histoire plaquette - Ville de Saint-Etienne-du-Rouvray

15 janv. 2010 - l'ordre public. On trouve aussi des arrêtés concernant la prostitution. Le prix du pain est aussi fixé régulièrement. (environ tous les 15 jours au ...
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Cette exposition a été réalisée par le groupe Histoire et patrimoine, sous la coordination de Joseph Chantier. Celui-ci vient d’accéder à un poste à la bibliothèque de France. toutes nos félicitations à lui et nos remerciements pour ce qu’il a su nous apporter. C’est Michel Croguennec qui assurera la coordination du groupe dont les membres sont : Suzanne Boulet, Claude Godest, Georgette et Gérard Gosselin, Pierre Laurent, Arnaud Lebret, Janine Lebret, Sylvie Poudevigne, Pierre Loire, Pierre Ménard, Nelly Marais, Aurélie Lefrançois, Michel Ryckeghem, Martine Thomas, Yvon Rémy, Annick Alvarez, Jacques Laquièvre, Ivane Petit, Valérie Tousrius. Crédit photographique : • Cartes postales, collections privées • Photos, Dominique Cordier, Nelly Marais • Archives municipales, Pierre Laurent, J.F Losset, Gaillard, J.Laquièvre.

Sources : • Archives départementales de La SeineMaritime. • Archives municipales de Saint-Étiennedu-Rouvray. • Pôle économique de la ville de SaintÉtienne-du-Rouvray. • Chambre de commerce de Rouen Fascicule réalisé à l’occasion de l’exposition: « 160 ans de commerce et d’artisanat Stéphanais », présentée au Centre socioculturel Georges-Déziré du 15 janvier au 25 février 2010. Groupe Histoire & Patrimoine, centre socioculturel Georges-Déziré, 271 rue de Paris, 76800 SaintÉtienne-du-Rouvray, Tél. 02 35 02 76 90, [email protected] www.saintetiennedurouvray.fr

Conception et réalisation : service communication - atelier municipal d’impression - Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray - décembre 2009.

Monique Blasquez, Chantal Boutron, Michel Brière, Martine Cadec, Jacques Dutheil, Lucile Frétigny, Bernard Gaillard, Michel Grandpierre, Michel Guérin, Frank Harnagel, Mme Hurot, Véronique Lacroix, Mme Lemonnier, Maurice Letellier, Mme Losset et son fils Jean-François, Pierrette Miroff-Letellier, Bernard Monnier, Mme Patard, Nathalie Querelle, Pierre Richer, Nicole Levasseur, Marie-Jeanne Aubry, Monique Letrange, Philippe Aubry, Me Legendre, M. Fossé, Le service communication, le service urbanisme.

S N A 0 6 1DE COMMERCE

T A N A S I T R ’A D T E

STÉPHANAIS

s e l a i c r e m m o c s t n e l o i l i t r a d m a i n M A e : L 6 8

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Actuellement, place de l’Église.

ette exposition réalisée par le groupe « Histoire et Patrimoine » du centre socioculturel Georges-Déziré montre bien le rôle essentiel que tiennent le commerce et l’artisanat dans le développement de notre ville. En dehors de leurs fonctions économiques et commerciales, ils favorisent les échanges, les liens sociaux et contribuent à l’animation de notre territoire avec une certaine vitalité. Toutefois, ces activités ont vécu de nombreuses mutations sur les vingt dernières années et il nous appartient de tout faire pour maintenir et pérenniser les commerces et services de proximité, qui sont si indispensables à la vie quotidienne des Stéphanais. Nous voulons relever ce défi majeur car nous sommes intimement persuadés que le commerce et l’artisanat sont indispensables au développement économique et urbain qui attend notre ville dans les années à venir. Hubert Wulfranc, Maire, Conseiller général.

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En 1850, la Ville de Saint-Étienne-duRouvray compte environ 1 500 habitants. La population se concentre sur la partie basse de la commune, autour de l’église, le long des deux axes principaux que constituent la Grande Rue (1) et la Grande Route, appelée aussi chemin n° 18 (2). Les commerces sont principalement implantés sur la Grande Rue. Au Madrillet, un foyer de population existe déjà autour de deux pôles : le Château Blanc, sa ferme et le lieu-dit « Le Petit Parc », situé entre la rue d’Elbeuf, la rue du Madrillet, l’hippodrome et la rue Ernest Renan.

t a n a s i t et ar

L’activité économique du bourg est essentiellement tournée vers l’exploitation des ressources naturelles : agriculture dans les prairies du bord de Seine et sur le plateau du Madrillet, exploitation forestière en forêt du Rouvray et extraction de pierres dans les carrières. C’est pourquoi, à cette époque, la commune compte une trentaine d’entrepreneurs, principalement des paveurs, des tailleurs de pierres et des maçons. La présence de trois charrons, de deux maréchaux-ferrants, d’un bourrelier, d’un tonnelier, d’un loueur de pressoir, d’un marchand de bestiaux et d’un charretier, montre que l’agriculture occupe encore une place importante dans l’économie locale. Des commerces de bouche et des cafés sont déjà implantés sur le territoire communal : deux boulangers, trois cabaretiers, deux épiciers-débitants ont été recensés pour cette période mais aucun boucher. À cette époque, un regrattier (3), deux perruquiers, un tailleur d’habits, deux cordonniers, un brossier, un exploitant d’omnibus et deux bas-estamiers (4) sont recensés.

Atelier de Charron. XIX e siècle.

Moulin à pommes et pressoir. XIX e siècle.

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Sources : Archives Municipales de Saint-Étiennedu-Rouvray : listes électorales (1848-1849), délibérations de Conseil Municipal, Histoire de Saint-Étienne-du-Rouvray/ Pierre Duchemin – Ed. Lestringant, 1892. (1) Aujourd’hui, rue de la République et rue Léon Gambetta (2) Actuellement, rue de Paris et rue Lazare-Carnot. (3) Celui qui vend en détail et de seconde main, des marchandises de valeur médiocre, l’équivalent des soldeurs d’aujourd’hui (4) Bas-estamier ou badestamier était le fabricant de bas tricotés.

Le plan délimite en 1876 les droits d’octroi, taxe établie au profit des communes, sur l ’ i n t r o d u ct i o n d e c er t a i n e s m a r ch a n d i s es destinées à la consommation locale ; il mon tre la répartition des bâtiments sur le terri toire de Saint-Étienne-du-Rouvray. Dans la vallée, les maisons étaient concentrées le long de l’ancienne voie devenue les rues de la République et Gambetta ; elles commen çaient à s’implanter sur la bordure du che -

min de l’actuelle départementale CD18, aujourd’hui rue de Paris et Lazare-Carnot, ainsi qu’a proximité de la Cotonnière dans la Cité Scheppers (1875). Sur le plateau, quelques constructions bordaient le chemin devenu la rue Renan, entre la route nationale RN14 et la rue du Madrillet, secteur du Madrillet dans lequel s’établit alors la B o y a ud e r i e .

Plan de Saint-Étienne-du-Rouvray en 1876.

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l a r u r g r u o b u D e l l e i r t s u d n i é t i c a l à En une dizaine d’années, la population stéphanaise n’a pas beaucoup augmenté. 1 633 habitants sont recensés à SaintÉtienne-du-Rouvray en 1861. Le taux de chômage est élevé. 600 personnes sont sans emploi soit plus d’un tiers de la population. En prévision de l’ouverture de la Société Cotonnière et de l’arrivée probable d’une population nouvelle, un certain Monsieur Hérout demande au Maire l’autorisation d’ouvrir un débit de tabac dans cette partie du village. Seuls deux débits de tabac existent sur une seule rue de 3 kilomètres. L’autorisation d’ouvrir ce commerce, sera accordée à son épouse le 26 juin 1864. Cependant, les commerçants et artisans sont toujours majoritairement implantés le long de la « Grande rue » et du Chemin N° 18. L’ouverture de la Société Cotonnière, entreprise de textile, en 1865, à l’emplacement actuel de la SAGEM, va permettre de résorber partiellement le chômage local et va aussi amener un afflux

de main-d’œuvre extérieure. En 1866, la commune compte 2 197 habitants. Cet accroissement de population va nécessiter la construction par l’entreprise, de deux cités ouvrières importantes, autour de l’usine : la Cité Scheppers en 1877, puis la Cité Neuve en 1914-1918. La cité Scheppers (du nom du premier directeur de la Cotonnière) compte alors 44 maisons et 304 habitants. Elle se situe entre « La Roquette » et « La Mare au Clos », voie qui prendra plus tard le nom de Rue de l’Industrie. Quatre cabaretiers sont alors recensés sur cette seule rue. Par ailleurs, de nouvelles voies d’accès sont créées pour permettre aux ouvriers de rejoindre l’usine, comme par exemple « le Chemin de Saint Adrien ». Le hameau du Madrillet ne compte que 45 habitants et 8 maisons. On y trouve un boyaudier qui emploie cinq ouvriers, ainsi qu’un cabaretier, (la création de ce commerce pourrait être liée à l’ouverture

Filature de la Cotonnière, salle des machines.

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de l’Hippodrome des Bruyères, en 1861). La population de ce hameau commence alors à se développer et la Commune autorise l’ouverture d’un débit de tabac au Petit Parc. La guerre de 1870 entraîne la fermeture temporaire de la Société Cotonnière, réquisitionnée par les Prussiens. La population connaît alors une misère effroyable, les travailleurs ayant comme seule ressource les secours communaux. La Municipalité et la Société Cotonnière obtiennent, en 1876, l’ouverture d’une gare. Mais le refus de la Société des Chemins de Fer d’assurer un arrêt de nuit ne permet pas aux ouvriers qui travaillent tard d’utiliser ce mode de transport. À partir de décembre 1877 à l’initiative d’un anglais, Gustav Palmer Harding, l’Agglomération rouennaise est desservie par un réseau de tramways. La Compagnie des Tramways de Rouen (C.T.R.) est créée le 11 septembre 1878. Cependant, l’expérience s’avère peu performante, la ligne de tramway qui dessert Saint-Étienne-duRouvray est supprimée dès 1879. Ce mode de transport est définitivement abandonné en août 1884. En 1879, l’Asile Départemental de SaintYon est transféré à la limite des communes de Saint-Étienne-du-Rouvray et de Sotteville-lès-Rouen. Les femmes sont internées sur le territoire communal. Cette implantation ne provoque pas de profonde modification dans le paysage commercial stéphanais, l’Asile vivant en totale autarcie. De 1866 à 1876, l’évolution du commerce n’est pas sensible. On recense seulement une quarantaine de commerçants et artisans dont une vingtaine d’entrepreneurs (maçons, paveurs, industries du bois) inscrits sur les registres du Tribunal de Commerce. Seuls trois commerçants : Frédéric Jallain marchand de bois, Jules Lesueur entrepreneur et César Lucas manufacturier, sont appelés à nommer les membres du Tribunal de Commerce.

En 1879, on dénombre quatorze débitants, un boulanger, un boucher, un charcutier, un horloger, un cordonnier, deux loueurs de pressoir, deux entrepreneurs et un fumiste, pour une population de 4 670 habitants. Sur le Madrillet, il est toujours fait état d’un boyaudier au Petit Parc et d’un débitant au Champ de Courses.

Travail des femmes à la Cotonnière [Sagem].

La Cotonnière : véhicule à vapeur.

Café de la Gare.

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Le magasin Flament, rue de la République, 1909.

Rue Saint-Adrien.

Le marchand de journaux, rue Lazare-Carnot.

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En 1910, 154 commerçants patentés (1) sont recensés pour une population d’environ 6 400 habitants. La commune conserve une activité rurale mais l’implantation de la Société Cotonnière, où travaillent environ 2 000 personnes, a modifié la physionomie de la ville. Si on trouve encore un charron, un maréchal-ferrant, un bourrelier, un chaufournier, des marchands de produits agricoles, engrais et fourrage, treize loueurs de pressoirs et de machines agricoles, un fabricant de menus cordages, quatre maçons et cinq menuisiers, le nombre de commerces de bouche a considérablement augmenté : quatre boulangers, dix épiciers, six fruitiers, six bouchers, cinq charcutiers, un marchand de beurre, trois coquetiers, trois regrattiers, dixhuit cabaretiers ou cafetiers et un restaurant se sont installés. Des commerces nouveaux sont recensés : cinq de menue mercerie, un de lingerie, un de layette, un représentant et un loueur de vélocipèdes, deux voituriers, un plombier, deux entreprises de peinture, une entreprise de bals, neuf meublés, deux bimbelotiers, deux ferblantiers-lampistes, un marchand de charbon et un pharmacien. Le quartier du Madrillet commence à se développer. Des constructions nouvelles apparaissent au Petit Parc et des rues se créent perpendiculairement à la rue du Madrillet. Pour scolariser les enfants du quartier, la construction d’une école est envisagée. L’école Victor Duruy est ouverte en 1913. De nouveaux commerces s’installent : principalement des débitants-cabaretiers (au nombre de trois), un marchand de galettes dont l’activité est peut-être liée au développement de l’hippodrome, un marchand de chiffons ainsi qu’un coquetier. (1) Sources : A.M.S.E.R : Listes des patentés 1910, Listes consulaires, Registre des délibérations du Conseil Municipal.

L’ÉMANCIPATION Le 8 janvier 1893, des ouvriers de la Société Cotonnière fondent une coopérative de consommation : l'Émancipation, qui « a pour but la fourniture au juste prix de produits de bonne qualité et de poids sincères, la régularisation des cours et la lutte contre la spéculation. » (1) Implantée d‘abord rue de l'Industrie, la société prend vite de l'importance. Un premier terrain est acheté rue Thiers (2), un bâtiment d'un étage est construit. À partir de 1903, les coopérateurs stéphanais décident l'ouverture du magasin pendant la journée et autorisent la vente au public. L'Émancipation compte 455 sociétaires. Lors du congrès de la Fédération régionale Louis Lucas (3) engage : « les coopératives de la région rouennaise à se grouper ou à fusionner avec une société commercialement puissante telle que la Solidarité Sottevillaise » qui deviendra la Société régionale de fusion et de développement du NordOuest en 1921. L'Émancipation souhaite conserver son autonomie mais reste en contact avec les Coopérateurs de Normandie. En 1917, Mademoiselle de la Mussière vend à l'Émancipation une parcelle située à l'angle de la rue Gambetta et de la rue Thiers. La coopérative se dote d'une boulangerie et d'une buvette (4). 1 085 sociétaires sont recensés. En 1920, une boucherie charcuterie est ouverte dans un bâtiment à l'angle de la rue Lazare Carnot. Des succursales sont installées pour desservir les quartiers excentrés : la « N° 1 » est fondée le 9 avril 1921 (5) rue de Saint Adrien, la « N° 2 », comprenant une épicerie et une mercerie, voit le jour en 1926, rue de la République. En 1929, la création d'une troisième succursale à la limite d'Oissel est envisagée, près de la Papeterie de la Chapelle. Au cours des années trente, une mercerie et une fruiterie viennent compléter l'offre de la coopérative. Très impliquée dans la vie locale, la Coopérative adhère au Comité du Front Populaire et participe à l'accueil d'une trentaine de réfugiés espagnols hébergés dans la cantine municipale. En 1939, l'Émancipation compte plus de 1 600 sociétaires. Lors de l’exode de juin 1940, la Ville réquisitionne le stock. Les questions d'approvisionnement sont alors permanentes dans les comptes rendus du Conseil d'Administration. Durant la guerre, 3 administrateurs meurent en déportation : Désiré Baudouin (Président), Frédéric Pichon et Alcide Burneau. (6) Lors des bombardements du 19 avril 1944, la succursale N° 2 est détruite ; la gérante, Mme Brière, et sa famille décèdent. Après guerre, la coopérative doit faire face aux modifications des

modes de vie et à l'arrivée des premières grandes surfaces. On réorganise les boutiques ; un libre-service est mis en place. Un directeur est embauché, et un encadrement plus strict du personnel est organisé. Le projet d’une succursale près du « Château Blanc » échoue, suite à l’ouverture d’un COOP en 1961. Pour desservir tous les quartiers de SaintÉtienne et contrer l'implantation des COOP, un camion magasin circule à partir de 1962. Mais son chiffre d’affaires et le nombre de sociétaires baissant considérablement, l’Émancipation décide sa cession aux Coopérateurs de Normandie en 1971. Le bâtiment de la rue Jean-Jacques Rousseau démoli laisse place à un Super Coop, puis au « Mutant » en 1991. (1) Source : statuts de la Société Coopérative l'Émancipation de Saint-Étienne du Rouvray, Agenda 1934, édité par la Fédération Nationale des Coopératives de Consommation (F.N.C.C), collection Gérard et Georgette Gosselin. (2) Aujourd'hui : rue Jean-Jacques Rousseau. (3) Fondateur de la Solidarité Sottevillaise, rédacteur en chef du Réveil Coopérateur. (4) La buvette, tenue par Isidore Mallet, conseiller municipal communiste en 1936, sera le siège social de l'association France-URSS. (5) Selon la plaque apposée rue de Saint Adrien. (6) Une plaque en leur mémoire est encore visible sur le parking du Mutant.

Employés devant l’Émancipation.

Les bouchers de l’Émancipation.

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e u q i h p ra g o m é d s r e r o r s e s u g L’e x u e d e r t n e ’ de l

Hôtel-restaurant Paulin.

Un dimanche après-midi avec Madame Berthe Ledermann et ses amis.

Hostellerie du Madrillet dit “Château Blanc”.

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En 1913, les ateliers de Quatre-Mares, destinés à la réparation et l’entretien des machines à vapeur, s’implantent à SaintÉtienne du Rouvray. Ces ateliers vont apporter une concentration importante de cheminots qu’il faut héberger. Les premiers logements de la Cité des Familles sont construits. Au sein de cette cité, à l’initiative des employés du chemin de fer s’ouvre « l’Économat » ce qui explique l’absence d’autres commerces dans ce quartier. Le village est devenu une petite ville de 6 500 habitants et l’activité commerciale se situe principalement autour de l’Église et de la mairie. On compte alors : cinq épiciers, un boulanger, deux bouchers, un charcutier, un marchand de primeurs, un coquetier, un charron, un ferblantier, un maçon, deux loueurs de pressoirs, neuf cabaretiers, un entrepreneur, un voiturier, un peintre, deux marchands de bois, un de volailles, un de chiffons, un entrepreneur de bals publics, une confectionneuse, un logeur, un perruquier et un médecin. Il est intéressant de noter la spécificité de chacun des commerçants. Venus de Pont-à-Mousson les ateliers de la Fonderie Lorraine s’implantent sur la commune en 1916. La population atteint alors 7 000 habitants. Saint-Étienne-du-Rouvray est maintenant une cité industrielle. Il faut loger les ouvriers nouvellement arrivés. Ceux-ci seront installés dans des baraquements de l’actuelle rue Marcel-Paul et entre la rue Larson-Couture et la rue de Couronne. La Fonderie Lorraine construit également la Cité Feugère rue Lazare Carnot, pour accueillir tout son personnel

Pendant la Première Guerre Mondiale, beaucoup d’hommes partent au front (200 seront tués). De nombreux entrepreneurs ne peuvent plus travailler et le nombre de commerces passe de 53 à 38. Quelques veuves reprennent les boutiques de leurs maris disparus, mais il faut attendre 1920 pour

retrouver 70 commerces. En 1929, à l’initiative des ouvriers de la Fonderie Lorraine, une Coopérative de consommation sera créée. Elle prendra le nom « d’Association d’achat en commun du personnel de la Fonderie Lorraine ». Son siège se situera au 112 rue de Paris.

Maison Rohaut [avenue Pierre Fleury].

Extérieur du restaurant.

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Salon de coiffure (rue Lazare-Carnot), 1923.

élix Potin [angle rue L.Carnot, rue J.J-Rousseau].

Bar du marché. De gauche a droite : M. Legendre, J.Maresquet, propriétaire, M. Leretour, peintre, J.Bourdon, menuisier, M. Marie, marchand de journaux.

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Pendant la période 1915-1925 la Municipalité est saisie de nombreuses demandes d’ouvertures de débits de tabacs et boissons (1), ce qui amène la publication d’une réglementation les concernant comme par exemple la limitation des distances entre les débits de boissons et les édifices consacrés au culte, les cimetières, les écoles primaires (minimum 100 m) ; ceci afin d’éviter des problèmes d’ivresse. Création également à l’octroi avec une taxe unique sur l’alcool. L’octroi, impôt indirect instauré au XIIIe siècle fut supprimé par la Révolution en 1791, rétabli par la loi du 27 Vendémiaire an VII ; la loi du 12 février 1870 exemptait de ce droit certaines denrées : blé et farines, lait, beurre, fruits et légumes… Très impopulaire, il finit par disparaître en 1943. Plusieurs demandes concernent également l’ouverture de « tueries d’animaux » : une, rue de l’Industrie demandée par M. Catteville, boucher ; une autre rue Gambetta émanant de M. Lecourt. Un abattoir est également créé dans le clos Monbret (devenu rue Papillon) En 1928, la loi Loucheur (2) va favoriser l’accession à la propriété pour les classes moyennes. Des petits pavillons sont construits : — À la limite du bourg (de nos jours rue de Bretagne et de Normandie) occupés essentiellement par des employés de l’usine Kulhmann (ouverte à Oissel en 1917). — Au Madrillet (rue de Buffon et La Fontaine) pour des cadres et ouvriers travaillant vers Rouen. Ces constructions favorisent le développement économique puisqu’on répertorie 21 commerces de plus sur l’ensemble de la commune. Suite à l’implantation des Papeteries de La Chapelle en 1929, Albert Gallet ouvre son épicerie rue Étienne Dolet. Sur le chemin de l’Allée apparaissent le bar de la Chapelle et une épicerie.

L’aérodrome du Madrillet inauguré en 1930 devient un but de promenades (3), des débitants et cafés champêtres (dont la célèbre Auberge des 3 canards) ouvrent rue d’Elbeuf. En 1936, avec la victoire du Front Populaire, les travailleurs obtiennent un relèvement important de leurs salaires. Le nombre de commerces et d’artisans explose. On en compte 47 de plus dans le bourg et 8 de plus au Madrillet où la population atteint maintenant 1 529 habitants. Ces commerces se répartissent comme suit : 2 bouchers, 4 boulangers, 1 pâtissier, 2 charcutiers, 6 coiffeurs, 5 débitants, 6 épiciers, 3 mercières, 2 mareyeurs, 1 grainetier, 1 quincaillier, 1 marchand de charbon mais aussi 1 menuisier, 1 plombier, 1 cordonnier, 7 entrepreneurs, 1 électricien, 1 entrepositaire, 1 marbrier, 1 maréchal-ferrant et 7 mécaniciens garagistes ce qui laisse à penser que certains habitants ont acquis une automobile. (Il est intéressant de noter que les « perruquiers » d’antan s’appellent maintenant coiffeurs). Après la 2e guerre mondiale, 62 commerces supplémentaires s’ouvrent dont 8 au Madrillet. Ce sont essentiellement des cafés épiceries, des débitants mais aussi 1 layettier, 1 limonadier, 1 marchand de cuirs et crépins. La ville atteint maintenant près de 10 000 habitants. Elle est en pleine évolution. Autour des nouveaux lotissements, de petits centres commerciaux se forment comprenant surtout des commerces de bouche : boulangerie, épicerie, boucherie, marchand de fruits et légumes. Des commerçants desservent les quartiers avec un attelage (cheval et remorque le plus souvent) C’est le cas des épiceries Bigot ou Miroff par exemple. C’est aussi à cette époque que s’ouvrent des épiceries coopératives telles la Ruche Picarde, les Familistères, les Économiques de Normandie. En 1950, avec la création du quartier Hartmann, s’ouvrent chemin du bon clos 1 SANAC, 1 marchand de poissons ; rue du Languedoc 1 Familistère ; rue Ambroise Croizat au pied de l’immeuble un boucher, un boulanger, un marchand de légumes et fruits ; rue de Bourgogne, un tabac libraire, une mercerie et une laverie (4). La Cité des Familles s’agrandit et 3 commerces ouvrent sur la place des Camélias. Puis c’est la construction du quartier des Bleuets et avec la même logique, une place est réservée aux commerces (boulangerie, boucherie, marchand de légumes, librairie, épicerie). La ville continue de s’étendre vers le Madrillet. En 1958, suite à la construction des quartiers des Castors, des Aviateurs, Paul Verlaine, Jean Perrin… des commerçants s’installent rue Guynemer et dans les rues avoisinantes. On recense : coiffeurs, fleuristes, drogueries, merceries.

Enfin les constructions d’immeubles à la Houssière et au Château blanc amènent l’ouverture de centres commerciaux plus importants et de marchés hebdomadaires. (1) Délibération du conseil municipal Archives municipales. (2) Loi Loucheur du nom du ministre Louis Loucheur qui fit adopter en 1928 la loi sur les habitations à bon marché afin de remédier à la crise du logement. (3) Emplacement actuel du Parc-expo et du Zénith. (4) Témoignages de Mme Jacquet habitante de ce quartier depuis 1952.

Aéro-bar, Madrillet.

Garage rue Lazare-Carnot.

Coiffeur près des ateliers SNCF, rue de Paris.

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s e u r s e d l i f u A

Café Morel, rue Désiré Granet.

Bonneterie [rue Amiral-Cécille], 1935. Café Romain route d’Elbeuf [avenue des Canadiens].

Charbon Gaillard, rue Emile-Zola, 1950.

Alimentation générale, rue Gambetta.

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Restaurant Les Platanes, Nouvelle Halle, [rue du Madrillet].

Station-service route d’Elbeuf [pharmacie mutualiste].

Cité des Familles : épicerie Losset, 1950.

M . et M me Losset épiciers et leur fils.

Bar de la Chapelle [rue Docteur Cotoni].

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En famille à la terrasse du bar de l’hôtel de ville, 1950.

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Métiers du Bois Saint-Étienne possède un territoire forestier important. Les métiers liés au bois ont toujours été présents. Artisans de la vie courante : menuisiers, charpentiers, marchands de bois de chauffage ou de construction mais aussi des entreprises d’exploitation de la forêt. En 1936, rue Rondeaux existent 2 scieries : Blard et Fay, qui emploient une vingtaine de personnes dont 13 bûcherons yougoslaves et 2 portugais. De nos jours, l’entreprise Normandie Bois perpétue la tradition.

Facture F.Moisant [rue de Paris], 1950.

Exploitation Charles, opération du bûcheronnage, 1900.

Scierie Normandie-Bois, rue des Cateliers, 2009.

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Les centres commerciaux

Centre Triang.

Centre Leclerc vers 1990.

Centre Ernest-Renan.

En 1965 Saint-Étienne du Rouvray compte 310 commerces dont 60 au Madrillet et 48 marchands ambulants. L’avenue des Canadiens élargie en 1961 est un axe de circulation important vers l’aérodrome ce qui favorise la création de cafés, restaurants, guinguettes, station-service mais le transfert de l’aérodrome vers Boos en 1968 va être fatal à ces commerces qui vont peu à peu laisser place à une importante zone avec hôtels et restaurants. Dès 1967, on construit de nombreux immeubles au « Château blanc » (1). Une douzaine d’enseignes animent le centre Renan. En 1974 c’est le centre Triang (douze commerces également) qui est créé. Petit à petit, un mouvement de recul s’amorce. Les commerces de proximité dans les petites rues de ces quartiers vont disparaître (départs en retraite des propriétaires, pas de repreneurs…) Les habitudes des consommateurs changent également. Les déplacements en voiture, les moyens de conservation des aliments (réfrigérateurs, congélateurs), les horaires souvent contraignants des travailleurs et l’allongement des temps de loisirs pour certains, ont conduit les habitants à s’organiser différemment pour faire leur approvisionnement. Peu à peu, ils ont délaissé les achats journaliers dans les commerces de proximité au profit des grandes surfaces à leurs yeux moins onéreuses et surtout plus commodes puisque trouvant tout (ou presque) ce qu’ils désirent au même endroit. Ainsi s’ouvrent les magasins Leclerc et Atlas en 1978, Intermarché en 1982 et aussi les grandes structures commerciales de l’agglomération (Barentin puis Tourville la Rivière). Les commerces de proximité sont transformés en maisons d’habitation. En 1990 on recense 140 commerces sur la commune. (1) Du nom de l’hostellerie du Madrillet installée à l’emplacement du CFPA actuel et non du château d’eau actuel.

Centre commercial Saint-Yon, rue de Paris.

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Les Marchés En 1886, M. Eustache (Conseiller municipal) propose de faire payer aux marchands forains, étalagistes, un droit de place. Aucune décision n’est prise mais le Maire dit qu’il ne donnera, à l’avenir, aucune autorisation de stationnement aux marchands ambulants n’habitant pas la commune. En 1890, les commerçants s’inquiètent de la concurrence qui leur est faite par les commerces ambulants de plus en plus nombreux. Une proposition de droit de place, proportionnel à leurs ventes est présentée. Un statu quo est adopté mais les colporteurs devront produire une patente. En 1892, M. Delachaux (Conseiller municipal) propose la création d’un marché franc (sans droit de place) place de la République (actuelle place de l’Église) le dimanche matin de 7 heures à 12 heures du 1er avril au 30 juillet et de 8 heures à 14 heures du 1er octobre au 31 mars. Celui-ci sera affecté à la vente de volailles, viandes, beurre, fromages, légumes, poissons, victuailles et denrées alimentaires. Ce projet est adopté mais une pétition portant 59 signatures est présentée au Maire M. Gaudel. Lors du Conseil municipal du 26 octobre, malgré une vive discussion, il est décidé de maintenir ce marché. Une interruption a lieu, peut-être due à la guerre de 14/18 puisqu’un nouvel arrêté en 1920 rétablit un marché simple place Francisco Ferrer (nouveau nom de la place de la République) de 8 heures à 12 heures le dimanche. En 1921, il est décidé la perception d’un droit pour l’étalage et le stationnement des voitures des marchands ambulants. En 1926, ce marché est transféré aux Vaillons En 1932, un droit de place est établi. En 1949, un marché simple est autorisé le mercredi au Madrillet pour les céréales et produits alimentaires En 1950, un nouveau marché apparaît à la Cité des Familles En 1961, l’amicale des locataires des immeubles du Château Blanc suggère la création d’un

marché le samedi après-midi rue Renan de 15 heures à 18 h 30 En 1971, c’est au quartier de la Houssière qu’un marché est créé le mardi matin. Ces trois derniers marchés disparaissent dans les années 85/90. Il reste de nos jours le marché du dimanche place de l’Église et celui du mercredi au Madrillet qui a migré de la place Blériot à la place de la Fraternité, sous la halle en 1991.

Marché à la sortie de la Cotonnière, 1900.

Marché place de l’Église, 1970.

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Règlements commerciaux Depuis longtemps, une législation encadre le commerce : prix, horaires d’ouvertures, mesures sanitaires… Ainsi, des arrêtés municipaux fixent, selon les jours, les fêtes, l’heure d’ouverture et de fermeture des débits de boisson, cafés et cabarets ainsi que les activités autorisées ponctuellement (bals, concerts) qui ne doivent pas troubler l’ordre public. On trouve aussi des arrêtés concernant la prostitution. Le prix du pain est aussi fixé régulièrement (environ tous les 15 jours au début du 20e s.) et sa composition doit être indiquée à certaines époques. En 1917, la vente du pain frais est interdite, seul, le pain rassis

peut être vendu au poids, 12 heures au moins après sa cuisson. En 1929, un règlement, pour les exploitants d’hôtels, pensions de familles et locaux meublés demande l’affichage des prix, du nombre de pièces, du confort. En 1930 et 31 le Maire, le docteur Morault, signe des arrêtés sanitaires concernant la vente des huîtres et coquillages, la désinfection de porcheries, la désinfection des « ustensiles » des restaurateurs, coiffeurs, manucures, pédicures et instituts de beauté. Sources A.M.S.E.R : registre des délibérations du Conseil Municipal : 2 D2.

Marché place de la Fraternité, années quatre-vingt-dix.

Marché La Houssière, 1975.

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e c r e m m o c e l e e l Vers c è i s du XXI

Ancien magasin de bricolage, Madrillet.

Ancien café, Madrillet.

Ancienne droguerie, Madrillet.

Ancienne épicerie, Madrillet.

Constatant l’émiettement des commerces à partir des années 60, à l’initiative de M. Gaillard, marchand de charbon, et de M. Loire, pharmacien, les commerçants créent l’Union Commerciale qui poursuit ses activités jusqu’en 1976. Après une période de sommeil, en 1981, une nouvelle Union Commerciale présidée par M. Jouette, voit le jour et regroupe une cinquantaine de commerçants qui contribuent à l’animation du centre-ville. Le temps fort de cette renaissance est l’organisation d’un défilé de mode. À partir de 1998, Mme Evelyne Hurot prend la présidence de l’Union Commerciale. Les commerçants participants sont à l’initiative de diverses animations : une rose offerte pour la fête des mères, décorations de vitrines, foires à tout… Début 2008, 132 commerces avec vitrines sont recensés. Au 1er janvier 2009, on ne compte plus que 60 petits magasins dans l’ancien bourg, rues Gambetta et Lazare Carnot, trois commerces rue de la République et deux garages rue de Paris. Au Madrillet, on recense 33 commerces de proximité. Par contre, de nouvelles activités commerciales voient le jour, telles des laveries, des autoécoles, des agences immobilières… Il faut noter que les commerces existants gardent une certaine vitalité. L’Union Commerciale mais aussi les efforts de la Municipalité pour offrir un cadre de vie attrayant, incitent les habitants à fréquenter les commerces de proximité. Par ailleurs, les marchés connaissent un certain renouveau et celui de la Place de l’Église reprend vie au fil des dimanches pour le bonheur des habitants. Enfin un nouveau pôle d’activités commerciales va voir le jour dans les prochaines années autour de l’Institut National des Sciences Appliquées, grâce à l’arrivée de plus de 1 200 étudiants.

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Café, débit de boissons, restaurant, rue Louis-Buée.

Droguerie, rue Gambetta.

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Rue Amiral-Cécille.

Rue Lazare-Carnot.

Rue Gambetta.

Rue Gambetta.

Rue de la République.

Rue de L’industrie.

Rue Lazare-Carnot.

Rue de la République.

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