l'agriculture et les changements climatiques au québec

Le Q uébec en im ages,. L'AGRICULTURE ET. LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU ... LES GES DU SECTEUR AGRICOLE ET LEURS SOURCES. GES.
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Certains diront qu’il y a toujours eu des changements climatiques. C’est vrai ! Depuis des millénaires, le climat a changé, causant des périodes glaciaires, suivies de périodes de réchauffement. Le problème actuel est que les changements se produisent à un rythme qui est beaucoup plus rapide que ceux dans le passé. À titre d’exemple, le réchauffement planétaire ayant fait fondre les glaciers de la dernière ère (période) glacière, il y a de cela environ 13 000 ans, était de l’ordre de 2 °C par millénaire. Aujourd’hui, les scientifiques calculent que la température globale a déjà augmenté de près de 1 °C depuis 1900, et ils prévoient des hausses de 2 à 5 °C pour le Québec d’ici 2100. Ce phénomène est engendré en grande partie par une augmentation des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, laquelle résulte de la combustion massive des combustibles fossiles ainsi que d’autres activités anthropiques telles la déforestation et l’agriculture intensive. Le cycle naturel du carbone s’en trouve déséquilibré.

Les impacts des changements climatiques sur l’agriculture au Québec Plusieurs secteurs de l’économie québécoise ont déjà commencé à ressentir les nombreux impacts des changements climatiques, y compris le secteur agricole. Certes, une hausse de température, des saisons de croissance plus longue, ainsi qu’une plus grande disponibilité de CO2 dans l’air pourraient, de prime abord, paraître comme étant avantageux pour l’agriculture au Québec. Il ne faut pas se leurrer toutefois. Les impacts négatifs viendront vraisemblablement annuler ces aspects positifs. Tout d’abord, les changements climatiques engendrent des événements climatiques extrêmes, tels les canicules, les vagues de froid intense, le verglas, les sécheresses, etc. Ces perturbations rendent les prévisions météorologiques plus difficiles et accentuent le risque associé aux pertes agricoles.

De manière plus concrète, on peut penser, entre autres, au processus d’endurcissement des plantes pérennes et des arbres fruitiers qui pourra être affecté par des automnes plus doux ou par des périodes de dégel en plein hiver. Ces conditions pourraient faire en sorte que ces espèces perdent graduellement leur endurcissement au froid, les rendant ainsi plus vulnérables. Des hivers plus doux pourraient également vouloir dire moins de neige. Or, la neige au sol agit comme isolant qui protège certaines espèces de plantes. La pluie en période hivernale, quant à elle, permet une plus grande pénétration du gel dans le sol augmentant ainsi les risques de dommages physiques aux racines, pouvant mener à l’asphyxie. Aussi, les changements climatiques pourraient favoriser la propagation de nouvelles espèces d’insectes ravageurs, contribuer à l’arrivée de nouvelles mauvaises herbes ou des maladies, etc., ce qui affecterait le rendement agricole.

Image modifiée, Ville de Laval, © Le Québec en images, CCDMD.

Image modifiée, Patrick Gagnon, © Le Québec en images,

L’AGRICULTURE ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES AU QUÉBEC

Le Protocole de Kyoto et l’agriculture

Les activités agricoles contribuent au problème des changements climatiques en émettant 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec, soit l’équivalent de 8,74 millions de tonnes métriques éq. CO2. (en 2002) De l’autre côté, les sols agricoles forment un important réservoir de carbone. Ce réservoir peut être amplifié par des pratiques de séquestration du carbone. Les surfaces agricoles jouent donc un rôle actif et important dans les échanges de CO2 entre l’atmosphère et la biosphère.

L’adoption de pratiques agricoles qui réduisent les émissions de GES ou augmentent les puits pourrait se traduire en dollars pour les agriculteurs.

Environ 20 % du carbone atmosphérique est incorporé dans le sol sous forme de matière organique et ainsi séquestré et retiré de l’atmosphère.

Ce secteur, comme le secteur forestier, peut contribuer aux objectifs nationaux, soit en réduisant ses émissions de GES soit en absorbant le carbone de l’atmosphère en le séquestrant dans la biosphère. Dans son Plan sur les changements climatiques de 2005, le Canada compte sur une séquestration de 10 Mt éq. CO2 dans les sols agricoles. Avec des pratiques encouragées par le Fonds pour le climat, le Canada pense qu’il est possible d’obtenir un puits supplémentaire supérieur de 16 Mt Le Fonds pour le climat investit également dans des projets qui visent à réduire les émissions de GES tels des projets de capture du méthane par exemple.

Denis Chabot, © Le Québec en images, CCDMD.

Le rôle paradoxal du secteur agricole

Saviez-vous qu’une vache laitière en lactation émet l’équivalent de 600 l de CH4 par jour, soit l’équivalent en GES d’une voiture qui roule sur 40 km ?

Image modifiée, Gaétan Beaulieu, © Le Québec en images, CCDMD

Le Canada, en ayant ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et le Protocole de Kyoto, s’est engagé à surveiller, comptabiliser et déclarer ses émissions par sources et ses absorptions par puits de GES. Ainsi, le pays doit produire un inventaire annuel des GES selon les lignes directrices de la CCNUCC, qui tient compte des émissions dans six secteurs de l’économie canadienne, dont celui de l’agriculture.

Le système canadien de compensations pour les GES Le système de compensations offrira des crédits pour les réductions ou les absorptions d'émissions provenant de projets qui satisferont aux critères du système. Ces crédits pourront ensuite être vendus sur le marché intérieur et être acheté par les grands émetteurs finaux du secteur industriel, par le Gouvernement, par des ONG ou par des citoyens. L’objectif d’un tel système pour le secteur agricole est d’encourager les agriculteurs à modifier leurs pratiques agricoles vers des pratiques plus durables.

LES GES DU SECTEUR AGRICOLE ET LEURS SOURCES GES Durée de vie atmosphérique Potentiel de réchauffement % des émissions totales canadiennes depuis le secteur agricole Sources

Image modifiée, Christian Lauzon, © Le Québec en images,

LES IMPACTS DES ACTIVITÉS AGRICOLES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Méthane (CH4) 100 ans 21 fois plus puissant que le CO2 30 %

Protoxyde d’azote (N2O) 120 ans 310 fois plus puissant que le CO2 50 % à 80 %

Dioxyde de carbone (CO2) 100 ans

Lisier (fumier) Système digestif des ruminants (fermentation entérique)

Sols agricoles (nitrification et dénitrification) Engrais azoté Lisier (fumier)

Décomposition des matières organiques au sol Consommation de carburants fossiles (machines et bâtiments agricoles)