant de croyantes et de croyants servent le Christ et l’Église en répondant à l’appel à une vie célibataire dans le monde. Cette vocation offre l’occasion de grandir dans la grâce par le service personnel ou professionnel d’autrui offert dans un amour désintéressé. La vie célibataire ne comporte pas l’appel à un institut ou à une congrégation particulière mais appelle bien la personne célibataire à s’engager pleinement dans la vie communautaire de l’Église. Pour plusieurs, cet engagement prend la forme d’un ministère laïc dans l’Église. Pour plusieurs autres, il s’agit de partager ses dons artistiques et sa créativité, de se rendre disponible pour une amitié ou un accompagnement spirituels, et d’être disposé à faire plus que ce que demanderait le sens du devoir professionnel, personnel ou religieux; ainsi la vie célibataire devient-elle une vocation de générosité et de don de soi. Plusieurs célibataires regardent Jésus comme un modèle pour leur choix de vie. N’appartenant à aucune communauté cléricale ou religieuse reconnue, Jésus a réuni autour de lui une communauté inclusive d’amis et de disciples et il exerçait à l’égard de tous ceux et celles qu’il rencontrait un ministère de guérison et de réconciliation dans l’amour. L’appel à la sainteté pour les célibataires présente des défis et des possibilités distinctes. Faute de pouvoir s’appuyer sur un conjoint ou sur une communauté religieuse, sur l’incardination dans un diocèse ou la nomination officielle dans une paroisse, le célibataire fait l’expérience de la dépendance envers

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Dieu d’une manière toute particulière. C’est en assumant cette réalité de tout son cœur que la personne célibataire reçoit la force d’aller au monde dans un esprit d’ouverture et de service, de témoigner de l’Évangile en incarnant l’amour et le pardon du Christ, et d’inviter les autres à la plénitude de la foi.

Lesvocationsdansla«réciprocitédela communion» :harmoniserlesvocationslaïques, consacréesetordonnées Au niveau de la planification du Congrès, on a eu le souci constant de la place de la vocation laïque – et en particulier de la vocation des laïcs directement engagés dans le ministère ecclésial – dans le cadre d’un Congrès portant spécifiquement sur les vocations à la vie consacrée et au ministère ordonné. Dans son adresse du Carême 2002 au clergé du diocèse de Rome, le pape Jean-Paul II faisait observer que plus le laïcat s’engagera dans la vie de l’Église, plus nous aurons besoin de bons prêtres et de bons religieux. En d’autres mots, plus la vie de l’Église est abondante, plus s’accroît le besoin d’une animation pastorale spécifique et du témoignage de la sainteté 72. Le Saint-Père rappelait ainsi à l’Église que la diminution du nombre de vocations sacerdotales ne devrait pas être interprétée (comme on le fait dans certains milieux) comme si la Divine Providence exigeait un déclin du sacerdoce pour ouvrir une brèche à l’engagement apostolique croissant du laïcat.

«…lesvocationsordonnées, consacréesetlaïquesvivent une“réciprocitédansla communion”.»

D’autre part, ces paroles nous rappellent que les prêtres et les religieux fidèles ne se sentent pas menacés par la mission et le ministère légitimes des laïcs. Il n’y a aucune contradiction entre le fait d’inclure des laïcs, hommes et femmes, pour qu’ils aident à répondre aux besoins ministériels réels et pressants de l’Église, et le fait d’encourager activement des jeunes gens et des jeunes femmes à répondre à un appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée. L’heure est à la coopération plutôt qu’à la concurrence, sous le signe du respect mutuel et de la complémentarité dans la promotion de toutes les vocations. «Si chaque vocation dans l’Église est au service de la sainteté, certaines cependant, comme la vocation au ministère ordonné et à la vie consacrée, le sont d’une manière tout à fait particulière 73.» Le choix des mots ici est important. Le pape ne dit pas que les vocations ordonnées et consacrées sont intrinsèquement «plus saintes» que la vocation baptismale. Leur caractère unique tient plutôt à la manière dont elles édifient la sainteté dans l’Église, en donnant une structure visible au Corps mystique du Christ et en orientant sa mission dans le monde. Le fait que le Congrès ait décidé de mettre l’accent sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée ne doit pas être interprété comme une façon de dénigrer ou d’esquiver la vocation laïque. Cette décision s’appuie plutôt sur l’idée que, loin d’être en concurrence l’une avec l’autre, les vocations ordonnées, consacrées et laïques

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SECTIONUN –Lesfondements vivent une «réciprocité dans la communion». Cette communion ne touche pas que les rôles et les fonctions mais rejoint le niveau de l’identité et de la symbolique. Plus encore, à cause de son lien unique avec le service de la communion ecclésiale, qui s’exprime avec le plus de force dans la célébration de l’Eucharistie, le ministère ordonné a «la tâche inéluctable de promouvoir toute vocation 74». Le déclin de l’une ou l’autre vocation se répercute négativement sur tout le corps de l’Église et sur chacun des membres qui le composent. De même, l’attention accordée à la croissance et au développement de l’une d’entre elles devrait entraîner l’essor des autres. Ainsi tous et toutes sont responsables ensemble de la saine croissance de toutes les vocations dans l’Église.

Unespoirpourlaroute Le fait pour l’Église en Amérique du Nord d’avoir connu une «crise des vocations» n’est pas nécessairement entièrement négatif. Mgr Giuseppe Pittau a rappelé aux délégués du Congrès que, même si elle est semée de dangers réels, la crise des vocations est aussi, pour l’Église en Amérique du Nord, «un kairos, une occasion privilégiée de conversion, de repentir et de purification». S’il en est ainsi, devait-il ajouter, «un nouveau bourgeonnement de vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée ne se produira que si nous travaillons ensemble à susciter une nouvelle culture des vocations», où soit défendue et célébrée la dignité de chaque être humain, où tout le monde puisse reconnaître l’appel à la sainteté et au service et y répondre, comme «pierre vivante nécessaire à l’édification de l’Église vivante et porteuse de vie, qui est le Corps du Christ 75». Dans cette «culture de la vocation», il y a de fortes raisons de croire et d’espérer que Dieu continuera d’appeler certaines personnes à servir l’Église et le monde comme femmes et hommes consacrés, comme diacres et comme prêtres. Le symbole biblique le plus récurrent pour décrire la vie de foi est celui du voyage. Comme nous le montre l’expérience du peuple de Dieu, la route est semée d’épreuves et de dangers. Elle nous fait passer du monde connu à la nouveauté, de l’esclavage à l’exode, de l’errance dans le désert à la terre promise, de l’exil au retour. De même, les Évangiles nous présentent la vie et la mission de Jésus comme une longue route «débutant avec l’énergie débordante de Son ministère en Galilée et se poursuivant avec la montée menaçante et délibérée vers Jérusalem où Il rencontrera Son destin dans la mort et la résurrection». Sur les pas de Jésus et de ses disciples, la première communauté chrétienne a été connue sous le nom de «peuple de la voie». Le long de leur cheminement dans la foi, ils ont découvert que la réponse à l’appel de Dieu «n’est pas une réalité instantanée ou statique mais qu’elle se déploie dans le temps et qu’il faut être disposé à endurer les rigueurs de la marche sur Jérusalem, avec tout ce qu’elle comporte d’aspérité, de fatigue et d’échec 76».

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Quelle espérance soutient l’Église en Amérique du Nord, confrontée au défi de susciter une «culture de la vocation»? D’abord et avant tout, l’assurance de ne pas être seule sur la route. L’expérience des disciples en chemin vers Emmaüs (Lc 24, 13-35) – déprimés, confus, s’interrogeant sur ce qui allait arriver – est bien l’expérience de notre Église. Mais sur cette route, Jésus entame la conversation avec nous. Il nous enseigne, dissipe la confusion, explique «PoursusciterenAmérique les Écritures, ranime nos espoirs défaits, touche si bien notre cœur que nous désirons qu’Il «reste avec nous». duNordune“culturedela Puis, au moment de partager notre vie et de rompre le vocation”,ilfautêtreprêtà pain, nous reconnaissons Sa présence qui brûle en nous, et nous sommes renvoyés là d’où nous venons, pour entrerdansunnouveau proclamer le message de l’espérance et de la Résurrection dialogueaveclesjeunes à nos sœurs et à nos frères.

catholiques. » Les disciples abattus que Jésus a rencontrés sur la route avaient beaucoup à apprendre. Ce n’est que peu à peu que le lien qui les unissait au mystérieux étranger est passé du débat à la relation, à la révélation, à la transformation intérieure et, finalement, à la mission d’évangélisation. Ceux et celles qui sont engagés dans le ministère de l’interpellation et du discernement vocationnels le savent : de même qu’eux-mêmes ont été accompagnés «sur la route», les jeunes (et les moins jeunes) avec qui ils sont appelés à cheminer ont aussi besoin d’être orientés, étape par étape, d’être attirés à la connaissance du Seigneur et à l’intimité avec lui, d’apprendre à reconnaître les mouvements de Sa présence «toute brûlante en eux».

L’exemple du Christ, le guide par excellence, inspire l’itinéraire de la pastorale des vocations dans l’Église, que présente le prochain chapitre de notre Plan pastoral. Les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée se forment et se développent peu à peu, grâce à une démarche où l’on peut distinguer cinq éléments essentiels : • la prière • l’évangélisation et la catéchèse • une expérience de vie liturgique et communautaire, de service et de témoignage • l’accompagnement • l’interpellation et le discernement Pour susciter en Amérique du Nord une «culture de la vocation», il faut être prêt à entrer dans un nouveau dialogue avec les jeunes catholiques. Cela revient à affirmer avec confiance que si nous leur enseignons à prier, si nous leur donnons une catéchèse et une éducation de la foi d’excellente qualité, si nous les invitons à participer à la vie de l’Église locale et si nous leur fournissons des conseillers et des guides spirituels pour les accompagner dans leur cheminement, loin de faire la sourde oreille à une invitation à embrasser une vocation de consécration spéciale dans l’Église, ils y répondront avec joie et avec générosité.

«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»

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SECTIONDEUx Action la mission

ChAPITRE4 «Jésuslui-mêmes’approcha, etilmarchaitaveceux.» Cinq priorités pastorales Prier, Évangéliser, Expérimenter, Accompagner, Inviter «Tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.» (Luc 24,15)

MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE Susciter une «culture de la vocation» et une «option préférentielle pour les jeunes» Cinq priorités pour l’action 1. 2.

Prier : la sainteté, la conversion, le culte Évangéliser : l’enseignement, la formation, la

3.

Expérimenter : le culte, la communauté, le

catéchèse service, le témoignage La liturgie et la prière (leiturgia) La communion ecclésiale (koinonia) Le service et la charité (diakonia) Le témoignage et la proclamation (martyria, kerygma). 4. Accompagner : l’accompagnateur, le guide, le modèle, le témoin 5. Inviter : le discernement, le choix, l’engagement «Semer» «Accompagner» «Éduquer»

Susciterune«culturedelavocation»etune «optionpréférentiellepourlesjeunes» Le récit que fait Luc de la rencontre entre le Christ ressuscité et les disciples sur la route d’Emmaüs offre un excellent paradigme à la pastorale des vocations aujourd’hui en Amérique du Nord. Ce récit est à la fois consolant et interpellant. Consolant parce que nous y rencontrons Jésus, crucifié et ressuscité, vraiment présent et marchant à nos côtés. Interpellant en ce qu’il débouche sur une mission : rencontrer le Christ ressuscité, c’est partager notre expérience avec d’autres, entamer avec eux le dialogue du salut, les aider progressivement à reconnaître

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et à accueillir Celui qui se fait connaître grâce aux récits partagés et au pain rompu. Chaque chrétien – quels que soient son âge, son sexe, sa culture ou sa nationalité – est appelé à prendre cette route, fidèle à Dieu qui continue de Se révéler en chemin. Aussi notre principal défi aujourd’hui consiste-t-il à entamer de vraies conversations avec les jeunes et les jeunes adultes. Les récentes célébrations de la Journée mondiale de la Jeunesse ont attiré l’attention sur les besoins, les convictions, les attentes et les aspirations spirituelles des jeunes : il nous faut prendre conscience des obstacles et des problèmes particuliers auxquels ils sont confrontés alors qu’ils cherchent à nommer, à s’approprier et à accueillir leur vocation unique. Comme l’a laissé entendre le Chapitre 1, l’action pastorale de l’Église en Amérique du Nord aura comme priorité pour la prochaine décennie une option préférentielle pour les jeunes. À l’heure qu’il est, la prise de décision dans l’Église – en particulier pour ce qui touche l’avenir du ministère ordonné et de la vie consacrée – est pratiquement entre les mains des moins de 50 ans. Même avec les meilleures intentions du monde, la voix des jeunes catholiques est facilement étouffée, leurs perspectives marginalisées et leur expérience de vie négligée. Pour que la future mission de l’Église en Amérique du Nord porte du fruit, pour que le ministère ordonné et la vie consacrée demeurent des choix de vie pour une nouvelle génération de catholiques, d’importantes ressources financières, humaines et spirituelles devront être investies dans une présence et une pastorale directe auprès des jeunes catholiques. C’est là un besoin pressant et urgent, une exigence dictée par une gestion responsable des biens temporels, moraux et spirituels de l’Église. Les jeunes adultes délégués au Congrès ont déclaré qu’ils se voient vivre avec l’Église une relation d’alliance : s’ils représentent l’espoir pour son avenir, ils font aussi partie de sa réalité présente. Ils demandent à l’Église – en particulier à ceux et celles qui la servent comme femmes et hommes consacrés, diacres et prêtres – des exemples inspirants et un accompagnement personnel. Ils veulent pouvoir faire des retraites et vivre des expériences missionnaires, ils désirent avoir accès à une connaissance et à un amour plus profonds de la tradition catholique – sa vie sacramentelle et liturgique, la riche diversité d’expression de sa vie spirituelle, sa profondeur biblique et théologique. Et ils demandent une communauté ecclésiale accueillante qui fasse un peu de place à leur idéalisme, à leurs talents et à leur énergie considérable. Ils attendent de l’Église et de ses ministres qu’ils soient une présence joyeuse, sainte, visible et disponible dans leur monde : dans les écoles et les universités, dans les mouvements de jeunesse, au travail, dans les groupes d’action sociale, dans des paroisses vivantes et accueillantes et dans leurs familles. Ils demandent à tous les membres de l’Église de marcher avec eux, de leur être présents, de les interpeller et d’oser construire avec eux l’avenir de l’Église.

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SECTIONDEUx -Action Susciter une véritable «culture de la vocation», c’est favoriser une atmosphère où les jeunes catholiques se montrent ouverts à recevoir une invitation personnelle à discerner judicieusement et à accueillir librement la forme d’engagement permanent à laquelle ils sont appelés dans l’Église. Pour qu’un tel choix soit fait librement et pour qu’il ait un sens – surtout dans une société qui juge virtuellement impossible toute idée d’engagement à vie, il doit être édifié avec soin et s’appuyer sur de solides fondations. Le plan d’action que voici essaie d’articuler ces fondations et de suggérer des façons concrètes dont il pourrait inspirer les messages qu’on lancera dans l’avenir à des jeunes gens et à des jeunes femmes pour les inviter à discerner un appel à la vie consacrée, à la prêtrise ou au diaconat.

Cinqprioritéspourl’action Pendant de longues années, le paradigme dominant en pastorale des vocations a été celui du recrutement ou de la promotion. On cherchait à retracer les candidats potentiels, généralement dans les paroisses, les mouvements sociaux et les réseaux éducatifs où des prêtres, des religieux et des religieuses étaient directement en contact avec les jeunes. Ces candidats et candidates étaient invités à discerner s’ils étaient ou non appelés à la vie consacrée dans telle congrégation ou tel institut, au sacerdoce dans tel diocèse, telle société de vie apostolique ou tel ordre religieux. Ce paradigme supposait plusieurs prérequis: une catéchèse solide et complète; une identité catholique bien trempée, enracinée dans la pratique fidèle des sacrements et de la piété de l’Église; un contexte familial stable où la vocation religieuse pouvait être objet de dialogue et d’encouragement; des contacts personnels et l’expérience directe de la vie et de la mission des prêtres diocésains ou religieux, des sœurs et des frères. Même s’il y a lieu de se demander si ce paradigme a jamais vraiment fonctionné tel quel en Amérique du Nord, il ne correspond plus au monde dans lequel nous vivons. Une intuition importante venue du Congrès européen sur les vocations concerne le besoin d’une «pédagogie de la vocation» adéquate. En puisant aux récits bibliques dont devait s’inspirer le Congrès nord-américain – la parabole du Semeur (Mt 13,1-9) et la route d’Emmaüs (Luc 24,13-35) – on voit en Jésus le modèle de tous ceux et celles qui travaillent en pastorale des vocations. Dans cette perspective, la tâche principale concerne moins la promotion ou le recrutement immédiat que la fidélité à une démarche à long terme. Cette démarche comporte une série graduée d’expériences d’éducation et de formation, puis d’accompagnement et de discernement plus ciblé, jusqu’à ce que la personne appelée puisse concrètement et réellement faire un choix.77 En s’appuyant sur: • de solides principes théologiques, pastoraux et pédagogiques • l’expérience de ceux et celles qui sont engagés depuis longtemps dans divers aspects de la pastorale des vocations

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• les recommandations explicites des délégués au Congrès et des participants aux consultations régionales préalables78, on suggère que, pour susciter une «culture de la vocation» aujourd’hui en Amérique du Nord, la pastorale (en particulier la pastorale des jeunes et des jeunes adultes) s’articule autour de cinq actions: 1. Prier

4. Accompagner

2. Évangéliser

5. Inviter

3. Expérimenter

1. Prier : la sainteté, la conversion, le culte Quand on leur a demandé trois idées qu’ils voudraient voir réaliser ou trois initiatives qu’ils pourraient prendre pour encourager les vocations, la grande majorité des participants aux consultations régionales a placé en tête de liste «la prière». La prière – personnelle, en famille, à la paroisse ou dans une autre communauté de foi – est l’action la plus importante qui puisse sous-tendre la pastorale des vocations. Il n’y a rien d’étonnant à ce que la prière ressorte comme la première priorité pour l’action. Pour entendre l’appel et y répondre, il faut une relation vivante avec Celui qui constamment nous appelle par notre nom. La prière et une vie sacramentelle fervente – chez la personne qui est appelée et dans la communauté à travers laquelle le Seigneur appelle – sont essentielles à une «culture de la vocation». Il est évidemment important de prier spécifiquement pour les vocations. En obéissance au commandement du Christ, qui nous enjoint de demander sans cesse «au Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson» (Mt 9,38; Lc 10,2), «chaque Journée mondiale de prière pour les vocations se caractérise comme un moment de prière intense, qui engage la communauté chrétienne tout entière 79». Et après une période de déclin, la prière spécifique pour les vocations connaît un regain de faveur dans les paroisses et les familles – à la messe dominicale, à l’occasion des heures saintes et de «Lesparoissesetlesautres l’adoration du Saint-Sacrement, lors des prières mariales communautéschrétiennes et des autres pratiques de dévotion et dans diverses formes doiventdevenirde“véritables de prière personnelle et familiale. Il faut continuer d’accorder ainsi une plus grande attention à la prière pour écolesdelaprière”…» les vocations – et en particulier pour des vies de consécration spéciale au service de la mission de l’Église. Il est bon de prier pour les vocations. Mais il est encore plus important de devenir des hommes et des femmes de prière. Les paroisses et les autres communautés chrétiennes doivent devenir de «véritables écoles de la prière», où tous et toutes se laisseront «guider par l’Esprit du Christ pour collaborer à l’édification de l’Église dans la charité 80». Pour qu’une nouvelle génération de catholiques acceptent l’appel à devenir les «saints du nouveau millénaire», il leur faudra être inspirés par des modèles concrets et fervents de sainteté : des personnes qui façonnent délibérément leur vie d’après celle du Christ, qui vivent en même temps une vie foncièrement intègre et un profond engagement pour la justice et dont la façon de vivre reflète la beauté et la profondeur d’une vie vécue totalement pour Dieu.

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SECTIONDEUx -Action Pour former des saints et des saintes, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui soient des saints pour aujourd’hui, «qui puissent rayonner aux yeux du monde une réalité concrète et tangible mais à plusieurs niveaux, et qui baignent dans la grâce de Dieu». Plus précisément, nous avons besoin de modèles de sainteté «qui puissent donner toute leur vie d’une façon qui leur donne l’autorité, la permission et le droit de demander à d’autres de donner aussi la leur 81». Si le désir de grandir en sainteté et dans une union à Dieu plus profonde en Jésus Christ constitue une dimension essentielle de toute vocation chrétienne, la première priorité de notre pastorale des vocations sera d’aider les jeunes à développer une vie de prière et de contemplation. Leur relation personnelle au Seigneur doit être cultivée : dans le silence, la méditation des Écritures, la participation fréquente aux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, aux pratiques de dévotion et à l’héritage spirituel de l’Église. Une étude approfondie de la population des jeunes catholiques aux États-Unis aboutissait récemment aux recommandations suivantes: L’Église doit continuer d’enseigner aux jeunes adultes la richesse et la diversité de ses sources de renouveau spirituel. Il faudrait faire des efforts pour aider les jeunes adultes catholiques à se réapproprier les symboles et les traditions spirituelles spécifiquement catholiques. L’importance qu’accorde l’Église à la prière et à la méditation en lien avec l’action sociale est également nécessaire. Les expériences de retraite, en particulier, répondent concrètement à ces besoins. Il faudrait offrir une plus grande variété de retraites, abordables, pertinentes, à des moments et en des lieux fonctionnels 82. Même si, à certains égards, l’identité catholique des jeunes reste précaire, plus de 80 pour cent des jeunes adultes catholiques se considèrent «spirituels». La grande majorité d’entre eux prient. Ils continuent à croire aux grandes vérités de la doctrine catholique : au Dieu créateur, en Jésus Fils de Dieu, à la présence réelle du Christ dans les sacrements, au rôle spécial de Marie et des saints, au pouvoir de la prière. Même si leur sens de la prière est parfois diffus, même si leur conception d’une spiritualité libératrice et dynamisante est souvent détachée de la tradition catholique, ils ont faim de l’expérience de Dieu. Même s’ils veulent en savoir plus sur Jésus, il est encore plus important pour eux de mieux connaître Jésus, de voir les valeurs de son Évangile

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incarnées et vécues, et d’apprendre à mettre ces valeurs en pratique dans leur propre vie.

«Prions-nousdemanière explicite–àlamaison,à l’école,danslaparoisse– pourl’essordetoutesles vocationschrétiennes … »

L’une des conséquences néfastes de la diminution et du vieillissement du clergé nord-américain, c’est l’impression que les prêtres et les religieux sont «tendus et fatigués» : tellement occupés et surchargés qu’il leur reste peu de temps pour leur prière personnelle et leur croissance spirituelle, et encore moins pour accompagner des jeunes dans leur propre cheminement de prière et de discernement. En conséquence, chez bien des jeunes, même parmi ceux qui s’intéressent à la vie spirituelle, l’absence de modèles représente un obstacle majeur pour pouvoir répondre à un appel à la vie religieuse ou sacerdotale. L’«option préférentielle pour les jeunes» invite les croyants adultes à se poser les questions suivantes:

• Les jeunes nous voient-ils prier? • Quelle forme prend cette prière? • Prions-nous de manière explicite – à la maison, à l’école, dans la paroisse – pour l’essor de toutes les vocations chrétiennes, notamment les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée? • Dans quelle mesure notre foyer et notre vie de famille relèvent-ils le défi de devenir une vraie «maison de prière»? La prière avant les repas, au coucher, à certains moments spéciaux en harmonie avec le temps liturgique, fait-elle partie de notre vie quotidienne en famille? La participation ensemble à l’Eucharistie est-elle un élément essentiel de notre dimanche en famille? • Quand les jeunes voient vivre les prêtres, les religieux et les religieuses – au travail dans leur paroisse et leurs autres ministères, chez eux dans leur presbytère et leur communauté – voient-ils des hommes et des femmes de prière, observent-ils une vie et une mission dont la prière fait partie intégrante? • Les ministres ordonnés et les personnes consacrées sont-ils capables de parler directement de leur vie de prière, en termes simples mais profonds, dans leurs homélies, leur enseignement ou leur conversation privée? • En gardant à l’esprit la distinction qu’on fait souvent aujourd’hui entre le religieux et le spirituel, comment ces réalités s’intègrent-elles à votre vie et à votre ministère? • Comment intégrons-nous la contemplation et l’action dans notre vie et notre mission? Comment pourrions-nous mieux enseigner aux jeunes, à travers des pratiques spirituelles comme l’examen, à réfléchir dans la prière aux événements de leur vie quotidienne et à discerner comment Dieu les appelle à répondre aux défis qu’ils rencontrent? • Notre style de vie est-il attirant pour ceux et celles qui ont soif de sainteté et d’union à Dieu mais qui désirent aussi changer le monde? • Comment nos familles, nos paroisses, nos écoles catholiques, nos mouvements de jeunes, etc. répondent-ils à l’appel à devenir «maisons de prière»? • Sommes-nous vraiment disposés à partager notre spiritualité avec des jeunes, et à ce qu’ils partagent avec nous leur spiritualité? • Sommes-nous disposés à ouvrir nos maisons – couvents, presbytères, séminaires, maisons de formation – à des jeunes adultes qui veulent prier? Sont-

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ils bien reçus à nos liturgies? Nous rendons-nous disponibles pour ceux qui cherchent des conseils et une direction spirituelle? Comment mieux développer la collaboration entre les congrégations religieuses, et entre les diocèses et les instituts de vie consacrée, de manière à rendre plus accessibles aux jeunes et aux jeunes adultes les temps de prière et les expériences de retraite? Étant donné que les jeunes et les jeunes adultes signalent l’impact des retraites dans leur vie, comment rendre plus abordables les retraites destinées aux jeunes? Que faire pour favoriser les expériences de «retraites pour les gens occupés» destinées aux étudiants et aux jeunes travailleurs? De quelle façon les homélies, en particulier celles qui abordent un sujet lié à la vocation, traitent-elles de l’appel fondamental à une vie d’union à Dieu, et du discernement de la volonté de Dieu pour répondre à l’amour de Dieu? Comment la tradition de dévotion de l’Église – en particulier l’adoration eucharistique et les diverses formes de dévotion mariale – peut-elle servir à inculquer un esprit d’écoute silencieuse et de profonde confiance en la présence permanente de Dieu? Comment aider les jeunes adultes à saisir la pertinence de ces pratiques dans leur vie très occupée, en réponse aux profonds désirs de leur cœur? Comment permettre aux jeunes de faire l’expérience de certaines des grandes traditions spirituelles qui ont façonné le catholicisme (ignatienne, bénédictine, franciscaine, dominicaine, carmélitaine, thérésienne, sulpicienne, bérullienne, prière de recentration, etc.) ainsi que des formes nouvelles en émergence? Comment accroître leur accessibilité et leur pertinence pour des jeunes qui cherchent à structurer et à orienter leur prière? Quel genre d’investissement humain, spirituel et financier sommes-nous disposés à engager pour que des jeunes qui cherchent à faire l’expérience de la prière et de la croissance dans la vie de prière puissent trouver les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins spirituels? En quoi sommes-nous – personnellement et comme membres d’une communauté, d’une paroisse, d’un institut religieux ou séculier, ou d’un diocèse – de vrais modèles de prière et de sainteté pour ceux et celles auprès de qui nous exerçons le ministère? Pour les jeunes avec qui nous entrons en contact?

2. Évangéliser : l’enseignement, la formation, la catéchèse Dans la pièce Godspell, les futurs disciples sont invités à demander les grâces suivantes pour leur rapport à Jésus : «te voir plus clairement, t’aimer plus tendrement, te suivre de plus près, jour après jour». Aimer quelqu’un, c’est vouloir en savoir toujours plus à son sujet. L’intimité croissante avec le Seigneur, un sentiment d’appartenance plus profond à Sa famille dans l’Église, s’accompagne naturellement du désir d’en savoir plus sur le Seigneur et Sa présence permanente dans l’Église par l’Esprit.

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Au Congrès, les jeunes adultes nous ont expressément demandé d’«enrichir leur identité catholique en leur donnant accès à une catéchèse signifiante, à la formation et à l’éducation permanente». Leur demande fait écho aux conclusions de la recherche de Sœur Mary Johnson sur les jeunes adultes: Il y a un sérieux besoin d’éducation religieuse adulte, crédible et pertinente. Comme l’a fait remarquer un jeune adulte : «L’Église se contente d’une solution au rabais». C’est particulièrement le cas dans trois domaines : l’étude de l’Écriture, la théologie de Vatican II et l’enseignement social de l’Église. Ces questions «Nousdevonsaussicultiverchez devraient être abordées dans des programmes qui soient intellectuellement constructifs et stimulants, lescatholiqueslaconnaissanceet tournés vers l’action et le développement de la l’appréciationdesdifférentes conscience communautaire, et qui aident les jeunes adultes à s’intégrer à la vie de l’Église. Plusieurs vocationsdansl’Église.» jeunes adultes catholiques désirent éclairer leur foi et se montreront réceptifs à ce genre d’initiatives 83. Il y a un besoin d’éducation religieuse pour adultes, qui soit crédible et pertinente, axée sur les questions et les problèmes des jeunes adultes, offerte dans un langage et selon un format qui aient du sens pour eux, et qui leur soient accessibles. Ils désirent être évangélisés, c’est-à-dire littéralement entendre proclamer l’Évangile de Jésus Christ avec audace, sans compromis, avec toute sa force de conviction et son pouvoir d’attraction, afin de pouvoir à leur tour porter l’espérance et «la bonne nouvelle aux pauvres» dans leur propre milieu. Pour y arriver, cependant, il faudra jeter des bases adéquates longtemps avant de rejoindre les jeunes adultes. Pour susciter une véritable «culture de la vocation», le souci des vocations doit devenir une composante fondamentale de la catéchèse et de la formation de la foi à chacune des étapes de son développement. Elle ne doit pas être un simple additif, quelque chose qu’on broche après-coup sur le programme régulier, une activité qui revient une fois l’an sans préparation ni suivi. Nous devons enseigner et vivre une théologie de la vocation qui aide chaque catholique à comprendre sa propre vie comme une réponse personnelle à l’appel de Dieu à l’amour, à la sainteté et au service. Nous devons aussi cultiver chez les catholiques la connaissance et l’appréciation des différentes vocations dans l’Église. Sur ces bases, il devient possible de discerner et de répondre pleinement à l’appel unique adressé personnellement à chacune et à chacun. À quoi pourraient ressembler cette sensibilisation et cette éducation à la vocation, qui commenceraient aux premières étapes de la formation de la foi? • D’abord et avant tout, les paroisses, les écoles catholiques et les communautés chrétiennes doivent devenir le lieu d’une solide formation de la foi et d’une évangélisation fervente. Les homélies et les autres formes de prédication liturgique doivent communiquer l’intelligence et le dynamisme des Écritures et de la tradition catholique. Elles devraient aussi souligner régulièrement la dimension vocationnelle de la vie chrétienne de sorte que le «Dimanche des vocations», où la prêtrise et la vie consacrée sont mises en relief, fasse partie d’un ensemble plus vaste dans lequel chacun trouve sa place.

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SECTIONDEUx -Action • Étant donné le caractère de plus en plus multiculturel de l’Église en Amérique du Nord – et parce que les racines culturelles d’un nombre relativement important de candidats au sacerdoce et à la vie consacrée se trouvent ailleurs qu’en Europe de l’Ouest – le matériel de sensibilisation à la vocation et les outils de discernement devront refléter cette diversité linguistique et culturelle. • La liturgie dominicale, si importante qu’elle soit, ne peut assurer à elle seule toute la formation de la foi. La participation régulière à des programmes de renouveau théologique et spirituel de grande qualité, offerts à des heures pratiques et selon un format adapté, doit devenir une priorité pour les paroisses et pour les écoles. Vu que même une vocation permanente n’est pas choisie «une fois pour toutes» mais qu’elle doit toujours être approfondie et «re-choisie», il faut offrir un soutien et un enrichissement permanent aux couples mariés, aux parents, aux célibataires, aux personnes veuves et divorcées. • La formation de la foi commence au baptême. Elle débute avec les parents à qui est confiée la responsabilité première d’enseigner «Lessacrementsd’initiationne aux enfants les chemins de la foi. La sontpasdesrécompenses préparation baptismale devrait faire ressortir distribuéesàceuxetcelles explicitement la dimension de vocation du mariage et de la famille, comme appel de Dieu quiontcomplétéavecsuccès et participation privilégiée à la puissance leprogrammed’enseignement créatrice de Dieu source de vie. Les parents doivent être encouragés à «nommer et religieux … » s’approprier» fièrement leur vocation, et à l’assumer de façon responsable. • La préparation au baptême doit aussi le souligner : si la responsabilité première pour la croissance et le développement de l’enfant revient aux parents, le baptême fait aussi entrer l’enfant dans une famille plus grande. Appelé par le Père à la vie à Son image et à Sa ressemblance, à l’amour comme à «la vocation fondamentale et innée de tout être humain 84», à l’appartenance au Corps du Christ et donc à la participation à la sainteté et à la mission de l’Église, le croyant reçoit dans le baptême un sacrement profondément vocationnel. • Pour souligner cette réalité, la préparation et la célébration du baptême sont des «moments pédagogiques» importants pour la vocation. Au baptême, l’appel universel à la vie et à la sainteté, lancé par Dieu, devient visible; la vocation au mariage et la vocation de parent sont mises en évidence, et on célèbre le mystère qui en émane : Dieu qui «appelle par son nom» cet enfant particulier. • La conscience de la diversité des vocations et de la façon dont chacune contribue à la sainteté croissante de l’Église et au service de sa mission devrait faire partie de l’instruction religieuse fondamentale donnée dans les écoles catholiques comme dans les programmes de catéchèse en paroisse ou au foyer. Dans la réforme du programme d’enseignement religieux, il faudra accorder une grande priorité à l’élaboration d’un matériel pédagogique adapté aux différents âges et portant spécifiquement sur l’éveil vocationnel et le discernement. • La préparation des enfants et des adolescents aux sacrements devrait en faire ressortir le lien profond avec la vocation. Les sacrements d’initiation ne sont pas

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des récompenses distribuées à ceux et celles qui ont complété avec succès le programme d’enseignement religieux mais des occasions privilégiées d’entendre l’appel de Jésus lancé au baptême et d’y répondre à nouveau. Il faut faire plus à cet égard – auprès des jeunes sans doute, mais aussi auprès de leurs parents et de ceux qui les accompagnent. La préparation à l’Eucharistie peut mettre l’accent sur ce que signifie le fait de devenir l’ami et le disciple de Jésus, de faire partie de Sa communauté, de vivre à Son exemple l’amour, le pardon, la guérison et le ressourcement. En préparant la confirmation, on peut souligner le défi de discerner et de répondre positivement à l’appel de l’Esprit à témoigner. Une attention particulière peut être accordée aux différents choix de vie – célibat, mariage, vie consacrée, ministère ordonné – qui permettent de vivre cet appel. La fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte posent un problème plus difficile car c’est le moment où nombre de jeunes catholiques s’éloignent de la pratique et de la vie paroissiale. Pourtant, comme on l’a dit plus haut, ce sont là des années décisives pendant lesquelles les jeunes précisent leur attitude face à la foi et prennent des décisions – en matière d’études, de carrière et de relations – qui vont façonner leur vie. Pour cette raison, l’Église doit faire preuve d’innovation et trouver de nouvelles façons de rejoindre les jeunes catholiques à cette étape importante de leur vie. Une éducation de la foi adaptée et pertinente peut aider les jeunes à saisir la profonde dimension vocationnelle de cette période de leur vie. Entre autres initiatives, on pense aux «Sessions de mise à jour» catholiques (groupes de jeunes et de jeunes adultes rattachés à la paroisse, pastorale scolaire et universitaire, programmes de «théologie en fût» le dimanche soir à l’adresse des étudiants et des jeunes travailleurs catholiques, cours crédités dans les collèges et universités catholiques); à une réflexion théologique sur différents éléments de la culture pop contemporaine (cinéma, musique, technologie); et à des groupes d’action sociale où la réflexion personnelle et théologique s’allie à la militance. Dans chacun de ces projets, on peut faire le lien avec des vocations particulières. Auprès des adolescents et des jeunes adultes surtout, le médium est le message. La plupart d’entre eux disent que l’internet est la première source d’information sur le monde; c’est leur outil de recherche préféré. La sensibilisation à la vocation sur le plan de l’éducation religieuse doit donc être complétée par une utilisation novatrice et efficace des médias modernes et de la technologie des communications. Sans sacrifier la profondeur ou l’intégrité du message, le matériel vocationnel doit être contemporain, visuellement attrayant, inclusif, interactif et rejoindre la personne. Sites web surveillés et mis à jour régulièrement, groupes de discussion sur la vocation, rubriques FAQ (Foire aux questions) sur les vocations, adresses de courrier électronique pour obtenir plus de renseignements, voilà autant d’outils utiles.

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SECTIONDEUx -Action • L’élément vocation de l’éducation de la foi des adultes «plus mûrs» prendra une orientation légèrement différente. La préparation au mariage est une clé et une occasion trop souvent négligée de réfléchir à la vocation. La pastorale des couples et des familles peut souligner la profonde responsabilité des parents, fidèles à leur propre vocation, de créer un foyer où soient respectées toutes les vocations et où les vocations spécifiques de service dans l’Église soient ouvertement discutées et encouragées. La pastorale des adultes célibataires, des personnes veuves et divorcées, et même la pastorale des malades et des mourants devraient encourager les personnes à assumer positivement la réalité qu’elles vivent et les aider à la vivre en union au Christ.

3. Expérimenter : le culte, la communauté, le service, le témoignage Les jeunes ont tendance à penser concret. Il leur est difficile d’opter de façon permanente pour quelque chose qu’il n’ont ni vu ni entendu ni senti ni touché ni vécu. Pour envisager sérieusement une vie d’engagement au service de l’Église, ils ont besoin de faire l’expérience de sa mission. Selon une formule qui convienne à leur âge, à leur tempérament et à leur situation particulière, ils devraient être initiés graduellement aux expressions fondamentales de la mission de l’Église, d’une manière à la fois concrète et pratique. Les jeunes ont donc besoin d’être exposés aux quatre aspects fondamentaux de la mission de l’Église: • la prière et le culte (leiturgia) • la communion ecclésiale (koinonia) • le service et la charité (diakonia) • le témoignage et la proclamation (martyria/kerygma)85. Ces quatre réalités nécessaires et complémentaires remontent aux premières descriptions de la communauté chrétienne dans les Actes des Apôtres : «Ils étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut» (Actes 2, 42.47). Même si la diversité des itinéraires vocationnels dans l’Église témoigne de ces quatre réalités de différentes façons et avec des accents différents, chaque cheminement vocationnel devrait comporter une formation. Si l’une ou l’autre fait défaut, la vie et la mission de l’Église restent incomplètes. La pastorale des vocations devra expressément aider à faire œuvre de discernement par le biais d’une expérience profondément et globalement ecclésiale, qui conduise tout croyant «à la découverte de sa responsabilité dans l’Église et à l’assumer». Les vocations qui ne naissent

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pas de cette expérience et de cette insertion dans l’action ecclésiale communautaire risquent d’être viciées à la racine et d’une authenticité douteuse 86. Il est tout à fait normal que des candidats potentiels se sentent particulièrement attirés par l’une ou l’autre dimension de la mission de l’Église. L’un préférera le travail bénévole auprès des démunis, l’autre chanter ou donner un témoignage à une rencontre de prière; un troisième choisira plus spontanément de rester en silence en présence de l’Eucharistie; un autre encore de nouer des liens d’amitié et d’animer un petit groupe. Ce sont là autant de bonnes choses qui contribuent à la construction de l’Église. Mais la formation d’une vocation saine exige plus que le respect des préférences personnelles du candidat ou de la candidate potentielle. Elle doit aussi éprouver sa disponibilité à se dépasser pour s’intégrer à un contexte plus vaste. Elle doit interpeller le jeune pour l’inciter à mettre ses talents particuliers au service de toute l’Église. Elle devrait l’amener à comprendre qu’une vocation ecclésiale n’est pas seulement la réponse personnelle à un appel personnel mais une orientation fondamentalement communautaire ordonnée à la construction du Corps du Christ. Les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée sont toujours médiatisées par l’Église dans laquelle et pour laquelle elles existent. La notion d’«expérience» est évidemment un peu floue. Il ne s’agit pas ici de laisser entendre que les jeunes devraient accumuler des expériences de vie pêle-mêle – qu’elles soient spirituelles ou autres. Leur capacité de faire retour sur ces expériences, d’y réfléchir dans un contexte ecclésial, est tout aussi importante. Leurs expériences deviennent-elles «matière à discernement», entraînant une recherche de leur signification profonde à travers ce qu’elles révèlent de la route unique sur laquelle Dieu les conduit et de la vie à laquelle Dieu les appelle? Puisque les jeunes ont besoin de connaître la mission de l’Église à travers des expériences concrètes qui leur permettent d’y avoir part, à quoi pourraient ressembler certaines de ces «pistes d’expérience»?

La liturgie et la prière (leiturgia) On ne peut tenir pour acquis que les jeunes ont fait l’expérience d’une participation stable et régulière à la «Nousvoulonsêtredessaintset vie sacramentelle et liturgique de l’Église ou de la dessaintespouraujourd’hui… discipline d’une vie de prière personnelle. Quelquesuns vont à la messe occasionnellement; d’autres n’ont Donnez-nouslesressourcesqu’il pas vécu le pardon libérateur du sacrement de la nousfautpourdevenirceque Réconciliation depuis plusieurs années; d’autres Dieunousappelleàêtre! » encore ne connaissent pas les prières et les exercices de dévotion qui faisaient autrefois partie de la formation religieuse de tout petit catholique. Et pourtant les jeunes adultes nous disent : «Nous voulons être des saints et des saintes pour aujourd’hui… Donnez-nous les ressources qu’il nous faut pour devenir ce que Dieu nous appelle à être 87!» • Des liturgies ardentes, joyeuses et priantes devraient être une priorité dans chaque paroisse, mais encore plus là où les jeunes se rassemblent : dans les écoles catholiques, sur les campus des universités et dans les autres groupes qui rejoignent les adolescents et les jeunes adultes.

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• La récente Journée mondiale de la Jeunesse a montré que les jeunes sont plus que disposés à avoir recours au sacrement de la Réconciliation, surtout s’ils le reçoivent de prêtres qui administrent la miséricorde et le pardon du Seigneur avec un cœur patient et capable d’écoute. Bien préparé et célébré avec soin, ce sacrement parle profondément aux jeunes. La conversion et la libération qu’il déclenche représentent souvent un point tournant dans leur cheminement. Les prêtres devraient se rendre disponibles pour célébrer ce sacrement avec des jeunes, en leur réservant du temps de qualité et une attention personnelle. • Dans un monde affairé et distrait, les jeunes ont faim de silence mais souvent, ils ne savent pas où le trouver, ou comment faire taire les distractions et la rumeur intérieure. Une retraite dans un monastère ou dans une communauté contemplative peut beaucoup favoriser l’écoute du Seigneur qui parle dans le silence. Le rythme de l’Office divin, l’expérience de la lectio divina, la structure libératrice d’un équilibre de vie entre travail, prière et vie communautaire sont autant de disciplines spirituelles que les jeunes ont tout intérêt à découvrir par expérience. Il faut cultiver les occasions de retraite en silence et de contact avec ceux et celles qui ont opté pour la vie contemplative – au monastère ou dans le monde. Ces expériences devraient être abordables et accessibles. • La prière doit être intégrée aux tâches, aux responsabilités et aux relations de la vie quotidienne. Les jeunes devraient, à l’occasion, être accueillis dans les presbytères et les communautés religieuses pour en partager la vie de prière. Ceux et celles qui cherchent une direction personnelle pour la prière devraient être encouragés et dirigés vers des femmes et des hommes qualifiés pour les accompagner dans leur cheminement. • Tous les jeunes, et en particulier ceux qui sont disposés à envisager un appel à la vie consacrée ou au ministère ordonné, devraient être encouragés à méditer l’Écriture chaque jour, à participer régulièrement aux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation, à apprécier la richesse de la dévotion traditionnelle de l’Église, à apprendre à goûter la valeur de l’écoute silencieuse en présence de Dieu et à cultiver une relation personnelle profonde et authentique avec le Seigneur.

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• Sans penser que la maturité puisse survenir du jour au lendemain, les jeunes qui montrent peu d’intérêt pour la prière ou pour la croissance d’une vie spirituelle personnelle, et dont le niveau de motivation est purement séculier, pourront être de précieux collaborateurs dans un projet de service mais ne seront pas des candidats probables au ministère ordonné ou à la vie consacrée.

La communion ecclésiale (koinonia) La plupart des jeunes catholiques ne vivent pas l’Église comme une communauté d’appartenance significative. Influencés par les médias, par leur expérience personnelle et familiale, ils perçoivent facilement les conflits et les divisions dans l’Église. Il leur est plus difficile de voir dans leur paroisse un reflet de la première communauté chrétienne : caractérisée par le partage des biens matériels et spirituels, par une bonté et une attention mutuelle profondes au point d’en arriver vraiment à «avoir un seul cœur et une seule âme» (Actes 4,32). Si notre vocation est un don qui doit être vécu pour les autres, il doit aussi être vécu avec les autres, en communion avec nos frères et nos sœurs dans le Christ. Même les formes de vie contemplative les plus cloîtrées exigent du chrétien qu’il vive son appel à l’intimité avec le Christ dans un contexte d’ouverture et de partage. Elles exigent qu’on accepte d’être appelé à la responsabilité et à la croissance par l’ensemble de la communauté. Les jeunes qui sont attirés par le ministère ordonné ou par la vie consacrée mentionnent explicitement la «communauté» comme un facteur important. Certains la recherchent à cause des déficiences de leur famille d’origine ou faute d’un sentiment d’identité assez fort. Mais chez la plupart, ce désir est fondamentalement sain. Le besoin d’appartenir à quelque chose de plus grand que soi est une aspiration humaine profonde et fondamentale. Les jeunes reconnaissent d’instinct «Lebesoind’apparteniràquelque que la vie de disciple est très difficile à vivre seul, chosedeplusgrandquesoiest sans l’appui moral et spirituel d’amis et d’une communauté. L’amitié est importante à leurs yeux uneaspirationhumaineprofonde et ils sont remarquablement ouverts à la diversité etfondamentale.» dans leurs communautés d’appartenance. Ils sont farouchement loyaux à leurs amis, allergiques à tout ce qui sent l’exclusion ou la discrimination. Les jeunes savent aussi que les communautés ne sont pas parfaites. Ils ont de la difficulté à regarder l’Église comme une «société parfaite». Ils sont plus attirés par la communauté des disciples du Christ qui «a choisi de vivre sa mission avec un groupe, groupe dont les membres parfois L’ont déçu ou L’ont exaspéré avant de s’endormir à l’heure décisive, de Le trahir, de Le renier et de L’abandonner - et qu’Il est venu retrouver après la Résurrection malgré qu’ils aient fait ça et d’autres choses encore. Ils ont cru en Lui, ils L’ont soutenu et ils L’ont aimé. Et c’est tout cela, la vie communautaire, aujourd’hui comme hier 88». Quand les jeunes adultes présents au Congrès ont parlé de leur désir d’une «relation d’alliance avec notre Église», ils ont employé un terme chargé de nuances relationnelles et communautaires. Les mots traduisaient leur désir de voir l’Église devenir un lieu de dialogue, de guérison, de renouveau, d’authenticité, d’honnêteté et de responsabilité. Ils

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reconnaissaient le besoin de leadership au sein de la communauté; ils ont demandé d’être formés pour pouvoir, à leur tour, assumer le leadership auquel les appelle le Christ. Dans ces circonstances, quelles expériences de communauté ecclésiale faudrait-il promouvoir? • Il faut que ressorte davantage la nature communautaire de l’Église : il faudrait mettre une attention et des efforts particuliers à faire en sorte que les paroisses et les autres rassemblements ecclésiaux soient plus invitants et plus accueillants. • La participation régulière à l’Eucharistie dominicale devrait être mise en valeur : on y verra moins l’accomplissement privé d’un devoir religieux que la façon pour les chrétiens de voir affermie leur vie de foi et, en même temps, de se soutenir et de se renforcer mutuellement. • Les jeunes s’attendent de la communauté qu’elle soit accueillante et inclusive. Il faudra faire des efforts pour éviter toute forme – explicite ou implicite - de discrimination ou d’exclusion fondée sur le sexe, la race, le statut socioéconomique, la nationalité, l’origine ethnique ou toute autre condition minoritaire. • «Nous formons un seul corps dans le Christ. Sachez nous inspirer par un dialogue ouvert où nous reconnaîtrons notre responsabilité et notre imputabilité. Dialoguez avec nous pour que nous puissions travailler ensemble à instaurer plus d’égalité, à guérir les ruptures du péché et de la douleur, et à susciter un renouveau authentique. Nous rêvons d’honnêteté, de respect et d’ouverture 89.» Il faut prendre des mesures concrètes pour faire en sorte que les communautés chrétiennes soient vraiment des lieux de guérison et de réconciliation. • Il faut encourager les liturgies d’accueil, les groupes d’études bibliques, les communautés de partage de foi et les projets d’action communautaire destinés aux jeunes et aux jeunes adultes. Par ailleurs, les jeunes et les jeunes adultes ne doivent pas former de communautés «exclusives» au sein de la paroisse. Ils doivent s’intégrer aux autres groupes et aux autres ministères. • Les initiatives qui construisent la communauté ne devraient pas viser simplement à «ramener les jeunes à la messe» ni même à fournir aux jeunes qui se sentent isolés le soutien social et l’intimité nécessaires. «Les jeunes adultes doivent voir que la communauté est une dimension fondamentale de leur

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identité catholique, que le fait pour eux d’être catholiques ne saurait se réduire à leur rapport à Dieu 90.» • Les presbytères et les maisons religieuses devraient être perçus non seulement comme des lieux de prière mais comme des lieux de communauté et d’amitié authentique. Il faudra faire de sérieux efforts pour améliorer la qualité de la vie communautaire dans les maisons religieuses et les presbytères. À certains moments, les jeunes devraient y être accueillis pour partager certains aspects de la vie communautaire : la prière, les repas, les échanges informels et les temps de détente. • De même, des maisons et des presbytères devraient être choisis comme «communautés d’accueil» où ceux et celles qui discernent activement un appel à la vie religieuse ou au clergé diocésain pourraient non seulement «venir voir», mais «venir vivre» une expérience de vie communautaire. • Une incapacité chronique de frayer avec les autres, l’attachement à ses opinions et à ses habitudes, l’intolérance à l’égard des points de vue différents des siens, l’intransigeance face aux faiblesses et aux travers des autres, l’incapacité de faire confiance ou de se lier d’amitié, le fait de semer la dissension ou la division, une tendance marquée au commérage ou à la médisance, et les autres comportements semblables sont autant de signaux d’alarme : ils incitent à s’interroger sur la capacité d’une jeune personne de s’adapter au style de vie axé sur la communauté que l’Église attend de ses diacres, de ses prêtres et de ses personnes consacrées.

Le service et la charité (diakonia) Au cœur de la conception de la vocation dans l’Évangile se trouve l’appel à servir humblement son prochain. «Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous» (Marc 9, 35). Le message chrétien enseigne que le vrai leadership consiste à se mettre au service de tous, en particulier des pauvres, des démunis et des marginalisés; il doit être proclamé avec conviction et vécu de manière crédible sous le regard des jeunes: Dans l’Église, l’authentique serviteur est celui qui a appris que c’est un privilège de laver les pieds de ses frères les plus pauvres, c’est celui qui a conquis la liberté de perdre de son temps pour les besoins d’autrui. L’expérience du service est une expérience de grande liberté dans le Christ 91. Suivre sa vocation chrétienne, c’est donc répondre à l’appel à devenir un homme, une femme «pour les autres». C’est devenir le disciple de Jésus qui lave les pieds et qui «n’est pas venu pour être servi mais pour servir».

«Lesjeunessontcapablesd’une grandegénérositéetde beaucoupd’engagement …»

Les jeunes sont capables d’une grande générosité et de beaucoup d’engagement, surtout quand ils ont sous les yeux un besoin concret et qu’on leur donne les moyens de s’y attaquer directement. Leur sens de la vocation ne comporte pas seulement un appel à la sainteté personnelle mais aussi le désir de changer quelque chose dans le monde. Ils veulent s’impliquer dans des projets de service qui changeront visiblement la vie des gens qu’ils cherchent à aider. Ceux et celles qui sont doués d’une plus grande capacité de réflexion et d’analyse chercheront un engagement pour la justice qui s’attaquera aux causes profondes de l’inégalité et de la discrimination, qui cherchera à changer non seulement l’esprit et le

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SECTIONDEUx -Action cœur individuel mais aussi les structures sociales qui perpétuent l’injustice et refoulent dans la marge les sans-pouvoir et les sans-voix. Dans ce contexte, nous avançons les recommandations suivantes touchant les expériences de service chrétien: Dans toute la catéchèse et la formation de la foi, chacune des vocations ecclésiales – à la vie consacrée, au ministère ordonné, au ministère laïc, au mariage ou au célibat dans le monde – doit être rattachée à la grande mission de l’Église et au modèle de l’Église «servante de l’humanité». • La préparation sacramentelle – en particulier à la Confirmation – devrait incorporer des éléments de service direct auprès des démunis. Les jeunes devraient être encouragés à voir dans ces activités non pas la charité entendue de manière condescendante et superficielle mais la charité dans toute sa densité théologique : «chaque fois que vous l’avez fait au plus petit de mes frères ou de mes sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25,40). • La pastorale auprès des jeunes et des jeunes adultes devrait toujours incorporer des éléments de service chrétien direct. Les jeunes devraient être invités à s’engager en rendant visite aux malades, aux personnes âgées et aux détenus; à s’impliquer auprès des jeunes de la rue et des sans-abri; à servir bénévolement dans les soupes populaires, les banques alimentaires, les centres pour réfugiés, les hôpitaux, les refuges pour femmes et enfants victimes de violence, etc. • Les occasions de service direct devraient être complétées par des activités qui amènent à réfléchir aux causes profondes des déséquilibres auxquels viennent répondre ces projets. Il faudrait montrer clairement que la mission chrétienne s’inspire de l’enseignement social catholique et de l’analyse sociale critique. • Les religieux et les religieuses sont soumis au vœu de pauvreté, et on s’attend à ce que la plupart des personnes consacrées et des prêtres diocésains mènent une vie simple et partagent généreusement. Ce choix devrait transparaître dans une disponibilité à être avec les pauvres et dans un style de vie qui reflète la pauvreté et le service plutôt que les privilèges de qui se fait servir. • La plupart des jeunes n’ont que quelques heures par semaine à investir dans des projets de service à court terme, à cause de leur travail et de leurs études. Mais il y en a qui sont intéressés à s’engager à court terme, et même à long terme, dans

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des programmes d’apostolat bénévole. Il faudrait pouvoir leur offrir davantage de tels programmes. Une aide financière – la chambre et la pension ainsi qu’une allocation – devrait leur être offerte pour qu’ils puissent envisager de donner une année de leur vie à un projet missionnaire ou à une œuvre de service. • Dans les projets de service à court et à long terme, il faut réserver assez de temps et d’énergie à la réflexion personnelle, au partage en groupe et à «…EnsuivantJésus,vousdevez l’intégration spirituelle de l’expérience de service. Il faudrait voir dans ces projets non pas l’occasion de changeretaméliorerla“saveur” «travailler pour les autres» mais un lieu privilégié del’histoirehumaine.» de la révélation de Dieu, où c’est Dieu qu’on rencontre dans les gens qu’on sert, et où la volonté et le dessein de Dieu se révèlent et s’accomplissent dans le service. Même si leur engagement ne s’inspirait pas d’un discernement en vue du sacerdoce ou de la vie religieuse, les jeunes hommes et les jeunes femmes qui s’engagent dans ce genre de projets devraient être sérieusement encouragés à réfléchir à la possibilité qu’ils soient appelés à ces vocations dans l’Église. • Les jeunes sont doués d’une générosité naturelle. Toutefois, comme ils sont humains, ils ont aussi un égoïsme naturel. Comme la prière et le sens communautaire, l’esprit de service s’acquiert peu à peu; on n’en est pas doté une fois pour toutes. Par ailleurs, l’obsession d’un statut spécial, des titres et des signes extérieurs, le goût «des privilèges et des avantages» de la prêtrise ou de la vie religieuse, devront être scrutés avec attention. Il faut toujours faire bien comprendre que les signes extérieurs et les titres ont pour but principal de rappeler que les personnes consacrées et ordonnées ont été réservées pour une mission de service, et non pour être honorées ou pour dominer autrui.

Le témoignage et la proclamation (martyria, kerygma). Hier timides et repliés sur eux-mêmes, les disciples, enhardis par l’expérience de la Pentecôte, furent projetés dans le monde : mystérieusement compris par des gens de langues et d’origines diverses, ils portèrent la bonne nouvelle de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus au peuple d’Israël et, éventuellement, «jusqu’aux extrémités de la terre». Car recevoir le don de la foi, c’est désirer le partager avec d’autres. Le témoignage, bien sûr, n’est pas qu’une affaire de mots : il appelle au don complet de soi-même avec la globalité de son expérience, «de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces» et même, à la limite, jusqu’à donner sa vie. Étymologiquement, être un «témoin», c’est être un «martyr» : quelqu’un qui proclame que la foi n’est pas qu’une affaire de tête ou de cœur, mais quelque chose qui exige un engagement radical et total, «qui n’exige rien moins que tout 92». Dans un monde qui «a besoin d’être touché et guéri par la beauté et la richesse et l’amour de Dieu», des centaines de milliers de jeunes, lors de la XVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse à Toronto, en juillet 2002, ont embrassé leur vocation à témoigner joyeusement de cet amour. Le pape leur a dit : le monde «a besoin de vous – pour être le sel de la terre et la lumière du monde… En suivant Jésus, vous devez changer et améliorer la “saveur” de l’histoire humaine. Par votre foi, votre espérance et votre amour, par votre intelligence, votre courage et votre persévérance, vous devez humaniser le monde dans lequel nous vivons 93».

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SECTIONDEUx -Action Si les catholiques plus âgés sont plutôt réticents à donner au Christ «un témoignage personnel», nombre de jeunes répondent positivement à cette invitation. «…ilfaudraitmettrel’accentsur Même si leur ouverture à la diversité les rend hésitants à laredécouverteetl’approfonse faire prosélytes ou à imposer leurs convictions, ils disent que «si vous n’êtes pas prêts à défendre une dissementdudondelafoi position, vous succomberez à n’importe quoi». Ils reçuaubaptême … » savent que la poursuite de la sainteté et le fait de témoigner du Christ vont leur coûter quelque chose et les faire participer au mystère de la Croix. Et même s’ils ont peine à vivre dans leur totalité le message du Christ et les enseignements de son Église, ils ont besoin de témoins crédibles et authentiques qui puissent les aider à «construire un feu allumé par Jésus Christ, pour apporter chaleur et lumière à un monde qui gît souvent dans le froid et l’obscurité 94». C’est pourquoi le Congrès formule les recommandations suivantes à propos du témoignage et de la proclamation chrétienne: • Sans miner le dialogue œcuménique et interreligieux, l’articulation claire de l’identité catholique devrait être un objectif central de la catéchèse. Il est possible de célébrer son identité catholique sans être sur la défensive, et d’adhérer au Christ comme Ami, Seigneur et Sauveur sans manquer de respect aux autres voies et aux autres traditions. • La Confirmation est profondément reliée à une réponse affirmative à l’appel de l’Esprit qui invite à être témoin de l’Évangile et à le proclamer. Cette dimension devrait être soulignée lors de la préparation et de la célébration du sacrement. Sur le plan théologique et pédagogique, il faudrait mettre l’accent sur la redécouverte et l’approfondissement du don de la foi reçu au baptême, et sur la nécessité d’accueillir positivement ce don et d’y répondre à la mesure de ses capacités en témoignant explicitement du Christ par la pensée, la parole et l’action. • Quand on demande aux jeunes ce qui les a le plus touchés à l’occasion d’une expérience de retraite ou d’une journée de prière, ils mentionnent souvent les témoignages personnels où se communique la puissance avec laquelle la foi transforme la vie du témoin. Les retraites pour jeunes devraient faire un usage judicieux et approprié de ce genre de témoignages. • Plus précisément, les témoignages lors des retraites pour les jeunes et les jeunes adultes devraient comporter une solide composante vocationnelle. Que l’accent soit mis sur le mariage, le sacerdoce ou la vie consacrée, les jeunes veulent recevoir plus que des renseignements généraux sur ces diverses vocations : le récit de la vocation de témoins du Christ dans ces styles de vie uniques. • Le témoignage et la proclamation faite par les adultes sont importants mais les jeunes ont aussi besoin d’entendre leurs contemporains. Il faut encourager les programmes de retraite pour jeunes qui allient une orientation donnée par des adultes à des interventions et à des témoignages donnés par d’autres jeunes, et où des jeunes font partie intégrante de l’équipe d’animation. Une pastorale jeunesse efficace ne cherche pas seulement à faire des choses «pour» les jeunes mais travaille avec eux et les forme à assumer eux-mêmes un leadership approprié. • Tandis que certains jeunes sont prêts à s’engager plus profondément dans le service, d’autres sont appelés à le faire dans un mouvement d’évangélisation. Il

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faudrait favoriser et encourager à tous les niveaux le soutien personnel et financier aux jeunes adultes qui veulent développer leurs dons de leadership, s’engager dans la pastorale jeunesse ou donner une année de leur vie à la National Evangelization Team, au Centre International de Formation Missionnaire ou à d’autres formes d’expérience missionnaire. • «Vous devez toujours êtres prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous. Mais faites-le avec douceur et respect et ayez une conscience droite» (1 Pierre 3,16). Il n’est pas toujours facile, surtout pour de jeunes idéalistes récemment convertis, de trouver un juste équilibre entre l’audace du Christ et une forme de prosélytisme qui voit dans la conversion au catholicisme la seule voie du salut, ce qui n’est pas sans dénigrer subtilement les convictions religieuses sincères des autres. En accompagnant leur témoignage et leur proclamation de la foi, il faudra enseigner aux jeunes catholiques ce principe fondamental de l’activité missionnaire, et leur montrer comment le mettre en pratique.

4. Accompagner : l’accompagnateur, le guide, le modèle, le témoin Les participants aux consultations régionales qui ont précédé le Congrès ont constamment accordé une grande importance au besoin d’accompagnement et à la présence de modèles dans la foi : ils y ont vu des conditions indispensables pour que la personne puisse répondre positivement à l’appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée. Ce message a été repris au Congrès, en particulier par les jeunes adultes qui ont affirmé avec force qu’ils ont besoin d’être inspirés par des prêtres, des diacres et des femmes et des hommes consacrés: De grâce, témoignez ouvertement de votre foi en vous rendant disponibles. En particulier, (nous vous demandons) à vous qui vivez la vie consacrée et le ministère ordonné de nous offrir un témoignage authentique et joyeux de votre mode de vie, pour que nous puissions faire l’expérience de la passion de votre service. Invitez-nous à partager votre enthousiasme et votre amour profond du Christ et de Son Église.95 Pour vivre leur propre vocation à «être feu», les jeunes ont besoin de retrouver ce «feu» chez ceux et celles dont la vie donne un témoignage public spécifique du Christ par la pratique des Béatitudes et des conseils évangéliques comme aussi chez ceux qui exercent le ministère au nom du Christ et de par son autorité. Cette nouvelle génération, qui aspire à produire les saints et les saintes du nouveau millénaire, regarde la génération actuelle et la longue histoire des saints qui l’ont précédée pour trouver une inspiration, des modèles de sainteté et de service qui puissent inspirer sa propre réponse à l’appel de Dieu. Si on les écoute attentivement, cependant, ils demandent plus que de bons exemples et des modèles, des récits inspirants de fidélité à l’appel de Dieu. Même si la vie des saints et des saintes d’aujourd’hui et d’hier les inspire, ils cherchent plus qu’un plan à suivre ou une série de directives. Pour répondre fidèlement à l’appel de Dieu, ils ont besoin d’être dirigés personnellement. Ils ont

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SECTIONDEUx -Action besoin de mentors qui les écouteront avec attention et les aideront à discerner l’appel unique que Dieu leur adresse: Nous avons besoin de voir cultivées nos vocations personnelles de chrétiens et de chrétiennes baptisés, qu’il s’agisse de vocation au mariage ou au célibat, à la vie consacrée ou au ministère ordonné. Mettez sur pied des équipes de discernement dans les paroisses et sur les campus universitaires, composées de croyantes et de croyants qui puissent soutenir et cultiver les vocations. Présentez-nous des mentors objectifs qui soient vraiment ouverts à la volonté de Dieu sur nous et qui puissent être pour nous des sages. Nous invitons les religieux et les religieuses à partager avec nous leur histoire personnelle, y compris leurs difficultés et leurs joies. Nous voulons apprendre. Nous invitons les directeurs spirituels à user de leurs talents, à nous accepter sans conditions, à nous offrir un havre sûr où chercher des réponses et grandir, et à nous orienter vers une vie spirituelle plus profonde 96. Ce besoin de modèles et de mentors, de guides spirituels et de figures de sagesse, est extrêmement important. Quand on les interroge sur ce qui a inspiré leur vocation, presque tous les prêtres, les religieux et les religieuses peuvent nommer les personnes clés chez qui ils ont perçu quelque chose qui parlait directement et profondément à leur cœur et qui les a amenés à envisager de donner leur vie au Christ comme prêtre, sœur, frère. Ils peuvent aussi nommer la personne – c’est parfois celle qui les a d’abord inspirés, mais c’en est souvent une autre – qui les a encouragés directement et personnellement à s’engager dans cette voie. Quelqu’un qui a pris le temps de s’asseoir et d’écouter avec patience, quelqu’un qui a su reconnaître les dons et les talents nécessaire pour faire le travail d’un prêtre ou d’un diacre, d’une sœur ou d’un frère, mais surtout le cœur et l’âme de qui voulait le devenir, se consacrer complètement au service de Dieu. Quelqu’un qui n’a pas nécessairement essayé de les «recruter», mais qui leur a offert cet espace sécuritaire pour chercher des réponses et grandir, en les renvoyant au Seigneur qui est la source de toute vraie vocation. L’une des conséquences particulièrement tragiques de la diminution et du vieillissement du clergé et des instituts religieux en Amérique du Nord, c’est qu’il y devient de plus en plus difficile pour les jeunes hommes et les jeunes femmes de trouver ce genre de modèle et de conseiller dans la vie consacrée et le ministère ordonné. Ce n’est pas que ces modèles ou ces conseillers n’existent plus; il y en a toujours. L’âge ne doit pas être un obstacle insurmontable. Les jeunes religieuses observent souvent qu’alors que les sœurs plus jeunes ou d’âge moyen étaient accaparées par le ministère et les responsabilités communautaires, ce sont des sœurs âgées qui ont pris le temps de se tenir avec elles, de les accueillir, de leur être présentes. C’est à travers ces membres plus âgés qu’elles ont fini par se sentir «chez elles» dans la vie religieuse. Cependant, dans le clergé diocésain comme dans la vie religieuse, la pression est telle que les personnes les plus à même de jouer ce rôle de modèle ou de mentor, et qui auraient l’énergie pour établir un contact significatif avec la nouvelle génération, sont souvent extrêmement occupées. Elles sont tellement prises par leurs responsabilités

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paroissiales, diocésaines et communautaires qu’elles n’ont plus la disponibilité, la présence personnelle qu’exige un bon accompagnement. Combien de ces personnes encourage-t-on à s’engager activement et en priorité dans la préparation de la prochaine génération de ministres ordonnés et de femmes et d’hommes consacrés? La réponse : «pas assez». L’appel ne doit pas nécessairement passer par une personne consacrée; il vient souvent d’un parent ou d’un grand-parent, d’un enseignant, d’un agent de pastorale jeunesse ou même d’un ami ou d’une connaissance du même âge. Mais pour assumer un engagement de toute la vie et y grandir, les accompagnateurs et les modèles qui ont suivi une route particulière, qui en connaissent les joies et les pièges, sont extrêmement importants. Pour que ce ne soit pas là «le dernier appel pour la vie religieuse» et le ministère ordonné 97, il nous faudra non seulement un profond acte de foi en l’Esprit Saint mais une résolution non moins profonde qui nous amènera à engager une partie importante de nos ressources – financières, humaines et spirituelles – dans la pastorale des vocations et dans une présence directe et un accompagnement des jeunes et des jeunes adultes. Ce n’est pas un luxe, c’est la condition indispensable à un sain essor du sacerdoce et de la vie consacrée au prochain millénaire. Ici encore, nous avons une série de recommandations portant sur l’exemple et l’accompagnement: • La façon la plus efficace de promouvoir le ministère ordonné et la vie consacrée comme des options viables et attrayantes est encore de présenter des témoins joyeux, équilibrés, saints et remplis de l’Esprit Saint, qui sont engagés dans ces vocations et dont la vie témoigne de la beauté d’une vie bien vécue, qui vivent «quelque chose de beau pour Dieu». Le simple fait de rappeler aux prêtres et aux religieux qu’ils devraient sourire à l’occasion a fait réfléchir plusieurs participants au Congrès. • Les jeunes savent que le ministère ordonné et la vie consacrée ne sont pas faits pour les faiblards. Ils comprennent qu’une vie de pauvreté, de chasteté et «Lesjeunesapprécientles d’obéissance ou que l’engagement au célibat perpétuel et au service d’une Église locale figuresde«grand-papa/ particulière comportera sa part de difficultés grand-maman ... » comme sa part de joies. Les bons accompagnateurs ne masqueront pas ces difficultés mais sauront en faire part de manière appropriée, dans la mesure où ils aideront la personne qu’ils accompagnent à les envisager et à composer avec la peur qu’elle éprouve et avec les difficultés qu’elle rencontre. • Les diocèses et les instituts de vie consacrée devraient encourager les meilleurs de leurs prêtres et de leurs membres à verser «une dîme» de 10 à 20 pour cent de leur temps afin de rejoindre les jeunes et de leur être présents. En outre, ils devraient sérieusement envisager d’investir une proportion correspondante de leurs ressources humaines et financières - et notamment leurs membres les meilleurs et les plus efficaces – à la pastorale jeunesse et à la pastorale des vocations. Cela doit devenir une priorité explicite et urgente. • Les parents, les enseignants, les directeurs spirituels laïcs, les agents de pastorale jeunesse, etc. exercent souvent une influence positive et durable sur ceux et celles auprès de qui ils travaillent. Eux aussi ont besoin d’être formés à

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SECTIONDEUx -Action l’accompagnement et à la direction spirituelle, d’apprendre les techniques du discernement, de manière à pouvoir en faire profiter ceux et celles qui dépendent de leur direction spirituelle et de leur animation pastorale. • Les jeunes apprécient les figures de «grand-papa/grand-maman» qui jouent pour eux le rôle de sages et qui incarnent à leurs yeux la beauté d’une vie marquée par un engagement fidèle et à long terme en réponse au Seigneur. Il faudrait faire preuve de créativité pour favoriser les contacts avec ces témoins plus âgés qui peuvent offrir aux jeunes catholiques un accompagnement positif. • Les jeunes adultes ont demandé expressément des accompagnateur et des guides spirituels «objectifs» qui visent moins le recrutement qu’un discernement «détaché». Les guides spirituels qualifiés – laïcs, ordonnés ou consacrés – devraient être «…lagrandemajoritédes assez assurés dans leur vocation pour en témoigner jeunesadultesditn’avoirque joyeusement et adéquatement tout en laissant à la peuoupasd’accompagnement personne qu’ils accompagnent toute liberté de discerner sa propre route. Il leur faudra regarder en face spirituel.» leurs biais et leurs préjugés pour éviter de faire obstacle au cheminement vocationnel de leur dirigé. • Au cas où quelqu’un serait seul responsable de la pastorale des vocations dans un diocèse ou un institut de vie consacrée, on lui recommande de partager ce ministère avec une équipe de manière que l’accompagnement des candidats dans le discernement ne soit pas la responsabilité exclusive d’une seule personne. • Le compagnonnage dans la prière, la direction spirituelle, l’accompagnement d’un pair, les expériences de cénacle et les «occasions de jumelage» qui permettent à un candidat potentiel de vivre, dans la mesure du possible, une «journée typique» de la vie d’un prêtre, d’une sœur ou d’un frère sont autant d’expériences pertinentes pour le discernement continu d’une vocation au ministère ordonné et à la vie consacrée. • Même si la direction spirituelle comporte généralement un aspect formel, avec des rapports bien définis et des rencontres régulières, le lien d’accompagnement est habituellement plus libre et moins structuré. Il n’en exige pas moins un investissement personnel considérable de part et d’autre. Il met l’accent sur la formation du caractère et sur l’apprivoisement progressif d’un rôle ou d’une identité. • Partout où la chose est possible, des prêtres, des diacres et des religieux et religieuses devraient se rendre disponibles pour des entrevues et des rencontres informelles dans des contextes différents : paroisses, couvents, écoles, campus universitaires et autres lieux d’apostolat. Les prêtres devraient veiller à se rendre disponibles pour célébrer la Réconciliation avec les jeunes, et des directeurs spirituels bien formés devraient travailler auprès des jeunes adultes, dans les paroisses et les écoles, sur les campus universitaires et en d’autres lieux où les jeunes adultes se réunissent et forment des communautés d’appartenance. • À l’heure qu’il est, la grande majorité des jeunes adultes dit n’avoir que peu ou pas d’accompagnement spirituel. Cette situation doit changer.

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5. Inviter : le discernement, le choix, l’engagement La dernière mais surtout pas la moindre de nos priorités pour susciter une «culture de la vocation», c’est l’invitation spécifique à s’engager à discerner si Dieu m’appelle ou non à telle vocation particulière. S’il est vrai que la pastorale des vocations part de la notion plus générale de l’appel à la vie et à l’amour et s’amplifie graduellement pour inclure un appel à la sainteté et une invitation à participer à la mission de l’Église, elle débouche éventuellement sur une question précise. Suis-je appelé à devenir prêtre ou diacre dans ce diocèse ? À devenir frère, sœur ou laïc consacré dans telle congrégation ou dans tel institut? À épouser un tel ou une telle ? À être célibataire maintenant et ici, en exerçant telle profession? Au Congrès, les délégués ont insisté pour dire que les invitations à discerner un appel à la vie consacrée ou au ministère ordonné doivent demeurer une grande priorité. Les jeunes adultes ont indiqué qu’ils attendaient de ceux et celles qui les accompagneraient qu’ils se montrent objectifs pour les aider à discerner ce qui parle à leur cœur, quel que soit cet appel. (Par ailleurs, ils étaient tout à fait ouverts à la possibilité que Dieu les appelle à une vie de laïc consacré, de sœur, de frère, de diacre ou de prêtre.) Parce que l’appel vient toujours de Dieu, Jésus reste le modèle pour quiconque est engagé en pastorale des vocations; Il est «le formateur et l’intermédiaire vocationnel par excellence». La «pédagogie de la vocation» que suggère la méthode suivie par Jésus comprend cinq étapes distinctes: 1. Jésus sème la bonne semence de la vocation dans chaque cœur. 2. Comme avec les disciples sur la route d’Emmaüs, Jésus s’approche, marche à nos côtés, nous accompagne sur le chemin de la foi. 3. Jésus fait notre éducation, en dégageant ces vérités sur nous-mêmes que nousmêmes ne connaissions pas encore. 4. Jésus nous forme en chemin, nous apprenant à Le reconnaître à mesure que nous réfléchissons à notre expérience avec Lui sur la route. 5. Enfin, à la lumière de ce que nous a révélé ce discernement, Jésus appelle à un choix concret et explicite, et nous envoie en mission 98. Pris au sens large, tout travail pastoral comporte une composante vocationnelle. Cependant, les cinq actions ci-dessus décrivent plus spécifiquement le travail qui revient traditionnellement aux responsables de la pastorale des vocations. Ces femmes et ces hommes – ordonnés, consacrés, laïcs – mettent leurs talents au service de l’Église diocésaine, de congrégations religieuses particulières, et travaillent de plus en plus en équipe à promouvoir les vocations sacerdotales et religieuses. Dans certaines Églises locales, sans négliger la promotion spécifique du ministère ordonné et de la vie consacrée, ces équipes s’emploient avant tout à promouvoir une culture du discernement et à aider les jeunes (et les moins jeunes) en recherche à identifier l’appel qui leur est adressé personnellement, quel qu’il soit.

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SECTIONDEUx -Action De toute façon, les personnes engagées directement dans la pastorale des vocations ont la responsabilité d’agir comme médiateurs de l’appel du Christ pour une génération qui cherche à donner sens et orientation à sa vie. Ils sont appelés à être pour elle des semeurs de la bonne semence de la vocation, des compagnons sur la route de la vocation, des éducateurs partageant sa foi et capables d’une écoute attentive de Dieu, des formateurs qui développent les attitudes humaines et chrétiennes nécessaires à une réponse positive à l’appel de Dieu et, enfin et surtout, des personnes qui savent discerner la présence du don qui vient d’en haut 99. Le ministère exercé par les responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations est essentiel à la vie de l’Église. Il faut souligner leur générosité, leur courage et, surtout, leur persévérance. C’est particulièrement vrai quand les résultats tangibles, en termes de nouveaux candidats au clergé diocésain et à la vie consacrée, ne correspondent pas au temps et aux efforts dépensés. Ils ont droit à nos prières, à notre appui et à notre coopération. Ils doivent aussi savoir qu’ils n’ont pas à porter seuls cette lourde responsabilité et que s’ils sont particulièrement responsables des dernières étapes de l’accompagnement et de l’invitation, c’est l’Église entière qui doit assurer les fondations que sont la prière, la catéchèse, l’évangélisation et l’expérience chrétienne. Ces cinq dimensions de l’invitation aux candidats potentiels entraînent les recommandations suivantes :

«Semer» • «À semer trop peu, on récolte trop peu» (2 Co 9,6). Si «Dieu choisit régulièrement pour accomplir Sa volonté les candidats les plus improbables 100», nous devons êtres disposés à semer libéralement la bonne semence de la vocation, partout, dans le cœur de chacun, en évitant les jugements prématurés fondés sur les apparences, la religiosité formelle ou les positions idéologiques présumées. • Le moment de la semence est d’une importance décisive. Même si c’est souvent pendant les premières années de l’âge adulte que se concrétise la décision d’embrasser une vocation particulière, ses premières manifestations remontent habituellement à l’adolescence ou même à l’enfance. La Confirmation, la fin des études primaires, secondaires et collégiales sont souvent des temps forts où une jeune personne réfléchit à son avenir: à ces moments de passage, il peut être indiqué pour les parents, les éducateurs, les pasteurs, etc. d’amener la question de la vocation.

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• La vocation chrétienne est toujours un dialogue «… aucunepressionnedoit entre deux libertés: celle de Dieu qui appelle et celle êtreexercéesurlesjeunes de la personne qui répond. Il faut voir dans la vocation le plein épanouissement de l’exercice d’une pourlesdétourner liberté bien comprise et non une restriction négative, d’envisagerunevocation une compétition entre deux libertés. Aucune particulière.» apparence de pression, qu’elle soit manifeste ou plus subtile, ne saurait être exercée en proposant une vocation au ministère ordonné ou à la vie consacrée. • À l’inverse, aucune pression ne doit être exercée sur les jeunes pour les détourner d’envisager une vocation particulière. L’une des observations les plus troublantes qu’on ait faites ces dernières années, c’est que les familles et les pairs découragent activement les vocations sacerdotales et religieuses. Quelle que soit la cause de ce problème, il faut l’identifier et y remédier. • Les jeunes ont besoin d’être renseignés sur leurs options. Ils ont besoin de voir dans le mariage et le célibat des vocations nécessaires et respectées. Ils ont besoin de savoir comment il est possible de servir l’Église dans un ministère laïc. Mais ils ont aussi besoin de connaître la prêtrise et le diaconat et les diverses formes de vie consacrée. • La liturgie dominicale offre plusieurs occasions d’enseigner et de promouvoir une authentique «culture de la vocation». Prêtres, homélistes, musiciens et tous ceux et celles qui préparent la célébration devraient tirer parti des nombreux textes du lectionnaire qui présentent une forte dimension vocationnelle.

«Accompagner» • Même s’ils ont pour tâche principale d’accompagner le discernement proprement vocationnel des candidats, les agents de pastorale des vocations devraient aussi se soucier du cheminement global des candidats vers la maturité de la foi. Même lorsque les candidats sont encore jeunes et en croissance en ce qui touche l’exercice responsable de leur liberté, il s’agit pour l’accompagnateur de les aider à grandir dans la liberté sans jamais s’y substituer. • Comme tous ceux et celles qui en guident d’autres sur le plan spirituel, les agents de pastorale vocationnelle devraient eux-mêmes être accompagnés par un directeur spirituel et/ou un confesseur qu’ils rencontrent régulièrement. Lorsque la chose est indiquée ou nécessaire, ils devraient aussi avoir accès à d’autres formes d’appui spirituel ou psychologique et à un solide réseau de parents, d’amis et de confrères ou consœurs. • Dans la démarche d’accompagnement spirituel, la confiance et une certaine complicité sont nécessaires. Ce sont des attitudes dont l’agent de pastorale vocationnelle devrait donner l’exemple avec tact. Par ailleurs, le véritable «leader» reste l’Esprit de Dieu, et la complicité à cultiver est celle qui unit le candidat au Christ. Il faut user de prudence quand les candidats développent une dépendance excessive à l’égard de la personne qui les dirige ou les accompagne. L’attention devrait toujours être centrée sur les mouvements de l’action de Dieu dans le cœur du candidat. • Dans l’accompagnement, le fait de partager concrètement son propre récit de vocation libère souvent le candidat potentiel en l’incitant à son tour à confier sa

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SECTIONDEUx -Action propre histoire. Ce témoignage personnel est un élément très efficace de la démarche d’accompagnement. Il faut communiquer la joie et l’enthousiasme qu’on éprouve pour sa propre vocation, sans masquer les difficultés et l’appréhension auxquelles le candidat pourra aussi s’identifier. Il faut favoriser les occasions qui permettront aux prêtres et aux religieux ou religieuses de raconter leur propre vocation – en entretien individuel, en classe ou à l’homélie, lors de retraites de jeunes, etc.

«Éduquer» • Étymologiquement, «éduquer», c’est extraire la vérité de quelqu’un, l’aider à extérioriser et donc à s’approprier une vérité qui a déjà été plantée en lui. En ce sens, l’«éducation» vocationnelle devrait encourager chez le candidat ou la candidate la faculté de se connaître, sans aller pourtant jusqu’à une introspection excessive ou malsaine. • Les agents de pastorale vocationnelle devraient aider les candidats à percevoir le lien profond entre la connaissance de soi et la révélation du dessein et de l’appel que Dieu leur adresse. En travaillant avec des spécialistes de la psychologie ou d’autres disciplines, ils pourront aider les candidats à identifier leurs forces et leurs faiblesses, leurs craintes et leurs mécanismes de défense, et les aider ainsi à assumer leur identité véritable. • Ce travail exige des agents de pastorale vocationnelle une bonne connaissance de soi et une grande acuité spirituelle et psychologique. Ils devraient être formés à cultiver ces talents et ces attitudes. • Dans le discernement vocationnel, le but principal n’est pas la connaissance de soi mais la révélation du plan mystérieux de Dieu sur la vie de telle ou telle personne. Les agents de pastorale devront amener consciemment les candidats à développer avec le Seigneur le genre de relation qui permet une rencontre réelle et sincère de la personne de Jésus. • Il faudra aider les candidats à chercher la présence du Seigneur non seulement dans l’Écriture mais aussi dans le silence et dans les intervalles de leur vie, pour que leur réponse s’adresse vraiment au Dieu qui parle au plus profond du cœur. Il faut enseigner la pratique ignatienne de l’examen spirituel du conscient ainsi que d’autres disciplines spirituelles qui cultivent la faculté de s’examiner dans la prière et de retrouver ainsi les signes de la présence et de l’invitation divines.

«Former» • «Alors leurs yeux s’ouvrirent». Dans la démarche du discernement spirituel, il y a inévitablement un ou deux «sommets», temps forts où l’on reconnaît sans équivoque la présence du Seigneur. Ce sont souvent ces expériences qui forment et façonnent la vocation. Les agents de pastorale vocationnelle doivent pouvoir vibrer à ces expériences pour aider les candidats à en sonder la profondeur et à découvrir la vérité que Dieu cherche à leur révéler.

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• Sans jamais cesser de respecter la liberté du candidat, c’est souvent là le moment où il sera le plus ouvert à un appel à se dépasser, à s’engager dans un projet qui lui paraissait jusque-là impossible et à éprouver profondément que «c’est en perdant sa vie qu’on la trouve». • Les agents de pastorale vocationnelle ne devraient pas craindre de faire appel à la générosité des jeunes et de leur proposer le don ultime: se donner à Dieu. Si la manière la plus adéquate de vivre cette oblation devait être le ministère ordonné ou la vie consacrée, et si les candidats présentaient les talents et les dispositions nécessaires, il faudrait les aider à donner suite à ce choix. Il faudrait évidemment les aider tout autant, s’ils étaient appelés à faire don d’eux-mêmes dans une autre vocation.

«Discerner» • Les jeunes habitent un monde où ils n’ont guère l’occasion de vivre – sur le plan personnel ou culturel – des engagements permanents et définitifs. Ils ont besoin d’aide et d’orientation pour apprécier ce genre d’engagements et pour pouvoir en prendre. • Il faut préparer les jeunes progressivement à prendre des engagements définitifs: leur confier des responsabilités correspondant à leurs capacités et à leur âge, les former aux choix quotidiens qui incarnent des valeurs (honnêteté, constance, modération, compassion) et qui forment le caractère. Il faudra leur enseigner que la fidélité dans les tâches quotidiennes est la meilleure façon de se préparer à répondre fidèlement à une vocation d’engagement permanent. Il faut aussi les rassurer et leur faire comprendre qu’une vie d’engagement connaît sa propre croissance interne: elle nous fait grandir en même temps qu’elle doit constamment faire l’objet d’un choix renouvelé. • Même si le discernement est une démarche continue et qui dure toute la vie, il y a parfois des moments où l’on est appelé à engager sa «…ilyaparfoisdesmoments liberté d’une manière concrète et définitive. Les obstacles à un choix de cette nature peuvent oùl’onestappeléàengagersa être culturels, familiaux, sociaux, libertéd’unemanièreconcrète psychologiques ou spirituels. Quoi qu’il en soit, l’accent ne doit pas être mis sur les etdéfinitive.» objections possibles mais sur la seule nécessité de répondre joyeusement à l’appel de Dieu, qui est toujours «vie en abondance». • Comme paradigme, le discernement personnel du plan du Seigneur doit être complété par l’idée que l’appel du Seigneur ne retentit pas dans le vide mais qu’il est médiatisé par l’Église, Corps du Christ. • Concrètement, cela signifie que les agents de pastorale vocationnelle ont une double responsabilité : envers le candidat qui est venu leur demander de le guider ou de le diriger mais aussi, ce qui est encore plus important, envers l’Église qui, à travers les autorités légitimes du diocèse ou de la communauté religieuse, leur a confié le mandat du discernement spirituel. • Dans l’idéal, il existerait un «rapport de synergie et de complémentarité» entre le discernement de l’Église et celui du sujet, si bien que «le témoignage de

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SECTIONDEUx -Action l’individu aide et fait croître la foi de l’Église la foi et le témoignage de l’Église suscitent et encouragent le choix de vocation de l’individu 101». • Les responsables de la pastorale des vocations ont la sérieuse responsabilité de s’assurer que les candidats potentiels fassent la preuve qu’ils possèdent ou peuvent cultiver les talents et les dispositions nécessaires à la vie communautaire et à la mission à laquelle ils pourraient être appelés. Les personnes dont la foi est floue et vague, qui manquent d’espérance et de confiance, dont l’histoire est profondément trouble et qui ne semblent pas pouvoir progresser, qui présentent un grave défaut de maturité affective ou sexuelle, et qui résistent délibérément au changement et à la croissance qui font partie d’une démarche de formation, doivent être accueillies avec une grande compassion et beaucoup d’attention. On ne doit pas les encourager, cependant, à rechercher la vocation au ministère ordonnée ou à une forme de vie consacrée.

Conclusion :lesvocationsetlamissiondel’Église Dans le contexte actuel, il est tout à fait compréhensible qu’une part importante de notre énergie passe à recruter activement des «candidats» potentiels au ministère ordonné et à la vie consacrée. Cependant, les itinéraires proposés dans le présent chapitre suggèrent, si nous avons profondément à cœur l’avenir à long terme de l’Église en Amérique du Nord, de changer de paradigme. Nous devrons peut-être passer d’un modèle de «recrutement», où l’on recherche activement et où l’on recrute des candidats qui «ont la vocation» au ministère ordonné et à la vie religieuse, à un modèle où le «discernement» et la «mission» passent au premier plan. Selon ce nouveau paradigme, les membres ordonnés et consacrés de l’Église donneraient la priorité à une présence pastorale vibrante auprès de la jeunesse catholique. Ils inviteraient les jeunes à participer à divers aspects de leur vie et de leur ministère et, sur la base de cette expérience, deviendraient des modèles et des accompagnateurs capables d’aider les individus à discerner l’appel unique de Dieu dans leur vie. Ce nouveau modèle a l’avantage d’être axé sur Dieu et l’appel unique de Dieu au cœur du jeune ou de la jeune, et sur les besoins du monde, plutôt que sur la survie d’une institution ou d’une congrégation. Quand ils entendent parler de «vocations» - surtout si on ne parle que de prêtrise et de vie religieuse – les jeunes sont parfois méfiants. Ils se demandent si le désir qu’a l’Église de perpétuer ses structures et de s’assurer une relève, si nécessaire et si légitime qu’il puisse être, ne risque pas de les empêcher de découvrir ce à quoi Dieu les appelle. Le témoignage et le dévouement exceptionnel des responsables de la pastorale des vocations et de tous ceux et celles qui promeuvent les vocations dans l’Église montrent que ce n’est pas le cas. L’accent doit être mis plus clairement sur le discernement, sans nier le besoin réel et pressant de nouveaux prêtres, de diacres, de femmes et d’hommes consacrés pour répondre aux besoins sacramentels et pastoraux de l’Église en Amérique du Nord.

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Une façon de le faire, et qui s’inspire de la déclaration des jeunes adultes présents au Congrès, consiste à souligner les dimensions de la formation «…lescandidats…feraient à la prière, de la direction spirituelle, de l’accompagnement et du discernement. Il y a tout l’expériencedelavieetdela lieu d’espérer que les jeunes catholiques vont entrer missiondudiocèseoudela en résonance avec la génération actuelle de prêtres, de diacres et de personnes consacrées quand ils communauté …» verront et reconnaîtront en eux des ministres engagés et pleins d’attention qui veulent leur bien, qui leur enseignent la pratique de la prière et du discernement nécessaires pour découvrir la Parole de Dieu et y répondre, et qui donnent un témoignage de joie, de passion et de sainteté. Comment y arriver? Une piste identifiée au Congrès consiste à relier toute la démarche d’invitation et de discernement vocationnel à des projets de service concrets, qui incarnent ici et maintenant la mission de l’Église, et qui répondent à des besoins réels et urgents dans le monde. Les jeunes devraient être invités à partager cette mission, qu’ils aient exprimé ou non un intérêt précis pour le ministère ordonné ou la vie consacrée. De cette façon, c’est le projet missionnaire lui-même qui devient le lieu privilégié du premier éveil et du discernement de la vocation, plutôt que les prédispositions de la personne. Il s’ensuit un déplacement du modèle de la «candidature», axé sur le désir de l’individu de devenir prêtre, religieux ou religieuse, à un autre modèle où la façon de collaborer activement au travail concret de l’Église amène d’autres personnes à reconnaître chez le candidat potentiel les talents et la passion qui suggèrent que Dieu pourrait l’appeler à une forme d’engagement plus permanente et plus définitive dans l’Église. Ce modèle aura aussi un impact sur notre façon de penser la démarche de formation au séminaire ou dans la vie religieuse ainsi que toute la période de discernement de la vocation. Il comporterait une étape d’«apprentissage» d’un an ou deux, pendant laquelle les candidats (au sacerdoce ou à la vie religieuse) feraient l’expérience de la vie et de la mission du diocèse ou de la communauté, après quoi ils seraient invités à entreprendre une formation spirituelle et théologique plus intense afin de se préparer à un engagement à long terme. Pour arriver à susciter une «culture de la vocation», c’est toute l’Église qui doit collaborer dans l’unité. Il faut aussi que les différentes instances et les différents groupes que nous formons dans l’Église se demandent sérieusement de quelle façon appliquer concrètement dans notre vie et dans notre ministère les priorités pastorales définies ici. Le prochain chapitre va examiner cette question.

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ChAPITRE5 «Àl’instantmême,ilsselevèrent etretournèrentàJérusalem.» Un plan d’action pastoral précis : suggestions pratiques «Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux… Mais ils s’efforcèrent de le retenir : «Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse.» (Luc 24,15. 29)

MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE Invitation à tout le Peuple de Dieu Questions adressées à l’Église en Amérique du Nord Aux évêques Aux supérieures et aux supérieurs majeur(e)s Aux prêtres en paroisse Aux diacres Aux instituts séculiers Aux religieuses et aux religieux frères et prêtres Aux jeunes adultes Aux éducatrices et aux éducateurs Aux parents Aux responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations Aux directrices et aux directeurs de formation Aux agents de pastorale scolaire et universitaire Aux animatrices et aux animateurs jeunesse Aux séminaristes Aux jeunes religieuses et aux religieux (novices, professes et profès temporaires) Aux Serrans, Chevaliers de Colomb et autres organismes laïcs Aux nouveaux mouvements ecclésiaux Aux communicatrices et aux communicateurs et spécialistes des médias Aux paroissiennes et paroissiens

Le Congrès et tout ce qui l’a précédé ont exigé un investissement énorme de temps, d’énergie et de ressources de la part d’un grand nombre de personnes. Et nombreux sont ceux qui se posent la question : «Le Congrès changera-t-il quelque chose?» La réponse réside, au moins en partie, dans l’esprit et le cœur de ceux et celles qui se posent la question. Notre désir le plus profond s’exprime dans la demande des deux voyageurs d’Emmaüs pressant Jésus de rester avec eux car déjà le jour baisse. En essayant de susciter une «culture de la vocation», nous serons sans doute parfois envahis par le sentiment que la journée est pratiquement terminée. Mais notre foi nous pousse à reconnaître et à suivre le mouvement de l’Esprit en nous et parmi nous. La journée n’est pas finie et Dieu est toujours avec nous. Il nous invite à faire confiance, à porter témoignage et à passer à l’action.

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InvitationàtoutlePeupledeDieu L’Instrumentum Laboris (le document de travail) du Congrès nous a rappelé que Dieu continue d’inviter des femmes et des hommes à la vie consacrée et au ministère ordonné. Il a fait ressortir la responsabilité de l’ensemble du Peuple de Dieu, qui doit se faire à la fois voix et témoin pour inviter les jeunes et les moins jeunes disposés à envisager le ministère ordonné et la vie consacrée comme des options comme des choix de vie pour leur avenir. Notre invitation n’est pas d’abord une affaire de programmes et d’affiches, mais vise à susciter une «culture de la vocation» qui comporte différentes approches et diverses activités. Nous sommes appelés à trouver des façons significatives de partager le message, d’être les instruments de Dieu, d’en aider d’autres à découvrir l’appel qu’Il leur adresse. Dès le départ, le Congrès s’est fondé sur le dialogue entre évêques, prêtres, femmes et hommes consacrés, et laïcs. Le choix des membres du comité organisateur s’est fait dans le dialogue. Les premières réunions ont accordé une grande importance à la réflexion et à l’écoute respectueuse. Les membres de l’équipe ont mis en commun leurs idées et celles qui leur avaient été communiquées. L’élaboration des plans pour le Congrès s’est faite par étapes. La prière, en groupe et personnellement, et le dialogue entre les membres de l’équipe ont provoqué de nombreux changements dans les plans en chantier. L’idée originale des congrès diocésains ou régionaux a offert à un grand nombre de personnes la possibilité de participer au dialogue. Beaucoup d’idées et de réflexions excellentes ont été partagées et apportées à Montréal pour nourrir la réflexion des délégués au Congrès. Ces idées et ces réflexions ont été résumées au Chapitre 4. On a accordé une grande attention à la sélection des délégués au Congrès, en veillant à ce qu’un grand nombre de voix puissent se faire entendre, voix essentielles à une «culture de la vocation». La composition des «tables de discussion» n’a pas été laissée au hasard, afin de permettre à divers groupes de notre Église de faire connaissance. Aujourd’hui, ces délégués et plusieurs autres personnes sont invités à animer la mise en œuvre de l’étape suivante : «habiller de chair les os» du projet né des rencontres antérieures au Congrès et du Congrès lui-même. Le Congrès n’a pas été conçu pour «trouver toutes les réponses». Aussi n’a-t-il pas donné des réponses mais suggéré des questions. Ce qui importe, c’est de poser les bonnes questions – difficiles, interpellantes - qui appellent à une vraie conversion. Alors seulement l’Église en Amérique du Nord pourra-t-elle arriver à trouver des solutions adéquates aux défis complexes que pose ce qu’on appelle la «crise des vocations». Les questions suggérées ci-après sont délibérément ouvertes; il ne suffit pas d’y répondre par oui ou non. Elles cherchent aussi à être assez précises pour provoquer une réflexion sérieuse sur les problèmes en jeu. Chaque groupe a pour tâche de réfléchir à ces questions pour les préciser davantage, de manière qu’elles collent à l’expérience et à la mission de l’Église locale. Le Congrès a cherché résolument à être le plus représentatif possible. Parmi les groupes qui y ont participé, il y avait de jeunes adultes, des parents,

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SECTIONDEUx -Action des pasteurs, des diacres, des enseignants, des agents de pastorale jeunesse et de pastorale universitaire, des théologiens, des évêques, des supérieurs majeurs, des religieux et des laïcs consacrés, des associés, des responsables de la pastorale des vocations, des formateurs, des associations laïques pour les vocations et, surtout, des fidèles catholiques de chaque diocèse et éparchie d’Amérique du Nord. De même que chaque Église locale est confrontée à ses propres problèmes, chaque secteur de l’Église sera confronté à ses propres questions. Le but ici est de provoquer une réflexion concrète sur la façon dont chaque groupe répond déjà – et est appelé à continuer de répondre – aux cinq défis présentés au Chapitre 4. D’une part, un appel général à la conversion, au discernement, à la mission et à une option préférentielle pour les jeunes s’adresse à tous les secteurs de notre Église. D’autre part, certains groupes dans l’Église sont plus directement axés sur la prière, sur l’éducation de la foi, sur l’expérience pastorale, sur l’accompagnement spirituel ou sur l’invitation vocationnelle proprement dite. Ce qui devrait émerger, au bout du compte, c’est l’esprit qui a animé le Congrès : la conviction que tous les catholiques ont le privilège et la responsabilité de susciter et d’encourager toutes les vocations (au célibat et au mariage, à la vie consacrée et au ministère ordonné).

Questionsadressées àl’ÉgliseenAmériqueduNord Aux évêques 1. Est-ce que je me rends disponible, dans la prière et le service de l’autorité, pour inspirer aux jeunes de suivre la vie du Christ dans le ministère ordonné ou la vie consacrée? 2. De quelles façons est-ce que j’invite les personnes qui me sont confiées à prier pour ceux et celles que Dieu appelle au ministère ordonné et/ou à la vie consacrée? 3. Comment est-ce que j’encourage les prêtres de mon diocèse, individuellement et comme groupe, à témoigner de l’appel à la vie sacerdotale à travers leurs efforts de sanctification? 4. Comment est-ce que j’encourage les gens de mon (archi)diocèse à aspirer à la sainteté et à la pureté du cœur, et à y voir l’essentiel de l’appel à la vie chrétienne? 5. Quels sont les programmes d’accompagnement et de discernement de la vocation actuellement disponibles dans mon (archi)diocèse? Est-ce que j’engage assez de ressources (en argent, en personnel, etc.) pour soutenir l’office diocésain des vocations? 6. À quel genre de réponse concrète (conversion) suis-je appelé par la déclaration des jeunes adultes présents au Congrès? 7. Quels sont mes plans pour mettre en œuvre de manière explicite l’option préférentielle pour les jeunes proposée par le Congrès? 8. Peut-on dire que mon (archi)diocèse promeut une «culture de la vocation»? Travaille-t-il activement à promouvoir toutes les vocations ecclésiales, en plus du clergé diocésain? Comment le faire davantage?

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9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» au sein de mon Église locale? 10. Comme évêque, comment puis-je mieux appuyer les efforts accomplis au plan local, régional et national par les organisations vouées au travail pour les vocations?

Aux supérieurs majeurs 1. Est-ce que j’encourage les membres de ma congrégation à prier spécifiquement pour que répondent à l’Esprit «Est-cequemacongrégation Saint ceux et celles qui sont appelés au sacerdoce ou à croitquedeshommeset la vie consacrée? desfemmesreçoivent 2. De quelle façon le témoignage des membres de ma congrégation rejoint-il les jeunes qui n’ont souvent jamais aujourd’huil’appel …» eu l’occasion de connaître des femmes et des hommes consacrés? Comment intégrons-nous à nos activités quotidiennes, à notre cheminement personnel et à notre vie communautaire le souci de veiller à ce que les gens qui nous entourent aient conscience de notre engagement, de notre perspective et de notre forme de vie, et à ce qu’ils connaissent mieux l’histoire et la réalité actuelle de notre congrégation? 3. Quels sont mes plans pour aider les jeunes à discerner l’appel que Dieu adresse à chacun en vertu de son baptême? Les membres de ma congrégation sont-ils disposés à partager leur histoire personnelle, y compris leurs difficultés et leurs joies? Quels stages ma congrégation offre-t-elle à des jeunes pour qu’ils puissent faire l’expérience de la vie communautaire? 4. Le pape Jean-Paul II a convoqué le troisième Congrès continental sur les vocations pour toute la population du Canada et des États-Unis. Comment est-ce que j’envisage de donner suite au Congrès sur les vocations dans ma propre congrégation et en collaboration avec d’autres? 5. Quelles sont les mesures concrètes que j’entends prendre pour donner vie à l’option préférentielle pour les jeunes dans ma congrégation? Est-ce que nos ministères nous mettent en contact avec les jeunes adultes? 6. Est-ce que ma congrégation croit que des hommes et des femmes reçoivent aujourd’hui l’appel? Nos programmes de recrutement se fondent-ils sur la confiance au Seigneur Jésus? Est-ce que la promotion des vocations est un facteur dont on tient compte au moment de décider de nouveaux projets ou d’appuyer de nouvelles initiatives? 7. Quels sont les efforts que je fais pour appuyer une pastorale des vocations intercongrégations (hommes et femmes) et pour rejoindre les divers groupes ethniques, culturels et économiques? 8. Comment est-ce que je favorise la communication, la planification et la créativité entre les supérieurs religieux et les évêques pour permettre une approche plus holistique de la pastorale des vocations dans les diocèses et les paroisses? 9. Qu’est-ce que je fais ou prévois faire afin de susciter et de maintenir une «culture de la vocation» chez les personnes que je sers dans mon Église locale? Qu’est-ce que je fais pour les membres de ma congrégation qui ont peut-être une attitude négative et défaitiste à l’encontre de cette «culture de la vocation»? 10. Qu’est-ce que je peux faire de plus pour susciter une «culture de la vocation» dans mon Église locale?

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SECTIONDEUx -Action Aux prêtres en paroisse

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1. Est-ce que ma vie de prière, personnelle et liturgique, est une invitation pour ceux que Dieu appelle au ministère ordonné? Mon union au Christ notre Tête est-elle le sens et le but de mon service dans l’Église? Sinon, à quelle conversion suis-je appelé? 2. Est-ce que je fais un effort assez délibéré pour parler du ministère ordonné et de la vie consacrée aux jeunes et aux jeunes adultes de ma paroisse? Comment est-ce que je les aide à trouver des façons de mettre leurs talents au service de l’Église? Comment est-ce que j’invite et encourage les croyants de ma paroisse à soutenir et à cultiver les vocations? Que puis-je faire de plus? Est-ce que j’offre de l’accompagnement et de la direction spirituelle pour aider les autres à discerner l’appel qu’ils reçoivent de Dieu? Est-ce que ma foi passionnée dans l’Église et dans son ministère est une source d’inspiration dans mon ministère et dans les efforts que je fais pour promouvoir les vocations à la prêtrise, au diaconat et à la vie consacrée? Sinon, comment vaisje essayer d’allumer chez les autres la flamme de la foi et de l’amour que je porte à ma vocation dans l’Église? Quels sont les efforts que je fais pour encourager les parents à parler à leurs enfants du ministère ordonné et de la vie consacrée? Est-ce que je leur donne l’occasion de s’informer sur la façon de discerner l’appel de Dieu? Comment est-ce que je les aide à se réjouir de voir un de leurs enfants appelé au ministère ordonné ou à la vie consacrée? Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma paroisse? Dans mon diocèse? Dans mon Église locale?

Aux diacres 1. Dans mon appel au diaconat, comment est-ce que je donne aux autres l’exemple d’une vie de disciple? Quels sont les moyens que je prends pour en inviter d’autres à envisager la vie qui est la mienne? 2. Est-ce que je donne le témoignage que mon style de vie et celui de ma famille sont enrichis par le service que j’exerce dans l’Église? 3. Comment est-ce que je m’acquitte de mon devoir d’inciter les jeunes et les jeunes adultes à chercher la volonté de Dieu dans leur vocation? 4. Quels sont les efforts que je fais pour promouvoir le ministère ordonné (la prêtrise et le diaconat) et la vie consacrée? 5. Quels sont les efforts que je fais pour chercher l’occasion d’encourager les parents à parler à leurs enfants du ministère ordonné et de la vie consacrée? 6. Est-ce que ma foi passionnée dans l’Église et dans son ministère m’inspire dans le ministère que je remplis? Sinon, comment vais-je essayer d’allumer chez les autres la flamme de la foi et de l’amour que je porte à ma vocation dans l’Église? 7. Dans ma participation aux mystères divins, est-ce que ma «configuration au Christ» est le facteur qui inspire mon ministère, et qui peut inspirer à d’autres de suivre le même appel du Seigneur?

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Chapitrecinq

8. Est-ce que ma prière est une invitation pour ceux que Dieu appelle au ministère ordonné? 9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma famille? Dans ma paroisse? Dans mon Église locale?

Aux instituts séculiers 1. Est-ce que je recherche et saisis des occasions d’enseigner aux jeunes et aux jeunes adultes la nécessité de discerner l’appel unique de Dieu dans la vie de chacun? 2. Est-ce que je partage avec les autres, à l’école, à la paroisse ou dans mon diocèse, sur le ministère ordonné et les nombreux charismes de la vie consacrée dans l’Église, notamment mon appel particulier à la mission de l’Église? 3. Sachant que je suis appelé à être «levain de sagesse et témoin de la grâce dans la vie culturelle, économique et politique», est-ce je vis cet appel de manière à en inciter d’autres à se mettre à l’écoute de l’Esprit pour discerner leur propre appel? 4. Comment mon appel à «rendre présentes dans la société la nouveauté et la puissance du Royaume du Christ» me pousse-t-il à participer activement à la promotion du ministère ordonné et de la vie consacrée auprès des membres de ma famille, des collègues et amis avec qui j’entre en contact? 5. Comme membre d’un institut séculier, est-ce que je vis la vie évangélique de manière que d’autres soient incités à chercher le dessein de Dieu sur eux? 6. En quoi ma vie de laïc consacré m’amène-t-elle à entrer en dialogue avec des jeunes adultes afin que mon institut et moi-même puissions travailler avec eux à promouvoir «l’égalité, à guérir la rupture du péché et de la douleur, et à susciter un renouveau authentique»? 7. Comment est-ce que j’aide d’autres laïcs consacrés à faire connaître notre vocation? Mon «Commentmonappel… évêque est-il au courant de mon engagement envers Dieu et envers l’Église comme membre mepousse-t-ilàparticiper d’un institut séculier? Que puis-je faire de plus activementàlapromotiondu pour encourager mon institut à partager le ministèreordonnéetdelavie trésor de notre vocation? 8. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter consacrée … » une «culture de la vocation» au sein de mon institut séculier? Dans mon Église locale?

Aux religieuses et aux religieux frères et prêtres 1. De quelle façon est-ce que j’offre un témoignage authentique et joyeux de mon style de vie, de manière à communiquer mon enthousiasme et mon profond amour pour le Christ et l’Église? 2. Comment est-ce que je cherche l’occasion de parler aux jeunes et aux jeunes adultes de la vie consacrée et du ministère ordonné? 3. Ai-je des contacts avec les parents, pour les aider à encourager leurs enfants à envisager un appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée? Est-ce que je les aide à se réjouir de voir un de leur enfants ou de leurs proches appelé à exercer ces ministères dans l’Église? 4. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets?

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SECTIONDEUx -Action 5. Comment vais-je réagir pratiquement à la déclaration des jeunes adultes présents au Congrès? À quelle conversion leur texte m’appelle-t-il, moi? Et ma congrégation ou mon institut? 6. Comment la promotion que je fais du ministère ordonné et de la vie consacrée est-elle influencée par ma vie de prière et par celle des personnes avec qui je collabore? 7. Ma vie de prière, personnelle et liturgique, estelle une invitation pour ceux et celles que Dieu appelle au ministère ordonné ou à la vie consacrée? 8. Les jeunes adultes ont demandé un «dialogue pour qu’ensemble nous puissions travailler à l’égalité, guérir la blessure du péché et de la souffrance, et susciter un renouveau authentique». Comment ma vie consacrée répond-elle à leur demande? Que puis-je faire de plus? 9. Est-ce que je crois vraiment que les hommes et les femmes d’aujourd’hui continuent de recevoir l’appel au ministère et à la vie consacrée? Est-ce que je cherche l’occasion de partager ce que je vis avec d’autres qui pourraient recevoir cet appel? 10. Dans ma vie religieuse, est-ce que ma façon de suivre le Christ et d’être uni à Dieu invite les autres à envisager ce genre de vie? 11. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma congrégation? Dans mon Église locale?

Aux jeunes adultes 1. Est-ce que je crois à l’appel de Dieu que j’ai reçu au baptême? Comment est-ce que je cherche l’occasion de découvrir ce qu’est pour moi cet appel? 2. Quels sont les moyens que je prends pour grandir dans ma foi? Est-ce que je grandis dans ma vie de prière de manière à découvrir ma vocation dans l’Église et dans le monde, et à y répondre sans réserve? 3. Quels changements précis (conversions) vont se produire dans ma relation à Dieu et à l’Église, à la suite du Congrès continental? 4. Est-ce que je crois passionnément à l’Église et à son ministère? Comment est-ce que j’invite les autres à partager cette conviction? «Est-cequejecrois 5. Est-ce que je crois vraiment que le Seigneur continue d’appeler de nombreux jeunes au passionnémentàl’Égliseetà ministère ordonné et à la vie consacrée? Est-ce que je me suis sérieusement posé la question de savoir si sonministère?» Dieu m’appelle à la prêtrise ou à la vie religieuse? 6. Quel est mon plan pour répondre à cet appel à la sainteté qui ne s’adresse qu’à moi?

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Chapitrecinq

7. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma famille? Chez mes amis, mes confrères et consœurs de classe, mes collègues au travail? Dans mon Église locale?

Aux éducatrices et aux éducateurs 1. Est-ce que je suis fidèle à faire comprendre que chaque personne a une vocation? Comment est-ce que je vis, moi, mon appel à devenir disciple? 2. Comment est-ce que je vis mon propre cheminement de foi en réponse à l’appel de Dieu? 3. Comment mieux intégrer une conception plus mûre de la vocation à mon travail d’éducateur ou de formateur? 4. Quelle est la part de mon temps que je consacre aux vocations, à la vocation en général et à certaines vocations particulières? 5. Comme éducateur catholique, est-ce que je me considère «catéchète»? Est-ce que je vais chercher des ressources et une formation pour donner un enseignement catéchétique? 6. Comment est-ce que j’intègre la notion d’«appel» au programme que j’enseigne ou que j’influence? 7. Est-ce que je cultive une vie de foi intense et un profond renouveau spirituel dans la communauté enseignante à laquelle j’appartiens, de manière que les jeunes répondent généreusement à l’appel de Dieu? 8. Est-ce que je crois en l’appel que chacun a reçu de Dieu au baptême? Est-ce que je cherche l’occasion d’aider des étudiants à découvrir l’appel que Dieu leur adresse? 9. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? 10. Comment est-ce que je donne à mes étudiants le goût de vivre pleinement leur baptême et leur confirmation, comme disciples dans le monde? 11. Est-ce que j’encourage les parents à parler à leurs enfants du ministère ordonné et de la vie consacrée, du mariage et d’un célibat généreux? Est-ce que je leur donne l’occasion de se renseigner sur la façon de discerner l’appel de Dieu? 12. Que puis-je faire de plus pour susciter une «culture de la vocation» dans ma classe? Dans mon institution d’enseignement? Dans mon Église locale?

Aux parents 1. Suis-je disposé à laisser Dieu agir dans la vie intérieure de mes enfants et les amener au ministère ordonné ou à la vie consacrée, si telle est Sa volonté?

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SECTIONDEUx -Action 2. Mon plan pour répondre à l’appel à la sainteté prévoit-il une ouverture dans l’amour à ce que Dieu a choisi pour mes enfants? Est-ce que cela va jusqu’à les encourager à examiner la possibilité d’un appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée, outre le mariage ou le célibat? 3. Ma famille est-elle une communauté où la vie de foi intense favorise une réponse généreuse de ceux qui sont appelés au ministère ordonné ou à la vie consacrée? 4. Comment est-ce que je cherche l’occasion d’enrichir ma compréhension de la foi afin de pouvoir mieux réagir aux questions des jeunes en quête de réponses? 5. Les jeunes et les jeunes adultes d’aujourd’hui cherchent des «témoins authentiques et joyeux» des différentes vocations dans l’Église? Quel est le témoignage que je donne, moi qui ai reçu les sacrements de baptême, de «Suis-jedisposéàlaisser confirmation et de mariage et qui ai reçu la grâce d’être Dieuagirdanslavie parent? Que puis-je faire de plus pour réorienter ma vie pour appuyer la dimension de joyeux témoignage? intérieuredemesenfants» 6. Comment vais-je discuter de l’appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée avec des amis et des parents qui résistent à l’intérêt de leurs enfants pour l’un de ces appels de Dieu? 7. Est-ce que je cherche l’occasion de collaborer aux activités pour les jeunes et les jeunes adultes dans ma paroisse? Est-ce que je les aide à reconnaître l’appel particulier qui leur est adressé? 8. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans mon foyer? Dans mon quartier? Dans mon Église locale?

Aux responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations 1. Comment ma façon de promouvoir le ministère ordonné et la vie consacrée estelle influencée par ma vie de prière et par celle des gens avec qui je collabore? 2. Comment est-ce que j’entre en contact avec les jeunes et les jeunes adultes? Est-ce que je sais donner suite à ces premiers contacts? 3. Comment est-ce que je conserve l’enthousiasme et l’espérance dans mon travail en pastorale vocationnelle, et comment est-ce que j’aide les autres à le faire? 4. Que puis-je faire pour inviter plus de laïcs à s’impliquer dans la promotion des vocations? Ai-je le souci de l’avenir de toutes les vocations dans l’Église, à part celle dont je suis directement responsable? 5. Comment puis-je mettre en pratique ce nouveau Plan pastoral nord-américain, avec l’aide et l’appui de tous les intéressés? 6. Est-ce que je demande et reçois assez d’appui des évêques, des supérieurs majeurs, de congrès nationaux, d’ateliers spécialisés, etc. pour mon ministère? 7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? 8. Quelle sera ma réaction concrète (conversion) à la déclaration préparée par les jeunes adultes présents au Congrès sur les vocations? 9. Est-ce que mon programme de promotion des vocations se fonde sur «une vie de prière et un environnement spirituel» pour éveiller chez les fidèles le désir de se

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Chapitrecinq

donner totalement au Seigneur dans le ministère ordonné ou la vie consacrée? 10. Comment est-ce que je reste centré sur la personne de Jésus quand je présente aux jeunes et aux jeunes adultes l’appel au ministère ordonné et à la vie consacrée? 11. De quelle façon est-ce que je collabore avec des organismes laïcs et autres, voués à la promotion des vocations, sur le plan local, régional et national? 12. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans mon diocèse? Dans mon institut religieux? Dans mon Église locale?

Aux directrices et aux directeurs de formation 1. Est-ce que je m’emploie à découvrir l’appel de Dieu le Père avec chacune des personnes dont la formation m’a été confiée? Est-ce que je sais fournir des occasions de reconnaître cet appel et de l’assumer? 2. Mon programme de formation se fonde-t-il sur «une vie de prière et un environnement spirituel» afin d’éveiller un don de soi total au Seigneur dans le ministère ordonné ou la vie consacrée? 3. Comment est-ce que je veille à ce que Jésus Christ soit bien au cœur de mon programme de formation? 4. En quoi mon programme de formation favorise-t-il des relations saines entre ceux et celles qui sont appelés au ministère ordonné et à la vie consacrée dans la perspective du mystère du Christ et de l’Église? 5. Comment mon programme de formation amène-t-il ceux et celles qu’il forme à «marcher à la suite de Jésus»? 6. Mon programme de formation se fonde-t-il sur «une vie de prière et un environnement spirituel» afin d’éveiller un don de soi total au Seigneur dans le ministère ordonné ou la vie consacrée? 7. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans mon centre de formation ou de discernement? Dans mon séminaire ou mon théologat? Dans mon Église locale?

Aux agents de pastorale scolaire et universitaire 1. Comment est-ce que je fais connaître dans mon milieu les programmes vocationnels de différentes communautés? 2. Est-ce que j’organise des soirées ou des événements d’information vocationnelle? Suis-je ouvert à l’idée que des groupes de discernement se réunissent sur mon campus, à mon école, dans ma paroisse? 3. Est-ce que je travaille en collaboration avec les agents de pastorale des vocations de mon

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SECTIONDEUx -Action

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milieu? Y aurait-il moyen pour moi d’inviter des religieux ou des religieuses, des laïcs consacrés, des diacres et des prêtres à participer à mon programme de pastorale universitaire, de pastorale scolaire ou de pastorale jeunesse? Pourrais-je les inviter à participer à la préparation et à la célébration des liturgies? Est-ce que je cherche l’occasion de stimuler l’intensité de la foi et la profondeur du profond renouveau spirituel dans la communauté de mon école, de mon collège ou de mon université? Comment est-ce que je m’informe des différents outils de discernement des vocations? Est-ce que je sais à qui diriger ou référer ceux et celles qui discernent un appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée? Est-ce que je crois en l’appel que chacun reçoit de Dieu au baptême? Comment estce que je cherche l’occasion d’aider les autres à découvrir cet appel? Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail à l’école ou à l’université l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? En quoi la promotion que je fais du ministère ordonné et de la vie consacrée estelle influencée par ma propre vie de prière et par celle de mes collaborateurs? Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» à mon école, mon collège ou mon université? Dans mon Église locale?

Aux animatrices et aux animateurs jeunesse 1. En préparant mes activités pour les jeunes auprès de qui je travaille, comment estce que je cherche l’occasion de stimuler et de nourrir «la foi intense et le profond renouveau spirituel» que demande le Saint-Père? 2. Comment ma façon de vivre ma propre vocation proclame-t-elle l’Évangile «avec conviction et avec passion», de manière à éveiller chez les jeunes qui me sont confiés le désir de discerner leur propre vocation? 3. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? 4. Est-ce que les jeunes pour qui je travaille reconnaissent en moi une personne engagée à vivre l’appel que Dieu m’a donné avec la grâce du baptême?

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Chapitrecinq

5. De quelle façon des religieux et des prêtres pourraient-ils être présents à mes activités de pastorale jeunesse? 6. Me serait-il possible d’associer des religieuses, des religieux et des prêtres à la planification et à la célébration des liturgies pour les jeunes? 7. En quoi la promotion que je fais du ministère ordonné et de la vie consacrée estelle influencée par ma propre vie de prière et par celle de mes collaborateurs? 8. Un groupe nombreux de jeunes adultes a participé au Congrès sur les vocations à Montréal. Quelle est ma réaction concrète à la déclaration préparée par ce groupe de jeunes adultes? 9. En quoi mes activités jeunesse proclament-elles l’Évangile avec conviction et avec passion? 10. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans mon groupe de jeunes? Dans ma paroisse, mon école ou mon programme de pastorale jeunesse? Dans mon Église locale?

Aux séminaristes 1. Ma vie de prière est-elle une invitation pour ceux et celles que Dieu pourrait appeler au ministère ordonné ou à la vie consacrée? 2. Est-ce que je donne aux autres le témoignage de ce que mon union au Christ, notre Tête, est la source et la ressource de mon désir de devenir prêtre? 3. Est-ce que je crois en l’appel que chacun a reçu de Dieu au baptême? Comment ma façon de vivre la formation reflète-t-elle ma foi en cet appel? 4. Comment ma façon de recevoir ma formation me prépare-t-elle à devenir pour les autres un exemple et un accompagnateur? 5. Est-ce que, pour répondre à l’appel que j’ai reçu au baptême, je cherche l’occasion de parler à des jeunes adultes et de donner un enseignement ou une formation catéchétiques? 6. Comment est-ce que je reste centré sur la Personne de Jésus dans ma formation pour devenir prêtre de Son Église? 7. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans mon séminaire ou ma maison de formation? Dans mon église locale?

Aux jeunes religieuses et religieux (novices, professes et profès temporaires) 1. Comment est-ce que je me prépare à vivre mon appel à être disciple de Jésus, à partager sa mission? 2. Ma prière est-elle une invitation pour ceux et celles que Dieu appelle à la vie consacrée? 3. Comment ma réponse à ma vocation proclame-telle l’Évangile avec conviction et avec passion? 4. Comment est-ce que je m’engage dans ma vocation? Est-ce que j’en rends souvent grâces à Dieu? Est-ce que j’aide les autres à découvrir leur appel?

«Commentmaréponseàma vocationproclame-t-elle l’Évangileavecconvictionet avecpassion?»

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SECTIONDEUx -Action 5. Quels changements concrets vont se produire dans ma vie, sur le plan de la promotion des vocations, à la suite du Congrès continental? 6. Est-ce que je crois que des hommes et des femmes reçoivent aujourd’hui encore l’appel à la prêtrise et à la vie consacrée et est-ce que je cherche l’occasion de partager ce que je vis avec d’autres qui pourraient recevoir cet appel? 7. Dans ma vie religieuse, est-ce que ma façon de suivre le Christ et d’être uni(e) à Dieu inspire à d’autres d’envisager ce choix de vie? Est-ce que ma façon de vivre les vœux manifeste une façon joyeuse et constamment pertinente de vivre le message de l’Évangile? 8. Est-ce que ma participation au programme de formation suscite aujourd’hui en moi et chez les autres ce genre de sainteté? 9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma congrégation ou mon institut religieux? Dans mon Église locale?

Aux Serrans, Chevaliers de Colomb et autres organismes laïcs 1. Est-ce que je cherche l’occasion d’aider mon organisme à promouvoir activement une vie de foi intense et un profond renouveau spirituel? 2. Mon organisme proclame-t-il l’Évangile avec conviction et avec passion? 3. Quelle est ma réaction concrète à la déclaration préparée par les jeunes adultes qui ont participé au Congrès? Qu’est-ce que mon organisme prévoit faire pour y répondre? 4. Mon organisme prend-il l’initiative de promouvoir l’appel universel à la sainteté auprès de ses membres et des personnes à qui ils viennent en aide? 5. Est-ce que je cherche l’occasion de parler aux jeunes et aux jeunes adultes du ministère ordonné et de la vie consacrée dans l’Église? 6. Comment est-ce que j’aide les parents à encourager leurs enfants à scruter l’appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée? 7. Quels changements concrets vont survenir dans ma vie, sur le plan de la fidélité à ma propre vocation et à la promotion des vocations, à la suite du Congrès continental? 8. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? À quels changements va procéder mon organisme? 9. Comment ma façon de promouvoir le ministère ordonné et la vie consacrée est-elle influencée et enrichie par ma propre vie de prière et par celle de mes collaborateurs? 10. Est-ce que je crois que les hommes et les femmes d’aujourd’hui continuent de recevoir l’appel au ministère ordonné et à la vie consacrée?

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Chapitrecinq

11. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» au sein de mon organisme? Dans ma paroisse? Dans mon diocèse? Dans les autres secteurs de l’Église locale?

Aux nouveaux mouvements ecclésiaux 1. En quoi ma vie exprime-t-elle l’appel à marcher à la suite de Jésus? Comment puisje continuellement faire de Lui le foyer de «Est-cequej’entreendialogue mon existence? 2. En quoi ma façon de promouvoir le avecdesjeunesadultesetestministère ordonné et la vie consacrée est-elle cequejesuisdisposé(e)à influencée et enrichie par ma propre vie de prière et par celle de mes collaborateurs? travaillerauprèsdesjeunesde 3. Dans la nouveauté de mon appel au sein de notreÉglise?» l’Église, est-ce que je cherche des façons de témoigner de ma confiance en Dieu? Est-ce que je travaille en esprit de coopération avec les ministres ordonnés et d’autres personnes consacrées, avec des laïcs mariés ou célibataires, avec tous les hommes et les femmes de foi? 4. Comment est-ce que j’entre en contact avec les gens dans notre Église et dans la société pour les aider à scruter un appel au ministère ordonné et à la vie consacrée aussi bien qu’à mon propre style de vie dans l’Église? 5. Est-ce que j’entre en dialogue avec des jeunes adultes et est-ce que je suis disposé à travailler auprès des jeunes de notre Église? 6. Quelle est la qualité de mon engagement dans ma vocation? Est-ce qu’il m’arrive souvent d’en rendre grâces à Dieu? Est-ce que j’aide les autres à découvrir leur appel? 7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? Quels changements vais-je recommander à mon «mouvement»? 8. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» au sein de mon mouvement? Dans mon Église locale?

Aux communicatrices, aux communicateurs et spécialistes des médias 1. Comment ma réponse à ma vocation proclame-t-elle l’Évangile avec conviction et avec passion? 2. Est-ce que je crois que les hommes et les femmes d’aujourd’hui reçoivent l’appel au ministère ordonné et à la vie consacrée, et est-ce que je cherche des façons de manifester cette conviction dans mes communications avec le public? 3. Dans mon travail de communication et dans mon recours aux médias, est-ce que je cherche l’occasion d’informer les jeunes et les jeunes adultes sur le ministère ordonné et les diverses formes de vie consacrée dans l’Église? Est-ce que j’en présente une image positive quoique réaliste? 4. Est-ce que je prends l’initiative de promouvoir la sainteté parmi les gens de notre Église grâce à l’information que je diffuse?

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SECTIONDEUx -Action 5. Est-ce que j’encourage les jeunes adultes, est-ce que j’entre en dialogue avec eux et est-ce que je me déclare prêt à les aider à trouver leur place dans l’Église? 6. Est-ce que la forme et le contenu de mon travail traduisent ma foi en l’appel à une sainteté axée sur Jésus? Est-ce que je me présente à mes collègues et au public comme quelqu’un qui est disposé à défendre une position catholique sur des questions importantes? 7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès? Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets? Quels changements (conversion) ai-je décidé de vivre? 8. Face aux nombreux postes qu’offre le monde moderne, quels sont les efforts que je fais pour rapprocher ma foi et mon Dieu, de manière à réaliser ma propre vocation? 9. Comment est-ce que j’entre en contact avec les gens de notre Église et de la société en général pour les aider à scruter un appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée de manière positive et fructueuse? 10. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans la société en général, par mon engagement dans les médias? Dans mon Église locale?

Aux paroissiennes et aux paroissiens 1. En tant que membre actif de ma paroisse, est-ce que j’assume ma responsabilité de prendre au sérieux l’appel de Dieu à chacun d’entre nous? 2. Ma paroisse fait-elle la promotion du ministère ordonné et des différentes formes de vie consacrée dans ses activités et ses programmes? Pourrions-nous faire plus? 3. L’enseignement religieux que nous donnons aux enfants, aux adolescents et aux adultes est-il à la hauteur de ce qu’il devrait être? Parvient-il à intégrer la théologie de l’appel universel de Dieu à la sainteté et à la mission? Présente-t-il clairement le ministère ordonné, la vie consacrée, le mariage et le célibat comme des vocations dignes et nécessaires dans l’Église?

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Chapitrecinq

4. Les personnes qui tentent de répondre à l’appel de Dieu, les encourageons-nous à faire des retraites, à visiter des séminaires ou des maisons religieuses, à passer du temps avec des personnes consacrées? Comment pourrions-nous aider à financer ce genre d’activités? 5. Si ma paroisse parraine une école catholique, est-ce que je sais si les administrateurs, les enseignants et le(s) conseiller(s) en orientation encouragent et aident les élèves à discerner activement leur vocation chrétienne? 6. Est-ce que la vie liturgique et les dévotions de la paroisse sont assez accueillantes pour les jeunes et adaptées à leurs besoins? Cherche-t-elle à refléter la diversité culturelle, linguistique et raciale de notre communauté paroissiale? 7. Est-ce que je suis accueillant personnellement (et sommes-nous accueillants collectivement) à l’égard des jeunes et des moins jeunes qui discernent activement un appel de Dieu à une vocation ecclésiale? Comment pourrions-nous les appuyer davantage? 8. Notre paroisse a-t-elle un comité des vocations? Si oui, quel est son mandat? 9. Quelles vocations ecclésiales promouvons«Notreparoissea-t-elleun nous dans la paroisse? Pour lesquelles prionsnous? comitédesvocations?Sioui, 10. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter quelestsonmandat?» une «culture de la vocation» dans ma paroisse? Dans ma région, ma zone pastorale, mon diocèse ou mon éparchie? Ailleurs dans mon Église locale?

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ChAPITRE6

«Ilsl’avaientreconnuquand ilavaitrompulepain.» Guide d’animation «Ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.» Luc 24:35

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MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE GUIDE D’ANIMATION LETTRE D’INVITATION Ordre du jour 1. Prière d’ouverture APPEL À LA PRIÈRE PRIÈRE D’OUVERTURE LECTURE RÉFLEXION EN SILENCE ChANT : EN MISSION 2. Vue d’ensemble du Plan pastoral – sa genèse L’hISTOIRE DU CONGRÈS LES RENCONTRES RÉGIONALES LE CONGRÈS CONTINENTAL 3. Discussion du Plan pastoral 4. Questions qui s’adressent à des organismes ou à des groupes particuliers 5. Plan d’action Grille du Plan d’action Description d’un Plan d’action Groupe cible Personnel / matériel nécessaires à la planification (peut impliquer d’autres groupes, personnes, organismes) la mise en œuvre Démarche (les prochaines étapes) Échéancier Coûts (peut ne pas s’appliquer) Évaluation du Plan (rapport d’étape, évaluation finale) Remise du Plan d’action et résultats

Chapitresix

GUIDED’ANIMATION pourlesréunionsdanslesparoisses,zonespastorales,diocèses, éparchies,communautés,organismesnationauxetdanslesrégions àlasuitedu

TroisièmeCongrèscontinentalsurlesvocationsauministère ordonnéetàlavieconsacréeenAmériqueduNord Montréal,Québec,Canada 18-21avril2002

Lettred’invitation

VOCACIÓN,DONDEDIEU, GIVENFORGOD’SPEOPLE

Chère animatrice, Cher animateur, Bonjour! Nous avons la joie, en vous présentant le Plan pastoral pour les vocations en Amérique du Nord de partager avec vous le fruit d'un vaste effort collectif. Nous espérons que vous prendrez le temps d'en apprivoiser le contenu afin d'être en mesure d'aider votre groupe à formuler des plans d'action adaptés à la situation de votre organisme et de votre milieu. Le Plan pastoral s'appuie sur le fait que chaque organisme national ou chaque groupe particulier va contribuer d'une manière spéciale à susciter une "culture de la vocation" dans l'Église locale à travers toute l'Amérique du Nord. L'apport des éducateurs, par exemple, ne sera pas celui des agents de pastorale scolaire, des aumôniers d'université, des parents, des responsables de la pastorale des vocations ou des évêques. Et le Plan prendra un visage un peu différent dans chaque pays et dans chaque région pour répondre aux besoins les plus urgents. Le Guide d'animation a été conçu pour aider les organismes nationaux, les groupes diocésains, les paroisses et autres entités, à s'engager de façon encore plus concrète dans le travail de sensibilisation à la vocation et d'invitation explicite. Avant de formuler un plan d'action, toutefois, il est indispensable que chaque participant se familiarise avec les objectifs, l'esprit et les suites du Congrès des vocations de Montréal, afin que vos plans d'action reflètent l'appel à la conversion qui s'y est exprimé avec une telle clarté. Avant de tenir votre ou vos réunions, il y aurait avantage à remettre aux participants un exemplaire de ce Plan pastoral afin qu'ils puissent prendre connaissance de son contenu. Vous y trouverez le texte d'une prière et une démarche de réunion pour vous simplifier la tâche. Ce ne sont là que des suggestions. Vous êtes invité à adapter la démarche et le contenu de votre ou de vos réunions à votre situation particulière. Ce qui importe, c'est que vous travailliez à vous donner un plan d'action précis, qui contribuera à susciter une culture favorable aux vocations. Puisse l'Esprit vous accompagner dans votre travail de réflexion et de planification et, ce faisant, puissiez-vous connaître la grâce infinie de Dieu qui vous donne de vivre votre propre vocation dans l'Église.

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SECTIONDEUx -Action

Ordredujour Pourlesréunionsdediocèses,éparchies, communautés,organismesnationauxetrégions

Créerune«culturedelavocation»: Démarchedediscussion/planification 1re partie : prière d’ouverture APPELÀLAPRIÈRE Anim. :

Gloire à Dieu, qui jette la semence et récolte la moisson. Béni soit Dieu à jamais.

Tous :

Béni soit Dieu à jamais.

PRIÈRED’OUVERTURE Père aimant, source de vie et de bonté, nous nous réjouissons du don de ton Fils, qui réside sans cesse parmi nous pour nous révéler la splendeur de ton amour. Nous t'en prions, appelle à ton service de fidèles disciples de Jésus, qui se donnent au ministère ordonné et à la vie consacrée. Imprégnés de ton amour et de ta miséricorde, puissentils offrir généreusement leur vie à l'Église et être aux yeux de tous des témoins vivants de ton amour. Seigneur Jésus Christ, Maître de la Moisson, lumière véritable venue dans le monde, bénis ce Plan pastoral et le fruit de nos travaux. Aide-nous à trouver des façons concrètes de le mettre en œuvre pour que s'accroisse le nombre des ouvriers pour ta moisson. Nous te demandons la grâce de prêcher et de vivre l'Évangile qui apporte à tout être humain l'espérance de la vie éternelle. Esprit Saint, tu ouvres le cœur et l'esprit à l'appel divin; tu rends efficace tout élan vers le bien, vers la vérité, vers la charité. Bénis notre façon d'appliquer le Plan pastoral et inspire la ferveur et la générosité des fidèles d'Amérique du Nord pour qu'ils encouragent et qu'ils appuient ceux et celles que tu appelles au ministère ordonné et à la vie consacrée, en particulier leurs amis et les membres de leur famille. Ô Vierge Marie, Mère de l'Église, aide ceux et celles que le Maître appelle au service de l'Évangile à faire écho à ton "oui" confiant afin que l'œuvre de l'évangélisation amène toute langue à proclamer que Jésus Christ est Seigneur pour la gloire de Dieu. Amen.

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Chapitresix

LECTURE Lecture tirée de l’Évangile de Luc (24, 13-35) La route d’Emmaüs Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé. Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : "De quoi causiez vous donc, tout en marchant?" Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes. L'un d'eux, nommé Cléophas, répondit : "Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci." Il leur dit : "Quels événements?" Ils lui répondirent : "Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et par ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié. Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé. À vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il était vivant. Quelquesuns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit; mais lui, ils ne l'ont pas vu." Il leur dit alors : "Vous n'avez donc pas compris! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire?" Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin. Mais ils s'efforcèrent de le retenir : "Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse." Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l'un à l'autre : "Notre cœur n'était pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures?" À l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons qui leur dirent : "C'est vrai! Le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre." À leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

RÉFLExIONENSILENCE

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SECTIONDEUx -Action CHANT : EN MISSION Paroles : Julie Lafontaine Musique : Julie Lafontaine and Bernie Cossentino © Oregon Catholic Press, 2001. Reproduit avec autorisation.

REFRAIN

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Jésus, tu es mon guide, le Maître de ma vie, Tu m'invites à ta table, à ton Eucharistie. Je réponds à ton appel, mais parfois je suis lent, J'entends ta voix et mon cœur s'ouvre grand.

Partager son rêve, en mission il nous envoie, Bâtir son Royaume, tous ensemble toi et moi. Je mets ma foi en lui, son amour me façonne, Sa joie, sa paix, chaque jour il me les donne.

Jésus, ô Bon Berger, c'est toi qui me conduis, Et à mon tour, je guide tous ceux qui ont fui. Je veux toujours te suivre et marcher dans tes pas Au long de mon chemin, je sais que tu es là.

Jésus, Sauveur, tu donnes les plus précieux des dons, Pour nous et pour ton peuple : la vie, la vocation. Nos vœux et nos promesses, nos vies nous les offrons, Avec toi et pour toi en mission, mission.

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Chapitresix

2 e partie : survol du Plan pastoral – sa genèse L’hISTOIREDUCONGRÈS Le troisième Congrès continental sur les vocations a été organisé à la demande du pape Jean-Paul II par les conférences épiscopales des États-Unis et du Canada. Troisième rassemblement du genre, il avait été précédé par le Congrès latinoaméricain qui s'est déroulé à Sao Paulo, au Brésil, en 1994, et par le Congrès européen de Rome, en 1997. Le Congrès nord-américain avait pour objectif d'établir en Amérique du Nord un environnement favorable: • à la promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée; • à la mobilisation et à la concertation des volontés et des efforts de l'Église en Amérique du Nord pour identifier, reconnaître et cultiver les vocations; • à l'accueil des futurs ouvriers de la moisson. Les conférences épiscopales canadienne et américaine étaient les principales responsables de l'événement. Pour le préparer, elles ont travaillé en étroite collaboration avec l'Œuvre pontificale pour les vocations ecclésiastiques, à Rome, avec les supérieurs des instituts religieux et séculiers et avec les associations de responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations des États-Unis et du Canada.

LESRENCONTRESRÉGIONALES En préparation de cet événement, au moins 220 réunions diocésaines et régionales se sont tenues aux États-Unis et au Canada. Plus de 10 000 personnes se sont réunies dans les diocèses, les éparchies, les communautés religieuses et d'autres assemblées, et elles ont communiqué leurs réactions. Ces rencontres ont porté sur trois grandes questions: 1. Quand vous réfléchissez au ministère ordonné et à la vie consacrée, qu'est-ce qui est pour vous source d'espérance? 2. Quels sont les obstacles qui détournent quelqu'un d'envisager/encourager la prêtrise ou la vie consacrée? 3. Que devons-nous faire? Ce partage a jeté les bases du dialogue qui s'est déroulé au Congrès. Il se passe déjà beaucoup de choses très encourageantes aux niveaux diocésain et national. Le thème du Congrès, "Vocación, Don de Dieu, Given for God's People", indique ce que le Congrès voulait être. Dès le départ, les concepteurs ont voulu que l'événement lui-même ainsi que les rencontres préparatoires correspondent au style de rencontre nord-américain : sous le signe de l'inspiration, de l'interpellation, du dialogue et du sens pratique. Par rapport aux congrès précédents, on a invité beaucoup plus de monde, notamment une représentation laïque plus importante, et tous les participants au Congrès lui-même étaient délégués : ils n'étaient pas là en observateurs. Le sens pratique ressortait de l'objectif prioritaire fixé pour le Congrès : l'élaboration d'un Plan pastoral nord-américain pour les vocations, qui définirait pour l'avenir une série de mesures pratiques.

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SECTIONDEUx -Action LECONGRÈSCONTINENTAL Le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée pour l'Église en Amérique du Nord s'est tenu à Montréal, au Québec, du 18 au 21 avril 2002. Dès le départ, on souhaitait disposer d'un Plan pastoral pour toute l'Amérique du Nord, voire pour l'Église universelle. Le Congrès avait aussi pour but de célébrer ce qui a été vécu dans un contexte de fête et de prière. Les délégués au Congrès représentaient des secteurs diversifiés : parents, jeunes adultes, animateurs et animatrices de pastorale jeunesse, aumôniers universitaires, agents de pastorale scolaire, membres d'instituts séculiers, supérieures et supérieurs religieux, évêques, curés, responsables de la pastorale des vocations, formatrices et formateurs, séminaristes, novices, jeunes religieux et religieuses, associés, Serrans, Chevaliers de Colomb, directeurs d'organismes laïcs, éducateurs et éducatrices, membres de mouvements d'Église laïcs, représentants de diverses Églises de rite oriental, et beaucoup d'autres. La diversité devenait encore plus évidente quand les délégués coiffaient leurs écouteurs pour suivre l'interprétation simultanée en anglais, en français ou en espagnol. Le Congrès n'a pas été que l'occasion de parler des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée. Il a offert une tribune pour discuter de l'avenir de notre Église. Les évaluations ont montré qu'un large éventail de perspectives théologiques et ecclésiologiques reflétaient au Congrès toutes les couleurs de la réalité ecclésiale. L'une des grandes grâces du Congrès, c'est que, dans l'ensemble, tous ont pu se rencontrer autour de quelque chose et de Quelqu'un de plus grand qu'eux-mêmes. Les visées individuelles n'ont pu s'imposer parce que les énergies étaient mobilisées par une tâche commune. Des différences étonnantes ont été accueillies avec un respect non moins étonnant. Nombre de gens ont indiqué combien le Congrès les avait touchés et avait même changé leur vie. Les conférenciers et les animateurs d'ateliers ont généreusement partagé le fruit de leurs recherches, sagesse née de l'étude attentive et de la réflexion théologique et spirituelle. Ils ont invité les participants à dépasser une réaction superficielle à la "crise des vocations" pour passer à l'analyse critique, et saisir une occasion privilégiée de réfléchir au discernement et à la conversion auxquels est appelée l'Église de ce temps. Les cinq conférences principales ont abordé cinq aspects fondamentaux des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée: 1. Quels sont les fondements bibliques et théologiques des vocations ecclésiales? 2. Dans l'Église et la société d'aujourd'hui, quels sont les facteurs qui ont un impact sur les vocations? 3. En quoi la réalité multiculturelle de nos deux pays représente-t-elle à la fois un atout et un défi pour la pastorale des vocations? 4. À quoi ressemblent ces jeunes que nous aimerions voir envisager le ministère ordonné et la vie consacrée? Quelles sont leurs valeurs et leurs croyances? 5. Comment une réflexion sur la mission de l'Église dans le contexte nordaméricain actuel peut-elle appuyer nos efforts pour renouveler la pastorale des vocations?

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Chapitresix

Les mots du Père Donald Senior évoquent le défi que nous sommes invités à relever : passer de l'actuel Congrès à des actions concrètes découlant de l'application du Plan pastoral. Il déclare à ceux et celles qui ont reçu le mandat de promouvoir les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée : "… qu'à ce moment de l'histoire de l'Église en Amérique du Nord, ils doivent être un sacrement d'espérance pour une Église blessée. Ce n'est qu'à condition de croire passionnément en l'Église et en son ministère, de croire de tout notre cœur que Dieu ne nous abandonnera pas et que Dieu va nous appeler à la vie, et à condition que cette foi et cette espérance soient bien vivantes en nous que nous pourrons parler sans gêne ou sans hésitation aux jeunes chrétiens qui se sentent appelés par Dieu à porter l'Évangile au monde. Ce n'est qu'en puisant à nos meilleurs idéaux et à notre foi la plus profonde que nous serons dignes de cette jeune génération de chrétiens qui aspirent à vivre une vie de sainteté."

3e partie : discussion du Plan pastoral Participants / Délégués au Congrès En gardant le regard fixé sur l'"option préférentielle pour les jeunes", le Congrès a invité l'Église en Amérique du Nord à adopter une approche en cinq points pour susciter une véritable "culture de la vocation". Les cinq activités privilégiées sont : prier, évangéliser, expérimenter, accompagner et inviter. Relisez-les telles que les propose le Chapitre 4 du Plan pastoral, en notant spécialement les suggestions concrètes susceptibles de favoriser ces approches. Puis à propos de chacune des cinq approches, demandez-vous: • Quelles sont les suggestions concrètes auxquelles notre groupe ou notre organisme peut donner suite? • Que devrons-nous faire pour qu'elles se réalisent? • Quels obstacles devons-nous prévoir et comment pourrions-nous les contourner ou les surmonter?

4 e partie : questions adressées à des organismes ou à des groupes particuliers Le chapitre 5 du Plan pastoral donne une liste de questions compilées par chacun des groupes présents au Congrès : jeunes adultes, parents, pasteurs, diacres, éducateurs, agents de pastorale jeunesse, théologiens, évêques, supérieurs majeurs, religieux, et autres personnes consacrées, responsables de la pastorale des vocations, formateurs, associations laïques pour les vocations et plusieurs autres. Votre travail consiste à: • Étudier les questions qui concernent votre groupe. • Laisser à chaque participant un temps de réflexion en silence pour choisir les trois questions qui lui paraissent prioritaires en vue d'un plan d'action. • Dresser la liste des réponses des participants. • Retenir en priorité les trois questions les plus importantes avec les raisons pour lesquelles chacun pense que c'est par là qu'il faut commencer.

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SECTIONDEUx -Action • Échanger pour voir comment votre groupe pourrait commencer de répondre à la question. Qu'est-ce qui aiderait votre groupe à donner une réponse positive?

5 e partie : plan d’action À l'aide de la grille ci-dessous, commencez à formuler votre Plan d'action. On vous suggère de ne choisir qu'une ou deux idées pour en élaborer la mise en application. Essayez d'être aussi précis que possible et de bien cerner des objectifs prioritaires etmesurables. La grille du Plan d'action est le document de travail qui balisera l'action de votre groupe. On vous suggère de faire le point périodiquement pour vérifier le chemin parcouru. Quand des objectifs précis ont été atteints, élaborez un nouveau Plan d'action pour vous attaquer au problème suivant.

Grille du Plan d’action TÂCHE: À la lumière de votre expérience, des données recueillies lors des rencontres préparatoires et du Congrès lui-même, qu'est-ce qui vous semble être, pour vous (comme organisme, comme groupe ou personnellement) la meilleure façon de réagir pour contribuer à susciter une culture favorable aux vocations?

Description d’un Plan d’action :

Groupe cible :

Personnel / ressources nécessaires : Planification (peut impliquer d’autres groupes, personnes ou organismes) :

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Chapitresix

Mise en œuvre

Démarche : (les prochaines étapes)

Échéancier :

Coûts : (peut ne pas s’appliquer)

Évaluation du plan : (rapport d’étape, évaluation finale)

Remise du Plan d’action et résultats :

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SECTIONDEUx -Action

AnnexeA Déclarationdesjeunesadultes DéclarationdesjeunesadultesdéléguésautroisièmeCongrès continentalsurlesvocationsauministèreordonnéetàlavie consacrée Montréal, le 21 avril 2002 Pour mener à bien cette tâche, l'Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, de telle sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes et des femmes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique. (Vatican II, «Gaudium et Spes», 4a) Sept groupes de jeunes adultes, délégués au troisième Congrès continental sur les Vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord, se sont rassemblés pour considérer et pour réfléchir à la question du sens du mot " vocation ", à la réalisation de notre appel baptismal dans l'Église actuelle. Guidés par l'Esprit Saint, nous avons articulé nos désirs en tant que jeunes leaders de l'Église Catholique en Amérique du Nord, et c'est un honneur pour nous de partager les fruits de notre discussion avec vous, nos frères et soeurs en Christ, l'Église. 1. Nous voulons vivre une relation d'alliance avec notre Église. Tout ce que nous demandons à l'Église, nous allons lui offrir en retour. Nous demandons des «Toutcequenousdemandonsà prières et, en retour, nous allons prier pour l'Église. Nous désirons la sagesse et la connaissance et nous l’Église,nousallonsluioffriren allons employer ces dons pour enrichir notre Église. Nous allons rester fidèles au Christ et à l'Église en vivant retour.» pleinement notre vocation, en promouvant une culture de vie et de joie, en menant des vies pleines d'espérance et d'amour. Nous travaillons pour devenir les saints et les saintes d'aujourd'hui et pour engendrer les saints et les saintes de la génération future. Donnons-nous les ressources nécessaires afin de répondre à l'appel de Dieu! Les biens que nous demandons, nous allons aussi les donner. Voilà la relation d'alliance que nous cherchons à vivre avec Dieu et tout son peuple. 2. En tant que jeunes adultes, nous cherchons des réponses aux questions profondes habitant le fond de notre coeur. Nous désirons approfondir et perfectionner notre expérience de la prière, discerner notre vocation à la suite du Christ et intégrer tous les aspects de notre foi. Nous vous demandons de témoigner ouvertement de votre foi par votre disponibilité. Spécialement, vous qui menez une vie consacrée et servez comme ministres ordonnés, offrez-nous

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AnnexeA

un témoignage joyeux et authentique, afin que nous puissions reconnaître la passion de votre service. Invitez-nous à partager votre enthousiasme et votre amour profond du Christ et de l'Église. Offrez-nous l'occasion d'apprendre les uns des autres. Avec les bons outils, allumés par Jésus Christ, ensemble soyons un feu qui apporte de la chaleur et de la lumière au monde qui connaît le froid et des temps de noirceur. 3. Nous formons un seul corps en Jésus Christ : inspireznous par un dialogue ouvert, un dialogue où nous reconnaîtrons notre rôle et notre responsabilité devant tous. Dialoguez avec nous afin qu'ensemble nous puissions cheminer vers l'égalité, le rétablissement des blessures dues au péché et à la souffrance, et amener un renouvellement authentique. Nous désirons la transparence, le respect et l'ouverture. Nous vous prions de reconnaître les dons que nous voulons mettre en oeuvre pour bâtir avec vous, dans une vie consacrée, une communauté de foi. 4. Nous reconnaissons le leadership dont nous avons bénéficié durant ce congrès et nous remercions tous ceux et celles qui ont inspiré notre foi par leur exemple et leur fidélité. Nous vous demandons de continuer à nous encourager dans notre vocation de baptisés, que ce soit dans la vie de couple, dans le célibat ou dans la vie religieuse. Créez des équipes de discernement dans les paroisses et sur les campus universitaires ou collégiaux, formées de gens fidèles à la foi, capables de donner un appui et un encouragement aux vocations. Donneznous des guides sûrs, ouverts au dessein de Dieu pour chacun et chacune et capables d'être des figures de sagesse. Nous invitons les religieux et religieuses à partager avec nous leurs histoires personnelles et authentiques, sans exclure leurs défis et leurs joies. Nous sommes des apprentis qui se veulent réceptifs. Nous invitons les accompagnatrices et accompagnateurs spirituels à partager avec nous leurs habiletés, à nous accepter sans conditions, à nous offrir un lieu sécuritaire où nous pouvons poser nos questions et croître, et à nous conduire à approfondir notre vie spirituelle.

AnnexeA

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5. En tant que jeunes adultes, unis à la mission du Christ par notre baptême, nous vous demandons d'enrichir notre identité en nous offrant des occasions de recevoir une catéchèse significative, une formation continue et une bonne éducation. Approfondissez notre connaissance de l'histoire catholique, ainsi que des réalités actuelles de notre foi. Donnez-nous la capacité de nous approprier notre vraie identité catholique, de la réaliser par l'enseignement. Proposez-nous des défis tout au long de notre vie. Nous sommes conscients que dans une vraie communauté nous sommes tous appelés à être des leaders. Nous savons que nous sommes appelés à prendre des risques. Nous vous demandons de nous encourager et de nous donner les outils nécessaires pour prendre ces risques pour que nous devenions des leaders pour le Royaume de Dieu. Nous vous prions de nous écouter avec un coeur ouvert lorsque nous exprimons nos idées et posons nos questions. Invitez-nous à entreprendre un dialogue transparent ayant le potentiel de nous conduire plus près d'une connaissance profonde de la volonté de Dieu. 6. Comme jeunes chrétiens et chrétiennes, la célébration du côté humain de notre mission nous tient à coeur. Nous cherchons des témoins vrais et authentiques de notre foi, ceux et celles qui n'ont pas peur de se faire vulnérables pour partager leur histoire de vie, tout en parlant de leurs forces et de leurs faiblesses. Nous espérons connaître au sein de l'Église la liberté de donner de nous-mêmes, de partager notre foi et de faire connaître les désirs qui habitent notre coeur. Nous voulons entendre la voix de chacun et chacune des membres du Corps du Christ. Nous voulons nous unir comme Église, face aux questions de justice, alors qu'ensemble nous travaillons pour rendre à chaque individu sa dignité! 7. Nous désirons que l'Église porte une attention particulière aux jeunes et aux jeunes adultes en offrant des occasions de faire des rencontres de foi authentique; en particulier, qu'un temps spécial soit accordé pour la croissance spirituelle en compagnie d'un guide spirituel, soit un prêtre, un diacre, une personne consacrée ou laïque, qui saura cheminer avec le ou la jeune adulte tout au long du discernement. Nous avons soif de soutien dans notre marche de foi catholique et dans notre désir de partager cette foi avec un monde affamé de Dieu. Mais Yahvé répondit : " Ne dis pas : 'Je suis un enfant!' car vers tous ceux à qui je t'enverrai, tu iras, et tout ce que je t'ordonnerai, tu le diras. N'aie aucune crainte en leur présence car je suis avec toi pour te délivrer, oracle de Yahvé. "(Jérémie 1, 7-8)

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AnnexeA

AnnexeB MessagedupapeJean-PaulII aucongrèsnord-américainsurlesvocations Au Cardinal Jean-Claude Turcotte Archevêque de Montréal 1. À l'occasion du Congrès de Montréal sur la pastorale des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée pour notre temps, je vous adresse un salut affectueux ainsi qu'aux représentants de l'épiscopat, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs des États-Unis d'Amérique et du Canada. De grand cœur je m'unis à tous dans la prière et je forme les meilleurs vœux pour que cette rencontre soit l'occasion d'un plus grand enthousiasme et d'un plus fort engagement pour les personnes qui œuvrent dans ce secteur. Le thème du Congrès, ' Vocation : don de Dieu ', exprime bien la dimension fondamentale de la vocation sacerdotale ou religieuse, et il incite tous les participants à vivre leurs journées de rencontre dans un climat fervent, invoquant la lumière et la force de l'Esprit Saint. Il est important de se rappeler qu'une intense vie de foi dans les communautés ecclésiales et le profond renouveau spirituel auquel elles se livrent favorisent une réponse généreuse de la part de ceux qui sont appelés par Dieu au ministère sacerdotal ou à la vie consacrée. En effet, c'est avant tout la vie de prière et un climat spirituel qui rendent possible la découverte des divers appels et qui suscitent chez des croyants le désir de se donner totalement au Seigneur dans la vie sacerdotale ou dans la vie consacrée. 2. Le Congrès constitue le point d'arrivée d'un long et consciencieux parcours préparatoire, qui a concerné les Églises locales et les familles religieuses, et qui a connu ses moments les plus significatifs lors des Congrès diocésains et régionaux. Je suis sûr que ce travail intense donnera aux nombreux délégués, choisis par les diocèses et par divers organismes qui, aux États-Unis d'Amérique et au Canada, veillent à la promotion des vocations, l'occasion de se livrer à une profonde réflexion sur la vocation sacerdotale ou

AnnexeB

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religieuse à la lumière des données bibliques et des documents du Magistère. Il est plus que jamais important de situer le sacerdoce ministériel et la vie consacrée dans la perspective du mystère du Christ et de l'Église, afin de pouvoir répondre efficacement aux défis et aux problèmes qui naissent dans le contexte social et culturel actuel.

«…leshommesetles femmesdenotretemps ontsoifdelaParolede vie … »

À cette fin, le recensement de toutes les forces apostoliques qui œuvrent dans les diverses Églises locales était particulièrement opportun; ce travail constitue l'un des fruits les plus significatifs du parcours préparatoire. Les données font apparaître que certains séminaires sont en train de se remplir de candidats au sacerdoce, que telle ou telle Congrégation religieuse est riche en vocations, grâce, entre autres, à la fécondité vocationnelle de Communautés et de Mouvements ecclésiaux nés récemment.

3. Je rends grâce au Seigneur pour ces signes d'un printemps vocationnel prometteur, et je souhaite de tout coeur que le climat d'enthousiasme et de foi que l'on constate en de nombreuses Communautés ecclésiales raffermisse le désir de ceux qui sont enclins à se donner totalement au Christ pour étendre son Royaume. À propos de l'appel au sacerdoce ministériel, je voudrais souligner qu'il ne peut être considéré comme un appel entre beaucoup d'autres; en effet, de lui dépendent la réalisation et le développement de toutes les autres vocations. Le prêtre représente le Christ dans ses fonctions de Chef, de Pasteur, de Prêtre et d'Époux, et il est appelé à agir ' in persona Christi Capitis ' dans les moments les plus sacrés de son service de l'Église. Dans cette perspective, la promotion des vocations au ministère sacerdotal, ministère qui est l'un des éléments constitutifs de l'Église (cf. Pastores dabo vobis, no 16), acquiert un caractère tout à fait prioritaire. Le Seigneur continue à appeler de nombreux jeunes à ce ministère. Mais sa voix est souvent étouffée par d'autres appels qui distraient malheureusement l'esprit des jeunes, et aussi par des idées sur le sacerdoce et sur le ministère sacerdotal non conformes à la foi et à la tradition ecclésiale. Face à cela, on ressent le besoin d'une action pastorale capillaire, capable de présenter cette vocation dans son intégralité et d'offrir les aides utiles à ceux qui sont l'objet de l'invitation du Seigneur : ' Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes ' (Mc 1, 17). Il faut créer une atmosphère adaptée à ces jeunes. Il est indispensable qu'il y a ait des modèles éloquents capables de faire briller à leurs yeux la grandeur et la sublimité du sacerdoce ministériel, ainsi que le bonheur profond qu'il y a à se donner totalement au Christ pour servir l'Église. Cela les encouragera à suivre Jésus qui veut les envoyer, comme ministres des sacrements, redire ses propres paroles : ' Ceci est mon corps, ceci est mon sang ', ou encore : ' Je te pardonne tous tes péchés '. Par ailleurs, les hommes et les femmes de notre temps ont soif de la Parole de vie et réclament de bons guides sur la voie de la sainteté. Pour toutes ces raisons, la promotion de conditions adaptées à l'accueil positif de l'appel éventuel au sacerdoce constitue un devoir urgent pour tout le peuple de Dieu, spécialement pour les autorités ecclésiastiques, pour les organismes ecclésiaux et pour

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AnnexeB

les associations instituées à cette fin. En même temps, il est nécessaire que le soin des vocations au ministère sacerdotal et la formation des futurs prêtres soient confiés à des éducateurs doués des qualités indispensables pour un sérieux discernement et pour l'accompagnement des ' appelés ' au long de leur long parcours de formation. 4. Si la promotion des vocations au ministère sacerdotal est importante, il ne faut pas pour autant considérer comme moins nécessaire le soin des vocations à la vie consacrée, laquelle, sans toutefois faire partie des structures hiérarchiques de l'Église, constitue un don précieux pour la croissance et la sainteté du peuple chrétien. Le Concile Œcuménique Vatican II affirme : “ Les conseils évangéliques de chasteté vouée à Dieu, de pauvreté et d'obéissance, du fait qu'ils sont fondés sur les paroles et les exemples du Seigneur et recommandés par les apôtres, les pères et par les docteurs et pasteurs de l'Église, sont un don divin, que l'Église a reçu de son Seigneur et que, par sa grâce, elle conserve toujours ” (Lumen gentium, no 43). Les personnes consacrées rendent visibles les biens futurs et elles attestent la vie nouvelle et éternelle acquise par la rédemption du Christ. En outre, elles sont appelées à imiter plus fidèlement et à représenter continuellement dans l'Église la forme de vie que le Fils de Dieu a prise en s'incarnant (cf. Ibid, no 44). Notre monde, notamment la jeunesse, a besoin de témoins et de modèles d'une vie profondément réussie dans la consécration à Dieu. Non seulement les ministres ordinaires mais aussi les personnes consacrées ont donc, bien qu'à des titres différents, une mission particulière à accomplir pour le bien de tous. Il n'est pas inutile de redire ici ce que je rappelais dans l'Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata, à savoir que ' le problème des vocations est un véritable défi, lancé directement aux Instituts, mais qui implique toute l'Église '. Il faut avoir foi dans le Seigneur Jésus qui continue à appeler à sa suite, et se confier à l'Esprit Saint, auteur et inspirateur des charismes de la vie consacrée.' Hormis la promotion de la prière pour les vocations, il est urgent d'encourager fortement, par une annonce explicite et par une catéchèse adaptée, ceux qui sont appelés à la vie consacrée pour qu'ils donnent une réponse libre, mais prompte et généreuse, qui rend opérante la grâce de la vocation ' (no 64). 5. Seule une communauté chrétienne plus engagée dans la voie de la sainteté et plus déterminée à affirmer la primauté du surnaturel et à reconnaître dans la liturgie ' le sommet et la source ' de toute œuvre apostolique sera capable de susciter le désir et la joie de s'offrir totalement au Seigneur et de cultiver les germes de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, que Jésus continue à semer dans le cœur de tant de garçons et de filles.

«…heureusement,les appelsdivinsne manquentpas. »

Formant le vœu que le Congrès représente un moment spécial de grâce pour les Églises des États-Unis d'Amérique et du Canada, et qu'il voie fleurir un nouveau printemps vocationnel, je prie pour qu'il contribue aussi à la croissance de la sainteté de tous les fidèles. Le logo du Congrès, le Semeur qui sème à pleine main (cf. Mt 13, 3-9, 18-23), rappelle que, heureusement, les appels divins ne manquent pas. Encore faut-il que le grain tombe sur la bonne terre, c'est-à-dire dans des cœurs disposés à répondre avec

AnnexeB

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générosité à l'invitation de Jésus. La tâche de chaque Église est donc de préparer un tel terrain humain, capable de produire des fruits abondants. Je ne saurais conclure ce message sans tourner mon regard vers la Journée mondiale de la Jeunesse, qui sera célébrée à Toronto en juillet prochain et à laquelle on se prépare activement dans toutes les Églises. Puisse cet événement extraordinaire aider les jeunes à se mettre à l'écoute du Seigneur, qui les appelle à servir avec une générosité toujours plus vive la cause du Royaume! Dans ces sentiments, je confie les travaux et les projets du Congrès à l'intercession maternelle de Marie, Mater Ecclesiae et Regina Apostolorum, et j'envoie de tout cœur à chacun une Bénédiction apostolique spéciale. Du Vatican, le 12 avril 2002.

JOANNES PAULUS II

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AnnexeC Comité d’organisation du Congrès LetroisièmeCongrèscontinentalsurlesvocations auxministèresordonnésetàlavieconsacréeenAmériquedunord ConvoquéparlepapeJean-PaulIIettenu àl’hôtelFairmontReineElizabeth Montréal,Québec 18au21avril,2002

Conseillers épiscopaux

Coprésidents

Mgr Roger L. Schwietz, o.m.i. (Anchorage, AK) Archevêque d’Anchorage, Alaska Président, Secrétariat pour les vocations et la formation des prêtres, USCCB

M. l’abbé Edward J. Burns (Washington, DC) Prêtre du diocèse de Pittsburgh Directeur, Secrétariat pour les vocations et la formation des prêtres, USCCB Coprésident du congrès (E.U.)

Mgr Richard J. Grecco (Barrie, ON) Evêque auxiliaire de Toronto, ON

M. l’abbé Raymond Lafontaine (Montréal, QC) Prêtre de l’archidiocèse de Montréal Aumônier et professeur de théologie Université Concordia Coprésident du congrès (Canada)

Mgr André Rivest (Montréal, QC) Évêque auxiliaire de Montréal, QC

AnnexeC

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Comité exécutif Sr Catherine Bertrand, S.S.N.D. (Chicago, IL) Soeur des écoles de Notre-Dame Directrice, Conférence nationale des vocations religieuses (E.U.) Présidente du comité du programme M. l’abbé Paul Boily (Montréal, QC) Prêtre de l’archidiocèse de Sherbrooke Directeur de l’Office national de liturgie, CECC Président du comité de liturgie M. Allan Calvert (Ancaster, ON) Laïc marié Adjoint au directeur de l’éducaiton Conseil catholique d’HamiltonWentworth Président de Serra International, Conseil canadien Président du comité de logistique Mme Dorothy Foss (Little River, NC) Laîque mariée Directrice, Conférence nationale des directeurs diocésains des vocations (E.U.) Membre du comité du programme

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Sr Cécile Gagné, r.h.s.j. (Montréal, QC) Religieuse hospitalière de Saint-Joseph Directrice, Le Centre vocationnel de Montréal Membre du comité du programme et présidente du sous-comité des jeunes adultes Sr Barbara Gooding, RSM (Washington, DC) Religieuse des Sisters of Mercy of Alma Présidente de la Conférence des supérieures majeures des communautés de soeurs (E.U.) Membre du comité de documentation M. l’abbé Julien Guillot (Québec, QC) Prêtre et directeur des vocations de l’archidiocèse de Québec Président de l’Association des directrices et directeurs diocésains de la pastorale des vocations Président du comité des communications

AnnexeC

Sr Susan Kidd, c.n.d. (Toronto, ON) Religieuse et directrice des vocations de la Congrégation Notre-Dame Représentante de l’Association nationale des directeurs des vocations et de la formation (Canada) Membre des comités du programme et de la documentation M. William Kokesch (Pointe Claire, QC) Diacre de l’archidiocèse de Montréal Directeur des communications, CECC Membre du comité des communications M. l’abbé William Kubacki (Toledo, OH) Prêtre et directeur des vocations du diocèse de Toledo Président sortant, Conférence nationale des directeurs diocésains des vocations (E.U.) Président du comité des congrès diocésains et régionaux Sr Patricia McDermott, r.s.m. Religieuse des Soeurs de la miséricorde des Amériques Représentante du Leadership Conference of Women Religious (E.U.) Membre du comité du programme F. James McVeigh, o.s.f. (Brooklyn, NY) Frère franciscain et directeur des vocations Membre du bureau de direction, Conférence nationale des vocations religieuses (E.U.) Membre du comité du programme P. Richard Renshaw, c.s.c., (Ottawa, ON) Prêtre de la congrégation de Sainte-Croix Secrétaire général associé Conférence religieuse canadienne Membre du comité de documentation r D Patricia Skarda (Northampton, MA) Membre de l’Institut séculier Caritas Christi Professeur d’anglais, Smith College Présidente du comité de documentation

AnnexeC

Mme Renée Stevens (Huntsville, ON) (voir livret de la Conférence) M. Wilfrid Wilkinson Laïc marié Président, Club Rotary Fondation Internationale Président du comité des finances et du financement

Membres des comités Mme Ann-Marie M. Anderson (Communications) M. l’abbé Len Altilia, s.j. (Atelier) Mgr Gregory M. Aymond (Programme, Atelier) M. Kevin Axe (Congrès diocésains/régionaux) F. Paul Bednarcyk, c.s.c. (Atelier) P. Daniel Cadrin, o.p. (Atelier) M. l’abbé Raymond Carey (Atelier) P. Bernard Carrière, o.m.i. (Atelier) Mgr Thomas Collins (Programme) M. Bernie Cossentino (Liturgie) Sr Lisette Ducharme, ss.cc.j.m. (Documentation, Atelier) M. l’abbé Pascal Ducharme (Liturgie) Mme Hélène Dugal (Liturgie) Mgr Paul-André Durocher (Liturgie) Sr Martha Fauteux, S.S.N.D. (Congrès diocésains/régionaux) Sr Ileana Fernandezs, c.s.j. (Atelier) Sr Toyleen Fook, s.p. (Programme) M. l’abbé Mark Gatto (Congrès diocésains/régionaux) Mgr Richard Garcia (Atelier) M. l’abbé Robert Harris (Liturgie)

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M. l’abbé Brian Hughes (Programme, Atelier) M. l’abbé David Hulshof (Atelier) Mme Simone Huneault (Atelier) M. Kenneth Korotsky (Finance) Sr Barbara Kraemer, o.s.f. (Documentation, Atelier) M. l’abbé Daniel J. Kutys (Documentation) Mme Julie Lafontaine (Liturgie) M. l’abbé Gérald Langevin (Congrès diocésains/régionaux) Mme Deanna Light (Liturgie) Mme Hélène Lussier (Logistique) M. Benoit Marineau (Liturgie) Sr Amédée Maxwell, S.B.S. (Programme, Atelier) M. George Newman (Atelier) April et Robert O’Donoughue (Logistique) Mme Dolores Orzel (Communications) M. Richard J. Osicki (Communications) Mme Micheline Paré (Logistique) Sr Mary Pellegrino, c.s.j. (Atelier) P. Xavier Perna (Liturgie)

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Sr Diane Poplawski, o.p. (Atelier) Mme Julie Racine (Congrès diocésains/régionaux) M. l’abbé John Regan (Atelier) Sr Deanna Sabetta, c.n.d. (Atelier) M. Sylvain Salvas (Communications) Sr Louise Stafford, f.s.p. (Communications) Mme Renée Stevens (Facilitatrice, Programme) M. Jason Straczewski (Logistique) Monseigneur John J. Strynkowski (Documentation) M. l’abbé André Tiphane (Congrès diocésains/régionaux) Sr Maryanne Tracey, s.c. (Congrès diocésains/régionaux) Sr Carol Tropiano, r.s.m. (Programme) M. l’abbé Carlos Valesquez (Programme) F. Rick van Lier, o.p. (Documentation) Sr Mary Ann Walsh, r.s.m. (Communications)

AnnexeC

Conférenciers

Invités du Saint-Siège

Sr Marie Chin, r.s.m.

Card. Zenon Grocholewski, préfet Congrégation pour l’éducation catholique

Sr Mary Johnson, SNDdeN. P. Donald Senior, c.p. P. Ronald Rolheiser, o.m.i. M. l’abbé Gilles Routhier

Célébrants Son Éminence le Cardinal JeanClaude Turcotte Mgr Jacques Berthelet, c.s.v. Mgr Wilton D. Gregory

Mgr Giuseppe Pittau, s.j. Secrétaire, Congrégation pour l’éducation catholique Mgr Piergiorgio Silvano Nesti, c.p. Secrétaire, Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique P. Amedeo Cencini, F.d.C.C. Membre de P.O.V.E. P. Eusebio Hernandez, O.A.R. Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique

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On trouvera à l’annexe C le nom des membres du comité exécutif. Renvoyer au chapitre portant sur l’historique dans les Actes du Congrès. Gaudium et Spes, 4 Parce que le Mexique avait participé directement au Congrès latino-américain de 1994 et parce que, sur les plans linguistique, historique, économique et culturel, la situation du Mexique est plus proche de celle de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud que ce celle de ses voisins du Nord, il fut décidé que le Congrès nord-américain porterait sur l’expérience du Canada et des États-Unis. Cependant, comme l’ont fait remarquer plusieurs délégués au Congrès, l’augmentation rapide de la population catholique de langue espagnole aux États-Unis et au Canada devrait stimuler la collaboration et la solidarité entre nous et nos frères et sœurs du Mexique, voire de toute l’Amérique latine. Ron Rolheiser, o.m.i., «Vocations: the Cultural, Biblical, and Ecclesial Moment», le 19 Avril 2002. Marie Chin, r.s.m., «Many More Miles Before We Sleep: Culture, Our Sacred Dwelling Place», le 20 avril 2002. M. l’abbé Gilles Routhier, «Le renouveau de la mission, condition du réveil des vocations», le 21 avril 2002. Mary Johnson S.N.D.de N., «A Portrait of Young Adult Catholics: Their Hope and Promise», le 20 avril 2002. Voir aussi D. Hoge, M. Johnson et al., Young Adult Catholics: Religion in the Culture of Choice, Notre Dame IN, U. of Notre Dame Press, 2001. Annexe A : Déclaration des jeunes adultes, le 21 avril 2002. Bilan établi à partir de la compilation des recommandations des délégués, dressée par Mme. Julie Racine, M. l’abbé André Tiphane et Sœur Monica Mary De Quardo, le 21 avril 2002. Voir les documents publiés au terme de ces deux Congrès: Pastoral Strategy for Vocations in the Continent of Hope (23-27 mai 1994: Itaici-Sao Paulo, Brésil) et In verbo tuo … New Vocations for a New Europe (5-10 mai 1997, Rome, Italie) Référence à Christifideles Laici, Pastores Dabo Vobis, Vita Consecrata. Donald Senior, c.p., «Come, Follow Me: Foundations for the Christian Vocations of Ordained Ministry and Consecrated Life», le 19 avril 2002. Documents de Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes, 4. «Vous êtes jeunes, et le Pape est vieux et un peu fatigué. Mais il s’identifie quand même pleinement à vos espoirs et à vos aspirations.» (Homélie de la messe papale, 17e Journée mondiale de la Jeunesse, Toronto, le 28 juillet 2002) Géographiquement parlant, l’Amérique du Nord comprend évidemment le Mexique – comme l’ont fait remarquer bon nombre de délégués et d’observateurs. Le choix de se concentrer sur le Canada et les États-Unis est expliqué à la note 4 du Chapitre 1. Rolheiser, “Vocations: the Cultural, Ecclesial and Biblical Moment”. Voir Hoge, Dinges, Johnson et Gonzalez, Young Adult Catholics: Religion in the Culture of Choice (U. of Notre Dame, 2001); Tom Beaudoin, Virtual Faith; Howe et Strauss, The Millennials; Reginald Bibby, Teen Trends: A Nation in Motion. Pour trouver un rapport complet sur ces données, analysées par Kevin Ax de Chicago (États-Unis et Canada anglais) et Julie Racine de Gatineau, QC (Canada français), se reporter aux Actes du Congrès. Les conclusions ont été présentées au Congrès le 19 avril 2002 par Sœur Catherine Bertrand S.S.N.D., Sœur Cécile Gagné r.h.s.j., Sœur Susan Kidd c.n.d., Monsieur l’abbé William Kubacki et Madame Renée Stevens. Ce jugement négatif fait écho à celui du Congrès européen sur les vocations de 1997, qui caractérise la culture où baignent les jeunes Européens de «pluraliste et ambivalente, ‘polythéiste’ et neutre»: l’importance accordée à la réussite et à la réalisation de soi exclut souvent l’horizon de l’au-delà de soi et du don de soi, et le désir de liberté personnelle dégénère souvent en subjectivisme et en arbitraire. Même si on peut y relever des éléments positifs de générosité et d’engagement, il se dégage une mentalité «anti-vocationnelle» telle que «le

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modèle anthropologique dominant semble être celui de ‘l’homme sans vocation’». New Vocations for a New Europe : 14-17. Rolheiser, page 3. Déclaration des jeunes adultes, le 21 avril 2002, n° 2. Marie Chin, r.s.m., page 9. Cardinal Zenon Grocholewski, le 18 avril 2002. Mgr Wilton Gregory, Homélie en la basilique St-Patrick, le 19 avril 2002. New Vocations for a New Europe, page 16. Chin. Rolheiser, qui cite Kathleen Norris, page 1. Chin, page 8. «C’est cette ouverture radicale de la contemplation qui nous révélera la vérité, frères et sœurs: le monde qui nous entoure n’est pas un monde blanc et monolithique; c’est un monde extrêmement multiculturel, où l’auto-révélation de Dieu se produit à tout moment.» (Chin, page 9) «Mais nous portons encore et toujours une semence d’espérance – le christianisme est notre enfant. Nous ne sommes pas du tout post-chrétiens. Et ce n’est pas que nous nous contentions d’accrocher des ornements chrétiens. Notre réalité – la fibre profonde, structurelle, morale et religieuse de notre génération est toujours chrétienne. Il y a de profondes réalités morales en nous qui nous viennent de 2000 ans de compréhension de la Crucifixion.» (Rolheiser, page 2) Senior, «Come Follow Me», page 10. Rolheiser, «Vocations», page 2. Senior, pages 9-10. Senior, page 10. Chin, page 6. Inspiré par quatre images bibliques (Jr 29; Mt 15,21-28; Lc 24,13-49) suggérées par R. Rolheiser. NCCB, 1998. S.S. le pape Jean-Paul II, Homélie, messe de clôture de la Journée mondiale de la Jeunesse, le 28 juillet 2002. Ce qui a été très souvent le cas des vocations au diaconat permanent; c’est aussi un élément important de l’expérience récente de plusieurs instituts séculiers et communautés religieuses féminines. Sur la Génération X, voir Reginald Bibby, Teen Trends: A Nation in Motion (Toronto, Stoddard, 1992); Tom Beaudoin, Virtual Faith: The Irreverent Spiritual Quest of Generation X (San Francisco, Josey-Bass, 1998). Sur la Génération du Millénaire, voir surtout Neil Howe et William Strauss, Millennials Rising: The Next Great Generation (New York, Vintage Books, 2000); Don Tapscott, Growing Up Digital: the Rise of the Net Generation (New York, McGraw Hill, 1998); Reginald Bibby, Canada’s Teens: today, Yesterday, and Tomorrow (Toronto, Stoddard, 2001). À cet égard, la description de la situation des jeunes adultes lors du Congrès européen des vocations ne manque pas de pertinence: «D’un côté, ils cherchent passionnément l’authenticité, l’affection, les rapports personnels, la grandeur d’horizons, mais, de l’autre, ils sont profondément seuls, « blessés » par le bienêtre, déçus par les idéologies, perdus par la désorientation éthique.» De l’autre, «ils ont une nostalgie de la liberté et cherchent la vérité, la spiritualité, l’authenticité, l’originalité personnelle et la transparence, qui nourrissent en même temps un désir d’amitié et de réciprocité », qui cherchent de « la compagnie et veulent construire une nouvelle société fondée sur des valeurs comme la paix, la justice, le respect de l’environnement, l’attention envers les diversités, la solidarité, le volontariat et l’égale dignité de la femme.». (NVNE: 17-18) «A Portrait of Young Adult Catholics: Their Hope and Promise», le 20 avril 2002. Les conclusions se fondent sur une enquête approfondie menée par Dean R. Hoge, William Dinges, Mary Johnson S.N.D.deN., et Juan L. Gonzales: Young Adult Catholics: Religion in the Culture of Choice, Notre Dame, IN, U. of Notre Dame Press, 2001.

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«Pour nombre de jeunes adultes, le catholicisme est moins une communauté de disciples qu’une trousse culturelle de produits symboliques religieux/spirituels à laquelle on peut avoir recours pour se construire une identité religieuse personnelle.» (Young Adult Catholics, page 226.) Déclaration des jeunes adultes, le 21 avril 2002, n° 2. Johnson, page 3; Young Adult Catholics, page 236. Déclaration des jeunes adultes, n° 5. Gilles Routhier, Renouveau de la Mission: Condition d’un réveil vocationnel, le 21 avril 2002, pages 13-14. M. Chin, Many Miles to Go, page 9. S.S. le pape Jean-Paul II, Pastores dabo vobis, n° 1. Document de travail pour le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée, Instrumentum Laboris (ci-après IL), page 15. NVNE, III, 27, d. Le document européen signale les grands principes que voici pour la pastorale des vocations: elle est «graduelle et convergente, à la fois générale et spécifique, universelle et permanente, personnelle et communautaire»; en outre, elle confère à toute la pastorale «une perspective unitaire et de synthèse», 57-65. D’après Donald Senior c.p., “Come, Follow Me: Foundations for the Christian Vocation of Ordained Ministry and Consecrated Life,” le 19 avril 2002. Origins. NVNE, page 64. Senior, page 6. Mgr Giuseppe Pittau, s.j.: «Time of Crisis, Time of Opportunity», le 21 avril 2002, page 3. NVNE, n° 19c. S.S. le pape Jean-Paul II, Message pour 39e JMPV, n° 2. Cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la Sacrée Congrégation pour l’Éducation catholique, «The Identity of Ministerial Priesthood and the Promotion of Vocations», page 4 (citation de Novo Millennio Ineunte, 57). Christifideles laici (1988); Pastores dabo vobis (1992), Vita consecrata (1996). Il vaut la peine de relever que les trois premiers congrès continentaux sur les vocations ont vu s’élargir graduellement la portée de la discussion sur les «vocations de consécration spéciale»: «vocations sacerdotales et religieuses» en Amérique latine (1994), «vocations au sacerdoce et à la vie consacrée» en Europe (1997) et enfin «vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée» en Amérique du Nord (2002). Jean-Paul II, Lettre au cardinal Turcotte, le 12 avril 2002, page 2. Senior, page 9. IL, page 26. S.S. le pape Jean-Paul II, Lettre au cardinal Turcotte, le 12 avril 2002, n° 4. IL, page 19, qui cite S. Schneiders, I.H.M., Religious Life in a New Millennium (2000): 324-27. S.S. le pape Jean-Paul II, Vita consecrata, n° 104, cité dans IL, page 19. Vita consecrata, 3. Le Catéchisme de l’Église catholique, 917, à partir de Lumen Gentium, 43. Senior, 9-10. S.S. le pape Jean-Paul II, JMPV, 8 septembre 2001, n° 3. Tiré de l’Osservatore Romano , 15 février 2002, page 5; cité par D. Senior, page 10; voir aussi l’allocution du cardinal Card. Z. Grocholewski, page 7. S.S. le pape Jean-Paul II, Message pour la 39e JMPV, n° 2. Voir NVNE, n° 22a, pages 46-47: «Le ministère ordonné et les vocations dans la réciprocité de la communion». Mgr Giuseppe Pittau, s.j., le 21 avril 2002, page 1. Donald Senior, «Come and See». page 7. Voir partie IV, New Vocations for a New Europe, pages 81-105, et tout particulièrement les pages 82-85.

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Voir les Actes: «Rapport sommaire des données recueillies lors des congrès diocésains et régionaux de préparation au troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord» S.S. le pape Jean-Paul II, Message pour la 39e JMPV, le 8 septembre 2001, n° 4. Ibid., n° 4. Rolheiser, le 19 avril 2002, page 13. M. Johnson, le 20 avril 2002, page 3. Johnson, page 5. NVNE 16c, page 33. Ces quatre éléments sont présentés dans le document final du Congrès européen comme des «itinéraires pastoraux de vocation» essentiels. (NVNE, n° 27, pages 65-71) NVNE, n° 28, page 72. Déclaration des jeunes adultes, n° 2. Mary Johnson, page 4. Déclaration des jeunes adultes, n° 3. Mary Johnson, page 5. NVNE, n° 27c, pages 69-70. «Ceux qui vivent avec attention et générosité le témoignage de la foi ne tarderont pas à saisir le projet de Dieu sur eux pour se consacrer à sa réalisation avec toutes leurs énergies.» (NVNE, n° 27d, page 70) Homélie papale, Toronto, le 28 juillet 2002. Déclaration des jeunes adultes, n° 2. Ibid., n° 2. Ibid., n° 4. Sean Sammon F.M.S., “Last Call for Religious Life”, Human Development. NVNE, n° 32-37, pages 82-105. NVNE, n° 32, page 82. Mgr Wilton Gregory, homélie, le 19 avril 2002. NVNE, n° 37, page 100.

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TABLEDESMATIÈRESDÉTAILLÉE LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA CECC, Mgr Jacques Berthelet, c.s.v., . . . . . . . . . . . 4 LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA USCCB, Mgr Wilton D. Gregory . . . . . . . . . . . . . . 5

SECTION UN LESFONDEMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 CHAPITRE 1 «NOTRE CŒUR N’ÉTAIT-IL PAS BRÛLANT EN NOUS?» L’HISTOIRE DU CONGRÈS NORD-AMÉRICAIN DE 2002 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Une histoire digne d’être racontée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Les gens au cœur de l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 L’endroit et le moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Les jeunes et jeunes adultes : «une option préférentielle» . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Les délégués : principales recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 La genèse du Plan pastoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Le Congrès et l’Église universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 CHAPITRE 2 «LE CHAMP, C’EST LE MONDE.» LES VOCATIONS DANS LE CONTEXTE DE LA SOCIÉTÉ NORD-AMÉRICAINE . . . .20 Connaissance du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Facteurs historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Une réalité complexe et diversifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Les congrès diocésains/régionaux : principales conclusions . . . . . . . . . . . . . . 23 Facteurs positifs et négatifs dans la culture nord-américaine . . . . . . . . . . . . . 23 Église et culture : un engagement critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Pluralisme, liberté, subjectivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 La pastorale des vocations en contexte de scandale et de «défaveur» . . . . . . 28 La jeunesse et les jeunes adultes catholiques, un signe d’espérance? . . . . . . 32 La Journée mondiale de la Jeunesse : moment vocationnel . . . . . . . . . . 32 Des études récentes : «génération du millénaire» et «génération X» . . . . . 33 Les jeunes adultes catholiques : identité, spiritualité, communauté, mission . . . 34 Jeunesse, mission, leadership et audace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 CHAPITRE 3 «JÉSUS LEUR EXPLIQUA, DANS TOUTE L’ÉCRITURE, CE QUI LE CONCERNAIT.» FONDEMENTS BIBLIQUES ET THÉOLOGIQUES DE LA PASTORALE DES VOCATIONS . . 41 Préambule : la vertu d’espérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Un postulat central : l’appel du Dieu d’amour est universel . . . . . . . . . . . . . . 42 Fondements bibliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

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Fondements théologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Fondements ecclésiologiques : «Dans l’Église et le monde, pour l’Église et le monde» . . . . . . . . . . . . . . 46 Les vocations particulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Vocations au ministère ordonné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Les diacres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Les prêtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Les évêques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 La vie consacrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Le mariage et la vie familiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Le célibat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Les vocations dans «la réciprocité de la communion» : harmoniser les vocations laïques, consacrées et ordonnées . . . . . . . . . . 55 Un espoir pour la route . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

SECTION DEUX ACTION ............................................................ 59 CHAPITRE 4 «JÉSUS LUI-MÊME S’APPROCHA, ET IL MARCHAIT AVEC EUX.» CINQ PRIORITÉS PASTORALES PRIER, ÉVANGÉLISER, EXPÉRIMENTER, ACCOMPAGNER, INVITER . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Susciter une «culture de la vocation» et une «option préférentielle pour les jeunes» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Cinq priorités pour l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 1. Prier : la sainteté, la conversion, le culte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 2. Évangéliser : l’enseignement, la formation, la catéchèse . . . . . . . . . . . 66 3. Expérimenter : le culte, la communauté, le service, le témoignage . . . . . . . . 70 La liturgie et la prière (leiturgia) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 La communion ecclésiale (koinonia) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Le service et la charité (diakonia) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Le témoignage et la proclamation (martyria, kerygma). . . . . . . . . . . 77 4. Accompagner : l’accompagnateur, le guide, le modèle, le témoin . . . 79 5. Inviter : le discernement. le choix, l’engagement . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 «Semer» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 «Accompagner» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 «Éduquer» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 «Former» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 «Discerner» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Conclusion : les vocations et la mission de l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

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CHAPITRE 5 «À L’INSTANT MÊME, ILS SE LEVÈRENT ET RETOURNÈRENT À JÉRUSALEM.» PLAN D’ACTION PASTORAL PRÉCIS : SUGGESTIONS PRATIQUES . . . . . . . . . . . 90 Invitation à tout le Peuple de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Questions adressées à l’Église en Amérique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Aux évêques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Aux aux supérieurs majeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Aux prêtres en paroisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Aux diacres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Aux instituts séculiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Aux religieuses et aux religieux frères et prêtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Aux jeunes adultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 Aux éducatrices et aux éducateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Aux parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Aux responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations . . . 98 Aux directrices et aux directeurs de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Aux agents de pastorale scolaire et universitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Aux animatrices et aux animateurs jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Aux séminaristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Aux jeunes religieuses et religieux (novices, professes et profès temporaires) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Aux Serrans, Chevaliers de Colomb et autres organismes laïcs . . . . . 102 Aux nouveaux mouvements ecclésiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Aux communicatrices, aux communicateurs et spécialistes des médias . . . 103 Aux paroissiennes et aux paroissiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 CHAPITRE 6

«ILS L’AVAIENT RECONNU QUAND IL AVAIT ROMPU LE PAIN.» . . . . . . . . . . . 106 Guide d’animation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Lettre d’invitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Ordre du jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 1re partie : prière d’ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Appel à la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Prière d’ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Réflexion en silence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Chant : En mission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 2e partie : survol du Plan pastoral — sa genèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 L’histoire du congrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Les rencontres régionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Le congrès continental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 3e partie : discussion du Plan pastoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

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4e partie : questions adressées à des groupes/organismes particuliers . . . . . 113 5e partie : plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Grille du Plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Description du Plan d’action: Groupe cible Personnel / ressources nécessaires Planification (peut impliquer d’autres groupes, personnes ou organismes) Mise en œuvre Démarche (les prochaines étapes) Échéancier Coûts (peut ne pas s’appliquer) Évaluation du plan (rapport d’étape, évaluation finale) Remise du Plan d’action et résultats ANNEXE A : Déclaration des jeunes adultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 ANNEXE B : Message du pape Jean-Paul II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 ANNEXE C : Comité d’organisation du Congrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 NOTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

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Conversion Discernement Mission – Susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord

Conversion Discernement Mission Susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord Réflexion et guide d’action pratique à l’usage des évêques, supérieurs majeurs, prêtres en paroisse, diacres, religieux, jeunes adultes, éducateurs, parents, responsables des vocations, aumôniers universitaires, agents de pastorale scolaire, séminaristes, jeunes religieux, Serrans, Chevaliers de Colomb, groupes de femmes, autres mouvements

CECC

laïcs, communicateurs et médias, directeurs de formation, nouveaux mouvements ecclésiaux, instituts séculiers et de quiconque est convaincu que les vocations peuvent faire la différence.