Goncourt

coulisses de l'Allemagne nazie, de ruses entre diplomates en bras de fer dans des salons feutrés, en passant par des tractations avec des industriels. Un récit.
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Edito

Melania Avanzato

Eric Vuillard, prix Goncourt 2017 pour L’Ordre du jour (Actes Sud)

Goncourt Nelly Kapriélian

C’est donc Eric Vuillard qui a reçu le prix Goncourt pour son neuvième livre, L’Ordre du jour (Actes Sud), pourtant publié en mai. Le récit des coulisses de l’Allemagne nazie, de ruses entre diplomates en bras de fer dans des salons feutrés, en passant par des tractations avec des industriels. Un récit impeccable, bien mené – mais un style classique à la limite de l’académisme. Le prix Renaudot, attribué lui aussi lundi, a été à Olivier Guez pour La Disparition de Josef Mengele (Grasset). Le récit documenté de la fuite du médecin nazi tortionnaire, en Argentine, puis en Uruguay : trente ans à parvenir à se planquer, sans qu’on le découvre – comment ? Pourquoi ? C’est le pari de Guez, dont le texte est lui aussi impeccable, bien mené, mais à la façon d’un long article. Bref, ceux qui ont le mauvais goût d’attendre plus de la littérature iront se rhabiller. Cela aura d’ailleurs été le principal problème de cette rentrée qui a vu triompher une littérature du “sujet”,

Les Inrockuptibles 8.11.2017

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soit une non-littérature qui se contente de “raconter une histoire”, si possible en forme de saga. Si possible édifiante, et si possible historique. Face à Eric Vuillard, on trouvait Véronique Olmi qui raconte l’histoire d’une esclave devenue sainte dans Bakhita (Albin Michel), et Alice Zeniter celle d’une famille de harkis sur fond de guerre d’Algérie dans L’Art de perdre (Flammarion). Seul Yannick Haenel, quatrième auteur sur la dernière shortlist du Goncourt, a su faire preuve de cette vibration, de ce prisme, de cette subjectivité qui font toute la littérature, avec Tiens ferme ta couronne (Gallimard). Il a même fait preuve d’humour – le pauvre garçon n’avait décidément aucune chance. Quant à cette obsession de la Seconde Guerre mondiale et du nazisme, encore en 2017, elle finit par en dire long sur l’inconscient français. Finalement, le Goncourt à Alice Zeniter, soit un coup de projecteur sur la guerre d’Algérie et les atrocités commises par la France, ça aurait peut-être eu plus de classe. 6

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