Markus Mann

et de rencontre en audition, il a trouvé son groupe, avec une basse très funk, une guitare très jazz. (Tim), une batterie (Lyvio) et une choriste très soul (Maléika).
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LA VOIX DU NORD DIMANCHE 23 OCTOBRE 2011

LILLE

AUJOURD’HUI

BONJOUR ៑ La musique dans le sang

Palmarès ៑ Après des projec-

Quand Markus Mann, dont les grandes lignes de la vie sont racontées ci-dessous, parle de lui, il y a toujours une référence à un instrument. Sa maman l’a assis devant un piano à 4 ans. Il a détesté la prof et les leçons. Lassé du piano,

tions à destination du jeune public à partir de 15 h, on connaîtra le palmarès du Festival international du court métrage à 20 h. À l’Hybride, 18, rue Gosselet.  03 20 53 24 84. ᔡ

il est passé au violoncelle. Parce qu’un jour il a vu un mec en jouer et qu’il s’est dit que ça devait être cool. Ça l’a été jusqu’à ce qu’il ait envie de gratter une contrebasse. Ce qu’il adorait avec cet instrument ? S’amuser avec les clichés

19 PENSEZ-Y ! du Black qui fait du jazz. Et dans le reste de la famille, il y a d’autres musiciens ? Pas un, dit-il, à part cette grand-mère qui jouait de l’harmonica et chantait dans les églises. Faut croire qu’il a ça dans le sang. ᔡ EM. C.

Fermeture pendant travaux

៑ Le musée d’Histoire naturelle est fermé jusqu’au 29 octobre inclus en raison d’un chantier de rénovation dont fait l’objet sa salle d’exposition temporaire. ᔡ

LE VISAGE DU DIMANCHE

Markus Mann : itinéraire d’un enfant doué pour la musique Markus Mann au Bistrot de la reine, au Crowne Plaza... On ne nous la fait pas à nous. On a vite compris qu’il y avait à Lille, appliqué à une autre forme d’art que le cinéma, une espèce de Keizer Söze, comme dans le film « Usual Suspect ». Un gars qui est partout. Un gars dont tout le monde parle. Un marathonien des bars de nuit. Et pourquoi pas l’imaginer américain, avec, il y a encore quelques mois, un contrat chez Sony Music dans la poche ! C’est pourtant une histoire vraie. Rencontre.

consulter la liste des bistrots lillois susceptibles d’accueillir un « petit » groupe plein de promesses ? Encore d’autres hasards de la vie. Aux États-Unis, Markus Mann était sur le point de signer un contrat avec Sony Music. Avec son groupe de l’époque, il a commencé à tourner. Pour eux, la maison de disques a eu une idée : l’Europe. Mais quinze jours avant le départ, le groupe se dissout. Pas grave, dit Sony à Markus : c’est surtout lui qu’elle voulait, à condition qu’il quitte son boulot d’archi. Ce qu’il a fait. Dans un film, on verrait défiler un bandeau : « Quelques mois plus tard. » Quelques mois plus tard, on retrouve Markus Mann en Irlande et en Écosse. Destination suivante :

PAR EMMANUEL CRAPET [email protected] PHOTO PIB

Il a vécu de façon quasi schizophrénique : architecte réputé la journée et musicien la nuit.

Il a, tatoué sur le bras gauche, un morceau du concerto numéro 2 pour piano de Rachmaninov. « Cette musique m’a sauvé la vie », glisse Markus Mann. À un moment où tout ne tournait pas dans le sens qu’il voulait, le jeune homme est parti faire le point sur l’île de Saint-Martin. Au sommet d’une montagne, baskets aux pieds et écouteurs dans les oreilles, il s’est retrouvé au niveau des nuages. Le calme en pleine tempête. Lui qui a grandi dans une famille très religieuse mais qui s’est écarté du chemin de la croyance, a eu une révélation : « Quand tu vois ça, tu peux effectivement croire qu’il y a un créateur. C’est là que j’ai dé-

« Quand tu vois ça, tu peux effectivement croire qu’il y a un créateur. »

Chez lui, rue Nationale, Markus Mann a fait d’une des pièces une espèce de musée pour ses instruments, endroit qui se transforme aussi en studio de répétition avec son groupe.

cidé de me reprendre en main. » Ce n’est pas l’hédonisme qu’il découvre mais plutôt ce trait de caractère qui continue de le faire avancer sans reculer. « C’est le moment le plus important de ma vie. » Markus Mann, on le découvre dans son appartement de la rue Nationale. Un concentré de toute sa vie : ici et là, des instruments à cordes – il joue avec tous – et sur les murs des toiles qu’il a peintes (de son vrai nom qu’il préfère taire, sans doute pour mieux installer

son nom d’artiste). Markus a aussi un goût prononcé pour la cuisine : dans le four cuit un pain aux courgettes (tiède, comme ça à la cuillère, avec des noisettes grillées, c’est le petit Jésus en culotte de velours). Il n’a que 30 ans mais il faudrait plus d’un bouquin pour raconter toute sa vie. Originaire de Trinidade, il a grandi à Washington. Il a été le seul Black d’une école de Blancs. Il a fait le conservatoire. Il s’est sauvé de chez lui parce que ses parents

avaient dit : « Tout sauf la musique. » Il a été serveur et cuisinier pour payer ses études. Il a vécu avec « une fiancée dépressive ». Il a failli mourir, percé par la lame d’un couteau d’un jeune embarqué dans la folie de l’initiation d’un gang...

45 000 dollars par mois Markus Mann a aussi monté un atelier d’architecture (à l’université, il a fini major de sa promo

d’élèves architectes, lui qui apprenait en même temps la musique et la peinture). Il a joué dans des groupes qui gagnaient jusqu’à 45 000 dollars par mois. Longtemps, il a vécu de façon quasi schizophrénique : architecte réputé la journée et musicien la nuit, musicien capable de passer du jazz à un groupe de heavy metal (il l’a déjà fait durant la même semaine). Et comment, quand on a couru cette vie-là, se retrouve-t-on à quelques mètres du square Foch à

la Belgique. Il atterrit à Bruxelles. « La première nuit, je me suis battu avec un serveur qui refusait de me servir parce que j’étais Black. » Il venait de découvrir que des cons il y en a partout, aussi en Belgique. C’est aussi là qu’il rompt avec Sony Music : « Il voulait de moi des choses que je ne voulais pas faire. » Il a regardé une carte du nord de l’Europe, avait déjà entendu parler du dynamisme culturel de la ville de Lille, a dit pourquoi pas ? C’est comme ça qu’il y a posé ses valises. La première chose qu’il a faite ? Faire passer des auditions à des musiciens. Un soir, au Loca Loca (dans le Vieux-Lille), il casse une corde d’« une guitare de merde » achetée à la va-vite (ses instruments étaient sur un bateau au milieu de l’Atlantique). Là, un musicien lui trouve une guitare. Ce type-là a un copain qui lui-même a un copain qui pourrait être intéressé par le groupe que veut monter Markus à Lille. De fil en aiguille et de rencontre en audition, il a trouvé son groupe, avec une basse très funk, une guitare très jazz (Tim), une batterie (Lyvio) et une choriste très soul (Maléika). C’est ensemble qu’ils défendent ce que Markus a composé et arrangé. ᔡ ៑ Quelques dates : Markus Mann & The Movers seront ce lundi au Queen’s Head (place Louise-de-Bettignies) et le 22 novembre au 28 (rue Thiers). www.markusmannmusic.com 1228.