La nobLesse dérigione

n008 - 17 Juillet 2013. Mission du jour : faire un édito sympa et drôle pour le chagar. Ma réponse : Non. Rien à battre. Je rentre d'un week-end à Dublin, à me goinfrer de bonnes choses, et d'assez de bière brune pour saouler un petit bœuf. Il faisait une chaleur totalement incongrue, surtout dans un pays sans aucun air ...
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n008 - 17 Juillet 2013 Mission du jour : faire un édito sympa et drôle pour le chagar. Ma réponse : Non. Rien à battre. Je rentre d’un week-end à Dublin, à me goinfrer de bonnes choses, et d’assez de bière brune pour saouler un petit bœuf. Il faisait une chaleur totalement incongrue, surtout dans un pays sans aucun air conditionné, avec un ventilateur pour deux mille habitants. Conséquence ? Oui, voilà, exactement : Plus de bières. Du coup, je suis déjà étonné d’avoir réussi à finir cet article pour le mettre en ligne aujourd’hui. Bonne lecture. Moi, je retourne me coucher.

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La noblesse dérigione La structure politique de l’Empire est le résultat de plusieurs siècles d’évolution. Au fil de la conquête de l’ouest par les armées du centre, le conseil dérigion du camp de Zathos s’était doté d’un ensemble de règles complexes, tordues, alliant les traditions et les habitudes des membres de l’alliance. Après ce sommet de complexité, les sages qui rédigèrent la structure de l’empire naissant voulurent faire dans la simplicité. Un Empereur, des familles nobles, une administration aux ordres, et une populace au travail pour nourrir et distraire le tout. Le résultat final est évidemment bien plus compliqué.

La pyramide de la noblesse Au sommet de la pyramide se trouve l’Empereur et sa famille. Ils règnent sur l’Empire entier et jouissent de l’usage de plusieurs quartiers des éminences. L’Empereur peut donner des ordres directs à n’importe qui dans l’Empire. En pratique, il dirige la noblesse d’emblème, le haut-cabinet militaire et le premier bureau de l’administration. Ceux-là se chargent de relayer ses désirs et ses directives aux grouillots qui devront les appliquer. La noblesse d’emblème est un ensemble de vingt familles. Ce sont officiellement les plus anciennes et les plus illustres de l’Empire. En réalité, la liste des familles d’emblèmes est fluctuante et une famille peut être écartée de la liste pour laisser sa place à une autre. On dit alors qu’il s’agit d’une correction nécessaire, due à la découverte d’informations sur les lignées et les alliances passées, mais c’est, le plus souvent, la conséquence de complots d’influence. Par exemple, plusieurs familles d’emblèmes sont tombées en disgrâce après les événements de 1036 au palais – la reprise de pouvoir de Bert III. Le jeune empereur a ainsi écarté les familles frondeuses pour les remplacer par des soutiens sûrs. Le tribunal des emblèmes – un bureau administratif liés aux archives – doit toujours valider les changements au nom d’une obscure faille dans les lignées, mais c’est en réalité l’Empereur qui prend la décision d’abattre une famille pour en élever une autre. La noblesse familiale – ou courante – rassemble tout le reste de la noblesse dérigione. Chaque famille de ce niveau dépend d’une famille d’emblème. Elle lutte pour se faire remarquer de sa famille tutélaire, obtenir des faveurs et peut-être s’en rapprocher par un mariage d’alliance. Les familles liées « sous » une même famille d’emblème forment une sorte de clan, de groupe d’influence, œuvrant ensemble contre les autres clans tout en se déchirant en interne pour grappiller des place et des honneurs. Il est possible, pour une famille de la noblesse courante de changer de famille tutélaire, elle doit simplement rompre son alliance officiellement. Elle se retrouve alors « sans égide » et peut accepter la proposition de protection d’une nouvelle famille, rejoignant ainsi son réseau. C’est une manœuvre courante quoique risquée, puisqu’une famille sans égide ne peut plus transmettre ses titres à ses enfants. Ces tractations de salons, toutes en finesse et en diplomatie, ont souvent un reflet plus sombre, où l’argent et le sang coulent à flots. Si une famille d’emblème disparaît ou est déchue, l’ensemble de son réseau familial se retrouve sans égide. C’est alors une vraie course qui s’engage, les emblèmes essayant de s’accaparer les plus intéressantes, les petites cherchant à se caser à tout prix. Les services rendus et les avantages à venir valent cher lors de ses tractations. Il existe des familles de petite noblesse qui luttent encore pour rembourser une dette contractée par un aïeul imprudent. Et il ne s’agit pas toujours d’argent ; les postes, les charges, les faveurs et les promesses ont autant d’importance que le numéraire dans le monde compliqué de la cour.

Les lignées nobles L’origine de la noblesse La plupart des lignées retracent leurs aïeuls jusqu’à un clan dess - souvent un chef de guerre fameux ou un héros de la lutte contre les elfes - ou une grande famille ségion de l’aube impériale. Même avec beaucoup de bonne volonté, ces lignées glorieuses paraissent un peu tirées par les cheveux, mais puisque tout le monde fait la même chose… La noblesse s’est constituée au fil des premières conquêtes, mais s’est réellement structurée lors de l’installation à Pôle. L’Empereur réunit dans ce corps les gens dont il avait besoin pour fonder son pouvoir, et ceux sur qui il voulait garder un œil. Ce furent donc les officiers militaires importants, les leaders d’opinions essentiels, et enfin les notables pleins aux as capables de financer l’Empire. Une fois constituée, cette classe s’est unifiée, renforcée, ciselant soigneusement l’Empire pour ne plus jamais avoir besoin de faire le moindre effort. Assise au sommet de la structure, la noblesse parle, gesticule et décide. Aussi compliquée et prenante que paraissent sa vie, elle ne consiste qu’à organiser le travail des autres afin d’en recueillir les profits. Il en va de même pour les militaires de la noblesse, qui ne voient le front que de loin, et juste le temps de décider où ils enverront mourir les sous-fifres. Le seul véritable danger serait que la plèbe s’aperçoive de quelque chose, mais après un millénaire, les astuces pour empêcher ça ne manquent pas. Les nobles sont même parvenus à faire de la révolution vorozione – la seule véritable révolte contre leur pouvoir – un outil de propagande. Érigé en épouvantail, l’Hégémone incarne aux yeux du peuple dérigion une formidable menace, qui permet à la noblesse dérigione de resserrer encore davantage son contrôle.

La noblesse est un héritage. Il suffit de naître noble pour l’être aussitôt, à condition de naître dans une famille digne de son rang. Plusieurs bureaux administratifs attachés au conseil des emblèmes surveillent et valide les naissances nobles. Elles perçoivent de lourdes taxes pour enregistrer les naissances, traiter et protéger le registre des lignées. Si une famille n’est pas en mesure d’assurer ces taxes, elle ne peut valider sa succession et finira par disparaître, laissant un peu de place à de jeunes pousses plus vivaces. En ce qui concerne les mariages, il n’y a pas de règle absolue imposant de se marier entre nobles. La nécessité de protéger les fortunes, et souvent de les agrandir, fait tout de même que la grande majorité des mariages sont conclus au sein de la noblesse, ou avec des grandes familles gravitant autour des éminences. Quelques commerçants ou guildiens puissants on bien essayé de se glisser dans les rangs de la noblesse, mais ce n’est pas une tâche aisée. Évidemment, une famille de roturiers peut s’offrir un beau mariage en renflouant une famille noble désargentée. Elle se retrouve alors au contact des milieux nobles, et selon son comportement, deux cas de figures sont possibles. Si elle se fait discrète et essaie de se fondre dans le moule de la noblesse familiale, elle finira par s’intégrer. Cela prendra peut-être une ou deux générations, mais on finira par oublier son origine. Si elle essaie de s’imposer, de gravir plusieurs échelons à la fois, on la traitera comme une proie. Elle sera vite la cible de multiples attaques, sera dépouillée de ses richesses, que les familles de la vieille noblesse se disputeront avant de recracher les restes dans un bas quartier.

La succession impériale Le titre d’empereur est héréditaire, transmis par le régnant à son successeur choisi - traditionnellement son premier né. Les Dérigions étant plutôt égalitaire côté sexe, le genre de l’Empereur n’a pas la moindre importance. L’histoire démontre assez bien qu’il y a autant de sages, de déments, de génies ou de détraqués d’un côté que de l’autre. Évidemment, les coups d’état, assassinats et luttes de pouvoirs ne sont pas rares. Il fallut donc vite envisager la possibilité de successions compliquées. Sans compter qu’un Empereur peut réellement mourir d’une mort accidentelle stupide, comme une chute d’escalier ou d’une rupture d’anévrisme en poussant trop fort sur le pot*. Et si cela arrive alors qu’il n’y a aucun successeur évident, tout devient forcément compliqué. L’Empire s’est donc doté de règles simples et immuables, conçues pour parer à ces coups du sort. Une fois couronné, un Empereur doit désigner son successeur. Il a trois ans pour cela, et le successeur désigné reçoit le titre de « Premier emblème ». Trois années, c’est souvent assez pour avoir un enfant, le désigner et prolonger sa lignée. Sinon, un conjoint, un familier ou un allié proche recevra le cadeau ultime. Une fois désigné, le successeur ne peut être révoqué. L’empereur ne pourra changer de successeur qu’en cas de décès du premier emblème, ce qui conduit parfois à des extrémités déchirantes. Si l’Empereur et son successeur meurent ensemble – et cela arrive avec une régularité qui stupéfie les statisticiens – la noblesse doit prendre les choses en mains. Les grandes familles réunissent le conseil des emblèmes, où se retrouvent les chefs des vingt plus grandes familles. Ce conseil peut servir à prendre trois décisions essentielles à la survie de l’Empire. Il peut désigner un empereur lorsque la ligne de successions est brisée. Il peut aussi designer un régent pour l’empire si le nouvel empereur est trop jeune pour régner correctement. C’est enfin lui qui décidera de la majorité de l’Empereur, mettant ainsi fin à la régence.

Les titres de noblesses A la différence des rangs de noblesse vorozions, il n’y a pas de titre à la cour de Pôle. A part l’Empereur et le Premier emblème, un noble est simplement un noble, ni un Duc, ni un Baron, ni un Kaernir ni un Blurpz. Cela simplifie sérieusement, la tâche des biographes, des archivistes – et de meneurs de jeu – qui ne risquent plus de se tromper entre les titres à rallonge. Par contre, cela oblige ceux qui fréquentent la noblesse à se tenir au courant de l’actualité. On ne peut pas simplement regarder le « grade » d’un péquin et espérer briller en société. Il faut enquêter, questionner, et rassembler les vraies infos utiles : qui est allié avec qui, qui couche et qui cause, qui est chef de famille et qui est un grouillot, qui est le petit cousin favori et qui tient vraiment les cordons de la bourse…

* Empereur Fernenant « Le sage gris » Des Audres-Valmiers - 701-762

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