portrait les échos F Mazon


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Tous droits réservés - Les Echos 4/4/2013 P.Les Echos Business

PORTRAIT

François Mazon, unanciengrand patronpour TnP Consultants Par le passé, il fut patron d’Econocom à Tokyo, numéro un de Cap Gemini à Paris et directeur général de Steria, pilotant la France, l’Espagne, l’Asie et le Maroc. Dans le futur,ilseraavocatendroitpénaldesaffaires, grâceau Master dedroitprivéetsciencescriminelles que ce Centralien, diplômé de Sciences po, vient de décrocher sur les bancs de l’université… à cinquante-quatre ans. Aux yeux de François Mazon, la vie est trop courte pour les renoncements. Et comme ce bouillonnant intellectuel ne s’est jamais contenté d’une activité à la fois – outre les heures passées à éplucher les dossiers juridiques qu’il promène dans sa sacoche, il est administrateur du groupe NRJ et de l’université Bretagne Sud –, il vient d’être nommé«senioradvisor»chezlespécialiste de l’amélioration de la performance TnP Consultants, pour épauler ses fondateurs. « J’ai une immense admiration pour les entrepreneurs », déclare-t-il.

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par Laurance N’Kaoua [email protected]

Des entreprises, il connaît les rouages. Après une enfance à Casablanca où son père était dirigeant chez Shell, François Mazon a suivi « la voie royale vers la réussite » : études d’ingénieur en grande école, coopération scientifique en Allemagne, stage au CEA… Avec, en prime, un détour par l’IEP de Paris. « Centrale, c’était par devoir, Sciences po, par plaisir », sourit cet esprit curieux, séduit par la capacité de l’informatique à « irriguer » toutes les facettes de la société. « François est un être atypique et foncièrement indépendant. Et il a cette gourmandise pour découvrir les choses », résume son ami de quarante ans Paul du Saillant, directeur général adjoint d’Essilor.

Toujours en quête Son choix d’entrer, en 1983, chez IBM, au royaume de l’innovation, ne doit donc rien au hasard. Mais Big Blue, qui ne s’y trompe pas, le forme au génie de la vente. Et Fran-

çois Mazon s’apprête à y gravir les échelons lorsqu’un entrepreneur, justement, JeanLouis Bouchard, patron d’Econocom, l’interpelle : « N’y a-t-il pas quelque chose qui vous manque ? », demande-t-il. Toujours en quête, François Mazon s’avoue tenté par l’international. Qu’à cela ne tienne, il dirigera, à vingt-sept ans, Econocom Japan à Tokyo. « Trois ans de bonheur », décrit ce père de trois enfants, qui n’en est pas à son dernier coup de poker. Et accepte, au bout de trois ans, l’invitation d’un ex-patron d’IBM à rejoindre Cap Gemini : « Je n’ai jamais eu de plan de carrière, avoue-t-il. Les décisions importantes se prennent avec les tripes ». Le temps pour lui de faire ses bagages, son mentor démissionne… non sans le présenter à Serge Kampf. Comme souvent, François Mazon ne s’arrêtera qu’au sommet. Directeur général, il prend une année sabbatique en 2003, histoire de se rendre à Pékin en train, d’emmener son fils en montagne, d’apprendre la guitare… avant de rejoindre le management de Steria. Bientôt, sa fascination pour les avocats l’emporte. « Dès que je pouvais, j’allais au Palais de Justice », raconte ce lecteur avide, fan de Flaubert et Stendhal, sensible aux mots, à la dramaturgie des procès. En 2009, François Mazon a sauté le pas, redécouvrant l’université avec une telle ferveur que l’ex-ministre Valérie Pécresse l’a convié à siéger au Comité de suivi de la LRU. Un pari « osé, courageux », estime Paul du Saillant. Mais l’ancien patron se régale. Tout en gardantunpieddansl’entreprise,àtraversTnP, il termine son stage dans un cabinet d’avocats marseillais. Parmi les dossiers qu’il a étudiés ? L’affaire de la société de prothèses PIP. Le procès s’ouvre à Marseille mi- avril…