oncologie

Votre spécialiste vous a prescrit une hormonothérapie parce que vous avez un cancer de la prostate qui est sensible à ce traitement. Ce document n'a pas pour ...
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ONCOLOGIE

« Rêver au lendemain, c’est déjà rêver à un avenir… et donc à toute une vie. » Georges Charpak, Prix Nobel de Physique

VOTRE AVENIR, NOTRE QUOTIDIEN

Votre spécialiste vous a prescrit une hormonothérapie parce que vous avez un cancer de la prostate qui est sensible à ce traitement. Ce document n’a pas pour but de se substituer aux informations données par votre spécialiste. Il s’agit simplement de quelques réponses aux questions que vous pouvez vous poser sur votre vie quotidienne, vos projets, vos envies… que vous avez peut-être oublié de poser ou pas pu aborder lors de la consultation spécialisée. Au-delà des quelques conseils qui vont être prodigués, n’oubliez pas que votre pharmacien qui vous délivre régulièrement votre traitement est là pour vous écouter et vous accompagner.

QU’EST-CE QUE L’HORMONOTHÉRAPIE

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L’hormonothérapie consiste à empêcher l’action de certaines hormones sur les cellules cancéreuses afin de ralentir l’évolution au stade hormonodépendant du cancer de la prostate. En effet, la croissance des cellules prostatiques, qu’elles soient normales ou cancéreuses, est stimulée par les hormones mâles ou androgènes, en particulier par la testostérone qui est produite par les testicules. Dans le cancer de la prostate, le but de l’hormonothérapie est donc de bloquer au maximum la sécrétion de la testostérone ou son action sur les cellules cancéreuses afin de stopper ou réduire la croissance de la tumeur et d’éviter le développement de métastases. Ce blocage peut s’effectuer de différentes façons : soit par des anti-androgènes qui empêchent l’action de la testostérone, soit par des substances bloquant ou empêchant l’action d’une hormone, la LHRH, à l’origine de la production de testostérone. Selon le stade du cancer de la prostate, l’hormonothérapie peut être utilisée seule ou en complément d’une chirurgie ou d’une radiothérapie. L’hormonothérapie est un traitement général qui agit sur l’ensemble du corps. C’est pourquoi certains effets secondaires peuvent apparaître au cours du traitement. Pour réduire ces effets secondaires et retarder l’apparition d’une éventuelle résistance à ce traitement, L’hormonothérapie intermittente, c’est-à-dire avec des périodes d’interruption, est actuellement de plus en plus utilisée.

Vous trouverez la définition des mots soulignés dans le lexique en dernière page.

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PUIS-JE CONTINUER À AVOIR DES ACTIVITÉS PHYSIQUES

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Oui, car la pratique régulière d’une activité physique fait partie des habitudes de vie les plus favorables à la santé. C’est aussi un bon moyen pour améliorer votre bien-être mental. Si vous ne pratiquez pas de sport : • marchez chaque jour pendant 30 minutes à un pas soutenu : c’est l’activité minimale recommandée. Mais vous pouvez aussi marcher trois fois par jour pendant 10 minutes ou fractionner vos autres activités physiques : votre santé en tirera quand même des bénéfices, • faites de la natation, du jardinage… • faites du vélo, des randonnées avec votre famille ou vos amis, • si vous avez des petits-enfants, jouez avec eux au football ! L’activité physique est particulièrement recommandée dans votre cas. En effet, l’hormonothérapie peut, dès le 6e mois, avoir pour conséquences une réduction de la masse musculaire, une surcharge pondérale et une ostéoporose. La pratique d’une activité physique régulière permettra de renforcer votre masse musculaire, de limiter votre prise de poids et de fortifier votre squelette. Si vous n’aviez pas d’activité physique auparavant, il n’est jamais trop tard pour commencer ! Mais bien sûr, bougez à votre rythme et en fonction de votre âge.

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PUIS-JE TOUJOURS VOYAGER ? C’EST MA PASSION

Oui, les voyages ont un effet positif pour le bien-être psychologique.

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En cas de voyage en

Ils permettent de s’évader, de découvrir, d’apprendre, faire des avion, surtout s’il s’agit rencontres… Si vous vous rendez dans des zones à risque de d’un vol long-courrier : paludisme, vous pourrez prendre le traitement préventif • portez des chaussettes contre le paludisme recommandé en fonction de de contention : l’hormonovotre destination car il n’y a pas de contre-indication avec thérapie peut augmenter en l’hormonothérapie, mais parlez-en à votre pharmacien effet le risque de phlébite, ou à votre médecin traitant. Vous pouvez prendre aussi • buvez beaucoup d’eau pendant le voyage, contact avec un centre Santé-Voyages. Si vous allez dans • et bougez le plus possible. un pays nécessitant la vaccination contre la fièvre jaune, Il est prudent de parler parlez-en à votre spécialiste. de votre voyage à votre

spécialiste avant votre départ. 3

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Y A-T-IL DES PRÉCAUTIONS À PRENDRE POUR LE TRANSPORT DE MON TRAITEMENT HORMONAL

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Transportez votre traitement dans une trousse thermo-protectrice car il peut être sensible à la chaleur, la lumière ou l’humidité. Munissez-vous aussi d’un pilulier. Prévoyez vos médicaments en quantité suffisante.

Il est souhaitable aussi que vous emportiez une copie de l’ordonnance mentionnant les traitements pris au quotidien et éventuellement un résumé de votre dossier médical. Si votre traitement est injectable, organisez vos vacances en fonction du rythme d’injection. Prenez conseil auprès de votre pharmacien.

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PUIS-JE M’EXPOSER AU SOLEIL

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Avant toute exposition solaire, demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien car certains traitements (chimiothérapies, radiothérapies) peuvent constituer une contre-indication. En cas d’exposition au soleil autorisée, vous devez absolument prendre toutes les précautions recommandées pour tous : • recherchez l’ombre et évitez le soleil entre 12 h et 16 h (et n’oubliez pas qu’à la plage, le parasol ne vous protège pas totalement à cause de la réverbération des rayons du soleil sur le sable), • protégez-vous en portant T-shirt, lunettes de soleil et chapeau, • appliquez régulièrement de la crème solaire active à la fois vis-à-vis des UVB et des UVA (indice 30 minimum, voire 50 pour des conditions extrêmes). Renouvelez l’application toutes les 2 heures et, bien sûr, après chaque baignade, • ne vous exposez pas aux ultraviolets artificiels en cabine de bronzage. Le soleil permet aussi la production, au niveau de la peau, de vitamine D qui est bonne pour les os. Ceci est important pour vous car l’hormonothérapie peut entraîner une fragilisation de votre squelette.

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DOIS-JE SUIVRE UN RÉGIME ALIMENTAIRE

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Non, vous n’avez pas de régime particulier à suivre, mais vous devez avoir une alimentation variée, équilibrée et bien répartie dans la journée, c’est-à-dire : mangez de tout mais en quantités adaptées et faites trois repas par jour. • Privilégiez les aliments bénéfiques à la santé : fruits et légumes, féculents, poissons. • Limitez la consommation de produits sucrés (confiseries, boissons sucrées…), salés (gâteaux apéritifs, chips…) et gras (charcuterie, beurre, crème…). • Privilégiez les matières grasses d’origine végétale. • Restreignez l’alcool au maximum.

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Oui, si votre traitement hormonal vous a fait grossir. Dans ce cas, en plus des conseils précédents : • ne vous resservez pas deux fois d’un plat, • ne grignotez pas entre les repas, • buvez au moins 2 litres d’eau par jour et évitez l’alcool, • assaisonnez vos plats avec des herbes, des aromates, du coulis de tomate… Oui, si vous êtes âgé. Avec l’âge, on peut avoir moins d’appétit et moins soif. Soyez très vigilant : • buvez de l’eau régulièrement et abondamment, • continuez à vous alimenter et, en cas de perte de poids, ayez recours aux compléments nutritionnels. Si vous constatez une perte de poids, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à votre pharmacien qui pourront mettre en place une complémentation nutritionnelle orale. Attention aux régimes alimentaires qui peuvent être conseillés sur Internet. Ils n’ont aucune justification scientifique et sont en général déséquilibrés, donc source de carence et de dénutrition.

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Pensez au calcium à cause du risque d’ostéoporose sous hormonothérapie : ou consommez trois produits laitiers par jour qui constituent une source très importante de calcium (fromage, fromage blanc, lait, yaourt, eau minérale riche en calcium). Sachez que certaines eaux minérales peuvent constituer un apport non négligeable en calcium. Pour optimiser l’action bénéfique du calcium au niveau du squelette, la vitamine D est importante, c’est pourquoi elle peut vous être prescrite, en association avec du calcium.

« Partager des choses très fortes, voyager, aimer, cela oblige à vivre dans le présent et en même temps, se projeter dans l’avenir. » Raymond Depardon. Photographe, cinéaste.

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JE ME SENS PARFOIS INCOMPRIS, ANGOISSÉ… SEUL…

Si vous êtes parfois irritable, moins disponible pour vos proches, vos enfants et petits-enfants, si vous « craquez », ne culpabilisez pas. Parlez-en à votre pharmacien ou à votre médecin traitant. Ils attireront votre attention sur l’intérêt des associations de patients atteints comme vous d’un cancer de la prostate. Ces associations peuvent vous soutenir, vous et votre entourage, apporter une écoute, vous permettre un partage d’expériences et vous aider à faire valoir vos droits. Ne prenez pas de médicament (même à base de plantes) contre l’anxiété ni contre la dépression sans en parler à votre pharmacien et à votre médecin traitant.

Des conseils simples : • Privilégiez les activités qui vous font plaisir, les sorties… • Prenez soin de votre apparence : cela remonte le moral, y compris celui de votre entourage. • Faites des projets, intéressez- vous à autrui...

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JE ME SENS FATIGUÉ

Du fait de votre cancer, vous pouvez ressentir une fatigue physique. Votre sommeil peut être aussi perturbé par des bouffées de chaleur nocturnes liées à votre traitement hormonal. Mais votre traitement hormonal peut aussi entraîner une fatigue psychologique qui se manifeste par un désintérêt vis-à-vis des activités qui vous attiraient avant, une difficulté à vous concentrer et une espèce de perte de vitalité, ce qui peut être aussi gênant pour votre entourage. • Confiez-vous à votre famille et à vos amis. • Faites appel à des techniques de relaxation et de détente comme le thermalisme, le yoga ou le shiatsu. • Parlez-en à votre pharmacien et à votre médecin traitant car il ne faut pas passer à côté des premiers symptômes d’une dépression. • Ne prenez pas de médicament sans leur en parler.

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QUE DIRE DE L’AUTOMÉDICATION

Il est plus prudent d’en parler à votre pharmacien et à votre médecin traitant.

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PUIS-JE DEVENIR ALLERGIQUE À MON TRAITEMENT HORMONAL

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Une hypersensibilité au produit ou à l’un de ses constituants est possible, comme avec tout médicament ! Parlez-en à votre médecin traitant ou à votre pharmacien.

PUIS-JE CONTINUER À ME FAIRE VACCINER RÉGULIÈREMENT CONTRE LA GRIPPE, CONTRE LE PNEUMOCOQUE

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Les contre-indications à ces vaccins sont une allergie à l’un de leurs composants. Si vous avez l’habitude de vous faire vacciner, c’est que vous les supportez. Mais parlez-en à votre spécialiste.

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J’AI MOINS DE DÉSIR SEXUEL

L’hormonothérapie du cancer de la prostate provoque une chute de la testostérone, ce qui peut entraîner précocement un désintérêt croissant pour la sexualité et une absence de désir (c’est ce qu’on appelle une baisse de la libido). C’est souvent le problème principal ressenti, par vous ou par votre partenaire. Sachez aussi que la baisse de la libido est souvent aggravée par l’angoisse liée à la maladie et à la fatigue. Si vous avez un « mental » fort et si vous êtes bien entouré, vous pourrez retrouver des conditions favorables à la poursuite d’une sexualité épanouissante et d’une vie sexuelle satisfaisante. N’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant ou à votre pharmacien qui peut vous écouter dans un espace réservé à la confidentialité.

Parlez-en avec votre partenaire : l’harmonie, la confiance et une bonne communication dans le couple jouent un rôle essentiel dans le réapprentissage de la sexualité. • Privilégiez les activités agréables à deux en recréant une ambiance complice et intime au sein de votre couple. • Inventez au besoin un nouveau mode de rapports sexuels avec de nouvelles caresses, des nouveaux moyens d’excitation ou d’obtention de l’orgasme. • Dans certaines situations difficiles, faites-vous aider par un psychologue. • Mais n’oubliez pas que plus vous avancez en âge, plus le désir sexuel s’amenuise.

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J’AI DES DIFFICULTÉS À AVOIR DES RAPPORTS SEXUELS

Ces difficultés peuvent bien sûr être la conséquence d’une intervention chirurgicale ou éventuellement de la radiothérapie, mais aussi celle de la crainte que vous avez de ne plus pouvoir satisfaire votre partenaire… Dans ce cas, des médicaments appelés « facilitateurs de l’érection » peuvent vous aider. Ce sont des comprimés à prendre environ une heure avant la relation sexuelle. Ils ne déclenchent pas l’érection, mais la facilitent en cas de situation de désir sexuel sollicité par votre partenaire. Ces médicaments ne sont pas pris en charge par la l’Assurance Maladie.

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Mais attention : ils peuvent être contre-indiqués si vous êtes traité aussi pour une angine de poitrine ou pour les suites d’un infarctus du myocarde. Demandez l’avis de votre cardiologue, il est parfois possible qu’il change votre traitement pour vous permettre de les prendre. Les facilitateurs de l’érection ne sont pas suffisamment efficaces dans les suites de la chirurgie du cancer de la prostate ou de la radiothérapie du petit bassin. Dans ce cas, vous pouvez bénéficier de médicaments appelés « inducteurs de l’érection ». Il s’agit d’une injection que vous faites vous-même dans le pénis, non douloureuse, très efficace et bien tolérée si vous respectez scrupuleusement la dose conseillée par votre médecin. Cette méthode nécessite évidemment un certain apprentissage. Ce traitement est pris en charge par l’Assurance Maladie dans le cas de séquelles de la chirurgie du cancer de la prostate et des irradiations du petit bassin.

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Un jour, on vous a annoncé que vous aviez un cancer de la prostate. Après, on vous a prescrit votre hormonothérapie pour quelques années. Ces étapes vous les avez vécues et acceptées. Aujourd’hui, le temps s’est écoulé et vous devez toujours continuer à aller de l’avant : • vivre en harmonie avec votre corps, votre couple, vos enfants, vos petits-enfants, vos amis… • vivre votre vie, vos passions sans limite, • et garder toujours en tête cette phrase pleine de vie : « Puissiez-vous toujours être libres, regardant le monde sans peur et avançant dans votre vie avec joie. » Laurent Gaudé. Écrivain.

LEXIQUE LHRH : hormone produite par l’hypothalamus, une glande située à la base du cerveau. Métastase : tumeur formée par des cellules cancéreuses provenant de la tumeur initiale. Ostéoporose : diminution de la masse osseuse et altération de l’architecture des os qui deviennent alors fragiles et peuvent plus facilement se fracturer. Phlébite : formation d’un caillot de sang dans une veine.

BIBLIOGRAPHIE • Association pour la recherche sur le cancer. Les cancers de la Prostate. Collection Soigner, p. 20-21, p. 25. • Guide SOR. Comprendre le cancer de la prostate. Fiche 7 l’hormonothérapie, p. 23. • HAS. Guide médecin – affection de longue durée. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique : Cancer de la prostate. Janvier 2012 : p. 15, p. 18. • Boccon-Gibod L. Le cancer de la prostate en questions, p. 45, p. 55.

• Cosset et al. Pathologie Science Formation. Le cancer de la prostate : Prise en charge de la maladie et ses séquelles. John Libbey 2007 : p. 81. • Vidal® 2013. • INPES. Guide des vaccinations 2012. • INPES. Guide Risques Solaires : ce qu’il faut savoir pour que le soleil reste un plaisir. • Programme National Nutrition Santé. Guide alimentaire pour tous : la santé vient en mangeant, p. 4, p. 10, p. 11. • LNNC. Alimentation et Cancer : comment s’alimenter pendant les traitements ? Éd. Nov. 2010. • LNNC 2011. In : Le cancer, Dossier thématique les traitements - article les médecines parallèles www.ligue-cancer.net • Benhamou CL et al. La vitamine D chez l’adulte : recommandations du GRIO. Presse Med. 2011; 40: 673-682. • LNNC. Répondre à vos questions sur le cancer. Éd. Fév. 2009. • HAS. Guide patient – affection de longue durée. La prise en charge du cancer de la prostate. Juin 2010 : p. 3. • LNNC. Sexualité et cancer. Information destinée aux hommes. Éd. Mai 2009.

VOTRE AVENIR, NOTRE QUOTIDIEN

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• Stainier A et al. L’hormonothérapie du cancer prostatique : l’andropause pour guérir… Éd. Louvain Med. 2007; 126, 9 : 113-119.