et la tradition de l'enseignement grammatical - KIJIMA TAKAYUKI

Mon maître Jean Collart avait suivi depuis le début mon projet d'éditer Donat : c'est avec émotion que j'évoque .... Hypothèse sur l'évolution du couple stoïcien.
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ÉTUDES

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DONAT ET LA TRADITION DE L’ENSEIGNEMENT GRAMMATICAL é t u d e : sur

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ET ÉDITION CRITIQUE

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C E N T R E NATIONAL D E LA R E C H E R C H E S C IE N T IF IQ U E 15, quai A natole - F rance 75700 P A R IS 1981

i

A la m ém o ire du D oy en P ie r r e M E R L A T

© Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1981. ISBN 2-222-02637-7

Pereant, qui ante nos nostra dixerunt. D onat, selon S. J érôm e , com. in Eccl. 1, 9. M ihi inter uirtutes grammatici habebitur aliqua nescire. Q u in t il ie n , Inst. Or. 1, 8, 21.

AVANT-PROPOS

Les grammairiens latins de l’Antiquité tardive ont surtout été étudiés jusqu’ici moins pour eux-mêmes que pour les témoignages qu’ils nous ont transmis sur la naissance de la grammaire et sur son adaptation à Rome, ou encore sur les œuvres des savants de l’époque classique à qui la gram­ maire latine doit tant, Varron, Remmius Palémon, Pline, et sur la foule des maîtres ou des cher­ cheurs dont les souvenirs ont été magistralement rassemblés par H. Funaioli et A. Mazzarino dans leur Grammaticae Romanae fragmenta. Dans l’Antiquité, tout exposé technique portant sur une discipline donnée contient partielle­ ment l’histoire de cette discipline. De plus, la notion d ’auctoritas se trouve tout naturellement chez elle k l’école de grammaire. Les témoignages, citations ou allusions contenus dans les œuvres des grammairiens des ive et ve siècles de notre ère viennent souvent combler les lacunes de notre docu­ mentation, qui, malgré la conservation de quelques œuvres anciennes, tels les livres V à X du De lingua latina de Varron, quelques monographies d’Apollonios Dyscole et d’Hérodien —■pour ne pas parler de la vénérable Té/yn de Denys le Thrace —reste fragmentaire. Il y a sans doute encore beau­ coup à dire sur la naissance de la grammaire et sur le long cheminement par lequel une science ré­ cente et pleine de promesses a fini par s’enliser dans le conformisme scolaire. Mais on ne peut borner l’histoire de la grammaire à celle de ses origines, ni refuser de considérer les textes grammaticaux si nombreux que nous a légués l’Antiquité tardive pour ce qu’ils sont avant tout : des témoignages de ce qu’était en leur temps — même et surtout s’ils répètent des formules séculaires —■la grammaire enseignée à l’école, dans le cadre rigide hérité de l’époque hellénistique. Or, dans ce système scolaire, l’étude de la langue se trouve victime d’une sujétion à un double degré : à, l’intérieur même de l’école de grammaire, elle est subordonnée, fonctionnellement et pédagogi­ quement, b la lecture expliquée des poètes classiques et ne peut se développer qu’en prenant appui sur elle ; et l’école de grammaire elle-même est, globalement, subordonnée à l’école de rhétorique, dont elle constitue une sorte de propédeutique. En vertu de cette situation l’étude de la langue, ou si l’on veut, le domaine linguistique, ne pos­ sède pas dans l’Antiquité de mot pour le désigner en propre. Grammatica, calque du mot grec, évoque

X

DO NA T E T

LA T R A D I T I O N

DE

L ’EN SEIG N EM EN T

GRAMMATICAL

originellement et étymologiquement beaucoup plus la littérature, les œuvres des grands poètes, lus, expliqués, appris par cœur chez le professeur de « grammaire » (grammaticus), que l’étude de la langue pour elle-même. Il faut attendre la disparition du système scolaire antique, et notamment de l’en­ seignement littéraire, pour que grammatica se trouve désigner en propre le domaine qui seul subsiste, celui de la linguistique. Cette subordination de la grammaire (linguistique) aux nécessités de l’école antique se re­ connaît également, à la fin de l’Antiquité, en ce que tous les ouvrages traitant de la langue sont des­ tinés à l’usage scolaire ; et si même certains esprits plus libres, engagés dans la vie politique ou dans les luttes de leur temps, entreprennent d’écrire sur les matières linguistiques, ils sont comme malgré eux ramenés au carcan de l’école, à ses formules, à son état d’esprit conservateur et traditionaliste. H.-I. Marrou a montré tout le poids de cette culture scolaire sur une personnalité qui domine intellec­ tuellement son siècle, celle d’Augustin. A quoi bon pourtant consacrer une étude à la grammaire des ive et ve siècles, si c’est pour aboutir à un constat de décadence? Ce constat s’impose peut-être à qui n’a les yeux tournés que vers l’époque classique et ses grands auteurs. Mais ces classiques eux-mêmes doivent beaucoup à la vision qu’en ont transmise, dans leur culte fervent du passé, les hommes de cette époque-là. C’est ainsi que la linguistique de l’époque de Varron et de Pline a pour héritier indirect, dans le cadre de l’école du temps, le manuel de Donat. Ce texte est l’une des victimes de la Qüellenforschung. On ne compte plus les jugements dépré­ ciatifs portés sur lui depuis le début du siècle : de là vient sans doute que souvent ceux qui font appel aux témoignages des grammairiens du Bas-Empire mettent au dernier rang celui de Donat, comme s’il était plus tardif que les autres ou négligeable. Mais est-il négligeable, le manuel dans lequel douze siècles ont appris le latin, et mieux encore, se sont initiés à ce premier degré des études que constitue la grammaire? Nous nous sommes donc efforcé de regarder ce manuel à la fois comme un point d’aboutissement et comme un point de départ, plus d’ailleurs comme un point de départ. Car sur la linguistique an­ tique les bons ouvrages ne manquent pas, auxquels il est facile de renvoyer d’un mot. En revanche, le désintéressement pour tout ce qui est « tardif », d’époque barbare (le mot s’emploie encore) ou situé dans le grand no man’s land qui s’étend entre l’Antiquité et la Renaissance est cause que, finalement, sur l’ensemble des problèmes de l’enseignement ou de la culture dans le haut Moyen Age, les livres se comptent — il en existe, c’est vrai, et quelques-uns font date — et souvent ne prêtent pas une suffisante attention aux textes grammaticaux. Pountant, la littérature grammaticale est relativement riche, même en des temps où l’écrit compte moins. En fait, ces manuels difficiles à dater, qui se répètent les uns les autres et ont l’air de raconter toujours la même chose, rebutent les meil­ leurs esprits, et les préjugés dont ils continuent à être entourés expliquent pourquoi tant d’entre eux sont encore à lire sur manuscrit, à repérer, à identifier, pourquoi tant d’autres attendent encore une monographie ou une véritable édition critique. Songeons que la dernière édition des Institutiones Grammaticae de Priscien remonte à 1855, et qu’elle ne présente aucun apparat des loci similes ou des sources ; que plusieurs textes scolaires importants pour l’histoire de l’Irlande ou de l’époque carolingienne ne sont encore édités que par bribes. Pourtant, notre étude ne prétend pas retracer à son tour l’histoire de la culture dans les siècles qui ont suivi l’Empire romain. Elle ne cherche même pas à faire l’histoire des doctrines linguistiques depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen Age. Elle vise uniquement à décrire, et si possible à expliquer,

AV AN T-PR O P O S

XI

la permanence d’un texte, qui, seul entre tous les textes profanes, reste vivant sans interruption de l’Antiquité à la Renaissance. C’est parce que ce texte portait en lui les moyens de survivre au système dans lequel il avait été conçu, c’est parce qu’il a pendant des siècles représenté l’accession à la science et à la langue écrite, que le nom de Donat a pu devenir dans le haut Moyen Age le symbole même de son art. Plusieurs tâches s’imposaient à nous, dont la première était, en toute logique, de fixer le texte lui-même, afin de distinguer nettement ce qu’il était sous la plume de Donat par rapport aux états successifs que tendait à lui faire prendre une tradition très complexe : ce travail a abouti à une édition critique, que l’on trouvera à la fin du présent volume. Cette tâche, à elle seule, nous a longtemps accaparé. Il fallait aussi présenter une analyse de la substance de ce manuel. Nous avons estimé qu’il était plus instructif de nous attacher à montrer sa valeur fonctionnelle, pédagogique, qu’à faire l’exégèse de toutes les doctrines qu’il transmet. Nous nous sommes contenté sur ce point d’attirer l’attention sur quelques aspects qui nous semblaient importants. L’histoire de la survie de ce manuel dans l’Antiquité et le haut Moyen Age ne pouvait pas ne pas tenir compte de toutes les métamorphoses connues par le texte, reflets, dans leur domaine, de la lente métamorphose d’un monde, avec pourtant cette permanence de la forme première que, res­ pectueux de l’écrit, bien des maîtres, bien des copistes essayaient de sauvegarder. Dans une certaine mesure, l’histoire de la survie de l’Ars Donati dans le haut Moyen Age, c’est aussi l’histoire de la survie du monde antique, dont le souvenir continue à peser de tout son poids sur la mentalité des lettrés, notamment à travers ce texte élémentaire, véritable initiation au savoir, transmis par cet objet rare qu’est le livre. Mais, pour retracer cette histoire, nous avons cheminé tantôt à petites étapes, tantôt à grandes enjambées ; nous nous sommes tenu tantôt sur les sommets, tantôt dans les vallons, et, lorsque le domaine nous semblait insuffisamment défriché, nous avons préféré proposer quelques analyses pré­ cises, plutôt que des conclusions trop générales ou prématurées dans l’état de la recherche. D’un bout à l’autre de cette étude, nous avons toujours eu pour règle de rester face à face avec le texte de l’Ars Donati. if *

¥

Au moment où va paraître ce livre, fruit d’un long travail, il m’est agréable de remercier ceux qui m’ont aidé, chacun à sa manière, et m’ont permis d’aboutir. Ma reconnaissance va d’abord à mes pa­ rents, et aux maîtres de mon enfance qui m’ont fait aimer le latin. Françoise Holtz-Bonneau, ma femme, a pris sur son temps de travail pour taper le manuscrit, ne se contentant pas de m’apporter, au long des jours, soutien moral et encouragements, ainsi que le président Henri Bonneau et Jeanne BonneauBégaud, ses parents. J ’ai eu la chance de pouvoir compter sur l’active sympathie de Jacques Fontaine, dont les études isidoriennes ont été pour moi un stimulant, et sur l’accueil amical de Bernhard Bischofï, qui a bien voulu, à maintes reprises, me témoigner tout l’intérêt qu’il prenait à mes re­ cherches. Mon maître Jean Collart avait suivi depuis le début mon projet d’éditer Donat : c’est avec émotion que j ’évoque le souvenir de ce varronien plein d’humour et de gentillesse, hélas ! trop tôt ravi à notre amitié. Ce livre est redevable à beaucoup et je ne puis nommer tous ceux auprès de qui j ’ai trouvé des raisons de le mener à bien. Qu’il me soit permis toutefois d’exprimer plus particulière-

X II

DONAT E T

LA TR A D ITIO N

DE

L ’ EN SEIG N EM EN T

GRAMMATICAL

ment ma reconnaissance à Guglielmo Cavallo, Pierre Flobert, Margaret Gibson, Francis Glorie, Bengt Lôfstedt, Pierre Petitmengin, Pierre Riché, André Vernet, Jean Vézin. Je n’aurai garde d’ou­ blier mes collègues de latin de l’Université de Nantes, et spécialement Jackie Pigeaud et Jean-Joël Barreau, ainsi que le personnel technique de l’Université et Jean Épié qui a tiré pour moi tant de photos de manuscrits anciens. Mais j ’ai une dette spéciale envers l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, dont la documentation et les notices inédites, rédigées notamment par Élisabeth Pellegrin, ont souvent fourni le point de départ de mon enquête. Colette Jeudy a échangé avec moi bien des idées sur des thèmes de recherche communs. Jeannine Fohlen a accepté la tâche ingrate de relire mon manuscrit avant épreuves. Je les remercie toutes les trois, ainsi que Marie-Anne Ranval-Zizine, qui a surveillé la fabrication. C’est en effet l’Institut de Recherches et d’Histoire des Textes qui accueille cet ouvrage dans une de ses plus belles collections. Que son directeur, Jean Glénisson, avec lequel j ’ai le grand plaisir de collaborer au sein d’une commune recherche, que Jean Pouilloux, directeur scientifique des Hu­ manités au C. N. R. S. et le professeur Pierre Grimai trouvent ici l’expression de ma gratitude.

TABLE DES MATIÈRES

A v a n t - pr o p o s . . T able

d es

.

ix

m a t iè r e s

.

XIII

PREMIÈRE PARTIE L ’ e n s e ig n e m e n t I n t r o d u c tio n :

de

D onat

et

la

s u r v ie

de

son m a n u e l

ju s q u ’ à l ’ é p o q u e

c a r o l in g ie n n e

la g r a m m a ir e ..........................................................................................................................................................

3

1. Grammaire latine et grammaire grecque ; 2. Le sens du mot grammaire dans l’Antiquité ; 3. La fondation de la Bibliothèque d’Alexandrie ; 4. La naissance de l’école hellénistique ; 5. Grammaire et philosophie ; 6. Les Stoïciens, véritables créateurs de la grammaire ; 7. Coïn­ cidence entre la querelle de l’analogie et la naissance de la grammaire latine ; 8. Le temps des maîtres de grammaire. PREMIÈRE SECTION D onat

Ch. 1 :

É lém en ts

d ’ u n e b io g r a p h ie ................................................................................................................................

15

1. Le « floruit » de Donat ; 2. Donat et Victorinus ; 3. Les grands universitaires du ive siècle ; 4. La date de naissance de Donat ; 5. Un Africain? ; 6. Un enseignement dépourvu de secta­ risme Ch.

2 : Aperçu

g é n é r a l su r l ’ œ u v r e d e

D o n a t .......................................................................................................

24

1. L’ambivalence de la grammaire et du grammairien antique ; 2. Deux éléments complé­ mentaires d’un même système ; 3. Donat auteur de manuels ; 4. Un idéal intellectuel : res­ pect des Anciens et rigueur. Ch. 3 : L e

p l u s b r il l a n t é l è v e d e

D onat :

sa in t

J

é r ô m e .............................................................................

37

1. Jérôme grammairien, élève de Donat ; 2. Les loci similes ; 3. Le recours à Suétone ; 4. Con­ vergence d’une réflexion sur l’œuvre littéraire? ; 5. La théorie du commentaire chez Jérôme : une dette envers Donat? DEUXIÈME SECTION Le

Ch. 1 : L e

m a n u el

de

D onat :

o r ie n t a t io n s péd a g o g iq u es

m a n u e l s y s t é m a t i q u e ...........................................................................................................................................

1. Rigidité et inconséquences ; 2. Le plan des chapitres : une structure pyramidale ; 3. La division à l’infini ; 4. Avantages de la méthode ; 5. Structures hors plan ; 6. Dogmatisme

49

XIV

DONAT E T L A T R A D ITIO N

DE

L ’ EN SEIG N EM EN T

TABLE

GRAMMAT ICAL

Ch. 5

de la méthode systématique ; 7. Le système laisse-t-il place à l’initiative personnelle? ; 8. L’ori­ gine de la méthode ; 9. Un schéma antérieur à la naissance de la linguistique ; 10. La perma­ nence du schéma à l’époque tardive et la fonction de l’Ars Donati. Ch. 2 :

s t r u c t u r e d e l 'Ars

La

grammatica

e t l e pl a n d u m a n u e l d e

D o n a t ............................

58

Le

m an u el de

D onat

dans la t r a d it io n a r t ig r a p h iq u e r o m a in e ....................................

L es

La

d o c t r in e g r a m m a tic a le dans l e c h a p it r e

109

De pronomine.................................................125

d e l ’A ts s u r la c o r r ec t io n d u l a n g a g e .................................................136

L ’ e n s e ig n e m e n t

1. Origine des notions de barbarisme et de solécisme ; 2. La définition du barbarisme et du solécisme chez Donat et les grammairiens latins ; 3. La structure du chapitre du barbarisme ; 4. La structure du chapitre du solécisme ; 5. Fautes ou ornements? ; 6. Les exemples de Donat dans le De barbarismo ; 7. Les exemples de Donat pour les quatorze variétés de solécisme ; 8. Les suppléments au barbarisme. Ch. 3 :

Le

c h a p it r e d e l 'Ars su r l e s d é f a u t s a u t r e s q u e l ’ in c o r r e c t io n ................................

163

1. Origine du chapitre ; 2. La compétence du grammairien ; 3. La technicité des définitions ; 4. Examen des dix défauts énumérés par Donat. Ch. 4 :

Le

m éta pla sm e

:

d e la pa t h o lo g ie du s ig n if ia n t a u x l ic e n c e s p o é t iq u e s ................

l ’A ts

l ’A n t iq u it é t a r d iv e

Donati

a l ’é p o q u e

a n t é r ie u r e m e n t a

c a r o l in g ie n n e

S e r v i u s ................................................ 219

Ch. 2 :

S e r v iu s

et

D o n a t ................................................................................................................. 223

Ch. 3 : L a diffusion de l ’A ts Donati aux v® et vie siècles et les nouvelles orientations PÉDAGOGIQUES DES HÉRITIERS DE SERVIUS.........................................................................................231 1. Résistance à la diffusion de Donat? Le manuel de Phocas ; 2. La diffusion de l’Ars Donati en Gaule romaine : Agroecius ; 3. Les commentaires de Donat aux ve et vie siècles ; 4. Les Expla­ nationes : un recueil factice ; 5. Un renouvellement des rapports pédagogiques? ; 6. La forme singulière du commentaire de Pompée. Ch. 4 : Au temps de B oèce et de P riscien .............................................................................................238

la d o c t r in e

1. La définition du pronom chez Donat et la tradition grammaticale latine ; 2. La relation nom-pronom ; 3. La bipartition donatienne et les catégories de pronom ; 4. Articles et pronoms ; 5. De certains indéfinis ; 6. Le vocatif des pronoms. Ch. 2 :

d if f u s io n d e

de

1. La première impulsion ; 2. Servius n’est pas l’élève de Donat ; 3. L’extension de la méthode exégétique au texte de l’Ars Donati ; 4. L’idéologie servienne ; 5. Le ou les commentaires ser­ viens de l’Ars Donati ; 6. Position pédagogique et doctrinale de Servius par rapport à Donat.

TROISIÈME SECTION

Ch. 1 :

su r l e s t r o p e s .............................................................................200

1. Diffusion des commentaires virgilien et térentien de Donat ; 2. Diomède ; 3. Marius Victorinus ; 4. Ps. Augustin, Regulae.

1. Les exemples lexicaux ; 2. Les exemples poétiques ; 3. Exemples poétiques et programmes scolaires ; 4. Répartition des citations d’auteurs dans l’Ars Donati.

a spects d e

L’Ars

QUATRIÈME SECTION

Ch. 1 : L a

97

e x e m p l e s g r a m m a t ic a u x .....................................................................................................

Qu e l q u e s

de

L’Ars Donati

1. L’originalité pédagogique de l’Ars Donati : le traité élémentaire ; 2. La tendance générale de la pédagogie à donner priorité à la flexion ; 3. Le catéchisme grammatical des débutants : de quelques précédents ; 4. Min. : un canevas ; 5. Les deux rédactions de Min. et Mai. II ; 6. An­ tériorité des Partes maiores ; 7. Les tableaux de déclinaisons et de conjugaisons dans Min. Ch. 5 :

L ’ e n s e ig n e m e n t

75

p é d a g o g ie d es p a r t ie s du d is c o u r s .................................................................................

La

d e l ’A t s s u r l e s f ig u r e s d u l a n g a g e ................................................................... 183

1. Théorie et définition du trope ; 2. Les déformations successives de la notion ; 3. La compo­ sition des listes et leur allongement progressif ; 4. Traités grecs et traités latins ; 5. Les diffé­ rents tropes de la liste donatienne.

1. Manuels brefs et manuels longs : deux pédagogies? ; 2. La forme brève est-elle première? ; 3. Manuel bref et enseignement oral ; 4. L’existence de plusieurs familles de manuels à époque tardive ; 5. Le « groupe Donat » ; 6. Les grammaires de Diomède et de Charisius : des livres du maître?; 7. L’effort stylistique de Consentius ; 8. Passages parallèles entre Donat, Dio­ mède et Consentius ; 9. Position de Donat ; 10. Les quatre règles de la codification artigra­ phique appliquées par Donat ; 11. Textes scolaires et pédagogie. Ch. 4 :

XV

1. La formulation ox’)(Jia XéÇetoç : son sens ; 2. Hypothèse sur l’évolution du couple stoïcien solécisme-figure ; 3. La définition de XéÇecoç au ive siècle ; 4. L’organisation de la liste des figures du langage ; 5. Les dix-sept figures définies et illustrées par Donat. Ch. 6 :

1. Le schéma didactique : du plus simple au plus complexe ; 2. Origine du schéma progressif ; 3. Le plan de l’Ars Donati : équilibres ; 4. La première partie ou les éléments constitutifs du mot ; 5. Le second livre de l’Ars maior : a) l’ordre des partes orationis, b) le plan des exposés consacrés aux partes orationis et la notion d’accident ; 6. Le troisième livre de l’Ars maior. Ch. 3 :

: L ’ e n s e ig n e m e n t

DES M A TIÈRES

170

1. La notion de métaplasme ; 2. L’origine de la théorie du métaplasme ; 3. La terminologie ; 4. La liste latine des métaplasmes et le plan du chapitre de Donat ; 5. Les exemples ; 6. La définition et l’illustration des quatorze types de métaplasme dans la grammaire de Donat.

1. Le nom de Donat devient symbolique : Boèce ; 2. Les Institutiones grammaticae de Pris­ cien ; 3. Donat, auctor latinitatis ; 4. Renvois implicites à Donat dans les Institutiones Gram­ maticae ; 5. Les traités mineurs de Priscien et l’Ars Donati ; 6. L’œuvre de Priscien ne concur­ rence pas l’œuvre de Donat. Ch. 5 : Cassiodore ........................................................................................................................................... 245 1. Sources latines de la grammaire cassiodorienne ; 2. Le service de l’Écriture ; 3. Donat re­ commandé par Cassiodore ; 4. Les commentaires de Donat inséparables de l’Ars ; 5. L’exem­ plaire cassiodorien de l’Ars Donati ; 6. L’interprétation cassiodorienne de Mai. I II ; 7. Le commentaire des parties du discours attribué à Cassiodore. Ch. 6 : De Grégoire le Grand a J ulien de T olède ou le rôle de l ’E spagne isidorien ne . .

254

1. Saint Grégoire et son mépris des règles de Donat ; 2. La valeur symbolique du nom de Donat à l’époque de Saint Grégoire ; 3. Isidore et la christianisation des exemples grammaticaux ; 4 . Entre Donat et Isidore, l’écran des commentateurs ; 5. Le plan du livre I des Étymologies est-il d’Isidore? ; 6. Le retour à Donat et les préoccupations nouvelles de Julien de Tolède. Ch. 7 : L a faveur de Donat en I rlande ................................................................................................. 264 1. La culture en Irlande ; 2. Le latin, langue apprise ; 3. L ’enseignement de la grammaire ; 4. Plaidoyer irlandais en faveur des études ; 5. Donat recommandé par Jérôme ; 6. Priorités à l’étude des parties du discours ; 7. Données chronologiques.

DONAT E T

XVI

Ch. 8 : L a

LA T R A D I T I O N

g r a m m a ir e d ’A s p e r

DE

L ’EN SEIG N EM EN T

TABLE

GRAMMATICAL

M in o r .................................................................................................................................

1. Localisation et datation ; 2. Échos de la vie monastique ; 3. Le rétrécissement des sources ; 4. Les préoccupations linguistiques d’Asper ; 5. Une édition revue et corrigée de l’Ars Do­ nati ; 6. Analyse du contenu donatien de la grammaire d’Asper ; 7. Un bilan négatif. Ch. 9 :

L es

d e u x c o m m en t a ir es d e s

Partes Maiores

d a tés du

vne

1. La découverte de nouveaux grammairiens antiques ; 2. Le renouveau pédagogique favo­ rise YArs Donati ; 3. Redécouverte du commentaire objectif ; 4. Un enseignement pour adultes ; 5. Discontinuité du savoir ; 6. La recherche de la forme rare ; 7. L’effort de style ; 8. La techni­ cité du commentaire ambrosien ; 9. Les deux commentaires et leurs sources ; 10. L’arrièrefond scolaire ; 11. Chronologie relative. Ch.

10

:

Le

t r a it é d e

M a l s a c h a n v s .................................................................................................................................

1. Orientation du traité ; 2. Présence de Donat ; 3. La confrontation des auctores ; 4. Impor­ tance de Malsachanus dans l’histoire de la pédagogie grammaticale. Ch.

11

:

L es

p l u s a n c ie n n e s v e r s io n s ir l a n d a is e s d e

D o n a t ...................................................................

I. — L a v e r s io n ir l a n d a is e m ix t e I. Analyse des dix variantes ; 2. Bilan ; 3. Hypothèses sur l’origine de la version irlandaise mixte ; 4. Discussion. II. — L a p r e m i è r e v e r s io n ir l a n d a is e d e s Partes Maiores 1. Position du problème et méthode employée ; 2. Les lemmes ; 3. Citations littérales et ci­ tations allusives ; 4. Citations objectives ; 5. Déformations involontaires : mémorisation? ; 6. Variantes sélectives ; 7. Tradition non univoque dès ad Cuimn. ; 8. ad Cuimn. et Ambr. reposent sur une même version de Donat ; 9. Rapports entre la version irlandaise mixte et la version commune aux deux commentateurs ; 10. Origine.

Ch. 12 :

D e V ir g il e

l e g r a m m a ir ien a u x g r a m m a ir ien s d e la cour d e

Ch a r l e m a g n e .

.

.

.

1. Virgile le Grammairien et la toute-puissance de Donat ; 2. Les Anglo-saxons : métrique et figures ; 3. Les manuels de Boniface et de Tatwine ; 4. Les chaînes grammaticales irlandaises du vme siècle ; 5. Le reflux des grammaires sur le continent ; 6. Alcuin et l’Ars Donati ; 7. La cour de Charlemagne. Ch.

13

:

R eg a r d s

su r la p é r io d e

Le petit nombre des témoins conservés ; Le témoignage des catalogues anciens ; Les témoins perdus ; L’usure des manuels de grammaire.

Ch. 3 :

Co m p l é m e n t s

Ch. 4 :

Ca t a lo g u e

I n tr o d u c t io n Ca t a lo g u e

de

Donat,

é d it io n

T ableau

Avant-propos : les objectifs de la présente édition...................................... I. — L es f o n d e m e n t s d e l ’ é d it io n

PREMIÈRE SECTION L es témoins de l 'Ars Donati P réliminaires : tradition directe et indirecte............................................... 1. — L es témoins directs de C Ars Donati

L’Ars Donati :

e t c o m m en t a ir es d e

l e u r p l a c e e t l e u r r ô l e ................

344

d e s t ém o in s d ir e c t s d e

L’A rs Donati

a n t é r ie u r s a u

xne

s i è c l e ................ 352

: méthode suivie pour la présentation des témoins.

2. — L a

r é c a p i t u l a t i f ............................................................................................................................................................422 t r a d it io n in d ir e c t e d e

I n t r o d u c t io n :

l ’A ts

Donati

Regard d’ensemble sur la tradition indirecte de l’Ars Donati...........................................4 2 5

I n v e n t a ir e d e s p r in c ip a l e s s o u r c es in d ir e c t e s e t c a r a c t ér is a t io n d e l e u r a p po r t a l ’ é d i t i o n ............................................................................................................................................................................................... 427 T a bleau

r é c a p i t u l a t i f ...................................................................................................................................................................... 441

DEUXIÈME SECTION H is t o ir e

I n t r o d u c t io n c r it iq u e

340

1. Témoins antérieurs à l’an 800, a) manuscrits ou fragments de manuscrits, b) extraits. 2. Témoins du ixe siècle, a) manuscrits ou fragments de manuscrits, b) extraits. 3. Témoins des xe et xie siècles, a) manuscrits ou fragments de manuscrits, b) extraits.

Ch. 1 : C l a s s e m e n t

m an u el

xie s i è c l e . . .

A) Compléments de Min. Leur place dans les recueils ; Les traités des déclinaisons nominales ; Les déclinaisons pronominales ; Les traités des conjugaisons ; La petite Institution de Priscien, complé­ ment naturel du traité élémentaire de Donat. B) Compléments de Mai. C) Les traités à valeur exégétique. D) Exercices pratiques : les traités du mérisme.

1. Nouvelles stratifications autour de l’Ars Donati et débats anciens ; 2. Donat et Priscien ; 3. L’importance des centres.

Le

e t la s t r u c t u r e d e s r e c u e il s g r a m m a t ic a u x d u v i i i 6 a u

Place de YArs Donati dans les recueils grammaticaux ; Les manuels substitués à. l’Ars Donati ; La mise en pages du texte de l’Ars dans les recueils ; Ornementation.

c a r o l in g ie n n e ..................................................................................................

DEUXIÈME PARTIE

X V II

M ATIERES

Ch. 1 : R eg a r d d ’ e n s e m b l e s u r l e s t ém o in s d e la t r a d it io n d ir e c t e a n t é r ie u r s au x ii ® siècle ..............................................................................................................................................337

Ch. 2 : U Ars Donati

s i è c l e ..............................................

DES

I.

— De u x

de

la t r a d it io n

du t e x t e

d e s t ém o in s e t e s q u is s e d ’ u n e h is t o ir e d e la t r a d it io n m a n u sc r it e

. . .

445

: Difficultés du classement.

t ém o in s a p a r t

:S

et

L ................................................................................................. 446

1. Exemplaires sobres, exemplaires interpolés ; 2. L’exemplaire 5 ; 3. L et la famille X.

II. — L e r a m ea u a ............................................................................................................................. 453 1. Situation générale ; 2. Origine de la recension wisigothique ; 3. Sous-groupes de la recension wisigothique ; 4. Première rencontre entre la tradition a et les anciennes tra­ ditions insulaires ; 5. Les lemmes de Julien de Tolède ; 6. Lieux de la rencontre entre les deux traditions ; 7. Les exemplaires de Saint-Gall et la famille oc au début du ixe siècle : — deux exemplaires différents en A’, — l’exemplaire A, — le ms. Karlsruhe Bad. Landesbibl. Aug. CXI1 et les rapports entre Saint-Gall et Reichenau ; 8. L’exemplaire de Paul Diacre ; 9. Les italici recentiores : un intermédiaire cassinien perdu ; le témoin c ; 10. Les témoins hispaniques e et /“; Conclusion. III. — L a v e r s io n in s u l a ir e a n c ie n n e e t se s r a m if ic a t io n s ..............................................................475 1. Les exemplaires continentaux les plus proches de la version irlandaise du vne siècle ;

DONAT

X V III

E T LA T R A D ITIO N

DE

L ’ EN SEIG N EM EN T

TABLE

GRAMMATICAL

Ch. 6 :

2. Le témoin X et la présence de la version insulaire ancienne sur le continent ; 3. Les italo-insnlaires récents ; 4. Le brassage des traditions en Italie au xe siècle ; 5. La re­ cension de Rémi d’Auxerre.

— L e s tr a d it io n s in s u l a ir e s m o y e n n e s .................................................................................487 1. Relative indépendance de ces traditions sur le continent ; 2. Le sous-groupe 4»; 3. Le sous-groupe Ç et sa diffusion du ixe au xn e siècle ; 4. Les exemplaires du début du ixe siècle : le sous-groupe u ; 5. Témoins mixtes.

g é n é r a l e ......................................................................................................................... 497

1. Contacts entre les deux recensions insulaires : les Anglo-Saxons ; 2. Unité des tradi­ tions insulaires? ; 3. Caractère récent de la dichotomie. Ch. 2 : De

1. La désignation du manuel à date ancienne ; 2. L’agencement des parties de l'Ars jusqu’à la fin du xie siècle ; 3. L’éclatement du manuel ; 4. Regards sur les éditions de Donat.

S i g l a .............................................................................................................................................................. 573

1. auctorum artis grammaticae uel rhetoricae principalium ; 2. codicum ; 3. uaria. C a p it v l a A rs

L ’ é t a b l is s e m e n t

du t e x t e

:

éd it io n

p r o b l è m e s g é n é r a u x .............................................................513

1. Cinq familles, deux rameaux ; 2. Règle générale pour l’établissement du texte ; 3. Omis­ sions ou interpolations? ; 4. Omissions accidentelles? ; 5. Omissions systématiques du rameau X ; 6. Des interpolations en général ; 7. Datation des plus anciennes interpola­ tions, ou l’impact de l’École antique sur la tradition ; 8. L’original ; 9. Erreurs com­ munes à tous les témoins : un archétype? ; 10. Le rameau cr; 11. Le rameau t ; 12. Les témoins indirects de l’Antiquité tardive ; 13. Témoins directs retenus pour l’édition. Ch. 2 :

L ’ é t a b l is s e m e n t

du t e x t e

:

I n d ic e s

In ter fér en c es

p r o b l è m e s a n n e x e s .................................................................525

e n t r e l e s d e u x l iv r e s c o n sacrés a u x

Partes orationis (Min. e t Mai. II).

528

1. Faits d’interférence simples ; 2. Cas complexes : quelle leçon adopter? ; 3. Les formules mobiles ; 4. Un cas désespéré : Min. 601, 17 sqq. ; Mai. 648, 13 ; Conclusion. Ch.

4 : C o m m en t a ir e c r it iq u e : m o d ific a t io n s ou c o n fir m a t io n s a p p o r t é e s a l ’ é d it io n d’H. K e i l ........................................................... ........................................................................................ 535

Ch. 5

: L is t e

L’Ars Donati a n t é ­ AU XIIe SIÈCLE ET ESSAI DE DATATION....................................................................................... 553

s y s t é m a t iq u e d e s p r in c ip a l e s in t e r p o l a t io n s r e ç u e s pa r

r ie u r e m e n t

a r t is

v r b is ro m a e .................................................................................................................585

:

g en era les

:

Index locorum...................................................................................................................................................... 701 Index nominum et reru m ...............................................................................................................................721 Index uocabulorum graecorum.......................................................................................................................741 Index codicum................................................................................................................................................... 743 I n i t i a ...................................................................................................................................................................746 A d d en d a

1. L’orthographe des termes techniques grecs ; 2. L’ordre et la longueur des listes d'exem­ pla ; 3. La représentation des signes orthographiques ou quantitatifs. Ch. 3 :

.........................................................................................................................................................583

Index auctorum..................................................................................................................................................693 Index grammaticus...........................................................................................................................................694

TROISIÈME SECTION

Ch. 1 :

a r t is

d o n ati g ram m atici

I n d ic e s

pr ésen te

é d i t i o n ................................................................................... 564

B ib l io g r a p h ie ............................................................................................................................................................. 675

l ’ u n it é du m a n u e l a sa d is l o c a t io n .................................................................................500

La

XIX

II. — É d it io n

VI. — L e s m a n u sc rits d e Co r b ie : u n e t r a d it io n in s u l a ir e m o y e n n e p l u s a r c h a ïq u e . . 493 1. L’antériorité de P ; 2. Les intermédiaires entre P et Q 0 ; 3. Influences indirectes su­ bies par P , Q, 0 (e). C o n c lu sio n

e t n o rm es de n o t r e

M ATIÈRES

A) Le texte de V « Ars ».............................................................................................................................. 564 1. Présentation ; 2. Systèmes de références ; 3. L’usage des crochets. B) L'apparat des « auctores ».................................................................................................................. 566 C) L'apparat critique.................................................................................................................................. 566 1. Ordre d’énonciation des témoins directs ; 2. Ordre d’énonciation des témoins indi­ rects ; 3. Lecture correcte de l’apparat critique ; 4. Cas de variantes complexes. D) L'apparat des « fontes ettestimonia »................................................................................................... 568 1. Principes de sa limitation ; 2. Différenciation des références.

IV. — L e s r e c e n s io n s d u c e n t r e d e la F r a n c e au m il ie u d u ixe s i è c l e ............................ 482 1. Les héritiers de l’exemplaire y ; 2. Rencontre entre y et la tradition continentale S (A') ; 3. Le brassage des traditions dans l’aire centrale du ixe au xie siècle ; 4. L’ancien témoin G ; 5. Situation respective des exemplaires G H J ; 6. L’exemplaire E. V.

P r é s e n t a t io n

DES

et

c o r r ig en d a

748

PR EM IÈR E PA RTIE

L’ENSEIGNEMENT DE DONAT E T LA SURVIE DE SON MANUEL JUSQU’A L ’ÉPOQUE CAROLINGIENNE

INTRODUCTION LA GRAMMAIRE Un mot, dans toutes ses acceptions, techniques et générales, vient sans cesse à l’esprit quand on feuillette le manuel de Donat : c’est le mot tradition. Toute notre tâche va consister à replacer le texte dans sa tradition, qui est double : celle de l’école, celle de la science antique. Le monde de l’Antiquité tardive, surtout en un lieu par définition conservateur comme celui de l’école, ne se comprend que si l’on remonte aux sources, ce qui implique ici de retrouver les fondations hellé­ nistiques. 1 — Grammaire latine et grammaire grecque Car il en est de la grammaire comme de toutes les sciences et de toutes les techniques cultivées par l’Antiquité : ce sont des créations de l’esprit grec, dont le monde romain n’a fait qu’hériter. Même si certains aspects secondaires ont pu revêtir dans la sphère latine des caractères plus parti­ culiers, la marque d’origine est, pour l’essentiel, toujours visible et on s’exposerait à, de graves erreurs d’interprétation si l’on ne considérait pas dans une même continuité grammaire grecque et gram­ maire latine. Il n’est peut-être même pas de domaine dans lequel les Latins soient plus étroitement tributaires des Grecs. Aussi deux méthodes, qui du reste n’en font qu’une, sont toujours légitimes pour rendre compte des doctrines contenues dans les manuels romains. La première consiste à re­ monter aux sources, c’est-à-dire à retrouver la problématique des créateurs grecs d’un concept grammatical. La seconde, inséparable, et parfois la seule possible, consiste à regarder ce qu’il en est, au même moment, dans le domaine grec. Sur ce point, on a peut-être eu trop tendance à considérer que la grammaire latine, une fois née à partir d’une souche grecque, avait évolué de son côté, en toute indépendance, tandis que la grammaire grecque faisait de même, en sorte que l’une et l’autre n’étaient apparentées que par ascendance. Cette communauté des ancêtres est, bien sûr, le fait le plus marquant et ne cesse en aucun cas de se vérifier. Mais il faut ajouter que grammaire latine comme grammaire grecque sont en définitive tributaires d’une même institution, celle de l’école hellénistique, et que, jusqu’à la fin du siècle où vivait Donat, les deux parties de l’Empire ont en commun non seulement une même histoire politique et institutionnelle, mais aussi une même his­ toire intellectuelle. Les méthodes, ou, pour mieux dire (puisque nous sommes dans un contexte scolaire), les modes pédagogiques, sont, autant que les doctrines, exportables d’un domaine à l’autre, et l’étanchéité est loin d’être totale entre monde grec et monde latin, pour cette discipline comme en d’autres secteurs. Dans la destinée de chacune des deux grammaires ce sont pourtant les origines qui ont compté le plus, et cette circonstance rend légitime qu’une attention particulière soit accordée à tous les faits qui entourent la naissance de la grammaire.

i

4 2 -

DONAT E T

LA T R A D ITIO N

DE

L ’ EN SEIG N EM EN T

GRAMMATICAL

Le sens du mot grammaire dans l’Antiquité

Chez Platon et, d’une façon générale, à date ancienne, YP0^ 0^ *^ (T^XV7))> dérivé de YP