La VàD premium à 60 jours et 30 $

Jon Landau, Todd Phillips, Robert. Rodriguez, Gore Verbinski ou Robert. Zemeckis. Alors que les entrées salle dans le monde entier ont généré près de.
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Prospective

La VàD premium à 60 jours et 30 $ Aux Etats-Unis, l’expérience de VàD premium de Home Premiere suscite le débat autour de la fenêtre d’exclusivité des salles de cinéma. epuis le 21 avril, Home Premiere, un service VàD premium, est accessible aux abonnés de DirecTV aux Etats-Unis avec, comme première offre, le Mytho (Sony) proposé à 30 $, malgré le désaccord des exploitants américains. Ce lancement fait suite à l’annonce faite par les studios Sony, Warner Bros., Universal et Fox lors du dernier Cinemacon, le congrès des exploitants américains (du 28 au 31 mars), de proposer des films en visionnage à la demande 60 jours après leur sortie en salle, alors que la fenêtre traditionnelle d’exploitation VàD aux Etats-Unis s’ouvre généralement entre 120 et 132 jours après la sortie du film (et pour un prix se situant entre 4 $ et 5 $). Selon le Los Angeles Times, les studios percevraient de 21 $ à 24 $ sur les 30 $ que coûte la location. C’est un premier pas vers l’effritement de la fenêtre d’exclusivité des salles de cinéma, les studios espérant à terme pouvoir proposer des films 45 jours après leur sortie, comme l’explique The Hollywood Reporter, le boxoffice étant principalement généré au cours des cinq premières semaines d’exploitation. Et selon les exploitants, ce n’est qu’un début…

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La grogne des exploitants Ces derniers soulèvent la question du public visé par cette VàD, arguant du fait que leurs spectateurs n’ont qu’à attendre un mois de plus pour avoir accès au film à un tarif bien plus intéressant. Mais pour les studios, il s’agit de toucher des spectateurs qui ne vont pas en salle. Les six millions d’abonnés de DirecTV pourront avoir accès pendant deux semaines à une version HD et, après paiement, visionner le film autant de fois qu’ils le souhaitent pendant 48 heures. Les deux prochains films mis en ligne dans les mêmes conditions aux Etats-Unis seront Bon à tirer (Warner Bros.) et l’Agence (Universal). Mais quel peut être l’impact de ce type de propositions de VàD premium sur l’exploita tion des salle ? Concernant l’exemple de Mytho, la société Sony n’a pas indiqué combien elle comptait récolter grâce à Home Premiere. De son côté, Disney n’a pas été enthousiasmé par l’expérimentation menée au Portugal avec Raiponce en janvier 2011. En effet, le film avait été proposé en VàD premium six semaines après sa sortie à 24,99 € (35 $), totalisant moins de 1 000 actes payants. Le service exclusif Home Premiere sur DirecTV, originellement pensé pour un

La diffusion du ‘‘Mytho’’ enVàD premium pour les abonnés de la chaîne DirecTV crée la controverse chez les exploitants de salles de cinéma comme chez les cinéastes. [D.R.]

lancement le 14 avril dernier, a subi les assauts des exploitants mais aussi de réalisateurs tels que James Cameron et Todd Phillips. Il est présenté comme un essai pour les six prochains mois. Pour autant, rien ne semble s’être aplani, les exploitants, en pleine numérisation de leurs écrans, trouvant le moment mal choisi. Paramount et Disney n’entrent pas dans la course, l’un craignant une hausse du piratage, le second préférant poursuivre ses propres tests. Quant à affirmer la rentabilité de cette VàD, personne ne s’y risque. L’association des exploitants américains (NATO) vient de se faire le relais d’une lettre ouverte signée par 23 cinéastes dont Michael Bay, Kathryn Bigelow, James Cameron, Guillermo del Toro, Roland Emmerich, Peter Jackson, Jon Landau, Todd Phillips, Robert Rodriguez, Gore Verbinski ou Robert Zemeckis. Alors que les entrées salle dans le monde entier ont généré près de 32 Md$ en 2010, les cinéastes dénoncent ce nouveau modèle qui pourrait “en effritant la fenêtre d’exclusivité de la salle ébranler toute l’industrie du film”. Ils n’approuvent pas ce mode de distribution qui cannibaliserait les entrées en salle et pointent du doigt le tarif actuel de 30 $. “La compétition pour les écrans

restants va s’intensifier et seuls les films commerciaux pourront y avoir accès. Les films d’auteur dont le succès dépend de ces sorties VàD, et qui font leur place par ce biais, n’y auront plus leur place. Les carrières de ces films sont bâties sur des prises de risques, elles peuvent être pensées pour des œuvres à faible budget, mais selon le modèle proposé elles ne rentreront pas dans cette VàD premium”, expliquent-ils, soulignant par ailleurs que fournir une copie HD si tôt en vidéo risque de renforcer le piratage.

Outil de maillage Ils demandent également que les studios détaillent les raisons de ce choix et apportent leur soutien aux exploitants de salles, le lieu unique où ils désirent voir leurs films diffusés. Alors que Home Premiere proposera des blockbusters, les rares studios indépendants encore existants tels que IFC Entertainment et Magnolia se sont déjà convertis depuis quelques années à la sortie VàD avant les 132 jours habituels, allant même jusqu’à la proposer avant la sortie salle. Selon le NATO, les gains sont marginaux puisqu’ils ne concernent que de petites sorties de films indépendants et non des blockbusters. Ainsi All Good Thing a-t-il été proposé en

VàD un mois avant d’arriver dans les cinémas et, selon les chiffres de Magnolia, cette exploitation aurait généré 4 M$ grâce à la somme des VàD locative à 11 $ l’acte. Une fois en salle, le film aurait enregistré un box-office de 200 000 $ sur une quarantaine d’écrans. Selon cette approche, la mise à disposition en VàD peut être considérée comme un outil de maillage permettant de découvrir un film qui ne bénéficie pas d’une large exposition. Les studios ont en tout cas décidé qu’ils devaient l’expérimenter pour pallier la baisse des ressources générées par le marché du DVD. Il reviendra alors au public de décider s’il préfère rester chez lui pour voir le film à 30 $ ou sortir pour le visionner en salle. Le Mytho est le premier test d’ampleur nationale. En France, la question ne se pose pas de la même façon, dans la mesure où la chronologie des médias n’est pas construite sur simple gré à gré, mais en vertu d’un accord interprofessionnel signé en juillet 2009. La fenêtre de la VàD payante à l’acte et du DVD s’ouvre à partir de 4 mois. Celle de la SVOD (VàD par abonnement) s’ouvre 36 mois après la sortie du film en salle, et celle de la VàD gratuite au bout de 48 mois. ■ ■ ■ Emma Deleva

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