Montréal, le 27 novembre, 2002

27 nov. 2002 - naturelles, et est également loin de l'objectif de 8 % de son territoire protégé, objectif dont l'atteinte constitue un engagement du Conseil des ...
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LES AMIS DES PLANTES SAUVAGES DU QUÉBEC

FloraQuebeca est une association à but non lucratif, vouée à la connaissance, à la promotion et surtout à la protection de la flore et des paysages végétaux du Québec

AVIS SUR L’AVENIR DU PARC DU MONT-ORFORD

Depuis sa fondation en 1981, l’Union québécoise pour la nature (UQCN) regroupe des milliers de membres et sympatisants provenant de toutes les régions du Québec et de tous les horizons, dans le but de promouvoir le développement durable et la conservation de la nature. FloraQuebeca regroupe depuis 1996 plusieurs botanistes et horticulteurs, autant professionnels qu’amateurs, ainsi que des amants de la nature, tous inquiets de voir se dégrader ou disparaître des habitats naturels du Québec. Ces deux organismes ont voulu exprimer un point de vue sur les changements survenant au parc national du Mont-Orford. C’est dans le sud de la province que les dégradations et les disparitions d’habitats naturels ont été les plus sévères et les plus étendues. Selon notre connaissance de la situation, il est important que les parcs, dont le parc national du Mont-Orford, conservent et même augmentent leur territoire pour le bénéfice des générations futures. Le Québec est déjà très en retard sur bon nombre de pays qui vouent un plus grand pourcentage de leur territoire à la conservation des ressources naturelles, et est également loin de l’objectif de 8 % de son territoire protégé, objectif dont l’atteinte constitue un engagement du Conseil des ministres pour 2005. Même si le Québec, via la Stratégie québécoise sur les aires protégées, vise la protection, d’ici quelques années, de nouveaux territoires représentatifs des grands biômes, il ne faut pas négliger les parcs que nous avons déjà et les gérer de façon à assurer le maintien de leur biodiversité. Tout massif forestier en milieu péri-urbain ou agricole a une valeur en soi et doit être conservé, et encore plus lorsqu’il a une grande valeur écologique comme celui du parc du Mont-Orford. L’inclusion de plusieurs terrains au pourtour et à l’intérieur du périmètre actuel du parc est une bonne chose pour la conservation de l’intégrité écologique de tout le parc. Il est toujours préférable que le territoire soit consolidé afin de mieux protéger l’ensemble et d’éviter les effets

de bordure qu’un périmètre trop découpé peut favoriser. La gestion en est ainsi grandement simplifiée et la protection naturelle augmentée. Par ailleurs, les échanges actuels ne respectent pas toujours le principe de diminuer les effets de bordure qui sont néfastes pour la flore, mais surtout pour la faune, certaines espèces d’intérieur de forêt ayant besoin de grands territoires forestiers pour accomplir leur cycle vital. À cela doit s’ajouter l’impact du développement luimême, incluant ceux associés à ses infrastructures, dont un approvisionnement en eau et le système d’évacuation des eaux usées.

L’exemple le plus frappant de territoire fragmenté est l’ajout d’une superficie qui était sous-bail avant la nouvelle proposition, superficie qui se situe entre le Mont Orford et le Mont AlfredDesrochers et qui se trouve entre deux remonte-pentes. Il est important de préserver les sommets, mais l’ajout d’une portion pour la conservation entre deux remonte-pentes n’ajoute rien à la conservation des ressources naturelles du parc. De même, l’ajout de territoire au périmètre actuel du milieu humide situé à l’extrémité du lac Brompton, qui est déjà public par sa nature, ne change en rien la qualité ou l’utilisation de ces territoires puisqu’ils sont déjà supposés être protégés du développement par la Loi sur la qualité de l’environnement. Les ajouts de superficie de territoires déjà publics ne permettent pas de justifier un développement à l’intérieur du territoire du parc, soit celui prévu soit le long du ruisseau Castle.

En ce qui a trait au zonage, il est important que les écosystèmes rares au Québec ou dans ce parc en particulier soient protégés adéquatement de la pression que les visiteurs et les infrastructures peuvent occasionner. Il n’est pas tout d’identifier des zones de conservation dans le parc, encore faut-il également y consacrer des efforts suffisants pour suivre l’évolution de ces communautés et écosystèmes afin de pouvoir intervenir lorsque des problèmes surviennent, et prévenir dans la planification et le zonage des impacts venant de la périphérie ou associés aux activités permises.

Par contre, nous tenons à mentionner que la tendance actuelle dans les parcs du sud du Québec est plus une visant à trouver des façons de rentabiliser les équipements et les aménagements, et de favoriser les investissements des compagnies qui gèrent les activités sur le territoire du parc, qu’à protéger adéquatement les écosystèmes. Il y a danger de perdre les attraits naturels de ces parcs d’une façon différente que par le délestage prévu en 1994, mais avec les mêmes effets.

C’est ce qui semble motiver en bonne partie les échanges de territoire entre la compagnie Intermont et le gouvernement.

L’UQCN et Floraquebeca veulent insister sur le fait que tout développement (principalement les constructions de bâtiments) a une incidence négative irrémédiable sur les activités de la faune, et augmente en même temps les pressions exercées sur les habitats végétaux à l’intérieur des limites du parc. Finalement, il s’agira d’une atteinte à l’équilibre écologique de cet espace montagneux d’une grande valeur. Globalement, il se pourrait que les gains en superficie de territoire attribués au parc ne compensent pas les pertes occasionnées par les développements intensifs projetés. Si on veut vraiment assurer la conservation à long terme d’une portion de territoire représentative d’un grand biôme, il faudra mettre les priorités de conservation à l’avant-scène, procéder aux ajouts mais ne pas concéder du terrain déjà dans le parc.

Finalement, il est urgent que les parcs québécois se dotent d’une vision à long terme dans la gestion de leurs écosystèmes afin d’éviter qu’ils ne deviennent que des carrés de verdure pour les pique-niques de fin de semaine.

Il ne faut pas que les parcs québécois se développent en prenant l’exemple du parc du Mont-Tremblant comme modèle. Les parcs doivent exister dans le but de conserver l’intégrité d’un territoire représentatif des écosystèmes d’une région et permettre un accès au public pour des activités récréatives extensives, avec le minimum d’impacts ; les politiques de la FAPAQ sont éloquentes à cet égard. Les parcs ne sont pas à vendre pour le bénéfice de compagnies privées.