L'impact de l'alternance politique sur la politique étrangère de la

4 déc. 1999 - politique vis-à-vis de l'Asie du Nord-Est, de l'Asie du Sud-Est et de l'Europe. On peut relever que le DPP met ... des échanges économiques avec les pays de l'Asie du Sud-Est et la stabilité en mer de Chine ... Il existe toute une série de facteurs qui influencent l'implantation de la politique étrangère du DPP ...
101KB taille 5 téléchargements 85 vues
Political Science Review/No.13/December 2000/pp.125-146

L'impact de l'alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan* TSAI Cheng-Wen**

Abstract March 18, 2000 is an important date in the history of political development of Taiwan. It is for the first time the DPP access to the power of central government. The KMT become the opposition party. The new government would imply change of Taiwan foreign policy. It is our interest to analyze the impact of political alternance on the evolution of Taiwan foreign policy. This paper is divided into three parts: The first part is to present the major content of new government foreign policy. The second part is to analyze the constraint factors that would exert influence on the new government policy. The external factors and internal factors are our principal analytical subjects. The last part is to prospect on the development of new government foreign policy. From the above studies, we can get several findings: (1) Taiwan political alternance does not imply a dramatical change of its foreign policy which shows relatively stable; (2) The new government returns to the ex-president Chiang Ching-Kuo’s “substantial diplomacy” and abandons the ex-president Lee Teng-Hui’s “pragmatical diplomacy”; (3) Washington will increase its influence on Taiwan foreign policy and Taipei will lose more and more its autonomy on the decision-making of foreign policy; (4) The effectiveness of “democratic diplomacy” and “ecological diplomacy” will be limited and the “economic and trade diplomacy”, “humanitarian diplomacy” and “aid diplomacy” will get positive results; (5) The diplomatical immobilism will imply the dis-satisfaction of certain categories of people. All these tendencies are the consequence of interaction between internal and external constraint factors. Key words: alternance politique, DPP, OIG, ONG, ODA, intérêt national, identité national, démocratie, Etats-Unis, KMT

* This paper was presented to the seventh seminar France-Tarinan, held in Paris, June 28-29, 2000 and organized by the centre de politique internationale de la Sorbonne, Universitè de Paris 1. ** Professeur du Département de Sciences Politiques, Université Nationale de Taïwan.

126

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

Le 18 mars 2000 est une date importante pour l'histoire du développement politique de Taïwan. Pour la première fois, la victoire du candidat présidentiel du Parti démocratique progressiste (DPP), M. Chen Sui-Bian sur les deux autres candidats a marqué l'alternance politique au niveau du gouvernement central de Taïwan. C'est aussi la première fois que Taïwan a la chance d'expérimenter la cohabitation constitutionnelle. Mais le refus du nouveau président de négocier avec la majorité parlementaire pour former le gouvernement et ses manipulations pour créer “un gouvernement du peuple tout entier” ont abouti à former un gouvernement sans soutien de la majorité. Il est ainsi de notre intérêt d'observer et d'analyser l'influence du nouveau gouvernement sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan.

I. Principaux éléments du programme du DPP relatif à la politique étrangère Dans le Livre blanc en matière de politique étrangère du DPP, diffusé pendant la campagne présidentielle,1 on constate un double aspect dans les orientations du parti: (1) un aspect plutôt directif et (2) un aspect pragmatique. Le DPP a proposé, dans l'aspect directif, quelques nouvelles orientations qui correspondent au concept de “politique basse” (low politics) de la politique internationale. Ce sont “la diplomatie de la démocratie”, “la diplomatie économique et commerciale”, “la diplomatie humanitaire” et “la diplomatie écologique”. Quant à l'aspect pragmatique qui correspond au concept de “politique haute” (high politics) de la politique internationale, le DPP a suggéré “la diplomatie de bon voisinage”, et “la diplomatie du peuple tout entier”. D'autre part, le DPP a également énuméré des stratégies en vue de promouvoir les relations bilatérales et multilatérales avec les principaux pays et avec les principales régions. En ce qui concerne les relations bilatérales, le 1

DPP, Le Livre blanc relatif à la politique étrangère (Taïpei: DPP, 1999).

Political Science Review/No.13/December 2000

127

DPP insiste particulièrement sur l'importance du maintien de bonnes relations avec les Etats-Unis. Il promet de ne pas déclarer l'indépendance de Taïwan tant qu'il sera au pouvoir puisque Taïwan est de facto un Etat souverain et indépendant depuis très longtemps. Surtout, le DPP soutient les efforts de la “diplomatie de la seconde voie” (diplomacy of second tract) que les personnalités politiques en retrait, les académiques et les hommes d'affaires, etc., ont mis en oeuvre en vue de dégeler la situation bloquée dans la région du détroit de Taïwan. En ce qui concerne les relations régionales, le Livre blanc énumère la politique vis-à-vis de l'Asie du Nord-Est, de l'Asie du Sud-Est et de l'Europe. On peut relever que le DPP met l'accent sur l'importance du problème de la sécurité de Taïwan en liaison avec le Japon et la Corée et également sur celle des échanges économiques avec les pays de l'Asie du Sud-Est et la stabilité en mer de Chine méridionale. En ce qui concerne l'Europe, la stratégie du DPP s'oriente vers la promotion des relations non-politiques avec les pays européens, comme les échanges commerciaux ou culturels. S'agissant de la participation aux organisations intergouvernementales (OIG), le DPP indique que l'adhésion à l'ONU constitue son objectif à long terme et qu'il continuera de s'efforcer de l'atteindre. A travers l'expérience de la participation de Taiwan à l'APEC et à l'Organisation mondiale de commerce (OMC ou WTO), le DPP prétend qu'il importe de participer aux OIG fonctionnelles pour surmonter les obstacles provenant de l'opposition de la Chine populaire. D'autre part, il a l'intention de promouvoir la participation aux activités des ONG fonctionnelles. Enfin, la politique d'aide officielle au développement (ODA) sera réévaluée en raison du séisme de l'année dernière. Mais le DPP continue à réclamer l'adoption, le plus rapidement possible, par le Yuan legislative,2 d'un projet de loi relatif à l'aide officielle au développement. De tout ce que nous venons de décrire, on s'aperçoit qu'il existe une certaine continuité et ouverture mais aussi un recul de la politique du DPP 2

“Le discours inaugural du président Chen Sui-Bien”, China Times (21 mai 2000) p.3.

128

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

par rapport au régime précédent. Par exemple, le DPP n'a pas osé réaffirmer la politique de l'indépendance de Taïwan, proposée depuis la création de ce parti, et même dans l'hypothèse où il accéderait au pouvoir. Il abandonne la “diplomatie pragmatique” poursuivie par l'ex-président Lee Teng-Hui et revient plutôt à la “diplomatie substantielle” de l'ex-président Chiang Ching-Kuo. Cette sorte de recul a été entérinée par le discours inaugural du président Chen prononcé le 20 mai 2000. Le président Chen a réitéré l'importance de la “diplomatie de la démocratie” et de la valeur universelle de la démocratie et des droits de l'homme. Il a souligné également combien il était important de renouer des relations avec les Etats-Unis et de participer aux ONG. Mais le point central de son discours est l'annonce des “cinq non” ou “cinq renoncements”. Aussi longtemps que la Chine de Pékin n'emploiera pas ses forces armées contre Taïwan, le président Chen s'engage, pendant son mandat, à renoncer: (1) à déclarer l'indépendance de Taïwan; (2) à faire inclure “la théorie des deux Etats” dans la constitution; (3) à déterminer l'avenir de Taïwan, en matière d'indépendance ou de réunification, par voie de référendum; (4) à changer le nom de la République de Chine; (5) à abolir “les lignes directrices pour la réunification nationale” et le Conseil de la réunification nationale. Cette déclaration a satisfait la communauté internationale, les autorités de Pékin et le peuple de Taïwan car elle signifie la poursuite de la politique de maintien du statu quo. Même si le président Chen évite d'évoquer “le principe d'une Chine unique”, Pékin a senti une certaine bonne volonté de la part du nouveau gouvernement, de sorte que M. Jiang Zemin a promis au président Bill Clinton de ne pas menacer Taïwan dans les échanges de communications téléphoniques.3

II. Contraintes sur la mise en oeuvre du programme du DPP Il existe toute une série de facteurs qui influencent l'implantation de la politique étrangère du DPP telle qu'elle a été définie depuis la création du 3

China Times (29 mai 2000) p.3 “News Focus” China Times (30 mai 2000).

Political Science Review/No.13/December 2000

129

Parti. En fait, des facteurs externes et internes pourraient compromettre les efforts du nouveau gouvernement de sorte que celui-ci devra réorienter sa politique et sa stratégie. A. Facteurs externes Parmi les principaux facteurs externes on peut relever: (1) la politique de Pékin vis-à-vis de Taïwan; (2) la configuration des rapports de puissances dans le système global et les sous-systèmes; (3) les tendances de la politique internationale; (4) l'intérêt national des Etats intéressés et (5) le degré du soutien international à Taïwan. 1. la politique de Pékin vis-à-vis de Taïwan Jusqu'à présent, la situation diplomatique difficile de Taïwan résulte d'abord et surtout de la pression qu'exerce la Chine populaire sur la communauté internationale. Le “principe d'une Chine unique”, le blocage diplomatique envers Taïwan et la menace de l'emploi des forces armées contre Taïwan mettent à rude épreuve la politique du président Chen. Les “cinq renoncements” énoncés à l'occasion de son investiture présidentielle en portent témoignage. Les stratégies précédemment définies doivent être réexaminées. En fait, ni le président Chen ni le ministre des Affaires étrangères, M. Tien Hong-Mao, ne se référent plus à la diplomatie pragmatique; ils se contentent de promouvoir les relations substantielles et la participation aux ONG.4 2. la configuration des rapports de puissances dans le système global et les sous-systèmes Dans le système international de l'après-guerre froide, les Etats-Unis, bien qu'ils soient devenus la seule superpuissance, préfèrent maintenir la stabilité mondiale ou dans les différents sous-systèmes avec l'aide des

4

China Times (23 mai 2000) p.2; “Le discours inaugural du président Chen Sui-Bien” op. cit. p.3.

130

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

principales puissances participant à la structure de pouvoir. En particulier, les Etats-Unis ont l'intention de maintenir l'ordre international par le truchement du mécanisme de l'ONU. Le soutien des quatre autres Etats membres permanents du Conseil de sécurité, notamment la Russie et la Chine populaire, est donc indispensable. D'autre part, en Asie-Pacifique, l'essor de la puissance de Pékin et sa constante tentation d'imposer sa volonté sur les autres pays de la région ne peuvent pas être négligés par les Etats-Unis qui essaient de maintenir la stabilité régionale avec l'assistance du Japon. Ainsi, les Etats-Unis doivent prendre en considération la position de Pékin et des puissances en présence. Plus les Etats-Unis et les autres puissances intéressées feront de concessions à la position de la Chine populaire en ce qui concerne la question de Taïwan, plus le gouvernement de Taïpei éprouvera de difficultés à surmonter une situation critique dans le domaine des relations internationales. Il est donc normal que le président Chen soit obligé de satisfaire les Etats-Unis et les autres puissances intéressées et qu'il se soit gardé d'annoncer des orientations politiques provocatrices dans son discours inaugural. 3. les tendances de la politique internationale Dans la période de l'après-guerre froide, certaines tendances principales dans les relations internationales apparaissent comme favorables ou défavorables à la mise en oeuvre de la politique étrangère du DPP. Les tendances visant à maintenir la paix mondiale, à coopérer en vue de l'amélioration des économies nationales et à promouvoir les valeurs de la démocratie libérale sont, en principe, de nature à favoriser les efforts du DPP pour renouer des relations avec d'autres pays. Mais le réalisme diplomatique pratiqué par tous les états-nations constitue indéniablement un obstacle à l'entreprise du président Chen. L'intérêt économique, les considérations stratégiques, la position traditionnelle relative à l'égard de la Chine populaire et la pression diplomatique de Pékin, etc., conduisent souvent un pays à adopter une attitude, même réticente, en faveur de la position de Pékin. Il est ainsi possible que le président Chen soit contraint de revenir à la politique étrangère du gouvernement du Kuomintang (KMT) ou même à être en recul par rapport à celle-ci.

Political Science Review/No.13/December 2000

131

4. l'intérêt national des Etats concernés Il ne fait aucun doute que l'intérêt national de chaque pays joue un rôle important dans le processus de décision en matière de politique étrangère. Même si un pays définit essentiellement sa politique en fonction d'une idéologie déterminée, il pourra prendre une attitude tout à fait à l'encontre de cette idéologie si son intérêt national est en jeu. Par exemple, les notions de démocratie et de droits de l'homme devraient jouer un rôle majeur dans les décisions de politique étrangère du président Clinton. Mais si celui-ci a soutenu avec toute son énergie le projet de loi relatif aux relations commerciales normales et permanentes (PNTR) avec la Chine populaire, en dépit de l'état critique des droit de l'homme et du régime autoritaire de Pékin,5 c'est parce que l'Administration Clinton a considéré les potentialités économiques du marché chinois, les relations de partenariat stratégique avec les autorités de Pékin et le rôle capital de la Chine populaire dans le maintien de la paix dans la zone du détroit de Taïwan et en Asie-Pacifique comme de son intérêt national vital. Il en fut de même lorsque le président Clinton a énoncé, en 1998, lors de sa visite à Shanghaï, la “doctrine des nouveaux trois non”: (1) les Etats-Unis ne soutiennent pas l'indépendance de Taïwan, (2) ni le principe d'“une Chine et un Taïwan” ou de “deux Chines” et (3) ils ne soutiennent pas non plus la participation de Taïwan aux OIG dont les membres sont des Etats souverains. Même si Taïwan est un pays partageant les mêmes valeurs démocratiques que les Etats-Unis, le gouvernement du DPP est obligé de tolérer la position des Etats-Unis, bien qu'elle soit au détriment de l'intérêt de Taïwan et de la démocratie. 5. le degré du soutien international à Taïwan La réussite de la stratégie de participation aux OIG fonctionnelles ou politiques du président Chen dépend du soutien international et de la position de Pékin. Bien que Taïpei ait pu être autorisé à adhérer à l'APEC

5

China Times (18 mai 2000) p.1. Le président Clinton a même joué la “carte de Taïwan” pour montrer que même Taïpei soutient l'adoption du PNTR pour persuader les députés et les sénateurs ayant la position opposée.

132

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

(Asian Pacific Economic Cooperation) et plus tard à l'OMC, il n'en sera pas de même pour d'autres OIG fonctionnelles. On peut constater clairement que, dans les deux cas cités, Taiwan, d'une part, bénéficiait d'un soutien international et que, d'autre part, la Chine populaire n'était pas membre de ces deux OIG, de sorte que l'adhésion de Taiwan à l'APEC et à l'OMC (WTO) devenait possible moyennant une certaine souplesse en matière de dénomination. Mais lorsque la Chine populaire est déjà membre d'une OIG déterminée, il est impossible pour Taïwan d'y adhérer en raison de l'opposition farouche de Pékin. La stratégie de participation aux OIG fonctionnelles élaborée par le président Chen n'aboutirait donc qu'à un résultat assez mince. B. Facteurs internes L'implantation du programme du DPP en matière de politique étrangère sera confrontée aux obstacles provenant des facteurs internes de Taïwan qui sont les suivants: (1) les considérations électorales, (2) le consensus social en matière d'identité nationale; (3) la situation économique; (4) les positions des divers partis politiques; (5) la puissance de la défense nationale et (6) l'opinion publique relative à la politique étrangère. 1. les considérations électorales Le programme présenté pendant la campagne électorale est souvent destinée à attirer le soutien de certaines couches de la population de sorte qu'il incarne certaines politiques ou stratégies qui ne seront pas réalisables en raison de la pression des facteurs externes ou de l'opposition de la majorité de la population. Par exemple, la stratégie de la recherche de l'indépendance de Taïwan qui pourrait inciter la Chine populaire à déclencher les hostilités contre Taïwan va à l'encontre du maintien du statu quo, qui est conforme au voeu de la majorité de la population. Le DPP et le président Chen en ont tiré les conclusions et ont déjà promis de ne pas déclarer l'indépendance, même avant la fin de l'élection présidentielle.

Political Science Review/No.13/December 2000

133

2. le consensus social en matière d'identité nationale Le DPP a entrepris depuis longtemps des efforts pour rechercher l'identité nationale propre à la population de Taïwan. L'ex-président M. Lee Teng-Hui s'est déjà engagé sur cette voie en parlant de "la République de Chine à Taïwan". Il a même qualifié, le 9 juillet 1999, les relations entre Taïpei et Pékin de "relations spéciales d'Etat à Etat",6 ce que Pékin s'est empressé de dénoncer comme "théorie des deux Etats", de même qu'une partie de la population taïwanaise, adepte de la réunification avec la Chine populaire. Bien que plus de 70 % des personnes interrogées dans un sondage aient soutenu "la théorie des relations d'Etat à Etat" 7 et que d'autres sondages8 aient montré que le pourcentage de la population revendiquant l'identité taïwanaise ne cesse d'augmenter alors que les partisans de l'identité chinoise se réduisent en proportion, il est encore difficile d'établir un consensus majoritaire soutenant l'identité taïwanaise, de sorte que le président Chen et le DPP ne peuvent qu'accepter le concept de "la République de Chine à Taïwan".9 3. la situation économique Le miracle économique est l'élément capital qui permet au gouvernement de Taïwan de développer concrètement des relations avec d'autres pays. L'exécution de la diplomatie économique et de la stratégie d'aide officielle au développement (ODA) du président Chen dépend ainsi essentiellement de la puissance économique du pays. Il serait impossible de

6

7

8

9

Le président Lee a signalé le 9 juillet 1999 lors d'une interview par la voix des Allemands que les relations spéciales d'Etat à Etat sont comme les relations entre les deux Allemagnes ayant l'unification. Su Chi, La construction des relations entre les deux rives du détroit pendant le nouveau siècle, rapport présenté le 17 février 2000 à l'occasion de 37ème réunion du comité directif relatif aux affaires continentales du KMT. p.8. Selon l'enquête effectuée du 23 à 26 février 2000 par le Mainland Affairs Council, 45% de personnes interrogées s'identifient comme Taïwanais et 39.4% s'identifient comme à la fois Chinois et Taïwanais. Il n'y a que 13.9 % s'identifient comme Chinois. Le discours inaugural du président Chen. La résolution adoptée par le DPP relative à la dénomination de Taïwan.

134

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

les mettre en oeuvre si la situation économique de Taiwan n'avait pas été aussi florissante au cours de ces dernières années . La conjoncture actuelle est devenue un peu difficile en raison du séisme de 1999 mais, dans l'ensemble, elle est encore suffisamment bonne pour permettre au gouvernement du DPP de poursuivre son programme. 4. les positions des divers partis politiques en matière de politique étrangère En principe, la politique étrangère est la concrétisation du compromis des positions des différents partis politiques. Dans la plupart des pays, il existe toujours moins de divergences en cette matière, parmi les différents partis, que dans des domaines plus conflictuels, comme la politique intérieure. Mais tel n'est pas le cas à Taïwan en raison du problème d'identité sur lequel les principaux partis politiques divergent notablement. Le DPP prône une identité indépendante, spécifique à Taïwan. Le Nouveau Parti (NP) est partisan de la réunification avec la Chine, de même que le "People First Party" (Premier Parti du Peuple). Quant au KMT, il souhaite que la situation actuelle reste inchangée. Puisque le DPP et le président Chen sont revenus à la politique du KMT du maintien de statu quo, et même à la diplomatie substantielle, ils devraient rencontrer moins d'obstacles pour trouver un dénominateur commun en matière de politique étrangère parmi les différents partis. 5. la puissance de la défense nationale Indépendamment des forces économiques, la puissance de sa défense nationale est cruciale pour soutenir la politique étrangère d'un pays déterminé. Face à la menace de la Chine populaire, Taïwan a, pendant longtemps, consacré plus de la moitié de son budget à la défense nationale. Même actuellement, ce pourcentage est de l'ordre de 23%.10 Le renforcement de sa défense constitue toujours la préoccupation primordiale du gouvernement de Taïwan. Le nouveau gouvernement et le président Chen 10

Le Livre blanc relatif à la Défense nationale 1998 (Taïpei: Ministre de la Défense nationale, 1998) p.106.

Political Science Review/No.13/December 2000

135

réitèrent presque tous les jours l'importance vitale de la sécurité nationale. Maintenir une capacité de dissuasion est leur tâche impérative; plus cette capacité est crédible, plus la politique étrangère du DPP est réalisable. C'est la raison pour laquelle la Chine populaire s'oppose farouchement à la vente d'armements à Taïwan par les pays occidentaux. Jusqu'à présent, il n'y a pas d'opposition de l'opinion publique de Taiwan aux dépenses considérables de défense nationale. Il reste donc au président Chen à réaliser une politique de modernisation de cette défense. 6. l'opinion publique et la politique étrangère Etant donné que Taïwan est devenu un pays démocratique, l'opinion publique joue un rôle de plus en plus important dans le processus de décision en matière de politique étrangère. Tant que le gouvernement ne touche pas au problème de l'identité nationale, il n'y a pas d'opposition marquée de l'opinion publique; en revanche, toute référence à ce problème reste extrêmement sensible. Par exemple, le ministre Chiang Pin-Kung a déclaré, lors du sommet de l'APEC, à Seattle, en 1993, que Taïwan a tenté de poursuivre la politique "d'une Chine de l'avenir et de deux Chines actuellement". Il a été immédiatement critiqué par les mass média et par les députés si bien que le gouvernement a été contraint de condamner cette formulation. La politique énoncée dans le discours du président Chen et par le ministre Tien étant, en principe, la politique de diplomatie substantielle de Chiang Ching-Kuo ne devrait pas rencontrer d'opposition de l'opinion publique. Mais certaines couches de la population, qui ne se satisferont pas de l'immobilisme diplomatique du nouveau gouvernement, pourraient éventuellement manifester leur impatience.

III. Perspectives de la politique étrangère de l'Administration Chen-Tang Le président Chen a désigné l'ancien ministre de la défense, M. Tang Fei, comme Premier ministre sans le soutien de la majorité parlementaire. La politique étrangère, telle qu'elle a été définie, est déjà le résultat de

136

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

l'interaction entre les facteurs externes et les facteurs internes. Bien que le DPP et le président Chen aient eu l'intention de débloquer la situation diplomatique inquiétante de Taïwan par la voie de l'indépendance, leurs efforts ont été finalement voués à l'échec. La politique étrangère et les stratégies diplomatiques dérivées de la politique d'indépendance de Taïwan doivent être évidemment révisées. Nous appuyant sur le discours inaugural du président Chen et les remarques faites, ces temps derniers, par le ministre Tien, nous allons tenter de mettre en évidence les grandes lignes de la politique étrangère de l'Administration Chen-Tang. A. Aspect directif

Au niveau de l'aspect directif, on peut constater lucidement qu'on ne peut guère attendre d'effets positifs de la diplomatie de la démocratie et de la diplomatie écologique; en revanche les diplomaties humanitaire et économique peuvent conduire à de meilleurs résultats. 1. Diplomatie de la démocratie

Il est indéniable que Taïwan est devenu un pays totalement démocratique avec l'alternance politique et que cette image démocratique a un grand retentissement international. Mais cela ne veut pas dire pour autant que Taïwan bénéficiera d'un meilleur soutien international en matière de diplomatie. D'une part, les valeurs démocratiques sont implantées dans les pays occidentaux mais ne le sont pas dans les pays du Tiers-monde, qui sont beaucoup plus nombreux. Pour ces derniers, la démocratie et les droits de l'homme ont plutôt une valeur indicative ou idéologique. La démocratisation de Taïwan est appréciée par les pays occidentaux et elle a gagné le respect de certains pays du Tiers-monde. Mais face au réalisme et à l'intérêt national d'un pays, la diplomatie de la démocratie est vouée à l'inefficacité. La seule méthode consisterait, par des campagnes publicitaires,

Political Science Review/No.13/December 2000

137

de diffuser et de mieux faire connaître l'image démocratique de Taïwan dans les pays occidentaux, de manière que leurs opinions publiques puissent soutenir la position de Taïwan. Une telle action demanderait, toutefois, un investissement énorme en ressources financières et des efforts de longue durée. Dans une certaine mesure, la diplomatie de la démocratie peut attirer le soutien des pays occidentaux mais ceux-ci se plieront facilement à des considérations d'intérêt national, à des configuration de rapports de puissances et à la pression de la Chine populaire. 2. Diplomatie écologique

Le mouvement de protection écologique est devenu de plus en plus universel. La globalisation se développe au détriment des pays du Sud qui ont manifesté d'une manière violente lors de la conférence annuelle de l'OMC (WTO), qui s'est tenue en novembre 1999 à Seattle.11 La protection de l'environnement constitue l'une de leurs principales revendications. Le soutien au mouvement écologique pourrait donc, dans une certaine mesure, obtenir l'appui de certains pays du Tiers-monde. Mais la plupart de ces pays demande plutôt à Taïwan une aide économique et une assistance technologique. D'autre part, il est capital pour Taïwan d'entretenir de bonnes relations avec les pays riches dont le marché est primordial pour son économie. Aussi lui sera-t-il très difficile de trouver un équilibre optimal entre idéologie et économie. On peut constater que l'Administration Chen-Tang ne pourra que poursuivre une diplomatie économique. C'est-à-dire qu'elle ne pourra que se procurer les équipements écologiques des pays occidentaux en vue de renforcer ses relations avec ceux-ci.

11

Babette Stern, “Les citoyens du monde s'invite à l'OMC”, Le Monde hebdomadaire (4 décembre 1999), pp. 1-2.

138

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

3. Diplomatie humanitaire Il est plus facile pour le président Chen de poursuivre la politique de coopération humanitaire étant donné qu'elle consiste, par des contributions matérielles, financières ou personnelles, à aider les pays ayant subi des catastrophes, naturelles ou autres. Cette politique est en continuité avec celle du gouvernement précédent. La seule contrainte relève des capacités financières de Taïwan. Plus l'économie de Taïwan sera prospère, plus le président Chen sera capable de pratiquer la diplomatie humanitaire. Sinon, il lui sera beaucoup plus difficile de le faire. 4. Diplomatie économique et commerciale La promotion de la coopération économique et commerciale est également en continuité avec la politique poursuivie depuis très longtemps par le gouvernement du KMT. Le nouveau gouvernement ne peut que souhaiter développer cette coopération avec d'autres pays puisqu'elle est source de bénéfices mutuels. Seules la conjoncture économique internationale et la situation économique de Taïwan peuvent en limiter les effets. Au cas où la croissance économique est assurée, au niveau global et régional, rien n'empêche le développement de la coopération économique internationale. Jusqu'ici, l'économie de Taïwan s'est montrée assez solide, même pendant la crise financière et monétaire de 1997 en Asie, qu'elle a mieux surmontée que les autres pays asiatiques. Si le discours inaugural du président Chen a mis l'accent sur la coopération économique et culturelle, c'est parce que les capacités économiques de Taiwan lui permettaient aisément de le faire. D'autre part, il n'y aura aucune opposition de la part de Pékin. On peut ainsi prévoir une ouverture, dans le domaine de la coopération économique, non seulement à d'autres Etats mais aussi à la Chine populaire, suite à l'adhésion de Pékin et de Taïpei à l'OMC.

Political Science Review/No.13/December 2000

139

B. Aspect pragmatique Au niveau stratégique, on peut déjà mettre en évidence certaines conséquences auxquelles pourrait conduire la nouvelle politique diplomatique de l'Administration Chen-Tang. 1. L'accroissement de l'influence des Etats-Unis dans le processus de décision de la politique étrangère de Taïwan L'influence des Etats-Unis sur la politique étrangère de Taïwan est une constante. Mais le gouvernement du KMT a su garder une certaine autonomie. Cette autonomie s'est notamment manifesté de manière claire pendant les mandats de l'ex-président Lee. Celui-ci a tenté de s'affranchir du joug de la structure des grandes puissances et d'élargir l'espace international de Taïwan. La diplomatie pragmatique adoptée a conduit Taïwan à établir des relations diplomatiques avec un plus grand nombre d'Etats, à adhérer davantage aux OIG et à organiser des visites, dans les autres pays, par le Président et par le Premier ministre 12 . Tout ceci a conduit à un accroissement de la tension et de la compétition diplomatiques entre Taïpei et Pékin. Le discours prononcé à l'Université de Cornell en 1995 et la "théorie des relations spéciales d'Etat à Etat", énoncée par M. Lee, ont envenimé les relations entre Pékin et Taïpei et accru l'instabilité de la zone du détroit de Taïwan. Les Etats-Unis ont dû intervenir militairement et poursuivre leur diplomatie préventive pour apaiser ces tensions. La victoire du DPP a poussé l'Administration Clinton à prendre des mesures préventives et à exercer une forte pression sur les deux rives du détroit de Taïwan en vue de maintenir la stabilité régionale. Les "cinq renoncements" présentés par le président Chen ont finalement apporté un grand soulagement pour tout le monde bien qu'il ait évité de parler du "principe d'une Chine unique". On peut donc déjà constaté l'influence du gouvernement américain sur le discours inaugural du président Chen. 12

Cf. TSAI Cheng-Wen, “The Concept, Achievements and Assessements of Pragmatical Diplomacy of the R.O.C.” dans: Political Science Review N.6 (mai 1995) pp. 279-306.

140

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

Par ailleurs, le président Chen a traité longuement des relations avec les Etats-Unis qu'il a qualifiées de vitales pour Taïwan. En outre, le gouvernement a accueilli favorablement les efforts de la "diplomatie de la seconde voie", entrepris surtout par le secteur privé et les anciens politiciens ou fonctionnaires américains. Cette attitude est différente de celle du gouvernement du KMT qui s'est toujours montré plutôt réticent à cet égard. On constate, de la même façon, que le nouveau gouvernement est également favorable à l'intervention américaine dans les négociations entre Taïpei et Pékin 13 , alors que le gouvernement du KMT refusait l'intervention américaine dans cette affaire. Tous ces faits laissent à penser qu'il est probable que l'influence des Etats-Unis sur la politique étrangère de Taïwan s'accroîtra, à moins que le président Chen ne revienne à la politique de M. Lee. 2. La continuité de la diplomatie économique et culturelle Il n'y a pas de doute que le président Chen va poursuivre la politique de promotion des relations bilatérales avec les pays d'Asie-Pacifique, non seulement en matière économique et culturelle mais également en matière de sécurité. Cette "politique vers le Sud" avait déjà été adoptée par l'ex-président Lee. Elle a conduit à un accroissement très sensible des investissements taïwanais dans les pays d'Asie du Sud-Est et Taïwan a gagné, dans une certaine mesure, le soutien diplomatique de ceux-ci. Le nouveau gouvernement s'est explicitement engagé à poursuivre la politique de promotion de la coopération économique et culturelle avec tous les pays de la région Asie-Pacifique, de l'Europe et de l'Amérique. La situation économique de Taïwan constitue la seule limitation éventuelle au développement de cette politique. 3. Participation difficile de Taïwan aux OIG fonctionnelles Le nouveau ministre des Affaires étrangères, M. Tien, a indiqué que, 13

China Times-News Focus (11 mai 2000); (13 mai 2000).

Political Science Review/No.13/December 2000

141

comme par le passé, il s'efforcera de faire participer Taiwan à l'ONU, mais d'une façon différente. Il attachera plus d'importance à l'adhésion aux institutions spécialisées de l'ONU, par exemple la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (IMF), etc.14 En fait, cette politique correspond à la politique américaine, énoncée en 1993, et destinée à aider Taïwan à adhérer aux OIG dont les membres peuvent ne pas être des Etats souverains. Le soutien américain, qui devrait lui être acquis, n'implique pas automatiquement le succès de l'entreprise. Il est toujours difficile pour Taïwan d'adhérer à une OIG dont la Chine populaire est déjà membre. L'opposition de Pékin à l'adhésion de Taïwan aux OIG constitue toujours le fondement de la politique chinoise. Sans changement de la position de Pékin, Taïwan n'a presque aucune chance d'être partie prenante aux OIG, même fonctionnelles. On peut ainsi dire que le président Chen sera toujours confronté à de graves difficultés pour exploiter l'espace international, à moins que sa politique ne reçoive un soutien international capable de conduire Pékin à des concessions. 4. L'accroissement de l'affiliation aux ONG La politique de participation aux activités des ONG est considérée par le nouveau gouvernement comme une stratégie efficace pour développer l'espace international de Taïwan. Encourager les groupes privés à s'affilier aux ONG ne présente aucune difficulté. En effet, il y a déjà plus de 950 ONG dont Taïwan fait partie. Le seul obstacle à surmonter provient de l'exigence de Pékin de changer le nom de la République de Chine en "Chinese Taipei" ou équivalent. Mais il y a plus de 4 700 ONG conventionnelles et en ajoutant les ONG régionales et autres, plus de 20 000 auxquelles Taïwan peut éventuellement participer. On peut donc prévoir que l'Administration Chen-Tang va s'efforcer d'augmenter la participation de Taiwan aux ONG 14

China Times-News Focus (23 mai 2000).

142

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

5. La réévaluation de la politique d'aide officielle au développement (ODA) Le DPP a longtemps critiqué la politique d'aide du gouvernement du KMT, qualifiée de "diplomatie du chèque". Il a réclamé une plus grande transparence des décisions gouvernementales à cet égard. Le président Chen a aussi exprimé son intention de faire adopter par le Yuan législatif une loi relative à l'aide officielle au développement. En fait, un projet de loi en ce sens a été soumis au parlement depuis deux ans par le gouvernement du KMT. Le discours du président Chen n'est que la réitération de la détermination du nouveau gouvernement dans ce domaine. Cependant, le président Chen a indiqué, après l'élection présidentielle, lors d'une rencontre avec les ambassadeurs et les représentants des pays étrangers en résidence à Taïpei, qu'il allait réexaminer les projets d'aide au développement en raison des dépenses extraordinaires nécessaires à la reconstruction de la zone sinistrée par le séisme de septembre 1999. Cette déclaration a suscité une certaine appréhension de la part des pays qui reçoivent de Taiwan une assistance économique et technologique. Suite à l'explication du Ministre des Affaires étrangères qui a, au contraire, affirmé que les engagements du nouveau gouvernement en matière d'aide économique resteraient inchangés, le président Chen n'a plus traité de cette question. Il est bien évident que le président Chen poursuivra la politique d'aide au développement mais qu'il est également obligé de tenir compte des ressources financières et économiques de Taiwan pour élaborer des projets d'aide. De tout ce que nous venons d'analyser, il est clair que l'alternance politique à Taïwan n'a pas suscité automatiquement de changement dramatique de la politique étrangère malgré le programme de caractère indépendantiste du DPP. A l'instar de ce qui se produit dans les pays occidentaux, la politique étrangère de Taiwan présente une certaine continuité et fait l'objet d'un assez large consensus.

Political Science Review/No.13/December 2000

143

En raison de l'interaction des facteurs externes et internes, le président Chen est contraint de revenir à la politique du maintien du statu quo et il a même abandonné la diplomatie pragmatique poursuivie par l'ex-président Lee. Il se contente de mentionner la promotion de la coopération économique et culturelle et la participation active aux ONG. Tout ceci appartient à la "diplomatie substantielle" de la période de Chiang Ching-Kuo. L'avantage de la politique du président Chen réside en ceci que, d'une part, elle a apaisé l'angoisse de toutes les parties intéressées et que, d'autre part, elle a conduit à une trêve diplomatique entre Taïpei et Pékin15. Mais si Pékin continuait à poursuivre sa politique visant à isoler Taïwan de la communauté internationale, l'immobilisme de la politique étrangère du président Chen susciterait le mécontentement de l'opinion publique de Taïwan, à moins que les Etats-Unis n'aident efficacement Taïwan à adhérer à certaines OIG fonctionnelles. Par ailleurs, l'accroissement de l'influence américaine sur la politique de M. Chen devient de plus en plus évident. Le gouvernement du KMT s'est opposé à l'intervention de Washington dans les négociations entre les deux rives du détroit en raison de l'expérience historique et pour éviter de subir la pression américaine. De même, il a adopté une attitude réservée à l'égard la "diplomatie de la seconde voie". En revanche, le gouvernement Chen-Tang accueille favorablement les interférences de Washington et la diplomatie de la seconde voie. Peut-être pense-t-il qu'il vaut mieux choisir le parti des Etats-Unis pour bénéficier de leur part d'un soutien consistant dans l'interaction avec Pékin. Cette idée pourrait, toutefois, avoir l'effet inverse car Pékin pourrait alors exercer de fortes pressions sur Washington pour obtenir des concessions de Taïwan. Aussi peut-on craindre que l'autonomie du président Chen en matière de politique étrangère ne se réduise de plus en plus. Toutefois, il est encore trop tôt pour porter un jugement objectif sur la politique étrangère du nouveau gouvernement. Mais on peut déjà avancer 15

China Times (8 juin 2000) p.4.

144

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen

l'hypothèse que l'alternance politique à Taïwan n'a pas conduit à un changement spectaculaire de cette politique. Pour le moment, on est plutôt revenu à la diplomatie substantielle de naguère.

Political Science Review/No.13/December 2000

145

政治輪替對中華民國外交政策的衝擊  蔡政文 

摘  要 二○○○年三月十八日對台灣的政治發展史是一個非常重要的日子, 因為這是第一次民進黨候選人陳水扁當選總統,也是第一次中華民國憲政 史上可以實驗「共治」的機會,但因總統候選人陳水扁不願依憲法運作, 而組織所謂「全民政府」,在沒有立法院多數黨的支持下,陳總統及新政 府所提出的外交政策會有何發展,值得觀察與分析。 本文第一部分說明民進黨及陳總統外交政策的內容,大致可區分為: 灱指導性或方向性層面分如民主外交、環保外交、經貿外交、人道外交、 睦鄰外交及全民外交等;牞策略性層面如加強雙邊及多邊關係的策略,參 加 NGO、第二軌道外交策略等。第二部分分析外在及內在因素對執行這些 政策的限制。第三部份則展望新政府外交政策的可能發展。 研究結果發現:灱政黨輪替並未帶來台灣外交政策的戲劇性改變,與 外國一般具相對的穩定性;牞新政府外交政策走回蔣經國總統時代的「實 質外交」,放棄李登輝總統的「務實外交」;犴美國政府對台灣外交決策 的影響力將增強,台灣新政府外交自主性將會縮小;犵民主外交及環保外 交成效將會有限,經貿外交、人道外交及援外政策較能產生具體效果;玎 未來部分民眾會不滿意這種外交停滯現象。之所以會有這種走向主要是受 到內外在因素壓力所造成。 關鍵詞:政治輪替、民進黨、國際政府間組織、非政府間組織、官方援助、國家 利益、國家認同、民主攻治、美國、國民黨

146

L’impact de l’alternance politique sur la politique étrangère de la République de Chine à Taïwan

TSAI Cheng-Wen