La beauté reprend ses droits. ils font ça comme ça AWS

états-Unis. La beauté reprend ses droits. temps de travail limité, rémunération réglementée… Une loi américaine accorde enfin des droits aux mannequins de moins de 16 ans, jusqu'ici victimes de nombreux abus. déposées, conformément à la loi, par les agences. Pour leur part, les organisateurs de la Fashion Week de ...
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ils font ça comme ça !

états-Unis

La beauté reprend ses droits.

temps de travail limité, rémunération réglementée… Une loi américaine accorde enfin des droits aux mannequins de moins de 16 ans, jusqu’ici victimes de nombreux abus.

Jennifer Szymaszek/AP/Sipa. Wang Zhao/AFP

L

du 4 au 12 septembre à la Fashion Week de New York ont, pour la plupart, commencé à travailler entre 13 et 15 ans. Certaines sont promises à une success story, mais les espoirs de beaucoup d’autres seront vite déçus et leur adolescence sera peut-être brisée. C’est pour protéger ces top-modèles en herbe que Sara Ziff, égérie de Tommy Hilfiger, Calvin Klein et Stella McCartney, a créé, il y a deux ans, The Model Alliance, une association de défense des mannequins aux Etats-Unis. Aujourd’hui âgé de 31 ans, ce mannequin, qui a débuté à 14 ans, vient de remporter une victoire. Le 12 juin, Sénat et Assemblée de l’Etat de New York ont décidé d’accorder aux modèles de moins de 16 ans les mêmes droits qu’aux autres artistes mineurs, acteurs d’Hollywood ou de Broadway. Susan Scafidi, avocate spécialisée en droit de la mode, se réjouit que cette « anomalie historique » soit en passe d’être réglée. Pour les jeunes mannequins, le nombre d’heures sera désormais réglementé, et au moins 15 % de leur rémunération seront transférés sur un compte auquel elles n’accéderont qu’à leur majorité. Photographes et créateurs devront les nourrir et prévoir des pauses. Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a jusqu’à la fin de l’année pour signer la loi, et « il n’y a aucune raison qu’il ne le fasse pas », affirme Susan Scafidi. La situation a déjà commencé à changer. Cet été, le site Internet du Department of Labor (la direction du travail) a croulé sous les demandes de dossiers d’embauche de mineures, es mannequins que l’on a vus défileR

L’ex-top-modèle Sara Ziff (à gauche) a créé aux Etats-Unis une association de défense des mannequins.

déposées, conformément à la loi, par les agences. Pour leur part, les organisateurs de la Fashion Week de New York ont décidé de ne pas employer, cette année, de mannequins âgés de moins de 16 ans. Et de nombreux créateurs demandent dorénavant aux directeurs de casting de privilégier les plus de 18 ans. Susan Scafidi souhaite qu’en garantissant des droits aux mineurs l’industrie prenne de bonnes habitudes. Elle espère aussi que les plus jeunes, habituées à certains droits, «exigeront peut-être plus facilement d’être traitées comme des êtres humains tout au long de leur carrière». La loi sur les moins de 16 ans est pourtant loin de régler tous les problèmes d’une industrie de la mode dont le glamour cache une réalité moins brillante. Une fois majeurs, les mannequins ne seront toujours pas protégés par le droit du travail américain. Pas d’horaire maximum ni d’assurance santé ou de retraite, du fait de leur statut de travailleur indépendant. Une situation bien différente de la France, où « le droit est très protecteur, assure Sébastien Lachaussée, avocat au barreau de Paris. Elles sont salariées, et la convention collective s’applique ». Reste un ceRcle vicieux, à l’œuvre des deux côtés de l’Atlantique, qui n’a pas encore été brisé. La plupart des modèles, en effet, sont endettés auprès des agences pour lesquelles elles travaillent. Billets d’avion, chambres d’hôtel, impression du book et taxis sont facturés et déduits du cachet en toute opacité. La sociologue Ashley Mears, qui a défilé pendant des années, parle de « servitude par contrat ». Anna Robertson, un modèle de 17 ans dont le visage de poupée fragile cache une certaine maturité, sera dédommagée en trade (produits de la marque pour laquelle on travaille) pour deux de ses trois défilés de la Fashion Week. La jeune Texane s’estime « chanceuse » de ne pas être endettée grâce à l’appui financier de ses parents. Avant d’envisager de gagner sa vie, elle parle du mannequinat comme d’un « hobby très onéreux »… Christelle Gérand 29