Gaz à effet de serre

domaine de l'industrie mais surtout celui des transports, qui totalise à lui seul 44% ... De son côté, le ministère des transports affirme n'avoir jamais été sollicité.
131KB taille 7 téléchargements 248 vues
Gaz à effet de serre: « le gouvernement Couillard va rater sa cible », dit Normand Mousseau

La politique énergétique du Québec serait « incompatible » avec son engagement contre le réchauffement climatique, d'après le physicien Normand Mousseau. La stratégie du gouvernement, mise en place dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat, ne suffirait pas à atteindre l'objectif de réduction de 37,5% des émissions de gaz à effets de serre (GES) au Québec d'ici 2030. Lors d'une conférence de presse donnée jeudi dernier devant des étudiants de l'université de Montréal, le scientifique a mis en cause le manque de vision et de gouvernance du Québec dans le dossier énergétique. Un problème de cible Au centre de la critique, la « Politique énergétique du Québec 2030 », dévoilée au mois d'avril. Cette stratégie anti-GES ciblerait mal ses domaines d'action. Ainsi, pour réduire ses émissions, la province mise essentiellement sur l'augmentation de la production d'énergie renouvelable alors que son approvisionnement dans ce secteur est garanti - Il serait même en surplus dans le cas de la production d'électricité. Normand Mousseau estime que le gouvernement devrait concentrer ses efforts sur la réduction des énergies fossiles dans le domaine de l'industrie mais surtout celui des transports, qui totalise à lui seul 44% des GES.

Guerres ministérielles ? Quant aux outils proposés, le projet de mise sur pied d'une agence dédiée à réduire les GES dans le domaine de l'énergie - Transition Énergétique Québec – provoque des remous : la structure ne bénéficierait que de 300.000$ par an pour mener à bien sa mission. De plus, elle ne pourrait collaborer qu'avec le ministère de l'énergie, dont elle dépend. Le manque de volonté des autres membres du cabinet l'empêcherait tout simplement d’accéder à des informations clé dans les secteurs les plus polluants, tels l'industrie et les transports, nous dit Mousseau. De son côté, le ministère des transports affirme n'avoir jamais été sollicité dans le cadre de ce projet, reléguant l'attaque du scientifique au rang des spéculations. Un premier signal d'alarme en 2014 Mandaté pour coprésider la commission sur les enjeux énergétiques du Québec, Normand Mousseau avait émis une série de recommandations anti-GES dès février 2014. Celles-ci n'ont pas été prises en compte dans l'élaboration du plan Québec 2030 qui traduit l'effort de la province dans la poursuite des objectifs de l'accord de Paris : stabiliser le réchauffement climatique en dessous de 2°C d’ici à 2100. Pour rappel, le Québec s'était engagé en 2015 à réduire de 37,5% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. À l'époque, les problèmes de gouvernance soulevés par Mousseau avaient déjà été signalés sur Radio-Canada par Jean-Patrick Toussaint, chef des projets scientifiques pour le Québec : « On doit mettre en place des mécanismes pour s'assurer que cette réduction soit l'affaire de tous les secteurs, de tous les ministères. Ce ne doit pas seulement être la responsabilité du ministère de l'Environnement, mais aussi de celui des Ressources naturelles, des Transports, des Finances... » Rectifier le tir Tandis que l'accord de Paris est officiellement entré en vigueur le 5 novembre, Normand Mousseau pense que le Québec peut encore honorer son engagement s'il se dote au plus vite d'un vrai plan de gestion de l'énergie impliquant tous les ministères concernés. A ce stade, rien ne laisse présager d'un changement de cap du gouvernement Couillard.

***