Mon Jihad à moi

faiblesse du genre humain, quelquefois esclave de ses pires désirs. L'enfer n'est pas les autres mais réside dans l'ignorance. « Si ton Seigneur l'avait voulu, ...
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Mon Jihad à moi

J

ihad. Voilà cinq lettres qui, accolées les unes aux autres, ouvrent un imaginaire de terreur nourri par un réel désastreux. En France. Au Nigéria. Au Mali. En Belgique. En Allemagne. Ici et ailleurs. Un imaginaire fait de formalisme religieux, de radicalisation, de burka, de barbes longues et de kalachnikov. Je fais le jihad. Chaque jour que Dieu fait. Mon jihad n’est pas l’imposture de ceux et celles qui brisent un peu plus l’état de notre monde en déversant leur folie meurtrière, aveuglée d'aberration. Mon jihad n’est pas celui que l’on entend lors des innombrables débats télévisés. Parfois sans saveurs. Souvent stériles. Mon jihad ne porte aucune trace de violence, d’hystérie, de prosélytisme ou de mépris. Islam, qui sont donc ces êtres qui écornent tes paroles ? Personne n'accède à la lumière en sombrant dans l’ombre du chaos. Non, personne. Mon jihad est celui de tous les musulmans dignes de ce nom. Il devrait être celui de tous les hommes. Car il est un principe d’effort pour tendre vers la connaissance. Et trace une voie pour honorer sa dignité. Il est un combat que l’on mène contre soi-même en faveur de la paix, une lutte quotidienne pour ne pas souiller son cœur de la faiblesse du genre humain, quelquefois esclave de ses pires désirs. L’enfer n’est pas les autres mais réside dans l’ignorance. « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les êtres de la Terre auraient cru ; est-ce donc à toi de les contraindre jusqu’à ce qu’ils deviennent croyants ? » Le message provient du Coran. Face à tant d’horreurs et de désolations couvertes de son nom, l’islam pleure. Et les hommes aussi. Oui, nous vivons dans un monde abîmé. Le constat n'est plus tellement nouveau. Ce monde, écorché par les turpitudes des hommes depuis tant de temps. Trop de temps. Et pas même la peur incessante de voir sa vie balayer par l'aveuglement atroce d'ignorants fourvoyés sur le chemin de la violence n'est nouvelle. Hier les Algériens ébranlés par une décennie de terrorisme, hier encore les Sud-américains noyés sous les dictatures commanditées par Washington, aujourd'hui à peu près tous les hommes, à des degrés plus ou moins féroces. Mais alors, l’interrogation qui taraude mon esprit - est-ce qu'un jour la bonté humaine surpassera notre propension à sombrer dans toutes sortes de dérives ? - plonge lentement dans une forme de pessimisme lorsque je pleure avec mes frères Pakistanais en ce jour noir, ou lorsque je me désole de l’affligeant silence du monde face au drame palestinien. Comme si ce peuple n'était qu'un brouillon. Ce monde est abîmé et je me demande jusqu'où ira sa décadence. Ce n'est que par le jihad, par ce combat humaniste et égalitaire qui gagnerait à être commun, que l'humanité effleurera peut-être du doigt le bonheur de vivre dans un monde apaisé de ses plus inextricables tourments. Je veux en tout cas croire à cette promesse prométhéenne. R.O