LA SEMAINE DU DROIT LES ACTEURS

Ils ont dit « Très clairement, ce qu’est le Patriot Act [loi antiterroriste américaine visant notamment à faciliter les écoutes et la surveillance de personnes soupçonnées de terrorisme], ce qu’il contient comme dispositions, ce qu’il est devenu et la façon dont il s’est décliné, n’est pas le choix que fait la France » (C. Taubira, Le Figaro, 10 févr. 2015).

« Cette rétractation d’une profession sur elle-même constitue une erreur manifeste d’appréciation et une faute politique majeure. Il sera bien difficile d’imaginer la justice et le droit du 21e siècle en restant bloqués au siècle passé ! Nous voulons croire cependant qu’il est encore possible de sauver le statut d’avocat en entreprise et rompre l’isolement de notre pays » (K. Haeri et M. Mossé, Les Échos, 9 févr. 2015).

« En réalité ce texte [article 20 bis du projet Macron réglementant le titre et la profession d’expert-comptable] aboutit, en l’état, à une grave remise en cause de l’équilibre entre les professionnels de la comptabilité et du droit. (…) Les avocats constatent qu’une confusion et une incertitude demeurent quant à la définition du périmètre d’intervention de chacune des professions » (CNB, communiqué, 6 févr. 2015).

« 2014 est l’année d’une régression brutale pour la liberté de l’information. Les 2/3 des 180 pays (classés par Reporters sans frontières) font moins bien que dans l’édition précédente » (…) « Il y a eu une détérioration globale, liée à des facteurs très différents, avec l’existence de guerres de l’information, l’action de groupes non étatiques qui se comportent en despotes de l’information (C. Deloire, secrétaire général de RSF, Libération, 12 févr. 2015).

« Nous proposons de réfléchir à une autre conception du droit social où l’on a privilégié l’accord collectif d’entreprise pour créer de la norme et non plus la loi » estime Capstan Avocats dans un « Manifeste pour l’emploi » qui, en 8 propositions préconise de modifier la quasi intégralité du droit du travail (B. Serizay, Le Point, 11 févr. 2015).

Avocats

176

Marc Lipskier, happy culteur Fondateur du cabinet nomade Bamboo & Bees, l’avocat Marc Lipskier a reçu le 28 janvier dernier le premier prix de l’Innovation décerné par l’Incubateur du barreau de Paris, partenaire de LexisNexis (V. infra Nos Événements).

«

R

enforcer notre quantité de bonheur disponible ». C’est l’ambition de Marc Lipskier. D’une voix égale, le regard concentré, il vous accueille au dernier étage de La Gaîté Lyrique, lieu culturel « à l’ère du numérique », offrant une vue panoramique sur tout Paris. L’avocat y a installé ses quartiers en juillet dernier dans la ruche Créatis, une pépinière d’entrepreneurs et de start-up. « L’idée est de bouger régulièrement pour que Bamboo & Bees continue à polliniser l’éco système des start-up et de l’innovation ». Ce cabinet nomade, qu’il a fondé en 2009, n’a pas pignon sur rue. « En règle générale, l’avocat d’affaires est cher car il cherche à se donner des apparences ». Avocat du 3e type, Marc Lipskier veut faire tomber les barrières entre client et professionnel, en rendant les consultations accessibles à tout point de vue. Il a d’abord créé les legal clinics, consultations de 45 minutes données à des start-up en contrepartie d’un café. Puis son cabinet nomade avec 2 associés. Chez Bamboo & Bees on cultive la proximité, on vous propose un forfait « satisfait ou remboursé », on ne vous reçoit pas en costume 3 pièces, on ne « jargonne pas ». Éloignée de la pratique du commun des avocats, l’initiative originale a séduit le jury de l’Incubateur du barreau de Paris. Pour le lauréat du prix de l’Innovation, c’est une reconnaissance. « L’entreprise était risquée » concède-t-il et si les bénéfices ne sont pas toujours au rendez-vous, l’homme assume pleinement ses choix. Associé du cabinet Bird and Bird, après avoir collaboré chez Cotty et Associés puis Brandford-Griffith-Baverez-Cotty, il aspirait à autre chose, « pour moi c’était mortifère ». Le 15 septembre 2008, à l’annonce de la chute de la banque d’investissement Lehman Brothers, il a un déclic. « Mon intuition était que le monde allait changer et qu’il fallait aider ceux décidés à permettre la survie au 21e siècle ». Le 1er janvier 2009 était

LA SEMAINE JURIDIQUE - ÉDITION GÉNÉRALE - N° 7 - 16 FÉVRIER 2015

né Bamboo & Bees, le bamboo pour la solidité et la souplesse du matériau et bees – comme abeille – pour l’ingéniosité de la ruche et sans doute pour business. L’objectif : soutenir des entreprises innovantes, soit le « bouillonnement de petites initiatives à travers le monde ». À l’instar de Ted, Marc Lipskier mise sur l’intelligence et sa sauvegarde comme nouveau moteur de croissance. « Avec la surabondance des données, nous vivons une période inédite. Il y a 2 enjeux majeurs : celui de la survie impliquant les secteurs de l’énergie, du développement durable, des nanotechnologies, etc. et celui de l’intelligence et de la création ». L’avocat a participé à la première bulle des start-up, « dans mon cabinet d’alors, j’étais l’un des seuls à comprendre les technologies ». Dans sa conception, l’avocat d’affaires est un « échafaudage » permettant, en les structurant, à des projets innovants de grandir. « Nos clients viennent chercher une part de lucidité, de stratégie et de folie. Il faut être un peu fou quand on est avocat pour dire que le droit n’a pas beaucoup d’importance ». L’appui est stratégique, méthodologique et « accessoirement juridique », explique-t-il, « on utilise un outil breveté : le GBS comme grand bon sens ». À 44 ans, l’avocat a décidé de « travailler moins pour imaginer plus » et rester à la pointe de l’innovation. Et si la France est un pays trop normé pour faire vivre son entreprise idéale, - l’entreprise « mamieconfiture », en lui permettant de vendre facilement ses productions -, son cabinet « édifie en fonction de l’évolution des rapports de force sociaux : nous avions anticipé le crowdfunding ou l’essor du modèle collaboratif, par exemple en matière de co voiturage ». Le buzz du moment est l’Internet des objets, l’impression 3D ou encore les start-up liées à l’agriculture. Marc Lipskier se nourrit des projets que lui confient ses clients, « ce qui fait le centre de la vie ». Florence Creux-Thomas

Page 285

176