L'Élysée sensible au sort de la locataire d'André Malrait

Jean-Claude Gaudin ne couvri- ra les dérives de son adjoint que ... montée en gamme du quar- tier », comme le projet de réno- vation de la place Jean-Jaurès,.
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mardi 5 mars 2019 / La Marseillaise

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PROVENCE

La note stratégique de la Métropole EXCLUSIF Une note de la Métropole pose les bases de la refonte des services partagées avec la Ville pour traiter les immeubles dégradés.

Le bailleur du 17m² insalubre à 520 euros par mois est l’adjoint de Gaudin, délégué au patrimoine. PHOTO DC

L’Élysée sensible au sort de la locataire d’André Malrait INSALUBRITÉ Le cabinet d’Emmanuel Macron a répondu à Jennifer, locataire du taudis de l’adjoint au maire de Marseille.

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’affaire Malrait fait réagir jusqu’à l’Élysée. Le chef de l’État n’a pas tardé à répondre à Jennifer, cette jeune fille de 22 ans qui lui a raconté dans un courrier la situation indigne du logement que lui louait l’adjoint au maire de Marseille. André Malrait (LR), délégué au patrimoine, tirait 520 euros par mois de son garage à moto de 17m², transformé derrière chez lui, rue Breteuil, en studette colonisée par les moisissures. « Le président de la République m’a confié le soin de vous répondre. Soyez certaine

de toute l’attention avec laquelle il a été pris connaissance de votre témoignage, au regard de l’état d’insalubrité du logement que vous occupiez », écrit François-Xavier Lauch, son chef de cabinet. « Les murs sont moisis, aucun n’est solide, le compteur électrique hors normes est installé dans la salle de bains à moins d’un mètre de la douche », décrivait la jeune femme qui avant de relater sa situation à La Marseillaise, avait alerté en vain le service communal d’hygiène et de santé. « Comment un élu, adjoint au maire de la Ville de Marseille peut-il passer au-dessus des lois ? », demandait-elle à Emmanuel Macron dans son courrier. De rappeler à Jupiter qu’à la signature du bail en mai 2018, le maire de Marseille n’avait pas encore régularisé la transformation du garage en lieu d’habitation. Jean-Claude Gaudin ne couvrira les dérives de son adjoint que

le 4 juillet 2018 en signant personnellement l’arrêté validant le changement de destination déjà dénoncé en son temps par La Marseillaise. « J’ai donc signé un bail pour un garage à vélo et personne ne dit rien, personne ne fait rien ? », écrit Jennifer à qui l’Élysée répond : « Sachez que la lutte contre l’habitat indigne constitue une priorité du gouvernement. À Marseille comme ailleurs, l’État accompagne les collectivités afin d’agir en profondeur et prendre le problème des logements insalubres à bras-le-corps, garantissant la mise en sécurité des personnes et le financement des travaux d’urgence. » Se disant « sensible » à la situation de Jennifer, l’Élysée a transmis le courrier au ministre du Logement et au préfet. Mettra-t-il le garage à moto dans son prochain grand débat à Marseille ? David Coquille

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ans un document de quatre pages que La Marseillaise a pu consulter, la Métropole propose à la Ville de Marseille une « feuille de route » pour la « coconstruction » d’une « nouvelle stratégie intégrée de lutte contre l’habitat indigne » voulue par sa présidente. Signée de Domnin Rauscher, le nouveau directeur général des services et adressée à son homologue à la Ville, JeanClaude Gondard qui lui a cédé la place, la note du 8 janvier 2019 prévoit de recruter 30 agents dans une direction de l’habitat commune qui « intègre pleinement les polices de l’hygiène et de la sécurité » avec un directeur « recruté conjointement », épaulé de deux adjoints, d’un juriste, d’un géomaticien, d’un collaborateur. Une équipe dédiée à l’habitat privé ancien et au renouvellement urbain des copropriétés dégradées. Cette direction sera dotée d’un pôle sécurité et hygiène de l’habitat avec une soixantaine de techniciens municipaux et d’un pôle habitat de 20 agents métropolitains. En tout, 115 agents regroupés dans un site unique « favorable à l’émergence d’une culture de service commune » couvriront Marseille. Pour passer aux actes, la Métropole entend mobiliser les aides de l’Anah (agence

nationale de l’habitat) dans le cadre d’une convention visant à traiter les « 200 immeubles » en péril. Elle veut aussi lancer des diagnostics structurels systématiques de tous les immeubles évacués depuis le 5 novembre. Pour prendre la main, la collectivité demande à la Ville de lui confier ses attributions sur les travaux d’office. Pour comprendre les pathologies des immeubles, la note de cadrage exige que soient lancées « des études de sol et de réseaux pour vérifier la source des désordres dans certains quartiers » et des « diagnostics de repérage » des situations à risques sur « 4 000 immeubles marseillais ».

Cessions en bloc

Un aveu surgit, celui du constat que les collectivités sont « propriétaires de foncier dégradé ». « La Ville de Marseille possède des immeubles issus d’expropriation ou de préemption sur lesquels il a fallu intervenir en urgence ces dernières semaines », lit-on. « Il parait sage de céder ces immeubles en bloc à un opérateur social pour engager immédiatement leur traitement. Si la Ville y consent, la vente d’une vingtaine d’immeubles municipaux pourrait être délibérée dès le premier trimestre 2019 », écrit le DGS. Autre carence pointée, celle de la tenue du logiciel national Orthi (Outil de repérage et de traitement de l’habitat indigne et non décent) que les acteurs locaux doivent alimenter. Marseille préférant son propre logiciel « clos et obsolète ». « Aujourd’hui la municipalité ne remplit pas cette obligation », constate le DGS qui appelle à la création d’un « outil performant partagé ».

David Coquille

Rue d’Aubagne : la mairie acquiert sept immeubles HABITAT INDIGNE Quatre mois jour pour jour après l’effondrement des 63 et 65 rue d’Aubagne, la mairie a annoncé « la maîtrise » de sept immeubles de la rue. Afin de les rénover... Ou de les démolir. ccusée d’incurie par pluA sieurs collectifs de citoyens et associations concernés par le logement indigne, contestée à plusieurs reprises par ses habitants à travers plusieurs marches pour le droit à un logement digne, la municipalité tente désormais de démontrer son volontarisme en la matière.

Un diagnostic réseau a aussi mis en évidence de nombreuses cassures et donc des infiltrations d’eau dans le sol. PHOTO D.C

C’est ainsi qu’elle a annoncé sa décision de « maîtriser » sept immeubles compris entre le numéro 71 et le numéro 83 de la rue d’Aubagne (1 er). Entendez par là, l’acquisition des bâtiments en vue de les rénover « si possible », précise le communiqué avant de détailler aussitôt : « ou de les déconstruire en fonction des diagnostics des experts ». « Ces bâtiments présentent des pathologies trop importantes pour être laissés à la responsabilité de propriétaires privés. Ils ne pourront donc plus jamais être habités en l’état ». Doux euphémisme tant certains immeubles de la rue sont dégradés. La mairie marche sur des œufs, Un Centre-ville pour Tous, la Fondation Abbé Pierre ou le collectif du 5 novembre veillent à ce qu’aucun

effet d’aubaine en vue d’une « montée en gamme du quartier », comme le projet de rénovation de la place Jean-Jaurès, ne se produise. « Notre objectif, à long terme, est de concevoir un nouveau projet urbanistique pour la rue d’Aubagne qui s’inscrira pleinement dans l’esprit et l’environnement du quartier et intégrera de nombreux logements sociaux », a tenté de rassurer Jean-Claude Gaudin, maire (LR) de la ville au terme d’une rencontre avec le collège d’experts chargés d’examiner les lieux. Et de confier : « nous prendrons le temps nécessaire afin de réaliser une opération de maîtrise foncière et d’urbanisme en réalisant si nécessaire, des expropriations ». Mieux vaut tard que jamais. M.Ri.