Journée internationale des femmes rurales : les Objectifs de ...

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la voix rurale

Magazine Mensuel d’Information de la plateforme de Développement des Communautés Rurale " La Voix Rurale" en Afrique

N° 0001

Octobre 2016

Journée internationale des femmes rurales : les Objectifs de développement durable pour rehausser l’autonomisation des femmes rurales la voix rurale

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SOMM 01 EDITO

Magazine Mensuel d’Information de la plateforme de Développement des Communautés Rurales " LA VOIX RURALE" Numéro 001 – Octobre 2016

AIRE

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02 LE PANIER DES TECHNOLOGIES

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03 L’EXPLOITATION DES NOIX DE KARITE, UNE

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ACTIVITE EXCLUSIVEMENT FEMININE COMMUNE DE BANIKOARA (NORD BENIN)

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FEMMES RURALES ET OBJECTIFS DEVELOPPEMENT DURABLE (ODD) AU BENIN

DANS

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05 LES FEMMES AU CŒUR DE LA LUTTE CONTRE

Directeur de Publication Marthe MONTCHO

LA DEFORESTATION AU BENIN : PROMOTION DES FOYERS AMELIORES DANS LES MILIEUX RURAUX

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Rédactrice en chef

06 CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE : QUELLE

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Marthe MONTCHO

Rédaction

Marthe MONTCHO Alassan ASSANI SEIDOU Grâce CHABI Michaèl PADONOU Ray GBAGUIDI

Conseillers à la rédaction Marlise MONTCHO Brunia AKPLOGAN Jérémie ADONON

Conception Graphique & Mise en page Les éditions ProTIC Tel : (229): 97 67 44 49

IMPORTANCE POUR LA FEMME RURALE ?

07 INNOVATION RURALE : UTILISATION DES

DISTILLATEURS SOLAIRE EN VUE DE L’AMELIORATION DES PROCEDES TRADITIONNELS DE PRODUCTION DE SEL LOCAL BENINOIS ET PRESERVATION DES MANGROVES A DJEGBADJI

08 CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE AU BENIN, COMMENT INTERESSER LES JEUNES ?

09 LE CONCASSAGE DE PIERRE, UN METIER SI FRUCTUEUX QUE DANGEREUX POUR LES FEMMES

10 PREMIERE EDITION DE LA FOIRE DU PALMIER A HUILE AU BENIN : ORGANISATION DES ACTEURS INTERVENANT DANS LES CORPS DE METIERS QUI GRAVITENT AUTOUR DU PALMIER A HUILE

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l a i r ito

Ed

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n ce jour où nous célébrons la femme rurale, nous rendons hommage à la femme rurale et nous saluons l’importance de la contribution que les femmes rurales béninoises apportent au développement de notre cher pays le Bénin. Agricultrices, pêcheuses, éleveuses et chefs d’entreprise ; elles jouent un rôle essentiel et incontournable dans les économies rurales. Elles participent à la production agricole, fournissent la nourriture, l'eau et le combustible pour leur foyer. Elles mènent de front d'autres travaux en dehors de la ferme pour améliorer le niveau de vie de leur famille. De plus, elles sont en première ligne pour assurer des fonctions vitales comme l'éducation des enfants, la prise en charge des malades et des personnes âgées. Cependant elles sont confrontées à beaucoup de difficultés. Au nombre de ces difficultés, nous avons : les difficultés d’accès aux facteurs de productions agricoles notamment les difficultés d’accès légitime à la terre, à l’éducation, aux formations, aux services financiers, à la technologie etc. Reconnaitre ses défis et soutenir les femmes rurales peut constituer un levier de développement extrêmement puissant. Ainsi les ODD constituent un outil adéquat pour l’autonomisation de la femme rurale. Les Objectifs de développement durable (ODD) visent à changer le cours du 21e siècle, en relevant les défis comme la pauvreté, l'inégalité et la violence à l'égard des femmes. Pour les atteindre, la participation des femmes rurales est essentielle. c’est donc une occasion sans précédent de les associer à la mise en œuvre de ce programme et de les en faire bénéficier, en particulier en ce qui concerne l’objectif d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde, celui d’éliminer la faim, d’assurer la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de promouvoir l’agriculture durable, et celui de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de toutes les femmes.

Marthe MONTCHO grammes visent le respect du droit de la femme et son épanouissement sociale : la lutte contre les violences faites aux femmes ; les mariages précoces etc. Parlant toujours de l’autonomisation des femmes rurales, "la voix rurale" soutient le leadership et la participation des femmes rurales dans le développement rural, la production alimentaire et l’éradication de la pauvreté. Nous travaillons pour la visibilité des actions des femmes en milieu rural. Notre magazine mensuel "la voix rurale" se veut être un outil d’informations et de communications pour nos communautés rurales : nous promouvoir, nous motiver, nous rapprocher, nous améliorer. Bref nous partager la satisfaction aujourd’hui et accroître notre foi dans l’avenir. Vous y trouverez à la fois la richesse de notre agriculture, la diversité touristique de nos communautés rurales, nos innovations...

Je ne pourrais terminer sans renouveler mes remerciements à tous les acteurs du développement rural ; les membres de notre communauté "la voix rurale" pour la mise en œuvre et l’atteinte de notre commun objectif : le développement rural. J’invite chacun et tous à contiDans le but de promouvoir la femme rurale et d’atteindre nuer dans la position où il se trouve pour que vive "la l’objectif 5 des ODD au Bénin, plusieurs initiatives et voix rurale" pour une productivité agricole accrue et un programmes sont menés aussi bien par le gouverne- développement effectif de nos communauté rurales. ment béninois, les ONG, des institutions, partenaires financiers et techniques (PTF). On note un appui ins- Marthe MONTCHO, Responsable plateforme titutionnel aux associations et coopératives des femmes LA VOIX RURALE par des visites de terrains et renforcement des capacités agricoles des groupements de femmes ; des dons en matériels agricoles etc. Mise à part des actions pour l’autonomisation financière de la femme, plusieurs pro-

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LE PANIER DES TECHNOLOGIES

Processus de transformation artisanale du beurre de karité au Bénin 1ère étape : le chauffage Le décorticage des amandes se fait de manière traditionnelle. Pour ce faire, les noix sont versées dans une grande marmite jusqu’aux 2/3 et on y ajoute de l’eau pour les faire bouillir. A chaque instant, il faut remuer à l’aide d’une tige en bâton afin que les noix superficielles puissent cuire également. Après une heure de cuisson, à l’aide d’une calebasse, le contenu de la marmite est renversé dans un grand panier pour décanter l’eau qui s’y trouve. Après que l’eau soit complètement sortie, on étale les noix sur un grand espace aménagé afin qu’elles aient une bonne aération.

2ème étape : le séchage des noix Une fois les noix bouillies, elles sont séchées pendant deux semaines. Il faut les étaler afin qu’elles soient bien séchées. Souvent, des femmes mettent des pierres ou des bâtons en bordure des aires de séchage afin que l’eau de ruissellement n’emporte pas les noix. Lorsque le séchage est bien fait ; les noix secouées produisent un bruit sec du déplacement de l’amande à l’intérieur de la coque.

4ème étape : le concassage des amandes Le mortier est apprêté ainsi que le pilon. Le mortier est posé sur une natte, au besoin, afin de recueillir les graines qui tombent. Il est aussi possible d’empêcher 3ème étape : le décorticage des noix Lorsque les noix sont sèches, les femmes les tapent à la dispersion des graines par le rallongement du morl’aide d’un bois pour les décortiquer. Parfois, les noix tier avec une bassine dont la base est enlevée. bouillies et séchées sont conservées dans les greniers. Et ce n’est qu’en voulant faire le beurre, que d’autres femmes concassent les noix dans un mortier.

Photo(s) I: Concassage des amandes

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LE PANIER DES TECHNOLOGIES

5éme étape : La torréfaction des amandes Les amandes concassées en particules passent au feu pour une torréfaction. C’est une phase délicate du processus de production. Quand elle est réussie, le beurre présente une belle couleur. Même au moulin, la mouture est facilitée.

Photo(s) II: Torréfaction des amandes concassées 6ème étape : La mouture Les particules d’amandes torréfiées passent au moulin pour être moulues après avoir été refroidies pendant un moment. La mouture d’une bassine de trente (30) kilogrammes d’amandes de karité nécessite quinze (15) minutes au moulin. Le produit issu de la mouture se présente sous la forme d’une pâte épaisse de couleur marron. Il faut une expérience avérée du meunier pour ne pas passer trop de temps au moulin.

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LE PANIER DES TECHNOLOGIES

Photo(s) III: Mouture des amandes torréfiées 7ème étape : L’extraction de l’écume La pâte épaisse obtenue est ramenée au lieu de production. Elle est coupée en de petits morceaux dans des bassines contenant une petite quantité d’eau froide. Le mélange est ensuite baratté (battu) jusqu’à obtenir une pâte fine et molle. La couleur marron foncée du départ devient plus claire. A ce moment il faut y ajouter de l’eau tiède et baratter encore un moment. L’eau tiède va permettre de séparer l’écume des autres composants de l’amande, notamment les impuretés qui se déposent au fond du récipient. Il faut ensuite ajouter suffisamment d’eau froide pour permettre à l’écume de remonter à la surface.

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LE PANIER DES TECHNOLOGIES

Photo(s) IV: Extraction de l’écume 8ème étape : Le raffinage de l’huile Une fois retirée, l’écume est remise au feu pour être cuite pendant environ deux (02) heures. Elle fond et se transforme peu à peu en liquide très noir. Puis elle commence par s’éclaircir à nouveau. Une couche épaisse d’huile se forme à la surface. L’huile ainsi obtenue est du beurre encore liquide. Il faut alors la ramasser délicatement et laisser le déchet au fond de la marmite.

Photo(s) V: Raffinage de l’huile

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LE PANIER DES TECHNOLOGIES

9ème Etape : L’homogénéisation de l’épaisseur du beurre Après la décantation, pour produire le beurre de karité sous forme solide, on entame l’avant dernière étape du processus de production. Il faut rendre homogène l’épaisseur du beurre. Pour le faire, l’huile est remuée avec une tige (bâton) propre de façon continue pendant un moment dans un même sens. L’huile s’épaissit. Cette opération dure environ trente (30) minutes. Le beurre de karité est prêt. Il faut lui donner la forme commerciale souhaitée.

Photo(s) VI: Homogénéisation de l’épaisseur du beurre

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L’exploitation des noix de karité, une activité exclusivement féminine dans commune de Banikoara (Nord Bénin)

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a commune de Banikoara jouit de nombreuses ressources forestières telle que le karité, le néré et autres. La plante de karité est une plante saisonnière qui produit les fruits pendant la saison pluvieuse. Les fruits de cet arbre constitue richesse intarissable pour la commune entière et singulièrement aux braves femmes agricoles de nos différents arrondissements. Dès l’aurore les femmes s’éparpillent dans les champs pour passer un à un sous les plantes de karité et ramassent les noix de karité. A la maison elles bouillent les noix dans l’eau chaude et les exposent au soleil. Après quelques jours les femmes conservent une quantité qui leur servira à faire le beurre de karité. Ce beurre est utiliser dans la préparation de la sauce, la bouillie pour une femme nourrice, le savon local et beaucoup d’autres aliments. Il faut noter que ; outre son usage domestique plus de la quantité des noix ramassées pendant la saison sont vendues individuellement par chaque femme peser par une balance automatique. Le prix par kilogramme (kg) étant fixé préalablement par les commerçants privés est payé aussitôt aux femmes agricoles. Cette activité devient une aujourd’hui une source de revenus considérables, non seulement pour les femmes mais aussi et surtout pour la mairie de Banikoara qui

en tire suffisamment de ressources. Les femmes en tirent comme revenus individuel une somme allant de 30.000F à 200.000F CFA par saison selon la capacité de chacune d’elles. La mairie prélève à cet effet, sur chaque sortie de camion selon le tonnage du chargement, une somme allant de 10.000F à 30.000F CFA. La recette journalière pendant la campagne de commercialisation des noix de karité est très importante ; calculée par mois, elle génère assez de fonds pour la mairie et donc accroît ces recettes. On peut donc aisément reconnaître à travers cette activité, la participation des femmes au développement de la commune. Ceci s’explique par le fait que, dans la commercialisation des noix de karité, ce sont elles qui abattent la rude tâche : elles ramassent et transportent les noix sur la tête et des fois sur une longue distance pour aller dans les marchés respectifs du village de chaque femme. Sachant que les noix constituent un matériel qui pèse beaucoup, les femmes s’épuisent et donc fragilisent leur santé. Selon les femmes enquêtées, une partie des revenus issus de cette activité est investie dans les soins de santé. Il faut signaler que les femmes ne jouissent pas convenablement des efforts fournis, car à la vente, l’acheteur tient compte des prélèvements de taxe faite par la mairie pour fixer le prix d’achat du kilogramme. Cette situation amène certaines femmes à abandonner cette activité pour d’autres. Il importe de reconnaître le rôle des femmes dans l’activité. La planche ci-dessous illustre les réalités de l’exploitation des noix de karité.

Planche 1 : Les noix de karité après le chauffage

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Femmes rurales et Objectifs de Développement Durable (ODD) au Bénin

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es femmes rurales apportent une contribution essentielle aux exploitations agricoles et rurales, en tant qu’agricultrices. Les femmes interviennent dans des tâches essentielles de ménage et de soins. Leur journée de travail est plus importante que celle des hommes. Au Bénin, les femmes rurales travaillent 17,4 fois de plus par semaine que les hommes. Elles rencontrent des contraintes sexo-spécifiques qui réduisent leur productivité et limitent leur contribution à la production agricole, à la croissance économique et au bien-être de leur famille, de leur communauté et de leur pays. Néanmoins, il est reconnu que les femmes rurales jouent un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la durabilité de l’environnement et d’autres aspects liés à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). En effet, les ODD ont été adoptés le 25 septembre 2015 par les nations unies dans le cadre d'un nouveau programme de développement durable. C’est un ensemble de 17 d'objectifs mondiaux pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous dans les15 prochaines années. Toutefois, les ODD accordent une place importance aux femmes. D’une part l’approche genre est intégrée dans l’ensemble des ODD. Par exemple, l’Objectif 3 sur la santé comprend des cibles sur la mortalité maternelle, la santé sexuelle et la planification familiale ; l’Objectif 4 sur l’éducation concerne l’accès égal des filles et des garçons à tous les niveaux d’enseignement ; l’Objectif 11 sur les villes et les communautés durables mentionne l’accès des femmes à des

espaces et transports publics sûrs, etc. D’autre part, l’objectif 5 est essentiellement consacré à l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles. Les cibles correspondantes prennent pour la première fois en considération les soins non-rémunérés, l’accès aux ressources économiques, les violences faites aux femmes, les mariages précoces ou encore la participation des femmes aux instances de décision publiques et privées. Les ODD considèrent ainsi l’égalité des sexes non seulement comme un but en soi mais aussi comme un vecteur indispensable à l’éradication de la pauvreté dans toutes ses dimensions. Après plus d’un an de son opérationnalisation au Bénin, il est noté que plusieurs acteurs à travers les partenaires techniques et financiers nationaux et internationaux (ONG, associations, institutions publiques, etc.) s’activent inlassablement pour sa mise en œuvre à travers des projets et programmes pour améliorer les conditions de vie des femmes rurales. Mais plusieurs domaines restent encore à être opérationnaliser. Le succès du Bénin dans la réalisation de ces ODD en faveur des femmes rurales dépend de la prise en compte d’un certain nombre de facteur à savoir : le soutien aux associations féminines et la gestion efficace et efficience des fonds alloués aux projets et programmes en faveur de l’autonomisation des femmes.

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Les femmes au cœur de la lutte contre la déforestation au Bénin : Promotion des foyers améliorés dans les milieux ruraux

a demande en bois énergie est de plus en plus importante du fait de facteurs comme la croissance démographique, la faiblesse des revenus et le coût élevé des produits de substitut (gaz, électricité). Ainsi le problème de l'approvisionnement des ménages en combustibles domestiques se pose avec acuité au Bénin. Presque l'essentiel des besoins en énergie combustible des ménages, au Bénin en général et dans les départements de l'Atacora et de la Donga en particulier, sont couverts par la production forestière, ce qui aboutit à une dégradation massive des ressources forestières. Plus de 93% de la population utilisent le bois énergie en milieu rural contre 80 % en milieu urbain. Mais l'utilisation intensive de ce produit que l'on prélève sur les ressources forestières entraîne une diminution progressive de l'offre, suite à la dégradation des formations végétales naturelles qui se poursuit de façon inexorable, cédant par endroits la place soit à des formations secondaires, soit à des sols nus ou alors à des infrastructures. Il est donc important et urgent de promouvoir une technologie améliorée (foyers Améliorés) pour réduire l’utilisation de bois-énergie et par conséquent l’émission de Gaz à Effet de Serre (GES) comme le CO2. La formation des femmes et la mise à la disposition des villages des compétences locales en matière de construction, d’utilisation et d’entretien des foyers améliorés permettent de réduire l’utilisation des feux de bois. Cette disponibilité de la connaissance locale

en matière de diffusion, de construction, d’utilisation et d’entretien des foyers améliorés est aussi un gage de pérennisation de la construction et l’utilisation des foyers améliorés et la préservation de l’environnement. Enfin la promotion des foyers améliorés dans les milieux ruraux constitue la solution adéquate pour lutter contre la déforestation et réduire les risques du changement climatique.

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Conservation de la biodiversité : quelle importance pour la femme rurale ?

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a conservation de la biodiversité est une affaire de tous. Mais dans la réalité, les femmes en général et celles rurales en particulier sont plus concernées par le sujet, et ce à plus d’un titre. En effet, compte tenu des rôles sociaux assignés aux hommes et femmes dans les milieux ruraux, ce sont ces dernières qui s’occupent le plus de la gestion des ressources naturelles et donc de la biodiversité. Ainsi, l’érosion des ressources biologiques implique un impact certain sur la vie des femmes rurales. Par exemple, au Bénin où la femme rurale passe en moyenne 17 heures de travail de plus que les hommes, la perte de la biodiversité risque d’augmenter ces heures avec une incidence sur l’accès à l’éducation des enfants et des filles en particulier. En clair, les femmes rurales sont les principales utilisatrices de la diversité biologique en milieu rural. Ce sont elles qui sont selon l’organisation onusienne de lutte contre la désertification, les principales gérantes des ressources naturelles, fournisseurs de sécurité alimentaire et dépositaires du savoir et de l’expertise des plantes indigènes, des médicaments, des aliments et de l’eau.

Ainsi, une étude menée par l’Organisation des Femmes pour la gestion de l’Énergie, de l’Environnement et pour la promotion du Développement Intégré (OFEDI) en 2012 dans trois communes du Zou (Djidja, Za-Kpota et Zagnanado) a montré que la rareté du Parkia biglobosa constitue un problème pour plus de 90 % des femmes rurales interviewés. En effet, au Bénin cette espèce est très appréciée surtout pour ces graines qui sont la matière première entrant dans la préparation du « Afintin ». Au même titre que cette espèce, ces femmes ont signalé la difficulté de trouver dans leurs villages les espèces fruitières et les légumes feuilles comparativement à la situation qui prévalait il y a seulement quelques années. Le corollaire de cette situation est l’augmentation des dépenses des ménages agricoles suivis de la baisse des recettes des femmes rurales qui comme nous l’avons souligné plus haut dépendent fortement des ressources biologiques. De ce qui précède, il devient évident d’associer convenablement la gent féminine et particulièrement les femmes rurales dans la conservation de la biodiversité. Ce faisant, cette richesse commune sera davantage protégée. C’est à cela que je souhaite inviter le monde de la conservation.

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Innovation rurale : Utilisation des distillateurs solaire en vue de l’amélioration des procédés traditionnels de production de sel local béninois et préservation des mangroves à Djègbadji La production du sel reste l’une des principales activités génératrices de revenus des femmes de la zone côtière du Sud du Bénin. Cette activité pratiquée permet aux femmes Xwla (ou Pla) d’être à l’abri du besoin et surtout d’offrir le meilleur à leurs progénitures.

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a production artisanale de sel ali-mentaire au Bénin date de plusieurs siècles. La technique utilisée est vieille de plus de 5 à 6 siècles. Même si les connaissances sur l’historique de ce système restent imprécises, la tradition orale affirme qu’on le doit au peuple Xwla (ou Pla), originaire du plateau d’Adja, qui, du fait des guerres intertribales est venu s’établir sur les lagunes du littoral du sud du Bénin. Les Xwla ont longtemps conservé le monopole de l’industrie et du commerce du sel dans la région. C’est pourquoi le sel a pour nom local xwla-djè (sel des Xwla) ou xwla-cô (terre des Xwla). La méthode de production du sel pratiquée ici et consistant en une concentration de la saumures obtenues par lixiviation des terres salées, récoltées aux abords de la lagune côtière, c’est-à-dire dans un cuiseur sur feu de bois, est unique et n’existe ailleurs en Afrique qu’en Guinée. Ainsi le sel local béninois est produit par évapocristallisation sur feu de bois. L’activité salicole rencontre beaucoup de difficultés. La filière sel n’est pas organisée au Bénin. La production locale de sel au Bénin, dominée à 95 % par le sel ignigène, est estimée à environ 4.000 t et ne couvre qu’environ 10 % des besoins nationaux. Cette technique est aujourd’hui menacée de disparition, en raison de l’occupation anarchique des terres autrefois exploitées et surtout de la raréfaction du bois

pour le chauffage de la saumure. Pour améliorer la production de sel local béninois, les paramètres opératoires des procédés traditionnels sont comparés à ceux d’un distillateur solaire d’eau de mer, conçu et expérimenté en vue de l’obtention de sel marin. Les résultats suggèrent que l’utilisation du distillateur solaire pour la production de sel marin a plusieurs avantages. Ainsi, le distillateur solaire utilisé permet de : - Améliorer les conditions de travail des productrices, - protèger l’environnement en supprimant le grattage des terres salées et la destruction de la mangrove pour bois de chauffe, - augmenter le rendement de production du sel. Par ailleurs, le faible encombrement de ce distillateur et la possibilité de le déplacer d’un site de production à un autre constituent des atouts supplémentaires pour cette méthode de saliculture par distillation solaire. Cependant, il reste à tester le distillateur solaire d’eau de mer en milieu réel et étudier les conditions de son adoption par les productrices traditionnelles de sels au Bénin.

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Conservation de la biodiversité au Bénin, comment intéresser les jeunes ?

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u Bénin, les jeunes représentent plus de 40 % de la population selon le dernier recensement général. Cette montée de la couche juvénile constitue non seulement un challenge, mais aussi une opportunité pour la conservation des ressources biologiques de notre pays. Le Bénin dispose d’une riche biodiversité qui est actuellement sous-estimée par la majorité de la population béninoise. Ainsi, partout au Bénin on note une perte plus ou moins alarmante de la biodiversité, et ce sans que les jeunes qui constituent pourtant la relève et les futurs exploitants de cette ressource ne se sentent concernés. Ce silence assourdissant de cette couche est très alarmant et laisse présager un futur sombre pour la conservation des ressources biologiques de notre pays. Mais, la question que je me pose est : à qui devrions-nous jeter le tort ? À qui incombe le devoir d’amener les jeunes à s’intéresser davantage à la conservation de la biodiversité ? Aux acteurs du monde académique ? Aux décideurs politiques ? Ou encore aux partenaires techniques et financiers ? Je crois que non. Ce rôle nous incombe à nous jeunes qui sommes conscients de l’urgence d’agir pour préserver cette richesse naturelle commune.

Alors, vous allez me demander comment les jeunes peuvent-ils s’y prendre pour amener leur pair à changer du jour au lendemain leur regard sur la biodiversité. Et à cela je vous répondrai par trois question : i) quelle est la couche de la population qui est plus à la pointe de la technologie ? Les jeunes. ii) dans notre société quelle est la classe qui innove constamment ? Les jeunes. iii) qui sont les Béninois qui sont plus appelés à auto-entreprendre ? Les jeunes encore. À partir de ces trois questions, je pense que vous êtes à présent convaincu du rôle crucial que la jeunesse surtout celle passionnée et sensible à la conservation doit jouer. Au Bénin il existe très peu de jeunes passionnés par la nature. Il faut que ces jeunes soient davantage créatifs, utilise de manière optimale les ressources qu’offre la technologie afin d’amener leurs pairs à prendre conscience des rôles de notre biodiversité et à œuvrer pour sa durabilité.

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Le concassage de pierre, un métier si fructueux que dangereux pour les femmes

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ncore appelé broyage de pierres ou égrugeage de pierres, le concassage de pierres est du plus loin qu'on s'en souvienne, un vieux et pénible métier. En effet, matérialisé par une technique de réduction de la taille des pierres ou de roches granitiques dans le but d’adapter leurs tailles aux besoins et aux finalités, ou mieux de faciliter leur transport. Le broyage demeure un travail précaire. Malgré les avancés technologiques réduisant le travail manuel, il existe encore sous nos cieux, bon nombre de personnes (en majorité des femmes et des enfants) qui dans le but de garantir le pain quotidien sont astreints d’exercer de façon rudimentaire voire pénible ce métier. Cependant le métier de concassage de pierre altère non seulement l’état de santé des femmes pratiquantes mais aussi la survie et le bien être de leur progéniture. En effet au cours de l’accomplissement de leur tâche, ces femmes s’exposent à l’inhalation de la poussière de granite et d’autres cristallines. Apres inhalation, cette poussière constituée de fines particules de silice (Sio2), traverse les voies aériennes, puis se dépose dans les poumons provoquant de graves maladies respiratoires dont les pneumoconioses, SILICOSE dans le cas d’espèce. La silicose est une maladie grave, dont la générosité en complications potentielles, telles que l’insuffisance respiratoire chronique, la tuberculose, le cancer

bronchique), la rendent redoutable. Les signes sont non spécifiques et surviennent plusieurs années après l’exposition: Toux, expectoration surtout matinale, difficultés respiratoires, râles bronchiques etc. Cette maladie ne dispose de traitements propres, si ce n’est la prise en charge des complications, d’où la nécessité d'actions préventives. Ces particules de silice très génotoxiques, pénètrent parfois les cellules atteignent l’ADN et entrainent des mutations génétiques, responsables d’hémopathies malignes telle que le cancer du tissu sanguin (leucémie) et de malformations congénitales dans une moindre mesure. Outres ces cas spécifiques abordés, nous n’oublions pas les risques directes liés à la mauvaise manipulation du matériel de travail (dommage corporels et blessures diverses) et à l’environnement de travail. A la vue de toutes les maladies que pourraient engendrer l’exercice de ce métier dangereux majoritairement pratiqué par les femmes, il est important de mener des séances de sensibilisations, de communication pour un changement de comportement aux fins de leur porter secours , de les protéger et de protéger leurs progénitures . Exhortation est ici lancée aux pouvoirs publics et aux autorités à divers niveaux afin d’avoir un regard non moins compatissant sur les conditions de vie et d’exercice de ces femmes, qui dans la quête de recherche de moyens de subsistances s’exposent à des maladies graves difficilement curables et de traitement onéreux.

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Première édition de la foire du palmier à huile au Bénin : Organisation des acteurs intervenant dans les corps de métiers qui gravitent autour du palmier à huile

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es 18 et 19 Août derniers ont connus de forte mobilisation et engouement autour de la filière palmier à huile au Bénin. Sous le parrainage du ministre de l’agriculture et de l’élevage Dr KOUDANDE Delphin et son personnel, une première rencontre interprofessionnelle nationale de tous les acteurs de la filière palmier à huile a été organisé à Toffo dans le département de l’Atlantique sur le thème : Organisation des acteurs intervenant dans les corps de métiers qui gravitent autour du palmier à huile. Cet atelier a regroupé les représentants délégués de tous les maillons de la filière palmier à huile. L’initiateur de la foire du palmier à huile, l’agro-entrepreneur Kakpossè William explique l’urgence et la nécessité de réorganiser cette filière encore peu structurée et largement artisanale. En effet le « palmier à huile » couvre 18 millions d’hectares en zone intertropicale, première sources d’huiles végétales devant le soja ; il contribue à un taux de 40 % à l’agriculture familiale et 50 à 100 familles au km2 d’après les récentes du CIRAD https://agritrop.cirad sur la filière au

Bénin. Dans ce contexte la question de réorganisation des acteurs de la filière est à la fois un enjeu de sécurité alimentaire et développement du fait de son impact sur l’emploi et la réduction de la pauvreté. L’organisation des métiers qui gravitent autour du palmier à huile nous donne trois grands corps de métiers : - L’agroalimentaire basé sur le palmier à huile avec la production de deux huiles de nature très différentes : l’huile de palme issue de la pulpe du fruit et l’huile de palmiste issue de l’amande. Cette dernière est semblable à l’huile de coco. - La production de boisson basée sur le palmier à huile, précisément le vin de palme. Le vin de palme est à la fois embouteillé et aussi transformé en boisson fortement alcoolisé (communément appelé Sodabi en langue local du Bénin) très appréciée et commerçable. - L’artisanat basé sur le palmier à huiles avec la fabrication des balaies, paniers, éventails et aussi des objets de décoration etc. Les sous-produits du palmier à huile sont largement valorisés : utilisation des rames pour fabriquer les chaumes des toits ; fabrications des clôtures. Cette foire a été clôturée par plusieurs recommandations à l’endroit du gouvernement et aussi des acteurs de la filière eux même. Ces recommandations concernent les bonnes pratiques en matière de norme et technologie de fabrication des produits ; la commercialisation des produits ; la revalorisation de la filière ; l’installation de pépiniéristes privés et promotion des plantations villageoises.

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Magazine Mensuel d’Information de la plateforme de Développement des Communautés Rurales " LA VOIX RURALE" Numéro 001 – Octobre 2016

Directeur de Publication Marthe MONTCHO

Rédactrice en chef Marthe MONTCHO

Rédaction

Marthe MONTCHO Alassan ASSANI SEIDOU Grâce CHABI Michaèl PADONOU Ray GBAGUIDI

Conseillers à la rédaction Marlise MONTCHO Brunia AKPLOGAN Jérémie ADONON

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