naissance d'un bateau

4 oct. 2010 - Mutin, Panthère, PM L'Her,. Primauguet, Sagittaire, Tenace, Thétis. TOULON. Ailette, Arago, Bélier, Bison,. Capricorne, Cdt Birot, Cdt Ducuing,.
7MB taille 72 téléchargements 522 vues
N ° 2 9 5 9 D U 1 3 N O V E M B R E 2 0 1 0 • L E M A G A Z I N E D E L A M A R I N E N AT I O N A L E

M 01396 - 2959 - F: 2,40 E

3:HIKLNJ=[UWYUV:?m@j@f@j@k;

DIXMUDE

NAISSANCE D’UN BATEAU Recrutement

Livre

Entretien

Campagne d’automne

Le roman des marins

VAE Chomel de Jarnieu Major général de la Marine

PAGE 28

PAGE 36

PAGE 4

BI-MENSUEL DE LA MARINE NATIONALE

SOMMAIRE INTERVIEW

ÉDITORIAL 4

VAE Chomel de Jarnieu: «Fournir au CEMM une Marine robuste»

APERÇU

7

Le départ de la Route du Rhum

AZIMUTS

PASSION MARINE

8

PAGE 10

BPC DIXMUDE NAISSANCE D’UN BATEAU

ENCART

19

Le bataillon de marins-pompiers de Marseille

INFO ACTUS

24

Alindien: l’amiral nomade pose son sac aux Émirats • Chebec 2010 : France et Maroc coopèrent pour la sécurité maritime • Le Redoutable répond présent à Cherbourg • Le Pluvier au cœur de la Route du Rhum • Être marin: gagner la bataille du recrutement

CHRONIQUE DU PERSONNEL

30

Indemnisation des victimes des essais nucléaires français • Subaqua : élèves plongeurs démineurs dans les Yvelines • Premier embarquement des élèves commissaires de la Marine

DANS NOS PORTS

32

Lanvéoc : le major Trebern passe les 6000 heures de vol • Le Commandant Birot commémore la libération de Bastia • Les Journées d’entraide de la Marine • Cherbourg: le CEMA inaugure la 49 e session de l’EAMEA • Lorient: stage Citera pour les médecins combattants

MÉMOIRE

34

De Nieuport à Dixmude: dans les pas des «demoiselles aux pompons rouges»

COURRIER DES LECTEURS

35

ESPACE LOISIRS

36

À l’encre marine • Un éloge du vent • Photographies d’un marin ordinaire • Un front oublié, le front d’Orient • Pol Corvez, jongleur de mots

rente-six mois pour construire un bâtiment de projection et de commandement (BPC) ! Un challenge comme aiment le relever les marins, mais aussi la Direction générale de l’armement (DGA). À la moitié du chemin parcouru, ce numéro de Cols Bleus « spécial » Dixmude permet de faire le point sur l’avancement de ce chantier d’envergure et de recueillir les impressions du moment des acteurs. Au bilan, le troisième BPC représentera plus de 20 000 tonnes d’acier – soit 26 blocs assemblés, dont le plus conséquent pèse 450 tonnes –, 530 kilomètres de câbles et 60 km de tuyaux, soit 22 fois le périmètre de chacun des sept ponts principaux –, 2,5 millions d’heures pour construire la plateforme et 200 000 pour le système de combat, 550 personnes impliquées quotidiennement sur le chantier. Au-delà des chiffres, ce navire porte un nom emblématique. Le nom de « Dixmude » a été, jadis, celui d’une caserne construite à Querqueville (1895), d’un dirigeable détenteur du record du monde de durée (118 heures) et de distance (9 000 km) en 1923, d’un quatremâts goélette (1918), de chars

T

Renault, Sherman et Destroyer (entre 1936 et 1944), et d’un porteavions d’escorte (1941) qui s’est particulièrement illustré lors des opérations en Indochine. Mais c’est véritablement l’esprit de la bataille de Dixmude (Belgique), sur les bord de l’Yser (octobre-novembre 1914), que porte le dernier-né des BPC. Un épisode de l’histoire que vécurent héroïquement sur le champ de bataille l’amiral Ronarc’h et ses 6 000 fusiliers marins épaulés par 2 000 tirailleurs sénégalais face à 50 000 Allemands. Le nom de Dixmude traduit la contribution significative de la Marine à une grande victoire terrestre, symbolisant parfaitement la dimension de projection qui est celle des BPC ainsi que les valeurs de courage, de ténacité et d’héroïsme. « Sacrifiez-vous ! Tenez au moins quatre jours ! », ordonnait le contre-amiral Ronarc’h à sa brigade de fusiliers marins sur le front de l’Yser en octobre 1914 pour protéger la retraite de l’armée belge. Ils allaient tenir plus de trois semaines…

Capitaine de frégate Cyrille Perrot Officier de programme BPC

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  3

INFO

actus

« FOURNIR AU CHEF D’ÉTAT-MAJOR UNE MARINE ROBUSTE »

Son visage, les marins le connaissent bien… ses fonctions beaucoup moins! L’amiral Benoit Chomel de Jarnieu le reconnaît à demi-mot: les activités du major général sont peu connues.

4  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

Amiral, pouvez-vous nous expliquer vos fonctions en quelques mots ? Je suis le numéro deux de la Marine, donc le bras droit du CEMM, l’amiral Pierre-François Forissier. Mon activité quotidienne m’amène à me poser plusieurs questions primordiales : la préparation

des forces est-elle «au niveau»? Comment adapter notre dispositif pour l’avenir ? Comment capitaliser sur nos atouts et nos points forts ? Comment atténuer nos faiblesses ? En un mot, comment optimiser notre système ? Pour y répondre, je dispose ici, à l’état-major de la

INFO

actus

Marine, d’un comité exécutif composé des souschefs d’état-major « ressources humaines », « opérations navales », « plans et programmes » et « soutiens finances », ainsi que de l’officier général chargé des affaires nucléaires, de la prévention et la protection de l’environnement et de celui chargé de la fonction garde côtes et des questions internationales. Bien entendu, d’autres autorités participent à cette élaboration de situation, que ce soit l’inspecteur de la Marine nationale, le directeur du centre d’études supérieures de la Marine (CESM) ou encore le chef de la commission permanente des programmes et essais (CPPE). Je m’appuie aussi, naturellement, sur les commandants de force (1) ainsi que sur les autorités maritimes territoriales (2). Pour reprendre une image connue, la frontière est celle qui existe entre le commandant et son commandant en second. Dans ce rappel simple, il y a beaucoup de choses, notamment que je suis responsable devant le CEMM du bon fonctionnement de la Marine. Cela sous-entend pour moi des activités dans tous les domaines: aussi bien ceux concernant la préparation des forces, j’en ai parlé, mais aussi ceux concourant au soutien des forces: la création du Comias (commandement interarmées du soutien), la montée en puissance du SCA (service du commissariat des armées), l’adossement de la Marine au SIAE (service industriel de l’aéronautique) sont autant de sujets que je suis activement. Toute la difficulté est finalement de garder une forte capacité de synthèse du présent tout en se projetant sur les grandes orientations de demain. Car ma préoccupation permanente, c’est de fournir au chef d’état-major une Marine robuste dans tous les secteurs. Dans vos attributions, quels sont vos liens avec le CEMM ? Il n’y a pas de schéma écrit pour définir les relations qu’un major général doit avoir avec le chef d’étatmajor de la Marine. Avec l’amiral Forissier, nous sommes sur un mode de fonctionnement extrêmement fluide. Je veux dire par là qu’il est accessible pour son major sans préavis et quel que soit le sujet. Nous partageons toujours nos réflexions sur les grandes orientations à prendre. C’est en fait un

travail en harmonie qui repose sur les personnalités respectives de l’un et de l’autre. Au quotidien, comment arrivez-vous à sentir le pouls de la Marine? Cela s’apprend. La Marine, ce n’est pas l’EMM mais bien les forces et le terrain. Au bout d’un certain temps passé dans le circuit, ce n’est pas si compliqué de discerner ce qui fonctionne de ce qui patine. Et puis, n’oubliez pas que les « commandeurs » de la Marine et moi nous nous connaissons depuis plus de trente ans: cela autorise un vrai travail en synergie. La «remontée d’informations » se fait également par les sous-chefs d’état-major à Paris ou grâce aux déplacements que j’essaie d’effectuer régulièrement. Il m’arrive aussi d’être saisi « en direct » par ceux qui côtoient la Marine. En général, c’est pour me signaler ce qui ne va pas, d’ailleurs! Travaillez-vous avec vos homologues des autres armées et, si oui, comment ? Naturellement, oui. Là aussi, je connais mes interlocuteurs depuis longtemps. Je retrouve le général Martel, major général de l’armée de l’Air, alors que nous étions déjà tous deux directeurs du personnel auparavant dans nos armées respectives. Quant au général Jean-Philippe Margueron, major général de l’armée de Terre, nous avons travaillé ensemble au cabinet de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense. Je rencontre souvent mes homologues dans le cadre de nos réunions hebdomadaires autour du major général des armées. Mais nous ne nous arrêtons pas à des entretiens formels: je les appelle régulièrement – et réciproquement – lorsque je ressens le besoin d’avoir leur avis sur telle ou telle question. Nous échangeons assez volontiers, chacun dans le respect de son périmètre et sans ingérence.

«

La Marine, ce n’est pas l’état-major mais bien les forces sur le terrain.

»

Justement, le major général des armées : qui êtes-vous pour lui et qui est-il pour vous ? Le major général des armées, le général d’armée Pierre de Villiers, est l’adjoint du CEMA et le chef de l’état-major des armées. Il s’appuie sur les majors généraux de chaque armée pour faire passer l’ensemble des décisions prises par le CEMA et examiner leur mise en application. Je lui fais remonter les difficultés des réformes que nous rencontrons. Il y a par ailleurs un processus d’arbitrage plutôt t

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  5

INFO

actus

LE MGM ET SON HOMOLOGUE DE L’ARMÉE DE L’AIR, LE GÉNÉRAL MARTEL.

une coopération peut permettre à notre Marine d’être mieux « assise » dans le paysage, avec des composantes de force et des capacités qui sont solides, éprouvées, avec du matériel et du personnel à la hauteur. J’essaie, en fait, de ne pas considérer chaque sujet strictement dans son cadre propre mais de m’interroger sur son intégration dans un puzzle général. Ce que j’examine est-il cohérent avec l’ensemble ? Est-on véritablement sur un terrain d’efficacité ? Justement, sommes-nous actuellement sur un terrain d’efficacité ? Oui, je le crois sincèrement. Si vous observez chacun des grands domaines – ressources humaines, finances, disponibilité, relations internationales… –, c’est un combat de tous les jours mais nous tenons le cap.

LE MGM RENCONTRANT UNE DÉLÉGATION ÉTRANGÈRE.

Vous êtes associé à la programmation et au format de la Marine. Quel visage prendra la Marine demain ? Chaque chose en son temps. Pour le moment, les défis à relever sont l’assimilation des réformes, la récupération de marges sur la disponibilité des moyens – notamment en armes et équipements –, la consolidation des savoir-faire ; c’est déjà beaucoup et le reste viendra en temps utile.  ENTRETIEN RÉALISÉ PAR EV GRÉGOIRE CHAUMEIL

t

bien organisé qui fait remonter les affaires jusqu’au comité des chefs d’état-major. Mais nous ne sommes pas dans un circuit vertical. Mon chef est bien le chef d’état-major de la Marine.

d’outils pour le faire ? Des transferts de responsabilités vers les commandeurs doivent-ils être envisagés ? La question est posée et s’instruit actuellement.

Dans la perspective du regroupement des armées sur un même site à Balard, vos fonctions sont-elles amenées à évoluer ? C’est une bonne question, mais je n’ai pas toute la réponse actuellement. À Balard, l’état-major de la Marine va passer, schématiquement, de 350 personnes à 150. Cela va naturellement avoir des conséquences sur la façon dont nous travaillerons, vers le haut et vers le bas. Vers le haut – à savoir les relations que l’EMM entretiendra avec l’EMA –, nous y avons beaucoup travaillé et les circuits sont globalement arrêtés. La question est maintenant de savoir comment, avec un état-major réduit, nous allons travailler avec le bas, c’est-à-dire avec l’ensemble des forces et des autorités maritimes territoriales. Le major général va-t-il continuer à les piloter, mais avec moins

Quels sont les sujets d’actualité qui vous occupent le plus ? Je suis essentiellement occupé par des sujets transverses qui tournent tous autour de la vigueur de la Marine et de l’efficience de notre fonctionnement. Nous avons facilement la tentation de nous appuyer sur des structures qui deviennent vite trop « administratives » et mon action quotidienne est notamment de veiller à ce que nos structures gardent une dimension « opérationnelle » très forte. Ainsi, quand je pense « finances », je m’interroge toujours : est-ce que cet argent est utilisé au mieux ? Quand je pense « force », je pense naturellement d’abord à la consolidation de nos savoir-faire opérationnels et techniques. De même, dans les relations internationales, notamment avec nos principaux alliés, ma priorité est d’envisager comment

6  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

(1) Alfan, Alavia, Alfusco, Alfost. (2) CECMed, Ceclant, Cormar Cherbourg.

L’AMIRAL BENOIT CHOMEL DE JARNIEU EN BREF L’amiral Benoit Chomel de Jarnieu est entré à l’École navale le 1er septembre 1975. Breveté «Lutte sous la mer», il a commandé successivement l'aviso Premier-maître L’Her, la frégate anti-aérienne Jean-Bart et la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet. Il a notamment participé à la mission d’embargo au Koweït «Artimon», en 1990, et à la mission «Héraclès» en océan Indien au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Promu contre-amiral en 2005, il est nommé deux ans plus tard directeur du personnel militaire de la Marine. Major général depuis le 1er septembre 2009, l'amiral Chomel de Jarnieu est marié et père de trois enfants.

APERCU

dans la quinzaine

ROUTE DU RHUM 2010 : LE DÉPART Dimanche 31 octobre, à Saint-Malo, le patrouilleur de service public Pluvier, désigné bâtiment du comité de course, était sur la ligne de départ avec à son bord le VAE de Bourdoncle de Saint-Salvy, préfet maritime de l’Atlantique et commandant de cette même zone maritime, l’ensemble des membres du jury et du comité de course sous la houlette de sa présidente, Sylvie Viant.

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE  7

Azimuts Au moins un sous-marin lanceur d’engin SNLE en patrouille permanente

HYDRO Mission de travaux hydrographiques ayant pour but de cartographier les zones terrestres et littorales en Atlantique.

CORYMBE Mission de permanence opérationnelle dans la zone du golfe de Guinée.

PRINCIPALES MISSIONS HORS EAUX TERRITORIALES

DEPLOYES OCÉAN INDIEN

Aconit (Enduring Freedom), Cdt Bouan (Enduring Freedom), De Grasse (Atalanta), Dupleix (Enduring Freedom), Floréal (Atalanta), La Grandière, La Rieuse, Meuse, Somme,Tourville ATLANTIQUE

Beautemps-Beaupré (Hydro), Cassard (Emerald), Cdt Birot (Emerald), Foudre (Emerald),

8  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

APPROCHES DAKAR Pluton Sabre, 1 Atlantique 2 / 21F

Sabre (Emerald), Siroco (Corymbe 104), Tonnerre (Emerald), Ventôse (Emerald)

FAÇADE ATLANTIQUE

MÉDITERRANÉE

MANCHE/MER DU NORD

Dague, 1 Atlantique 2 / 23F

Surcouf (Medor), Var

Géranium

NOUVELLE-CALÉDONIE

PACIFIQUE

OCÉAN PACIFIQUE

Prairial (ZEE Polynésie française, Mission 2010.2), La Moqueuse, La Railleuse

Jasmin (ZEE Polynésie française), Maroa, Manini

Jacques Cartier, La Glorieuse, Vendémiaire

MÉDITERRANÉE

LA RÉUNION

MANCHE

Achéron, Charles De Gaulle, Forbin, Germinal, EV Jacoubet

Albatros, Nivôse

L’Aigle (Surmines), Pégase

Chacal, Étoile, Glycine, Guépard, Léopard, Lion, Lynx, Styx,Tigre

DJIBOUTI

CHERBOURG BREST TOULON BAYONNE

AGAPANTHE Déploiement en mer Méditerranée, océan Indien et golfe arabo-persique, en soutien des opérations en cours.

ENDURING FREEDOM Mission de lutte contre le terrorisme

EMERALD MOVE

ATALANTA

Exercice amphibie dans le golfe de Guinée.

Opération de l’Union européenne de lutte contre la piraterie maritime dans le golfe d’Aden et l’océan Indien. Cartographie en date du 8 novembre 2010.

AU PORT-BASE GUYANE

La Capricieuse, L’Audacieuse, Mahury, Organabo BREST

Alcyon, Aldébaran, Altair, Andromède, Antarès, Argonaute, Belle Poule, Borda, Buffle, Cassiopée, Cdt Blaison, Cdt L’Herminier, Céphée, Croix Du Sud, Églantine, Éridan, Georges Leygues,

Grande Hermine, Jaguar, La Fayette, La Pérouse, Latouche-Tréville, La Motte-Picquet, Laplace, LV Lavallée, LV Le Hénaff, Malabar, Monge, Mutin, Panthère, PM L’Her, Primauguet, Sagittaire, Tenace, Thétis

Hallebarde, Jean Bart, Jean De Vienne, Jonquille, Luberon, Lyre, Malin, Marne, Meuse, Mistral, Montcalm, Orion, Pluton, Rapière, Taape

ANTILLES

CHERBOURG

TOULON

Acharné, Coralline, Cormoran, Pluvier, Flamant, Élan, Glaive, Vulcain

SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON

Ailette, Arago, Bélier, Bison, Capricorne, Cdt Birot, Cdt Ducuing, Chevalier Paul, Chevreuil, Courbet, Esterel, Foudre, Gazelle, Germinal, Grèbe, Guépratte,

Maito, Violette, La Gracieuse, Ventôse BAYONNE

Athos, Aramis Fulmar

PACIFIQUE

Dumbéa, Dumont d’Urville, La Tapageuse, Revi

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  9

PASSION

Marine

10  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

BPC DIXMUDE UN ÉTAT D’ESPRIT A

«

nnule tes permissions et viens préparer la demande d’appel d’offre pour un troisième BPC ! On a deux jours pour faire le boulot ! » C’est par ces quelques mots qu’a débuté une grande opération de soutien à l’industrie navale en cette période de crise économique mondiale. La construction d’un troisième bâtiment de projection et de commandement est l’une des mesures emblématiques du plan de relance pour l’économie décidé par le président de la République en décembre 2008, anticipant de plusieurs années un investissement public majeur. Ce nouveau bâtiment, le Dixmude, représente pour la Défense un accroissement des capacités opérationnelles de projection stratégique et de commandement des armées. Explications avisées du capitaine de frégate Cyrille Perrot, l’officier de programme du BPC Dixmude.

PAR LE CAPITAINE DE FRÉGATE CYRILLE PERROT ET STÉPHANE DUGAST

«

»

Sacrifiez-vous ! Tenez au moins quatre jours !

EXTRAIT DE L’ORDRE DU JOUR DU CONTRE-AMIRAL RONARC’H À SA BRIGADE DE FUSILIERS MARINS SUR LE FRONT DE L’YSER (DIXMUDE) EN OCTOBRE 1914, POUR PROTÉGER LA RETRAITE DE L’ARMÉE BELGE. ILS ALLAIENT TENIR PLUS DE TROIS SEMAINES…

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  11

PASSION

Marine réponse de l’Otan) par la France. Par ailleurs, depuis 2010, la polyvalence de ces bâtiments leur permet d’assumer une nouvelle mission confiée par le chef d’état-major de la Marine : la formation des officiers de Marine.

Le ministre chargé de la mise en œuvre du plan de relance et son homologue de la Défense ont notifié le contrat du troisième BPC aux industriels STX France et DCNS (ex-DCN, Direction des chantiers navals) le 16 avril 2009. Entièrement réalisée aux chantiers de STX, cette construction générera une charge de travail de plus de 2,5 millions d’heures dans le bassin d’emploi de Saint-Nazaire. En outre, le travail de réalisation du système de combat revenant à DCNS représentera près de 200 000 heures de travail et un quart de la valeur du nouveau bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude. Cette opération n’est pas moins ambitieuse que ne l’a été sa notification : trois ans pour construire et admettre au service actif le navire, moins de quatre mois pour notifier le contrat. Cette rapidité de contractualisation a valu à l’équipe de programme intégrée – l’EDPI dans le jargon – d’être récompensée par l’attribution du trophée 2010 de la « meilleure opération menée en réactivité », pour avoir su montrer son aptitude à saisir une opportunité, sa forte réactivité et son excellente capacité de négociation.

Les premiers BPC, Mistral et Tonnerre, ont fait l’objet d’un programme majeur entre 2000 et 2007 visant à rénover la capacité amphibie de la Marine nationale au profit de l’interarmées et de l’interalliés. Ces deux navires se sont déjà illustrés au cours de nombreux exercices ou opérations : la première d’entre elles, « Baliste », a démontré la pertinence opérationnelle et validé le concept de ces navires de nouvelle génération. Le BPC, d’un déplacement d’environ 21 500 tonnes à pleine charge, se caractérise par sa polyvalence et sa vocation interarmées. C’est tout à la fois un portehélicoptères, un transport de troupes, de matériels, de blindés et d’engins de débarquement amphibie, un hôpital embarqué, un centre de commandement permettant de déployer un état-major européen ou international, et un bâtiment apte à des opérations humanitaires d’importance. Sa vitesse maximale est de 18,8 nœuds. Il peut franchir la distance de 11 000 nautiques à la vitesse de 15 nœuds et possède une autonomie en vivres de 30 jours. Depuis leur admission au service actif, Mistral et Tonnerre ont marqué toute l’importance de la position française dans les structures de l’Otan en assurant la permanence NRF (NATO Response Force, force de

3

12  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

1

4

2

5

L’habitude de la Marine est de parler d’équipage tant cette notion sous-entend celle de cohésion et de partage de responsabilité. Au sein des programmes, le terme d’EDPI est de rigueur car il définit le cadre réglementaire de la Direction générale de l’armement (DGA) et des armées pour travailler ensemble. Le programme BPC n’échappe pas à cette règle et met en œuvre cette acception dans sa dimension la plus large par le caractère interarmées du navire (hommes, véhicules, blindées de l’armée de Terre mais aussi hélicoptères des armées de Terre et de l’Air). Ainsi, cette équipe – pilotée conjointement par un DP (directeur de programme) de la DGA et un officier de programme (OP) de l’état-major de la Marine – dispose des experts et spécialistes dans tous les domaines concernés auprès de la DGA, des armées et des autres organismes interarmées (armée de Terre, Marine, DGA, Alfan, Dirisi, SSF, Alavia, Cepa, SLM, Sirpa, SSA, DPMM, CPPE, GSURF, GSBdD de Brest…).

6

7

L’urgence commande, compte tenu de l’objectif de mise en service du navire en 2012. Pas moins de 70 officiers, officiers mariniers et agents de l’État se sont mis en ordre de bataille pour répondre aux sollicitations du noyau central de l’EDPI dans tous les domaines techniques et opérationnels : électricité, sécurité, HSCT, NRBC, propulsion, stabilité, santé, vivres, restauration, habitabilité, facteur humain, aéronautique, environnement durable, optronique, armement, munition, système d’information et de commandement, navigation, batellerie, amphibie, radar, manœuvre, communication, satellite, soutien logistique, ressources humaines, médias… Enfin, depuis septembre 2010, un équipage de conduite a été désigné et, avec l’aide de son autorité organique, Alfan, et des BPC en service, se forme à la conduite et à la maintenance des équipements communs. Il vient également renforcer l’EDPI pour le suivi de la construction et des essais sur le chantier en complément d’une équipe restreinte de deux personnes représentant le DP et l’OP.

Les bases du marché sont « à l’identique de la définition et au réalisé physique des BPC Mistral

8

9

10

et Tonnerre ». Mais il aurait été inconcevable de ne pas profiter de cette opportunité pour prendre en compte le retour d’expérience des opérationnels et du soutien en service des deux premiers BPC pour « améliorer » la définition du Dixmude tout en respectant l’enveloppe financière du projet. Ainsi, les principales modifications reposent essentiellement sur l’accroissement de la sécurité du navire et de ses capacités militaires : ajout d’un second propulseur d’étrave, meilleur niveau d’isolement des réseaux électriques, meilleure durabilité de la peinture du pont d’envol, amélioration du traitement des eaux hydrocarburées, meilleure protection des ballasts, mise en place d’un système de traitement des eaux grises et noires en remplacement du stockage, meilleure vision à partir de la passerelle de défense à vue, meilleure isolation phonique de la zone état-major, intégration des nouveaux réseaux et systèmes d’information et de commandement en cours de déploiement au sein de la Marine. Des mesures conservatoires structurelles permettront aussi d’augmenter ultérieurement les capacités militaires du navire pour adjoindre un quatrième radar sur l’arrière et valider l’appontage des hélicoptères par l’avant. Enfin, à terme, les BPC Mistral et Tonnerre devraient bénéficier autant que nécessaire des

11

dernières améliorations apportées au Dixmude afin de disposer d’une configuration la plus identique possible pour tous les BPC, gage de réduction du coût de possession.

La connaissance par les industriels des deux premiers BPC permet donc aux chantiers de construire rapidement le navire. Mais l’affaire n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. En effet, au-delà des améliorations demandées par la Marine, les industriels sont confrontés à l’obsolescence de certains matériels et équipements en service sur le Mistral et le Tonnerre. Ainsi, rapidité dans la construction ne veut pas dire précipitation dans l’acceptation par l’EDPI des nouveaux dossiers traitant des obsolescences avérées. Le rôle de l’EDPI est donc fondamental et le temps joue contre elle : il s’agit de ne pas mettre de facto l’État en défaut, de ne pas retarder la construction ou l’achat d’équipements. À ce jour, l’avancement de la construction n’a pas subi d’aléas et reflète bien la réactivité des industriels et de l’EDPI dans ce chantier hors-normes.  CF CYRILLE PERROT

12

Début mai 2009 : la première tôle est découpée (photo 1). Juin 2009 : début des vérifications de construction par le bureau Veritas (photo 2). Août 2009 : le premier panneau est monté sur l’aire de prémontage (photo 3). Octobre 2009 : les blocs au-dessus de la flottaison sont agencés sur l’aire de prémontage (photo 4). Décembre 2009 : les premiers signes de reconnaissance (L 9015) s’affichent (photo 5). 9 décembre 2009 : décision du ministre de la Défense de nommer le BPC n°3 Dixmude. Janvier 2010 : les premiers blocs sous la flottaison apparaissent sur l’aire de prémontage (photo 6). 20 janvier 2010 : le chef d’état-major de la Marine assiste à la mise en place du premier bloc (n° 214, 419 tonnes) en cale sèche (photos 7 et 8). Juillet 2010 : mise en place de l’îlot (photos 9 et 10). 23 juillet 2010 : STX reçoit la visite du président de la République (photo 11). 17 septembre 2010 : première mise en eau du navire avec un déplacement de 10 000 tonnes (photo 12).

Depuis septembre dernier, le BPC Dixmude est entré dans une nouvelle, et non moins importante, phase de sa réalisation : la recette des équipements et matériels, la mise sous tension de ses équipements majeurs. L’aboutissement de cette phase sera sa première sortie à la mer (deuxième trimestre 2011), pendant laquelle les essais de la plateforme devront être validés. À l’été 2011, le Dixmude ralliera son futur port-base, Toulon. Ensuite interviendra la phase ultime du programme des essais du système de combat, au premier trimestre 2012, qui permettra à la DGA de réceptionner le navire et de le transférer à la Marine. COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  13

PASSION

Marine

BRÈVES DE CHANTIER Récit d’une journée sur les chantiers STX de Saint-Nazaire pendant la construction du futur BPC Dixmude. Une expérience unique et enrichissante à la rencontre des acteurs d’un chantier hors-normes…

9 h 30. Plutôt que de commenter la vue imprenable depuis son bureau, Yves Pelpel, responsable d’affaires pour STX Europe, préfère d’emblée décrypter sa fonction : « Je porte l’affaire du BPC Dixmude depuis la conclusion du contrat jusqu’à sa réalisation finale ». Ce projet industriel est selon lui « similaire à un autre. Seul le phasage évolue, comme pour tout projet. Nous sommes d’abord passés d’une phase de négociation à une phase de construction. Dorénavant, nous sommes en phase d’armement avant d’entrer prochainement dans une phase d’essais avant livraison ». La charge de travail de STX, présent sur le projet depuis la fin de l’année 2008, a été intense immédiatement : « Le contrat a été signé mi-avril 2009. Dès le lendemain, nous lancions l’usinage de la première pièce ». Quant aux spécificités de ce chantier, elles sont avant tout d’ordre humain aux yeux du responsable : « À la différence d’un paquebot, où nous avons un seul interlocuteur, pour le Dixmude, nous dialoguons avec la DCNS (cotraitant), la Direction générale de l’armement (titulaire du contrat) et des utilisateurs finaux : les marins de la Marine nationale ». La multiplicité des acteurs ne pose pourtant aucune difficulté. « Des règles de conduite ont été édictées en phase d’avant contrat afin de rendre la gestion de ce projet industriel cohérente et efficace. Chacun connaît son rôle et peut jouer sa partition », souligne le cadre supérieur avant d’assurer que la logique industrielle est en train d’évoluer : « Nous passons actuellement d’une logique de masse – avec l’installation de différentes corporations comme le tuyautage, l’électricité, la peinture, la ventilation ou l’isolation – à une logique de mise à disposition des installations complètes afin d’entrer dans la phase des essais proprement dite ». Si l’heure des bilans est prématurée, Yves Pelpel n’hésite cependant pas à rappeler à ses interlocuteurs la singularité du navire Dixmude : « C’est un chantier à échelle humaine. On peut en faire le tour en une journée et, ainsi, juger de l’avancement des travaux, ce qui est impossible sur un paquebot de croisière ». Bientôt 10 heures, le responsable d’affaires STX doit filer en réunion avec, justement, les principaux acteurs du chantier Dixmude.

10 h 30. L’UFU, c’est l’unité de découpe et d’usinage des tôles des chantiers STX. Un hall longiligne abritant deux longs bassins. « Nos piscines ! », s’en14  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

thousiasme l’un des ouvriers, appliqué au-dessus de sa machine. Besace en main, Marie Détrée, Peintre de la Marine, scrute quant à elle attentivement les lieux : « Je cherche mon point de vue. Pour moi, c’est l’un des ateliers les plus calmes, les moins bruyants. Tenez, je vais m’installer ici à proximité de la piscine, avec les machines en arrière-plan. Aujourd’hui, je vais peindre sur le motif la première étape industrielle de la construction d’un navire. À savoir, la découpe des tôles. J’aime cet endroit. Il est coloré et baigné par une belle lumière artificielle. La lumière, c’est essentiel pour nous les peintres ». À l’UFU, l’inspiration est visiblement totale pour l’artiste, résidant dans la Manche et venue témoigner et raconter la naissance d’un « bateau gris » (lire son interview page 18).

10 h 40. Un bureau rouillé contigu à un vestiaire déglingué, l’installation est sommaire. Pas de quoi néanmoins effrayer Marie Détrée qui sort ses pinceaux, sa gouache et tout son attirail lorsque débarque Pierre Millet, agent de maîtrise de l’atelier usinage tôle. Premières questions de béotien à un spécialiste pour en savoir plus sur cet atelier qui a sûrement vu défiler les tôles du BPC Dixmude. Confirmation de l’agent de maîtrise, qui décrit le procédé industriel de son atelier : « C’est assez simple, chez nous les tôles sont découpées afin de constituer le puzzle du navire, pièce par pièce. Chaque tôle arrive ainsi au niveau des machines pour être ensuite plongée dans la piscine afin d’être découpée au plasma. Chaque tôle est découpée selon un tracé préétabli ». Concernant les avantages de la technologie du plasma, ils sont avérés, selon Pierre Millet : « Le plasma nous permet d’aller plus vite et nous offre une meilleure qualité de découpe. Au chalumeau, la découpe serait moins précise et nous aurions besoin de meuler ensuite. Avec le plasma, la découpe est parfaite ». La discussion se poursuit sur les effectifs de l’atelier : « Ici, 10 personnes se relaient par quart. Nous sommes au 3/8. On travaille 24 heures sur 24,

«

C’est un chantier à échelle humaine. On peut en faire le tour en une journée et, ainsi, juger de l’avancement des travaux.

»

7 jours sur 7 à l’exception des nuits du samedi au dimanche et du dimanche au lundi. Au total, cet atelier regroupe 42 personnes. On n’arrête pour ainsi dire jamais ! » Chiffres à l’appui, l’agent de maîtrise achève de convaincre ses interlocuteurs : « Ici, on découpe en moyenne 20 kilomètres de tôle par semaine ».

11 h. Suite de la visite des chantiers avec Bernard Biger. Impossible en effet de déambuler seul au cœur du site nazairien de STX, s’étalant sur 108 hectares dont 22 couverts, confidentialité et sécurité industrielle obligent. Présent depuis 36 ans au sein de l’entreprise, Bernard Biger, Normand de naissance devenu Nazairien de cœur, est le photographe attitré des chantiers. « J’aime cet univers sans cesse changeant. J’aime surtout photographier les hommes au travail », confesse-t-il avant de prendre le volant de son utilitaire. Aux chantiers, on se déplace à vélo ou en auto compte tenu de l’étendue des lieux. Direction l’atelier 180 tonnes. Auparavant, le photographe tient à apporter quelques précisions quant à l’atelier d’usinage : « Rappelez-vous que la coque et les infrastructures d’un bateau, c’est grosso modo de 180 000 à 200 000 pièces à assembler. Chacune de ces pièces est numérotée afin d’être repérée. Chaque navire construit a ainsi un repère de construction. Pour le Dixmude, c’est le G33. C’est cette codification qui permet ensuite de dispatcher les pièces dans les différents ateliers

selon un process savamment étudié en amont ». Nouvelle question sur les effectifs du site ligérien de STX. Bernard Biger est incollable : « STX en propre, ce sont 2 200 personnes. Ensuite, cela fluctue selon les commandes et les navires fabriqués. Pour un BPC par exemple, il y a moins de sous-traitants et de coréalisateurs que pour un paquebot. C’est logique. Il n’y a pas encore de salle de spectacle ou de casino luxueux à bord des BPC ! » Arrivée à l’atelier 180 tonnes. Salutations d’usage à une équipe d’ouvriers en pause. À l’intérieur, deux mastodontes de métal : « Il s’agit des parties avant et arrière d’un paquebot », précise le « pêcheur d’images » avant de déballer ses boîtiers photos. « On est chanceux car le chef d’équipe vient de m’indiquer que la partie arrière va être véhiculée vers les quais ». Aucune fébrilité pourtant dans l’atelier. Tandis que la manœuvre se prépare, Bernard Biger raconte l’historique de l’atelier 180 tonnes : « Cet atelier de préfabrication est ainsi surnommé car 180 tonnes correspondaient aux moyens de levage lors de son inauguration. C’est ici que l’on fabrique les parties avant ou arrière, soit les parties les plus galbées d’un navire, les parties courbées forcément plus complexes à concevoir. C’est dans cet atelier que sont façonnés les bulbes d’étraves ». Deux ouvriers, l’un pilotant une manette semblable à un jeu vidéo, s’activent dorénavant. Une remorque dotée d’une quinzaine de roues, sur laquelle la partie arrière a été hissée, s’ébroue lentement. Début de l’opération de transfert dans la sérénité. Bernard Biger mitraille. Ciel bleu azur et soleil généreux, les clichés du jour sont réussis.

Le photographe officiel des chantiers depuis 12 ans est aux anges. « C’est dans la boîte ! » Il est temps désormais de retourner à l’atelier d’usinage pour récupérer la Peintre de la Marine. En chemin, Bernard se confie et précise ses motivations : « Ce que j’aime ici c’est l’univers. Me dire que cette tôle de 16 mètres que vous avez vu se découper va constituer, dans quelques mois, avec des centaines de milliers d’autres, un navire livré avec ses petites cuillères, c’est à mes yeux une aventure incroyablement stimulante. Ici on fait ainsi des bateaux de A à Z ! Pour un photographe comme pour un Peintre de la Marine, c’est un terrain de jeu formidable. C’est un univers riche et assurément esthétique ». Retour à l’unité d’usinage, Marie Détrée est aux anges : « Je suis dans le « fait main ». Je joue et je compose avec la réalité, contrairement à une photographie. De plus, en restant au même endroit, tu t’installes, tu t’immerges, tu peins et tu favorises les rencontres ». Quoi de plus stimulant ?

13 h. Jacques Simonneau est responsable navire Dixmude. Aux chantiers STX, c’est lui le responsable de la conduite des travaux sur le troisième BPC, « depuis la construction des panneaux jusqu’au montage et à la livraison du navire clef en main », confesse-t-il sans détours. Sous ses ordres, près de 500 personnes dont une cinquantaine chargée de superviser et de conduire les travaux. « Des gens de chez STX et des sous-traitants », précise

POUR ALLER PLUS LOIN LES CHANTIERS STX L’entreprise STX France SA est composée du chantier de construction navale à Saint-Nazaire et de quatre filiales : STX France Lorient, STX France Cabins SA, STX France Solutions SA et STX France LNG Technology SA. Son site officiel est : www.stxeurope.com/ À savoir : le Groupe STX Europe est le plus important constructeur naval en Europe et l’un des cinq plus grands constructeurs mondiaux de navires. Regroupés au sein de la branche « Navires de croisière & Ferries », les sites de Saint-Nazaire et de Lorient présentent une large gamme de navires de 30 à plus de 300 mètres de long. COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  15

t

PASSION

Marine

t

Jacques Simonneau avant de détailler sa fonction : « Comme sur un chantier terrestre, vous avez le gros œuvre – chez nous, la plateforme et la coque − et le second œuvre comme la climatisation, la distribution des eaux sanitaires, la peinture ou les travaux d’aménagement. Pour chaque entité identifiée, il y a des responsables de travaux bord en charge d’une zone géographique ou d’un corps de métier. Les ouvriers sont ainsi encadrés par des agents de maîtrise, euxmêmes sous les ordres de responsables travaux bord ». Au-delà de la conduite des hommes, le métier de responsable navire implique également de suivre des indicateurs comme la sécurité, la qualité, la tenue des délais ou des coûts. « C’est primordial vis-à-vis de nos dirigeants et de l’équipe affaires, ainsi que pour leurs interlocuteurs. Ça se fait au bureau autant que sur le terrain. » Quant aux difficultés inhérentes à la construction d’un BPC, elles sont clairement identifiées par Jacques Simonneau : « Le point clef pour nous c’est la difficulté d’accès aux fonds du navire puisque ces zones sont davantage compartimentées que sur un navire civil, traditions militaires obligent ! » L’aménagement, en revanche, est « similaire à un autre navire. L’autre subtilité, c’est la zone de radier à l’arrière, proche de celle d’un car-ferry pour nous ». Bientôt 14 heures, les appétits s’aiguisent. À table, le cadre de chez STX reste intarissable : « J’oubliais de vous dire que le Dixmude est un navire bien câblé : 530 kilomètres de câbles dont 130 de câbles liés au système de combat ». Assis à ses côtés, Benoît

16  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

Chapalain, le responsable DCNS, acquiesce. Cotraitant de STX pour la construction du Dixmude, DCNS est ainsi en charge de la fourniture du système de combat et du soutien logistique. « Ce programme industriel est fédérateur pour nous puisqu’il touche l’ensemble de nos sites. De surcroît, c’est un programme réalisé avec des délais courts et suivant un schéma contractuel de cotraitance avec STX. Autant de facteurs nous permettant de nous tester les uns les autres, de nous étalonner et de bien définir les interférences. C’est un programme révélateur de ce que nous pourrions faire à l’export », concède Benoît Chapalain avant de quitter précipitamment la table pour poursuivre « notre réunion de ce matin… » Jacques Simonneau s’éclipse lui aussi : une urgence sur le Dixmude…

15 h. Ingénieur responsable en charge de la partie étude et design aux chantiers STX de Saint-Nazaire, Antoine Houzé pose un regard forcément aiguisé sur le projet. « Le BPC Dixmude étant le troisième navire d’une même série, il a fallu « dépoussiérer » les différents dossiers et les différentes études datant de quelques années. Grâce au retour d’expérience des marins militaires utilisateurs, nous avons également dressé l’inventaire des systèmes qui pouvaient s’avérer obsolescents afin d’étudier les améliorations possibles. Concernant les moteurs diesel par exemple, nous avons dû changer de fournisseur car cette gamme ne se faisait plus, tout en tenant compte, bien sûr, du cahier des charges produit par la DGA. » Quant aux difficultés particulières rencontrées pour un chantier de ce type, l’ingénieur est catégorique : « Le Dixmude est arrivé dans un contexte où la charge de travail était faible pour les chantiers. Nous avons souhaité lancer la fabrication le plus tôt possible pour donner de la charge à nos ateliers. Il a donc fallu reprendre les études et lancer les documents de fabrication dans un délai court. Dans le même temps, contrairement aux deux premiers BPC construits à Brest pour la partie arrière et à Saint-Nazaire pour la partie avant, le Dixmude a été entièrement construit ici. Il a donc fallu se réapproprier l’ensemble des éléments de fabrication ». À la question de savoir si, pour un industriel comme STX, le processus de construction d’un BPC est radicalement différent d’un paquebot civil, la réponse d’Antoine Houzé est sans ambages : « En termes de réflexion industrielle, c’est le même type de processus. La planification, l’organisation et les études sont similaires. Ce qui change, c’est bien évidemment l’intégration des systèmes de combat. La mise en œuvre de ces équipements étant confiée à l’industriel DCNS, nous collaborons activement avec eux ». Ultime question sur la participation de ses équipes au chantier Dixmude, dont la fabrication coque-flotteur métallique est désormais finalisée : « Aux études, nous continuons de jouer un rôle puisque nous intervenons en support et en assistance des équipes de production. Bientôt vont démarrer le processus d’acceptation et les premiers essais d’installations, comme les machines. Autant de phases durant lesquelles nous serons bien évidemment

consultés. Nous allons donc remonter en puissance et apporter sûrement notre expertise quant à d’éventuelles améliorations ».

17 h. Sur les quais contigus au Dixmude, un homme piaffe d’impatience : Bernard Ségualen, le représentant local du directeur de programme de la DGA, antenne de Lorient. « La DGA gère l’ensemble du programme Dixmude, de la construction ici à SaintNazaire jusqu’à l’intégration du système de combat qui sera opérée à Toulon avec l’industriel DCNS. C’est la DGA qui a traduit le besoin opérationnel en un contrat, confié en l’occurrence à l’industriel STX pour la partie coque-structure. En fonction d’un cahier des charges précisant critères d’appréciation et procédures, on valide ou non l’avancement des travaux. » Justement, l’état d’avancement saute aux yeux, selon Bernard Ségualen : « Regardez, il ne manque plus désormais que le mât radar et celui des communications ! Il y a encore quelques mois, lorsque je suis arrivé, les blocs étaient disséminés le long de 800 mètres de quai. Puis le tout s’est assemblé au bassin à sec. Le puzzle s’est construit rapidement ». Quant aux prochaines étapes clefs, le représentant local de la DGA est formel : « D’abord, il va s’agir de la vente des locaux par l’industriel. On va venir constater local par local si ce qui a été prévu est en place, fonctionne, est raccordé en eau potable, en électricité, en réseau de communication ou en système de ventilation. Ensuite débuteront les essais à la mer ». À ce moment débarquent le capitaine de frégate Cyrille Perrot, officier de programme Dixmude, et ses adjoints. Salutations chaleureuses. « On se connaît bien et on s’apprécie », concède le représentant de la DGA avant de justifier l’utilité d’une équipe de marins militaires sur le chantier : « Il s’agit avant tout de s’appuyer sur l’expertise d’utilisateurs connaissant parfaitement les besoins opérationnels et leurs réalités. À la DGA, nous disposons également de nos propres spécialistes en bureaux d’études. Notez également qu’il y a deux architectes pour un bâtiment de ce type : un architecte plateforme et un architecte système de combat, ce qui montre bien la complexité d’un tel programme ». Casque vissé sur le crâne, chaussures de sécurité aux pieds, la visite peut démarrer. La délégation franchit la coupée suspendue à une quinzaine de mètres du sol. « Le chantier avance bien. Toutes les installations ne sont pas essayées mais les locaux se terminent », plaide Bernard Ségualen tout en soulignant l’aspect novateur de la construction : « En ce moment, de nombreux préfabriqués, comme les cabines, sont embarqués. Il n’y aura plus qu’à les raccorder à l’eau, au système ventilation et électrique. Une méthode impressionnante pour nous. Pour l’industriel, il s’agit évidemment de gagner du temps et de l’argent ». La visite s’enchaîne au pas de charge. PC Machines, PC Opérations, radier, pont d’envol, cuisines, hôpital… Le chantier du BPC Dixmude se révèle peu à peu sous le regard exigeant des spécialistes et celui, ébahi, des visiteurs d’un jour. À Saint-Nazaire, un « bateau gris » est en train de naître.  STÉPHANE DUGAST

LE DIXMUDE DANS SA CALE, VU PAR MARIE DÉTRÉE .

UN LIVRE RÉFÉRENCE De la naissance des chantiers John Scott et Cie – lançant l’Impératrice Eugénie, paquebot de 3 200 tonneaux destiné à la Compagnie générale transatlantique – au lancement très médiatique du Queen Mary 2, l’histoire industrielle et ouvrière des chantiers navals installés à Saint-Nazaire est aussi riche que passionnante. Vous pouvez la découvrir dans un ouvrage didactique de Christophe Belser, historien spécialiste de l’histoire industrielle et sociale des entreprises basées dans l’ouest de la France.

UNE RÉUNION DE CHANTIER DANS LE RADIER DU DIXMUDE, VUE PAR MARIE DÉTRÉE .

Histoire des chantiers navals à Saint-Nazaire, Christophe Belser (Coop Breizh), 190 pages, 39 euros.

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  17

PASSION

Marine

NAISSANCE D’UNE ŒUVRE Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Marie Détrée est devenue Peintre officielle de la Marine en avril dernier. Passionnée de bateaux, l’artiste a décidé cet automne de se rendre dans un port phare de la côte Atlantique afin de témoigner de la naissance d’un navire. Quelles raisons vous ont poussées à venir sur le chantier du BPC Dixmude ? Mon idée, c’était de suivre la construction d’un bâtiment de la Marine. Renseignements pris, j’ai su que le Dixmude était en cours de construction. Même si j’arrive un peu tard – ça fait 10 mois que le chantier est réellement lancé et j’ai raté la pose symbolique du premier bloc – c’était à mes yeux important d’aller peindre ce géant des mers. J’en suis à mon deuxième séjour à Saint-Nazaire. Ma première gouache, je l’ai réalisée dans les bureaux de la Marine qui se trouvent à proximité de la cale sèche où se construit en ce moment le Dixmude. J’ai réalisé cette gouache au chaud à cause de la pluie ce jour-là. J’ai d’emblée voulu peindre le bateau dans son environnement, dans sa cale avec les grues et les échafaudages, le tout baigné par une lumière grise (voir page précédente). Que vous inspirent les chantiers STX, et plus globalement Saint-Nazaire ? Ce qui est sûr, c’est que je suis plutôt habituée aux lumières de la Manche, où je réside, ou à celles du nord de la Bretagne. C’est en venant sur le chantier du Dixmude que j’ai fait la rencontre de Saint-Nazaire. Cette ville, meurtrie par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et reconstruite à la hâte, a beaucoup de charme malgré ses blessures. Elle est pour moi une source d’inspiration inépuisable grâce à ses nombreux éléments et vestiges industriels. En même temps, c’est coloré, ce qui confère à l’ensemble une ambiance portuaire dont je suis fana ! Dans votre travail artistique, vous vous êtes également intéressée aux hommes du chantier… Et aux femmes ! J’ai ainsi réalisé une gouache en forme de clin d’œil à l’équipe qui travaille ici. C’est une vue lors d’une réunion de chantier dans le radier du Dixmude (voir page précédente). C’est une peinture symbolique mais j’ai voulu réunir les différents intervenants du chantier. Il y a la Marine nationale bien évidemment au centre, STX le constructeur et la DGA. Cette peinture s’est imposée pour des raisons pratiques. Le radier, c’est l’un des rares endroits en intérieur où il y a de la lumière naturelle. Vous savez, peindre un BPC en construction ça n’est pas évident… En intérieur, ce ne sont que des lumières avec des néons, on ne voit pas grand-chose. Ce jourlà, le radier du Dixmude était baigné par une belle lumière. J’ai pu ainsi jouer sur les ombres chinoises. Vous avez pu peindre des vues originales : le Dixmude au bassin, le pont d’envol… Le bassin, c’est un devoir obligé ! Comme la peinture de coque du BPC n’est pas encore totalement 18  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

je suis touché par ce passé ouvrier et industriel très fort. Il faudrait ouvrir une résidence d’artiste ici tant cet univers est riche ! Ce travail sur le Dixmude fait-il écho à votre premier ouvrage intitulé La grande ménagerie du bord (1) ? La grande ménagerie du bord se veut une introduction à l’univers de la Marine nationale par le biais de locutions dont le point commun est la référence au monde animal. J’ai ainsi choisi quarante mots, d’« alouette » à « zèbre » en passant par « peau de bouc » ou « pingouin », pour raconter la Marine autrement. Ce travail fait suite à des embarquements sur les bateaux gris et à une mise en cohérence de ce que j’avais pu peindre ou dessiner. J’avais d’abord pensé à un abécédaire mais je me suis vite aperçu que la référence du monde animal était plus vivante et plus didactique. Ce livre a reçu un bon accueil aussi bien de la part des marins que des gens moins « branchés » Marine nationale. J’en suis extrêmement fière.

finie, j’ai pu peindre un bâtiment pour moitié gris et pour moitié de couleur rouge brique. Pour un peintre, c’est un vrai régal de dessiner un bateau gris en rouge. C’est, de surcroît, un privilège rare. J’en ai donc profité… J’ai également peint un pont d’envol de BPC tel qu’on ne le voit jamais ! Il était encombré avec des bennes, des tuyaux et des échafaudages. Moi qui ai eu la chance de naviguer sur le BPC Mistral, je n’avais jamais vu un pont d’envol comme ça ! Ça a été un plaisir de peindre un tel fouillis avec des reflets. Vous avez réalisé également cette belle vue du Dixmude depuis la cale sèche. Je ne pouvais pas y couper, si j’ose dire ! C’est effectivement un portrait vu d’en bas. C’est pareil, la coque est encore rouge, presque rose, et mâtinée de gris. On y repère également les ascenseurs de grande taille qui servent à acheminer tout le matériel et des cabines déjà prémontées. J’ai juste ajouté des ouvriers pour que l’on se fasse une idée de l’échelle. Le BPC, c’est un peu comme un grand cétacé impatient de prendre le large. Être sous le Dixmude, c’est à la fois impressionnant et magique ! À l’heure du tout numérique, quel est l’intérêt de votre démarche artistique ? Comme tous les Peintres de Marine, j’ai vocation à témoigner sur l’univers maritime. Voilà ce qui me motive. Ensuite, de chacune de mes expériences, je tire des éléments plastiques pour mon travail personnel. En fait, je me constitue une base de données et d’images. Concernant le chantier et Saint-Nazaire,

Comment justement rapprocher ces deux mondes qui parfois s’ignorent ou ne se comprennent pas toujours ? À mes yeux, les Peintres de Marine ont vocation à rapprocher ces deux mondes. Nous ne sommes ni complètement militaires, ni complètement civils. C’est à nous de créer du lien, des liens et du liant. Quant à mon travail sur le Dixmude, il n’est pour l’instant guidé que par une démarche artistique. En fonction de la façon dont ce travail se décantera, on verra ce que je peux en faire. J’assiste à la naissance du Dixmude, c’est un moment fort. Lorsqu’il sera désarmé dans trente ans, j’aurais alors 67 ans. Ça me fera quelque chose ! Plus sérieusement, c’est un nouveau bateau, je suis une nouvelle Peintre de Marine. J’ai le sentiment que ce bâtiment va m’accompagner un bout de temps et que nous allons entretenir tous les deux des liens étroits.  PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE DUGAST

(1) La grande ménagerie du bord, de Marie Détrée . Glénat, collection Beaux livres mer. 178 pages 25 euros.

POUR ALLER PLUS LOIN www.mariedetree.com/ Le site officiel de Marie Détrée-Hourrière, Peintre officielle de la Marine, pour découvrir ses œuvres et ses univers de prédilection.

Poster à détacher

LE BATAILLON DE MARINS-POMPIERS DE MARSEILLE

« S’il y a des vies qui vous sont chères, pour nous elles le sont toutes » Le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) a été créé le 29 juillet 1939 sur décision d’Édouard Daladier, président du Conseil, suite à l’incendie du grand magasin des Nouvelles Galeries sur la Canebière (28 octobre 1938). Cette catastrophe, qui fit 73 morts, amena le gouvernement à confier la sécurité de Marseille à une unité de la Marine nationale. Depuis, la loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004 a réaffirmé la position du BMPM dans l’organisation de la sécurité civile française en lui conférant, dans sa zone territoriale de compétence, l’ensemble des prérogatives d’un service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Le BMPM et la brigade de sapeurs-pompiers de Paris constituent les deux formations militaires françaises ayant pour mission la protection d’une agglomération. Le BMPM, commandé actuellement par le contre-amiral Pierre-Marie Delplanque, est placé pour emploi sous l’autorité directe du maire de Mar-

seille. C’est la ville qui assure la quasi-totalité du financement du personnel et des équipements. Le bataillon assure la protection des 850 000 habitants et des biens dans les 240 km² que compte la commune de Marseille, le GPMM (grand port maritime de Marseille) et l’aéroport Marseille-Provence. Il doit faire face à l’ensemble des risques susceptibles d’être rencontrés dans une grande agglomération : sites industriels, immeubles de grande hauteur, établissements recevant du public, tunnels, voies ferrées et autoroutes. Il doit en outre assurer le secours en mer le long des 55 km de littoral de la commune et disposer de moyens spécialisés pour intervenir dans les massifs escarpés entourant la ville. Depuis 70 ans, le BMPM – au travers de ses missions de protection et de secours – demeure entre terre et mer, fidèle à ses devises : honneur, patrie, valeur, discipline – son héritage de la Marine –, courage et dévouement – son héritage pompier. COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  19

20  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

BMPM canot de sauvetage léger

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  21

FICHE TECHNIQUE

MEXICO 1985.

SECTEURS OPÉRATIONNELS Le bataillon des marins-pompiers de Marseille dispose de 16 centres d’incendie et de secours implantés de manière à autoriser de brefs délais d’intervention dans Marseille intra-muros. Deux secteurs opérationnels extérieurs relèvent également du bataillon : • le grand port maritime de Marseille (GPMM), bassin ouest, avec les terminaux pétroliers, minéraliers et porte-conteneurs (CIS de Portde-Bouc) ; • l’aéroport Marseille-Provence et le site d’Eurocopter.

EFFECTIFS Le BMPM compte 2 400 hommes et femmes : • environ 100 officiers et médecins militaires ; • environ 1 900 marins-pompiers de Marseille (Mapom) ; • environ 300 marins de la flotte de toutes spécialités ; • environ 100 agents civils de la ville de Marseille ; Les marins-pompiers effectuent environ 120 000 interventions par an.

22  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

Nombre moyen d’interventions par jour : 300 (1 toutes les 5 minutes). Nombre moyen d’appels téléphoniques par jour : 1 200.

COMPÉTENCES Pour répondre à certains risques particuliers, le bataillon a créé six sections opérationnelles spécialisées (SOS). Chaque marin-pompier est donc formé pour répondre aux risques courants et choisit en plus une de ces spécialités : • SOS Grimp (groupe de recherche et d’intervention en milieu périlleux) : intervient dans les calanques et sur les immeubles de grande hauteur, dans les zones d’accès difficile (conduit de ventilation…) ; • SOS RT (risques technologiques) : composée de spécialistes des risques chimiques et radiologiques. • SOS Depol (lutte contre les pollutions) ; • SOS Héli (interventions héliportées) : permet l’acheminement d’hommes et de matériel dans les lieux inaccessibles, dans les calanques, à bord des navires en mer ou lors de feux de forêt. • SOS Aqua (interventions aquatiques) : regroupe la plongée, le sauvetage côtier, l’assistance en mer et l’intervention lors d’inondations ;

• SOS SD (sauvetage et déblaiement) : comporte six équipes cynotechniques et agit dans les cas de tremblements de terre, les effondrements d’immeubles et la recherche de personnes égarées. À ces sections s’ajoute l’équipe opérationnelle IT (interventions techniques), qui intervient sur tout sinistre requérant des compétences particulières telles que la désincarcération lourde, le levage ou le reconditionnement des bouteilles d’air des appareils respiratoires.

MATÉRIEL Le BMPM possède plus de 450 engins opérationnels, terrestres ou aquatiques : • 330 véhicules opérationnels ; • 35 moyens flottants ; • 70 véhicules de secours d’assistance aux victimes ; • 65 camions-citernes consacrés aux feux de forêt ; • 9 véhicules de première intervention ; • 2 bateaux-pompes ; • 2 hélicoptères bombardiers d’eau (présents durant la saison estivale pour la lutte contre les feux de forêt).

INFO

actus

ALINDIEN L’AMIRAL NOMADE POSE SON SAC AUX ÉMIRATS 1 Le 21 octobre 2010, le général d’armée Pierre de Villiers, major général des armées, a présidé la cérémonie d’arrivée d’Alindien (l’amiral commandant la zone maritime de l’océan Indien) et de son état-major interarmées sur la base française aux Émirats arabes unis (EAU), à Abu Dhabi, en présence du major général Al Kaabila, vice-chef d’état-major des armées émirien, et de son excellence M. Azouaou, ambassadeur de France à Abu Dhabi. Le major général des armées a profité de son déplacement pour se rendre sur l’ensemble des installations des Forces françaises aux Émirats arabes unis et pour s’entretenir avec le personnel de la base navale, du groupement terre sur le camp militaire Zayed et du détachement sur la base aérienne 104 à Al Dhafra. La date du 21 octobre 2010 marque la fin d’une spécificité de la Marine nationale puisque, depuis septembre 1973, Alindien était le seul commandement permanent exercé à la mer à partir d’un bâtiment de commandement et ravitaillement (BCR). Cette évolution s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance de l’IMFEAU (implantation militaire française aux EAU), qui a été inaugurée par le président de la République en mai 2009 et qui est opérationnelle. Aujourd’hui, le développement de la coopération bilatérale avec les Émiriens, l’animation de la coopération avec l’ensemble des pays de la région, ainsi que la conduite des activités croissantes de l’implantation requièrent l’établissement de son commandement sur place. Avec l’installation officielle d’Alindien et de son état-major aux EAU, le commandement de la zone maritime s’exerce donc depuis la terre. Alindien conserve la capacité d’embarquer à tout moment sur un bâtiment pouvant accueillir tout ou partie de son

MISSIONS ET DISPOSITIF DANS L’OCÉAN INDIEN

LA MARQUE DE L’AMIRAL EST HISSÉE SUR LA BASE NAVALE D’ABU DHABI.

LA ZONE DE RESPONSABILITÉ D’ALINDIEN.

état-major selon les missions. Ses fonctions ont été complétées par celles de Comfor (commandant des forces françaises) aux EAU. En cette qualité, il assure le commandement des forces et unités prépositionnées stationnées

aux EAU, en missions temporaires ou de passage en transit. Il développe et anime la coopération opérationnelle bilatérale avec les EAU, en coordination avec l’attaché de défense, et il coordonne la coopération régionale. 

ALINDIEN, 37 ANS DE PRÉSENCE À LA MER En 37 ans, le commandement de la zone maritime de l’océan Indien aura notamment vu, dans sa zone de responsabilité, la réouverture du canal de Suez, les dernières accessions à l’indépendance des anciennes colonies européennes, le départ de la principale base navale française dans l’océan Indien à Diego-Suarez à Madagascar, la guerre Iran-Irak, la guerre du Golfe puis l’opération Enduring Freedom, l’opération Restore Hope en Somalie sous mandat de l’ONU, le tsunami qui a ravagé l’Asie du Sud-Est en 2004 et l’émergence de la piraterie dans le détroit de Malacca puis au large de la Somalie. Autant d’événements qui auront nécessité l’action d’Alindien pour le contrôle opérationnel des moyens de la Marine déployés en océan Indien, le développement de la coopération bilatérale avec les pays riverains, la protection des ressortissants français, la sécurisation des routes maritimes ou la délivrance d’aide humanitaire. 24  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

Les missions d’Alindien revêtent plusieurs aspects : - contribuer à la stabilisation et au maintien de la paix dans la zone ; - contribuer à la sécurité des espaces maritimes ; - conduire des opérations militaires à dominante maritime ; - participer à la protection des ressortissants français ; - promouvoir la politique de défense de la France et animer les relations militaires bilatérales avec les différents pays de sa zone. Pour exercer l’ensemble de ses missions, il dispose d’un état-major interarmées et d’un bâtiment de commandement et de ravitaillement, auxquels peuvent venir s’ajouter : - deux frégates de surveillance basées à La Réunion ; - un commando marine et un avion de patrouille maritime basés à Djibouti ; - des bâtiments français qui transitent dans sa zone de responsabilité sur lesquels il exerce le contrôle opérationnel, pour conduire des opérations de présence, de surveillance ou de lutte contre la piraterie (dans un cadre national) ; - des moyens des FFEAU (forces françaises aux EAU). Alindien complète le dispositif militaire français déployé autour de l’océan Indien – dont la France est pays riverain – du continent africain aux pays du Golfe, qui repose sur : - les forces armées françaises en zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), basées à La Réunion et à Mayotte ; - les forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) ; - les forces françaises aux EAU (FFEAU).

INFO

actus

HERMÈS UN PATROUILLEUR SANS BOURSE DÉLIER POUR LA MARINE L’accord du 26 octobre entre la Marine nationale et DCNS fera date. C’est une première : le constructeur naval développe sur ses fonds propres un nouveau type de patrouilleur et le met à disposition de la Marine pour trois ans.

1 Chantier DCNS, Lorient. Les premières tôles du nouveau patrouilleur hauturier passent à la découpe. L’Hermès, c’est son nom, doit être livré aux marins à l’automne 2011. Il sera le premier né des corvettes de la classe Gowind, mis à disposition de 2012 à 2014. La Marine mettra à l’épreuve cet OPV (Offshore Patrol Vessel) de dernière génération dans ses missions de patrouille dans l’immense Zone

économique exclusive (ZEE) française : 11 millions de kilomètres carrés, la plus étendue au monde après celle des États-Unis. Ce partenariat est l’aboutissement d’une forme innovante de coopération menée de front par l’amiral Forissier, chef d’étatmajor de la Marine, et Patrick Boissier, P-DG de DCNS. « DCNS construit de son côté un nouveau patrouilleur sur ses fonds propres

pour se développer dans les navires de petit tonnage […], nous prenons le navire, nous le mettons en œuvre, nous lui donnons le label Marine nationale et nous acquérons une expérience à la mer sur ce type de bâtiment, détaille l’amiral Forissier. C’est un accord gagnant-gagnant. » Capacité nouvelle pour la Marine contre un atout de promotion novateur pour DCNS. D’une part, le déploiement opéra-

L’HERMÈS EN BREF Mesurant 87 mètres pour 1 000 tonnes de déplacement à vide, l’Hermès est l’entrée de gamme de la classe Gowind (celle-ci comprend plusieurs types de navires, de l’OPV à la corvette de combat lourdement armée). Le futur patrouilleur hauturier mis à disposition de la Marine sera propulsé par deux moteurs diesel sur deux lignes d’arbres, lui permettant de filer jusqu’à une vitesse de 21 nœuds. Son autonomie de 8 000 nautiques en vitesse économique autorise un déploiement de trois semaines. Doté d’une plateforme pour un hélicoptère de 10 tonnes ou des drones, il ne requiert qu’un équipage réduit de 30 personnes. Capable de transporter une trentaine de passagers supplémentaires, il est armé dans sa version de base d’une batterie téléopérée de 20 mm, de canons à eau, d’un système d’information tactique Polaris et d’un double radar de navigation, ainsi que d’un système de mise à l’eau d’embarcations rapides de 11 mètres par la poupe. Dans une version plus évoluée, il est possible d’installer sur la plateforme une tourelle de 76 mm et quatre missiles antinavire sur la plage avant.

tionnel de ce patrouilleur sous les couleurs de la Marine nationale octroie au constructeur naval la précieuse qualification « sea proven » (éprouvé à la mer) ; d’autre part, le navire pourra capitaliser sur trois ans de retour d’expérience d’une marine de premier ordre. Des arguments très appréciés pour la vente à l’export. Le groupe français, en effet, ne fait pas mystère de ses ambitions à l’international sur le créneau des navires de petits tonnages de la classe Gowind. Les OPV, notamment, véritables « couteaux suisses » d’une flotte de combat, sont taillés pour un large éventail de missions : surveillance de plateformes offshore, préservation de l’environnement, lutte contre la piraterie et le terrorisme, police des pêches, lutte contre le trafic de drogues, recherche et sauvetage en mer, aide humanitaire… Un potentiel opérationnel apte à séduire un vaste marché à l’export. 

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  25

INFO

actus

CHEBEC 2010 FRANCE ET MAROC COOPÈRENT POUR LA SÉCURITÉ MARITIME Favoriser l’interopérabilité entre les marines marocaine et française dans les domaines de la surveillance et de la sécurité maritime : tel était l’objectif de l’exercice « Chebec 2010 » qui a eu lieu du 17 septembre au 11 octobre. Les frégates Courbet et Hassan II en étaient les principaux participants. 1 Un « disaster exercise » (Distex) riche en péripéties a permis de rentrer de plain-pied dans la coopération opérationnelle francomarocaine au cœur de l’exercice Chebec 2010. Lundi 27 septembre à 12 h, un séisme (fictif) était ressenti sur l’île du Levant. La frégate Courbet et la frégate Hassan II, présentes dans la zone, étaient immédiatement réquisitionnées pour participer aux opérations de secours aux populations. À 12 h 40, l’hélicoptère Panther du Courbet décollait pour déposer sur place une première équipe d’évaluation. Après avoir évalué les besoins, la brigade de protection du Courbet se déployait par voie maritime pour contrôler la zone dédiée aux soins et à l’héliportage des blessés les plus touchés. Peu après, un hélicoptère marocain déposait à son tour une équipe d’évaluation. Après avoir installé un poste médical avancé de fortune, les marins recevaient le renfort de l’unité médicale d’intervention maritime du bataillon des marins-pompiers de Marseille. Au total, une quarantaine de personnes était déployée à terre. Le dispositif permettait la prise en charge d’une cinquantaine de blessés, dont quatorze qui étaient évacués par voie héliportée vers les deux bâtiments.

LES GRANDS AXES DE LA COOPÉRATION FRANCOMAROCAINE Conduite au plus haut niveau, la coopération militaire francomarocaine est particulièrement étroite. Une commission mixte interarmées se réunit deux fois par an et une réunion bilatérale annuelle rassemble les deux marines. Les axes majeurs de coopération sont : - l’exercice annuel Chebec ; - un stage d’entraînement à Toulon chaque année pour une frégate marocaine de type Floréal ; - plusieurs exercices communs entre bateaux des deux pays ; - l’embarquement d’officiers élèves marocains sur la mission Jeanne d’Arc. Le CEMM s’est rendu au Maroc en février 2010 à l’invitation de son homologue. À cette occasion, un protocole opérationnel d’échange d’informations a été signé. Le Maroc s’est aussi porté acquéreur d’une frégate multimissions (Fremm) en cours de construction. La Marine nationale assure jusqu’en 2012 la formation d’une partie du futur équipage marocain.

Une semaine d’entraînement bilatéral Les entraînements à la mer ont constitué l’essentiel de l’exercice Chebec 2010. Raids aériens par des avions de chasse des Forces aériennes royales marocaines, présentations au ravitaillement à la mer, enquêtes de pavillon et visites de navires suspectés de trafics étaient également au programme. Après avoir visité le Hassan II simulant un cargo peu coopératif et se livrant probablement au narcotrafic, c’était au tour du Courbet d’être visité. Profitant de la présence de l’équipe de visite marocaine à bord, un débriefing à chaud a permis

d’améliorer les procédures communes. Une fois n’est pas coutume, les commissaires des deux frégates ont joué de bonne grâce les rôles de composition de capitaines civils peu soucieux des règles administratives…

Du bilatéral au multinational… La deuxième phase de Chebec 2010 était plus axée sur la lutte contre le narcotrafic. Elle a débuté au large

26  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

d’El Hoceïma par un exercice de coopération avec les commandos et un patrouilleur marocain. Après l’interception de trafiquants sur des embarcations rapides, un exercice de recherche de naufragés a ponctué cette phase. Le point d’orgue était l’action coordonnée des deux bâtiments sur un trafiquant de drogue à forte capacité. Enfin, le groupe franco-marocain a participé le 7 octobre, à Portimao, au sud du Portugal, à l’exercice « Sea

Border » dans le cadre de l’initiative « 5 + 5 »(1). Et, le 11 octobre, pour conclure cet exercice, le Courbet a fait escale à Casablanca.  L’ÉQUIPAGE DU COURBET

(1) Créée en 2005, l’initiative « 5+5 Défense » regroupe 10 États du bassin occidental de la Méditerranée (Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie, Portugal et Tunisie). Elle vise à construire un espace de paix et de sécurité. Parmi les quatre domaines de coopération figurent la surveillance maritime et la contribution des forces armées à la protection civile en cas de catastrophe majeure.

INFO

actus

LE REDOUTABLE RÉPOND PRÉSENT À CHERBOURG ! 1 Le jeudi 28 octobre, à l’initiative de messieurs Bertrand Edon, Patrick Deleury et Denis Lekston, anciens électriciens et missilier parmi les 183 premiers sous-mariniers de « l’équipage d’armement » du Redoutable s’étaient réunis dans les locaux de la Cité de la mer de Cherbourg, en présence des amiraux Louzeau et Bisson (premiers commandants des équipages bleu et rouge). Venu des quatre coins de France et des départements d’outre-mer, l’équipage formé il y a de cela qua-

rante ans s’est retrouvé pour commémorer le lancement du premier SNLE français et la création des deux premiers équipages rouge et bleu (le système de double équipage étant toujours d’actualité). Après une minute de silence en hommage aux 37 sous-mariniers disparus, l’amiral Louzeau s’est transformé en maître de conférences, retraçant l’épopée de la construction, de l’armement et des essais de ce qui allait devenir le fer de lance de la dissuasion navale française.

Une visite émouvante a permis à ces pionniers de reprendre possession un instant de leur cher Redoutable, et les retrouvailles se terminèrent tard dans la soirée après un convivial dîner de gala. Premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins, Le Redoutable a été lancé le 29 mars 1967 et admis au service actif le 1er décembre 1971. En 20 ans de bons et loyaux services, il a effectué 51 patrouilles, 3 469 journées en mer et 83 500 heures de plongée. Le Redoutable a été retiré

du service actif le 13 décembre 1991 avant de devenir la pièce maîtresse de la Cité de la mer. 

LE PLUVIER AU CŒUR DE LA ROUTE DU RHUM 2010 1 La Marine nationale est partenaire de la 9e édition de la Route du Rhum - La Banque Postale. Dimanche 31 octobre à Saint-Malo, le PSP Pluvier, sous l’autorité du LV Fieschi, était sur la ligne de départ. À son bord, le VAE de Bourdoncle de Saint-Salvy, commandant la zone maritime de l’Atlantique, Mme Sylvie Viant, présidente du

comité de course, et les membres du jury international garants de la bonne conduite sportive de la compétition. À 13 h 02, le comité de course libère la flotte des 85 skippers positionnés devant la pointe du Grouin au large de Saint-Malo. Sous le regard de milliers de passionnés, les solitaires s’élancent pour une aventure humaine hors

du commun. La course est ouverte aux monocoques et multicoques qui, une fois n’est pas coutume, concourent ensemble. Après les remparts de Saint-Malo, les dépressions et vents contraires du golfe de Gascogne attendent les skippers, puis ce seront les Açores. Ensuite, la tactique consistera à déjouer l’anti-

cyclone et les vents faibles avant de filer jusqu’à Pointe-à-Pitre, distante de 3 543 miles, soit 6 550 kilomètres ! Record à battre : celui de Lionel Lemonchois en 2006 sur Gitana 11, en 7 jours, 17 h 19 min et 6 s.  MARIE-CHRISTINE CAUBET

Pour en savoir plus, consulter le site officiel de la 9e Route du Rhum : www.routedurhum-labanquepostale.com

MAYOTTE INAUGURATION DU VÉTIVER

1 Admis au service actif le 11 octobre, le Vétiver a été inauguré officiellement le 22 octobre dernier par le général Got, représentant de l’EMA, à l’occasion d’une visite de commandement sur l’île de Mayotte. Le Vétiver, qui doit son nom à une plante utilisée notamment dans la lutte contre la désertification, est une embarcation de type semi-rigide de 13, 40 m propulsée par deux moteurs horsbord de 250 chevaux et pouvant

atteindre une vitesse de 42 nœuds. Cette embarcation est essentiellement destinée aux missions de surveillance contre l’immigration illégale (Surim) autour de Mayotte. Le Vétiver a effectué sa première mission opérationnelle le 21 octobre 2010 et a intercepté, le 22, son premier « kwassa kwassa » (barque de pêche couramment utilisée pour franchir les 35 nautiques qui séparent Mayotte d’Anjouan, et qui doit son nom à une danse africaine). 

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  27

INFO

actus

ÊTRE MARIN : GAGNER LA BATAILLE DU RECRUTEMENT 1 Depuis 2009, la Marine honore ses objectifs de recrutement. Tous les contingents ont été réalisés en quantité et en qualité. Le fort impact des campagnes de communication (spots télé et série « 3 jours en mer »), les réorganisations structurelles, l’engagement permanent des marins des Cirfa(1) et la mobilisation des forces ont permis d’inverser la tendance des quatre années précédentes. Les nouveaux temps forts de la campagne de communication, la poursuite de l’optimisation des procédures, la recherche constante de nouvelles idées et le maintien d’une forte mobilisation de tous les marins sont nécessaires pour maintenir le cap et faire en sorte que la bataille du recrutement soit aussi gagnée en 2010, et au-delà.

Spots télé et Web série En mars dernier, la Marine dévoilait un nouveau volet de sa campagne de communication avec diffusion de spots publicitaires à la télévision et d’une « Web série » sur Internet : quatre jeunes filles et garçons sélectionnés en décembre 2009 sont partis à bord de la frégate Latouche-Tréville pendant trois jours pour découvrir la Marine et ses métiers. Cette série a été diffusée sur le site Internet http://etremarin.fr et a permis à tous les internautes de vivre l’expérience des quatre gagnants. Ce mois de novembre marque un nouveau temps fort de la campagne ciblant les 15-24 ans: un partenariat avec le groupe NRJ. Le contenu de la Web série diffusée en mars dernier sur etremarin.fr sera réutilisé et diffusé sur l’ensemble des médias du groupe NRJ ainsi que sur les sites Internet préférés de notre cœur de cible (site communautaire MSN, site d’orientation L’Étudiant). Ainsi, les meilleurs moments du programme «3 jours en mer» (14 épisodes avec l’équipage du Latouche-Tréville) seront diffusés à partir du 22 novembre sur NRJ12, tous les jours pendant trois semaines, à 13 h 30 et 20 h 15. La campagne de recrutement de novembre 2010, c’est aussi : - la diffusion sur la chaîne TV NRJ12 des films publicitaires Traque et Poursuite, déjà diffusés en 2009. Ils plon-

gent le public dans des missions de lutte anti-sous-marine et de lutte contre le narcotrafic et l’invitent à aller plus loin sur etremarin.fr. Le jingle pub de la chaîne sera également habillé aux couleurs de la Marine pendant toute la durée de l’opération; - sur la radio NRJ : des spots publicitaires inviteront les auditeurs à découvrir le programme «3 jours en mer» sur NRJ12 et leur proposeront également de jouer avec la Marine pour gagner des journées à la mer et des visites de sites militaires (bâtiment, sous-marin, base aéro…); - sur le Web, des espaces dédiés à la Marine nationale : • sur MSN : un jeu de piste permettra aux internautes de tenter de gagner un embarquement à bord d’une frégate de la Marine ; • sur le site de L’Étudiant (www.letudiant.fr) : un espace dédié permettra de retrouver toutes les informations pratiques sur le recrutement de la Marine.

Mars 2011 : « Être marin » v2 Rendez-vous également sur le site Internet etremarin.fr et via la page fan «etremarin.fr » de Facebook pour: - voir et revoir l’intégralité des épisodes de « 3 jours en mer » ; - participer à un jeu-concours et tenter de gagner un embarquement à bord d’un bâtiment de la Marine ou une visite de site militaire (base d’aéronautique navale, base sousmarine, base des fusiliers-commando…) ainsi que d’autres lots Marine nationale. En mars prochain, la Marine prévoit de lancer un site unique etremarin.fr compilant les éléments du site de recrutement (devenirmarin.fr) et du site d’immersion (etremarin.fr). Ce site sera facilement identifiable comme étant LE site officiel de recrutement. Il s’adressera à tous les jeunes de 16 à 29 ans de niveau 3e à bac + 5, ainsi qu’aux parents et professeurs. Ce lancement sera relayé par les autres médias (TV, presse, radio) afin de faire connaître au plus grand nombre le nouveau site etremarin.fr.  STÉPHANE ABADIE

(1) Centre d’information et de recrutement des forces armées.

28  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

TÉMOIGNAGES

« 3 JOURS EN MER » : MORCEAUX CHOISIS , 20 ANS ARNAUD

nce, te free la fographis me in is , h e p n n ra g ie s ionné de gion pari s s ré a p n , e in e Habit mérica sique. football a et de mu joueur de spéciaux ts e ff ’e e, d lot aéro » : numériqu . ier de « mate

rt ét tout découve ions sur le m Ses impressaissais rien du tout, j’ai r métier (et un peu « Je ne conn iment bien parler de leu p sensibilisé aux Les marins a lmés !). On m’a beaucoules raquettes, mis moins être fie sécurité. J’ai abaissé cret et important questions d ou des cales. C’est con des saisines ion ! » pour la miss

LORRIS, 18 ANS

Habite en région parisienne, étudiant en 1re année de Sciences politiques, aime le VTT, les jeux vidéos et les maquettes.

Ses impressions sur les métiers du CO : « J’ai adoré. C’est vraiment le cerveau du bateau. C’est de là que tout est coordonné. J’ai vraiment pu comprendre les différents aspects de la lutte anti-sous-marine. J’étais au cœur de l’action. »

INFO

actus INTERVIEW

ANTHONY, 20 ANS

« CONVAINCRE LES JEUNES DE S’ENGAGER DANS UN MÉTIER HORS DU COMMUN » Capitaine de vaisseau Denis Bigot, commandant le service de recrutement de la Marine.

Habite en Picardie, étudiant en BTS d’électrotechnique, grand sportif et passionné de plongée sous-marine.

Son meilleur souvenir : « Difficile à dire car tout m’a plu ! J’ai participé à un exercice d’homme à la mer et j’ai eu la chance de pouvoir être dans l’équipe de l’EDO. Dans l’embarcation, j’étais entre le plongeur du bord et le patron mécanicien, on a de vraies sensations ! »

ANS NIE, 19 STÉPHA

fac re année de nte en 1 ia d tu é , ne ux. n Bretag s martia Habite e ue les art q ti ra p , , les métiers de droit ur un bateau

«S r lus surpris : s peuvent être tenus pa p le l’a i u q e C lin cau é c s m a s ment m chef de traditionnelle r le Latouche-Tréville, le s a verse, cert in . Su des femmes est une femme. Et, à l’in e, sont tenus av) la cuisin nos (Coman ins », comme a bien. » in m fé « s lu trouve ç métiers p hommes. Je s e d r a p rd o àb

«3 jours en mer» a déjà été diffusé sur le site etremarin.fr. Pourquoi le diffuser sur NRJ12 maintenant? L’opération «3 jours en mer» a été un véritable succès sur Internet: la diffusion a déjà généré 400 000 visites sur le site etremarin.fr depuis novembre 2009. L’objectif est de faire découvrir ce programme de qualité au plus grand nombre. Un partenariat avec le groupe NRJ va donc permettre de proposer le programme aux téléspectateurs de NRJ12, une chaîne regardée par des millions de jeunes. Qu’attendez-vous de cette opération? Combien de candidatures espérez-vous avoir? La campagne lancée en 2009 avait pour objectif de rappeler que la Marine propose chaque année à 3 000 jeunes entre 16 et 30 ans des emplois très diversifiés, à la portée de tous, et au-delà, autant de formations qualifiantes et de parcours professionnels originaux et intéressants. L’objectif de l’opération «3 jours en mer» qui sera prochainement diffusée sur la chaîne NRJ12 est de donner un coup de projecteur sur les quatre métiers que les jeunes Français connaissent le moins et pour lesquels ils ont le plus d’appréhension. Ce sont bien les métiers qui sont au cœur des missions de la Marine. Pourquoi continuer à communiquer si vous êtes parvenus à réaliser vos contingents depuis deux ans ? Les besoins sont-ils toujours aussi importants malgré la déflation ? La cible que nous visons – les Français de 15 à 24 ans – est par nature extrêmement volatile. Ils zappent vite, s’enthousiasment vite et oublient tout aussi vite. En six mois, nous disparaissons de leurs pensées. Une imprégnation régu-

lière est donc nécessaire si l’on souhaite s’assurer d’être présent à l’esprit d’un jeune au moment où il se préoccupera concrètement de son avenir professionnel. Il apparaît d’autant plus nécessaire de rappeler régulièrement que la Marine recrute, que lorsque nous nous taisons, les médias martèlent la déflation de l’effectif des armées. Bien peu sont en effet conscients que l’impératif de jeunesse de nos forces armées impose de garder un flux de recrutement important en toutes circonstances, même en période de déflation. Quel rôle jouent les marins dans le recrutement de la Marine? Chaque marin est un recruteur. Nous restons convaincus que rencontrer un marin et découvrir sa vie est le meilleur «générateur de vocation». C’est d’ailleurs la mission des 250 marins recruteurs basés sur tout le territoire français qui arment les centres d’information et de recrutement des forces armées, communs à l’ensemble des forces armées depuis 2009. Ils vont quotidiennement à la rencontre des jeunes dans les lycées, les collèges, les forums de l’emploi pour informer, faire découvrir la Marine, témoigner avec enthousiasme de ce que vivent les marins et convaincre les jeunes de s’engager dans un avenir professionnel hors du commun. Mais la Marine a également besoin des marins des forces et de toute la communauté marine pour mener cette bataille du recrutement. C’est bien notre capacité à rayonner, à valoriser nos actions et à afficher notre fierté d’être marin qui est notre principal atout pour trouver les jeunes qui constitueront les équipages de la Marine de demain.

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  29

CHRONIQUE

dupersonnel

PERMUTATIONS GECOLL SM Bat Gecoll (Motel) affecté GSBdD Brest antenne du Poulmic (adjoint gérant mess officiers de l’École navale à Lanvéoc) recherche permutation sur Toulon. Contact au 06 32 03 59 83 (laisser un message).

SUBAQUA ÉLÈVES PLONGEURS DÉMINEURS DANS LES YVELINES

SM Bat Gecoll (Cuisi) affecté SVR Toulon (terre), recherche permutation sur Brest embarqué, de préférence sur petites unités mais étudie toutes propositions. Contact au 06 88 64 40 91. QM1 Bat Gecoll (Commis) affecté Brest terre (GSBdD) recherche place Brest embarqué (FASM ou autre). Ne pas hésiter à me contacter pour plus d’informations au 06 82 47 67 87 (après 16 h).

MANEU QM1 Bat Maneu affecté Marseille terre, cherche permutation Toulon embarqué, étudie toutes propositions. Contact : 06 66 02 66 28 ou 06 67 21 56 69 (laisser un message). MOPONT QMF Mopont affecté Toulon service marins portuaires (SMP) à terre. Brigadier d’engins cherche permutation rapidement sur Cherbourg, indifférent, ou Brest terre. Si intéressé, me contacter au 06 66 78 73 00. Mot QMF (féminin) affecté SMP Brest (remorqueurs côtiers) cherche permutation Brest embarqué ou possibilité Toulon embarqué. Contact : 06 76 89 44 01 (laisser un message).

RECRUTEMENT LE SERVICE DES ESSENCES DES ARMÉES RECRUTE DES SOUS-OFFICIERS ET DES AGENTS TECHNIQUES Vous êtes sous-officier, militaire du rang, titulaire d’un baccalauréat ou d’un titre équivalent : vous pouvez devenir sous-officier supérieur au Service des essences des armées (SEA). Vous y trouverez des postes à responsabilités et autonomie. Après une formation d’un an, vous servirez comme agent technique (adjudant) dans l’un des nombreux postes d’encadrement offerts par le SEA. Vous vivrez une expérience enrichissante, au sein d’un service à taille humaine œuvrant dans un contexte interarmées en métropole, outre-mer ou en Opex, associant commandement militaire, compétence technique et ouverture sur le monde pétrolier. Pour tout renseignement sur le concours des agents techniques, rendez-vous sur le site du SEA www.defense.gouv.fr/essences ou téléphonez au 03 83 17 35 54. Dossier à déposer avant le 13 décembre 2010.

ANNONCES CLASSÉES ÉDITIONS

Les Éditions Thélès recherchent de nouveaux auteurs. Envoyer vos manuscrits à notre comité de lecture à l’adresse suivante : 11 rue Martel – 75010 Paris. Renseignements au 01 40 20 09 10. Recevez notre catalogue et des informations sur nos ouvrages (récits militaires, expériences vécues, mémoires, romans, poésie) sur simple demande aux Éditions Thélès. Contrats participatifs. www.theles.fr EMPLOI

Normandie, Caen, propriété 2,5 ha, Ouistreham. Recherche pour contrat à l’année un retraité marine pour entretien jardin, tonte, travaux divers. Possibilité emploi épouse pour ménage à l’heure. Contact au 06 08 77 62 25. 30  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

1 Depuis septembre 2006, dans le cadre du partenariat établi entre la Marine et l’Éducation nationale, la classe post-bac Subaqua du lycée Simone Weil de Conflans-SainteHonorine, dans les Yvelines, prépare ses élèves au métier exigeant de plongeur démineur. Cette année, 12 élèves (11 hommes et une femme) de 20 à 24 ans composent cette classe. À leur tête, un homme, leur professeur principal, le capitaine de corvette réserviste Michel Ravoisier, qui les suit avec passion et bienveillance, prodiguant ses conseils avant chacune de leur plongée.

Durant les six mois de leur formation dans les Yvelines, ils apprennent à vivre ensemble tout en développant des compétences techniques au cours de nombreux stages, comme celui effectué au groupement des plongeurs démineurs de la Manche du 18 au 22 octobre 2010. Au programme de cette semaine fraîche et chargée : sport, apnée, plongée, palmage et exercices d'aquaticité. Par la suite, ils intégreront l’école de plongée de Saint-Mandrier pour obtenir le certificat de plongeur de bord, puis se spécialiseront pour devenir plongeur démineur. 

CHRONIQUE

dupersonnel

INDEMNISATION DES VICTIMES DES ESSAIS NUCLÉAIRES FRANÇAIS 1 De 1960 à 1998, la France a procédé à 210 essais nucléaires, d’abord en Algérie – avant l’indépendance – puis en Polynésie française, sur les atolls de Mururoa et de Fangataufa ; 150 000 personnes, militaires et civils, ont participé à ces essais. Certaines de ces personnes estiment être atteintes de maladies causées par ces essais et attendent leur prise en compte par le ministère de la Défense. Afin de répondre à cette attente, le ministre Hervé Morin s’est attaché à faire évoluer la réglementation existante. La loi du 5 janvier 2010 et le décret du 11 juin ont donc pour objectif d’indemniser les victimes. Dans ce but, le ministre a mis en place un Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français (Civen), présidé par un conseiller

d’État et qui comprend des médecins et des scientifiques de renom, choisis sur avis du Haut conseil de la santé publique. Ce comité est assisté d’un secrétariat, le Sciven.

Deux conditions d’indemnisation

tion), qui relève de l’ONU. Toute personne estimant réunir les conditions de cette indemnisation doit donc contacter le Sciven : - au numéro Azur 0 810 00 70 25 - ou au numéro 01 42 31 95 64 pour les appels provenant de l’étranger

Pour pouvoir prétendre au bénéfice de ces nouvelles dispositions, toute personne estimant être atteinte d’une maladie issue des essais doit réunir deux conditions : justifier de sa présence dans des zones spécifiques du Sahara et/ou de la Polynésie française lors des essais nucléaires et être porteur atteint d’une des 18 maladies retenues par le décret d’application. Cette liste de maladies s’appuie sur les études scientifiques de l’UNSCEAR (United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radia-

Ce pôle renseigne sur l’état d’avancement de la demande et accompagne le demandeur dans sa démarche. Il est également possible de déposer une demande d’indemnisation en tant que victime ou ayant droit d’une personne décédée par courrier : • En métropole : Secrétariat du comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français (Sciven) 16 bis avenue Prieur de la Côte d’Or 94114 Arcueil Cedex

PREMIER EMBARQUEMENT DES ÉLÈVES COMMISSAIRES DE LA MARINE

1 Du 4 au 8 octobre 2010, les neuf aspirants de la nouvelle promotion d’élèves commissaires de la Marine ont embarqué pour la première fois sur trois bâtiments de la force d’action navale : la FDA Chevalier Paul, la FASM Latouche-Tréville et le TCD Foudre. Cet embarquement avait pour objectif d’illustrer et de compléter les cours dispensés à l’École des officiers du commissariat de la Marine (EOCM), installée à Lanvéoc-Poulmic, sur le site de l’École navale, et de leur faire découvrir l’organisation et le fonctionnement d’un élément de

force maritime. Au gré des quarts en passerelle et au PC machine, mais aussi des exercices qui rythment la vie quotidienne d’un bâtiment à la mer, les élèves ont pu observer la mise en œuvre des différentes chaînes fonctionnelles. Pleinement associés à la vie du bord, ils ont ainsi pu prendre la mesure de l’action des chefs de service et des capitaines de compagnie en assistant notamment à une commission formation et à une réunion dédiée à la maîtrise des capacités opérationnelles d’un bâtiment. Les exercices d’une grande variété auxquels

• En Algérie : Ambassade de France en Algérie Service des anciens combattants 1 ex rue du professeur Vincent - BP 61 16035 – Hydra Alger • En Polynésie française : Caisse de prévoyance sociale de Polynésie française (CPS) BP Papeete 98713 Polynésie française Pour les autres pays, contacter les ambassades et les consulats. Pour accéder aux formulaires et aux questions relatives à l’indemnisation, consulter le site www.defense.gouv.fr, rubrique « Vous et la Défense/Sécurité nucléaire/Suivi des essais nucléaires ». Sur Intradef : rubrique Grands dossiers (Sciven).  NATHALIE FERRIERE-BOUE

REPORT DE LA TOURNÉE DES PORTS DU DPMM

les élèves ont assisté leur ont donné une première vision du large éventail de situations auxquelles chaque bâtiment doit se préparer. Au cœur de leurs futures fonctions, ils ont également assisté aux réunions du comité de gestion de la coopérative et de la commission d’ordinaire, sans oublier le suivi des opérations de contrôle interne ou d’audit menées au sein du service commissariat. Après ces expériences, ils perçoivent plus concrètement l’activité d’un commissaire embarqué. Enfin, cet embarquement a été l’occasion de nombreux échanges avec des marins de tous grades et de toutes spécialités. Les élèves ont ainsi pu mesurer ce que signifie le travail en équipage, et les qualités de technicité, de combativité et d'endurance qu'il implique. Ce n’est qu’au terme d’une scolarité de deux années – qui s’achèvera par la mission Jeanne d’Arc aux côtés des autres élèves officiers de la Marine – que les aspirants commissaires pourront à leur tour exercer pleinement leurs fonctions sur les bâtiments de la flotte. 

La tournée des ports du DPMM, initialement prévue entre minovembre et mi-décembre 2010, ne s'avère finalement pas adaptée aux événements de cette fin d'année. En effet, avec le déploiement du groupe aéronaval, de nombreux marins vont être absents de nos ports et de nos bases. Parallèlement, l'agenda politique ne semble pas favorable, et les conséquences de certains dossiers ne sont pas encore consolidées : réforme des retraites, refonte du système indemnitaire des militaires, processus RH des groupes de soutien des bases de défense, coopération franco-britannique. Il a donc été décidé de reporter la tournée au premier semestre 2011 afin de permettre au plus grand nombre de marins d'être présents. Bien entendu, vous pouvez faire remonter dès maintenant vos questions en passant par les relais classiques: hiérarchie, correspondants du personnel (CPO, CPNO), présidents de catégorie ou encore membres du CFMM et du CSFM.

CR1 JEAN-GUSTAVE BONNET

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  31

INFO

dans nos ports

LANVÉOC LE MAJOR TREBERN PASSE LES 6 000 HEURES DE VOL ’est avec des yeux pétillant de plaisir et d’étonnement que le major Jean-Yves Trebern, électronicien de bord sur hélicoptère Lynx de la flottille 34F, a été accueilli au retour la mission marquant la 6 000e heure de vol de sa carrière. Surpris par l’accueil de l’ensemble du personnel de sa flottille, mais surtout ravi par la présence de son épouse et de ses enfants conviés pour l’occasion, le major s’est plu à serrer les mains en descendant le tapis rouge qui l’attendait au pied du Lynx. Le capitaine de corvette Max Blanchard, commandant la flottille de Lynx de Lanvéoc, a tenu à récompenser et saluer cette extraordinaire expérience aéronautique par la remise d’un trophée. Outre ces 6 000 heures de vol, ce trophée honore 38 années d’une carrière aéronautique débutée à l’âge de 17

C

LE MAJOR JEAN-YVES TREBERN ACCUEILLI AU CHAMPAGNE PAR SON COMMANDANT, LE CC MAX BLANCHARD, COMMANDANT LA FLOTTILLE 34F.

ans sur C47, HSS puis Super Frelon. Si ces noms s’inscrivent désormais dans le patrimoine aéronautique de notre Marine, le major Trebern a su en tirer une expérience hors du commun qui lui confère aujourd’hui un statut d’exception dans son domaine de spécialité. En effet, après une vingtaine d’années de missions telles que Saphir, Okoume, Agapanthe, déployé aussi bien dans le Golfe que dans le Zonex, à bord de l’escorteur d’escadre D’Estrées ou des frégates anti-sous-marines Duguay-Trouin, Tourville ou Georges Leygues, le major Trebern a formé des générations successives d’électroniciens de bord sur hélicoptère Lynx en assurant la continuité et la permanence d’un savoir-faire long et difficile à acquérir. Merci major !  LES MOLINA

BASTIA LE COMMANDANT BIROT COMMÉMORE SAINT-MANDRIER RUGBYMEN LA LIBÉRATION DE LA VILLE EN HERBE AU CIN

undi 4 octobre 2010. L’aviso Commandant Birot est en escale pour les cérémonies de commémoration de la libération de Bastia. À proximité du port de commerce, entre la mairie et la place SaintNicolas, se dresse le dernier vestige du sous-marin Casabianca. Discret monument, le kiosque de ce sousmarin héroïque rappelle les heures sombres de l’Oc-

L

cupation nazie mais aussi les sacrifices et la bravoure du Commandant L’Herminier, de son équipage et de tous ces hommes qui, à l’automne 1943, œuvrèrent à la libération de Bastia, refaisant ainsi de la Corse, premier département libéré, une terre nationale. 10 h 30, la sonnerie aux morts résonne. Les couleurs sont hissées sur le kiosque du Casabianca ; à tribord, le pavillon national, et à bâbord, le Jolly Roger, pavillon pirate, qui rappelle les faits d’armes de ce sous-marin mythique pendant la Seconde Guerre mondiale. Le cortège se déplace ensuite rapidement vers le monument aux morts au centre de la place SaintNicolas où doit avoir lieu la cérémonie commémorative de la libération de Bastia, en présence de M. Zuccarrelli, maire de la ville, et des autorités militaires locales. 

ADOSM VENEZ NOMBREUX AUX JOURNÉES D’ENTRAIDE DE LA MARINE es traditionnelles Journées d’entraide de la Marine auront lieu à Paris, Cherbourg, Brest et Toulon, du 26 novembre au 11 décembre. Tous les bénéfices récoltés pendant ces journées d’entraide sont consacrés aux œuvres sociales de la Marine. En 2009, grâce à votre générosité et à l’engagement de plus de 600 bénévoles, 300 000 euros ont été attribués à 450 orphelins de marins et de civils de la défense et 55 000 euros à des veuves ou anciens marins en difficulté. L’essentiel des ressources de l’Association de défense des œuvres sociales de la Marine

L

32  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

(ADOSM) provient de ces journées d’entraide. Le détail des Journées d’entraide : - à Paris, les 26, 27 et 28 novembre au musée national de la Marine, palais de Chaillot (entrée par les jardins) ; - à Cherbourg, le 27 novembre, au cercle Chantereyne, rue de l’Abbaye ; - à Brest, les 3 et 4 décembre, salle Surcouf, rue Yves Collet ; - à Toulon, les 10 et 11 décembre, au cercle de la Marine, porte Castigneau.  Pour plus d’informations, consulter le site www.adosm.org

ans le cadre de la journée « Armées jeunesse » et du partenariat de la Marine nationale avec le comité Côte d’Azur de la Fédération française de rugby, le centre d’instruction naval de Saint-Mandrier a accueilli 59 enfants du rugby club de la ville le mercredi 20 octobre. Ces derniers ont eu la chance de rencontrer deux joueurs du Racing Club de Toulon (RCT), Mafiléo Keku et Thomas Sourice, qui avaient fait le déplacement. À leur arrivée, les sportifs en herbe ont accueilli leurs idoles et échangé quelques mots avant une séance photo spontanée et un entraînement sérieux et bon enfant. L’après-midi s’est conclu par un goûter qui a rassemblé les enfants, les joueurs du RCT et le personnel d’encadrement sportif du CIN Saint-Mandrier. Petits et grands ont été ravis de ces moments d’échanges et de partage, symbolisant les valeurs communes du rugby et de la Marine. 

D

INFO

dans nos ports

CHERBOURG LE CEMA PRÉSIDE LA 49 E SÉANCE INAUGURALE DU COURS DE GÉNIE ATOMIQUE ette année, la 49e séance inaugurale du cours de génie atomique de l’EAMEA (École des applications militaires de l’énergie atomique) a été prononcée par Catherine Césarsky, haut-commissaire à l’énergie atomique et astrophysicienne de renom, sur le thème «Énergie et matière dans l’univers». Après avoir animé l’École française des travaux théoriques en astrophysique des énergies, Catherine Césarsky a impulsé l’évolution de l’astronomie spatiale française vers l’astronomie infrarouge, pour ensuite lancer les grands projets actuels d’astronomie au sol. L’amiral Édouard Guillaud, chef d’état-major des armées, qui présidait la séance inaugurale, a quant à lui insisté sur le « caractère central du fait nucléaire» dans nos sociétés, tout en rappelant les éléments fondamentaux structurant la dis-

C

suasion nucléaire française. La promotion du génie atomique comprend cette année quinze marins, deux aviateurs et un ingénieur de la DGA. À l’occasion de cette 49e séance inaugurale du cours de génie atomique, le capitaine de vaisseau Didier Le Guigot, commandant l’EAMEA, présente son établissement.

La mission de l’école L’école forme les « atomiciens » du ministère de la Défense, c’est-à-dire les personnes appelées à mettre en œuvre et à exploiter au quotidien les systèmes nucléaires confiés aux armées. Les formations concernent donc les domaines de la propulsion nucléaire (sous-marins et porte-avions), des armements nucléaires et de la maîtrise des risques liés au nucléaire. Les formations sont délivrées à des militaires comme à des civils du ministère de la Défense. L’école accueille chaque année près de 900 élèves et stagiaires.

Une école au cœur de la dissuasion

LE CEMA PASSE EN REVUE LA COMPAGNIE D’HONNEUR.

La dissuasion repose, entre autres, pour ses moyens, sur la crédibilité opérationnelle et technique. Au cœur de cette crédibilité, il y a des hommes qui mettent en œuvre et exploitent les installations de la dissuasion. Ces techniciens et ingé-

nieurs doivent être formés au meilleur niveau scientifique et technique : l’EAMEA assure cette formation, qui est centrale pour cette crédibilité.

Les avantages de Cherbourg La région de Basse-Normandie est particulièrement riche en « nucléaire appliqué », notamment le nord Cotentin. Ainsi, on y trouve : un chantier de construction de sous-marin nucléaire (DCNS), un centre de retraitement de combustible (AREVANC), un chantier de construction du premier réacteur EPR français sur le site de la centrale nucléaire de Flamanville, ainsi que tout ce qui concerne le nucléaire de la santé à Caen. L’EAMEA a des partenariats avec tous ces acteurs.

Coopération internationale Depuis maintenant près de 10 ans, l’EAMEA apporte une contribution pratique à la construction européenne et à la coopération franco-britannique dans le domaine de la Défense. Un partenariat existe avec le département nucléaire du College of Management and Technology (Defence Academy), situé à Gosport au sein du HMS Sultan. Tous les ans, un projet de génie atomique conjoint avec des officiers et des étudiants britanniques permet à des élèves de l’EAMEA de se voir décerner un master européen de sciences nucléaires. 

LORIENT STAGE CITERA POUR LES MÉDECINS COMBATTANTS ls ont une double spécialité : médicale et combattante. Du 18 au 22 octobre, huit médecins et infirmiers du service de santé des armées ont suivi un stage « Citera médicos » (Centre d’instruction aux techniques de réanimation de l’avant) dispensé sur la base de Lorient. « Pendant leur séjour, nous leur apprenons les techniques de la médicalisation en milieu hostile et à prendre en charge du personnel blessé sous le feu », explique le médecin-chef Dominique Tristan, de la base des fusiliers marins commandos. « Pour favoriser l’immersion des stagiaires, nous les soumettons à des mises en situation très réalistes. » Sur le site militaire de Gavres, les stagiaires retrouvent les réflexes du combattant. Dans un contexte d’engagement difficile, le personnel de santé doit apprendre à s’intégrer dans les déplacements tactiques d’une patrouille. Ils sont alors des soldats qui doivent progresser en se protégeant et en faisant face, si besoin, aux difficultés de l’extraction d’un blessé. Ce stage, qui se veut très pédagogique et fondé sur le retour d’expérience des théâtres d’opérations, est le fruit d’une collaboration des centres d’ins-

I

tructions de Brest, de Lyon, de Metz, de Toulon, de Bordeaux et de Lorient. Après un passage en hôpital militaire, le Citera est la deuxième étape d’un cursus de préparation au déploiement opération-

nel des infirmiers et médecins. Depuis sa première édition en 2008, le « Citera médicos » répond, selon le médecin-chef Tristan, « à une complexification de la situation sur le terrain ».  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  33

TEMPS

mémoire

DE NIEUPORT À DIXMUDE DANS LES PAS DES « DEMOISELLES AUX POMPONS ROUGES » public attentif les différentes phases de la bataille de l’Yser. Sur le tracé de l’ancienne voie ferrée qui reliait Dixmude à la côte et qui fut emprunté il y a presque un siècle par les troupes françaises, l’évocation historique prend tout son sens. La platitude de la campagne environnante, où seules quelques fermes isolées apparaissent au milieu des champs, permet d’imaginer les dégâts causés par le « feu » ennemi sur des unités se déplaçant en rase campagne. On songe aux vers de Victor Hugo: «Dans ce morne horizon se sont évanouis ! Combien ont disparu, dure et triste fortune !… Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ? » Les plaines de l’Yser furent comme un océan pour ces marins devenus fantassins par les hasards de la guerre.

Le «boyau de la mort»

Du 15 au 17 octobre 2010, un détachement de l’École des fusiliers marins de Lorient s’est rendu à Dixmude, dans les Flandres belges. L’occasion, pour ces jeunes marins âgés de 16 à 17 ans, de recevoir une leçon d’histoire sur les lieux mêmes où s’illustrèrent leurs glorieux anciens, surnommés les «demoiselles aux pompons rouges» en raison justement de leur jeunesse. 1 C’est en fin d’après-midi et après presque neuf heures de bus que les 31 élèves de l’École des mousses de Brest, actuellement au cours de quartiermaître de la flotte (QMF) n°12 à l’École des fusiliers marins de Lorient, sont arrivés à Nieuport le vendredi 15 octobre. Ils étaient accompagnés de leurs cadres, de M. Estienne, conservateur du Service historique de la Défense de Lorient et de M. Stouvenot, professeur d’histoire au Centre d’instruction naval de Brest. L’hébergement du groupe était prévu au Kamp van Lombardsijde, base militaire de l’armée belge située dans les dunes qui bordent la mer du Nord, à l’endroit même où les fusiliers marins combattirent en 1914. La municipalité de Nieuport, pour souhaiter la bienvenue aux marins français, les a accueillis dans la salle du conseil, sous les portraits du « roi chevalier » Albert 1er et de la reine Élisabeth. Ce fut l’occasion pour les plus jeunes de

prendre la pleine mesure de l’hospitalité belge. La journée du samedi était consacrée à la découverte des sites locaux de la Grande guerre. C’est sous la direction de M. Kristof Jacobs de l’ABAP (Association for Battlefield Archeology and Preservation, association pour la préservation des champs de bataille) que la première leçon d’histoire fut donnée, depuis les dunes qui bordent le camp militaire jusqu’au canal de l’Yser qui longe la ville de Nieuport. Ces dunes portent encore aujourd’hui les stigmates des violents combats et les tombes de soldats français, parfois anonymes, parsèment ce superbe paysage battu par les vents d’ouest. Plus tard, après avoir visité le mémorial dédié au roi Albert 1er qui surplombe les six écluses régulant le débit des eaux de l’Yser, le groupe s’est dirigé vers Ramskapelle où M. Walter Lelièvre, archiviste bénévole auprès de la ville de Nieuport, a expliqué à un

34  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

Le reste de la matinée fut employé à rejoindre Dixmude par l’ancienne voie ferrée, progression agrémentée d’explications historiques sur le conflit données par M. Estienne et M. Stouvenot et d’un arrêt sur le site préservé du « boyau de la mort ». Après une rapide restauration dans la Tour de l’Yser, mémorial dédié à la paix et à l’histoire du premier conflit mondial, les jeunes marins ont pu contempler avec M. Peter Verplancke, conservateur adjoint du musée, la superbe exposition temporaire consacrée à la bataille de l’Yser : « Nous irons en Flandres », qui met à l’honneur les fusiliers marins de 1914. Leur jeunesse leur valut d’être surnommés les « demoiselles aux pompons rouges » par les Parisiens. Ils avaient le même âge que

ces mousses qui, 96 ans plus tard jour pour jour, sont venus s’imprégner de l’esprit de leurs aînés. C’est ici d’ailleurs qu’est tombé le 27 octobre 1914, à l’âge de 18 ans, le matelot Jean-Louis Le Rousseau du deuxième régiment de fusiliers marins. La promotion du cours QMF n°12 a été baptisée de son nom, le 1er octobre dernier, lors d’une cérémonie de tradition organisée par l’École des fusiliers marins à Lorient.

L’enfer de Dixmude Vers 17 h, plusieurs délégations se rassemblaient dans le parc municipal auprès du monument érigé dans les années 1920 par un comité francobelge : associations patriotiques et d’anciens combattants belges, élus locaux, représentants de la Marine royale belge, délégations de la Gendarmerie royale et des sapeurs-pompiers, et jeunes fusiliers marins. Après les discours de Mme Lies Laridon, bourgmestre de Dixmude, et du capitaine de frégate Raphaël Clivaz, commandant de l’École des fusiliers marins, quatre gerbes furent déposées pour honorer la mémoire des 6 000 courageux marins qui combattirent durant la bataille de l’Yser. Dimanche matin, toute la délégation lorientaise remontait dans le bus qui les ramenait en Bretagne. Ce voyage semble avoir beaucoup plu aux jeunes fusiliers, car plus vivant et émouvant que bien des livres qui évoquent cette bataille. Lorsqu’arrivera le temps des commémorations centennales en 2014, ils auront une pensée pour ceux qui, à leur âge, connurent « l’enfer de Dixmude ».  EV1 THIERRY MAGUET

COURRIER

des lecteurs

VOS COUPS DE CŒUR… ET COUPS DE COLÈRE ! Lecteurs, cette rubrique est la vôtre. Merci à tous ceux qui nous ont écrit, pour leurs suggestions ou leurs remarques. Nous ne pouvons tout citer mais nous tenons compte de vos courriers. Continuez ! Ils nous sont utiles pour faire évoluer le magazine.



Je suis abonné depuis une trentaine d’années. Je viens de recevoir Cols Bleus nouvelle formule. (…) Je m’attendais à trouver une revue plus épaisse puisque bimensuelle. Ancien sous-marinier, je constate que l’aéronavale tient une grande place. (…) Il serait agréable d’avoir des dossiers ou rétrospectives sur d’anciens types de bateaux et des mini biographies de nos anciens chefs. Un abonné, ancien sous-marinier. Pendant 65 ans, Cols Bleus a été hebdomadaire afin d’apporter aux marins, notamment en escales, les informations les plus récentes. Internet permet aujourd’hui de disposer de ces informations avec une réactivité et une souplesse bien supérieures à un magazine traditionnel. C’est la raison essentielle du choix de la formule bimensuelle, qui s’est d’ailleurs accompagnée d’un changement substantiel de ligne éditoriale : moins de brèves d’actualité, articles plus longs et plus étoffés, rubriques nouvelles. Il n’est en revanche pas possible d’envisager une pagination plus importante, pour des raisons à la fois financières et de réalisation. Nous essayons, dans toute la mesure du possible, d’équilibrer les informations entre toutes les composantes de la Marine. S’il a été souvent question de l’aéronavale cette année, c’est que 2010 marque le centenaire de sa création. En ce qui

concerne les forces sous-marines, nous consacrerons très prochainement un dossier à l’île Longue dont on commémore le 40e anniversaire. Comme vous l’avez remarqué, depuis la rentrée, nous avons recommencé à publier une rubrique Histoire. Notre objectif est – modestement – d’éclairer l’actualité avec quelques références historiques. Nous n’aborderons donc ces sujets que dans cette perspective.



J’apprécie Cols Bleus, mais c’est long 15 jours à attendre ! Un abonné. Nous vous remercions de votre intérêt pour notre magazine et comprenons votre attente de sa sortie. Les sujets d’actualité sont abordés sur le site Internet de la Marine. En revanche, dans notre édition bimensuelle, nous essayons de traiter d’autres sujets plus en détail.

quer nos grands marins, ceux qui, comme vous le dites, « font résonner nos cœurs de marins » !



Je viens d’apprendre que les reliures Cols Bleus n’existent plus. Personnellement, je vous encourage vivement à en reprendre la réalisation, et surtout d’en faire la promotion. Un abonné. Les reliures qui permettaient de classer un semestre de Cols Bleus (au rythme hebdomadaire) ne sont en effet plus fabriquées depuis plusieurs années. Nous étudions la possibilité d’en refaire. Nous en ferons la promotion lorsque nous connaîtrons les conditions de fabrication et de vente.



Puisqu’il existe désormais un espace d’expression dans Cols Bleus, je tiens à vous dire combien j’ai aimé le dernier numéro (n° 2958). De belles images, des textes forts qui font résonner nos cœurs de marins. Bravo, continuez à nous offrir du rêve ! Un officier supérieur embarqué. Merci de votre courrier. Nous essayons, autant que possible, à côté de sujets d’actualité, d’évo-

N’hésitez pas à nous écrire : [email protected] Ou Sirpa Marine, rédaction de Cols Bleus, 2 rue Royale, 75008 Paris

Deux timbres Jeanne d’Arc primés

Décembre 2009, quelques jours avant le départ de la dernière campagne de la Jeanne d’Arc, La Poste émettait deux timbres-postes commémoratifs pour célébrer le porte-hélicoptères et son équipage. Œuvres du Peintre officiel de la Marine Michel Bez, ces deux vignettes postales avaient été réalisées en concertation avec la Marine. Le premier timbre, de grand format horizontal, représentait le bateau finement gravé en taille douce, une technique permettant de montrer de minuscules détails. Le second était consacré aux marins qui ont successivement embarqué sur le bateau. Les deux timbres étaient vendus en paire. En plus de l’émission des timbres en feuille, La Poste avait réalisé un petit feuillet de collection. Le dessin évoquait l’émotion des familles et de l’équipage au moment de l’appareillage. La carte avec laquelle il était vendu repré-

sentait quelques vues emblématiques des voyages de la Jeanne. En 2010, un jury composé de nombreuses personnalités réunies par La Poste a élu les timbres Jeanne d’Arc « plus beaux timbres de l’année 2009 ». Les deux vignettes ont donc l’honneur de figurer à nouveau sur un petit feuillet émis début novembre. Cette fois, Michel Bez  a représenté la passerelle et le pont d’envol, mettant ainsi l’accent sur le bateau et non sur l’imaginaire du voyage comme c’était le cas en 2009. Ces timbres, qui ont eu un grand succès, sont malheureusement depuis longtemps épuisés dans les bureaux de poste. En revanche, le nouveau feuillet est en vente sur le site de La Poste au prix de 3 euros. www.timbres.laposte/rayon/rayon/timbres-collection

COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010 35

ESPACE

loisirs

À L’ENCRE MARINE Ancien préfet maritime de l’Atlantique après avoir été préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, puis commandant de la zone maritime de l’océan Indien (Alindien), l’amiral Laurent Mérer est devenu écrivain depuis 2006. Les océans et les marins inspirent forcément son œuvre, notamment son dernier ouvrage : Le roman des marins.

Amiral, après trois précédents ouvrages(1), vous vous attelez à raconter le destin de marins. Lorgnez-vous de plus en plus vers le roman ? J’ai souhaité cette fois mettre en scène des marins d’aujourd’hui pour en faire des personnages de fiction. Cette idée remonte à quelques années. Lors d’une table ronde à laquelle j’assistais, l’amiral Jean Moulin avait demandé à l’écrivain académicien Didier Decoin quelle devait être, pour la Marine, la meilleure façon de se faire connaître. La réponse de l’actuel président de l’association des Écrivains de Marine avait été sans ambages : « Faites des livres, publiez des romans, faites des films qui racontent vos histoires ». J’ai écrit Le roman des marins dans cette perspective-là. Des marins sur leurs bateaux, mais aussi dans leur métier, leur vie, leurs rêves, leurs angoisses, parfois leurs cauchemars. À travers cinq histoires romanesques, j’ai souhaité communiquer ma passion pour la mer, pour les marins et pour le large. Faire partager tout cela au lecteur, et donner aux jeunes le goût d’y venir... Comment avez-vous eu l’idée de coucher sur le papier ces destins de marins ? Ce livre est d’abord le résultat d’une rencontre avec mon ami Vladimir Fedorovski, lui même écrivain et directeur de la collection « Le roman des lieux et destins magiques » aux éditions du Rocher. Il m’avait proposé plusieurs fois de publier dans sa collection, sur des ports célèbres ou des villes d’escales. Il m’a relancé en décem-

bre dernier : « Alors amiral, mon livre ? » « Je veux bien vous faire le roman des marins… » « Quelle bonne idée ! » C’est parti comme cela, sur un bon mot. Je ne pouvais plus reculer ! J’avais quelques anecdotes en mémoire, quelques notes ici ou là. J’ai évidemment puisé dans mon expérience de tant d’années à bord des bateaux. J’ai voulu mettre en scène des marins de tous grades. Des vies de quartiersmaîtres comme celles d’officiers mariniers ou de commandants. Mes cinq histoires constituent chacune un petit roman, se déroulent sur des patrouilleurs comme sur des frégates, en Atlantique, en océan Indien, dans le Pacifique ou dans les mers du Nord… J’ai aussi voulu traiter de toutes les situations, la navigation, le mauvais temps, mais aussi l’incendie, la guerre d’aujourd’hui... Et les hommes dans cette vie : l’ équipage, l’amitié, la solitude, une femme, une famille, un enfant au loin... Voilà ! C’est ainsi que, le 15 janvier dernier, je me suis mis à la table de travail à raison de 5 à 6 heures par jour. J’ai terminé mi-mai. Devenir écrivain après avoir occupé de hautes fonctions dans la Marine, n’est-ce pas une expérience parfois dure à assumer ? C’est une autre vie. En prenant la plume, ou plutôt le clavier, j’ai recommencé à zéro... Vous savez, plus de 60 000 livres paraissent chaque année en France. Dans ce paysage encombré, il faut trouver sa place. C’est excitant ! C’est vrai, mon quotidien a indéniablement changé. Il n’y a pas de feuille de service ni d’agenda pour organiser la journée. C’est à moi de décider. Et je n’ai pas de retour avant plusieurs mois. C’est parfois vertigineux ! Publier un ouvrage, c’est aussi le faire savoir et le faire connaître : un vrai challenge dans lequel l’auteur doit aussi s’investir.

Après avoir écrit sur les océans et ses acteurs, votre prochain ouvrage sera forcément marin. S’agira-t-il d’un roman ? Figurez-vous que j’ai déjà pratiquement fini le suivant ! Depuis le 15 mai, j’ai eu le temps... (Rires). Plus sérieusement, il y sera sûrement question de marins et d’océans puisque c’est ma passion. Quant au genre, toutes les possibilités s’offrent à moi : essai, roman historique, enquête… Pourquoi écrivez-vous finalement ? J’écris pour être lu... En m’attaquant à des sujets proches de la Marine nationale, j’espère évidemment ne pas décevoir ni trahir les marins, mais je vise un public plus large, pour lui faire partager notre univers, sa complexité, sa richesse, son humanité. Ce qui me guide, c’est le retour des lecteurs. Je suis un écrivain heureux. Après avoir pu mener 30 à 40 vies grâce à la Marine, je me suis investi dans cette nouvelle aventure. J’ai eu de la chance, mes livres ont été bien accueillis par les médias et ils ont trouvé un large public. Ce qui me motive, c’est de faire partager aux lecteurs ma passion pour ce monde si riche et étonnant dans lequel j’ai eu l’immense chance de vivre. Vous êtes aussi un lecteur averti. Que lit l’écrivain Laurent Mérer ? Mes lectures sont éclectiques, romans, essais, histoire, polar... Mais je suis un lecteur exigeant ! Je peux commencer sept à huit livres pour n’en finir qu’un ! Je suis très attentif à la qualité de l’écriture. Je lis ou relis des « classiques », Balzac, Dumas, Conrad, Zweig... Pour les contemporains, je me sens proche d’un Jean-Christophe Rufin. J’aime beaucoup Michel Le Bris. Son roman La beauté du monde(2) m’a touché. Le Bris, Rufin… des écrivains avec un vrai imaginaire. Dans leurs ouvrages, il y a

du souffle. Je les envie ! Enfin, pour évoquer un livre de voyage qui constitue pour moi une référence, je citerais volontiers L’usage du monde(3) de Nicolas Bouvier. Plus qu’un récit, ce livre propose un regard sur la vie. J’aime également beaucoup les livres de l’écrivain voyageur Sylvain Tesson comme L’axe du loup(4) ou son Éloge de l’énergie vagabonde(5). Amiral, en guise de conclusion, que peut-on vous souhaiter pour la suite ? De continuer à mener cette vie que j’aime. Je ne dirai jamais assez merci à la Marine qui m’a donné tant d’expériences et d’ouvertures. Désormais, j’écris et je voyage… mais maintenant, c’est avec ma femme ! Je raconte aussi beaucoup, dans des conférences. Je pars dans quelques jours en Éthiopie pour six semaines. L’an dernier au printemps, j’ai fait le tour du monde, et j’ai passé l’automne en Asie. En févriermars prochains, ce sera l’Australie, puis le Moyen-Orient. Avec un carnet de notes... PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE DUGAST

(1) Alindien : un marin dans l’océan Indien, 2006 (Le Télégramme éditions). Préfet de la mer, 2007 (Éditions des Équateurs). Moi, Osmane, pirate somalien 2009 (Éditions Koutoubia). (2) La beauté du monde, Michel Lebris, 2008 (Grasset). (3) L’usage du monde, Nicolas Bouvier, 2001 (Payot). (4) L’axe du loup, Sylvain Tesson, 2004 (Laffont). (5) Éloge de l’énergie vagabonde, Sylvain Tesson, 2007 (Éditions des Équateurs).

LE ROMAN DES MARINS DE LAURENT MÉRER.

208 PAGES, 19,90 €. COLLECTION

« LE DESTIN DES LIEUX ET DESTINS MAGIQUES

» (ÉDI-

TIONS DU ROCHER).

L’AMIRAL LAURENT MÉRER EN SEPT DATES 13 août 1948 : Naissance de Laurent Mérer à Oye-Plage (Pas-de-Calais). 1968 : Entre à l’École navale.

1984 : Devient professeur de stratégie navale en République populaire de Chine. 1988 : Commande l’avisoescorteur Doudard de Lagrée des

36  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010

Forces maritimes de l’océan Indien. 1996 : Auditeur à l’Institut des hautes études de défense nationale et au Centre des hautes études militaires.

1997 : Nommé au cabinet du Premier ministre. Septembre 2006 : Le vice-amiral d’escadre Laurent Mérer quitte la Marine.

ESPACE

loisirs

Un éloge du vent Louis est écrivain en manque d’inspiration. Il pense retrouver celle-ci au cours de longues promenades en bord de mer. Paul est un vieil homme solitaire, éprouvé par la vie, devenu un intrigant sage qui habite une petite maison au bord de la plage où Louis se ressource. Les deux hommes se lient d’amitié et échangent leurs « regards » posés sur le monde qui les entoure. Au fil des pages, le lecteur se laisse bousculer dans ses certitudes et inspirer par les réflexions de Paul, pour qui « la nature passe son temps à nous séduire sans que nous la voyions ». Ce roman pourrait finalement être considéré comme un recueil de poésie empreint de philosophie très habilement mené sous la plume de l’auteur, ancien officier de Marine. Pourquoi ce titre ? Parce que le vent ne se voit pas, mais il se perçoit, et l’on voit ses conséquences… UN ÉLOGE DU VENT, PHILIPPE METZGER. 144 PAGES, 14 € (L’HARMATTAN).

Photographies d’un marin ordinaire 14 boîtes de plaques de verre, au total 220 photographies en excellent état de conservation, ont été découvertes en 1995 dans les réserves du musée de la Batellerie de Conflans-Sainte-Honorine, par le conservateur en chef. Aidé d’un historien, il retrouve l’identité de l’auteur des photographies, un marin du début du XXe siècle. De ce fonds personnel, les auteurs ont tiré un livre original dans lequel défile la Marine des années 1895 à 1914, celle des croiseurs, des premiers sous-marins et des escales exotiques. L’intérêt du livre vient surtout du caractère informel des photographies, destinées à l’origine à un usage personnel. Photographies et textes nous conduisent dans un agréable et instructif voyage dans le temps, pour rejoindre l’époque où est née la Marine moderne. LA ROYALE À LA BELLE ÉPOQUE, PHOTOGRAPHIES D’UN MARIN ORDINAIRE, LAURENT ROBLIN, AVEC LA COLLABORATION DE LUC FERON. 144 PAGES, 24 € (ÉDITION ALAN SUTTON).

1914-1918 : un front oublié, le front d’Orient Alors que la guerre fait rage entre la France et l’Allemagne, des milliers de soldats français combattent dans les Balkans entre 1915 et 1919. Après le désastre des Dardanelles, un corps expéditionnaire franco-britannique débarque dans le port de Salonique en octobre 1915. Il doit sauver l’armée serbe en déroute, s’installer en Grèce, alors pays neutre, aider la Roumanie et défaire les Bulgares. Les difficultés sont immenses, mais les troupes alliées contraignent finalement la Bulgarie à signer le 29 septembre 1918 le premier armistice de la Première Guerre mondiale. Pour une telle expédition, le rôle de la Marine est déterminant. Transporter les troupes, assurer l’arrivée du matériel et le ravitaillement… À travers images d’archives et analyses de spécialistes, ce film rappelle l’âpreté de ces combats lointains – et méconnus – qui ont grandement contribué au succès allié en 1918. UN FRONT OUBLIÉ, LE FRONT D’ORIENT, ECPAD, 52 MINUTES (2010).

Lapérouse, l’homme qui vécut pour tourner autour du monde Sur l’échafaud, Louis XVI s’interrogeait encore, diton, sur l’expédition qu’il avait lancé quelques années plus tôt : « A-t-on des nouvelles de monsieur de Lapérouse ?» Sans doute y a-t-il peu de voyages qui symbolisent autant l’esprit des Lumières, la découverte de terres et de peuples nouveaux, l’utilisation des récentes découvertes scientifiques que celui de Lapérouse… sans parler du mystère qui entoure la fin de son aventure. S’appuyant sur une abondante documentation remarquablement maîtrisée, l’auteur nous invite à découvrir le marin d’exception que fut Lapérouse, trop souvent réduit à sa dernière – et fatale – expédition. Le livre nous rappelle qu’auparavant, il a passé plus de trente ans à naviguer sur toutes les mers du monde et participé – entre autres – à la guerre d’indépendance des États-Unis. C’est donc l’un des marins les plus chevronnés de l’histoire que Louis XVI avait choisi pour conduire la fameuse expédition. LAPÉROUSE, ANNE PONS. 320 PAGES, 8,20 € (FOLIO – BIOGRAPHIES).

Quiz marin Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la mer ! Tony Rice, biologiste marin de formation, vous propose de l’apprendre à travers 118 questions-réponses. Une façon originale d’en savoir plus sur la mer et l’environnement marin : la vie sous l’eau, les espèces qui s’y développent, les forces en action, les relations entre plantes, animaux et hommes, et pour finir, la protection de la mer et des océans. Pour devenir un marin érudit ! STÉPHANE DUGAST

LES POISSONS BOIVENT-ILS DE L’EAU ?, DE TONY RICE, TRADUCTION D’ARIEL FUCHS. 240 PAGES, 22 € (GLÉNAT, HORS COLLECTION - MER).

L’Hermione, un sacré chantier ! Dans l’ancien arsenal maritime de Rochefort, une équipe de passionnés reconstruit depuis 1997 la frégate Hermione. C’est ce fier navire qui a permit à La Fayette, en 1780, de traverser l’Atlantique pour rejoindre l’Amérique. Témoin d’une période phare de l’histoire maritime française, cette frégate en bois renaît sous les yeux du lecteur, qui peut ainsi découvrir le travail des charpentiers, des forgerons, des gréeurs, des calfats ou des voiliers. Les photos du reporter-bourlingueur Francis Latreille et les textes d’Yves Gaubert racontent, étape par étape, cette aventure de gens de mer. À savoir : l’Hermione sera mise à l’eau en 2011, gréée au printemps 2012 pour une traversée de l’Atlantique vers Boston prévue en 2013. STÉPHANE DUGAST

L’HERMIONE UNE FRÉGATE POUR LA LIBERTÉ, DE FRANCIS LATREILLE, TEXTES D’YVES GAUBERT. 166 PAGES, 29 € (GALLIMARD LOISIRS). COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010  37

ESPACE

loisirs

POL CORVEZ JONGLEUR DE MOTS Les mots et leurs étymologies sont sa passion. Surtout les mots marins… 1 Pourquoi s’intéresser au monde maritime via la sémantique et l’étymologie ? La plupart des lexicographes s’intéressent davantage à la sphère littéraire ou terrestre qu’à celle des métiers ou des univers marins. C’est notre côté Académie française, sans doute ! Cette idée me trottait dans la tête depuis une quinzaine d’années. J’ai simplement continué le travail de recherche. Puis j’ai proposé le manuscrit à Bernard Cadoret, alors directeur de la revue Chasse-Marée. J’ai reçu une réponse enthousiaste très rapidement et la machine s’est mise en marche. Cela faisait plus de 150 ans que l’on réclamait ce genre d’ouvrage en France ! On devait l’attendre, puisqu’il a obtenu un prix de l’Académie de marine en 2008, et que plus de 10 000 exemplaires en ont été vendus, ce qui en fait un long seller (un succès durable – ndlr). En quoi ce dictionnaire augmenté(1) est-il différent du précédent ? D’abord, ce nouvel ouvrage est deux fois plus important que la première édition du point de vue du nombre d’entrées. Il est également plus large quant à son envergure, puisque j’y ai ajouté les mots provenant du monde fluvial et de l’eau en général. De plus, ce dictionnaire – édition augmentée ou édition initiale – se distingue de mon premier dictionnaire(2) qui s’intéressait aux termes et expressions provenant de la mer et de l’eau utilisés dans le vocabulaire des états affectifs et du comportement.

L’optique en est donc différente, le style également, puisque l’on me dit souvent que le premier a été écrit par un homme et l’autre par une femme ! Mais quelle richesse ! Et quel étonnement de voir que lorsque l’on parle de nos états affectifs, c’est le vocabulaire de l’eau et de la mer qui arrive en force. Quelles sont vos définitions préférées ? « Partance » et « escale », car un marin est toujours ballotté entre ces deux réalités. Parce que c’est notre vie, même si l’on n’est pas marin. Toujours prêt à partir, avec l’excitation qui accompagne les rêves de départ, même si ce ne sont que des projets terrestres ou terriens, et des escales entre deux aventures ou deux projets. « Lascar » aussi, car c’est un mot qui vient de loin, et qui dit beaucoup sur la façon dont on a considéré nos frères lointains, avec à la fois admiration et dédain. Toute une anthropologie du monde occidental se cache derrière ce terme.  PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE DUGAST

(1) Le nouveau dictionnaire des mots nés de la mer, Pol Corvez. 720 pages, 22 €. Édition augmentée. Médaille de l’Académie de marine (Glénat). (2) Dictionnaire marin des sentiments et des comportements / Les mots issus de la mer et de l’eau, Pol Corvez. 720 pages, 22 €. (Crystel éditions).

COLS BLEUS N°2959 13 NOVEMBRE 2010 Avril 2009 : le contrat de construction d’un troisième BPC, décidé dans le cadre du plan de relance de l’économie, est notifié aux industriels STX et DCNS. Il doit être admis au service actif en 2012. Cols Bleus fait le point sur l’avancement de ce chantier, l’un des plus importants actuellement pour la construction navale. Entretien : le major général est un personnage clef du fonctionnement de la Marine. Son rôle est cependant souvent méconnu. Le VAE Chomel de Jarnieu a accordé un entretien à Cols Bleus et nous explique quelles sont ses fonctions. Livre : ancien préfet maritime, le VAE Laurent Mérer, aujourd’hui en deuxième section, a déjà écrit plusieurs ouvrages. Aujourd’hui, il nous propose Le roman des marins, un récit qu’il n’aurait pu écrire sans sa longue expérience des bateaux et de la mer. Entretien exclusif à Cols Bleus. COUVERTURE : MARIE DÉTRÉE 

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS INTERVIEW PAGE 4 : MN/JONATHAN BELLENAND PAGE 5 : MN PAGE 6 : MN/JEAN-MARIE HAUW APERÇU PAGE 7 : MARIE-CHRISTINE CAUBET PASSION MARINE PAGES 10-15 : BERNARD BIGER / STX EUROPE PAGE 16-17 : BERNARD BIGER / STX EUROPE - MARIE DÉTRÉE  PAGE 18 : BERNARD BIGER / STX EUROPE PAGE 19 : MN PAGES 20-21 : THIBAULT CLAISSE PAGE 22 : MN INFO ACTUS PAGES 24 : MN PAGES 25 : DCNS PAGES 26-27 : MN/DCNS PAGES 28-29 : MN CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGE 30 : MN/FRÉDÉRIC LUCAS PAGE 31 : MN DANS NOS PORTS PAGE 32 : MN PAGE 33 : JEAN-JACQUES LEBAIL/JONATHAN BELLENAND MÉMOIRE PAGE 34 : MN/ALFUSCO ESPACE LOISIRS PAGE 36 : ÉDITIONS DU ROCHER PAGE 38 : DR

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

RÉDACTION : 2, rue Royale – 75008 Paris  Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01  E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine  Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë  Rédacteur en chef adjoint : LV Clémence Viel  Secrétaire : SM Anaëlle Basle  Rédacteurs et journalistes : LV Charlotte Berger, EV1 Grégoire Chaumeil, Stéphane Dugast  Infographie : Serge Millot  Directeur de la publication : Hugues du Plessis d’Argentré, capitaine de vaisseau commandant le service d’information et de relations publiques de la Marine  Abonnements : 01 49 60 52 44  Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8, route du Fort, 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Thierry Lepsch – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92  Conception-réalisation : Idé Édition, 33, rue des Jeûneurs, 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Christophe Bajot – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Virginie Gervais, Nathalie Pilant, Laurent Villemont  Photogravure : Beauclair – 15, avenue Bernard-Palissy, 92210 Saint-Cloud  Imprimerie : Quebecor – 6, route de la Ferté-sous-Jouarre, 77440 Mary-sur-Marne  Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction  Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011  ISBN : 00 10 18 34  Dépôt légal : à parution  38  COLS BLEUS  N° 2959  13 NOVEMBRE 2010