Marionnaud

1 mars 2013 - contemporains amenés à travail- ler ponctuellement avec la marque. ..... au groupe coopératif de Mondra- gon(MCC),aenregistréunchiffre.
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Les Echos N°19519 du 13 Octobre 2005  Page n° 19 

PARFUMERIE

Marionnaud : l'AMF accuse l'ex­PDG de fraude Après neuf mois d'enquête sur Marionnaud, l'Autorité des marchés financiers vient de boucler un rapport très critique. Les comptes étaient faux depuis des années. Les anciens dirigeants sont accusés de « fraude avérée » et les commissaires aux comptes d'avoir été un peu aveugles. Les parties mises en cause ont un mois pour répondre aux griefs de l'AMF. Le dossier devrait aussi être transmis à la justice. L'affaire Marionnaud vire au scandale. Après neuf mois d'enquête sur l'information financière et l'évolution de l'action depuis la fin 2001, l'Autorité des marchés financiers (AMF) vient de boucler un rapport au vitriol. Selon l'AMF, les comptes de la première enseigne française de parfums ont été falsifiés par sa direction pendant plusieurs années, sans que les commissaires aux comptes réagissent vraiment. Les comptes, les bilans et toute la communication financière portant sur 2002 et 2003 étaient « faux », « inexacts et trompeurs ». L'Autorité va maintenant entendre la défense des parties mises en cause : la société Marionnaud, l'ancien PDG Marcel Frydman, son fils Gérald (ancien directeur général chargé des finances), les commissaires aux comptes KPMG et Cofirec, et leurs associés Yves Gouhir et Gérard Caro. Elle pourra ensuite prendre des sanctions. Vu la nature des faits relevés, elle devrait parallèlement transmettre le dossier à la justice. Dans son rapport, le gendarme de la Bourse indique par ailleurs qu'il continue à enquêter sur un possible délit d'initié commis avant la vente en début d'année de Marionnaud à AS Watson, une société du milliardaire chinois Li Ka­shing. Des investigations sont en cours, notamment à l'étranger, « afin d'identifier le cas échéant la détention et l'utilisation d'informations privilégiées ». L'AMF a entamé son enquête après la difficile publication par Marionnaud des chiffres du premier semestre 2004. Après 4 reports, la société avait fini, sous la pression des commissaires aux comptes, par annoncer ses premières pertes, à cause d'une charge exceptionnelle de 97 millions d'euros due « principalement à la correction d'erreurs et d'estimations comptables ». Selon le rapport, ces ajustements « paraissent résulter d'une fraude avérée au plus haut niveau de la société (...) à laquelle M. Marcel Frydman est partie prenante. M. Gérald Frydman pourrait également se voir imputer la responsabilité de ces agissements ». KPMG montré du doigt  D'après l'AMF, Marionnaud avait, en quelque sorte, une double comptabilité avec « d'une part, un circuit comptable ne reflétant pas la réalité des opérations » et, d'autre part, « des informations reflétant la réalité des opérations mais non enregistrées en comptabilité ». La différence portait sur deux postes clefs : les remises de fin d'année et les participations publicitaires, c'est­à­dire les fameuses marges arrière versées par les fournisseurs. Selon l'enquête, les niveaux de marges utilisés dans la comptabilité officielle n'étaient pas ceux négociés par la direction des achats, « mais des taux que M. Marcel Frydman (avait) majorés artificiellement ». Le montant du résultat d'exploitation aurait ainsi été gonflé de 54,8 millions d'euros (soit 48 %) en cumulé en 2002 et 2003. Autre problème repéré par l'AMF : Marionnaud aurait volontairement enregistré certaines marges arrière à de mauvaises dates, pour les faire glisser des comptes d'une année sur ceux d'une autre. Sur ce point, « de faux récapitulatifs ont été élaborés par la direction comptable, semble­t­il à la demande de M. Marcel Frydman, bien que celui­ci s'en défende, à l'usage des commissaires aux comptes », note l'AMF. Car le rapport est clair : cette fraude « s'est traduite par la réalisation de faux documents destinés à tromper les commissaires aux comptes ». KPMG, le principal d'entre eux, n'échappe pas aux critiques. Il n'a pas effectué certains « actes essentiels à l'exercice de sa mission », estime l'AMF : le commissaire « s'est contenté d'un interlocuteur unique, le directeur comptable, et n'a pas cherché à valider les informations auprès d'autres directions », de même qu'il « n'a réalisé aucun test sur pièces pour valider la répartition par exercice des encaissements ». En outre, KPMG « n'a pas correctement validé certaines déclarations de Marcel Frydman qui étaient fausses ». Le rapport souligne aussi que KPMG a décelé, dès le 31 décembre 2002, « sans en tirer les conséquences », la majorité des indices qui devaient conduire les commissaires aux comptes suivants à tirer la sonnette d'alarme. Explication suggérée par l'AMF : « KPMG a pu voir son indépendance altérée par la logique commerciale, qui l'a poussé à vendre à Marionnaud une mission d'assistance à la consolidation en 2001 et 2002 pour des honoraires excédant significativement les honoraires d'audit. » Cofirec, de son côté, est accusé d'« insuffisances » dans la façon dont il a revu les travaux de KPMG. DENIS COSNARD

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ENQUÊTE

Les Echos - jeudi 13 octobre 2005

C

La brigade financière enquête Le personnel est aussi en alerte. Il fautdire qu’en septembre, quelques jours après le départ de la famille Frydman, une main anonyme a envoyé au comité d’entreprise une copie d’études secrètes menées par la direction pour restructurer certaines activités. Le nombre de plates-formes logistiques serait ainsi ramené de 25 à 7 en France. Certaines n’approvisionnent à vrai dire que 5 ou 6 magasins, le groupe ayant multiplié les acquisitions sans rationaliser son réseau. Un autre document portesurleséquipeschargéesdesfinances, des inventaires, etc., au siège de Vincennes : leur effectif passerait de 202 personnes à 93 dès 2006. Des projets qui ne sont qu’à moitié démentis par la direction. « Des simulations peuvent exister, admet Hugues Witvoet, l’actuel directeur général. Mais aujourd’hui, rien n’est décidé. » Pas étonnant, dans ces conditions, que certains employés adhérents de l’Unsa aient participé la semaine dernière à la grande manifestation parisienne des syndicats, derrière une banderole Marionnaud. Une première dans une entreprise paternaliste longtemps soudée autour de son président vénéré. « Il est normal que le départ du père provoque de l’émotion, de l’anxiété », commente Hugues Witvoet. A tout cela s’ajoutent les nombreuses enquêtes en cours. Celle de la brigade financièresur les comptes de Marionnaud, qui devrait entraîner à terme la désignation d’un juge d’instruction. Celle, parallèle, de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui vient de déboucher sur un rapport saignant pour l’entreprise, ses anciens dirigeants, mais aussi ses commissaires aux comptes (lire page 19). Ildevrait être transmis au parquet. Charge à celui-ci d’engager des poursuites pour diffusion de fausses informations et faux bilans. L’AMF s’interroge en outre sur un possible délit d’initié. Certains fournisseurs ont aussi reçu la visiterécentedelaDirectiongénéraledela répression des fraudes, intéressée par les « marges arrière » qui ont fait un temps la richesse du groupe. Enfin, au civil, plusieurs actionnaires s’estimant lésés ont saisi la justice : 47 d’entre eux, emmenés par le cabinet Deminor, ont assigné l’entreprise en juin, et 70 plaignants supplémentaires viennent de les rejoindre. Un autreminoritaire, Jean-LoupLefèvre (Sofireine), a attaqué, lui, les commissaires aux comptes, qui se sont retournés vers Marionnaud et les Frydman. Cerise sur le gâteau : l’AMF vient d’empêcher Li Ka-shing de retirer complètement Marionnaud de la Bourse. Il détient certes 100 % des actions. Mais des obligations convertibles susceptibles de représenter 7 % du capital restent dans les mains d’investisseurs, et le projet de retrait obligatoire a été bloqué. L’entreprise va donc êtrecontraintede respecter plusieurs années encore les règles des sociétés qui font appel public à l’épargne. Elle devra publier ses comptes, tenir des assemblées, etc. « Nos clients sont assez amers, car c’est un revirement par rapport à la jurisprudence depuis dix ans », lâche Isabelle MacElhonne (Freshfields), l’avocate d’AS Watson, la société de Li Ka-shing. « Depuis la reprise, les cadres passent leur temps àl’AMF et laPJ », constateunprochede la direction…

Marcel Frydman veut se relancer dans les affaires En famille. Evincé de la direction de

Marcel Frydman

Li Ka-shing

La fin de la croissance

Un plongeon dans le rouge

Evolution annuelle du chiffre d'affaires

Résultat net (part du groupe), en millions d'euros

+ 121% 12

+ 56%

9

13

+ 53% + 33% + 11%

+ 7%

- 98

- 0,2% 1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

1999

2000

2001

2002

2003

2004

1er semestre idé / Source : Marionnaud / Photos : Editing et Bloomberg

Chiffres 2002 et 2003 retraités

Li Ka-shing a négocié en janvier avec Marcel Frydman la reprise de Marionnaud. L’opération se révèle plus difficile qu’il n’imaginait.

SIX MOIS APRÈS L’OPA SUR LA CHAÎNE DE PARFUMERIES

Marionnaud, un parfum sulfureux Un rapport saignant de l’Autorité des marchés financiers. Des détournements de marchandises. Des projets de restructuration envoyés anonymement aux syndicats. De fortes pertes… Depuis son OPA sur Marionnaud, les difficultés s’accumulent pour le milliardaire chinois Li Ka-shing. Récit d’une reprise semée d’embûches. En janvier, quand Li Ka-shing lance son OPA, l’urgence est de stopper la crise financière. Obligée de corriger une kyrielle d’erreurs comptables, l’entreprise vient d’afficher ses premières pertes. Du coup, elle ne respecte plus ses engagements vis-à-vis des banques. Or si celles-ci demandent à être remboursées immédiatement, c’est ledépôtdebilan. Les commissaires aux comptes déclenchent une procédure d’alerte.

800millionsdanssanouvellefiliale pour « assainir la situation et financer le développement »… Le groupe arrivera-t-il un jour à rentabiliser sa mise ? Cette relance s’effectuera en tout cas sans les Frydman. L’accord initial prévoyait de maintenir Marcel Frydman et son fils Gérald en tant que PDG et directeur général délégué jusqu’en 2008. Peu après l’OPA, « Papy Marcel », comme l’appelaient affectueusement ses vendeuses, a ainsi fait un « Assainir la situation » tour de France pour rassurer le personnel, sur le thème : tant que Au printemps, la situation devient je suis là, ne vous inquiétez pas. très tendue. D’un côté, les recettes Le 20 janvier, dans les salons de l’Elysée, Jacques Chirac Mais le climat s’est vite dégradé. diminuent. C’est que, juste avant remettait à Li Ka-shing la Légion d’honneur. Le bâtisseur de Marionnaud a Noël, Marionnaud avait fait affluer les clientes grâce à une baisse de consenti en mai une avance en trésorerie semble-t-il peu apprécié d’apprendre par 20 % sur tous ses produits. Après avoir de 100 millions d’euros, via AS Watson. « Les Echos » la nomination d’un deuprofité de l’aubaine, et fait des stocks, les Mais il sait qu’il devra remettre ensuite de xième directeur général délégué, Hugues consommatrices ne sont évidemment pas l’argent au pot. D’autant que les tests de Witvoet,chargépar LiKa-shingderedresrevenues très nombreuses en janvier-fé- valeur rendus obligatoires par les nou- ser l’entreprise. En principe, Marcel vrier. Or, côté dépenses, c’est le moment velles normes comptables ont amené à Frydman et lui auraient dû travailler main précis où Marionnaud doit payer les déprécier de 18 % les actifs incorporels de dans la main. En fait, ils ont pratiquement achats massifs négociés en décembre avec Marionnaud, dégradant encore le bilan. cessé de se parler au bout de quelques ses fournisseurs pour toucher les fa- Au-delà de l’OPA, qui valorisait l’entre- jours. « Et dans les réunions, l’un contrediprise à 900 millions d’euros, AS Watson sait systématiquement l’autre », confient meuses « marges arrière ». Pour calmer le jeu, Li Ka-shing a envisage à présent d’injecter jusqu’à plusieurs témoins.

Sandrine Frydman, désaccord au rayon bijoux Client unique. C’est unehistoire typique du fonctionnement familial deMarionnaudsous le règne des Frydman. Dans la famille, on connaissaitMarcel, lebâtisseur dugroupe. Sa femme Lydie, elle aussi administratrice jusqu’en juillet. Et leurs fils Gérald et JeanPierre, qui ont, comme leur père, quitté l’entreprise en septembre. Mais l’enseigne travaillait aussi avec Sandrine, l’épouse de Gérald. Après avoir été salariée du groupe durant sept ans, Sandrine Frydman a créé en 2001sa

propre société, Malea, spécialisée dans l’importation de bijoux fantaisie. Avec un client longtemps unique, Marionnaud, récemment rejoint par Jacques Dessange. « L’an dernier, Marionnaud assurait encore 70 % de notre activité »,précise-t-elle. Problème : en juin, le groupe, repris en main par AS Watson, a brutalement cessé de lui passer commande. Du fait de sa situation familiale ? « Ce ne sont pas des produits cœur de gamme pour nous, répond Hugues Witvoet, le nouvel homme fort de Marionnaud. Nous sommes libres de

Marionnaud, Marcel Frydman, soixantequatorze ans, n’a pas dit son dernier mot. « Il a un vrai savoir-faire dans la distribution etdes projets, confie sabelle-filleSandrine. Nous allons relancer quelque chose ensemble, familialement. » Ce que confirme l’ex-PDG : « J’ai toujours travaillé depuis l’âge de quatorze ans, c’est une seconde nature. Je n’ai pas envie de rester inactif. Encore faut-il que je trouve quelque chose qui corresponde à mon tempérament. » Les Frydman semblent notamment s’intéresser à la distribution debijoux, le secteur de prédilection de Sandrine Frydman. Parmi les cibles possibles : la chaîne Agatha. « Je n’ai pas eu de contacts, mais je sais que Marcel Frydman cherche à me rencontrer »,indiqueMichelQuiniou,cinquantehuit ans, fondateurde l’enseigne debijoux fantaisie. Il y atrois ans, le patrond’Agatha avait été approché par Barclays Private Equity. Mais l’accord ne s’est pas conclu, et Michel Quiniou reste seul actionnaire de l’entreprise, qui réalise 65 millions d’euros de chiffre d’affaires. Rien ne dit, cependant, qu’il soit vendeur…

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e jeudi soir-là, dans les salons de l’Elysée, Li Ka-shing est rayonnant. Dans quel lieu l’homme le plus riche d’Asie pourrait-il mieux savourer le succès de sa « campagne de France » ? La semaine précédente, il a négocié la reprise de Marionnaud, la principale enseigne française de parfums, et lancélapremièreOPAchinoisejamais vue dans l’Hexagone. En ce jeudi de janvier 2005, l’heure n’est pas encore au « patriotisme économique ». Loin de critiquer les étrangers qui font main basse sur les entreprises tricolores, Jacques Chirac reçoit au contraire le milliardaire de Hong Kong, et luiremet enpersonnelaLégion d’honneur. En quelques mots, il retrace son parcours : réfugié dans la colonie britannique, il a travaillé dès douze ans comme vendeur ambulant, avant de bâtir un empire colossaletdesetrouver, àsoixante-seizeans, àla tête de l’une des vingt premières fortunes au monde. Passionné d’art asiatique, le président remercie aussi Li Ka-shing pour les bronzes antiques qu’il a offerts au musée Guimet. Poignée de main. Sourires. Les flashs crépitent… Neuf mois plus tard, l’ambiance n’est plus à la fête. Li Ka-shing et son homme de confiance sur ce dossier, le Britannique Ian Wade, savaient queMarionnaud allaitmal. La maison n’avait pas reporté la publication de ses comptes semestriels quatre fois de suite pour rien ! Mais ils n’imaginaient pas à quel point cette reprise serait éprouvante. L’incendie financier était à peine maîtrisé que les relations avec Marcel Frydman,lePDG historique,onttournéau bras de fer, suivi d’un divorce éclair.

décider ce qui doit entrer dans notre assortiment. » Malea, qui employait en début d’année 18 personnes, n’a pas tenu le choc. La société s’est déclarée en cessation de paiements en septembre, avant d’être placée en redressement judiciaire la semaine dernière. Aujourd’hui, Sandrine Frydman est encore en négociation avec Marionnaud. Une action pour ruptureabusivederelationcommerciale n’est cependant pas exclue. Frydman contre Marionnaud : un litige inenvisageable il y a encore quelques semaines…

De son côté, le nouvel actionnaire a mal prisquel’entreprisen’arrivepasàtenirson assemblée générale dans les délais, la direction n’ayant pas publié à temps les documents au « Balo ». Et puis, il y a eu l’affaire de Maurepas. C’est dans cette commune des Yvelines que se trouve la principale plate-forme logistique du groupe. Elle dessert 95 magasins, notammentà Paris. Depuis longtemps, larumeur évoquait le fait qu’une partie des parfums transitant par Maurepas se retrouvait sur le « marché parallèle », c’est-à-dire hors des magasins agréés, notamment vers les pays de l’Est. Un audit lancé par la nouvelle direction a semble-t-il confirmé ces soupçons et mis au jour un trafic deflacons de démonstration. « Les achats spéculatifs faits par cette plate-forme fin 2004 ne correspondaient pas à l’activité réelle », note Hugues Witvoet. La direction a décidé de licencier deux des cadres du site. Mais l’un d’eux arépliquéque certains, àVincennes, étaient au courant de ces pratiques… L’affaire n’est pas encore réglée. En attendant, les hommes de Li Ka-shing passent au crible le fonctionnement de plusieurs autres plates-formes, de même que les relations entre Marionnaud et certains de ses sous-traitants privilégiés, notamment en matière d’informatique et de sécurité. « La société travaillait avec beaucoup d’intermédiaires, de consultants, confirme la direction. On revoit les principaux contrats. » Vingt boutiques à vendre Tout celan’a évidemment pas amélioréles relations entre l’ancienne et la nouvelle équipe. En septembre, AS Watson choisit de prendre clairement les manettes, et de se séparer avant terme des Frydman, quitte à leur verser 2,7 millions d’euros d’indemnités. Dès le lendemain, Marcel Frydman réunit le personnel dusiège pour ses adieux. « Watson s’était engagé à ce que je reste. J’ai cru ces promesses. J’ai eu tort… », lâche-t-il en substance. Depuis, Hugues Witvoet et la trentaine de personnes arrivées dans son sillage serrent les boulons. Objectif : relancer les ventes,sortir legroupedurougeetdoubler en deux ans la marge opérationnelle, limitée à 2,7 % en 2004. Pour y parvenir, Marionnaud vient de lancer une grande campagne de promotion, baptisée « 20 ans qu’on s’M ». En parallèle, le groupe a réduit ses stocks pléthoriques − donc le besoin en fonds de roulement −, en freinant ses achats. « C’est simple : au premier semestre, Marionnaud ne nous a rien commandé », confie Patrick Alès, le patron d’Alès, qui vend notamment Pour un homme, de Caron. L’enseignemène maintenant de délicates négociations avec ses fournisseurs, auxquels elle aimerait achetermoinsmassivement(pournepasregonfler ses stocks) tout en obtenant de meilleures conditions tarifaires. Pas gagné ! Dernier volet du plan : la chasse aux coûts. Outre la réorganisation de la logistique et dusiège, onévoque en interne une liste de 20 boutiques déficitaires en France que le groupe souhaiterait vendre ou fermer. Aterme,Marionnaud devrait aussise défaire du jet privé, un Falcon 50, que Marcel Frydman s’était discrètement offert. Egalement sur la sellette : l’écurie de chevaux de course dont la maison s’était dotée il y a quatre ans, assurant que la parfumerie et l’équitation partageaient de nombreuses valeurs, « la rigueur, la générosité, l’élégance… ». Un argument qui n’a pas convaincu les nouveaux propriétaires. DENIS COSNARD

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INDUSTRIE

Les Echos - vendredi 27 et samedi 28 juillet 2007

LUXE

Le profit net du numéro un mondial du luxe au premier semestre de 2007 n’a progressé que de 2 %, à 834 millions d’euros, mais le résultat opérationnel courant a gagné 11 %, à 1,4 milliard. Quant à la croissance du chiffre d’affaires, elle a atteint 6 %, à 7,4 milliards d’euros, en dépit du yen et du dollar faibles face à la monnaie unique européenne.

Les taux de change ont freiné la croissance de LVMH au premier semestre U

n moindre mal. LVMH, le numéro unmondial du luxe, a réussi au premier semestre de 2007 à ne pas être trop pénalisé par la faiblesse du yen et du dollar face à l’euro. Son profit net sur la période n’a certes progressé que de 2 %, à 834 millions d’euros, sa plus faible hausse depuis cinq ans. Mais la base de comparaison était peu favorable. En effet, sur les six premiers mois de 2006, le bénéfice avait progressé de 46 %, en raison essentiellement de plus-values exceptionnelles d e cessions, en particulier de la vente de titres Bouygues. Plus significatif, le groupe de l’avenue Montaigne a enregistré un résultat opérationnel courant en hausse de 11 %, à 1,4 milliard. Sans la force de la monnaie unique européenne, ce bénéfice opérationnel aurait progressé de 16 %. LVMH vend en effet un quart de ses produits aux EtatsUnis et 12 % au Japon. Ce bon

LVMH : le résultat opérationnel courant par métier En millions d’euros

+ 11 % 742 814

Mode et maroquinerie 79 108 30 57 147 151

Parfums et cosmétiques Montres et joaillerie Distribution sélective Autres activités et éliminations

Variation

355 393

Vins et spiritueux

+ 10 % + 37 % + 90 %

1er sem. 2006 1er sem. 2007

+3%

– 58 – 83

Total

1.295 1.440

+ 11 %

« Les Echos » / Source : LVMH

résultat a été obtenu par des couvertures de change adéquates, mais au ssi parce que no s « grandes marques ont eu la possibilité d’augmenter leurs prix », explique le propriétaire des champagnes Moët & Chandon, du cognac Hennessy et des sacs Louis Vuitton. La marge opérationnelle courante de l’entreprise

est donc passée de 18,5 % à 19 % d’une période à l’autre. Le chiffre d’affaires limite aussi les dégâts des impacts monétaires en progressant de 6 %, à 7,4 milliards d’euros. A structure et taux de change identiques, la hausse atteint 12 %. Les variations de change ont donc fait perdre 6 points de croissance à l’entre-

prise. Dans le détail, toutes les activités de luxe progressent : la mode et la maroquinerie (+ 12 % à taux de change constants)− la marque phare Louis Vuitton continuant d’engranger environ 45 % de marge opérationnelle −, les vins & spiritueux (+ 13 %), les parfums et cosmétiques (+ 12 %), les montres et la joaillerie (+ 23 %) et la distribution sélective (+ 10 %). Le groupe disposait de 621 magasins Sephora à la fin de 2006, et passera d’une trentaine de boutiques de cette chaîne en Chine l’an dernier à plus d’une quarantaine à la fin de l’année. En revanche, les « autres activités » (essentiellement le pôle médias) restent déficitaires. Bonnes perspectives 2007 Fort ce ces performances généra les ho no r ab les , L VMH confirme une « hausse significative » de son résultat opérationnel courant pour l’ensemble de l’année. Malgré un endettement

La Compagnie Plastic Omnium acquiert une nouvelle dimension dans les services aux collectivités locales 4 opérations majeures

Résultats semestriels 2007

Début 2007, la Compagnie Plastic Omnium a annoncé sa volonté de se concentrer sur deux cœurs de métiers, les équipements automobiles d'une part, et les produits et services aux collectivités locales d'autre part, en renforçant significativement ce dernier domaine d'activité. Dans le cadre de cette stratégie :

Le chiffre d'affaires consolidé de la Compagnie Plastic Omnium atteint 1 246 millions d’euros au 1er semestre 2007, en progression de 3,1% et de 7,2% à taux de change et périmètre constants par rapport au 1er semestre 2006. Cette croissance provient essentiellement du secteur des équipements automobiles, qui, malgré le ralentissement de la production automobile en Europe de l'Ouest, a accéléré son développement dans de nouvelles zones géographiques. Ce développement devrait encore être renforcé dans les prochaines années grâce à l'obtention de nombreuses commandes et aux nouvelles implantations dans les pays émergents. Après la création, en avril 2007, de YFPO, leader chinois dans la conception et la fabrication de pare-chocs, et le démarrage d'une nouvelle usine en Argentine, la Compagnie Plastic Omnium devrait d'ici 18 mois s'implanter ou renforcer sa présence en Inde, en Russie, en Corée et en Pologne. Avec la Chine, ces pays devraient représenter 10% du chiffre d'affaires consolidé du Groupe en 2010 contre 2% en 2006. Comme annoncé, la marge opérationnelle, qui a reculé de 22%, atteint 48 millions d’euros et représente 3,8% du chiffre d'affaires consolidé. La marge opérationnelle des activités automobiles a bien résisté à 4% du chiffre d'affaires. La division Environnement a vu ses marges fortement régresser ponctuellement. En effet, afin de dynamiser son déploiement organique et l'intégration des nouvelles acquisitions, cette division a restructuré son tissu industriel en fermant son usine anglaise de Telford et son usine espagnole de Valence tout en mettant en place une nouvelle chaîne logistique intégrée. Ces opérations qui ont impacté fortement le 1er trimestre 2007 devraient avoir un effet favorable dès le second semestre 2007. Le résultat net atteint 30 millions d’euros, identique au 1er semestre 2006. Les six premiers mois 2007 confirment le modèle récurrent de désendettement par les opérations mis en œuvre depuis 2001. Le ratio d'endettement ressort à 49,6% contre 51,7% au 31 décembre 2006 et 66% au 30 juin 2006. Sur ces bases, le financement de ces acquisitions se fera sans remettre en cause la structure bilantielle de la Compagnie Plastic Omnium.

> La Compagnie Plastic Omnium projette de s’allier à Eurovia dans la signalisation routière La Compagnie Signature est également en cours de finalisation d'un accord de partenariat capitalistique avec Eurovia, un des leaders mondiaux des travaux routiers, société du groupe VINCI, afin de regrouper en deux sociétés, au travers de participations croisées, leurs activités de signalisation horizontale et verticale. A l'issue de cette opération, la Compagnie Signature détiendrait 65% des activités de signalisation verticale dont elle assurerait le management, avec Eurovia comme partenaire minoritaire, tandis qu'Eurovia gèrerait le nouveau pôle de signalisation horizontale avec 65% du capital, Compagnie Signature détenant le solde de 35%. Cet accord donnerait aux deux partenaires d'importantes opportunités d'innovation et de développement ainsi que des moyens financiers supplémentaires pour accélérer la croissance en France et en Europe. Ce projet de partenariat, qui reste soumis à la consultation des partenaires sociaux et à l'approbation des autorités de la concurrence, devrait être finalisé au deuxième semestre 2007. > Dans le même temps, la Compagnie Plastic Omnium devrait conclure l'acquisition du groupe allemand Sulo Environmental Technology auprès de Veolia Propreté Sulo Environmental Technology, avec un chiffre d'affaires de 200 millions d’euros, est l'un des acteurs majeurs en Europe dans la fabrication, la commercialisation de conteneurs à ordures ménagères et de fûts métalliques. Sulo Environmental Technology permet de développer la présence industrielle et commerciale de Plastic Omnium Environnement en Allemagne, en Europe de l'Est et élargit son offre de prestation de services. Cette acquisition reste soumise à l'approbation des autorités de la concurrence. A l'issue de ces opérations, le pôle services aux collectivités devrait dégager un chiffre d'affaires consolidé de plus de 600 millions d’euros en 2008, avec un potentiel d'innovation et de développement renforcé. > Projet de cession du contrôle de 3P Par ailleurs, la Compagnie Plastic Omnium est en négociation exclusive pour adosser sa division Produits Plastiques Performants - 3P au fonds d'investissement Osiris Partners, associé au management de 3P. En prenant 72% du contrôle de 3P, Osiris Partners et le management de 3P devraient lui donner les moyens d'augmenter significativement son potentiel de croissance. Ce projet de cession est soumis à la consultation des partenaires sociaux.

rantet sa taille en cinq ans,comme il l’a fait durant les cinq dernières années. THOMAS LE MASSON

Lire « Crible » page 42.

Presse : Bernard Arnault juge « La Tribune » « impossible à rentabiliser » Stratégie. Bernard Arnault, qui négocie actuellement l’achat des « Echos », s’est expliqué hier sur sa stratégie dans la presse. Il a reconnu que les activités actuelles de LVMH dans ce secteur (essentiellement « La Tribune ») sont « un peu marginales ». Mais « les capitaux consommés sont faibles et je n’ai pas envie de rester sur un constat de résultatmitigé », a-t-ilajouté. Selon lui, « LaTribune »perdentre 12 millions et 15 millions d’euros par an.

Numéro deux sur le marché de la presse économique et financière, ce titre est « stratégiquement impossible à rentabiliser », juge son propriétaire, qui cherche à le vendre. Quant à l’achat des « Echos », un titre rentable, Bernard Arnault s’est dit convaincu hier que sa proposition était « la meilleure pour l’indépendance éditoriale du titre et en termes d’investissement futur », malgré l’opposition de la rédaction du journal.

PARFUMERIE

L’ex-PDG Marcel Frydman sanctionné pour avoir truqué les comptes de Marionnaud

avis financiers

> La Compagnie Plastic Omnium vient de procéder à l'acquisition, rétroactivement au 1er juillet 2007, de 100% de la Compagnie Signature La Compagnie Signature, acteur majeur de la signalisation routière en Europe, réalise un chiffre d'affaires de 240 millions d’euros dans les domaines de la signalisation verticale, du marquage routier, des équipements de sécurité et du mobilier urbain. Elle est détenue à 100% par Burelle SA, actionnaire majoritaire de la Compagnie Plastic Omnium. Les Conseils d’Administration des deux parties, après évaluation par des banques, ont approuvé une valeur des titres de la Compagnie Signature de 90 millions d’euros, payée en numéraire. (*)

faible − le ratio dette nette sur capitaux propres atteint 32 % −, la priorité reste à la croissance interne. Mais l’objectif est toujours pour le groupe de doubler son bénéfice opérationnel cou-

Comptes consolidés audités (en millions d’euros) Chiffre d’affaires Marge opérationnelle en % du CA Résultat net, part du Groupe en % du CA Endettement financier net au 30/06 En % des capitaux propres

1er semestre 2006

1er semestre 2007

1 209,4 61,2 5,1% 28,9 2,4% 305 66%

1 246,3 47,9 3,8% 29,4 2,3% 247 49,6%

La sanction est tombée : 1 million d’euros pour Marcel Frydman, l’ancien PDG et fondateur de Marionnaud, 500.000 euros pour son fils Gérald, ancien directeur financier, mais aussi 500.000 euros pour la société elle-même. La commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a lourdement sanctionné les protagonistes de l’affaire Marionnaud. Les commissaires aux comptes n’ont pas été épargnés. Si Cofirec et son associé Gérard Caro ont été mis hors de cause, en revanche KPMG écope d’une sanction pécuniaire de 100.000 euros et l’associé qui était en charge de Marionna ud , Y ve s Go uh ir, de 40.000 euros. L’ensemble de ces sanctions peuvent faire l’objet d’un recours devant la cour d’appel de Paris. Ilfaut direquel’affaireavait pris des allures descandale.Le groupe, qui avait,à trois reprises,reportéla publication de ses résultats au 30 juin 2004, avait finalement annoncé pour 93 millions d’euros de « corrections d’erreurs ». Le gendarme de la Bourse sanctionne la publication d’informations inexactes en 2002, 2003 et 2004 quant au patrimoine et à la situation financièredel’entreprise. Pendant plusieurs années, les comptes ont en effetété nettement embellis, en jouant sur les marges arrière et la valorisation des stocks. Marcel Frydman fait figure de principal responsable de ces dérives. L’ancien patron a admis avoir modifié, « de sa propre main », les taux de remises de fin d’année et de participations publicitaires pour l’exercice 2002, « sans référence aucune aux documents contractuels et commerciaux », précise la commission des sanctions. Pour autant, la responsabilitédesonfils n’estpas écartée. Directeur général délégué, directeur financier et responsable de l’information à l’époque des faits, il « savait ou aurait dû savoir que

les informations communiquées étaientinexactes ». Ilaurait dû faire preuve d’une « vigilance et d’une rigueur toutes particulières », notamment à l’égard des marges arrière, « notion clef dans les sociétés de distribution », rappelle la commission des sanctions. D’autres affaires en cours Quant à la société, malgré le changement de l’actionnariat et des dirigeants, la commission des sanctions a retenu le principe de continuité, les actes en cause ayant été commis au nom de Marionnaud. Toutefois, le montant de la sanction tient compte du fait que « les manquements commis sont directement liés à la personnalité des anciens dirigeants, notamment Marcel Frydman, et à la façon dont ce dernier concevait son rôle », et que des mesures ont été prises pour que ces manquements ne se renouvellent pas. KPMG et son associé sont sanctionnés dans la mesure où, dans la répartition des travaux d’audit, ils étaient en chargedes postes comptables afférents aux marges arrière. Quant à Cofirec et Gérard Caro, ils n’étaient pas responsables des postes litigieux et n’avaient pas par leur seule initiative, dans le simple cadre des revues croisées, les moyens ni la possibilité de déceler les irrégularités mises au jour. Pour autant, le dossier Marionnaud n’est pas clos. D’une part, une autre procédure de sanction est en cours à l’AMF concernant cette fois un possible délit d’initié dans le cadre de l’acquisition du groupe par le groupe chinois AS Watson. D’autre part, deux procédures judiciaires sont engagées, l’une portant sur le truquage des comptes et l’autre sur la vente, interdite, de flacons testeurs. CAROLINE LECHANTRE

i Retrouvez la décision de l’AMF sur www.lesechos.fr/documents

Avec deux métiers qui rééquilibrent les sources de cash-flow et des perspectives de développement significatif dans les pays en forte croissance, la Compagnie Plastic Omnium se donne de nouveaux moyens pour poursuivre, dans les années à venir, son modèle de création de valeur et de désendettement par les opérations, tout en maintenant une croissance rentable.

EN BREF

(*) Une synthèse du rapport d’évaluation de la Compagnie Signature établi par CIC-Banque de Vizille Capital Finance, à la demande de la Compagnie Plastic Omnium, est disponible sur le site www.plasticomnium.com.

Par le biais d’une filiale en Amérique du Nord, Suez va débourser 86 millions d’euros pour acquérir le canadien Ventus Energy. Ce spécialiste de l’énergie éolienne dispose d’un portefeuille de 25 projets dans l’est du Canada, pour une production de près de 2.000 mégawatts, sur 7 millions d’hectares de terrain (plus du double de la Belgique). « L’acquisition diversifiera également le portefeuille nord-américain de Suez tant sur le plan du combustible que du point de vue technologique », a déclaré Zin Smati, président de Suez Energy North America.

Une information financière détaillée sur les résultats semestriels 2007 est également disponible sur ce site.

Informations financières • Tél. : +33 (0)1 40 87 64 49 • Fax : +33 (0)1 40 87 96 62 • Email : [email protected] PLASTIC OMNIUM est un leader mondial dans les équipements et modules pour l’automobile, ainsi qu’un acteur majeur en Europe dans les produits et services aux collectivités locales. Plastic Omnium est cotée à l’Euronext Paris, compartiment B et fait partie des indices SBF 250 et CAC Mid 100 (code ISIN : FR0000124570).

Eoliennes : Suez achète le canadien Ventus Energy

INDUSTRIE Aujourd’hui à Dallas, les actionnaires menés par la famille Rockefeller vont demander que soient votées plusieurs résolutions qui engagent davantage le groupe pétrolier dans la lutte contre le réchauffement climatique.

ExxonMobil : bataille d’actionnaires aujourd’hui à l’assemblée générale DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.

C

’est une révolte d’actionnaires. Mais pas n’importe lesquels. Les descendants de John D. Rockefeller, fondateur de la Standard Oil Company, veulent qu’ExxonMobil, le groupe pétrolier qui en est issu, s’intéresse davantage aux problèmes de l’environnement et du climat. Et pour ce faire ils demandent une séparation entre les fonctions de « chairman » et de « chief executive officer ». La bataille aura lieu aujoud’hui même à Dallas, lors de l’assemblée générale du leader américain de l’or noir. Cette attaque frontale contre Rex Tillerson, l’actuel PDG, soupçonné de manquer d’empathie pour le sauvetage de la planète, est soutenue par une douzaine de membres de la famille. Selon Bloomberg, ces derniers possèdent ensemble 332.174 titres du groupe qui en compte 5,4 milliards. Cette participation de 0,006 % représenterait 30 millions de dollars. Exxon est la pre-

LUXE

mière entreprise cotée au monde, avec une capitalisation de 480 milliards de dollars. Proposée déjà lors des précédentes assemblées, cette séparation des pouvoirs, qui avait réuni 34,3 % des voix en 2006 et 40 % en 2007, pourrait peut-être passer cette fois. Une vingtaine d’investisseurs institutionnels se sont en effet rangés derrière les Rockefeller, parmi lesquels Calpers, le puissant fonds de pension des retraités californiens. L’idée est d’autant moins incongrue qu’elle a été mise en pratique chez certains concurrents, comme Royal Dutch Shell et BP. L’environnement pour priorité Parmi les 20 plus importantes sociétés américaines, toutefois, 4 seulement ont opté aujourd’hui pour une séparation des deux fonctions. L’objectif est de rendre le conseil d’administration plus fort et plus à même d’influer sur les décisions de l’exécutif d’une entreprise. Parmi les leaders de la fronde, Neva Goodwin Rockfeller, soi-

tique dans les pays pauvres. La seconde vise à ce qu’il poursuive une réduction 4,41 de ses émissions. La troisième cherche à 3,56 développer davan3,15 tage la recherche autour de nouvelles 1,67 sources d’énergie. 1,64 « ExxonMobil doit se reconnecter avec la vi1,62 sion avant-gardiste et entrepreneuriale de 1,48 mon arrière-grand1,36 père », clame Neva Rockefeller Good1,28 win. ExxonMobil est évidemment opposé à ces résolutions. Selon le « New York Times », il aurait dépensé 5 milliards de dollars ces cinq dernières années pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (3 % l’an dernier) et prévoit d’y consacrer 800 millions de dollars durant les trois prochaines années.Mais cen’est visiblement pas assez aux yeuxde ses actionnaires.

Principaux actionnaires d'Exxon Mobil Part du capital, en % Barclays Global Investors State Street Corp. Vanguard Group Bank of New York Mellon Fidelity Management & Research AXA Bank of America JP Morgan chase Northern Trust corp. « Les Echos » / Source : Bloomberg

xante-trois ans, arrière petite-fille du fondateur. Elle est codirectrice du « Global Development and Environment Institute » à l’université Tufts. Elle défend également trois autres résolutions, dont l’objectif est d’obtenir qu’ExxonMobil fasse de l’environnement l’une de ses priorités. La première demande que le groupe étudie la question du réchauffement clima-

VIRGINIE ROBERT

La marque de luxe française acquise en février par un homme d’affaires suisse veut croître lentement mais sûrement. En se repositionnant sur le haut de gamme et en rajeunissant son image, Lalique vise un retour aux profits en 2009.

Silvio Denz change les dirigeants de Lalique pour redresser la marque DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.

Renouveler le management, tailler dans les coûts, faire monter le chiffre d’affaires. A la tête de Lalique depuis la mi-février, l’homme d’affaires suisse Silvio Denz suit le schéma classique du redresseur d’entreprise en difficulté. Hier, il a ainsi annoncé avoir mis fin aux fonctions d’Olivier Mauny, l’ancien PDG de cette marque de luxe connue avant tout pour sa cristallerie, qui était resté directeur général délégué. Il est remplacé à ce poste de numéro deux dugroupe par Roger von der Weid, un homme de Silvio Denz. Ce dernier a également nommé un nouveau directeur administratif et financier, Gunthiern-Alexandre Fauglas, et un nouveau directeur pour l’usine de Wingensur-Moder, Denis Mandry. Silvio Denz, qui a déjà fait une première fois fortune en revendant en 2000 son réseau de parfumeries suisses à Marionnaud, s’est fixé de nouveaux objectifs ambitieux pour Lalique, une société plus que centenaire acquise pour

PARFUMERIE

44 millions d’euros. « 2008 sera une année de transition, explique le patron et premier actionnaire du groupe Art & Fragrance, qui contrôle Lalique ainsi qu’une activité de parfums. Le chiffre d’affaires devrait passer de 67 à environ 70 millions d’euros. Nous viserons ensuite une croissance de l’ordre de 5 à 10 % par an. Pour préserver notre qualité nous ne devons pas aller trop vite. Après une année 2008 qui sera blanche, nous devrions enfin renouer avec les profits en 2009. » Pour atteindre ses objectifs, Silvio Denz a tout d’abord fermé cinq boutiques (Madrid, Milan, Miami...) « lourdement déficitaires ». Au-delà des magasins porte-drapeaux (Paris, Londres, New York) et de quelques boutiques symboliques (Beverly Hills, Cannes...), c’est en accélérant une stratégie déjà engagée par la précédente équipe que Silvio Denz veut développer le réseau de distribution. Plutôt que de compter sur ses seules forces, Lalique va s’appuyer sur des partenaires susceptibles de partager les

risques liés à l’ouverture de nouveaux points de vente. Le développement en Asie, mais aussi dans certains pays européens se fera ainsi. Relance de la branche parfum Pour alimenter les boutiques, le groupe veut également diversifier et rajeunir son offre. Un directeur artistique − Thierry de Baschmakoff − a été engagé pour dynamiser et unifier l’image en collaboration avec de jeunes artistes contemporains amenés à travailler ponctuellement avec la marque. Pour repositionner le groupe sur un segment plus haut de gamme, Silvio Denz veut en particulier lancer des collections en série limitée de bijoux sertis de pierres précieuses. Des pièces de 300.000 à 400.000 euros qui viendrontencomplément des gammes habituelles en cristal. Au-delà des bijoux (10 % du chiffre d’affaires aujourd’hui, mais un objectif de 15-20 % à terme), Lalique veut relancer sa branche parfum, qui passerait de 15 à 20 % du chiffre d’affaires. Le

cœur de l’activité resterait la cristallerie traditionnelle (objets, vases...), mais le groupe veut également se relancer dans des objets d’art (statues) et l’architecture d’intérieur. Le groupe a ainsi déjà réaménagé des bars et souhaite demain, à l’image de son concurrent Baccarat, travailler avec des groupes hôteliers, voire des promoteurs immobiliers cherchant à concevoir des immeubles haut de gamme. Une diversification à la fois potentiellement rentable via la vente de produits (lustres, décorations...) mais également bénéfique en termes d’image. Pour faire face à la hausse de la demande qu’il envisage, le groupe va également devoir investir 12 millions d’euros d’ici à 2012. La moitié sera réservée à l’outil de production. « Aujourd’hui, nous pourrions vendre 30 % de plus, mais nous ne disposons pas des capacités de production. Nous aurons un nouveau four en juin 2009 », promet Silvio Denz, qui veut également investir dans la formation de ses ouvriers artisans. DAVID BARROUX

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TÉLÉGRAMMES GDF SUEZ. Les deux groupes ont annoncé hier qu’ils réuniraient leurs conseils d’administration mercredi 4 juin pour « l’approbation de l’ensemble de la documentation relative à la fusion et la convocation de leurs assemblées générales » d’actionnaires. Selon le PDG de Gaz de France, Jean-François Cirelli, ces dernières devraient se tenir « un peu avant » ou « un peu après » le 14 juillet. EADS ASTRIUM. L’Agence spatiale européenne a notifié à la filiale du groupe aéronautique un contrat de 263 millions d’euros pour la construction du satellite d’observation de la Terre EarthCARE. BOUYGUES. Le président du Turkménistan estime que le groupe de

BTP a « violé ses obligations contractuelles » et « a demandé d’accélérer la réalisation des projets », a affirmé la télévision locale, selon laquelle Martin Bouygues aurait « reconnu que les réclamations turkmènes étaient absolument justes ». TOYOTA. La coentreprise du premier constructeur automobile

japonais Toyota et du géant de l’électronique Matsushita-Panasonic a confirmé qu’elle allait construire au Japon une nouvelle usine de batteries pour voitures hybrides. CGG VERITAS. Le spécialiste français des services et équipements

sismiques a acquis via sa filiale Sercel, la société toulousaine Metrolog, un fournisseur d’outils pour puits pétroliers. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué.

EN BREF

Nouvelle « loi Volkswagen » : Bruxelles menace de saisir la Cour de justice Bruxelles hausse le ton sur la nouvelle version de la « loi Volkswagen », adoptée hier par le gouvernement Cours de l'action à Francfort, en euros allemand, qui protège le constructeur 200 automobile contre les tentatives d’achat hostile. En dépit des demandes 180 répétées de Bruxelles et d’une 180,94 condamnation par la Cour de 160 Luxembourg, l’an dernier, elle 140 maintient une minorité de blocage janv. 08 27 mai pour la région de Basse-Saxe, idé actionnaire à 20 %, qui va contrebalancer l’influence de Porsche. « Si ce texte prend la forme qu’il semble être en passe de prendre, il n’y aura pas d’autre alternative que d’aller devant la Cour pour lui demander si le gouvernement allemand a fait ce qu’il devait faire ou pas », a prévenu le porte-parole du commissaire au Marché intérieur Charlie McCreevy. « Autrement dit, de lancer une procédure d’infraction pour non-respect d’un jugement de la Cour », a-t-il menacé. Dans ce cas, la Commission enverra une lettre aux autorités allemandes, qui auront deux mois pour répondre. Passé ce délai, Bruxelles pourra saisir directement la Cour.

Volkswagen

Louis Gallois demain à Toulouse pour désamorcer les tensions Le président exécutif d’EADS Louis Gallois se rendra à Toulouse demain, afin de s’entretenir avec les élus locaux, inquiets pour l’avenir d’Airbus et de la filière aéronautique en Midi-Pyrénées. Il devrait notamment rencontrer le maire de Toulouse Pierre Cohen et le président de la Chambre de commerce et d’industrie Claude Terrazzoni. Ce dernier avait envoyé une note à la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, accusant l’Allemagne d’avoir fait capoter la vente des sites de Méaulte et Saint-Nazaire à l’équipementier toulousain Latécoère dans le cadre d’une stratégie de « mainmise » sur EADS. Cette note s’ajoutait à la publication d’un texte sur le site Bakchich, attribué à des cadres d’Airbus, dénonçant le déséquilibre au sein d’EADS au détriment des Français. « Les documents contiennent juste ce qu’il faut de vérité pour crédibiliser ce qui est faux », a déclaré Louis Gallois, ajoutant qu’« il y a plus de Français que d’Allemands qui travaillent pour Airbus ».

François Fillon appelle à développer le programme nucléaire François Fillon (photo) a appelé hier à développer le programme nucléaire français en réponse à la hausse « durable » du prix du pétrole. « Il faut continuer à développer le programme nucléaire français parce que cette réponse était en 1970 une bonne réponse et elle est toujours aujourd’hui une bonne réponse » à l’énergie chère, a lancé le Premier ministre à l’Assemblée en réponse à la question d’un député. Le chef du gouvernement a cité cette piste de « réponse structurelle » parallèlement à celles des économies d’énergie et de l’augmentation de la part des énergies renouvelables. AFP

ÉNERGIE

Les Echos - mercredi 28 mai 2008

Marcel Frydman est soupçonné d’avoir truqué les comptes de l’enseigne de parfumerie sur les exercices 2002 et 2003, alors que le cours de l’action dévissait en Bourse. Devant le tribunal correctionnel de Paris, il a reconnu avoir modifié les chiffres, mais a plaidé l’erreur. Sans convaincre le procureur.

Un an et demi de prison avec sursis requis contre l’ancien patron de Marionnaud Dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et 500.000 euros d’amende, c’est cequ’arequis hier le procureur Yves Badorc à l’encontre de Marcel Frydman, l’ancien patron de Marionnaud. Huit mois de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende ont été réclamés contre son fils Gérald, ancien directeur général délégué del’entreprise. L’ancien directeur de la comptabilité, Laurent Ferré, encourt, lui, quatre mois avec sursis. A soixante-seize ans, le fondateur de la première enseigne de parfumerie française comparais-

sait devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir truqué les comptes de son entreprise sur les exercices 2002 et 2003, alors que le cours de l’action dévissait en Bourse. A l’époque, Marionnaud comptait 1.235 parfumeries pour un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros. « Il y a une hiérarchie des responsabilités. Il y a celui qui exécute, celui qui accompagne et celui qui décide. Celui là, c’est Marcel Frydman », a souligné Yves Badorc. L’ancien patron a reconnu avoir modifié les taux de remises de fin d’année et ceux des ris-

tournes publicitaires. Ce « coup de crayon » a abouti à une rectification comptable d’environ 55 millions d’euros au total. « Il s’agissait d’une erreur, a-t-il affirmé. J’avais en mémoire les avantages obtenus des fournisseurs qui ne correspondaient pas à ce que m’avait présenté mon comptable. » Et « je n’ai volé personne », a-t-il encore lancé. Le procureur lui a répondu hier en estimant qu’il n’y avait « pas de différenceentre quelqu’unquivole et quelqu’un qui trompe la confiance en matière économique ». Il a souligné que la culpa-

bilité de l’ancien patron sautait aux yeux, et s’est dit gêné de « sa défense offensive ». « Plus on grimpe dans la hiérarchie chez Marionnaud, plus on se défausse sur ses subordonnés », a-t-il poursuivi. L’ex-PDG a en effet tenté de se réfugier derrière les commissaires aux comptes. « Ils étaient 15 parfois dans l’entreprise, et ils nous facturaient des quantités d’heures. J’avais confiance sur le bon fonctionnement des choses », a assuré Marcel Frydman. Mais « qui avait les informations dans l’entreprise, qui suivait les encaissements et donnait des instructions

à M. Ferré, qui discutait avec les commissaires ? Tous les chemins mènent à Marcel Frydman », a repris Yves Badorc. Gérald Frydman a, lui, expliqué s’être opposé à ces modifications, « mais je ne voulais pas trahir mon père ». « Dans tous les cas, il n’aurait pas dû voter deux bilans qu’il savait insincères dans un conseil d’administration composé de 4 personnes, Marcel Frydman, sa femme et ses deux fils », a lancé maître Lavisse, l’avocat de l’Appac qui représentait une trentaine de petits porteurs. Ce dernier a réclamé la répara-

tion du préjudice subi par ses membres, estimé à environ 200.000euros,plus des dommages et intérêts forfaitaires de 3.750 euros chacun. Les deux autres parties civiles ont demandées 3 fois le montant des pertes. Marionnaud a été revendu en 2005 au groupe chinois AS Watson pour 346 millions euros. Selon l’avocat de l’Appac, la famille aurait cédé son bloc avant le scandale à 31 euros, alors que, lors de l’OPA, les actions ont été revendues à 21,80 euros. Le jugement a été mis en délibéré. DOMINIQUE CHAPUIS

INDUSTRIE Andreas Sperl, l’actuel patron du site allemand de Dresde, est entendu depuis hier par la brigade financière. Il pourrait être déféré aux juges. Après une pause estivale, ces derniers enquêteront dans le premier cercle de direction.

Affaire EADS : premier responsable en activité placé en garde à vue L

PHARMACIE

(AMF). « Je suis convaincu d’avoir agi en parfait accord avec la loi et les règles internes », a-t-il réagi hier par l’intermédiaire de son avocat.

Suzanne Plunkett/Bloomberg

’affaire des délits d’initié présumésauseind’EADSa franchi hier une étape importante, bien qu’attendue, avec la garde à vue du premier dirigeant encore en activité au sein du groupe. Après Noël Forgeard, l’ancien coprésident exécutif, JeanPaulGut,l’ex-responsabledudéveloppement, et Gustav Humbert, PDG d’Airbus au moment des faits − tous ayant abandonné leurs fonctions −, la justice s’est tournée vers AndreasSperl,l’actuelresponsable du site de Dresde en Allemagne. D’où, sans doute, le soutien public qu’EADS a tenu à lui apporter. Andreas Sperl est « assuré du soutien du conseil d’administration qui a confirmé à tous les dirigeants concernés son soutien dans leur défense contre les allégations injustifiées », a déclaré un porte-parole. Le dirigeant allemand est entendu depuis hier 9 h 30 par la brigade financière. A l’issue de sa garde à vue (qui peut être renouvelée 24 heures), il sera vraisemblablement déféré devant les juges

Andreas Sperl.

Xavière Siméoni et Cécile Pendaries pour une très éventuelle mise en examen. Alors qu’il était directeur financier d’Airbus, principale filiale d’EADS, Andreas Sperl a vendu entre le 9 et le 29 novembre 2005 puis entre le 8 et le 24 mars 2006 un total de 58.800 actions EADS issues de ses stock-options, réalisant une plus-value de 816.000 euros, selon un rapport de l’Autorité des marchés financiers

« Business as usual » Au total, 17 dirigeants, anciens ou toujours en service, sont mis en cause par l’AMF pour avoir exercé des stock-options peu de temps avant que l’annonceenjuin 2006de nouveaux retards de l’A380, le très gros-porteur d’Airbus, n’ait provoqué un effondrement de l’action EADS. Tous sont soupçonnés par legendarmedelaBoursed’avoireu connaissance d’informations privilégiées sur les difficultés techniques deceprogramme.Egalementsoupçonnés, Tom Enders, le patron actuel d’Airbus, son adjoint Fabrice Brégier, John Leathy, le directeur commercial de l’avionneur, ou encore François Auque, le patron d’Astrium (espace)et Stephan Zoller (défense et sécurité) devraient donc être les prochains sur la liste, dans un ordre à confirmer. La justice enquêtera alors au sein même

du premier cercle des dirigeants d’EADS. Ce qui ne semble pas émouvoir plus que cela au siège parisien du groupe. « On sait qu’ils vont tous défiler. Pour l’instant c’est “business as usual” », confirme un responsable. Reste aussi les personnes morales mises en cause, les sociétés Lagardère et DaimlerChrysler. Les avis de convocation ne devraient pourtant pas partir tout de suite, Xavière Siméoni prenant des congés jusqu’à début août. Mais, déjà, les juges commencent à se faire une idée du dossier. Outre les comptes rendus d’audition des trois premiers mis en examen et du rapport de l’AMF, elles disposent des éléments révélés par l’actuel directeur financier d’EADS, Hans Peter Ring,entenduenmaipar la brigade financière en tant que témoin. Les policiers ont aussi interrogé l’ex-directeur de cabinet de Noël Forgeard. La rentrée au pôle financier risque d’être chargée. ALAIN RUELLO ET VALÉRIE DE SENNEVILLE

Faute d’avoir pu lui trouver un repreneur, le groupe pharmaceutique ferme son site de R&D de Chilly-Mazarin, spécialisé dans les médicaments contre le diabète. Une centaine de salariés sont concernés.

Le laboratoire allemand Merck achève sa restructuration dans l’Hexagone Merck achève une longue période de restructuration dans l’Hexagone, qui « touche à sa fin », explique Pierre-Henry Langeray. Le siège français de Serono, en banlieue parisienne, a été fermé, et les emplois de commerciaux regroupés au siège de Merck à Lyon. A Monaco, le laboratoire allemand

est en train d’arrêter la production de médicaments gynécologiques, qui sera confiée à un sous-traitant. Un plan de départs volontaires a été mis en place pour l’activité de développement clinique, toujours dans ledomaine du diabète. Enfin, la filiale de médicaments génériques, numéro un du marché en France, a été cédée à l’américain Mylan.

La lourde restructuration engagée par Merck Serono en France se termine par une triste nouvelle pour une centaine de salariés. Le laboratoire allemand a annoncé hier qu’il allait fermer son site de R&D de Chilly-Mazarin, dans l’Essonne, spécialisé dans les médicaments contre le diabète. « Après six mois de recherche nous n’avons malheureusement pas trouvé de repreneur », regrette Pierre-Henry Langeray, directeur général de la filiale française de Merck Serono. « Pas facile », en effet, de trouver un acquéreur aujourd’hui alors que la plupart des groupes pharmaceutiques cherchent plutôt à « regrouper leurs compétences »surun nombre de sites réduit. La firme de Darmstadt avait annoncé, l’année dernière, qu’elle abandonnait la recherche dans le domaine du diabète pour concentrer ses efforts sur d’autres aires thérapeutiques : cancer, maladies

neurodégénératives, maladies auto-immunes et inflammatoires, fertilité, endocrinologie. Ce recentrage intervient au lendemain de l’acquisition du laboratoire suisse Serono, numéro un européen des biotechnologies. Avec la fermeture de son unique site de recherche français,

ÉLECTROMÉNAGER

En 2007, la filiale de l’espagnol Fagor a enregistré un chiffre d’affaires de 903 millions d’euros et des pertes de 5,7 millions d’euros. Le groupe affirme être en train de regagner des parts de marché.

Novartis arrête deux activités en France 80 postes supprimés. Le laboratoire suisse Novartis a annoncé hier la fermeture de deux petites activités de R&D en France, qui emploient au total quelque 80 salariés. Le site d’Orléans, spécialisé dans le développement de formes galéniques pour les nouveaux médicaments, va fermer. A Rueil-Malmaison, le numéro trois mondial de la pharmacie va mettre fin à son activité de bioanalyse (l’étude de l’évolution du médicament dans

l’organisme). Ces deux activités seront transférées dans « des sites internationaux majeurs » de Novartis en Suisse, aux EtatsUnis et dans les pays émergents, a expliqué le groupe. La firme bâloise, qui a lancé une vaste restructuration l’an dernier pour réduire ses coûts et rationaliser ses structures, promet de trouver des solutions d’« accompagnement ou de reclassement » pour les salariés concernés.

Six sites dans l’Hexagone A l’issue de cette profonde reconfiguration, Merck Serono emploiera « un peu moins de 2.000 salariés » dans l’Hexagone, répartis sur six sites : le siège de Lyon, Monaco (spécialisé dans le développement etlacommercialisation des médicaments de gynécologie), Martillac, en Gironde (lots pour lesessais cliniquesdans ledomaine desbiotechnologies)ettrois usines à Calais, Semoy, dans le Loiret, et Meyzieu, dans le Rhône. VINCENT COLLEN

FagorBrandt veut renouer avec les bénéfices dès cette année Trois ans après l’acquisition du leader français de l’électroménager Brandt, FagorBrandt veut inscrire ses premiers bénéfices cette année. « Nous visons un résultat net de 1,3 million d’euros en 2008 », a déclaré hier son patron, Josu Ugarte. A l’horizon 2012, il vise une marge nette sur chiffre d’affaires de 2 % à 3,5 %, ce qui correspondrait à un bénéfice de 18 à 31 millions d’euros sur la base des ventes de 2007. « C’est la norme du secteur », reconnaît-il. L’année dernière, la filiale du groupe espagnol Fagor Electroménager, quiappartientlui-même au groupe coopératif de Mondragon(MCC), aenregistréun chiffre d’affaires de 903 millions d’euros et des pertes de 5,7 millions d’euros. En 2006, les pertes avaient atteint 18,4 millions d’euros, à la

suite de coûts de restructuration. Si les ventes de la société ont progressé l’an dernier, grâce à l’intégration de la marque Fagor, sa part de marché en France a reculé de 0,4 point, à 17,5 % (source GfK). Pression concurrentielle Il est loin le temps où Brandt contrôlaitlequartdu marché français. Tout en restant leader, le nouvel ensemble (qui inclut les marques Fagor, Brandt, De Dietrich, Sauter et Vedette) se voit de plus en plus concurrencé par le numéro deux, l’allemand Bosch Siemens Electroménager en pleine expansion, et les nouveaux entrants comme les coréens LG ou Samsung. Mais Josu Ugarte affirme que l’année a bien démarré et que le groupe a récupéré

les parts perdues en 2007. Pour redresser les comptes, le patron compte sur une progression du chiffred’affaires de5 %, à940millions d’euros. « On veut développer des produits profitables », explique-t-il. Axes de croissance : la cuisson et l’encastrable, mais aussi l’export, qui représente déjà plus du tiers du chiffre d’affaires. Au niveau des coûts d’achats, qui représentent 300 millions d’euros, Josu Ugarte se veut serein malgré l’explosion des prix de l’acier etdu plastique. Dans ce contexte, FagorBrandt n’envisage pas de suivre la stratégie de ses concurrents comme Electrolux ou Whirlpool, qui délocalisent massivement vers les pays à bas coûts. Le groupe assure encore 60 % de sa production sur le sol français ou italien et compte

rester le « dernier des Mohicans à produire enFrance ».Pas de projet de fermeture d’usine, affirme son patron. Dans l’Hexagone, la société emploie 3.300 personnes sur cinq sites industriels. Alors que l’industrie est confrontée à des vents contraires − inflation des coûts, demande atone en Europe, concurrence des pays émergents, etc. −, Josu Ugarte voit poindre le spectre de la consolidation. En juin, le slovène Gorenje a acquis le néerlandais Atag. A plus grande échelle, General Electric a mis en vente sa filiale d’électroménager. Mais le Basque veut rester en dehors du mouvement et se concentrer sur ses ressources internes. « Nous ne voulons pas changer le périmètre. » THIBAUT MADELIN

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TÉLÉGRAMMES GENERAL ELECTRIC. Le conglomérat américain a annoncé hier qu’il allait investir 100 millions de dollars avec Noble Environmental Power dans 3 fermes éoliennes dans l’Etat de New York. HYDRA. Le fabricant de produits d’hygiène en coton basé à Moosch (Haut-Rhin) prévoit de supprimer 64 emplois sur 206 en octobre prochain, en raison de la défection de l’un de ses plus gros clients polonais, a appris l’AFP de source syndicale. LVMH. Le leader mondial du luxe fait l’objet d’une action en justice

menée par un groupe de plaignants (« class action ») l’accusant de vendre du rouge à lèvres contenant du plomb sous la marque Christian Dior. Le juge américain chargé de l’affaire à Chicago a rejeté le recours de LVMH, qui demandait de ne pas donner suite à la plainte déposée en novembre.

EN BREF

L’ancien PDG de Marionnaud condamné à dix-huit mois de prison avec sursis Marcel Frydman (photo), l’ancien PDG de Marionnaud, a été condamné hier à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et 300.000 euros d’amende pour avoir truqué les comptes de l’entreprise en 2002 et 2003. Absent lors du jugement, Marcel Frydman, soixante-seize ans, a été reconnu coupable par la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris de « diffusion d’information fausse », « tromperie » et « complicité de faux et usage de faux ». Le tribunal a également condamné son fils, Gérald Frydman, à huit mois d’emprisonnement avec sursis et 100.000 euros d’amende, en tant qu’ancien directeur général délégué de Marionnaud SA. L’ancien directeur de la comptabilité, Laurent Ferré, a lui écopé de quatre mois avec sursis. Les Frydman père et fils devront en outre verser des dommages et intérêts, d’un montant de 2 euros par action, à 32 anciens actionnaires de la société. Chacune de ces parties civiles recevra ainsi de 28 euros à 6.000 euros, plus 250 euros au titre des frais de justice. Lucas Schifres/Bloomberg

AÉRONAUTIQUE

Les Echos - jeudi 10 juillet 2008

Avions civils : Boeing revoit à la hausse ses prévisions à vingt ans Malgré la hausse du prix du pétrole, Boeing a revu à la hausse ses prévisions de ventes d’avions civils à vingt ans, tablant sur l’extension des compagnies aériennes dans les pays émergents et la nécessité de remplacer les vieux appareils trop gourmands en kérosène. Le groupe américain prévoit que 29.400 avions seront livrés d’ici à 2027 pour un total de 3.200 milliards de dollars, contre 28.600 et 2.800 milliards prévus il y a un an. Ces chiffres sont basés sur une prévision de croissance du trafic aérien de 5 % en moyenne par an. En volume, les avions monocouloirs (famille B737 de Boeing et A320 d’Airbus) devraient se tailler la part du lion avec 19.160 livraisons. En valeur, ce sont les moyens et long-courriers (B787 ou A350 notamment) qui remporteront la palme avec 1.470 milliards. Un peu moins optimiste, Airbus prévoyait en février un marché de 24.300 avions pour 2.800 milliards de dollars.

Diagnostics : Solvay relève son OPA sur Innogenetics Le groupe chimique et pharmaceutique belge Solvay a relevé son offre de rachat sur son Cours de l'action à Bruxelles, en euros compatriote Innogenetics, une petite 7 6,41 société spécialisée dans les diagnostics. 6 Il propose désormais 6,50 euros par action, soit 201 millions d’euros au 5 total. Solvay a annoncé une première 4 OPA en avril, à 5,75 euros par titre, 3 approuvée par des actionnaires avr. 08 9 juil. représentant 18 % du capital idé d’Innogenetics. Mais le mois dernier, l’américain Gen-Probe a fait une contre-offre à 6,10 euros, forçant l’industriel belge à surenchérir. Hier, Gen-Probe a jeté l’éponge, annonçant qu’il ne relèverait pas son offre. Solvay devrait donc l’emporter, à moins d’un nouveau coup de théâtre. L’action Innogenetics a gagné hier 5,08 % à Bruxelles, à 6,41 euros.

Innogenetics

Luxe : la famille Herz détient plus de 20 % d’Escada La famille Herz confirme sa montée en puissance dans le groupe de prêt-à-porter allemand Escada. Les propriétaires de la chaîne de magasins Tchibo détiennent à présent un peu plus de 20 % du capital de la griffe de luxe, selon un communiqué boursier diffusé hier, contre près de 10 % jusque-là. La part du premier actionnaire du groupe en difficulté, le Russe Rustam Aksenenko, est en revanche tombée à 23,86 %. Il détenait auparavant environ 26 % du capital de la société. La famille de milliardaires Herz a pris les rênes d’Escada fin juin, en accord avec Rustam Aksenenko. Elle a placé Bruno Sälzer, un de ses proches et ancien dirigeant d’Hugo Boss, comme nouveau patron du groupe. Il a remplacé le Français Jean-Marc Loubier, qui avait pris sa tête treize mois plus tôt.

Altadis : débrayages contre les suppressions d’emplois L’ensemble des sites français du groupe de tabac Altadis, excepté celui de Bergerac (Dordogne), ont été touchés hier par des débrayages de salariés qui protestaient contre le plan de suppressions de 1.060 postes prévu en France. Ces arrêts de travail de plusieurs heures répondaient à l’appel d’une intersyndicale CGT-CFDT-FO-Unsa, alors que se tenait la première réunion de discussion préparatoire au plan de sauvegarde de l’emploi avec la direction, a précisé la CGT. Le fabricant britannique de cigarettes Imperial Tobacco, qui a racheté en janvier Altadis, a annoncé en juin qu’il allait fermer les usines de Metz et Strasbourg d’ici deux ans, et une réduction d’effectifs dans les sites de Riom (Puy-de-Dôme), Le Havre (Seine-Maritime), Les Aubrais (Loiret) et Paris. Ceux de Nantes et Bergerac seraient épargnés.

Aujourd’hui sur lesechos.fr Energie. Le rapport mensuel de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) et les prévisions de l’Opep pour 2008.