Nature morte à la vanité

Shädel, 1983, Gerhard Richter,. Shädel, 1983, Gerhard Richter, né en 1932, huile sur toile, 55x50 cm. Page 33. Autoportrait, 1988,. Robert Mapplethorpe ...
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BELLE HIDEUSEMENT …

Les danses macabres La Danse macabre est un élément, le plus achevé, de l'art macabre du Moyen Âge, du XIVe au XVIe siècle. Par cette sarabande qui mêle morts et vivants, la Danse macabre souligne la vanité des distinctions sociales, dont se moquait le destin, fauchant le pape comme le pauvre prêtre, l'empereur comme le lansquenet (mercenaires). Tout au long du XVe siècle et au début du XVIe, ce thème est peint a fresco sur les murs des églises et dans les cimetières d'Europe du Nord. Il est diffusé à travers l'Europe par les textes poétiques colportés par les troupes de théâtre de rues. Cette forme d'expression est le résultat d'une prise de conscience et d'une réflexion sur la vie et la mort, dans une période où celle-ci est devenue plus présente et plus traumatisante. Les guerres — surtout la guerre de Cent Ans — les famines et la peste, que représentent souvent les trois cavaliers de l'Apocalypse, ont décimé les populations.

Jan MANDYN la Tentation de saint Antoine , XVIè

La vanité : une réflexion picturale sur la vie et la mort.

Vanités. A l'âge baroque, les vanités, genre particulier de nature morte, associent des objets évoquant la vie, la richesse et la puissance, la science et les arts, le plaisir ou la volupté à d'autres symbolisant la mort ou la fuite du temps, pour proposer une réflexion, voire lancer un avertissement. Ainsi fleurs épanouies, coquillages et coraux, perles, bijoux, objets précieux ou argent, heaumes et dagues, astrolabes ou instruments de musique côtoient-ils fleurs séchées, crânes, sabliers ou horloges, bougies éteintes ou insectes morts."

La vanité est à rapprocher d’un livre de la Bible, l’Ecclésiaste, attribué à Salomon (roi d’Israël de 970 à 931 avant J-C selon les sources ; Soulaïman en arabe), dont les premiers versets sont : Paroles de l’Écclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem. (Chap. 1; v. 1-14) « Vanité des vanités, dit l’Écclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche ; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau. Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord ; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est point remplie ; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent. Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire ; l’oeil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.

Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. S’il est une chose dont on dise : Vois ceci, c’est nouveau ! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés. On ne se souvient pas de ce qui est ancien ; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard. Moi, l’Écclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem. J’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent. »

Rembrandt Harmensz van Run (1606-1669)

Le bœuf écorché, 1655 Bois cintré/ 94 x 69 cm Acquis en 1857, Louvre Paris

Floris van Shooten (1ère moitié du XVIIe siècle). Nature morte

Willem Claesz Heda (1994 -1680) Nature morte au bocal doré, 1635, Amsterdam

Jan Jansz van de Velde, Nature morte avec un grand verre de bière, 1647 Huile sur panneau, 64 x 59 cm Rijksmuseum, Amsterdam

Jan Davidsz de Heem, Nature morte avec fleurs dans un verre, vers 1675-80 Huile sur cuivre, 54,5 cm x 36,5 cm Amsterdam, Rijksmuseum

Georges de la Tour - Marie-Madeleine pénitente, vers 1638-1648 - 133 x 93 cm Métropolitan Museum of Art, New-York, États-Unis

David Bailly Autoportrait, vanité, 1620 - 90 x 122 cm Musée municipal de Lakenhal, Pays-Bas

Memento mori

Memento mori est une locution latine qui signifie « Souvienstoi que tu mourras». Elle désigne un genre artistique de créations de toutes sortes, mais qui partagent toutes le même but, celui de rappeler aux hommes qu'ils sont mortels. On dit que dans la Rome antique, la phrase était répétée par un esclave au consul romain lors de la cérémonie du triomphe dans les rues de Rome. Debout derrière le général victorieux, un serviteur devait lui rappeler que, malgré son succès d'aujourd'hui, le lendemain était un autre jour. Le serviteur le faisait en répétant au général qu'il devait se souvenir qu'il était mortel, c'est-à-dire « Memento mori ». Il est pourtant plus probable que le serviteur disait « Respice post te! Hominem te esse memento! » (« Regarde autour de toi, et souviens toi que tu n'es qu'un homme ! »), comme l'a écrit Tertullien au chapitre 33 de son Apologétique.

Le genre a été peu utilisé au cours de l'Antiquité classique. Le memento mori mettait alors surtout en avant le thème du carpe diem, « cueille le jour » (Odes d'Horace, I,11), qui comportait le conseil de « manger, boire, et être joyeux, car nous mourrons demain ». L'origine chrétienne de cette citation est Isaïe 22:13, : « Qu’on mange et qu’on boive, car demain nous mourrons ! » Mais l'idée apparaît en dehors de la Bible : dans les Odes d'Horace, avec la célèbre locution Nunc est bibendum, nunc pede libero pulsanda tellus (« Maintenant il faut boire, maintenant il faut frapper la terre d'un pied léger »). Horace poursuit en expliquant qu'il faut le faire maintenant parce qu'il n'y aura ni boisson ni danse dans la vie éternelle après la mort. C'est le thème classique du carpe diem

Mais cette pensée s'est surtout développée avec le christianisme, dont l'insistance sur le paradis, l'enfer, et le salut de l'âme ont amené la mort au premier rang des préoccupations. C'est pourquoi la plupart des memento mori sont des produits de l'art chrétien. Dans le contexte chrétien, le memento mori acquiert un but moralisateur complètement opposé au thème du Nunc est bibendum de l'Antiquité classique. Pour le chrétien, la perspective de la mort sert à souligner la vanité et la fugacité des plaisirs, du luxe, et des réalisations terrestres, et devient ainsi une invitation à concentrer ses pensées sur la perspective de la vie après la mort. Une injonction biblique souvent associée au memento mori dans ce contexte est « In omnibus operibus tuis memorare novissima tua, et in aeternum non peccabis (Siracide 7:36, « Dans toutes tes actions souviens-toi de ta fin, et tu ne pécheras jamais »).

Nature morte à la vanité, photographie de Guido Mocafico, 2007.

Hans Holbein le Jeune (1497-1543) les ambassadeurs français à Londres 1533 - 207 x 209,5 cm National Gallery Londres, Royaume-Uni

Simon Renard de Saint-André, Vanité, XVIIème siècle

Vanité, nature morte, 1630, Peter Claesz (1596-1660), huile sur toile, 40x56 cm

Vanité, Philippe de Champaigne (1602-1674), huile sur bois,28x37 cm.

Aelbert van der Schoor, Vanité (crânes sur une table), vers 1660

Nature morte aux trois crânes, 1900, Paul Cézanne (1839-1906), huile sur toile, 34x60 cm

Shädel, 1983, Gerhard Richter, né en 1932, huile sur toile, 55x50 cm.

Autoportrait, 1988, Robert Mapplethorpe (1946-1989), photographie.

Notre corpus iconique

Vésale, planche anatomique du De humani corporibus, 1568. Femme vue de dos, disséquée de la nuque au sacrum, dite l'Ange anatomique, d'Agoty (1716-1785). La raie de Chardin, 1728, Musée du Louvre. Le Cavalier de l’Apocalypse (entre 1766 et 1771), Fragonard.

La raie de Chardin (1728 : Musée du Louvre)

Le Cavalier de l’Apocalypse (entre 1766 et 1771), Fragonard.

Femme vue de dos, disséquée de la nuque au sacrum, dite l'Ange anatomique, d'Agoty (1716-1785).

Vésale, planche anatomique du De humani corporibus, 1568

Prolongements et échos…

EXPOSITION - "Our body, à corps ouvert..2009."