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Survol la présidence du Dr Renald Dutil

Conseil de décembre 1995, le Dr Renald Dutil est élu à la présidence de la FMOQ, il succède alors au Dr Clément Richer. Déficit zéro : les compressions budgétaires du gouvernement et le virage ambulatoire Les premières années à la présidence du Dr Dutil seront les plus difficiles. De 1995 à 1999, le gouvernement procède à de nombreuses réductions budgétaires qui n’épargnent pas le secteur de la santé. Une première compression de 2 % touche tous les employés du secteur public y compris les médecins. Puis, en 1996, le gouvernement décrète la Loi 104 imposant une diminution récurrente de 6 % de l’enveloppe budgétaire globale des omnipraticiens. Après une journée d’étude tenue à Montréal et à Québec en décembre et une tournée d’assemblées extraordinaires des associations de la FMOQ pour solliciter le mandat d’exercer des moyens de pression et contester la Loi, les omnipraticiens en arriveront finalement au printemps 1997 à une entente négociée qui remplacera la Loi 104 et en atténuera les effets néfastes. Cette négociation a permis d’éviter l’imposition d’une compression paramétrique mais pas la retraite anticipée de plus de 500 médecins du Québec. Beaucoup de mesures négociées alors, seront levées au cours des deux années suivantes pour ne pas compromettre l’accès aux soins. L’entente intérimaire de 1998 aura été la plus laborieuse à négocier pour le Dr Dutil. Dans un projet déposé au Ministère de la santé et des services sociaux en avril, la FMOQ demande un redressement de l’enveloppe de 7 %. Après des années de compression, au pire de la pénurie de médecins, les omnipraticiens sont déterminés plus que jamais à obtenir enfin les ressources financières nécessaires à l’organisation des services de médecine générale et à la reconnaissance de la hausse des frais de cabinet. La mobilisation des membres est impressionnante et permet une contestation énergique. Une vaste campagne de communication suscitera l’appui de la population. Après la tenue d’assemblées extraordinaires à Montréal et à Québec, trois journées d’études sont aussi tenues pour marquer l’absence de progrès dans les négociations, sans entraver les services essentiels. Après de longs débats, le Conseil accepte une augmentation récurrente de 4% de l’enveloppe budgétaire. Cette contestation marquera le leadership du Dr Dutil et instaurera une nouvelle ère dans les négociations entre la FMOQ et le gouvernement. En 2000, après deux ans de négociations ardues, le Dr Dutil présente au Conseil un accord de principe qui comprend l’effacement des dépassements des enveloppes budgétaires pour une somme de plus de 150 millions de dollars et diverses augmentations de l’enveloppe permettant à la FMOQ de régler ses dossiers prioritaires. Les départements régionaux de médecine générale Devant la régionalisation des services de santé encouragée par le ministre de l’époque Jean Rochon, la FMOQ était inquiète que les médecins omnipraticiens ne puissent intervenir dans la gestion des soins à cette échelle. Le Dr Dutil et la FMOQ songent donc à créer une structure administrative régionale s’inspirant du département clinique de médecine générale dans les établissements. En 1998, à l’issue de la réorganisation des services médicaux généraux, la FMOQ propose de doter chaque régie régionale (maintenant Agence) d’un Département régional de médecine générale (DRMG) ayant pour chef un médecin actif en pratique, qui formulera ses recommandations sur la planification des effectifs médicaux, ainsi que des propositions sur la planification et l’offre de services. Le ministère donne des assises légales à la création des DRMG dans le cadre du projet de loi 404. Le premier DRMG voit le jour en mars 2000. Ces départements existent maintenant dans toutes les régions et jouent un rôle prépondérant dans la gestion des soins de première ligne.

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Les modèles d’organisation pour une meilleure accessibilité des patients aux services La FMOQ a contribué à la création de nouveaux modèles de pratique qui améliorent les services aux patients et apportent un meilleur soutien aux médecins participants. Ces modèles favorisent la collaboration entre médecins et intensifient la collaboration avec les autres professionnels du réseau de la santé. Ils se traduisent par des services accrus à la population, soit une meilleure orientation du patient, des heures d’ouverture élargies, ainsi qu’un accès plus rapide aux examens et aux résultats. Les GMF En 1998, la FMOQ commande à la firme Secor un rapport sur le positionnement des cabinets privés et la pratique des omnipraticiens dans un réseau intégré de services. Le Bureau et les directeurs y participent activement. De ce rapport nait un nouveau modèle de pratique : le Groupe de médecine familiale ou GMF. En 2000, devant la Commission Clair, le Dr Dutil présente ce nouveau modèle de soins de première ligne. Les travaux avec le Ministère menant à la création des GMF et à leur mise en oeuvre commencent en 2001. En 2003, les premiers groupes qui ont adhéré à l’entente ouvrent leurs portes. Ce modèle connaît ensuite un bel essor : nous en comptons actuellement plus de 148 au Québec. Les cliniques-réseau, Les cliniques-réseau, un autre modèle novateur, sont élaborées à Montréal en 2005 et sont le fruit d’une collaboration entre la FMOQ, l’Association des médecins omnipraticiens de Montréal et l’Agence régionale de la santé et des services sociaux. Ce modèle a également été reproduit à Québec et en Montérégie. Il en existe actuellement 28. En 2001-2002, la Fédération a travaillé avec l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec à l’intégration d’infirmières praticiennes ou spécialisées dans les équipes de médecins, avec le suivi conjoint et les ordonnances collectives. Cette collaboration, officiellement lancée en 2005 avec le rapport sur les activités partageables entre médecins et infirmières, est déjà une réalité dans les GMF et les cliniques-réseau. Le plan d’accessibilité aux soins de première ligne prévoit aussi l’intégration d’autres professionnels pour un travail en interdisciplinarité. La crise des urgences Été 2002, un patient meurt à Shawinigan, l’urgence étant fermée faute de médecins. Ces circonstances déclenchent la pire crise que le Dr Dutil ait eu à gérer. Le dépôt du projet de loi spéciale 114 oblige tous les cliniciens ayant une expérience des salles d’urgence à faire des gardes sur appel. Ces mesures draconiennes suscitent des remous au sein de la FMOQ et de la FMSQ. Les fédérations organisent une marche sur la colline Parlementaire en guise de protestation, à laquelle participeront tous les délégués. La FMOQ dépose une demande devant les tribunaux pour faire abolir cette loi, qui contrevient à la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Le gouvernement rapplique avec une tentative d’amender la Loi pour modifier le statut professionnel autonome du médecin. Cette fois, plus de 2000 médecins se mobilisent lors d’assemblées extraordinaires. Le Dr Dutil ira même rencontrer le premier ministre, Bernard Landry, pour tenter de faire abolir la loi spéciale. Mais dans un contexte de pénurie de médecins, la FMOQ ne peut donner au gouvernement la garantie que des épisodes comme celui de Shawinigan ne se reproduiront plus et reconnaît que la situation est grave et intenable. Avant l’été suivant, des lettres d’entente avec le ministère de la santé permettront l’application de mécanismes pour mieux gérer les pénuries d’effectifs anticipées dans les urgences. La loi spéciale sera levée. On parviendra à trouver une solution engageant les médecins d’urgence de façon volontaire pour combler les lacunes. Puis, en 2003, une loi modifiant les activités médicales particulières incite la FMOQ à négocier une entente pour participer la répartition d’effectifs médicaux dans tous les secteurs de pratique, à commencer par les urgences.

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La gestion de la pénurie d’effectifs médicaux Le plus grand obstacle structurel ayant marqué la présidence du Dr Dutil et le plus difficile à gérer est certainement le manque de main d’œuvre médicale. Le contingentement du nombre d’étudiants dans les facultés de médecine dans les années 80 et 90 et les compressions du Déficit zéro ont, parmi d’autres facteurs, occasionné une pénurie qui a frappé le système de plein fouet à la fin des années 90. Le nombre de finissants est en effet passé de 800 à 411 en 1998 au plus fort de cette pénurie. En 2003, le décret fixant la rémunération différente pour les omnipraticiens de moins de trois ans de pratique est aboli. En fin d’année, suite au décret d’une loi instaurant les PREM, la FMOQ conclue une entente avec le Ministère pour gérer la répartition des effectifs en comité paritaire, de manière à mieux veiller aux intérêts des médecins. La prise en charge et le suivi des patients Au fil des ans, le Dr Dutil poursuivra l’un de ses premiers objectifs à la présidence, soit de consolider le statut du médecin de famille pour redonner à cette profession ses lettres de noblesse. Dans un contexte où les médecins omnipraticiens tendent à concentrer leur pratique dans des secteurs spécifiques, il importe de préserver le caractère polyvalent, la continuité des soins à la population et l’approche globale du patient et de sa famille qui sont l’apanage de la médecine familiale. Au début des années 2000, les médecins qui soignent les clientèles plus lourdes sont désavantagés par rapport à ceux qui privilégient les consultations sans rendez-vous, et on cherche une manière de corriger la situation. Après un séjour à l’étranger, le Dr Dutil revient avec la notion de clientèle vulnérable, concept qui définit tous les cas qui exigent plus de temps et de suivi de la part l’omnipraticien. Il y rattache des incitatifs qui bonifieront ce suivi. L’idée fait son chemin auprès du Bureau et, avec son équipe, il élaborera diverses mesures qui, à leur tour, finiront par obtenir l’adhésion du ministère. C’est en 2002-2003 que se concrétisent ces travaux : les négociations visant la prolongation de l’entente générale permettent la mise en place d’un protocole de prise en charge et de suivi des clientèles vulnérables. Ces négociations permettront d’autres gains majeurs : une majoration récurrente de 13,7 % de l’enveloppe budgétaire et des engagements fermes du gouvernement de négocier, entre autres choses, le redressement de la rémunération des médecins omnipraticiens. L’entente 2002-2003 est particulièrement satisfaisante parce qu’elle reconnaît pour la première fois l’importance du rôle du médecin de famille et celle de la prise en charge et du suivi des clientèles vulnérables. L’entente de 2006 met aussi l’accent sur la prise en charge et le suivi de clientèles vulnérables, et prévoit des augmentations dans les autres secteurs de pratique. Ce renouvellement d’entente fut difficile, démarrant avec un cadre financier imposé. La FMOQ a refusé les premières offres et dénoncé l’attitude arrogante du gouvernement, qui voulait également annuler la lettre d’entente visant à corriger l’écart de rémunération. Les omnipraticiens ont revendiqué leur droit de négocier et on dû le faire sous la menace d’une loi spéciale, à laquelle n’ont pas échappé les employés de la fonction publique et les médecins spécialistes. Les négociations ont tout de même permis de cumuler des gains constituant une offre satisfaisante. Cette offre est présentée lors d’assemblées d’information tenues à Montréal et à Québec. Tous les membres de la base sont consultés par scrutin postal. L’offre a été acceptée par le Conseil dans une majorité reflétant le vote des membres, mais sans enthousiasme. Rémunération équitable et amélioration de l’accessibilité, des conditions de pratique et de l’organisation des services offerts par les médecins omnipraticiens L’entente de 2006 a, entre autres, permis l’abolition des plafonds pour les médecins qui font du suivi de clientèle. Elle prévoit de régler le dossier du redressement de la rémunération. Les négociations dureront un an et se concluront en novembre 2007 par un redressement de 31 %, étalé sur plusieurs 3/5

années. Il comprend un rattrapage de 19 % et un budget pour la réalisation d’un Plan d’accessibilité aux soins de santé prévoyant la mise en place de mécanismes concrets qui amélioreront les services à la population. Le plan est audacieux, et les mesures nombreuses et en continuité avec les objectifs d’obtenir de meilleures conditions dans tous les secteurs de pratique. Il vise à mettre en place de nouveaux modèles de soin, d’intensifier la collaboration interprofessionnelle et celle entre la première et la deuxième ligne. Le dossier du redressement sera le dernier grand dossier que le Dr Dutil conclura en qualité de président de la FMOQ. Représentation des médecins de tous les secteurs Sous la présidence du Dr Dutil, la FMOQ a réussi à obtenir des bonifications dans tous les milieux de pratique, par différentes ententes particulières convenues pour mieux soutenir les secteurs où, tour à tour, de nouvelles réformes gouvernementales, dont le virage ambulatoire et la hiérarchisation des soins, engendraient un alourdissement des charges pour l’omnipraticien, qu’il s’agisse de l’urgence, du cabinet, des CLSC, des centres de soins de longue durée (CHSLD) ou auprès des malades admis dans des centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés (CHSGS). Il a vu à la rétribution des fonctions médico-administratives, dont celles des chefs des départements cliniques de médecine générale dans les établissements (DCMG) de même qu’à une rémunération de toutes les gardes en disponibilité. Qualités de leader Le Dr Dutil est un leader attentif à ses membres, soucieux de les représenter tous fidèlement quel que soit leur secteur ou leur région. Il a tenu à réviser en profondeur les statuts de la Fédération en 2002, après consultation auprès des associations et des autres Fédérations médicales. La Commission des présidents fut instituée, permettant des rencontres statutaires avec les présidents d’association avant la tenue des assemblées du Conseil. Ainsi, les présidents et leurs associations détiennent-ils dorénavant des pouvoirs accrus dans les décisions de la Fédération. Auprès des omnipraticiens, le Dr Dutil se fait le promoteur d’organismes de charité tels que Centraide et la Fondation OLO, pour laquelle il a été membre du comité d’honneur. Enfin, il a été l’un des initiateurs, en 2006, du Tournoi de golf annuel des fédérations médicales au profit du Programme d’aide aux médecins du Québec. Le Dr Dutil est un excellent communicateur. Dans ses interventions publiques et médiatiques, il sait rendre compréhensibles des dossiers complexes et s’adresser aux préoccupations de la population. Même lorsqu’il monte le ton, son élégance naturelle et son sens de l’humour ne le quittent jamais. Il maîtrise les dossiers de la Fédération d’une manière impressionnante. Négociateur habile, déterminé et rompu aux règles de la politique, il a mené à bien les mandats qui lui ont été confiés par la Fédération auprès des cinq ministres de la Santé et des Services sociaux qui ont transigé avec lui, soit : Jean Rochon, Pauline Marois, Rémy Trudel, François Legault et Philippe Couillard. Son attitude ouverte, humaine et pragmatique en a fait un interlocuteur constructif, mais néanmoins redoutable. Pour le Dr Dutil, la négociation est l’art du possible. Il faut être étapiste, composer avec la réalité, tenir compte des obligations de l’autre partie, du contexte politique, économique et social, ainsi que de l’incidence des gains sur la qualité du réseau. Le Dr Dutil déplore l’approche des gouvernements qui s’est manifestée dans de nombreuses négociations par voie coercitive et par décrets de lois, parfois avant même le début des pourparlers. Merci Dr Dutil Nous considérons le Dr Dutil comme un modèle d’excellence en syndicalisme, puisqu’il a exercé son leadership en respectant les principes fondamentaux des médecins. Il a toujours tenu à concilier les intérêts de ses membres et ceux des patients, faisant progresser à la fois la profession d’omnipraticien et l’accès aux services de santé. Il aura été un digne représentant des médecins de famille du Québec. 4/5

Merci, Dr Dutil, pour votre passion et votre engagement, toujours aussi intenses après douze années.

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