Gardez vos distances

de politesse. Des habitudes culturelles qui nous font prendre différentes places spatiales. Le percevoir et mieux le com- prendre éviterait bien de ces petites ten-.
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vivre ensemble

Gardez vos distances ! Sans être misanthrope, nous sommes quelques-uns à ne pas supporter qu’un voisin de file d’attente s’approche trop près de nous. Quelques-uns seulement. Parce qu’il existe plusieurs façons de rester près les uns des autres. Et que ce soit dans les transports en communs ou à la queue d’une caisse de supermarché, notre culture nous dicte la bonne place à prendre…

Où se trouve ma bulle de protection ?

« Toute rencontre nous encourage à respecter une distance opportune, qu’il vaut mieux observer pour que le contact soit confortable » explique l’anthropologue Edward T. Hall. Une distance à respecter et qui varie de l’un à l’autre : puisque certains apprécient la proximité voire le contact physique, quand d’autres ont besoin d’espace pour se sentir en sécurité. Car dès que la présence de l’autre s’impose et touche nos sens, elle devient envahissante. La tactique consiste alors à ne pas bouger, contracter les muscles tant que le contact est imposé, et s’écarter dès que possible. Et si cette mise à distance attendue n’est pas respectée, chacun peut se sentir agressé. Alors dans les transports en commun, à la queue, chez le boulanger ou dans un ascenseur, comment vivre ces rapprochements ?

Une distance différente d’une culture à l’autre Nous observons tous une distance les uns face aux autres, mais cette distance, la fameuse « bulle » de protection, peut aussi bien se situer à l’intérieur de soi, de sorte qu’une proximité étroite n’est pas mal vécue. Un alsacien qui débarque en Afrique noire peut être choqué par une proximité physique inhabituelle, alors qu’au même moment les autochtones LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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le perçoivent comme trop distant. Tandis que dans une conversation le latin est plus tactile, l’allemand et le japonais sont plus éloignés. La dimension de cette bulle est plus ample dans les pays occidentaux que dans les pays méditerranéens, pratiquement inexistante dans les pays arabes. Bousculades, excuses, seraient finalement plus une affaire de culture que de politesse. Des habitudes culturelles qui nous font prendre différentes places spatiales. Le percevoir et mieux le comprendre éviterait bien de ces petites tensions, à la caisse du supermarché... Célia Coudret

Pour le savoir, faites le test avec quelqu’un qui n’est pas un intime. Tenez-vous à quelques mètres l’un de l’autre, restez immobile, discutez avec cette personne tandis qu’elle se rapproche peu à peu de vous. Dès que vous ressentez un malaise, c’est qu’elle est entrée dans votre bulle de protection.

Ou se situe la distance limite de l’autre ? Repérez à quelle distance se place spontanément votre interlocuteur, au début de l’échange. Dès qu’il a l’air à l’aise, observez s’il se rapproche de vous au cours de la discussion. C’est là que se trouve sa distance idéale pour échanger avec vous.

Pour aller plus loin L’étude des distances sociales ou proxémie a été développée par Edward T Hall. Selon le sociologue, notre « proximité spatiale » est fonction de notre culture. Ses observations lui ont permises d’établir une distinction entre quatre groupes respectant des distances différentes : La distance intime qui se situe entre 15 et 45 cm. La distance personnelle, entre 45 et 135 cm. La distance sociale, entre 1,20 m et 3,70 m. La distance publique, supérieure à 3,70 m. Sources : Pascale Samson « La distance entre personnes » www.le-guide-des-relations.com Edward T.Hall, La dimension cachée, Seuil, Collection Point Essais, Paris, 1971.