Principes directeurs pour le développement optimal du joueur de hockey junior

Avis soumis à l’attention de la Ligue de hockey junior majeur du Québec par la Commission technique

21 novembre 2012

LHJMQ Introduction Le présent avis s’inscrit dans les constats et les recommandations qui firent suite au Sommet du hockey québécois tenu à Montréal les 26 et 27 août 2011 sur le thème « Les défis du développement du hockey au Québec ». Cet événement, novateur à plusieurs égards, réunissait pour la première fois les intervenants de tous les organismes associés à l’encadrement des joueurs de hockey ; du débutant au professionnel. Les principaux sujets abordés à cette occasion gravitaient autour de quatre grandes problématiques soient : * Le développement à long terme du joueur de hockey au Québec ; * Le programme d’excellence et les opportunités de développement des joueurs de 16 ans et plus; * Le comportement et l’attitude sécuritaire au hockey ; * Le recrutement et la rétention des joueurs. À plusieurs égards, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) était partie prenante de ce sommet sur le hockey, car elle représente une étape cruciale dans le processus de formation d’un joueur de hockey. Après avoir participé activement au sommet sur le hockey et mis en perspective les recommandations qui en émanèrent, une des premières actions de la LHJMQ a été d’instaurer une commission technique (CT) agissant à titre d’organisme-conseil. Le mandat confié à la commission technique porte sur l’étude des problématiques reliées à la formation et à l’encadrement des joueurs de hockey junior. Plus spécifiquement, la CT prépare des avis, identifie des pistes d’action, élabore des outils concrets pour assurer le développement intégral et optimal des joueurs de hockey d’âge junior. Elle peut également répondre à des demandes particulières formulées par les équipes ou la direction de la LHJMQ. Dans un premier temps, les membres de la CT ont jugé opportun de définir les principes directeurs à respecter dans la formation de tout joueur de hockey résolument engagé dans la filière d’accès à une carrière professionnelle. Les principes directeurs ne doivent pas être perçus comme des « notions abstraites » ou des « vœux pieux », car ils constituent des représentations indispensables pour améliorer les programmes en place et pour instaurer des actions novatrices. Somme toute, ces principes directeurs ont pour but de créer une vision commune qui guidera les décisions, provoquera le changement, garantira la cohérence et enfin orientera dans son ensemble le processus d’encadrement du joueur de hockey tout au Commission Technique

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LHJMQ cours de son stage au sein de la LHJMQ. Qu’entend-on par « développement » ? La notion du « développement » d’un athlète de haut niveau est polysémique du fait qu’elle ne fait pas l’objet d’une définition consensuelle et qu’elle peut être envisagée sous différents angles. Dans le présent avis, le développement fait référence au processus méthodiquement appliqué dans le dessein de favoriser l’optimisation du plein potentiel sportif. Ce concept prend également en compte la notion d’évolution en ce sens que les interventions et les actions préconisées doivent être constamment révisées de manière à mettre à niveau les façons de faire. En effet, il est essentiel d’adapter autant le contenu que la démarche en fonction des réalités du milieu et de l’émergence de nouvelles connaissances concernant la préparation à la performance sportive. La notion de développement s’inscrit également dans un processus systématique à long terme qui prend en considération l’ensemble des déterminants physiques, physiologiques, psychologiques, sociaux, techniques et tactiques qui influencent la performance sportive. Le stage dans la LHJMQ : une période charnière du développement du talent La formation d’un athlète de haut niveau est un long et exigeant processus. Règle générale, c’est vers l’âge de 12-13 ans qu’un jeune joueur de hockey peut intégrer un programme axé sur l’excellence. Toutefois, c’est durant son stage dans la LHJMQ, soit entre l’âge de 16 à 20 ans, que se décide généralement l’avenir sportif du joueur de hockey. En effet, c’est durant cette période de temps que le joueur pourra être sélectionné pour faire partie d’une équipe nationale ou être repêché par une équipe professionnelle de hockey. C’est également durant cette étape sportive que les exigences combinées de l’entraînement, de l’apprentissage, de la compétition et de l’insertion sociale sont à leur apogée. Tout au long de son stage dans la LHJMQ, le joueur est donc confronté à relever de nombreux défis pour satisfaire les exigences du sport de haut niveau, ce qui requiert indéniablement un collectif d’encadrement concerté pour l’accompagner dans son cheminement personnel et d’athlète. Principes directeurs Pour obtenir les résultats escomptés, il s’impose de respecter des principes fondamentaux qui précisent les grandes lignes des interventions auprès des athlètes. Ces principes directeurs constituent des repères conceptuels sur lesquels s’appuie le programme de formation du joueur de hockey. C’est également sur la base de ces principes que les membres de la commission technique fondent leur réflexion pour formuler des recommandations aux autorités de la LHJMQ.

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* Principe : Appliquer une approche systémique Il n’y a pas de place pour l’improvisation, la demi-mesure ou l’erreur dans la formation d’un athlète de haut niveau. Tout doit être soigneusement planifié et bien défini pour éviter les écueils d’un long et exigeant parcours sportif. Pour espérer exceller au hockey, plusieurs variables doivent être prises en compte. En effet, le joueur doit non seulement posséder les capacités et les qualités requises, mais il doit aussi profiter d’un environnement favorable qui prend en compte les exigences et les besoins spécifiques de chaque étape de développement. Il faut également un peu de chance pour éviter certaines erreurs de parcours et réussir à composer avec divers impondérables pour être en mesure de réaliser, au moment opportun, une performance optimale. * Principe : Miser sur la qualité de l’encadrement D’emblée, la commission technique reconnaît les efforts consentis par la LHJMQ et ses équipes en ce qui a trait à la formation et à l’encadrement. Un joueur de la LHJMQ consacre en moyenne 1100 heures/année à l’entraînement et à la compétition. Ce volume d’activité apparaît suffisant pour développer le talent du joueur de hockey junior. L’orientation future ne s’inscrit pas dans un accroissement du nombre d’heures d’entraînement, mais plutôt dans une amélioration de la qualité de l’encadrement et des programmes. * Principe : Individualiser la formation du joueur de hockey Le hockey est un sport de contact de type « ouvert » qui met en relief la performance collective et ce, parfois au détriment des besoins particuliers. En effet, l’analyse du programme sportif en place au sein de plusieurs équipes révèle que très peu de temps est consacré au développement individuel du joueur. Sans minimiser l’importance de l’entraînement collectif, une plus grande attention et plus de temps doivent être consacrés au travail personnel. De plus, il faut prendre en considération les aptitudes et l’expérience. À titre d’exemple, les besoins d’un joueur de première année ou âgé de 16 ans diffèrent considérablement du joueur avec plusieurs années d’expérience dans la LHJMQ. C’est sur la base du principe de l’individualisation que la CT travaille à la mise en place d’un «programme de développement individualisé» dont l’idée dominante préconise un accompagnement basé sur les singularités propres à chaque joueur. * Principe : Responsabiliser le joueur de hockey L’optimisation du potentiel sportif est tributaire de plusieurs facteurs dont un des plus importants : l’engagement de l’athlète dans son programme de formation. Ce préalable incontournable s’applique d’une manière particulière au hockey. En effet, la culture du hockey fait en sorte que certains joueurs respectent les consignes ou déploient l’effort requis uniquement en présence d’une supervision directe, d’un encadrement strict ou encore par crainte de sanctions négatives. Le joueur de hockey doit faire preuve de

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LHJMQ maturité, de discipline, d’autonomie pour espérer réaliser ses ambitions sportives et à ce titre, il est le premier responsable de sa réussite. * Principe : Priorité au hockey Le talent sportif seul ne suffit pas, car pour réussir, un engagement de tous les instants s’impose tout au long de la formation. Ce concept est particulièrement valable lors du stage au sein de la LHJMQ, car il n’y a pas de place pour la demi-mesure ou une implication sporadique. Le « projet » sportif d’un joueur de hockey junior est ponctuel, tangible et limité dans le temps. L’expression de la performance sportive ne peut pas attendre car la carrière d’un joueur de hockey est relativement brève, voire éphémère; demain, c’est souvent trop tard. D’autre part, il faut reconnaître que le fait d’accorder la priorité au hockey n’est pas sans risque et sans contrainte car peu de jeunes parviennent à faire carrière dans le hockey. Pour réussir son projet de vie, le joueur de hockey junior doit bien cibler ses priorités, faire preuve de maturité et planifier méticuleusement l’ensemble de ses activités. * Principe : Concertation des interventions et partage des responsabilités Une concertation à tous les niveaux s’impose afin de maximiser les effets bénéfiques des services dispensés par le club de hockey, par la LHJMQ et les partenaires. Cet effort de concertation vise notamment à éliminer les dédoublements d’initiatives non concertées, voir en opposition. Les rôles et les responsabilités de l’ensemble des organismes impliqués dans l’encadrement du joueur doivent être clairement définis. Au niveau du club de hockey, un cahier de charges doit être élaboré pour identifier clairement le rôle et les attentes à l’égard du personnel de soutien. À notre avis, trop de personnes « externes » au club de hockey interviennent, à divers titres, auprès du joueur, notamment durant la période estivale. C’est souvent durant cette période de temps que le joueur échappe en quelque sorte à l’encadrement du club de hockey d’attache. * Principe : Prépondérance du rôle des entraîneurs L’entraîneur de hockey est indéniablement l’intervenant clef du développement du talent sportif, car il fait figure d’autorité et de référence due à un contact constant avec le joueur tout au long de la saison de hockey. En effet, l’entraîneur établit et supervise l’ensemble du programme de formation ainsi que le travail du personnel de soutien. D’autre part, il faut reconnaître que la qualité de l’encadrement varie d’une équipe à l’autre. La LHJMQ doit poursuivre, voir intensifier ses efforts pour le perfectionnement des entraîneurs.

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Principe : Formation adaptée aux exigences évolutives de la performance sportive. L’évolution du développement du talent sportif n’est pas linéaire. Ceci est particulièrement évident à certains moments du parcours sportif qui sont source de stress, de fatigue, de blessures ou de performances contre-productive. Confronté à ce genre de contraintes, le joueur a besoin d’une aide supplémentaire, d’un accommodement plus individualisé et de conseils judicieux pour prendre des décisions qui ne mettront pas en péril la poursuite de son cheminement sportif, scolaire et social. Il faut également mettre à profit les constats des plus récentes recherches en sciences du sport et des meilleures pratiques en matière d’encadrement des athlètes de haut niveau, notamment en ce qui a trait à la diversité, la spécificité, la progression, la périodisation de l’entraînement et de l’apprentissage. À cet égard, la LHJMQ doit assumer un rôle élargi pour créer les synergies indispensables à une intégration harmonieuse à tous les niveaux des programmes de développement. Conséquemment, elle ne doit pas se limiter à la réglementation, mais s’impliquer concrètement, notamment en favorisant les échanges des « meilleures pratiques » et en instaurant de solides programmes-cadres. Conclusion La commission technique incite la LHJMQ à poursuivre, voir à bonifier ses efforts pour assurer la qualité des programmes de formation. En effet, il est indéniable que les clubs de hockey offrent les services de base et que la ligue fasse preuve de leadership dans ce domaine. Cependant, il y a place à améliorer plusieurs aspects. Il s’impose notamment d’apporter certains changements aux us et coutumes de la LHJMQ, car trop d’actions sont réalisées en « isolé » ou en « réaction » en ce sens qu’elles ne font pas partie d’un plan d’actions concertées à tous les niveaux. Toutes les activités de développement du talent doivent être étroitement liées les unes aux autres. Une telle approche permettra d’assurer le meilleur arrimage possible entre les activités des clubs, celles de la LHJMQ et de ses partenaires. Un effort particulier s’impose également pour un accompagnement sur mesure afin de satisfaire les besoins singuliers des joueurs en matière de développement. C’est dans cette perspective que les membres de la CT jugent comme absolument nécessaire de convenir, dans un premier temps, de principes directeurs qui serviront de balises pour bien définir les programmes de formation et les actions à entreprendre. Nous espérons que cet avis contribuera à établir une compréhension partagée, condition essentielle pour assurer le développement intégral du joueur de hockey junior, condition essentielle pour optimiser son potentiel sportif.

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LHJMQ Membres de la commission technique de la LHJMQ Archambault, Yves : Boucher, Michel : Fournier, André : Gagnon, Gérard : Halliwell, Wayne : Larivière, Georges : Patenaude, Marcel : Power, Allan : St-Pierre, Samuel :

Directeur technique, Hockey Québec Recruteur, LNH Directeur services de formation, INSQ Consultant en hockey Professeur agrégé, Université de Montréal Professeur honoraire, Université de Montréal Vice-président exécutif, LHJMQ Recruteur, LNH Ex-joueur de hockey, LHJMQ et ligue professionnelle

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