ETUDE_White Paper Thématique Emploi Final - Mirova

16 juin 2015 - fusion, acquisition), veille permanente qui alimentera nos réflexions et .... Energie. 23. Finance. 8. Santé. 15. Technologies. 61. Mobilité. 30.
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Impact investing : la création d’emplois, concilier valeur sociale et financière Mathilde Dufour, Responsable adjointe Recherche Rédigé le 16/06/2015

Fabien Leonhardt, Gérant de portefeuille

Synthèse : Au cœur des préoccupations individuelles et sociétales, la thématique de la création d’emplois est aussi un sujet central pour les investisseurs institutionnels. Or cette dimension est aujourd’hui peu (ou pas) intégrée dans les stratégies de gestion, y compris dans les démarches d’investissement responsable. La création d’emplois peut-elle être un facteur de création de valeur à la fois sociale et financière ? Notre conviction : placer l’emploi au cœur des choix d’investissement permet de concilier impact social - local, identifié et mesurable - et création de performance financière. Orienter l’épargne vers les entreprises suffisamment confiantes sur les opportunités que lui offre une économie locale pour y investir et y développer l’emploi contribue à la création de valeur partagée, mais aussi à aligner les intérêts de deux parties prenantes déterminantes dans une entreprise : les salariés et les actionnaires.

I. Création d’emploi et performance sociale L’emploi, une opportunité de développement durable Droit fondamental établi par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (art.23), l’emploi est au cœur des préoccupations individuelles et politiques. Individuelles, car l’accès à un emploi décent constitue un des socles du développement humain, en contribuant non seulement à assurer la satisfaction des besoins de base, mais aussi au bien-être économique et social, ainsi qu’Amartya Sen le conçoit au travers de son “approche 1 par les capabilités“ . Marqueur de dynamisme pour une économie, l’emploi est également un pilier majeur des objectifs nationaux et internationaux pour le développement d’une économie durable et inclusive (Rio+20, Europe 2020). L’emploi est un objectif à la fois économique et de société, qui concilie les intérêts de toutes les parties prenantes qui la

composent. Source de revenus pour les salariés, signe de bonne santé pour les entreprises, mais aussi pourvoyeur d’épargne via les mécanismes collectifs d’épargne retraite et salariale, l’emploi coïncide avec les intérêts d’investisseurs de long terme. Or, il est surprenant de constater que la thématique de l’accès à l’emploi a fait l’objet d’une attention relativement faible dans l’analyse ESG et est peu intégrée dans les décisions de gestion. Quand elle l’est, elle s’est surtout attachée à mesurer la qualité des conditions de travail (respect des droits de l’homme au travail, qualité de vie, gestion des compétences, etc.) ou la gestion des risques, en mettant l’accent sur la gestion responsable des restructurations. Dans la lignée de l’approche de Mirova – concilier, sur le long terme, performance extra-financière et financière – nous développons ici une approche innovante, qui valorise la création d’emplois dans la recherche d’opportunités d’investissement.

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Cette analyse est accompagnée d’une veille active sur l’actualité « emploi » des sociétés (restructuration, fusion, acquisition), veille permanente qui alimentera nos réflexions et nous permettra une meilleure réactivité dans la gestion de l’univers d’investissement.

L’emploi, un impact mesurable Placer la création d’emplois au cœur d’un processus d’investissement répond également à la nécessité croissante de pouvoir mesurer l’impact de nos investissements. Les limites parfois évoquées de la faible visibilité de la performance extra financière des fonds ISR se heurtent souvent à la disponibilité des données. La mesure de la variation des effectifs offre le double avantage de -

-

QUELQUES IDEES RECUES

permettre d’identifier les entreprises créatrices d’emploi et non les plus grands recruteurs (une entreprise ayant une rotation des effectifs importante peut être à la fois un gros recruteur et un destructeur d’emplois)

« Les licenciements font monter les cours de Bourse » Les plans de licenciement des sociétés cotées sont parfois interprétés comme des coupes de coûts agressives destinées à faire monter les cours boursiers ; d’où l’expression de « licenciements boursiers ».

de s’appuyer sur un des indicateurs les plus largement disponibles et homogènes des reportings sociaux des entreprises.

Si à court terme, de tels plans peuvent avoir un impact positif sur le cours de Bourse, ce n’est pas vrai à moyen et long terme. La destruction d’emplois est plutôt le signe d’une santé économique fragile, de perspectives de développement insuffisantes pour, a minima, conserver ses employés, et ne sera donc pas synonyme de performance boursière à long terme.

Toutefois, la prise en compte des variations nettes d’emplois des entreprises laisse encore certaines questions en suspens : •



En nous focalisant sur le périmètre direct de l’entreprise (ses effectifs propres), nous ne couvrons pas son impact indirect sur les emplois créés ou détruits dans son écosystème.

« Toutes les entreprises détruisent des emplois lorsque le taux de chômage monte » Ce n’est pas exact : quelle que soit la phase de croissance d’un pays, certaines entreprises créent des emplois, d’autres en détruisent. Le taux de chômage reflète l’écart entre ces deux catégories.

La création d’emplois telle que nous pouvons la mesurer aujourd’hui ne donne pas d’information sur la qualité de ces emplois (nature des contrats, pérennité, conditions de travail).

Par exemple, en France, plus de 780 000 emplois ont été créés en parallèle d’investissements de 2009 à 2013, selon l’Observatoire de l’Investissement. Mais dans le même temps, plus de 825 000 ont été détruits.

C’est pourquoi cette mesure de la création d’emploi est complétée par une analyse ESG plus extensive des pratiques des sociétés. En particulier, au sein du pilier Social/Sociétal, l’analyse des sociétés inclut une revue des risques liés à la gestion des ressources humaines et aux conditions de travail, qui porte sur le respect des droits humains fondamentaux au travail, la santé et la sécurité au travail, ainsi que le développement au travail.

2

II. Création d’emplois financière

et

performance

Emploi et relation ?

financière,

Performances boursières sur 3 ans glissants Comparaison premier décile vs dernier décile selon le critère création d'emplois 140% 120%

performance

quelle

100% 80% 60% 40%

L’analyse des impacts d’emplois créés (ou consolidés) sont d’ores et déjà menées par les équipes de gestion de Mirova sur certaines classes d’actifs spécifiques : infrastructures, solidaire, green bonds. Pour les actions cotées, la dynamique de création d’emplois a jusqu’alors été peu étudiée au niveau académique, au profit d’une multitude d’indicateurs financiers.

20% 0% -20% -40%

Top 10%

L’équipe de gestion de Mirova a analysé et comparé, sur longue période (1991 à 2012) et sur un univers mondial de 5000 valeurs cotées (Indice Bloomberg World 5000), le lien entre variations des effectifs et performance des 2 actions, sur 20 périodes de 3 ans glissants . Pour chaque période, les entreprises sont classées par déciles en fonction de la variation de leurs effectifs :

Bottom 10%

Résultats Perf moyenne Top 10% par période Perf moyenne Bottom 10% par période Ecart moyen Top 10% / Bottom 10% Nombre d'écarts positifs Top 10% / Bottom 10%

• Portefeuille théorique « Top 10% » : 10 % avec la plus forte progression d’effectifs (premier décile); • Portefeuille théorique « Bottom 10% » : 10% affichant la plus faible progression d’effectifs (dernier décile).

61.5% (min : -11% / max : +125%) 39% (min : -15% / max : +103%) 22.5% (min : -15% / max : 65%) 19 périodes sur 20

Les chiffres des performances citées ont trait aux années écoulées. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.

Les deux portefeuilles changeant à chaque période, leur composition s’adapte à la conjoncture du moment et à la dynamique spécifique de chaque entreprise.

Source : Bloomberg

Nous avons mené d’autres travaux de recherche du même ordre, sur des univers d’investissement plus restreints (Europe, France) ; tous sont concordants et confirment l’étude la plus globale.

Il est alors possible de comparer, dans le temps, la performance de ces deux portefeuilles théoriques présentés ci-après.

Ces résultats doivent être cependant lus en ayant conscience des biais liés au retraitement des données d’emplois (fusions, acquisitions, cessions), à l’hétérogénéité des données (emplois moyens ou en fin d’année, en Equivalent Temps Plein ou non).

Les résultats de cette étude montrent que l’emploi et la performance boursière ne sont pas contradictoires, et semblent même être positivement corrélés, sur le long terme et dans des environnements de marché très divers.

3

Ces valeurs constituent un univers vaste et diversifié, présentant les caractéristiques suivantes :

Cas pratique : identifier les leaders dans la durée L’approche par la dynamique création d’emplois permet, au sein des secteurs, d’identifier l’émergence de nouveaux leaders. Un exemple emblématique dans le secteur de la technologie. •



Le groupe finlandais Nokia a fait partie du Top 10% Création Emplois de 1994 à 2000. Depuis 2010, il fait partie du Bottom 10 %, les difficultés du groupe se reflétant dans l’évolution de ses effectifs. De son côté, Apple intègre le Top 10% en 2004, avec des effectifs qui augmentent très rapidement, pour passer de 13 000 à 94 000 aujourd’hui.



Majorité de petites et moyennes capitalisations (< à 7 Mds €) ;



Sociétés généralement parmi les leaders dans leur domaine, au niveau Européen et/ou mondial, sur des marchés de niche ou globaux ;



Bon reflet des dynamiques l’économie française ;

actuelles



Styles boursiers Croissance.

:

dominants

Qualité

Répartition par thématique Bâtiments Ressources & Villes 16 11

Mobilité 30

Technologies 61

Consommation 52

Energie 23 Finance 8 Santé 15

Origine géographique

Hors Europe 48

France 113

Europe hors France 54

Cela signifie-t-il qu’il faudra, comme pour Nokia, être attentifs à l’atteinte d’un pallier, qui pourrait indiquer la fin d’une domination du marché ? Répartition par taille de flottant

> à 25 Mds € 50

Création d’emplois appliqué à la France – univers d’investissement de la stratégie Insertion Emplois Dynamique

< à 3 Mds € 86

7 à 25 Mds € 51 3 à 7 Mds € 29 Sources : Bloomberg - Mirova

Nous avons identifié plus de 200 sociétés cotées qui, selon nous, devraient créer de l’emploi en France dans les prochaines années.

Source Mirova - Données au 29 mai 2015

4

de /

Conclusion Etant donné son adéquation aux thématiques ESG, son impact social, ses implications macroéconomiques, et sa compatibilité avec la performance financière des entreprises, intégrer le critère de l’emploi dans les décisions d’investissement pour les portefeuilles investis en actions fait tout son sens dans le contexte économique et social actuel. Sur un plan plus quantitatif, l’Emploi reste un indicateur - étrangement peu considéré jusqu’ici - de la bonne santé des entreprises. La prise en compte de cette dimension Emplois permet également d’aligner notre approche de gérants responsables avec les intérêts de nos clients épargnants, privés comme institutionnels, salariés comme retraités, tous concernés à un niveau ou à un autre par la dynamique d’emplois de leur pays de résidence

1

Ce concept d’Amartya Sen, économiste indien et prix Nobel

d'économie en 1998, considère que “ le bien-être individuel n’est plus mesuré par l’utilité mais par la capabilité, à savoir par la liberté qu’a un individu de choisir le type de vie qu’il souhaite mener“. 2

L’évolution des effectifs monde prise en compte hors variations

anormales (baisse supérieure à 20% ou augmentation de plus de 30%) et la performance boursière se comprend hors dividende, en monnaie locale.

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