Conférence de presse du 18 août 2008

Sites éoliens : importance de la planification (discours de Madame Erika Forster-Vannini, conseillère aux États et présidente de la fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage FP) Situation actuelle L’objectif de la Suisse doit être de couvrir durablement ses besoins énergétiques en misant sur l’exploitation de ressources renouvelables. Il s’agit d’améliorer l’efficacité énergétique et de promouvoir les nouvelles énergies renouvelables, dont fait partie l’énergie éolienne. Le potentiel de la force éolienne a été démontré dans le cadre du « Concept d’énergie éolienne pour la Suisse » d’août 2004 initié par la FP. Ce dernier a permis de définir 12 sites prioritaires plus 16 proposés par les cantons, soit un potentiel total de189 aérogénérateurs en mesure de produire 316 GWh d’électricité. L’objectif de production visé jusqu’en 2010 est de 50-100 GWh grâce à 5-10 parcs comptant près de 30 éoliennes de type Collonges VS (2 MW installés, rendement de 20-25 %). L'Office fédéral de l’énergie (OFEN) a fixé pour objectif la construction de 28 parcs éoliens d’ici à 2025. Aujourd’hui, la Suisse compte 13 sites éoliens totalisant 13 MW de puissance installée. Les programmes nationaux pour la promotion de l’énergie éolienne prévoient une nette augmentation de la production au cours des années à venir. Dès le 1er janvier 2009, la production d’énergie éolienne bénéficiera de la rétribution à prix coûtant (20 ct./kWh). Cette mesure a donné naissance à une multitude d’idées de projets dont 50 sont relativement concrets. Si la Suisse est un véritable « château d’eau », elle dispose également d’un grand potentiel énergétique en matière de biomasse, de géothermie et d’énergie solaire. Étant donné le faible régime venteux et l’intérêt touristique des paysages, la situation de la Suisse la rend peu propice à l’exploitation de la force éolienne. Les installations au rendement est le plus élevé se trouvent actuellement dans la vallée du Rhône. Talon d’Achille écologique : la protection du paysage Bénéficiant d’une technologie en constante évolution, l’exploitation de l’énergie éolienne repose de plus en plus sur des installations de 130 à 180 mètres de hauteur (moyeu plus demi-rotor). Les parcs éoliens peuvent donc avoir un impact négatif sur l’environnement. Les gigantesques éoliennes modifient en effet considérablement le paysage. Plus le paysage est vierge ou plus l’implantation des aérogénérateurs est arbitraire et plus ces changements peuvent être perçus comme des dégradations. Pour la FP, il est primordial de prendre en compte la perception du paysage et l’équilibre naturel dès la planification du parc éolien. Sur une suggestion de la FP, le parlement a établi dans l’Art. 7a, al. 1 de la loi sur l’énergie (LEne) que la rétribution de l’électricité produite dans des installations nouvelles utilisant des nouvelles énergies renouvelables était liée à l’adéquation du site de

2 production. c’est-à-dire que les installations de production éoliennes ou autres ne peuvent être réalisées que si elles s’intègrent dans le paysage et que la rétribution à prix coûtant ne peut être accordée que si les sites sont appropriés. J’avais alors proposé au Conseil des États d’ajouter à l’adéquation du site d’implantation de l’installation « une aide pour le choix du site approprié ». Malheureusement, l’ordonnance sur l’énergie n’en tient pas compte. Position de la FP : l’énergie éolienne, oui mais… La FP émet des réserves sur l’énergie éolienne. Les éoliennes doivent être concentrées dans des parcs et implantées uniquement sur les sites les plus venteux. Il s’agit donc d’éviter la dispersion de grandes installations isolées. La FP œuvre depuis des années pour la mise au point d’un plan directeur. Le concept d’énergie éolienne suisse prend en compte des aspects importants de la protection du paysage mais il n’est pas contraignant. Puisque les dispositions légales font défaut au niveau fédéral, la FP a élaboré des directives pour la planification de centrales éoliennes et les a fait parvenir à tous les offices cantonaux de l’aménagement du territoire en février 2008. Entretemps, le Canton de Berne a aussi pris en compte dans son guide de mars 2008 les points importants soulevés par la FP. Par ailleurs, la FP a participé à l’étude potentielle de Bureau Natura portant sur Mont-Crosin et à la planification de centrales éoliennes dans les cantons de Lucerne et de Soleure. Au vu du grand nombre de projets, la FP propose de coordonner la planification des centrales éoliennes à l’échelle nationale et de se pencher sur la mise en œuvre d’un plan sectoriel contraignant. Il convient de formuler clairement les critères de planification puisque le législateur a fait de l’adéquation du site d’implantation une condition à l’obtention de la rétribution à prix coûtant. L’implantation d’éoliennes : critères d’exclusion selon la FP a. Les secteurs et objets protégés au niveau national. La distance minimale par rapport à ces secteurs et objets se mesure selon la jurisprudence du Tribunal fédéral et représente la distance au-delà de laquelle la vue jusqu’alors dégagée sur la zone protégée et intacte pourrait être compromise. b. Les objets protégés au niveau cantonal, dans la mesure où les installations sont contraires aux objectifs de protection, et les secteurs protégés au niveau cantonal, dans la mesure où les installations sont contraires aux objectifs de maintien d’un paysage intact. Il s’agit de maintenir une distance suffisante par rapport aux réserves naturelles et aux zones protégées. c. La forêt (la distance minimum correspond à la hauteur totale de l’installation), les lacs (exception : lacs artificiels avec barrage) et les rivières (la distance minimum doit être suffisante). d. Passages d’oiseaux migrateurs, lieux de repos et importants Bird Areas, secteurs où passent et vivent de grands oiseaux, habitats de chauve-souris. Distance de 500 m environ. e. Les crêtes exposées et intactes qui font partie intégrante d’un panorama montagneux (p. ex. la première chaîne du Jura ou les Préalpes). f. Les espaces naturels sans constructions ni équipements.

Conclusion Les sites d’exploitation appropriés pour l’énergie éolienne sont limités en Suisse : ceux qui devraient donner moins matière à conflit se trouvent sur les chaînes moyennes jurassiennes peu touristiques, dans les régions préalpines peu exposées et dans les grandes vallées. Une implantation anarchique d’éoliennes conduirait irrémédiablement à des problèmes d’acceptation par la population et remettrait en cause le travail en matière de protection du paysage dans notre pays.