L'Armée D'Orient 1918-1919

J'étais téléphoniste au poste du Colonel Durand, commandant le. 37ème d'Infanterie Coloniale. - Départ de ALEXANDRIA le 18 Mars, embarqué en chemin de ...
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MEMOIRES D'UN POILU DE 1914-1919 CARNET DE ROUTE DE ANDRÉ BEAUJOUIN GUERRE 1914 - 1918 Né le 30 novembre1895 Décédé le 23 janvier 1984 Classe 1915 RECRUTEMENT DE CHARENTON ( SEINE ) MATRICULE 3794 MATRICULE AU CORPS 6629

L’Armée D’Orient 1918-1919

1918 - De retour au camp de GER le 30 Décembre et parti le 27 Janvier 1918 en permission exceptionnelle "ARMEE D'ORIENT" - De retour au camp de GER le 7 Février 1918. - Quitté le camp de GER le 11 Février au matin, couché à TARBES, caserne DAMBARERE. - Quitté TARBES le 12 Février, arrivé à LIBOURNE (Gironde) le 12 au soir, couché au Quartier LAMARQUE. - Parti le 14 Février au matin, arrivé à BRIVE (Corrèze) le 14 au soir, caserne BRUNE. - Affecté au 84ème d'infanterie, 33ème Cie, parti de BRIVE le 14 Mars à midi et arrivé le 15 à MARSEILLE (Bouches du Rhône). Descendu gare de SAINT LOUIS LES AYGALADES, monté au camp de LA DELORME, 33ème Cie, 4ème Groupe. - Quitté MARSEILLE le 18 Mars au soir par chemin de fer. - Passé la frontière à VINTIMILLE le 19 Mars et débarqué à LIVOURNE (Italie) le 20 Mars au soir. - Couché à la caserne du 88ème d'infanterie Italienne, rembarqué le 21 Mars au matin et arrivé à TARENTE (Italie) le 23 Mars au soir, caserné au CAMP FRANCAIS. - Quitté l'ITALIE le 26 Mars au soir, embarqué sur le paquebot "LE TIMGAD" et débarqué le 27 Mars à 17 heures à ITEA au fond du détroit de CORINTHES sur les côtes de GRECE. - Cantonné au CAMP FRANCAIS sous les tentes. - Le 31 Mars 1918, évacué pour maladie, rentré à l'Hôpital H.O.E. N°3, secteur 511 à ITEA. Quitté l'Hôpital le 3 Juin. - Embarqué en camion-auto et débarqué à BRALO (Grèce). - Puis embarqué en chemin de fer l'après-midi et arrivé à SALONIQUE le 4 Juin à 11 heures du matin. - Repris le train â 22 heures 30 à la gare des Orientaux, débarqué le 5 Juin au matin à BOHEMICA. - Monté au camp de TOSSILOVO sous les tentes par une chaleur de 70° au soleil, 45° à l'ombre et 10° la nuit, dépôt divisionnaire, affecté à la Sème Cie du 45ème d'infanterie. - Quitté le D.I. le 16 Juillet pour la Cie des Travailleurs à BAROVIKA, dans la montagne, pour la construction de routes. Travail très pénible par une chaleur épouvantable, au milieu de nuages de moustiques, obligé de faire du feu le soir pour les disperser. Impossible de dormir sous la moustiquaire. - Redescendu le 6 Août au camp de TOSSILOVO, quitté le camp le le 7 Août au soir et arrivé, après avoir marché toute la nuit à travers la montagne, au lieu-dit l'ARBRE NOIR le 8 Août au matin. - Reparti le 8 Août au soir pour arriver au train de combat du 37ème d'Infanterie Coloniale le 9 Août au matin. - Monté et affecté le 9 Août au soir à la C.H.R. du 37ème Régiment d'Infanterie Coloniale comme TELEPHONISTE et détaché à la 2ème Cie du 56ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais du 14 Août au soir au 5 Septembre 1918. - Redescendu au poste des réparations comme repos, remonté au relais du bataillon des Tirailleurs Sénégalais le 20 Septembre, puis déclenchement de la grande attaque le 22 Septembre 1918 au matin et parti à la poursuite des Bulgares, couché le soir du 22 dans l'Eglise de HUMA en Serbie. - Reparti de HUMA le 24 Septembre après-midi et couché à 2 kilomètres de SERMADJI. - Reparti le 25 Septembre au matin et couché le soir à MITOVSKI, parti le 26 Septembre au matin et arrivé dans un village Bulgare le 26 au soir. - Reparti le 27 Septembre au matin et arrivé le 28 au soir à côté de STROUMITZA, première ville Bulgare, y restant jusqu'au 3 Octobre 1918, faisant de bons repas, les Bulgares signant l'armistice. - Retour au repos le 3 Octobre dans un petit village sur la frontière Serbo-Bulgare. - LES BULGARES SIGNENT LA PAIX LE 4 OCTOBRE 1918. - Arrivé à côté d'HUDOVO, sur les bords du VARDAR (Serbie), repos jusqu'au 24 Octobre, parti le 24 au matin direction la BULGARIE, couché le soir près de la frontière. - Reparti le 25 Octobre au matin, arrivé le soir à côté de STROUMITZA dans un petit village Bulgare, RAKOVA, parti le 27 Octobre au matin et couché le soir, sous la tente, près d'un village sur la route nationale Bulgare. - Parti le 28 Octobre au matin, couché le soir au lieu-dit "COTE 161" sur route nationale. Dans ces régions, nous avions presque tous un âne pour porter nos sacs et armes, c'était des troupeaux d'ânes abandonnés par la population. - Reparti le 29 Octobre au matin, arrivé le soir à CIRNOVO. - Reparti le 30 Octobre au matin, couché le soir sous les tentes, sur route nationale Bulgare. - Reparti le 1er Novembre au matin, couché le soir dans un hôpital militaire Bulgare sur la route nationale. - Départ le 2 Novembre au matin, arrivé le soir à DJOUMAIA. - Départ de DJOUMAIA le 4 Novembre au matin et couché le soir, toujours sous la tente, route nationale; tous ces déplacements s'effectuaient à pied. - Parti le 5 Novembre au matin pour arriver le soir au village de SLOVATI, quitté ce village le 7 Novembre au matin, arrivé le soir à DOUPNITZA (ville). - Départ de DOUPNITZA le 8 Novembre au matin, couché le soir sur route nationale, reparti le 9 Novembre au matin et arrivé le soir à DROUGA. - Détaché le 10 Novembre comme TELEPHONISTE à la gare de DROUGA, c'est là que nous avons appris par téléphone le 11 Novembre 1918 LA FIN DE LA GUERRE EN FRANCE et la signature de l'ARMISTICE, c'était la fin du cauchemar ! - Quitté DROUGA le 15 Novembre, embarqué sur un petit chemin de fer Decauville pour arriver le 15 au soir à RADOMIR (ville). - Embarqué en chemin de fer le 17 Novembre après-midi, passé le 17 Novembre à SOFIA, capitale Bulgare, et débarqué le 19 Novembre à SISTOVO (frontière Bulgaro-Roumaine) sur les bords du Danube, nous formions à ce moment-là "L'ARMEE DU DANUBE". - Couché le soir du 19 Novembre à KOSLOVEC, petit village Bulgare à une quinzaine de kilomètres de SISTOVO.

- Reparti le 27 Décembre au matin et couché de nouveau à SISTOVO. - Départ de SISTOVO le 29 Décembre au matin pour traverser le DANUBE sur des chalands. Sur la rive Roumaine nous embarquions à ZIMNECE (ville Roumaine) et par chemin de fer nous débarquions le 29 Décembre à ALEXANDRIA (ville Roumaine) qui nous accueille chaleureusement car les Roumains étaient nos alliés pendant la guerre.

1919 - Resté au grand repos pendant deux mois et demi. J'étais téléphoniste au poste du Colonel Durand, commandant le 37ème d'Infanterie Coloniale. - Départ de ALEXANDRIA le 18 Mars, embarqué en chemin de fer, passé à BUCAREST (capitale Roumaine) le 19 Mars au soir et arrivé à JASSY (ville) le 21 Mars à 15 heures, transbordement de wagons car nous allions passer en RUSSIE et les voies de chemin de fer sont plus larges. - Reparti de JASSY le 22 Mars au soir et débarqué le 23 Mars au soir à KITCHINEW, province de Bessarabie appartenant anciennement à la Russie. Il faisait encore froid dans cette ville à cette époque, mais nous étions bien logés chez l'habitant. - Quitté la ville de KITCHINEW le 6 Avril, embarqué en chemin de fer et débarqué à BENDER sur la frontière de l'UKRAINE. Là était le front Bolchevik Révolutionnaire Russe qui voulait reprendre la BESSARABIE où nous subissions un fort bombardement de la ville par les "Rouges" le 17 Avril. - Quitté BENDER le 28 Avril au matin et arrivé à BULBOCA le 28 à midi, logé à la gare, puis quelques jours après dans le village. - Parti le 3 Juin à midi et arrivé le soir à BORISOVKA d'où nous embarquons à destination de RENI (frontière Bessarabo-Roumaine) le 13 Juin, arrivé le 16 Juin à RENI, embarqué sur bateau le 18 Juin au matin pour remonter le Danube jusqu'à ROUTCHOUK (Bulgarie), faisant escale pour charbon à CERNAVODA (DOBROUDJA) le 20 Juin à midi. - Reparti à 18 heures et débarqué à à ROUTCHOUK le 23 Juin après-midi. - Embarqué en chemin de fer le 24 Juin au soir à destination de SOFIA (capitale Bulgare) où nous arrivons le 26 Juin au matin et cantonnés aux casernes "ECOLES DES CHEMINS DE FER". - Quitté SOFIA le 3 Juillet et cantonné à 5 Kms de la ville, à PAVLOVO. - L'ordre de démobilisation de ma classe arrive le 10 Août 1919, quitte PAVLOVO le 12 Août au matin, embarqué en chemin de fer à SOFIA et débarqué à SALONIQUE (Grèce) le 15 Août après-midi. - Cantonné au camp des "Permissionnaires", puis embarqué en chemin de fer à la gare des "Orientaux" le 23 Août 1919. - Débarqué à BRALO (Grèce) le 24 Août au matin, réembarqué en camion-auto le 24 Août après-midi et arrivé au port d'ITEA le 24 au soir. - Cantonné au CAMP FRANCAIS sous les tentes, puis embarqué le 25 Août au matin sur le bateau "LE MADROS" de FIUME. - Débarqué le 26 Août au soir à TARENTE (port Italien) sur les bords de la mer IONIENNE et réembarqué en chemin de fer le 30 Août à destination de la FRANCE, via NAPLES, ROME, LIVOURNE, PISE, GENES et VINTIMILLE (frontière Franco-Italienne). - Arrivé à PUGET-SUR-ARGENT (Var), cantonné au camp militaire le 3 Septembre au matin. - Départ de PUGET le 4 Septembre au matin et arrivé à MARSEILLE à 16 heures. - Repris "l'express" de PARIS à 18 heures et arrivé à PARIS le 5 Septembre au matin. - En permission à MAISONS-ALFORT, puis démobilisé à l'ECOLE MILITAIRE à PARIS le 16 Septembre 1919. LISTE DE MES REGIMENTS ET DATES DES AFFECTATIONS PENDANT LA GUERRE 14-18 20 Décembre 1914: 170ème d'Infanterie à Epinal 5 Avril 1915 : 174ème " à Epinal 10 Octobre 1915 : 170ème " à Epinal 13 Juillet 1916 : 18ème " à Pau 14 Février 1918 : 84ème " à Brive 5 Juin 1918 : 45ème " à Laon 7 Août 1918 : 37ème " Coloniale à Bordeaux 1er Juin 1919 : 10ème Tirailleurs Algériens 1er Juillet 1919 : 23ème " " à Bône

Les oubliés de la victoire, ceux de l'Armée d'Orient C'est dans le wagon de Rethondes que fut signé le second armistice, le second car un premier, décisif, fut signé le 29 septembre 1918. Ce premier armistice arraché par les hommes de Franchet-d'Espérey reste trop ignoré comme il l'a été à l'époque par l'opinion française qui n'avait d'yeux que pour le "vainqueur de la Marne", Joffre. Cet événement fut pourtant majeur dans la conclusion de la guerre. A notre avis l'Issue du conflit s'est jouée par où il a commencé, en Orient dans les Balkans, tout près de Sarajevo, à Salonique. C'est pourtant l'armée d'Orient, celle tant décriée par Joffre et Clemenceau (le fusilleur de Narbonne), moquée et insultée (ne les a-t-on pas appelés les jardiniers de Salonique car réduits à rendre fertiles des terres incultes pour survivre, oubliés de l'état-major), qui, par la campagne de Macédoine, provoqua des armistices en chaîne et sonna le glas des empires centraux. Ces poilus d'Orient de Sarrail et ensuite de Franchet-d'Espérey (arrivé en juin à Salonique, "limogé" par l'état-major interallié après l'échec de mars 18 où il n'avait pas hésité à faire décimer, sans protections d'artillerie, des troupes d'élite pour la reprise des hauteurs de la Vesle), ces soldats qui sont allés au bout de la souffrance, qui souvent après avoir connu la sinistre cote 304 et Craonne en France ont repoussé l'armée Germano-Bulgare au fameux Piton Rocheux _ cote 1248 _ après des années de combats incessants, aussi contre le froid, la chaleur, la faim, la soif, les maladies, la misère dans les tranchées de Grèce en territoire hostile. Cette incroyable armée d'Orient dépourvue de tout, qui des charniers de Gallipoli et du Kaimaktchalan, de la boucle de la Cerna et qui par la victoire fulgurante du Dobro Polje a ouvert la route de Belgrade et de Budapest, ces soldats en loques qui en désagrégeant le groupe des ennemis, en les coupant en deux, ont avancé la fin du cauchemar... Comme Dorgelès qui a dit : "Je déteste la guerre mais j'aime ceux qui l'on faite", nous souhaitons honorer ces mal nommés, ces "embusqués", de Salonique, ceux de la campagne d'Orient à qui l'on doit beaucoup.

Médaille Commémorative Roumaine

jMédaile

Cartes postales d’André Beaujouin