Focus Pays de Campus France : Territoires palestiniens

Le monde universitaire palestinien est l'un des plus ouverts sur ... zone Proche et Moyen-Orient. ... et 11,09 % en formation technique et commerciale. (Bac +2).
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n° 15

CAMPUS FRANCE

F cus Pays Novembre 2016

Jérusalem et Territoires palestiniens

Dans le cadre de la construction de l’État palestinien, l’éducation et la formation des futurs cadres constituent des enjeux centraux. Le monde universitaire palestinien est l’un des plus ouverts sur l’étranger de toute la zone Proche et Moyen-Orient. Une tradition ancienne qui est également le fruit de la situation politique et diplomatique du pays. La France figure parmi les principaux contributeurs d’aide au développement des Territoires palestiniens. Elle y a consacré près de 40 M€ en 2015 (394 M€ sur la période 2008-2014)1.

DONNÉES POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET DÉMOGRAPHIQUES

En quelques chiffres Superficie : 6 020 km2 Population palestinienne (Bureau central de statistiques palestinien, 2016) : 4,816 M (2,935 M en Cisjordanie et à Jérusalem, 1,881 M dans la bande de Gaza)2. Langue officielle : arabe PIB (FMI, 2013) : 12 500 M$ (dollars courants) PIB/hab. (rapport de la CNUCED, 2013) : 2 828 $ Taux de croissance (2015) : 3,2 % Taux de chômage (2014) : 26,3 % en Cisjordanie ; 45 % à Gaza Taux d’alphabétisation (+15 ans) (PNUD, 2013) : 95,9 % Indice de développement humain (PNUD, 2013) : 0,67/ 110e rang

HISTOIRE

Les dates clés de la relation franco-palestinienne 1947 (novembre) : la France vote en faveur de la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) qui prévoit le partage de la Palestine mandataire et la mise en place de deux États.

1982 (mars) : François Mitterrand est le premier président à exprimer, devant la Knesset (le Parlement israélien), l’objectif de la création d’un État palestinien.

1948 (décembre) : à l’issue de la première guerre israélo-arabe, la France est membre de la Commission de conciliation des Nations Unies pour la Palestine, créée par la résolution 194 de l’Assemblée générale qui affirme aussi le droit au retour des réfugiés et apporte son soutien à l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency)3.

1993-1994 : déclaration de principe dite d’Oslo et création de l’Autorité palestinienne.

1967 (novembre) : la France contribue à faire adopter la résolution 242 du Conseil qui appelle à l’instauration d’une paix juste et durable au Proche-Orient. 1974 (octobre) : le ministre français des Affaires étrangères est le premier chef d’une diplomatie occidentale à rencontrer Yasser Arafat, à Beyrouth ; (novembre) la France vote en faveur de la reconnaissance de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) au sein de l’ONU en tant que membre observateur.

2010 : la France réhausse le statut de la Délégation générale de Palestine en France, qui devient la Mission de Palestine, avec à sa tête un Ambassadeur. 2012 : la France vote en faveur du statut d’État observateur non-membre de la Palestine aux Nations Unies. 2015 : premier séminaire intergouvernemental franco-palestinien. 2016 (juin) : la France lance une « Initiative pour la paix au Proche-Orient ».

1- Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoirespalestiniens/la-france-et-les-erritoires-palestiniens/ 2- Source : Palestinian Central Bureau of Statistics - PCBS, projection 2016 3- En français : l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine

ÉDUCATION4 221 395 étudiants palestiniens (2014-2015) : 84,14 % en Licence (4 ans), 4,76 % en Master, 0,01 % en Doctorat et 11,09 % en formation technique et commerciale (Bac +2). Environ 44 % des 18-24 ans étudient dans le supérieur5. Ce taux de population universitaire est très supérieur à la moyenne du monde arabe. Une population étudiante majoritairement féminine : 133 280 étudiantes, soit 60 % de l’effectif total des étudiants palestiniens. Un décalage entre les profils universitaires et le marché du travail. Près de 75 % des inscriptions concernent les Sciences humaines et principalement l’éducation. Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur reste élevé (54,7 % en 2015 pour les 20-29 ans titulaires d’un diplôme universitaire intermédiaire ou d’une Licence) même s’il est plus bas que pour les non-diplômés. Une seule université offre une formation doctorale, dans le domaine de la chimie (An-Najah à Naplouse). Des réflexions sont engagées par les universités pour l’ouverture de nouveaux doctorats dans les années à venir (par exemple dans les disciplines scientifiques et le droit), avec d’éventuels partenaires internationaux ou français.

COOPÉRATION UNIVERSITAIRE ET SCIENTIFIQUE BILATÉRALE Un dispositif dynamique de bourses  Une cinquantaine de bourses du gouvernement français (BGF) au niveau Master et Doctorat, délivrées par le Consulat général de France à Jérusalem sur des bases d’excellence universitaire. Une partie de ces bourses sont à coût partagé avec les universités palestiniennes, les collectivités locales et les universités françaises. Développement de partenariats de recherche franco-palestiniens : les programmes « Al-Maqdisi » (déclinaison palestinienne des partenariats de recherche Hubert Curien) sont l’instrument privilégié de la coopération française en matière de recherche, financés entièrement par le MAEDI8 et le MENESR9. 13 sont actuellement ouverts (microbiologie, pharmacie, télécommunications, ingénierie, etc.) Actions de coopération universitaire menées dans des domaines spécifiques comme le droit et l’administration publique, la médecine, les sciences, l’ingénierie et l’architecture, l’enseignement technique et professionnel et le français.

Les grands défis Le développement de troisièmes cycles en  faveur de la formation d’enseignants-chercheurs dans le pays. La reconnaissance des formations diplômantes de l’enseignement à distance.

APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS ET FRANCOPHONIE Apprentissage du français  (2015-2016) : 21 500 élèves dans les écoles palestiniennes (7 600/public, 14 000/privé), 1 379 étudiants inscrits en langue française dans les universités palestiniennes, 1 000 étudiants dans le réseau des Instituts français, environ 300 élèves au lycée français de Jérusalem, plus de 300 professeurs de français, 3 750 inscrits au DEFL/ DALF7 en 2016, 300 étudiants et professeurs concernés par une mobilité en France chaque année (stages linguistiques, stages didactiques, échanges scolaires). 6

Un réseau dense d’Instituts français et d’établissements partenaires : à Jérusalem, Naplouse, Gaza, Ramallah (Centre culturel francoallemand), Hébron (Association d’Echanges culturels Hébron-France) et Bethléem (Alliance française). Le dispositif est complété par une antenne de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO).

4- Source : Ministère de l’Éducation palestinien, 2015 5- Source : Unesco, 2014 6- Source : Service de coopération et d’action culturelle de Jérusalem 7- DEFL/DALF : Diplôme d’Études en Langue Française/ Diplôme Approfondi de Langue Française 8- MAEDI : Ministère des Affaires étrangères et du Développement international 9- MENESR : Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a th e ©K

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ACTIONS DES AUTRES PAYS

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De nombreux pays coopèrent avec les Territoires palestiniens dans le domaine de l’enseignement supérieur au travers notamment de financement de bourses (États-Unis, Allemagne, Russie…). La France dispose d’un positionnement particulièrement intéressant dans le domaine de la recherche.

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Les projets européens : Erasmus : 42 projets de mobilité comprenant 325 mobilités d’étudiants et d’enseignants en 2015 (272 mobilités vers l’Union européenne et 53 en provenance de l’Union européenne).

© Lucia Ahmad

Erasmus+ : l’action du Consulat général de France à Jérusalem vise à soutenir les candidatures d’établissements français inscrit à Erasmus+, programme de référence de l’Union européenne en matière de mobilité (bourses, échanges) et de renforcement des capacités des universités. Les universités françaises restent encore insuffisamment représentées dans ce programme dans les Territoires palestiniens. Jean Monnet : dans la région Sud Méditerranée, les Territoires palestiniens sont le seul pays à avoir été sélectionnés pour un projet de ce type en 2015.

MOBILITÉ ÉTUDIANTE ➢ Vers le monde10  : plus de 20 000 étudiants palestiniens en mobilité en 2014. Longue tradition de mobilité étudiante vers la Jordanie, voisine, et les pays du Proche et Moyen-Orient : 35 % en Jordanie, 20 % en Arabie saoudite et 20 % aux Émirats arabes unis. ➢ Vers la France11 : en 2015-2016, la France accueillait 232 étudiants palestiniens (dont 37,2 % d’étudiantes)12 parmi lesquels 202 (87 %) étaient inscrits en université. La moitié des étudiants suivaient un cursus en Master, 22 % en Licence et le 1/3 en Doctorat. Ils sont principalement attirés par les Lettres / Langues / Sciences humaines (35 %) et les Sciences / STAPS (35 %). La part importante de doctorants palestiniens en France permet de pallier la quasi-absence de formations de troisième cycle dans le pays. 10- Source : Unesco, année de référence 2014, extractions octobre 2016 11- Source : MENESR 12- Source : MENESR, 2013-2014

© Consulat général de France à Jérusalem

Témoignage : Responsable du Service des Relations Internationales de Lille 1

Véronique Level Responsable du Service des Relations Internationales de Lille1 L’Université Lille 1 a signé un premier accord de coopération avec l’Université d’An-Najah au début des années 2000. L’idée étant de soutenir les établissements partenaires dans leur effort de structuration de l’enseignement supérieur, et surtout encourager la mobilité des étudiants vers la France (axe majeur de la coopération). Ainsi, en 2015, le Consulat de France à Jérusalem, la Ville de Lille et l’Université de Lille (Lille 1, Lille 2 et Lille 3) ont signé une convention qui permet à des étudiants de Naplouse de venir étudier à l’Université de Lille (niveaux Master et Doctorat). Le Consulat de France octroie une bourse du gouvernement français et facilite les démarches administratives pour le départ. La Ville de Lille finance l’hébergement en résidence universitaire et le service des relations internationales se charge de l’accueil à l’Université en proposant les services dédiés aux étudiants. Il existe une autre coopération très dynamique, dans le domaine de l’aménagement du territoire et de la préservation des patrimoines, bâtie autour de l’accueil de groupes d’étudiants de l’Université d’An-Najah venant participer à un atelier (3 mois) autour de la question de l’urbanisme. Pour financer ce projet, nous avons recours au programme Erasmus+ « Mobilités internationales de Crédits » qui prend en charge, chaque année, les frais de déplacement et d’hébergement de 4 étudiants et 2 enseignants palestiniens.

Il est évident que la coopération avec les Territoires palestiniens, se trouvant dans une situation géopolitique difficile ne facilite pas forcément l’intensification des échanges. Il faut souligner les difficultés de communication, les délais de réponse, les lenteurs administratives, le turn-over des enseignants… C’est pour cela qu’il est préférable de travailler sur des projets de petite et moyenne ampleur afin d’éviter de lancer des programmes de trop grande envergure qui risquent d’être difficiles à mettre en œuvre. L’implication des autorités administratives (Consulat général de France à Jérusalem) constitue un rouage essentiel dans la mise en œuvre des projets. Les établissements français pourraient être moins frileux à coopérer avec les Universités des Territoires palestiniens. En effet, elles sont ouvertes à tout projet d’échange et sont, dans leur grande majorité, bien structurées et dotées de personnels et d’étudiants de grande qualité. L’Université de Lille va poursuivre sa coopération avec l’Université An-Najah : accueil des étudiants grâce à la convention tripartite qui a été signée (Université/ Consulat/Ville de Lille), dépôt des dossiers de candidature pour les Mobilités Internationales de Crédits et à terme un projet Erasmus+ « Capacity Building » dès lors que les conditions de gestion optimale du projet pourront être assurées par les deux établissements.

© Consulat général de France à Jérusalem

Témoignage d’une étudiante palestinienne de l’Université de Toulouse 1 Maissa RANTISI 26 ans, originaire de Ramallah, actuellement étudiante en Master de management, à l’Université de Toulouse 1. Après 4 années universitaires (Licence) passées aux États-Unis, j’ai travaillé pendant 3 ans, dans les Territoires palestiniens, au sein d’une entreprise de commercialisation et de publicité. J’ai ensuite décidé de reprendre mes études afin de pouvoir aider les entreprises palestiniennes à se développer. À l’école des Sœurs de Saint-Joseph, où j’ai été scolarisée pendant 12 ans, j’ai pu apprendre le français ainsi que le fonctionnement du système éducatif français. Cette expérience m’a encouragée à poursuivre une partie de mes études en France. De plus, avec l’aide du Consulat général de France à Jérusalem, j’ai pu réaliser mon ambition et m’inscrire en Master. J’ai réalisé un Master 1 Management Stratégique à l’IAE (Institut d’Administration des Entreprises) de Toulouse. Cette année a été parfois difficile car le niveau du système universitaire français est très élevé et différent des Territoires palestiniens et des États-Unis. Mais je suis parvenu à surmonter ces difficultés, et à acquérir en parallèle une expérience sur le plan social, culturel et professionnel. En effet, cette année a également été l’occasion de rencontrer des étudiants français, mais aussi de toutes nationalités. Ainsi, j’ai pu approfondir mes connaissances et compétences et renforcer mon réseau. Directrice de la publication : Béatrice Khaiat, Directrice générale. Comité éditorial : Thierry Valentin, Directeur général adjoint. Direction de la Coordination géographique : Olivier Chiche-Portiche, Directeur ; Emilie Pollet, Responsable géographique Afrique du Nord et Moyen-Orient, Raphaëlle Hallier, Responsable géographique adjointe Afrique du Nord et Moyen-Orient. Service Communication, Presse et Études : Anne Benoit, Directrice ; Laura Foka, Chargée d’études. Campus France remercie tout particulièrement le Service de Coopération et d’Action culturelle du Consulat général de France à Jérusalem et le bureau d’information Campus France de Naplouse, ainsi que Véronique Level (Responsable du Service des Relations Internationales de l’Université Lille 1) et Maisaa Rantisi (étudiante en Master à l’Université de Toulouse 1) pour leur témoignage.

Durant ce séjour, j’ai découvert Toulouse, la ville rose, et fait des visites historiques et culturelles. Au niveau de la gastronomie, j’ai découvert différentes saveurs notamment les spécialités toulousaines. Par rapport à la pratique de la langue française, je sens une grande amélioration car je peux communiquer plus aisément aujourd’hui. Chaque année, des étudiants palestiniens ont la chance de pouvoir partir faire leurs études en France. C’est aussi l’occasion de se motiver à penser à l’avenir de notre pays, où il reste encore de nombreux défis à relever. En outre, je crois beaucoup aux réseaux des étudiants et alumni, pour développer les échanges professionnels et construire des partenariats entre les établissements français et palestiniens. Un petit message aux jeunes palestiniens : n’hésitez pas à choisir la France comme destination pour vivre une nouvelle expérience et améliorer vos compétences et connaissances ! Profitez de cette opportunité en choisissant l’un des meilleurs systèmes éducatifs du monde et retournez plein d’espoir et de motivation pour participer au changement et développement de notre pays.

Depuis octobre 2015, les Territoires palestiniens sont connectés à la plateforme France Alumni. https://www.francealumni.fr/fr/poste/palestine Ils ont été l’un des premiers pays de la région à le faire, en liaison avec l’association des alumni palestiniens diplômés en France, Al Rafic. Édition : Anne Benoit, [email protected] Crédits photos et visuels : droits réservés. Cartographie : Philippe Rekacewicz. Réalisation : Agence Huitième Jour – Paris. Impression et diffusion : Desbouis Grésil Imprimeur. Campus France : Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale 28, rue de la Grange aux Belles – 75010 Paris www.campusfrance.org Novembre 2016 ISSN 2495-3326