® O 41••OCTOBRE VOL XXI• •NNO JUNE 20132013 VOL XXI
Le défi de la douleur au cours de la pancréatite chronique Vol.ÊXXI,ÊIssueÊ1Ê JuneÊ2013
L
Editorial Board
a pancréatite chronique est
Editor-in-Chief
une maladie évolutive poten-
JaneÊC.ÊBallantyne,ÊMD,ÊFRCA tiellement fatale secondaire Anesthesiology,ÊPainÊMedicine USA à une inflammation et une
nécrose persistante et non résolutive AdvisoryÊBoard du pancréas. La plainte initiale des MichaelÊJ.ÊCousins,ÊMD,ÊDSC
PainÊMedicine,ÊPalliativeÊMedicine patients est une douleur intense dans Australia
la partie supérieure de l’abdomen, qui
entraine une conversion prématurée
progrès thérapeutiques récents chirur-
conduisant à une auto-digestion, un
sténoses canaliser et le tissu nécrotique,
des premiers activateurs de l’intense
ont été importants pour réduire la dou-
PsychosocialÊAspectsÊofÊChronicÊPelvicÊPain gicaux et endoscopiques, pour ôter les de la trypsine à l’intérieur du pancréas,
Pain ispancréatique. unwanted, is L’activation unfortunately common, remains essential survival (i.e., leurand pancréatique commefor symptôme douleur
evading danger) and facilitating medical diagnoses. This complex amalgamation of primaire.Dans de nombreux cas, la sensation, emotions, and thoughts manifests itself as pain behavior. Pain is a motiprise en charge de la douleur, les prob-immunité inné (cellules dendritiques) vating factor for physician consultations1 and for emergency department visits and is récurrente de la réponse des cellules de qui résident dans le pancréas, autant
lèmes métaboliques associés au diabète,
peut irradier en ceinture vers le dos et
que la nécrose cellulaire, favorisent la
le handicap, et la prévention de la pro-
être accompagnée de nausées, vomisse-
libération de cytokines et l’invasion de
gression vers un cancer pancréatique
ments, perte de poids, diarrhée, et selles
cellules inflammatoires.
sont des objectifs cliniques difficiles qui
huileuses.
1
La persistance d’une inflammation
nuisent à la qualité de vie.1,2 Aux Etats
La douleur apparait habituelle-
pancréatique, particulièrement chez
Unis, la pancréatite était la 11ème cause
ment chez plus de 94% des patients
les personnes ayant une prédisposi-
de décès par maladie digestive en 2004,
avec une pancréatite chronique. La
tion génétique identifiée combinée à
avec une augmentation de 62% des
douleur est une brulure, intermittente,
des comportements continuels à hauts
hospitalisations pour pancréatite entre
lancinante, suggérant des composantes
risques (abus d’alcool, tabagisme, et
1988 et 2004,3 responsable d’environ
inflammatoires et neuropathiques. La
régime riche en graisses), peut produire
210 000 admissions à l’hôpital chaque
douleur est causée par une sensibilisa-
une pancréatite chronique irréversible
année.4
tion périphérique durable secondaire
(Fig. 1). La douleur peut s’alléger si les
à la fois à des lésions inflammatoires
comportements à risque cessent. Alors
Coûts et chiffres cliniques
et neuropathiques au niveau des nerfs
que certains patients ne souffrent pas,
Les coûts directs et indirects pour
se terminant dans le pancréas. Elle est
chez d’autres, la douleur peut être in-
le traitement de la pancréatite aux
aussi causée par une sensibilisation
tense et impitoyable, conduisant parfois
Etats Unis sont estimés à 3,56 billions
centrale. Des sténoses fibreuses et des
au suicide. La pancréatite chronique
de dollars en 2010.5 Une pancréatite
calcifications pancréatiques se dévelop-
peut être accompagnée d’un diabète
peut être difficile à diagnostiquer, et la
pent, augmentant la pression intra-
et d’une perte de poids déclenchés par
douleur abdominale persistante est le
canalaire et interstitielle. La maladie
une insuffisance de production des
signe cardinal. Les pancréatites aiguës
enzymes digestifs comme l’insuline, le
et chroniques peuvent être toutes les
glucagon, la trypsine, et l’amylase, ainsi
deux des pathologies fatales, provo-
Karin Westlund High, PhD Department of Physiology MS-508 Medical Center University of Kentucky Lexington, Ky. 40536-0298, USA Email:
[email protected]
Sabrina L. McIlwrath, PhD Department of Physiology MS-508 Medical Center University of Kentucky Lexington, Ky. 40536-0298, USA Email:
[email protected] PAIN: CLINICAL UPDATES • OCTOBRE 2013
que de bicarbonate pancréatique.
1
quées par l’alcool dans plus de la moitié
Le traitement de la pancréatite
des cas. Puisque beaucoup de patients
chronique comprend des médicaments
présentant une pancréatite chronique
contre la douleur, l’hydratation intra-
ont une histoire d’abus d’alcool, ils sont
veineuse, un régime nourrissant et
souvent étiquetés comme potentielle-
pauvre en graisse, et des suppléments
ment à risque d’addiction aux narco-
enzymatiques, ce qui implique une
tiques.6-8 Les autres facteurs contribu-
équipe de professionnels de santé. Les
tifs incluent des mutations génétiques 1
cellules pancréatiques via trois Comportement à risque • Consommation d’alcool • Régime riche en graisses • Tabagisme
• • • •
voies intracellulaires médiées
Prédisposition génétique héréditaire
Calculs biliaires
par la protéine kinase activée par un mitogène (MAPK) :
Traitement pour évolution favorable
Pancréatite aiguë Douleur à la partie supérieure de l’abdomen Vomissement et fièvre Obstruction du canal pancréatique Inflammation pancréatique • Tissu pancréatique nécrotique
la voie de la kinase régulée par un signal extracellulaire
• Traitement avec hydratation i.v, antibiotiques, analgésiques • Dilatation biliaire et pancréatique chirurgicale ou désobstruction • Alimentation saine, arrêt du tabac et de la consommation d’alcool
Poursuite des comportements à risque • Consommation d’alcool • Régime riche en graisse • Tabagisme
(ERK1/2), la kinase p38, et la kinase amino-terminale c-jun.13 L’alcool et ses métabolites acétaldéhydes activent également l’inositol triphosphate et la protéine kinase
Traitement pour minimiser les symptômes Pancréatite chronique
C. Bien d’autres voies de
• Prise en charge de la douleur • Hydratation i.v. et assistance nutritionnelle • Exérèse chirurgicale de tissu pancréatique nécrotique • Supplémentation enzymatique • Alimentation saine, arrêt du tabac et de l’alcool
• Douleur abdominale supérieure intense • Fibrose • Atrophie des cellules acinaires et insulaires (insuffisance enzymatique) • Diabète
signalisation cellulaire ont été décrites dans les modifications fonctionnelles initiées par les lésions tissulaires induites par l’éthanol. L’alcool produit des effets inhibiteurs aiguës sur l’activité lipoprotéine lipase.
Cancer du pancréas
De plus, l’alcool interrompt le
Figure 1
Fig. 1. La combinaison d’une susceptibilité génétique héréditaire avec des facteurs environnementaux peut entrainer le développement d’une pancréatite ou faire glisser d’une pancréatite aiguë à chronique. Des pancréatites aiguës récurrentes se développent préférentiellement chez des patients présentant des pancréatites non secondaires à des calculs biliaires, même si elles peuvent se développer chez des patients avec une pancréatite secondaire à des calculs biliaires lorsque la cholécystectomie a été retardée ou refusée. La poursuite des comportements à haut risque peut faire progresser la maladie vers une pancréatite chronique et même un cancer du pancréas.1,2,4,5,7-9
héréditaires, le tabac, et de mauvais
11
pancréas normaux. En particulier,
métabolisme hépatique des acides gras.14 Des lésions, une ischémie hypoxique, des calculs biliaires, une infection, et des sténoses canalaires créent un déséquilibre du fonctionnement normal,
choix alimentaires résultant en une
les nerfs non myélinisés prolifèrent et
libérant une multitude de cascades de
hypertriglycéridémie et des calculs
sont oedématiés, avec la présence d’une
processus physiologiques très ordonnés
invasion de cellules inflammatoires et
et de signalisation cellulaire complexe
rupture de la barrière de protection
qui produisent une nécrose tissulaire
péri-neurale. Les modifications phé-
et affectent les terminaisons nerveuses
notypiques rapportées comprennent
afférentes primaires, entrainant au
Mécanismes biologiques et moléculaires de la douleur de pancréatite
une up-régulation de la substance P,
bout du compte une douleur.
La physiopathologie multi-factorielle
biliaires.
1,2,9
La prévalence à la fois de
la pancréatite aiguë et de la pancréatite chronique augmente avec l’âge.
2
de la douleur associée à la pancréatite chronique alcoolique et au cancer du
du peptide lié au gène de la calcitonine
L’abus chronique d’alcool peut
(CGRP), du polypeptide intestinal vaso-
perturber l’alcool-déshydrogénase,
actif (VIP), et de protéines de croissance
une enzyme qui catalyse l’oxydation
(GP43).
12
L’alcool produit des substances
de l’alcool. L’activité réduite de l’alcooldéshydrogénase résulte en un mé-
pancréas n’est pas clairement comprise,
nocives qui endommagent les cel-
tabolisme non-oxydatif de l’alcool,
mais des progrès significatifs ont été
lules pancréatiques. Les métabolites
produisant de l’acide arachidonique.
de l’alcool et des substances chimiques
L’acide arachidonique lui-même fonc-
pathologiques humaines décrivent des
libérées par les cellules endomma-
tionne comme une molécule de signal
modifications neuroplastiques frap-
gées activent et sensibilisent les nerfs
et est convertie par le cytochrome p450
pantes dans le pancréas de patients
pancréatiques, entrainant une douleur.
époxygénase en acide époxyeicosatri-
présentant une pancréatite chronique
L’éthanol, l’acétaldéhyde, et le stress
enoic, un agoniste des canaux ioniques
et un cancer du pancréas comparés aux
oxydatif a montré qu’ils activaient les
de la famille TRPV4 (Récepteur
faits (Fig. 2).
2
10
Les études anatomo-
PAIN: CLINICAL UPDATES • OCTOBRE 2013
récepteur activé par la protéase 2 (PAR2) par la trypsine libérée prématurément résulte en un influx Neuroplasticité centrale (cérébrale)
de cations, de calcium et de so-
• augmentation de l’activité cérébrale de surface
activer l’inflammation neurogène,
dium, par TRPV4. Cet influx peut une boucle autocrine qui aug-
• réorganisation corticale dans les aires de la sensibilité viscérale
mente au final les lésions cellulaires pancréatiques, l’inflammation, la douleur, et la nécrose tissu-
• facilitation de la voie descendante en provenance du tronc cérébral
Neuropathie centrale (spinale) • Sensibilisation rachidienne • Hyperexcitabilité centrale • Augmentation des aires de la douleur référée • Sommation temporelle
Nociception périphérique extra-pancréatique (ganglion spinal dorsal - GSD)
laire pancréatique.16 Dans des modèles de pancréatite chez le rongeur, les comportements liés à la douleur et l’inflammation sont diminués de façon marquée par l’administration d’antagonistes
• Potentiel de repos plus dépolarisé dans le GSD
TRPV1, TRPV4, et TRPA1, ou
• Disparition du courant potassique de type A dans le GSD
chez des animaux génétiquement modifiés qui ne possèdent pas ces
• Hyperalgésie généralisée
Neuropathie pancréatique
comprennent la substance P, la
• Augmentation de la densité neuronale
CGRP, et le facteur de croissance
• Hypertrophie neuronale
• PAR-2, TRPV1 • Substance P, CGRP, NK1 • Densité des fibres SP et CGRP • NGF, TrkA, p75 • Artémine (Neurotrophine, NdT), GFRα3 • BDNF
des nerfs (NGF).11,16,20,21 Les connaissances accumulées
• Neuroplasticité pancréatique
• Trypsine
molécules neuroactives impliquées dans la douleur pancréatique
• Lésion neuronale
Nociception périphérique intra-pancréatique
canaux ioniques.16,18,19 D’autres
ces dernières années indiquent
• Névrite pancréatique
que les mécanismes actifs pour
• Fractalkine-CX3CR1
relayer l’information au cours de
• Remodelage neuronal
la douleur aiguë sont différents
• Activation gliale périphérique
de ceux de la douleur chronique, et peuvent même être les opposés
Fig 2. Les principales causes de douleur dans la pancréatite chronique. La douleur neuropathique au cours de la pancréatite chronique implique de nombreux mécanismes moléculaires et altérations morphologiques au niveau des sites intra-pancréatiques (périphériques) et extra-pancréatiques dont le système nerveux (ganglion spinal dorsal [GSD], molle épinière, tronc cérébral, et cerveau). La présence accrue de signaux nociceptifs en périphérie, transmis par des neurotransmetteurs et facteurs neurotrophiques, est proportionnelle aux lésions neuronales et aux nombreuses altérations neuroplastiques et neuropathiques intra-pancréatiques. Au même moment, les neurones sensitifs périphériques, les neurones du GSD, les neurones de la molle épinière développent un état d’hyper-sensibilité qui est modulé par le tronc cérébral par l’intermédiaire de la facilitation descendante. Finalement, le cortex cérébral s’adapte à ces altérations caudales en augmentant son activité de base et changeant sa conformation spatiale dans les aires de la sensibilité viscérale. Emprunté à : Demir et al.10
de ceux de la douleur chronique. Ainsi, le développement efficace d’approches pharmacologiques dépend du modèle de douleur chronique utilisé. Des études futures pourront améliorer notre compréhension des mécanismes qui entraine une douleur dans la pancréatite chronique et comment
Transitoire Potentiel de la famille des
sont activés en réponse aux métabolites
Vanilloïdes) trouvés à la fois sur les
de l’alcool, dont l’acide arachidonique,
biologie de la maladie et ses possibilités
cellules pancréatiques et les neurones
le lipide second messager phorabol
de faire progresser d’autres pathologies
sensoriels spinaux.15,16 Les cellules
ester 4alpha-phorbol 12,13-didécano-
cliniques avec une douleur significa-
dendritiques pancréatiques, cellules
ate, et les conditions hypo-osmotiques
tive - comme le diabète et le cancer du
locales de l’immunité innée, possèdent
présentes dans le pancréas au cours
pancréas. De telles recherches permet-
des récepteurs TRPV4 inductibles qui PAIN: CLINICAL UPDATES • OCTOBRE 2013
de l’inflammation.
17
L’activation du
elle contribue à la genèse et la
tront une meilleure compréhension de 3
la manière de prévenir la progression
par les lésions nerveuses. Lorsqu’une
disponibles, la prise en charge de la
de la maladie inflammatoire pancréa-
enquête est réalisée, 32% des patients
douleur, l’amélioration de la qualité de
tique vers un diabète et un cancer.
douloureux chroniques rapportent
vie, la récupération de la fonction pan-
la volonté d’essayer toute nouvelle
créatique, tout comme la prévention
thérapeutique pour le soulagement.
de la progression vers un cancer du
La chirurgie d’exérèse d’une partie du
pancréas restent un défi.2,7,8,22 Ainsi, il
pancréas peut s’avérer nécessaire pour
y a un besoin urgent de rechercher des
résoudre l’inflammation pancréatique
stratégies nouvelles de soulagement de
et la douleur associée, mais la ré-appa-
la douleur pour la pancréatite chro-
rition de la douleur après la chirurgie
nique et d’empêcher la progression vers
est fréquente chez 50% des patients à
un diabète ou un cancer du pancréas.
Incidence Les risques combinés, dont l’abus d’alcool et le tabagisme, peuvent continuer à amplifier la douleur et l’inflammation du pancréas et peuvent éventuellement faire évoluer vers un diabète et un cancer du pancréas. Un large pourcentage de patients présentant une pancréatite et un cancer du pancréas souffre d’une douleur
10 ans.3-5 Une douleur intolérable contribue à un taux élevé de suicide
Diagnostic
parmi les patients avec une pancré-
Une évaluation progressive est
atite chronique alcoolique. Chez les
nécessaire pour diagnostiquer une
patients présentant une pancréatite
pancréatite chronique, grâce aux
de l’alcool est difficile pour les patients
ou un cancer du pancréas, le niveau
examens biologiques et à l’imagerie
présentant une pancréatite chronique
de douleur vécue est directement lié
par tomodensitométrie, échographie
alcoolique, particulièrement parce que
à la diminution de la fonction pan-
endoscopique, et cholangiopancréatog-
l’alcool peut soulager la douleur causée
créatique, à l’augmentation de la durée
raphie par résonance magnétique (Fig.
moyenne à intense. L’arrêt immédiat de la consommation d’alcool et de tabac est recommandé.1,2 Toutefois, l’arrêt
Patient • Douleur abdominale • Nausée, vomissement • Perte de poids • Diarrhée, selles grasses Tests diagnostiques pour affirmer la pancréatite chronique Tests sanguins • Elévation des enzymes pancréatiques
Tests sur les selles • Contenu en graisses
Tomodensitométrie • Présence de calculs biliaires • Degré d’inflammation du pancréas Echographie abdominale trans pariétale • Degré d’inflammation pancréatique Echographie endoscopique • Degré d’inflammation pancréatique • Sténoses de canaux pancréatiques ou biliaires Imagerie par Résonance Magnétique • Anomalies du pancréas, de la vésicule biliaire, des canaux Fig. 3. Un algorythme de diagnostic pour la pancréatite chronique. 4
d’hospitalisation, et
3).1,23 Le diagnostic de pancréatite chro-
à la progression de la
nique est difficile car les taux sanguins
maladie.
1,11
Lorsqu’un
diabète se développe
d’enzymes digestives (lipase, amylase) peuvent être normaux.
également, la douleur s’apaise habituellement. Toutefois, dans des conditions hyperglycémiques et hypox-
Approches thérapeutiques Principes généraux La douleur due à une pancréatite chro-
iques continuelles, une
nique peut être un des plus grands défis
seconde pathologie
des pathologies douloureuses chro-
douloureuse appelée
niques à traiter en raison de la combi-
neuropathie diabé-
naison de douleur intense, rémittente
tique douloureuse se
et récurrente, du poids de la maladie
développe souvent aux
chronique, et du risque inhérent d’abus
extrémités. Le risque
médicamenteux lié aux facteurs de
de progression vers un
risque de la maladie elle-même, parti-
cancer pancréatique
culièrement l’abus d’alcool et le taba-
est rapporté autour de
gisme. Des antalgiques forts, notam-
50% pour les patients
ment des opioïdes, sont souvent requis,
pancréatiques chro-
notamment lors des exacerbations, ce
niques nouvellement
qui chronicise la prise d’opioïdes, et
diagnostiqués par le
la probabilité d’abus augmente. Il y a
système U.S. Veterans
une place pour les interventions dans
Affairs. Malgré le fait
des cas sélectionnés, mais la base du
que beaucoup de trait-
traitement reste comportemental et
ements différents sont
pharmacologique. PAIN: CLINICAL UPDATES • OCTOBRE 2013
Interventions : approche chirurgicale versus endoscopique
sans amélioration des résultats pour
Une enquête sur la douleur auprès de
pancréatite chronique.28
les patients présentant une douleur de
patients présentant une pancréatite
La lithotritie extra-corporelle avec
chronique a été menée par Lankisch,
ou sans cholangiopancréatographie
qui trouvait que 50% des alcooliques
rétrograde endoscopique fournit des ré-
et 62% des non alcooliques rapport-
sultats équivalents concernant le con-
aient toujours des attaques doulou-
trôle de la douleur. Les comparaisons, à
reuses après 10 ans de pancréatite
travers le monde, de la littérature revue
chronique.24 Une récente conférence
par Lankisch24 incluaient des rapports
de consensus en Suède fournit des
prétendant que 48-85% des patients
recommandations intéressantes pour le
pouvaient être soulagés pour cinq ans
traitement de la pancréatite chronique
avec ces deux procédures, alors que les
et de la douleur concomitante, éclairant
patients restant avaient des attaques de
les instructions provenant d’Australie,
douleurs récurrentes. En augmentant
d’Allemagne, d’Italie, et une récente
à 10 ans le temps d’observation après le
revue Cochrane citant un recueil de
traitement initial, 53% des patients rap-
plus de 1000 cas cliniques.25,26 La
portent avoir des attaques récurrentes
recommandation de la revue suédoise
de douleurs. Une durée prolongée des
est qu’une équipe multidisciplinaire de
douleurs est particulièrement impor-
médecins experts en douleur, endos-
tante chez des patients présentant un
copie, gastroentérologie, et chirurgie
début de pancréatite avant l’âge de 35
devraient construire une approche
ans.
thérapeutique individualisée pour chaque patient. Alors que les pancréatites hérédi-
Des groupes en Suisse et en Afrique du Sud ont rapporté que la douleur diminue en même temps que
taires chez des jeunes patients peu-
décline la fonction pancréatique, alors
vent être traitées au mieux avec une
que des rapports venant d’Allemagne et
approche non chirurgicale, la revue
du Danemark trouvent le contraire, en
Cochrane suggère qu’une interven-
utilisant des mesures différentes pour
tion chirurgicale précoce permet un
évaluer l’insuffisance pancréatique. En
soulagement immédiat significatif de
Allemagne, l’incidence annuelle de la
la douleur et une amélioration de la
pancréatite chronique en 2013 était de
fonction pancréatique. Toutefois, il
23 pour 100 000 personnes, plus du
n’existait pas de différence significative
double du taux aux Etats Unis.2,24 Dans
en terme de morbidité et de mortalité
les rapports allemands, plus de la moitié
entre les approches endoscopiques et
des patients (59%) avec une insuffisance
chirurgicales. Même si la décompres-
endocrine sévère rapportaient une
sion canalaire endoscopique offre un
douleur.
soulagement de la douleur pour deux
Après des procédures chirur-
tiers des patients lorsqu’il est le seul
gicales, 24-100% de soulagement
traitement proposé, la revue Cochrane
de la douleur était rapporté à court
trouve que un quart de ces patients
terme, mais plus tard, la douleur peut
auront éventuellement toujours besoin
s’aggraver de nouveau, et des complica-
d’une chirurgie.27,28 Dans les cas béné-
tions peuvent se développer.24 Dans
ficiant d’une lithotritie extra-corporelle
deux études cliniques prospectives
en complément d’une endoscopie, le
randomisées comparant un traitement
résultat est une augmentation du coût
chirurgical versus endoscopique pour
PAIN: CLINICAL UPDATES • OCTOBRE 2013
Comité de rédaction Rédacteur en chef
Jane C. Ballantyne, MD, FRCA Anesthésiologie, Médecine de la Douleur USA Comité consultatif
Michael J. Cousins, MD, DSC Médicine de la Doleur, Médecine Palliative Australie
Maria Adele Giamberardino, MD Médecine Interne, Physiologie Italie
Robert N. Jamison, PhD Psychologie, Prise en charge de la Douleur USA
Patricia A. McGrath, PhD Psychologie, Douleur de l’enfant Canada
M.R. Rajagopal, MD Médicine de la Doleur, Médecine Palliative Inde
Maree T. Smith, PhD Pharmacologie Australie
Claudia Sommer, MD Neurologie Allemagne
Harriët M. Wittink, PhD, PT Médecine Physique Pays bas Edition Daniel J. Levin, Directeur de publications Elizabeth Endres, Conseiller en édition Les sujets opportuns en recherche sur la douleur et son traitement ont été sélectionné pour publication, mais les informations fournies et les opinions exprimées n’ont pas impliqué de vérification des découvertes, conclusions, et opinions par l’IASP. Ainsi, les opinions exprimées dans Douleur: Mises au point cliniques ne reflètent pas forcément celles de l’IASP ou de ses dirigeants et conseillers. Aucune responsabilité n’est engagée par l’IASP concernant toute lésion ou dommage aux personnes ou propriétés en matière de responsabilité, négligence, ou par suite à toute utilisation de toutes méthodes, produits, instructions, ou idées contenues dans le présent matériel. En raison des avancées rapides des sciences médicales, l’éditeur recommande une vérification indépendante des diagnostics et des posologie des médicaments. © Copyright 2014 Association Internationale pour l’Etude de la Douleur. Tous droits réservés. Pour toute permission pour ré-imprimer ou traduire cet article, contacter : International Association for the Study of Pain 1510 H Street NW, Suite 600, Washington, D.C. 20005-1020, USA Tel: +1-202-524-5300 Fax: +1-202-524-5301 Email:
[email protected] www.iasp-pain.org
5
le traitement de la douleur, les résultats
l’intensité permettant une utilisation de
de la douleur de pancréatite chronique.
statistiques à long terme étaient très
manière uniforme de part le monde.
Idéalement, entre les exacerbations, les
en faveur des procédures chirurgicales, avec 75% des patients présentant une
cliniciens devraient soit interrompre
Pharmacothérapie
les opioïdes ou prescrire et contrôler
Les principes de base de la prise en
des opioïdes à libération prolongée, en
charge de la douleur chronique due
réservant les préparations à libération
Après endoscopie, dans de nombreux
à une pancréatite chronique sont
immédiate (dont l’analgésie intra-vein-
cas, une chirurgie est éventuellement
similaires à ceux de toutes patholo-
euse contrôlée par le patient) pour les
requise plus tard, suggérant que la
gies douloureuses chroniques. Quand
exacerbations.
chirurgie est le traitement avec le meil-
cela est possible, la douleur devrait
leur rapport coût-efficacité.31
être prise en charge avec des analgé-
les inhibiteurs sélectifs de la recapture
Etant donné que la douleur
siques faibles avant d’envisager les
de la sérotonine, et les gabapentinoïdes
pancréatique est étroitement liée à la
opioïdes.33-35 Les traitements adju-
sont des agents adjuvants appro-
dysfonction pancréatique, le consensus
vants comme le suivi psychologique, la
priés. Dans une étude sur 64 patients
publié en juin 2013, qui fournit une
thérapie cognitive et comportementale,
présentant une pancréatite chronique,
nouvelle classification pour les pan-
la thérapie de groupe, et les approches
la prégabaline donnée à une dose
créatites aiguës basée sur la sévérité,
complémentaires comme l’acupuncture
analgésique stable (75 mg deux fois par
ou l’imagerie guidée sont utiles à la fois
jour, titré progressivement pour at-
Ce rapport provient des résultats is-
pour la prise en charge de la maladie et
teindre 300 mg deux fois par jour) était
sus d’une enquête internet globale de
des capacités à faire face (coping), aussi
comparée au placebo.37 Une meilleure
chirurgiens, gastroentérologues, in-
bien que pour la gestion de la douleur.
réduction de la douleur était rapportée
amélioration clinique comparés à 32% de ceux traités par endoscopie.
29,30
est d’une importance fondamentale.
32
Malgré le fait que l’utilisation
ternistes, et radiologues actifs dans les
Les antidépresseurs tricycliques,
à trois semaines dans le groupe traité
soins aux patients présentant une pan-
chronique d’opioïdes peut être inévi-
par prégabaline par rapport au groupe
créatite aiguë. La nouvelle classification
table dans les cas avancés, le risque
placebo (36% versus 24%), mais les
est le résultat d’un processus consulta-
de développer ou d’exacerber un
effets secondaires indésirables étaient
tif parmi les spécialistes des maladies
abus médicamenteux (une addiction)
plus fréquents dans le groupe prégaba-
pancréatiques de 49 pays passant par
peut être minimisé par l’utilisation
line.
l’Amérique du Nord, Amérique du Sud,
des « précautions universelles ».36
Europe, Asie, Océanie, et Afrique. Des
Ces précautions incluent l’évaluation
de naproxène (40 mg/kg per os) ag-
définitions concises et actuelles de
régulière, les prescriptions fréquentes,
graverait la fibrose pancréatique qui
toutes les entités principales et perti-
le dépistage urinaire toxicologique, et
entraine des sténoses canalaires et des
nentes, pour classer selon l’intensité de
une vérification disponible des données
douleurs dans un modèle de pancré-
la pancréatite aiguë, dans la pratique
de prescription. L’utilisation d’opioïdes à
atite chez le rat, suggérant un risque
clinique et la recherche, sont fournies
libération prolongée ou de longue durée
potentiel lié à l’utilisation à long terme
dans ce rapport. L’objectif était de
d’action, soit seuls ou en association
de médicaments anti-inflammatoires
fournir une classification basée sur des
avec des opioïdes à libération immédi-
non stéroïdes comme analgésique en
déterminants locaux et systémiques de
ate, est à débattre dans le traitement
pratique clinique.38
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Un traitement par fortes doses
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PAIN: CLINICAL UPDATES • OCTOBRE 2013
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