Londres sanctionne une banque suisse

cellules photovoltaïques, a suscité l'ire de Pékin. «La décision américaine n'est pas équitable, la Chine est très mécon- tente», a commenté le porte-parole du.
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20 MAI 2012

ÉCONOMIE 33

I LeMatinDimanche

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Keystone/Gaetan Bally

Londres sanctionne une banque suisse AMENDE La Grande-Bretagne

accuse la Habib Bank Zurich d’avoir toléré un risque «inacceptable» de blanchiment d’argent. L’établissement helvétique, qui compte l’ancien banquier Konrad Hummler parmi ses administrateurs, est une porte d’entrée vers le système financier britannique. La Habib Bank possède 12 filiales à Londres, dans des quartiers d’immigrés. L’ex-patron de Wegelin, Konrad Hummler, est un de ses administrateurs.

Julie Zaugg Londres

A croire que les maladresses des banques suisses ne s’arrêteront jamais: une nouvelle institution se trouve au cœur d’une tempête pour avoir failli à son devoir de diligence en matière de blanchiment d’argent. L’autorité de surveillance financière britannique (FSA) a annoncé mardi avoir sanctionné la Habib Bank Zurich (HBZ) d’une amende de 525 000 livres (655 000 francs). Les failles détectées par la FSA dans le dispositif de surveillance de HBZ sont particulièrement graves au vu de la composition de sa clientèle. «Environ 45% de ses 15 500 détenteurs de compte vivent en dehors du RoyaumeUni et 50% de ses dépôts proviennent de pays présentant un risque de corruption élevé», souligne l’autorité de surveillance. Le Pakistan, pays d’origine de la banque, semble être le principal Etat visé, puisqu’un cinquième de ses clients y sont basés. «La Banque Habib fonctionne comme une porte d’entrée vers le système financier britannique pour les ressortissants étrangers, notamment en provenance d’Asie du Sud et d’Afrique de l’Est», explique la FSA. L’histoire de la banque Habib est digne d’un roman. Fondée par la famille Habib, un riche clan pakistanais basé en Inde, elle voit le jour en 1941 à Bombay, à l’instigation du père de l’indépendance pakistanaise, Muhammad Ali Jinnah. Dans ses premières années

d’existence, elle sert surtout à financer la All India Muslim League, les musulmans d’Inde qui luttent pour la création d’un Etat autonome. A l’indépendance du Pakistan, en 1947, son siège est déplacé à Karachi, où elle devient la première et plus importante banque commerciale du nouvel Etat. Le gouvernement la nationalise en 1974. Haider Mohamedali Habib, l’un des membres du clan, fuit alors à Zurich et s’empare de la filiale helvétique du groupe, créée en 1968, dont il fera un établissement autonome, appelé Habib Bank Zurich. Haider Mohamedali Habib est décédé en 2011.

HBZ possède aujourd’hui 33 succursales dans sept pays qui emploient près de 3300 personnes. Son siège se trouve toujours sur les bords de la Limmat et elle compte notamment Konrad Hummler, l’ex-homme fort de la défunte banque Wegelin, parmi les membres de son conseil d’administration.

Import-export L’institution s’est spécialisée dans les transferts de fonds pour les migrants («remittances») et pour les PME qui font de l’import-export, grâce à un vaste réseau de banques «correspondantes». L’emplacement de ses filiales

UN BANQUIER SUISSE ARRÊTÉ AU PORTUGAL FRAUDE Un ancien cadre d’UBS a été

mis en examen et placé en détention préventive au Portugal, dans une affaire de fraude fiscale et blanchiment, rapportait hier la presse portugaise. Le Suisse Michel Canals et trois Portugais ont été arrêtés puis interrogés toute la journée de vendredi. Ils ont été maintenus en détention préventive. Selon l’hebdomadaire Sol, le montant de la fraude réalisée par Michel Canals

et deux de ses associés au sein d’une société de gestion de fortune basée à Genève, Akoya Asset Management, pourrait atteindre près d’un milliard d’euros seulement au Portugal. Cette enquête est imbriquée dans plusieurs autres affaires qui ont en commun l’implication d’un ancien député du Parti social-démocrate, actuellement au pouvoir au Portugal. Domingos Duarte Lima, poursuivi par la justice portugaise dans une autre affaire de

La guerre du solaire entre la Chine et les Etats-Unis a des effets en Suisse PHOTOVOLTAÏQUE

Le département du Commerce a imposé vendredi des barrières douanières punitives contre les fabricants chinois de panneaux solaires. En Suisse, Applied Materials et Meyer Burger sont pris entre deux feux. La guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine menace de prendre en étau les entreprises suisses. Le département américain du Commerce a annoncé vendredi une augmentation massive des droits de douane pour barrer les importations de panneaux solaires chinois à bas prix sur son marché intérieur. Ce même département avait indiqué la veille avoir donné raison à SolarWorld Industries America, fabricant américain de panneaux solaires qui se plaignait de la concurrence déloyale d’entreprises chinoises. La Chine a exporté pour 3,1 milliards de dollars de cellules et produits photovoltaïques aux Etats-Unis en 2011, deux fois plus qu’en 2010. La mesure, qui prévoit des hausses de 30%à250%destaxesàl’importationde cellules photovoltaïques, a suscité l’ire de Pékin. «La décision américaine n’est Contrôle qualité

entémoigne.Elleenpossède12enGrande-Bretagne, pour la plupart situées dans des quartiers ou des villes à forte concentration d’immigrés du souscontinent indien, comme Whitechapel et Southhall à Londres, Manchester ou Bradford. Elle en a également dix aux Emirats arabes unis, où elle est l’un des seuls groupes à opérer un réseau permanent d’agences aux côtés de HSBC et Standard Chartered, ainsi qu’au Kenya, en Afrique du Sud, sur l’Isle of Man et au Canada. En 2006, elle est devenue l’actionnaire majoritaire de la Habib Metropolitan Bank, un établissement pakistanais doté de 153 succursales.

«

La décision américaine n’est pas équitable, la Chine est très mécontente» SHEN DANYANG Porte-parole du Ministère du commerce chinois

pas équitable, la Chine est très mécontente», a commenté le porte-parole du ministère du Commerce chinois, Shen Danyang, cité par l’AFP. «Ce genre de pratique n’est pas cohérent avec le statut d’économie de marché de la Chine, le fait que les entreprises chinoises sont des acteurs de l’économie de marché, et montre la tendance des Etats-Unis à appliquer un protectionnisme commercial», a ajouté Shen Danyang.

Vague de faillites Les Etats-Unis ont rétorqué que les entreprises chinoises pratiquaient des prix anormalement bas, assimilés à du dumping et justifiant ces mesures de rétorsion contre une soixantaine d’entreprises. La concurrence extrême et la guerre des prix qui règnent dans la branche ont déjà scellé le sort

de nombreux producteurs, dont Evergreen et Solyndra aux Etats-Unis ou encore Solar Millenium, Solarhybrid et Q-Cells en Allemagne. En Suisse, les deux grands fabricants de machines de découpe de blocs de silicium, le bernois Meyer Burger et l’américain Applied Materials, sont eux aussi pris entre deux feux. L’annonce américaine a immédiatement touché le premier, qui a décroché de plus de 3% à la Bourse suisse vendredi après-midi. Meyer Burger avait vu ses profits fondre de 38% en 2011 et avait dû supprimer 450 emplois. L’entreprise compte toujours plus sur la demande américaine depuis que l’Allemagne a introduit un projet de réforme de son système de subventions. Il y a dix jours, Applied Materials avait annoncé le transfert de la totalité de sa production de son site de Cheseaux vers la Chine, biffant jusqu’à 170 postes. Seule une trentaine d’emplois devraient subsister en Suisse. La firme a perdu 30% de sa valeur en Bourse depuis février dernier. Interrogé par «Le Matin Dimanche», le siège helvétique du groupe américain n’a pas souhaité s’exprimer sur l’éventuel impact des barrières douanières sur sa décision de cesser sa production à Cheseaux. François Pilet

fraude et soupçonné par les autorités brésiliennes d’être impliqué dans un assassinat au Brésil en 2009, aurait fourni les éléments qui ont permis aux enquêteurs de démanteler ce réseau luso-suisse. «Le ministère public était déjà au courant des opérations illégales d’Akoya. Les informations de Lima n’ont fait que consolider les données des procureurs», a expliqué une source proche du dossier à l’hebdomadaire Expresso. AFP

La nature de ses activités et les pays dans lesquels elle opère l’exposent à un risque accru de blanchiment d’argent. L’enquête de la FSA, qui porte sur les opérations de sa filiale britannique entre décembre 2007 et novembre 2011, a fait apparaître «un risque inacceptable que la Banque Habib puisse avoir manipulé de l’argent provenant d’activités criminelles». L’autorité de surveillance a trouvé des manquements dans deux tiers des dossiers examinés (46 sur 68).

Liste de pays à risque Elle cite le cas d’une entreprise incorporée en Grande-Bretagne mais opérant au Soudan et au Zimbabwe, qui n’a pas fait l’objet de vérifications quant à l’origine de ses fonds. Dans le cas d’un client pakistanais, considéré comme un PEP (politically exposed person) et soupçonné de corruption, HBZ n’a pas non plus cherché à en savoir plus sur l’origine de sa fortune. Des personnes ont également pu ouvrir un compte sans se présenter physiquement à la banque. L’autorité de surveillance reproche aussi à HBZ d’avoir exclu le Pakistan et le Kenya de sa liste des pays à risque, sous prétexte qu’elle y possède des succursales. «Ce comportement est inacceptable, juge Tracey McDermott, la cheffe de la division de la criminalité financière à la FSA. Il est complètement erroné de croire que parce qu’on a une connaissance approfondie d’un pays, cela diminue le risque qu’il pose en matière de blanchiment d’argent.» D’ailleurs, lorsque ces deux Etats ont été rajoutés à la liste de HBZ en novembre 2010, sur recommandation de l’autorité britannique, 170 comptes suspects ont aussitôt émergé. Le responsable des contrôles, Syad Itrat Hussain, qui a quitté ses fonctions en février, a été condamné à 17 500 livres (22 000 francs) d’amende. Comme son employeur, il a bénéficié d’un rabais de 30% pour avoir collaboré à l’enquête. Contactée, HBZ n’a pas souhaité s’exprimer. x

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Je veux rester libre de mon choix même dans un «EMS» ! le 17 juin 2012 :

à l’initiative de l’association

Suisse romande

à la mise sous tutelle du contre-projet vaudois ! Liberté et Patrie ! Extrait de l’argumentaire du comité d’initiative Dans un arrêt du 3 novembre 2006, le Tribunal Fédéral a confirmé que chaque être humain capable de discernement a le droit garanti par la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) de décider de la manière et du moment de sa propre mort. Dans sa chambre d’EMS, le résident dispose d’un lieu privé où il doit pouvoir faire valoir librement son droit et son choix. Le contreprojet que nous refusons est une autoroute favorisant l’acharnement palliatif et le paternalisme médical. Il met le patient sous tutelle institutionnelle. Nous souhaitons que nos aînés vivant en EMS puissent s’exprimer, choisir et agir comme s’ils étaient encore à la maison ! Comité «Assistance au suicide en EMS» Dr J. Sobel Bellefontaine 2 - Lausanne