Les coûts du fret maritime au plus bas depuis trente ans L'indice Baltic Dry, baromètre du transport de matières sèches, s'effondre. Les navires sont trop nombreux et la demande chinoise ralentit. Une partie du fret maritime semble de nouveau en plein marasme. La semaine dernière, les taux journaliers du transport de matières premières sèches ont sombré. Le Baltic Dry, l'indice de référence qui fait la moyenne des prix pratiqués sur une vingtaine de routes mondiales, a chuté à son plus bas niveau depuis le mois d'août 1986. D'après les données de l'opérateur britannique Baltic Exchange, la baisse des tarifs d'affrètement a touché tous les types de navires répertoriés au sein du Baltic Dry. Certains des Capesize, des cargos capables de transporter plus de 150.000 tonnes de charbon ou de minerai de fer, ont ainsi vogué à perte. Pour les spécialistes du secteur, pas de doute : la cause se trouve du côté de la Chine. Le pays, de très loin le premier consommateur mondial de ces deux produits, est moins demandeur que les années précédentes. La production d'acier a augmenté de moins de 1 % l'an passé, contre une hausse de 7,5 % un an plus tôt. Avec une économie qui a crû en 2014 à son rythme le plus lent depuis 1990, Pékin devrait freiner ses importations. Chez Clarkson, le plus important courtier en transport maritime, on estime que les importations chinoises de fer et de charbon, matières premières essentielles aux sidérurgistes, progresseront de 6 % en 2015, soit moins que les 8,7 % enregistrés l'an dernier. Par ailleurs, les autorités chinoises se sont fixé pour objectif de réduire de manière significative l'utilisation du charbon et d'autres produits polluants dans les années à venir. Plongeon impressionnant La chute de l'indice Baltic Dry à son plus bas niveau depuis près de trente ans inquiète. Son plongeon le plus impressionnant date de la faillite de la banque Lehman Brothers. En 2008, lorsque la crise financière a rattrapé l'économie mondiale, l'indice, considéré comme un bon baromètre de la situation planétaire, a décroché de plus de 90 % en quelques mois. Alors que la construction maritime avait connu un boom énorme entre 2004 et 2008, et que des centaines de bateaux venaient d'être mis à flot, le coup de frein brutal à la consommation de matières premières a frappé le marché de plein fouet. Or le secteur est aujourd'hui encore en surcapacité. Il reste un trop grand nombre de bateaux en circulation, notamment de grande taille, ceux-‐là mêmes qui accostent en Chine. Si le commerce mondial du vrac sec (minerais, céréales, sables, acier…) et du vrac liquide (produits
pétroliers, chimiques…) a augmenté de 21 % depuis 2008, l'offre de tonnage a grimpé de 54 % entre 2008 et 2014, indique Clarkson. Certains prédisent dès lors que l'indice Baltic Dry n'a pas fini de baisser. Muryel Jacque -‐ Les Echos -‐ 2 février 2015