Michèle Barzach - Nouvelobs

24 avr. 1987 - et Mine Renard » et le président de la République la vit s'avancer, flan- quée de son mari. Les femmes ne sont pas légion en politique.
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L' ascension du ministre de la Santé

Les ailes d'acier d e Michèle Barzach C'est la plus souriante et la plus féminine. La plus tendre? Ne vous y fiez pas rançois Mitterrand en fut le premier surpris. Lors d'un dîner officiel à l'Elysée, un huissier annonça « M. et Mine Renard » et le président de la République la vit s'avancer, flanquée de son mari. Les femmes ne sont pas légion en politique. Mais Michèle Barzach, 43 ans, est la première à avoir embrassé la carrière sous son nom de jeune fille. Il y a un mystère Barzach. Voilà le ministre délégué à la Santé quatrième au hit-parade de popularité des membres du gouvernement. Elle est /epremier ministre délégué à participer à « Questions à domicile » sur TF 1. Pourtant, le 16 mars 1986, elle était inconnue. Obscure déléguée du RPR aux affaires sociales, elle n'avait pas réussi à décrocher une place de député aux législatives. Michèle Barzach devait sa place, modeste, dans les instances du RPR à son amitié avec Jacques Toubon, parrain de l'une de ses deux filles. Pourtant, lorsque Jacques Chirac en panne de ministre de la Santé, téléphone 1:23 mars 1986 au secrétaire général du RPR pour lui annoncer qu'il va nommer son amie Barzach, celui-ci ne peut cacher sa surprise. «J'ai pensé : Michèle ministre ? Quand même, il ne faut pas charrier ! » Comment la « petite » Barzach s'est-elle fait si vite une place au soleil ? Ce n'est pas l'injurier que de dire qu'elle a été servie par son physique. Yvette Roudy ne dira pas le contraire : il arrive en effet à l'ex-ministre des Droits de la femme de s'indigner des remarques de plus ou moins bon goût que suscite dans l'Hémicycle, chez ses collègues socialistes, la présence sur les bancs du gouvernement du ministre de la Santé. Michèle Barzach ne paraît guère troublée par l'émoi qu'elle provoque dans la classe politique. Deux passions avouées chez cette gynécologue bon chic bon genre. La première, c'est la mer. Elle est dingue de planche à voile, aime lézarder sur les rochers. Quand elle est en état de manque, il lui arrive encore de s'évader pour quelques heures à Etretat. La deuxième, c'est l'observation des comportements humains. « Ce qui m'intéresse, c'est le dedans de l'autre », explique t elle. Avant de dévier vers la gynécologie, Michèle Barzach a d'abord songé à devenir psychiatre. Elle n'a jamais renié ses premières amours. -

Elle a organisé des colloques avec Bruno Bettelheim, participé à des séances dé thérapie de groupe, suivi une psychanalyse — combien de. ministres sont-ils passés sur le divan ? et, pour compléter sa panoplie baba-cool, fondé une consultation de gynécologie à Aubervilliers avec Joëlle Kauffmann. C'est sans doute la clé de l'assurance de; Michèle Barzach. La plupart des hommes: politiques n'ont pour palmarès que de brillantes études, généralement l'ENA. Michèle Bar-: zach a derrière elle une réussite profession 2, nelle. En mars 1986, elle était devenue l'une des gynécologues branchées du Tout-Paris. Au gouvernement, c'est en médecin qu'elle prend le contre-pied d'Albin Chalandon quand celui-ci se met en tête de traiter les drogués comme des délinquants. Elle autorise; pour combattre le sida, la vente libre des serin;. gues dans les pharmacies. Et la publicité sur les préservatifs. Elle regrette publiquement les propos de Robert Pandraud sur Malik Oussekine. Le ministre de la Santé ne connaît rien de plus « stupide » que la maxime de Jean-Pierre Chevènement, « Un ministre ça ferme gueule ». Elle croit aux vertus de la « syner'

gie », au choc des sensibilités, «pour faire avancer le schmilblick ». N'exagérons rien : si un Claude Malhuret, le secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, semble participer au gouvernement par masochisme, elle assure se sentir bien avec ses collègues du gouvernement, « ses copains de régiment ». La gauche lui paraît à la fois sacrifier « l'individu au collectifs» et être synonyme de démagogie. Du rétablissement du secteur privé à l'hôpital à l'actuelle réforme des études médicales qui fait descendre les étudiants dans 1 la rue, elle applique sans états d'âme la plateforme RPR-UDF. Pour les socialistes, même pour ceux qui sont sensibles à son physique, c'est avant tout un adversaire, et un adversaire coriace. Georges Frêche, le maire de Montpellier, s'est heurté à Michèle Barzach à propos de la nomination du directeur de l'hôpital de sa ville. Il l'a peinte comme une militante de choc » qui lui .rappelle « les apparatchiks socialistes », ce qui,' dans la bouche de ce marginal du PS, n'est pas, précisément un compliment. Bref, il y a de la Dame de Fer sous les allures,' avenantes de « Barzach ». Son proverbe fa-, von: « La chance est chauve par derrière. » Comprenez : quand on a laissé passer sa chance, on ne peut plus la saisir. Aussi le 23 mars a-t-elle dit oui sans hésiter à Jacques Chirac, abandonnant ses patientes, bien décidée à réussir sa deuxième vie. Michèle Barzach ne participe plus que du bout des lèvres à là « bande à Juppé » depuis qu'il est apparu que lé ministre du Budget en tirait les bénéfices. A peine plus d'un an après sa vraie entrée eri politique, la plus jolie ministre du gouvernement se sent capable de voler de ses propres ailes. Des ailes d'acier. H. A.

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Déjà quatrième au hit-parade des ministres

24-30 AVRIL 1987/45