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10 juil. 2013 - dresser une liste actualisée des pays touchés ... de nouveaux pays se sont ajoutés à cette liste, ... République démocratique du Congo ... sur la paix d'Oslo (PRIO) et du Programme de données sur les conflits de l'Université.
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Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous

Document d’orientation 10 Juillet 2013

Les enfants continuent de batailler pour aller à l’école Le Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2011 a révélé la crise cachée de l’éducation dans les pays touchés par des conflits. Deux ans plus tard, pour marquer l’anniversaire de Malala, la collégienne pakistanaise prise pour cible par les tirs des talibans alors qu’elle exerçait son droit d’aller à l’école, le présent document d’orientation démontre l’urgence d’agir pour permettre aux 28,5 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire d’accéder à l’éducation dans les pays touchés par des conflits.

I

l est rare que l’éducation soit mentionnée lorsqu’on évalue les dommages infligés par la guerre. L’attention internationale et les comptes rendus des médias sont invariablement centrés sur les images humanitaires les plus immédiates des souffrances et non sur les coûts cachés et les séquelles durables de la violence. Pourtant, il n’est pas de domaine où ces coûts et ces séquelles soient plus évidents que dans l’éducation. Dans nombre des pays les plus pauvres du monde, un conflit armé détruit non seulement les infrastructures scolaires mais aussi les espoirs et les ambitions d’une génération entière d’enfants.

durement touchées, car elles sont souvent victimes de viols et autres sévices sexuels qui accompagnent les conflits armés. Des 69 millions d’adolescents non scolarisés en âge de fréquenter le premier cycle du secondaire, 20 millions vivaient dans des pays touchés par des conflits en 2011, dont 11 millions étaient de sexe féminin. L’équipe du Rapport mondial de suivi sur l’EPT a utilisé les mêmes systèmes de rapports internationaux que pour l’édition 2011 en vue de dresser une liste actualisée des pays touchés par des conflits1. Dans la période 2002-2011, 32 pays étaient reconnus comme touchés par des conflits, soit trois de moins que pendant la période 1999-2008 (Tableau 1)2. Cependant, de nouveaux pays se sont ajoutés à cette liste, notamment la Libye, le Mali et la République arabe syrienne.

Figure 1 : La moitié des 28,5 millions d’enfants non scolarisés dans le monde vit dans des pays touchés par des conflits.

À l’échelle de la planète, le nombre d’enfants non scolarisés a reculé, passant de 60 millions en 2008 à 57 millions en 2011. Toutefois, ces lents progrès n’ont pas bénéficié aux enfants vivant dans des zones de conflits. Ceux-ci représentent 22 % de la population mondiale en âge de fréquenter l’école primaire, mais comptent pour 50 % des enfants privés d’éducation, contre 42 % en 2008 (Figure 1). Des 28,5 millions d’enfants non scolarisés en âge de fréquenter l’école primaire dans des pays touchés par des conflits, 12,6 millions vivent en Afrique subsaharienne, 5,3 millions en Asie du Sud et de l’Ouest et 4 millions dans les États arabes. Dans leur grande majorité, c’est-à-dire 95%, ils vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Les filles, qui représentent 55 % du total, sont les plus

22%

22 % de la population mondiale en âge de fréquenter l’école primaire vivent dans des pays touchés par des conflits…

50% … mais la moitié des enfants non scolarisés vivent dans des pays touchés par des conflits

   

Pays non touchés

Source : Estimation du Rapport mondial de suivi sur l’EPT réalisée à partir de la base de données de l’ISU (mai 2013).

Document d’orientation 10

Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous Beaucoup de pays engagés dans des conflits sont victimes de failles dans la structure de l’aide internationale, leur système éducatif ne bénéficiant ni de l’aide au développement à long

Tableau 1 : Liste des pays touchés par des conflits : 1999–2008 et 2002–2011 Afghanistan

Myanmar

Algérie

Népal

Angola

Niger

Burundi

Nigéria

République centrafricaine

Pakistan

Tchad

Palestine

Colombie

Philippines

Côte d’Ivoire

Fédération de Russie

République démocratique du Congo

Rwanda

Erythrée

Serbie

terme ni de l’aide humanitaire à court terme. La communauté internationale a demandé que 4 % de l’aide humanitaire soit allouée à l’éducation. Cependant, de nouvelles analyses réalisées par l’équipe du Rapport mondial de suivi sur l’EPT révèlent que la part de l’aide humanitaire consacrée à l’éducation a diminué. En 2012, l’éducation bénéficiait de seulement 1,4 % du montant de l’aide humanitaire, par rapport à 2,2 % en 2009. L’éducation souffre d’un double désavantage, car non seulement elle est réduite à la portion congrue, mais de tous les secteurs c’est aussi celui qui reçoit la plus petite partie de l’aide humanitaire demandée (Figure 2). En 2012, sur le modeste montant réclamé pour l’éducation dans les contextes de crises humanitaires, elle n’en a reçu que 26 %, ce qui laisse un déficit de financement d’environ 221 millions de dollars des États-Unis.

Éthiopie

Sierra Leone

Géorgie

Somalie

Guinée

Sri Lanka

Inde

Soudan

Indonésie

République arabe syrienne

Iran

Thaïlande

Iraq

Timor-Leste

Libéria

Turquie

Libye

Ouganda

Mali

Yémen

La baisse de l’aide humanitaire destinée à l’éducation est d’autant plus regrettable que le besoin de financement est plus important que jamais. Les crises humanitaires s’aggravent dans plusieurs parties du monde. Fin 2012, on dénombrait 15,4 millions de réfugiés – un nombre inégalé depuis 1994 (UNHCR 2013). Dans leur majorité, ces réfugiés fuient vers des pays en développement voisins, dont les systèmes éducatifs sont déjà fragiles et les capacités d’accueil limitées. Pour chaque réfugié, on compte deux personnes déplacées qui bien souvent bénéficient d’une protection encore

Note : Les pays dont le nom est affiché en bleu clair figuraient sur la liste en 2011, mais ne sont plus considérés comme étant touchés par des conflits en 2013. Les pays affichés en rouge ont rejoint la liste en 2013.

Figure 2 : L’éducation ne reçoit qu’une petite part de l’aide humanitaire. Fonds reçus comparés aux montants demandés par secteur, appels globaux et appels éclairs 2012 100

3 000 95%

Millions de dollars des États-Unis

L’éducation n’a reçu que 1,4 % du total des fonds

74%

80 1.4%

70

2 000

60 53%

1 500

50 45% 37%

36%

1 000

40

38% 28%

30 26%

20 500

Part des demandes de fonds satisfaites (%)

90 2 500

10 0 Alimentation

Santé

Agriculture

Fonds reçus

Services de coordination et d’appui

Eau et assainissement

Demandes non satisfaites

Protection, Abris et biens droits humains, non alimentaires État de droit

Redressement et infrastructures économiques

0 Éducation

Demandes financées (axe d’action) (%)

Source : Base de données du Service de surveillance financière consultée en juin 2013

2

Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous

Document d’orientation 10

moindre. Les enfants représentent 46 % des populations déplacées de force. Ces garçons et ces filles voient leur processus d’apprentissage perturbé à un moment critique et risquent d’en rester désavantagés toute leur vie. Lorsqu’ils ont signé le Cadre d’action de Dakar en 2000, les gouvernements ont défini les conflits comme un obstacle majeur à la scolarisation de tous les enfants. Ils ont reconnu que les enfants des pays en conflit sont privés d’éducation, non seulement parce que leurs écoles peuvent être fermées et leurs enseignants absents, mais aussi parce qu’ils sont exposés au viol et autres sévices sexuels pratiqués à grande échelle, à des attaques visant les établissements scolaires ainsi qu’à d’autres exactions. Les salles de classe, les enseignants et les élèves continueront d’être considérés comme des cibles légitimes, à moins qu’on n’agisse fermement contre les atteintes aux droits humains, qu’on ne révise les priorités de l’aide mondiale, qu’on ne renforce les droits des personnes déplacées et qu’on n’accorde plus d’attention à la façon dont les failles de l’éducation peuvent augmenter le risque de conflit. La crise de l’éducation dans un contexte de conflit n’est plus cachée, il n’y a plus d’excuse pour ne pas contribuer à y mettre un terme.

Annie Bodmer-Roy/Save the Children

Sita*, 12 ans, vit depuis neuf mois dans un camp de fortune pour les personnes déplacées à Sevaré, dans le centre du Mali. Elle a fui sa ville natale de Gao quand les combats ont touché son village et que son école a été attaquée.

« Je suis partie à cause des choses qui se passaient. Je ne pouvais plus m’amuser. Je ne sortais plus de chez moi, je restais tout le temps à la maison. Un lundi, je suis allée à l’école. Ils sont entrés dans l’école. Ça m’a fait peur. Ils ont cassé nos pupitres, détruit nos livres de classe et nos affaires. Je n’aimais pas du tout ce qu’ils faisaient. L’école est supposée être un endroit pour apprendre. Ils sont venus et ils nous ont tous chassés. Ils ont tiré des coups de feu sur les portes. Quand nous avons quitté l’école, nous sommes tous rentrés chez nous en courant et nous n’en sommes plus partis. Nous ne sommes pas retournés à l’école. À partir de ce jour-là, nous sommes restés chez nous. » Motasem est un jeune réfugié syrien de 16 ans qui vit au Liban. Il a quitté son pays avec pour tout bagage les vêtements qu’il avait sur le dos. Il n’a pas pu obtenir son diplôme à cause de la guerre et il sait que les écoles sont prises pour cible et les enfants tués quand ils rentrent de l’école. « Désormais, les élèves ne vont plus à l’école, parce que, quand ils y allaient, il y avait des obus – je crois qu’ils visaient l’école, parce que tous les obus pleuvaient dessus. C’était la fin de la journée et les élèves quittaient l’école pour rentrer chez eux, quand ça a commencé et deux enfants ont été tués – ils étaient tous les deux très jeunes. Je suis en neuvième année, mais cette guerre m’a empêché de passer mon diplôme et maintenant mon avenir est ruiné. » 1. Les histoires des deux enfants dans ce document ont été partagées avec le Rapport mondial de suivi sur l’EPT par Save the Children. *Le nom a été changé pour proteger son identité.

Rapport mondial de suivi sur l’EPT c/o UNESCO 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France Courriel: [email protected] Tél.: +33 (1) 45 68 10 36 Fax: +33 (1) 45 68 56 41 www.efareport.unesco.org Développé par une équipe indépendante et publié par l’UNESCO, le Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous est une référence qui vise à informer, influencer et à soutenir un véritable engagement envers l’éducation pour tous.

Notes 1. Sont inclus dans la liste des pays touchés par des conflits tous les pays où l’on a dénombré plus de 1 000 décès liés aux combats entre 2002 et 2011, ainsi que tous ceux où l’on a dénombré plus de 200 décès liés aux combats en un an, sur la période 2009-2011. Les décès liés aux combats sont ceux de civils comme de militaires. Ces données ont été compilées à partir des données de l’Institut international de recherche sur la paix d’Oslo (PRIO) et du Programme de données sur les conflits de l’Université d’Uppsala (UCDP) sur les conflits armés et les décès liés aux combats. Voir l’encadré 3.1 dans le Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2011 pour plus d’informations. Parce que les conflits localisés qui éclatent dans des pays à forte démographie peuvent fausser les chiffres, un ajustement a été opéré pour ne tenir compte que des zones touchées par les conflits, dans le cas de l’Inde, de l’Indonésie, du Nigéria et du Pakistan.

© UNESCO

2013/ED/EFA/MRT/PP/10/REV.

2. Pendant la période considérée, le Soudan englobait encore la région qui correspond aujourd’hui au Soudan du Sud.

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