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La dynamique sociale et économique de l’industrie minière à Kalima, RDC Introduction Kalima se situe dans la Province du Maniema, à 80 km au Nord-Est de la capitale provinciale, Kindu, à 2,5 degrés au sud de l’Equateur – et dans les profondeurs des forêts tropicales denses de la République Démocratique du Congo (RDC). Les guides touristiques belges de l’époque coloniale dépeignent sous un jour extrêmement favorable la route de Kindu à Kalima : une surface immaculée, un axe jonché de stations-service et de restaurants. Ce n’est plus le cas. Après avoir traversé le Fleuve Congo en bateau ou en canoë, on emprunte, pour aller de Kindu à Kalima, une route goudronnée sur 20 km, qui dégénère progressivement pour atteindre un niveau quasi-impraticable, à des endroits où la forêt menace constamment d’envahir la route ; le goudron reprend ses droits quelques kilomètres avant Kalima. La petite ville de Kalima, dont la population a été estimée par la Mission d’Observation de l’ONU au Congo (MONUC) en 2004 a quelques 41 000 habitants1, comprend un township, ou village informel, et, au-dessus de celui-ci, un ensemble de maisons coloniales dilapidées qui se tiennent sur une colline, des bâtiments administratifs, une école et un hôpital. Ce quartier abrite le siège de la Société Aurifère et Industrielle du Kivu et du Maniema (Sakima). Il existe tout autour de Kalima des dépôts de cassitérite, et dans une moindre mesure, de colombo-tantalite (coltan) et de wolfram, qui sont exploités par des milliers de prospecteurs artisanaux. Comme cela est le cas dans de nombreuses autres communautés minières en RDC – ainsi que dans le reste de l’Afrique – l’exploitation minière à Kalima est une activité économique vitale. Elle domine la vie des habitants de la ville, comme cela était le cas sous le régime colonial, et cette domination se poursuivra probablement tant qu’il y aura une demande internationale. Cependant, la contribution de l’exploitation minière au développement

humain est loin de ce qu’elle devrait être. Bien sûr, la signification des termes « communauté » et « développement » est controversée et facilement envisagée sous une perspective simpliste. De plus, comme nous le verrons, si l’amélioration de la contribution sociale de l’exploitation minière informelle à Kalima soulève d’importants problèmes, son impact est pluridimensionnel ; d’une certaine manière, l’activité minière d’aujourd’hui représente une amélioration par rapport au passé. Cet article propose une présentation générale de l’exploitation minière à Kalima, et décrit la relation complexe qui existe entre celle-ci et non seulement la ville elle-même, mais également le gouvernement central et les pays voisins. Il est cependant important d’insister sur un point particulier dès le départ. Il est commun, de nos jours, en RDC, d’associer exploitation minière et conflit armé violent. En effet, on utilise souvent l’exemple de la RDC pour illustrer la manière dont les pays en développement qui dépendent fortement des ressources naturelles ont tendance à souffrir de conflits civils. Cependant, pour le moment, l’exploitation minière dans la Province du Maniema n’a pas provoqué de combats, et ne semble pas être utilisée par les milices ou les seigneurs de guerre pour le financement de leurs activités – même si, inévitablement, dans le processus d’exportation des minerais de Kalima, les individus associés à ces milices ainsi que l’armée en tirent un certain profit. La situation est différente dans les zones avoisinantes du Kivu, où l’exploitation de minerais tels que le coltan a directement contribué à la poursuite du conflit civil, surtout lors de l’explosion de la demande mondiale pour le coltan, qui a culminé en 2001–2002. Il est inutile d’insister sur le lien qui existe entre ces activités minières et le conflit civil. Cependant, le cas de Kalima illustre bien que s’il existe un tel lien, celui-ci n’est facile ni à comprendre, ni à prévoir.

Gregory Mthembu-Salter • Article ISS 185 • Mei 2009

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une recherche continue de l’auteur sur le sujet, mais s’inspire en très grande partie de travaux sur le terrain effectués en juin 2007. Jusqu’à présent, peu de recherches ont été effectuées sur l’exploitation de la cassitérite et du coltan dans la Province du Maniema : ceci est probablement dû au fait que les zones où l’exploitation minière et les conflits sont intimement liés bénéficient de plus d’attention. Après une présentation de l’historique de l’exploitation minière sous le régime colonial, l’auteur présentera ses observations sur l’impact de celle-ci au niveau communautaire, sur la relation entre Kalima et le gouvernement central de la RDC et enfin, sur l’importance du rôle du Rwanda dans le commerce international de la cassitérite et autres minerais provenant de la région est de la RDC. Puisque l’auteur n’a passé qu’une période limitée à Kalima, l’article ne présente que les résultats et analyses préliminaires des recherches. Des articles à paraître ultérieurement offriront une étude plus détaillée et plus approfondie.

Historique L’exploitation minière artisanale dirigée par le régime colonial de cassitérite, de wolfram, de coltan 2 et d’or dans la province du Maniema et dans les provinces avoisinantes du Nord et du Sud-Kivu a vu le jour dans les premières années du 20ème siècle, après que le roi belge Léopold II ait octroyé une imposante concession minière au baron et industriel belge Édouard Louis Joseph Empain. Dans les années 30, toutes les opérations minières étaient dirigées par des entreprises belges privées ; quelques-unes d’entre elles étaient des filiales off-shore de la compagnie belge Empain, fondée par le baron du même nom. Après une décennie de production en hausse à partir de leurs dépôts de cassitérite, les entreprises ne commencèrent à investir dans des équipements industriels qu’à la fin des années 40 et au début des années 50 ; elles construirent de petites centrales hydroélectriques pour quelques sites, dont celui de Lutshurukuru, à proximité de Kalima. Ceci permit d’exploiter de nouvelles

Figure 1 – Kalima, dans la Province du Maniema, en RDC



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mines dans les années 50, et la production continua d’augmenter dans les années 60. La production de la Province du Maniema, dont Kalima fait partie, était entièrement transportée à destination de Kindu par camion, puis transférée sur train et convoyée à Kalemie, sur le Lac Tanganyika. A partir de là, la production était alors transportée par bac vers Kigoma, en Tanzanie, puis par chemin de fer vers le port de Dar es Salaam, sur l’Océan Indien3. Au-delà du départ de quelques employés expatriés, l’arrivée de l’indépendance en 1960 semble avoir provoqué un impact immédiat très limité sur l’exploitation minière dans les Kivu et dans la province du Maniema, exploitation qui resta sous contrôle belge. A la fin des années 60, cependant, plusieurs des dépôts principaux commencèrent à montrer des signes d’épuisement, ce qui força plusieurs compagnies à fermer leurs portes, et d’autres à fusionner entre elles. Cobelmines et la Minière des Grands Lacs (MGL) fusionnèrent pour donner naissance à Cobelmin-MGL en 1968. La compagnie fut renommée Cobelmin-MGL-Phribaki-KivuMines en 1974, puis fusionna enfin avec Symetain, qui est l’unique opérateur industriel restant dans la région. La compagnie devint alors la Société Minière et Industrielle du Kivu (Sominki)4. On a affirmé que l’état zaïrois était propriétaire de la Sominki5, mais en réalité, l’état n’était détenteur

Le Président Mobutu Sese Seko considérait les mines du Katanga comme une source de liquidités vitale pour ses besoins personnels, mais considérait, d’un autre côté, que la production d’or et de cassitérite n’était, pour cet objectif, pas essentielle que de 28 pour cent des actions ; les propriétaires de la Cobelmin, de la Symetain et les autres détenaient le reste6. Dans ce sens, la Sominki était très différente de la Gécamines, pour laquelle l’état possédait la majorité des actions, et qui était le fruit d’une nationalisation forcée née dans les années 1970 en raison de la découverte de riches dépôts de cuivre et de cobalt dans le Katanga. La

raison de ce traitement différent, visiblement, était que le président d’alors, Mobutu Sese Seko, considérait les mines du Katanga comme une source de liquidités vitale pour ses besoins personnels, alors en pleine expansion. Mobutu considérait, d’un autre côté, que la production d’or et de cassitérite n’était, pour cet objectif, pas essentielle7. Les actionnaires de la Sominki entretenaient des perspectives tout aussi négatives, et la compagnie fit très peu pour améliorer la production. Ce n’est qu’en 1982 qu’il y eut d’importants nouveaux investissements dans la Sominki, lorsqu’une série de nouveaux équipements rudimentaires furent mis en place, y compris à Kalima. Mais en 1985, un désastre frappa : les prix internationaux de l’étain tombèrent de moitié et passèrent de 5,40 à US$ 2,50/livre. Malgré sa soudaineté, cet effondrement des prix avait été prévisible. Un Conseil International de l’Etain, formé en 1931 et composé de quatre des grands producteurs d’étain mondiaux8, signa une série d’accords qui furent couronnés d’un certain succès, en dépit de l’opposition exprimée par les pays développés en ce qui concerne la régulation des prix par la gestion de l’offre en étain, en utilisant des stocks de sécurité. Cette stratégie, cependant, baissa en popularité après la culmination de la consommation d’étain au milieu des années 70, après l’apparition de substituts techniques (en particulier l’aluminium), puis entra dans une phase de déclin. L’accord fut enfin révoqué en 1985, ce qui provoqua l’effondrement des prix de l’étain. Ceux-ci tombèrent encore davantage en 1987 ; le Conseil se débattit pendant une certaine période, puis se sépara en 19909. Après l’effondrement du prix de l’étain en 1987, la Sominki cessa presque entièrement sa production industrielle ; les faibles activités subsistantes prirent fin après une autre chute dans les prix internationaux de l’étain en 1991. A la même époque, une situation inverse à celle des premières opérations se présenta, puisque l’exploitation artisanale reprit. Les prospecteurs durent ne vendre qu’à la Sominki. Celle-ci leur payait des sommes infimes, ce qui réduisit la motivation de ces derniers ; la production poursuivit sa chute. En 1997, l’année où les actionnaires de la Sominki votèrent pour dissoudre la compagnie, la production officielle de cassitérite n’atteint que 7,6 pour cent du niveau de production des premiers jours de la compagnie. La production de wolfram était tombée à zéro, et celle de coltan n’atteint que 272 kg, alors que celle-ci avait culminé à 147 tonnes en 1985. On notera que les chiffres fournis par la Sominki sont peu fiables. Une source bien informée indique que « la Sominki…escroquait le gouvernement. Elle mélangeait de l’or avec du concentré d’étain, qu’elle extrayait en Belgique pour récupérer un gros profit. Et la compagnie ne paya jamais d’impôt là-dessus »10.

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Il n’est cependant pas suggéré que la Sominki produisait d’importants volumes de cassitérite, de wolfram ou de coltan, ou encore que la compagnie ne déclarait pas l’intégralité de sa production. Les chiffres indiquent cependant de manière précise un abrupt déclin dans la production générale. Tableau 1 : Production de minerais officielle de la Sominki, 1976-1997 (en tonnes) Année 1976 1980 1985 1990 1995 1997

Cassitérite 4 638, 1 2 592, 6 3 805, 7 2 175, 9 793, 4 352, 8

Wolfram 442, 5 134, 3 33, 5 16, 8 0 0

Coltan 52, 8 71, 9 147, 3 33, 6 2, 4 0, 3

Source : Données fournies à l’auteur par la Sakima, Kalima (Sakima 2007, pour référence future).

En 1995, les actionnaires belges de la Sominki vendirent leur part de 72 pour cent de l’entreprise à la compagnie américaine Cluff Mining et à la compagnie canadienne Banro ; le gouvernement retint sa part de 28 pour cent. L’année suivante, Banro racheta Cluff, et devint ainsi l’actionnaire majoritaire ; en 1996, la compagnie établit la Sakima, en qualité de sa filiale congolaise11. En 1996, l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL), soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, lança sa campagne militaire afin de clore les grands camps de réfugiés rwandais établis en

Depuis la chute abrupte du prix du coltan en 2002, les exploitants artisanaux de Maniema se sont concentrés sur l’extraction de cassitérite. 1994 dans le Nord et le Sud-Kivu, régions qui abritaient encore alors certains des responsables armés du génocide rwandais de cette année-là. La campagne devint rapidement un prétexte pour renverser le régime affaibli de Mobutu, puisque que l’AFDL, où qu’elle aille, ne rencontra que peu ou pas de résistance de la part des forces armées zaïroises. En février 1997, l’AFDL, commandée alors par Laurent Kabila, avait capturé  Kindu12. A Kinshasa – ville qui restait pour le moment aux mains de Mobutu - Banro négocia un nouvel arrangement avec le gouvernement zaïrois pour que la compagnie canadienne obtienne une part de 93 pour cent de la Sakima, ne laissant ainsi à l’état qu’une part de 7 pour 

cent. L’accord fut signé à la mi-février 1997. Le 29 mars de cette année-là, la Sominki fut officiellement liquidée lors d’une Assemblée Générale Extraordinaire, et la liquidation fut approuvée par le premier ministre, le Général Likulia Bolongo, le 6 mai – juste 11 jours avant la prise de la capitale par Kabila. La liquidation fut extrêmement controversée, voire illégale : le personnel expatrié de la Sominki reçut une compensation, mais la plupart des employés congolais ne reçurent rien13. Désormais président de la nouvelle République Démocratique du Congo, Kabila confirma l’arrangement de Banro de juin 1997 relatif à la Sakima. Banro, cependant, refusa d’obéir à Kabila lorsque celui-ci demanda à la compagnie d’injecter des centaines de millions de dollars en nouveaux investissements dans la Sakima. De plus, Banro n’était intéressée que par l’or de la Sakima, et non sa cassitérite ou son coltan ; les relations de la compagnie avec le nouveau gouvernement se détériorèrent alors rapidement. Enfin, en juillet 1998, Kabila annula l’accord avec Banro, et créa une nouvelle compagnie du nom de Société Minière du Congo (Somico) ; les actifs de la Sakima furent saisis par décret. Quelques jours plus tard seulement, le 2 août 1998, une nouvelle rébellion soutenue par le Rwanda fut lancée dans l’est de la RDC ; celle-ci était, cette fois-ci, dirigée par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). Le directeur congolais de la Sakima, Alexis Thambwe, était fortement pro-RCD et les forces rebelles prirent sans peine le contrôle des dépôts miniers de la Sakima dans le Nord et le Sud-Kivu. Les employés de la Sakima indiquèrent que les dérangements provoquées par l’arrivée du RCD à Kalima furent négligeables, mais, comme pour les autres mines, le peu de stock de cassitérite et d’autres minerais qui n’avait pas disparus ou volés furent « réquisitionnés » pour l’effort de guerre14. Avec le Katanga toujours aux mains du gouvernement, mais le Maniema et les Kivu contrôlés par le RCD, le lien ferroviaire qui unissait ces derniers fut coupé, et les liaisons entre Kindu et le sud furent interrompues. C’est à ce moment que l’on commença à transporter par avion toute la production minérale de Kalima vers Goma ou Bukavu, soit directement à partir de Kalima ou à partir de Kindu15. Kalima ne possède qu’une petite piste d’atterrissage, ce qui limite la quantité de minerais que l’on peut transporter directement à partir de là. Ainsi, la majeure partie de la production quitte la ville par camion à destination de Kindu, à partir d’où, en dépit des énormes coûts impliqués, la production est transportée par avion vers Goma ou Bukavu, la plupart du temps dans des vieux appareils russes Antonov, qui ne sont probablement pas maintenus de manière adéquate. A la fin 1999, l’administration du RCD dans l’est de la RDC reconnut formellement Banro comme propriétaire de la Sakima, et demanda un impôt annuel de US$ 300

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000 pour ce privilège. Banro répondit que les mines n’étaient pas opérationnelles, et que le loyer était trop élevé. En conséquence, le RCD soumit un appel d’offres pour le rachat de la Sakima un an plus tard. Cependant, quelques temps après l’expropriation de la Sakima par Kabila en 1998, Banro contesta la légitimité de cette action en poursuivant, aux Etats-Unis, le gouvernement congolais. Le dossier traîna en longueur et ne fut résolu qu’après l’assassinat de Kabila en janvier 2001. Celui-ci fut succédé par Joseph Kabila, le supposé fils du défunt président16. En un an, Kabila régla le litige avec Banro, abandonna le projet Somico et confirma les droits de Banro sur la Sakima. Les actifs eux-mêmes, cependant, se situaient toujours dans un territoire vastement contrôlé par le RCD ; ce fut d’ailleurs le RCD et son allié, le Rwanda, qui bénéficièrent d’une nette augmentation des loyers de l’état relatifs à l’exploitation minière, augmentation provoquée par une importante hausse des prix du coltan en 20002001. Cette nette augmentation des prix introduisit une période d’exploitation intensive du coltan et une montée en flèche conséquente dans la production artisanale de coltan, bien que cette tendance soit depuis redescendue à la suite d’une chute mondiale des prix du coltan en

La liberté de vendre leur production à des prix correspondant à ceux en vigueur sur le marché dans une période où les prix de telles commodités sont très intéressants est une forte motivation pour les prospecteurs. 2002. Depuis lors, et en particulier depuis 2004, les producteurs artisanaux au Maniema et dans les Kivu se sont concentrés davantage sur la cassitérite, en réaction à une forte hausse dans les prix des métaux de base tels que l’étain, hausse générée par l’explosion de la demande chinoise. La division de la RDC en trois zones de conflits – dont un tiers contrôlé par le RCD, un autre par Kabila et ses alliés et le dernier par le Mouvement pour la Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba – s’acheva formellement en juillet 2003 avec l’établissement d’un

gouvernement de transition intégrant les trois leaders ainsi que des membres des partis politiques d’opposition non militarisés. En réalité, le contrôle sur le terrain du Maniema passa peu après des mains du RCD à celles de Kabila, mais malgré son manque généralisé de popularité, le RCD retint son contrôle du Sud Kivu une année de plus et dans le Nord Kivu jusqu’aux élections générales de 200617. Entre-temps, Banro trouva une compagnie volontaire pour reprendre les dépôts de cassitérite et de coltan de la Sakima afin que  la compagnie canadienne puisse se concentrer, comme elle avait souhaité le faire depuis longtemps, sur la prospection de ses dépôts d’or dans le Sud Kivu. Cette compagnie volontaire était Central African Resources (CAR), qui est désormais une filiale de la firme sud-africaine Kivu Resources ; celle-ci signa un accord pour la reprise de la Sakima en 2003. Une autre filiale de Kivu Resources, Mining Processing Congo (MPC), entretient des comptoirs – des centrales d’achat de minerais – à Goma et à Bukavu, alors qu’une autre filiale, Metal Processing Association (MPA), entretient un comptoir à Kigali, au Rwanda et une usine de traitement des minerais à Gisenyi pour la cassitérite provenant des comptoirs congolais de la MPC18. La compagnie CAR a promis d’investir US$36m in Sakima, ce qui devait inclure la rénovation du siège dilapidé à Kalima, l’installation d’une fonderie à Kalima, le règlement partiel de primes de licenciement pour les employés de la Sominki ainsi que d’essentielles réparations de la route reliant Kalima à Kindu. Mais en premier lieu, CAR souhaitait effectuer ses propres études sur l’état des mines de la Sakima afin d’évaluer leurs réserves probables et prouvées. Au grand dam de CAR, cependant, la Sakima attribua des amodiations19 à d’autres compagnies pour certains de ces principaux dépôts, ce qu’elle n’était pas en droit de faire, selon CAR 20. Pour sa part, la Sakima a justifié les amodiations par le fait que CAR prenait trop de temps à honorer ses promesses, et que l’entreprise avait des besoins en liquidités pressants. La Sakima a de plus affirmé que le Ministère des Mines lui avait donné la permission d’attribuer les amodiations en 2005, bien que CAR ait déclaré que cette permission était illégale21. CAR menaça de poursuivre la Sakima en justice, mais jusqu’à présent, cette menace ne s’est pas concrétisée. Au lieu de cela, la compagnie a indiqué qu’elle attendrait les résultats d’une évaluation par le Ministère des Mines de son contrat avec la Sakima. Cette évaluation fait partie d’une tentative de la part du Ministère, annoncée au début 2007, destinée à réévaluer et à analyser chacun des contrats miniers dans le pays22. Entre temps, au moment de la rédaction de cet article, il n’existe aucune production sur aucun des sites de la Sakima, dont Kalima, et nulle production n’apparaît d’ailleurs à l’horizon. Au lieu de cela, une

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hiérarchies profondément

Kivu, comme à Bisie ; c’est une activité qui peut s’avérer extrêmement productive. Il semblerait que la plupart des prospecteurs sont de jeunes hommes, mais les femmes et les enfants sont impliqués dans cette activité en grands nombres25. Il existe un certain contraste entre les infimes sommes versées aux prospecteurs de Kalima lorsque ces derniers étaient rémunérés par la Sominki, et celles que leurs payaient les négociants à la mi-2007 (US$5,50/kg) pour des minerais de cassitérite26. Certains des prospecteurs peuvent produire jusqu’à 10 kg de minerais par jour27. La liberté de vendre leur production à des prix correspondant à ceux en vigueur sur le marché dans une période où les prix de telles commodités sont très intéressants est une forte motivation pour les prospecteurs. « Tout le monde est devenu géologue »28 et en conséquence, de nouveaux dépôts sont découverts presque tous les jours ; la production est montée en flèche. Comme cela est généralement le cas avec la production minière artisanale, il est impossible d’établir des chiffres de production exacts pour l’exploitation de la cassitérite à Kalima. La Sakima prélève un impôt sur les négociants pour toute la cassitérite que ces derniers achètent à partir des dépôts, et et dans le cadre de ses efforts continues continue, la compagnie entretient les statistiques de production les plus fiables. Comme le montre le tableau 2, selon la Sakima, la production mensuelle moyenne à Kalima en 2006 a été de 60,8 tonnes, alors que la production au cours des cinq premiers mois de 2007 a augmenté de 58 pour cent pour atteindre 96,4 tonnes. A US$5,5/kg, cela signifie que les prospecteurs de Kalima ont gagné, grâce à la cassitérite, US$530 200 par mois durant cette période. Comme le prouve une comparaison avec le tableau 3 à la page suivante, la production officielle en mai 2007 a presque atteint la production annuelle de 1997 – la dernière année de l’existence de la Sominki. Il est frappant de voir qu’à partir de 1978, la production industrielle annuelle à Kalima a été considérablement inférieure à la production artisanale officielle d’aujourd’hui.

non-monopolistiques et

Tableau 2 : Production artisanale de cassitérite à Kalima, 2007

armée grandissante de prospecteurs artisanaux travaille dans le cadre d’un réseau en expansion de sites situés dans la périphérie des vieilles mines, et la production officielle totale à ce niveau augmente régulièrement. CAR a récemment poursuivi ses efforts de prospection et de forage à Bisie, près de Walikale, mais a vu ses efforts interrompus par le Colonel Samy, commandant du 85ème Bataillon des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC – les forces armées congolaises), qui contrôle la plus grande partie de la région de Walikale. Le 85ème Bataillon est principalement composé d’anciens combattants Mai Mai qui souhaitent ardemment continuer de percevoir les droits d’extraction de Bisie, et qui sont opposés à la présence de la MPC.

Les divers impacts actuels de l’exploitation de la cassitérite à Kalima sur la communauté La présentation de l’historique du sujet ci-dessus nous amène à la situation actuelle que connaît Kalima : des dépôts de cassitérite exploitée industriellement sont désormais abandonnés, et envahis par la flore tropicale ; des équipements rouillés jonchent les diverses zones. Aujourd’hui, d’innombrables prospecteurs artisanaux travaillent sur les sites autour de ces mines. Nous ne savons pas de manière fiable le nombre exact de ces prospecteurs, mais les estimations affirment qu’il en existe des milliers23. Comme l’un de ces prospecteurs le dit, « nous sommes trop nombreux. On ne peut pas nous compter »24. Les dépôts de cassitérite sont nombreux autour

Les prospecteurs artisanaux de Kalima se sont structurés en une myriade de

beaucoup plus superficielles. de Kalima ; la plupart d’entre eux se situent sur la surface, ou à une profondeur négligeable. L’extraction de cassitérite n’est par conséquent pas particulièrement onéreuse si on la compare à celle présente dans les



Période 2006 Janvier 2007 Février 2007 Mars 2007 Avril 2007 Mai 2007

Production (tonnes) 729,9 87,5 84 94,2 95.4 120.9

Source : Sakima 2007

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Tableau 3 : Production de cassitérite entre 1976-1997 1976 1978 1981 1986 1991 1997

Période

Production (tonnes) 2342,1 427,5 281,6 430,8 325 141

Source : Sakima 2007

Il semble relativement clair, alors, que davantage d’habitants de Kalima participent aux activités minières, et gagnent plus d’argent que jamais grâce à cela. En d’autres termes, l’exploitation minière artisanale, surtout dans le cadre actuel de l’explosion internationale des commodités, s’avère être une activité beaucoup plus lucrative pour la classe ouvrière de Kalima que l’exploitation minière industrielle ne l’a jamais été. Il est également intéressant de comparer la situation actuelle à l’époque de l’exploitation minière industrielle de Kalima, en ce qui concerne les conditions de travail et la politique du lieu d’emploi. Comme c’est le cas pour de nombreuses exploitations minières, et surtout celles établies durant l’époque coloniale européenne, la Sominki était un monopole, et affichait une structure profondément hiérarchique. Une élite blanche, pour la plupart belge, occupait tous les postes administratifs et techniques à haute responsabilité, et vivait littéralement en haut de la colline de Kalima, avec son propre hôpital, son propre club spacieux, dont un bar à bière décoré de piètres reproductions de Bruegel. D’amples provisions étaient importées par Kindu. En bas de la colline, et bien en dessous de ce quartier, dans la partie inférieure de la hiérarchie professionnelle, vivait la main d’œuvre africaine. Pour ces derniers, la compagnie représentait

Les prospecteurs de Kalima sont probablement plus riches qu’ils ne l’on jamais été, mais le niveau des services sociaux n’a jamais été aussi faible l’unique possibilité d’emploi rémunéré disponible ; les salaires étaient bas, les employés travaillaient dur et l’on attendait d’eux qu’ils obéissent sans poser de questions. La représentation syndicale était interdite pendant la majeure partie de l’époque coloniale, et est depuis l’indépendance légale mais faible ; selon le modèle classique de paternalisme colonial, les travailleurs avaient

droit à des services sociaux de base : hôpital, école, club social, cantine et terrain de sport. La comparaison avec la situation actuelle est frappante. Les prospecteurs artisanaux de Kalima se sont structurés en une myriade de hiérarchies profondément non-monopolistiques et beaucoup plus superficielles. Les prospecteurs ont, de manière générale, formé des associations, fondées, dit-on, par la personne qui aura découvert le premier dépôt de cassitérite dans une zone donnée ; cette association accueille alors les membres de la famille du fondateur, ses amis et voisins. Au contraire de la période de l’exploitation minière industrielle, les femmes et les enfants travaillent aux côtés des hommes, ce qui semble profiter à l’autonomisation des femmes à Kalima, mais qui peut porter préjudice quant à l’éducation de la jeunesse locale. Les associations comptent rarement plus de 20 personnes, et surveillent scrupuleusement le respect, en leur sein, des principes démocratiques ; beaucoup de ces associations élisent annuellement un président, un vice-président et parfois un(e) secrétaire et un(e) trésorier/ère29. Dans la plupart des cas, les présidents des associations de prospecteurs sont des hommes ; mais dans certains cas, ce poste est occupé par une femme30. Les présidents d’association sont chargés de la négociation des ventes aux négociants, et prélèvent environ 30 pour cent des revenus générés par les nouveaux membres de l’association. Aucun conflit violent entre les associations ou en leur sein n’a été reporté, malgré l’absence de tout enregistrement officiel ou de démarcation formelle des territoires d’exploitation de chaque association. L’une des raisons semble être la quantité importante de cassitérite autour de Kalima. Les prospecteurs ont semblé tous être bien informés du prix international de l’étain, que certains ont déclaré connaître en communiquant par téléphone portable avec des contacts à Goma ou Bukavu. Au contraire des dépôts du Nord et du Sud Kivu, où les groupes armés jouent un rôle important, les associations de prospection de Kalima semblent être libres de vendre aux négociants de leur choix, et au prix offert plutôt que sur la menace de violences. Cependant, nous n’avons pas vérifié la validité de cette thèse de manière exhaustive, et celle-ci pourrait s’avérer incorrecte. Il est possible que certains – et peut-être beaucoup – des associations de prospecteurs de Kalima doivent pour une raison ou une autre, vendre à des négociants particuliers. Pourtant, tous les prospecteurs et négociants interrogés ont clairement indiqué que seuls les prix et non l’intimidation permettaient d’accomplir leurs transactions. La croissance de l’exploitation minière a, selon la plupart des individus, créé un impact indéniable sur l’agriculture. Les exploitants artisanaux de Kalima

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disposent d’une liberté jamais égalée pour structurer leur travail autour du rythme et de la demande de l’agriculture de subsistance tropicale. Cependant, il est communément admis que la production alimentaire dans la région a beaucoup décliné depuis l’explosion de l’exploitation minière artisanale, puisque de nombreux agriculteurs ont abandonné leurs champs et leurs propres exploitations. Ceci est logique, puisque les revenus progressivement en hausse des prospecteurs de Kalima accroissent l’espace pour une plus grande division du travail dans la région, en permettant à ces derniers d’acheter des aliments dans les zones avoisinantes, qui sont moins riches en cassitérite. Mais, une fois perdues, ces compétences agricoles ne s’acquièrent plus de nouveau aussi facilement ; on s’inquiète actuellement de ce qu’il se passera à Kalima lorsque les prix de l’étain baisseront. De plus, une ONG locale travaillant dans la distribution alimentaire a déclaré que la malnutrition gagnait du terrain, visiblement en raison de la hausse des prix des aliments, qui est elle-même provoqué par la baisse des activités agricole. Cette situation place la nourriture au-delà des capacités pécuniaires des individus très pauvres31. Comme la vaste majorité des Congolais, les résidents de Kalima, qu’ils soient prospecteurs ou non, ne reçoivent quasiment aucun service social de la part de l’état. Les quelques services de santé et d’éducation disponibles sont fournis par la Sakima, les églises et le secteur privé. Il existe deux hôpitaux : l’hôpital général de Kalima

Toutes les végétations tropicales ne pourront jamais faire disparaître les profondes cicatrices causées par l’exploitation minière industrielle sur les collines de Kalima. et un hôpital catholique privé. Le premier fut construit par des compagnies minières avant l’indépendance, et appartient désormais à la Sakima. Cet hôpital est tombé dans un état de délabrement extrême. Il n’y a que quelques matelas, les équipements médicaux spécialisés ont pour la plupart plus de 30 ans et exigent de sérieuses réparations. En conséquence, les équipements dentaires ne permettent par exemple que d’effectuer des extrac

tions de dents. La morgue a été intégralement pillée, et ne fonctionne plus. L’alimentation en eau de l’hôpital est problématique, visiblement en raison des dérivations effectuées en amont par les prospecteurs souhaitant utiliser l’eau pour séparer la cassitérite de la terre, et les systèmes d’assainissement semblent représenter également un problème. Quelques rares ONG internationales offrent des quantités limitées de médicaments et l’une d’entre elles, une organisation caritative britannique du nom de Merlin, fournit également des compléments pécuniaires aux salaires des employés sanitaires, qui sont pitoyablement si faibles. Les assistants médicaux, à la mi-2007, ne gagnaient par exemple que US$ 8 / mois. Un assistant de pharmacie a résumé la situation en se résignant : « On nous a abandonnés », affirme-t-il32. On trouve, non loin de l’hôpital général, l’hôpital catholique privé, établi en 1999 par le bureau médical du diocèse. Cet hôpital est plus petit que l’hôpital général, mais est beaucoup mieux équipé. Il n’obtient aucune aide de l’état, et fait payer les patients pour les services médicaux33. Dans ce contexte désespéré, l’élément le plus encourageant reste le très faible nombre de prospecteurs hospitalisés. Les accidents industriels étaient apparamment assez communs à l’époque de l’exploitation minière industrielle de Kalima, mais sont désormais moindres, puisque l’exploitation artisanale se déroule en général près de la surface (contrairement à Bisie, par exemple) et n’exige que peu ou pas de creusement de tunnels. De plus, les prospecteurs ne souffrent pas de maladies provoquées par la manipulation de la cassitérite, comme cela est le cas pour bon nombre d’entre eux dans les mines d’uranium du Katanga34. La Sakima entretient une école primaire à Kalima, qui est destinée principalement aux enfants des employés de la compagnie. Cependant, la plupart de ces employés sont proches de la retraite, ou sont déjà, pour beaucoup d’entre eux, déjà retraités ; ces derniers se présentent cependant tous les jours à leur lieu de travail pour un maigre salaire, dans l’espoir qu’un jour, la Sominki leur paiera leurs primes de licenciement (voir ci-dessous). La plupart des enfants de ces personnes sont adultes, donc l’école primaire accueille principalement les enfants des exploitants artisanaux. La Sakima a gardé son unité de services sociaux, qui espère construire une école secondaire à Kalima et projette de mettre en place des services de formation pour adultes ; cependant, l’unité dispose de peu de ressources et prie pour l’intervention d’un bailleur de fonds35. Ainsi, les prospecteurs de Kalima sont probablement plus riches qu’ils ne l’ont jamais été, mais le niveau des services sociaux n’a jamais été aussi faible. Comme nous l’avons vu, ceci est dû au fait que les services sociaux étaient dans le passé fournis par des

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compagnies minières industrielles ; ces compagnies ont désormais cessé toute activité à Kalima. L’état n’a encore rien fait pour prendre la relève, ce qui force les habitants de Kalima à fournir eux-mêmes les services, ou à s’en passer. Pourtant, tant que le prix de l’étain restera élevé, Kalima peut en réalité payer pour sa propre éducation et son système de santé, qui sont tous deux financés par les contributions mensuelles des individus travaillant dans les mines. Le problème repose sur la gestion du processus, et en particulier de ses finances : cette gestion doit être suffisamment honnête et transparente pour venir à bout du scepticisme populaire et du manque de confiance, qui sont tous deux le résultat d’années d’amères expériences. Le gouvernement de Laurent Kabila, très conscient du manque total de relation entre l’état et les dizaines de milliers d’exploitants miniers artisanaux en RDC, a établi le Service d’Assistance et d’Encadrement du Small Scale Mining (SAESSCAM) en 1999. Les objectifs du SAESSCAM sont de développer et de former les exploitants miniers artisanaux dans le but de créer une nouvelle classe moyenne artisanale, afin de promouvoir le développement social dans les zones minières et d’assurer la taxation de la production minière artisanale36. Le SAESSCAM a en premier lieu concentré ses efforts sur les provinces du Katanga et du Kasaï, et n’est entré en contact avec Kalima qu’en 2007. L’un des membres du comité du SAESSCAM, s’exprimant sous l’anonymat, a indiqué avoir soupçonné que la raison principale de ce retard était que l’ancien gouverneur de la province du Maniema, Koloso Sumaili, s’était

Le principal problème de structure ici est la difficulté générale de l’état congolais à percevoir les revenus domestiques. opposé au travail de cette organisation37. A la mi-2007, le SAESSCAM possédait un bureau à Kalima, deux employés et une moto ; le Service avait à ce stade contribué des fonds pour améliorer un pont très usé traversant le fleuve Ulindi, près de Kalima. Il s’agissait là d’un solide début, mais beaucoup restait à faire avant que le SAESSCAM ne puisse affirmer avoir effectué des progrès sur l’un de ses trois mandats. Entre-temps, comme c’est le cas dans la plus grande partie du Congo, le principal impact provoqué par l’état sur les prospect-

eurs de Kalima est la diligence de ses fonctionnaires dans la collecte des loyers.

L’environnement Les compagnies minières internationales qui ont cherché à développer les dépôts minéraux en Afrique ont fréquemment pu observer que des milliers - voire des dizaines de milliers - d’exploitants artisanaux étaient arrivés sur les lieux avant elles. Pour tenter de faire avaler les avantages de leurs méthodes en comparaison à celles des artisans qu’elles cherchent à évincer, les compagnies parlent d’impact environnemental relatif. Il est communément admis que les exploitants artisanaux créent d’anarchiques paysages lunaires où une plus grande partie de l’environnement est détruite que si une compagnie avait exploité les lieux selon une planification précise et des conditions de travail dirigées de manière centralisée. Il est également accepté, généralement, que les exploitations minières industrielles – et surtout celles disposant d’un capital suffisant – peuvent anticiper et réduire les impacts potentiellement négatifs sur l’environnement tels que, par exemple, la contamination d’une source d’eau, et ce mieux que des milliers de prospecteurs. Ces derniers ont pour objectif principal leur prochain repas. Ces arguments sont solides et valides la plupart du temps. Mais une évaluation préliminaire de la situation à Kalima suggère que ces mêmes arguments pourraient ne pas y être pertinents. L’exploitation industrielle de cassitérite a exigé la canalisation d’importantes quantités d’eau pour laver les collines, section par section ; l’eau coule alors dans des petits canaux où il est possible de récupérer la cassitérite. L’exploitation minière artisanale à Kalima, cependant, semble moins être intrusive pour l’environnement. Lorsque les sites d’exploitation artisanale sont abandonnés ou épuisés, il faut peu de temps à la végétation tropicale pour les recouvrir, mais toutes les végétations tropicales ne pourront jamais faire disparaître les profondes cicatrices causées par l’exploitation minière industrielle sur les collines de Kalima. Beaucoup d’employés de longue date de la Sakima sont de l’avis que l’exploitation artisanale est moins nocive pour l’environnement de la communauté que l’exploitation industrielle, mais il serait nécessaire d’étudier cette affirmation de manière plus systématique avant de la considérer comme véridique. L’un des impacts environnementaux qui a empiré en raison de l’exploitation minière à Kalima et de sa transformation vers une exploitation artisanale concerne le transport. Comme on l’a vu ci-dessus, la cassitérite de Kalima était dans le passé transportée vers Kindu par camion, puis par chemin de fer vers Kalemie, sur le Lac Tanganyika, et de là vers la station de Kigoma,

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en Tanzanie. La cassitérite empruntait de nouveau les voies ferroviaires pour Dar es Salaam. Aujourd’hui, cependant, toute la production non traitée de Kalima est transportée par avion, soit de Kalima ou de Kindu ; ce système est onéreux et nocif pour l’environnement. Au début 2007, la liaison ferroviaire entre Kindu, Kalemie et Lubumbashi, dans le sud, a enfin réouvert après 10 ans de fermeture, mais le matériel roulant est dilapidé et les horaires sont fortement irréguliers. L’investissement dans les chemins de fer congolais est devenu essentiel, et les bailleurs de fonds sensibles à la préservation de l’environnement devront noter qu’un tel investissement réduirait grandement l’impact environnemental des transports industriels, non seulement de la cassitérite mais également de toute la production minière du pays.

L’exploitation minière à Kalima et l’état L’interaction entre l’état congolais et les mines est importante mais reste controversée. Comme nous l’avons vu dans une section précédente, l’état congolais fournit peu de services sociaux – voire aucun service – à Kalima. A ce propos, la communauté des entreprises congolaises (dont le secteur minier) se plaint régulièrement du montant des impôts qu’elle paye, du caractère souvent corrompu et arbitraire de ces paiements effectués en échange de la quasi-inexistence des services publics d’un état prédateur. Il n’est pas surprenant, bien sur, que le discours de l’état soit inversé : selon lui, le fisc tire très peu avantage de la richesse minérale du pays ; cette richesse est en grande partie et de manière corrompue subtilement arrachée par le secteur privé sans être correctement imposée. Les autorités à Kinshasa se plaignent, surtout depuis le début de la guerre en 1998, du fait que les revenus que devrait percevoir le gouvernement central finissent généralement dans les poches de tierces parties privées, dont les groupes de rebelles et les tiers étrangers, qui utilisent alors l’argent pour affaiblir et attaquer le gouvernement central. Ce dernier argument a été approuvé par la plupart des observateurs internationaux, dont les panels d’experts successifs de l’ONU et des ONG travaillant dans le domaine des ressources. Ainsi, par exemple, à la suite d’enquêtes sur le commerce minier de cassitérite dans le Sud-Kivu, Global Witness a en premier lieu recommandé que le gouvernement de la RDC « étende son contrôle administratif… pour garantir des chiffres de production exacts et… la perception de revenus fiscaux appropriés »38. En qualité de modeste contribution à ce débat, cette étude se propose tout d’abord d’analyser quels sont les revenus que les autorités publiques et les hauts responsables arrivent à percevoir de l’exploitation de cassitérite

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à Kalima, puis étudiera les problèmes concernant la structure du régime fiscal de la RDC. Nous parlerons également du problème du Rwanda davantage en profondeur, mais à un stade ultérieur. Tableau 4 : Structure des revenus de la cassitérite pour l’état congolais, juin 2007 Elément Impôt Sakima Impôt Service des Mines Administration territoriale Administration provinciale SAESSCAM Taxe à l’exportation39

Prix par kg (US $) 0,15 0,13 0,01 0,12-0,18 0,06 2,9

Sources: un négociant à Kalima, Comptoir de Goma, Ministère des Mines du Nord-Kivu

Le tableau 4 montre qu’à la mi-2007, la Sakima et l’état congolais ont, à eux deux, cherché à percevoir des impôts allant jusqu’à US$ 0,53/kg ou US$ 530/tonne de cassitérite avant l’exportation, et encore US$ 2,9/kg ou US$2 900/tonne lors de l’exportation. Ceci signifierait que les revenus de l’état pour les cinq premiers mois de 2007 provenant de la production de cassitérite seule de Kalima (sans compter la taxe à l’exportation), se sont élevés à environ US$ 51 000 ; les revenus de l’état comprenant la taxe à l’exportation ont atteint US$330 000. Les cinq premières taxes qui apparaissent dans le tableau 4 sont prélevées dans la province de Maniema, soit à Kalima, soit à Kindu. La cassitérite ne quitte la province que par avion, dans des sacs qui sont faciles à compter. Tout décompte inférieur de ces cinq taxes est par conséquent provoqué par un élément de corruption, dans lequel le vendeur et le fonctionnaire responsables du prélèvement de l’impôt se mettent d’accord pour effectuer une fausse déclaration des biens et pour se partager la taxe impayée entre eux. La taxe finale est prélevée à Goma ou à Bukavu, lorsque la cassitérite s’apprête à quitter le pays. Il s’agit là de la plus onéreuse des taxes prélevées, mais c’est également la plus simple à éviter, puisque les exportateurs peuvent proposer des pots-devin aux fonctionnaires responsables, comme on l’a vu ci-dessus, ou peuvent tenter de les éviter en empruntant des petites routes pour traverser la frontière. Le trafic de cassitérite vers le Rwanda à partir des Kivu est important depuis des années, bien qu’il semblerait qu’en 2007, les douanes congolaises ont déployé d’intenses efforts pour lutter contre ce problème. Effort ou non, cependant, la cassitérite congolaise continuera d’être illégalement amenée au Rwanda aussi longtemps qu’il existera des différences entre les régimes fiscaux de l’exportation des deux pays. Le Rwanda ne prélève en effet pas de taxe sur les minerais, alors que la taxe à l’exportation de la RDC est anormalement élevée. Le manque de fiscalité sur l’exportation de minerais

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au Rwanda n’est pas provoqué, comme certains hauts responsables congolais le pensent, par le fait que les autorités rwandaises tentent de braconner la production congolaise et de se l’approprier : il n’existe en fait aucune taxe à l’exportation au Rwanda sur les exportations nontraditionnelles (ENT). Ces ENT comprennent tous les produits sauf le thé et le café, dans le cadre d’un ensemble de mesures fiscales proposées par le Fonds Monétaire International visant la promotion de ces mêmes ENT. La question qui est la plus pertinente, cependant, est la suivante : pourquoi la taxation de la cassitérite en RDC est-elle si élevée ? On peut immédiatement mentionner le besoin urgent en revenus de l’état congolais. Mais il ne s’agit que d’un élément de réponse, puisqu’il existe également des problèmes de structures. Le principal problème de structure ici est la difficulté générale de l’état congolais à percevoir les revenus domestiques, car ceci mène à une sur-dépendance par rapport aux taxes visant le commerce international (comme par exemple la taxe à l’exportation de la cassitérite), qui sont plus faciles à percevoir que la plupart des revenus domestiques. Ceci pénalise cependant le commerce international du pays, au détriment de l’économie. Le remplacement de la taxe générale sur les ventes (GST) par la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est une manière populaire de dynamiser les revenus domestiques, comme beaucoup de pays africains (dont le Rwanda) ont pu le voir. Si la TVA était introduite en

Il est possible de doubler les profits en évitant de payer la taxe à l’exportation, ce qui représente une forte motivation parmi les exploitants. RDC, elle dynamiserait les revenus domestiques en mieux permettant aux autorités fiscales d’utiliser l’effet de multiplication provoqué par des plus grands frais d’exploitation et dépenses d’investissement encourus par des individus avec des revenus en hausse grâce à l’exploitation de cassitérite. Les autorités fiscales de la RDC n’ont cependant pas la capacité adéquate percevoir la TVA et continuent d’utiliser la taxe générale sur les ventes. Des problèmes similaires, qui affectent les autorités fiscales, réduisent la quantité des perceptions auprès des entreprises et au niveau des impôts sur le revenu. Entre-temps, la surdépendance de l’État par

rapport aux revenus générés par la taxe sur le commerce international provoque une augmentation non seulement de la taxe à l’exportation mais également au niveau des tarifs relatifs à l’importation ; ceci encourage le trafic de biens vers le pays et au départ de celui-ci. Il existe une autre raison derrière le fort taux d’imposition à l’exportation en RDC, en ce qui concerne la cassitérite : les autorités tentent désespérément de maximiser les revenus provenant des individus qui n’effectuent aucun trafic, afin de compenser la perte de revenu provoquée par les trafiquants. Il semblerait également y avoir des éléments de trafic, selon l’Office des Douanes et Accises (OFIDA) basé à Kinshasa, et de corruption entre les hauts fonctionnaires provinciaux, qui ont fortement tendance à empocher les revenus au lieu de les transmettre au gouvernement central40. Ce grief est fondé, mais il convient de comprendre que les autorités provinciales ont quelques scrupules à faire parvenir les rapports de perceptions fiscale à Kinshasa, car seule une infime proportion de ces revenus est redirigée de la capitale aux provinces. Au grand dam des gouverneurs et parlements des provinces, le budget national de 2007 a omis une promesse précédente du gouvernement concernant l’augmentation de 10 à 40% des revenus transférés du gouvernement central aux autorités provinciales, dans le cadre d’un ensemble de mesures de décentralisation. En guise d’excuse pour ce retard, le gouvernement a indiqué que le transfert de 40% des revenus ne peut commencer qu’une fois que l’une des phases du programme de décentralisation – la phase du remplacement des 12 provinces du pays par 26 nouvelles divisions – sera achevée en 2010 (Economic Intelligence Unit, 2007). Jusque là, en plus du sentiment général, au niveau provincial, que les revenus de l’état disparaissent dans les caisses de Kinshasa sans jamais refaire surface, il n’est pas surprenant d’observer un certain manque de motivation pour le paiement intégral au gouvernement central. Une plus grande décentralisation dans la distribution des ressources du gouvernement, ainsi qu’une perception améliorée des revenus domestiques, pourraient contribuer à créer un espace fiscal permettant au gouvernement de réduire la taxe à l’exportation, dont celle prélevée sur la cassitérite ; ceci découragerait le trafic, et assurerait une augmentation dans la perception fiscale générale de la cassitérite, ou de l’exploitation minière en général dans le pays. Cette stratégie exige cependant la mise en place d’une réforme fiscale et politique authentique, difficile et complexe. Jusqu’à présent, le gouvernement de la RDC a opté pour une solution de moindre résistance et de moindre impact, qui consiste juste à augmenter la taxe à l’exportation, et à espérer obtenir les meilleurs résultats

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Les employés de la Sakima Quelques 504 anciens employés de la Sominki, qui ont, pour la plupart, plus de soixante-dix ans, sont restés à la Sakima dans l’espoir qu’un jour, la compagnie leur versera leur prime de licenciement et leurs contributions pour la retraite qui leur sont dues. L’Union Nationale des Travailleurs du Congo (UNTC), qui représente 410 de ces employés, a évalué la somme que la compagnie doit à ces derniers à US$ 19 millions. En 2006, la Banque Mondiale a versé des primes de licenciement à des milliers d’employés de la Gécamines dans le cadre d’un ensemble de mesures de réformes visant à restituer la rentabilité de cette entreprise paraétatique du Katanga. La Sominki, cependant, était une compagnie privée ; il semblerait peu probable que la générosité de la Banque Mondiale ne touche ses ex-employés. Une partie de l’investissement putatif de US$ 36 millions de CAR dans la Sakima, bien que celui-ci n’atteigne pas US$ 19 millions41, sert à payer les employés de la Sominki, mais avec cet investissement en suspens, les employés ont de sérieux doutes quant à la venue de cet argent42. En mai 2007, Victor Kasongo, le ministre adjoint des mines, s’est rendu à Kalima, et a promis de résoudre le problème à son retour à Kinshasa. Peu de temps après, on a parlé de l’établissement de nouveaux comités (dont ferait partie Banro) qui seraient chargés d’étudier les circonstances sous lesquelles la Sominki avait été liquidée ; au moment de la rédaction de cette étude, cependant, cette initiative n’a rien produit.

Les négociants A la mi-2007, 18 négociants opéraient sur Kalima. Durant cette période, ces derniers ont acheté de la cassitérite aux exploitants, à un prix de US$ 5,5/kilo, et l’ont revendue aux comptoirs à US$ 7/kilo. De janvier à mai 2007, lorsque la production de cassitérite de Kalima a atteint 482 tonnes (voir le tableau 2), les négociants locaux ont gagné un total de US$ 723 000, ce qui équivaut en moyenne à US$ 144 600 par mois. Il n’a pas été possible de déterminer comment ces sommes ont été partagées entre les négociants, bien que le plus important d’entre eux ait affirmé avoir acheté puis vendu 50–60 tonnes de cassitérite par mois, ce qui équivaut à la moitié du total produit à Kalima43. La plupart des revenus des négociants font office de profit, puisque les taxes et les taxes de transport sont versées par les comptoirs, ce qui laisse les coûts de la main d’œuvre44, une taxe provinciale de US$ 0,12–0,18/kilo et les différents versements nécessaires pour que les négociants puissent maintenir leur position45. Avec un commerce si lucratif, il n’est pas surprenant que la plupart des négociants de Kalima – si ce n’est tous – ont des contacts politiques et bénéficient

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par conséquent d’une certaine protection. Pour tout cela, les négociants de Kalima se considèrent comme privilégiés en comparaison avec leurs homologues du Nord et du Sud-Kivu, car il n’y a pas, à Kalima, de milice armée qui exige une part de leurs profits. Comme l’un des négociants le dit, « à Walikale, il y a tellement de soldats. Mais ici, nous sommes libres, libres, libres »46. La majeure partie des profits des négociants est réinvestie à Kalima, souvent dans l’établissement et l’accumulation de stocks dans des magasins de plus en plus ambitieux. Tous les négociants de Kalima se connaissent bien, et il existe entre eux une association informelle. Cependant, ils se considèrent tous comme concurrents. C’est peutêtre la raison pour laquelle les négociants ne sont jusqu’à présent pas parvenus à s’unir pour résoudre l’un de leurs problèmes les plus urgent : l’état de délabrement complet de la route qui relie Kalima à Kindu. Il est dans l’intérêt de tous les négociants de réparer cet axe routier, car cela réduirait l’usure de leurs camions. Une telle union permettrait de résoudre le problème, mais les négociants n’ont pour l’instant pas trouvé de terrain d’entente pour traiter cette question de manière collective.

Les comptoirs Il n’existe aucun comptoir de cassitérite à Kalima ou à Kindu, mais il en existait 22 à Goma et 10 à Bukavu à la mi-2007 ; chacun d’entre eux achetait des négociants et revendait à des acheteurs étrangers. On a estimé que les comptoirs de Goma dépensaient US$ 7,7 millions par mois pour l’achat de cassitérite durant la première moitié de 2007, et employait environ 550 individus entre eux47. Lorsqu’on leur pose la question, la plupart des comptoirs insistent sur le fait qu’ils choisissent les négociants avec qui ils traitent soigneusement, afin de s’assurer qu’ils n’achètent pas de cassitérite des sites contrôlés par la milice. Certains de ces négociants disent peut-être la vérité, mais le fait est que la cassitérite provenant de tels sites n’a aucune difficulté à s’intégrer dans le marché : il est évident que quelqu’un l’achète. Dans un effort visant à introduire une mesure de responsabilité dans les pratiques commerciales des comptoirs, Global Witness a, en février 2007, déposé une plainte en Grande-Bretagne contre la compagnie Afrimex, qui y a son siège, au Point de Contact National britannique, dans le cadre des procédures renforcées du gouvernement britannique, qui ont pour but d’étudier les contraventions des Directives pour les Entreprises Multinationales de l’OCDE. Afrimex opère à Bukavu, à Kotecha, où elle est la plus grande entreprise de commerce alimentaire de la ville. Kotecha est également un important comptoir de cassitérite, et Global Witness a accusé ce comptoir d’acheter des minerais provenant

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de mines contrôlées par des milices non-étatiques48. Le Point National de Contact britannique n’a visiblement pas encore agi au moment de la rédaction de cette étude. La majeure partie – si ce n’est pas la totalité de la production – de la cassitérite provenant de Goma et de Bukavu est envoyée vers la Malaysia Smelting Company (MPC), la plus grande fonderie d’étain au monde. En général, le produit passe par Kigali, au Rwanda, puis se dirige vers Mombasa, à partir d’où la production est envoyée à sa destination finale. La production passe parfois par un comptoir rwandais (voir ci-dessous). Pour que les comptoirs réussissent dans leurs opérations à Goma ou à Bukavu, ils doivent avoir un capital et des contacts politiques ; beaucoup d’entre eux appartiennent en effet à des politiciens et à leurs financiers. Le maintien de réseaux est vital pour que les comptoirs assurent une offre régulière du produit. La plupart de la production de Kalima est destinée aux comptoirs de la MPC, et passe par un négociant particulièrement influent49. Comme on l’a vu ci-dessus, à la mi-2007, ces comptoirs achetaient des minerais de cassitérite auprès des négociants à un prix de US$ 7/kg. Une tonne de cassitérite de Kalima contient environ 670 kg d’étain, ce qui signifie que pour acheter une tonne d’étain, les comptoirs doivent acheter 1,49 tonnes de minerais provenant de Kalima. A US$ 7/kg, cela coûte US$ 10 430/tonne à la mi-2007. Le prix international de l’étain a affiché une extrême volatilité en 2007 : il a commencé à environ US$10 000, a atteint US$14 000 durant les recherches effectuées pour cette étude, a culminé à presque US$17 000 en juillet 2007, puis est lourdement retombé à environ US$ 13 000 en août. Lorsque le prix était de US$ 14 000, et que le prix d’achat était de US$7/kg, les comptoirs encaissaient de manière générale US$ 500/tonne ou US$ 0,50/kg en profits, une fois toutes les taxes, frais de transport, traitement des minerais et coûts d’exploitation déduits. Un profit supplémentaire et parfois relativement important pouvait se présenter à partir des autres minerais trouvés dans la production ; l’un des comptoirs nous a en effet indiqué qu’à la mi-2007, le niobium s’était montré particulièrement « intéressant »50. Même sans ce profit supplémentaire, US$ 500/tonne sur la cassitérite représentait un excellent profit, même si cela ne représente qu’une marge d’un tiers de la marge dont jouissent les négociants51. Si les comptoirs ne payaient pas leur taxe à l’exportation en exportant frauduleusement leurs produits en dehors de la RDC ou en les déclarant de manière erronée de la manière décrite ci-dessus, ceux-ci pourraient économiser US$ 500/tonne, ce qui leur permettrait de doubler leurs profits. Il devient alors très motivant de se lancer dans le trafic illégal, ce que beaucoup font déjà à cœur joie.

Le Rwanda Toute – ou presque toute - la production de cassitérite de la RDC passe par le Rwanda. Il semblerait y avoir de 10 à 15 comptoirs à Kigali à la mi-200752. Comme nous l’avons dit, la plupart de la cassitérite est illégalement exportée de la RDC au Rwanda afin d’éviter les taxes congolaises à l’exportation. Ce produit illégalement importé au Rwanda est alors exporté en tant que produit rwandais, ce qui explique pourquoi les chiffres de l’exportation de cassitérite du Rwanda sont beaucoup plus élevés que ceux de sa production53. La conclusion que tirent de nombreux Congolais à ce propos est partagée et résumée par Global Witness, qui écrit que : Le Rwanda, qui est le canal principal pour l’exportation de cassitérite, tire d’importants avantages de cette situation. Ainsi, la stabilisation du Rwanda est accomplie au détriment de la paix, de la sécurité et de la trésorerie de la RDC54.

Cette conclusion est assez populaire, mais sa validité n’est pas garantie. Il est vrai que la plus grande partie de la cassitérite à l’exportation au départ du Rwanda devrait officiellement être considérée comme de la marchandise à l’export transitant par le Rwanda, puisqu’une telle description erronée ne rend ni le Rwanda ni son gouvernement plus riches. Si l’on considère tout d’abord l’économie nationale du Rwanda, cette description incorrecte des chiffres de l’exportation signifie que la balance officielle des paiements est plus positive qu’elle ne devrait l’être. Cependant, puisqu’en réalité, au-delà des statistiques officielles, les comptoirs rwandais doivent de toute manière payer les Congolais pour la cassitérite, la balance réelle ne change en rien. Entre temps, le gouvernement du Rwanda ne taxe pas l’importation de cassitérite provenant du Rwanda, et ne charge également pas de taxe à l’exportation. Les Autorités Fiscales du Rwanda (RRA) n’imposent aux comptoirs de Kigali qu’une taxe sur les entreprises et l’impôt sur le revenu de leurs employés, cela sans s’intéresser à l’état de la déclaration, au niveau de la frontière entre les deux pays, de la cassitérite. Il ne semble ainsi n’y avoir aucune raison pour laquelle le trafic de cassitérite devrait enrichir les caisses de l’état rwandais. Il semblerait que dans le passé, durant l’occupation de l’est de la RDC par le RCD, les Forces de Défense Rwandaises (RDF) faisaient elles-mêmes le commerce du coltan, et en tiraient directement profit, bien que les autorités rwandaises nient en bloc cette accusation. Rien ne permet cependant d’affirmer qu’en 2007, les RDF ou tout autre organe de l’état rwandais faisaient activement commerce de la cassitérite et en tirait un profit direct.

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Les compagnies minières internationales Pour les compagnies minières internationales, le nordest de la RDC est un milieu trop difficile pour pouvoir y opérer : il s’agit d’une région que la plupart de ces compagnies évitent. La compagnie Banro est une exception, puisqu’elle s’est accrochée avec ténacité aux dépôts d’or du Sud-Kivu. Les principaux efforts de la compagnie se sont dirigés vers l’augmentation de leurs réserves par l’intermédiaire d’un programme de forage. Une stratégie similaire avait été adoptée par d’autres compagnies internationales d’extraction d’or prospectant dans les mines d’or de Kilomoto, dans la Province Orientale, un peu plus au nord du pays. La compagnie CAR a également l’intention d’effectuer un important programme de forage sur le territoire de la Sakima, mais avait à l’origine semblé vouloir reprendre l’exploitation minière industrielle de Kalima. En 2007, après des années de négociations difficiles et onéreuses avec la Sakima, l’enthousiasme de la CAR en ce qui concerne Kalima a disparu petit à petit, et la compagnie s’est alors concentrée sur la mise en place d’un programme de forage à Bisie, tout en maintenant ses comptoirs à Goma et Bukavu. D’autres compagnies internationales plus modestes ont souhaité obtenir des amodiations pour les dépôts de la Sakima, et certaines d’entre elles y sont parvenues, dont une près de Kalima. Pour un tel privilège, ces petites compagnies doivent payer un loyer relativement élevé à la Sakima, mais la situation est difficile et la production des amodiations est, dit-on, minime55.

Conclusion Peu de compagnies minières, de gouvernements ou d’activistes au sein des ONG ont quelque chose de positif à dire en ce qui concerne l’exploitation minière artisanale. Les compagnies se plaignent du fait que les exploitants artisanaux choisissent avec soin les meilleurs dépôts, ce qui élimine le potentiel d’extraction à long terme en raison des opérations non planifiées et anarchiques. Les gouvernements s’inquiètent que la production artisanale ne génère pas suffisamment d’impôts, et qu’elle finance parfois les milices non-étatiques et/ou les gouvernements voisins hostiles. Les activistes des ONG ont tendance à partager l’avis des gouvernements à ce propos, et s’inquiètent également des conditions de travail extrêmement risquées sur les sites artisanaux ainsi que de l’incidence du travail des enfants Nous avons cependant dit, dans l’introduction de cette étude, que chaque situation relative à l’exploitation minière est différente de l’autre ; nous espérons que l’analyse du cas de Kalima a souligné cet aspect. Le principal résultat de cette étude est que l’exploitation 14

minière artisanale génère non seulement une meilleure production que l’exploitation industrielle, mais s’avère également préférable pour les habitants de Kalima, surtout actuellement, puisque les prix des commodités sont particulièrement élevés. Cette préférence existe pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’exploitation minière artisanale emploie davantage d’individus que l’exploitation industrielle. Deuxièmement, les milliers de mineurs informels de Kalima reçoivent une proportion infiniment plus élevée du prix final de l’étain pour leur production de cassitérite que lorsqu’ils étaient employés par les mines industrielles ; ils bénéficient également directement et immédiatement des prix mondiaux en hausse. Troisièmement, les conditions d’emploi des prospecteurs sont moins hiérarchiques et oppressives, et, grâce à la prolifération des associations de prospecteurs, sont également beaucoup plus démocratiques que jamais. Il est aussi à noter que les femmes se voient offrir beaucoup plus d’opportunités en ce qui concerne leur avancement, comme le prouve l’apparition, à Kalima, d’associations dirigées par des femmes. Il est inquiétant de voir que l’agriculture locale a souffert de l’explosion de l’exploitation minière informelle à Kalima, mais cela est, à vrai dire, peu surprenant. Et si les fermiers reconvertis en prospecteurs achètent leurs aliments auprès d’autres agriculteurs, cela ne contribue-t-il pas au développement de l’économie rurale ? Au lieu de cela, il convient plutôt de se pencher sur le véritable problème, qui est celui de l’absence de services sociaux, qui affecte beaucoup de villes minières précédemment industrielles telles que Kalima. Il devient urgent de revitaliser ces services, en utilisant, en partie ou complètement, les contributions des exploitants artisanaux afin d’assurer l’appropriation de ces services, mais aussi les dons des bailleurs de fonds et agences humanitaires. Dans des circonstances normales, l’état devrait lui aussi jouer un rôle, et peut-être le fera-t-il un jour, par l’intermédiaire du SAESSCAM. Cependant, attendre que l’état ne fournisse ces services n’a jamais été un choix judicieux jusqu’à présent en RDC, et ni les bailleurs de fonds et agences humanitaires, ni la communauté de Kalima ne devraient actuellement compter sur cette possibilité. Les impacts sur l’environnement de l’exploitation minière artisanale à Kalima, cependant, méritent un examen plus approfondi. Une étude préliminaire et l’opinion locale en général révèlent que l’exploitation minière artisanale est beaucoup moins nocive pour l’environnement à Kalima que la production industrielle. Si cela est vrai, une telle conclusion serait essentielle, et devrait pouvoir contribuer aux futurs développements de la zone. Mais c’est précisément l’importance d’une telle théorie qui exige des études plus approfondies par des experts en environnement ; cela n’a malheureusement

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pas été possible pour cette étude. En même temps, il est incontestable que le transport des minerais par avion est une manière qui nuit davantage à l’environnement que le transport de la production par chemin de fer, que l’on utilisait dans le passé. La solution repose dans la redynamisation des chemins de fer, et la remise en état des voies. Les bailleurs de fonds sensibles au respect de l’environnement et cherchant à investir dans des projets au Congo devront peut-être prendre note de cet aspect. La Province du Maniema est moins affectée par les conflits politico-ethniques que le Nord et le Sud-Kivu, et souffre moins des ravages et de la prédation des groupes armés, que ceux-ci soient commandités par l’état ou non. Que cette situation existe malgré la similarité des ressources que l’on trouve dans le Maniema et dans les Kivus suggère que les conflits en cours dans les Kivus ne sont pas une guerre pour les ressources, mais une guerre qui est entretenue par les ressources. L’absence de milices armées dans la province du Maniema est une importante raison pour laquelle l’exploitation minière artisanale de Kalima semble si peu dangereuse ; cette absence de violence améliore en effet les prix dont bénéficient les prospecteurs, leurs conditions et relations de travail. Cette étude a montré que l’état congolais tire davantage de revenus fiscaux de l’exploitation de la cassitérite qu’il ne semblerait à première vue, même si ces revenus ne sont pas aussi élevés qu’il le souhaiterait. Les ONG internationales telles que Global Witness font fortement pression pour augmenter les revenus fiscaux de l’état congolais provenant des ressources naturelles, ce qui est une bonne chose. La dynamisation de la perception des revenus domestiques est une composante vitale de la construction de l’état, et est actuellement essentielle. Il convient également de reconnaître qu’un sérieux efforts de dynamisation des revenus domestiques ne signifie pas simplement la perception des taxes actuellement imposées par l’état congolais, mais, plus fondamentalement, la restructuration du système fiscal afin de rendre les prélèvements sur le commerce international moins pénalisants, l’introduction de la TVA ainsi que l’amélioration du système de déclaration d’impôts pour les particuliers et les entreprises. Augmenter simplement les impôts commerciaux vers d’absurdes niveaux, et crier au vol lorsque les entreprises arrivent à y échapper est une bien faible stratégie fiscale que nul ne devrait encourager. On a beaucoup étudié, écrit et révélé à propos de l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC par les pays voisins ; ceci a permis de mieux comprendre les véritables flux commerciaux et financiers dans la Région des Grands Lacs. Mais il est faut de supposer tacitement que puisque les ressources sont frauduleusement exportées à partir de la RDC vers les pays avoisinants que ces derniers, ou leurs gouvernements, en tirent un

immense avantage. A l’évidence, de gros profits peuvent se présenter de temps à autres, comme cela a été le cas dans la guerre en RDC entre 1998 et 2002. Mais, comme on l’a dit ci-dessus, les soldes artificiellement miraculeux des paiements pour les pays voisins de la RDC qui apparaissent en raison de la fraude ne donnent pas nécessairement d’avantage aux économies concernées ; les avantages potentiels pour les caisses des gouvernements voisins dépendent de leurs propres régimes fiscaux. Lorsque les états n’imposent aucune taxe à l’exportation ou à l’importation, les avantages deviennent minimes. En résumé, la conclusion de la présente étude est que dans le cas de Kalima, l’exploitation artisanale minière bénéficie davantage à ses habitants en termes d’emploi, de revenu, de conditions de travail et d’égalité des sexes que l’exploitation minière industrielle. Cette étude suggère, de plus, que l’impact sur l’environnement de la prospection artisanale, sauf pour l’extravagance du transport aérien des minerais produits, est beaucoup plus léger que dans le cas de l’exploitation industrielle. Enfin, les revenus fiscaux sont manifestement plus faibles que lorsque les minerais étaient extraient à l’échelle industrielle, mais ceci est provoqué par le caractère inadéquat du régime fiscal congolais, qui exige une réforme urgente. Plutôt que de se concentrer excessivement sur la question fiscale, l’état congolais devrait se pencher davantage sur la prestation de services publics, pour rappeler à ses citoyens fatigués la raison d’être des revenus fiscaux.

Notes 1 http://www.citypopulation.de/CongoDemRep.html 2 La cassitérite est de l’oxyde d’étain : c’est le minerai principal que l’on trouve dans l’étain. On utilise la cassitérite comme revêtement de protection pour les conteneurs en acier, dans la soudure pour assembler des tuyauteries ou dans les circuits électriques et électroniques, dans les alliages utilisés dans les roulements, dans la fabrication du verre et dans une vaste gamme d’applications chimiques de l’étain. Voir http://minerals.usgs.gov/minerals/pubs/commodity/tin (page téléchargée le 31 mars 2009).

Le wolfram, que l’on appelle également wolframite ou minerai de tungstène, est un important élément dans la production d’équipements électriques, des ampoules simples aux équipements militaires les plus sophistiqués. Voir http://minerals. usgs.gov/minerals/pubs/commodity/tungsten (page téléchargée le 31 mars 2009).



Le coltan, dont le nom est la contraction de columbite-tantalite, est un minerai métallique que l’on utilise principalement dans les équipements électroniques (téléphones mobiles, ordinateurs). Voir http://www.tanb.org/index.html (page téléchargée le 31 mars 2009).

3 Entretien avec Michel Kabagambe Lobho, directeur de l’exploration, Sakima, Kalima, juin 2007.

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4 Rapport Internet de la Sakima, 2005, dont l’auteur a pu obtenir une copie partielle. 5 Global Witness, Under-mining peace; Tin: The explosive trade in cassiterite in eastern DRC, London: Global Witness, 2005, 15. 6 Entretien avec Faruzi Mukonde, Directeur Général de la Sakima, Kalima, juin 2007. 7 Entretien avec Michel Kabagambe, op cit. 8 A l’époque, ces pays était la Malaisie, le Nigeria, la Bolivie et les Indes orientales néerlandaises. 9 S. Pawlett, The rise and fall of comibol: The political economy of Bolivian tin, 1999, http://archives.econ.utah.edu/archives/penl/1999m10.d/msg00005.htm 10 Entretien avec le directeur de la compagnie minière, Goma, juin 2007. 11 A. Tegera, The coltan phenomenon: How a rare mineral has changed the life of the population of war-torn North Kivu province in the east of the Democratic Republic of Congo, Goma: Pole Institute, 2002. 12 G. Mthembu-Salter, The Democratic Republic of Congo, recent history, in Africa south of the Sahara 2007, London: Europa, 2006. 13 Entretien avec Jean Zabakulu Lubungu, Délégué Syndical Principal, Sakima, Kalima, juin 2007. 14 Ibid. 15 Entretien avec Michel Kabagambe, op cit. 16 La controverse concernant la véracité de la relation filiale entre Joseph et Laurent Kabila existe depuis des années. 17 Mthembu-Salter, The Democratic Republic of Congo, 2006. 18 Entretien avec Brian Christophers, Directeur Général, Mining Processing Congo, Goma, 15 juin 2007. 19 Les amodiations sont des contrats dans le cadre desquels le propriétaire d’un titre minier donne en partie ou en intégralité l’exploitation de ce titre à une autre partie, qui verse des royalties au détenteur du titre. http://www.presse-francophone. org/apfa/defi/a/amodiati.htm 20 Entretien avec Brian Christophers, op cit. 21 Entretien avec Faruzi Mukonde, op cit.

28 Entretien avec Michel Kabagambe, op cit. 29 Entretiens avec des prospecteurs et des employés de la Sakima, Kalima, juin 2007. 30 Entretien téléphonique avec un résident de Kalima, août 2007. 31 Entretien avec Lufimbo Kikusi Kaskito, op cit. 32 Entretien avec Tchengi Ikaso Raymond, Vice-président de l’organisation de la société civile Pangi, Kalima, juin 2007. 33 Visite à l’Hôpital Général de Kalima, juin 2007. 34 Ibid. 35 Entretiens avec le personnel médical, Hôpital Général de Kalima, juin 2007. 36 Entretien avec Lambert Molamba, Directeur des Services Sociaux, Sakima, Kalima, juin 2007. 37 S. Bellaiche, République Démocratique du Congo: Le défi démocratique, Bilans et Perspectives, Kinshasa: Promotion Afrique, 2005. 38 Interrogé à Kalima, juin 2007. 39 Global Witness, Under-mining peace, 5. 40 Cette taxe est prélevée par l’Office des Douanes et Accises (OFIDA), l’Office Congolais du Contrôle (OCC), la Cellule Technique de Coordination et de Planification Minière (CTCPM) et l’Office de Gestion du Fret Maritime (OGEFREM). 41 Entretien avec Deo Rugwiza, Directeur Général de l’OFIDA, Kinshasa, mars 2006. 42 Entretien avec Brian Christophers, op cit. 43 Entretien avec Jean Zabakulu Lubungu, op cit. 44 Entretien avec Norbert Kipalamoto, Kalima, juin 2007. 45 Chaque négociant emploie des dizaines de jeunes hommes, principalement pour trier et manipuler les matières. 46 Entretien avec un acheteur dans un comptoir, Goma, juin 2007. 47 Entretien avec Norbert Kipalamoto, op cit. 48 Documentation interne d’un comptoir, Goma, juin 2007. 49 Global Witness, Press release, 2007, http://www.globalwitness. org/media_library_detail.php/510/en/global_witness_calls_ upon_the_uk_government_to_hol

22 Entretien avec Brian Christophers, op cit.

50 Entretien avec Norbert Kipalamoto, op cit, et les comptoirs de la MPC, Goma et Bukavu, juin 2007.

23 Entretien avec Faruzi Mukonde, op cit.

51 Entretien avec un opérateur de comptoir, Goma, juin 2007.

24 Entretien avec Lufimbo Kikusi Kaskito, Président d’une association de prospecteurs, village de Kamandala, juin 2007.

52 Entretien avec Norbert Friedrich, MPC, Bukavu, juin 2007.

25 Entretiens avec des prospecteurs, Kalima, juin 2007.

54 Global Witness, Under-mining peace, 30.

26 Entretien avec Norbert Kipalamoto, négociant, Kalima, juin 2007.

55 Global Witness, Under-mining peace, 4.

27 Entretien avec Lufimbo Kikusi Kaskito, op cit.

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53 Entretien avec un directeur de comptoir, Bukavu, juin 2007.

56 Entretien avec Faruzi Mukonde, op cit.

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A propos de cet article L’extraction minière artisanale est une activité économique vitale dans la ville de Kalima, en RDC. Cet article décrit la relation complexe qui existe entre l’extraction minière et la ville elle-même ainsi qu’avec le gouvernement central et les pays limitrophes. La conclusion principale de l’étude est que l’extraction minière artisanale génère non seulement une production plus importante que l’extraction industrielle, mais que celle-ci représente également une amélioration pour la population de Kalima en termes d’emploi, de revenus, de conditions de travail et d’égalité des sexes. L’article suggère de plus que l’impact environnemental de l’exploitation minière artisanale est plus léger que celui provoqué par l’exploitation industrielle. Les revenus fiscaux sont probablement plus faibles que si les dépôts étaient exploités de manière industrielle, mais ceci est dû en grande partie au caractère inadéquat du régime fiscal congolais. Enfin, si beaucoup associent l’exploitation minière en RDC à de violents conflits armés, l’exploitation minière dans la province du Maniema, dans laquelle se trouve Kalima, n’a donné lieu à aucun combat, et ne semble pas être utilisée par les milices ou les seigneurs de guerre. Le cas de Kalima montre que s’il existe une telle relation, celle-ci n’est pas simple à comprendre. Cet article a été rédigé pour le Programme Corruption et Gouvernance de l’ISS (Le Cap) dans le cadre d’un projet de recherche sur l’exploitation des ressources naturelles en Afrique. Pour obtenir davantage d’informations, veuillez contacte le Bureau du Cap de l’ISS.

A propos de l’auteur Gregory Mthembu-Salter est chercheur et auteur dans le domaine de l’économie politique de l’Afrique ; il a effectué des recherches sur diverses questions concernant le continent, du commerce transfrontalier non déclaré à la relation entre ressources naturelles et conflit. Il a également travaillé sur les thèmes de l’investissement chinois en Afrique, de la prolifération des armes légères et du blanchiment d’argent. De 2007 à 2008, Gregory a fait partie d’un panel d’experts de l’ONU sur l’embargo international concernant les armes en RDC. Il rédige régulièrement des articles pour l’Unité des Renseignements Economiques, The Africa Report et le bulletin d’informations Africa Confidential. Gregory est également disc-jockey, et vit à Scarborough, en Afrique du Sud.

FUNDER Cet article a généreusement été financé avec le soutien de l’Ambassade Royale de Norvège en Afrique du Sud.

L’Institut des Études de Sécurité (ISS), en qualité de grande institution africaine de recherche sur la sécurité humaine, œuvre pour une Afrique stable et pacifique caractérisée par le développement durable, les droits de l’homme, la règle du droit, la démocratie et la sécurité collaborative. L’ISS réalise cette vision par :   Des recherches appliquées   Un travail en collaboration avec

d’autres individus et institutions   La facilitation et le soutien à la

formulation des politiques   Le suivi des tendances et de la

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