Isabelle Giordano et Jean-Paul Salomé

francophonie et renforce son lobbying sur l'Europe. Isabelle Giordano, délé- guée générale, et Jean-Paul Salomé, président, reviennent sur les orienta-.
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Cannes 2014 EXPORT

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L’association pour la promotion du cinéma français dans le monde mobilise les artistes français, ne néglige pas la francophonie et renforce son lobbying sur l’Europe. Isabelle Giordano, déléguée générale, et Jean-Paul Salomé, président, reviennent sur les orientations d’uniFrance films.

Italie ont grimpé ces derniers mois. Dans un second temps, nous allons être de plus en plus présents dans les congrès d’exploitants afin de les sensibiliser directement au cinéma français. En juin prochain, nous présenterons 45 minutes de bandes-annonces de films français au congrès de l’Unic à Barcelone. Le cinéma français est une véritable alternative au cinéma américain. La mission d’uniFrance films est de creuser ce sillon et de montrer au monde un cinéma différent. J.-P. S. : Notre but est de proposer le meilleur de notre production pour nous faire remarquer au milieu des présentations des films des majors. L’idéal serait de venir avec un talent, et de proposer un petit show. C’est important, nous marquons une vraie différence.

Jean-Paul Salomé : Nous n’avons pas réussi à mettre sur pied une véritable tournée européenne. La réflexion mérite d’être adaptée. Dans certains pays où les films français sortent et où les comédiens ont du mal à se rendre, nous réfléchissons à l’utilisation des nouvelles technologies. Donner une interview par Skype retransmise dans un cinéma local peut être plus efficace. C’est plus simple, moins cher, tout en touchant davantage de public. Isabelle Giordano : Nous avons présenté à Rome Quai d’Orsay avec Bertrand Tavernier et Raphaël Personnaz. Par rapport à l’an passé, nous avons réussi à sensibiliser les artistes qui sont davantage conscients de l’importance de voyager. Je constate une vraie différence dans les conversations que nous pouvons avoir avec eux. Ils ont pris conscience de l’importance de l’international. C’est notre travail de fond et la réalité du marché. Les talents ont-ils compris que la démarche est inévitable pour que les films puissent s’exporter ?

J.-P. S. : Le marché français arrive à saturation et les comédiens, pour continuer à tourner et à justifier leurs rémunérations, doivent prouver que leur nom a un impact à l’étranger. La jeune génération s’en rend compte et nous permet de travailler au long cours et non pas uniquement film par film, afin de développer leur image à l’étranger en s’appuyant sur leur filmographie, leur personnalité… Les comédiennes, comme Catherine Deneuve, Sophie Marceau, Isabelle Huppert ou Juliette Binoche, ont toujours su mieux s’en préoccuper. Où en sont les relations d’uniFrance avec l’Europe ?

J.-P. S. : Nous avons repris contact avec les lobbyistes français qui travaillent à Bruxelles. Nous attendons les prochaines élections pour recréer des liens avec eux, afin de ne pas être toujours dans la confrontation. UniFrance films a un rôle à jouer dans la promotion des films français, certes, mais aussi de notre système dans son ensemble. Nous devons renforcer notre position à Bruxelles et c’est un travail de longue haleine. Nous souhaiterions organiser des projections à Bruxelles avec les parlementaires. Ce serait un moyen de mieux discuter. Nous réfléchissons également à l’organisation de notre lobbying et à la possibilité de créer un poste sur place.

Isabelle Giordano et Jean-Paul Salomé “L’international est à la fois notre travail de fond et la réalité du marché.” chaque multiplexe UCI de sept villes italiennes, une salle propose maintenant un rendez-vous mensuel avec le cinéma français. Nous aidons l’exploitant à hauteur de 10 000 € par film, qu’il réinvestit en publicité et promotion. En échange, nous demandons un accord de programmation : il conserve le film deux semaines à toutes les séances. Comme UCI possède aussi des multiplexes en Espagne, nous réfléchissons à y étendre cette action. Nous ne faisons pas d’ombre aux salles Europa Cinémas : cela attire des spectateurs supplémentaires pour les films et un autre type de public pour les multiplexes, qui sont des salles de zone périphérique et non de centre-ville. L’expérience est bénéfique dans les deux sens. I. G. : Nous avons en effet renouvelé ce partenariat avec le réseau de salles UCI qui concerne dix films français. Nous sommes assez fiers de cette avancée, les entrées des films français en

Votre troisième groupe de réflexion concernait la francophonie…

I. G. : Sous la houlette de JeanChristophe Baubiat, nous avons rédigé un rapport avec le producteur Eric Névé sur les opportunités du cinéma français en Afrique francophone. C’est un enjeu essentiel, sur un continent convoité par les Chinois et les Américains. Nous aimerions être présents au Sommet de la francophonie à Dakar (Sénégal) en novembre, sous la forme d’un mini-festival et de rencontres. Nous essayons aussi de sensibiliser les différents acteurs, politiques comme économiques (Canal+, Orange). Ce dossier permet d’affirmer notre double rôle : la veille économique et un vrai rôle de proposition. Avez-vous engagé de nouvelles actions dans les multiplexes ?

J.-P. S. : En effet, c’est important d’avoir une régularité. Ainsi dans

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Vous aviez évoqué, l’an dernier, la mise en place de trois groupes de réflexion. Comment ont-ils évolué ? Où en êtes-vous de votre idée de tournées européennes ?

Quel est le but de votre présence à Cannes ?

I. G. : Cannes est un lieu incontournable de rencontres de tous nos partenaires avec qui nous travaillons tout au long de l’année, mais aussi des acheteurs de films et des professionnels du cinéma. J.-P. S. : C’est aussi le moment du bilan d’étape. Nous tirons les enseignements de ce que nous avons fait pendant l’année et nous préparons les actions à venir. Nous sommes aussi au service des exportateurs et des films français qui sont présentés dans les compétitions ou au marché. C’est notre rôle associatif. Y a-t-il des nouveautés ?

J.-P. S. : Le pavillon uniFrance films a été repensé par Sarah Lavoine. Nous représentons le cinéma français et nous avons voulu créer un lieu agréable, à l’image de sa diversité et de sa richesse. Nous souhaitons que ce lieu soit vivant, notamment après 18 h, et devienne un endroit où échanger, discuter. Lors de la fête de nos 65 ans, nous dévoilerons le film 65 raisons d’aimer le cinéma français. Produit par uniFrance films et Beall Productions, il bénéficie de l’amicale participation d’acteurs et réalisateurs du monde entier : Wes Anderson, Golshifteh Farahani, Martin Scorsese, Lou Ye, Spike Lee, Ken Loach, Leonardo DiCaprio ou Julianne Moore. I. G. : On pourra voir sur notre pavillon, avec le soutien des partenaires Parfums Givenchy et Madame Figaro, une exposition de photos d’acteurs et de cinéastes français d’Emanuele Scorcelletti. Surtout, parmi les rendezvous à ne pas manquer, nous présenterons les résultats d’une étude menée par Opinion Way dans 14 pays sur “L’image du cinéma français dans le monde”. Nous accueillerons aussi la remise du prix France Culture dont uniFrance films devient partenaire. Et bien sûr le pavillon sera le lieu de rencontres avec les professionnels chinois en clôture de la journée franco-chinoise avec le CNC, les Américains autour du distributeur et producteur Charles Cohen ou encore du président de Cinépolis, Alejandro Ramírez pour rendre un hommage au dynamisme du marché mexicain. Propos recueillis par Emma Deleva

21 mai 2014 / Supplément au n° 997 d'Écran total

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