Programme stratégique de recherche routière du Canada (C-SHRP)
Entretien hivernal des routes au Canada : Techniques antiverglaçe et SIMER Juillet 2000
Bulletin technique no 20 du C-SHRP
Chaque hiver, les administrations responsables de lentretien des routes et autoroutes du Canada doivent relever un défi de taille : lutter contre lenneigement et le verglaçage de ces voies de circulation. Dans ce contexte, le Canada et les États-Unis se tournent de plus en plus vers une stratégie relativement nouvelle dentretien des routes, stratégie fondée sur lapplication de techniques antiverglaçage. Récemment, lInsurance Corporation of British Columbia (ICBC) a publié un guide intitulé Proactive Guide to Snow and Ice Control: A Guide for Highway Winter Maintenance Personnel . Sadressant au personnel chargé de lentretien hivernal des routes, ce guide traite de façon exhaustive de la production, de lentreposage et des critères de sélection des produits chimiques de déverglaçage ainsi que de lapplication de différentes techniques antiverglaçage permettant dassurer une sécurité maximale sur les routes, à un coût abordable. Le guide de lICBC se compare à celui publié en 1996 par la Federal Highway Administration (FHWA) des États-Unis, à la différence quil contient de linformation nouvelle ou mise à jour.
systèmes dinformation météorologique sur létat des routes (SIMER) et de la thermographie. De plus, sinspirant des résultats dune enquête récente exécutée pour le compte de lÉquipe des États responsables de la promotion des techniques antiverglaçage et des SIMER, de lAASHTO, ce bulletin fait le point sur lutilisation au Canada des techniques et systèmes en question.
CONTEXTE Lorsque débute une tempête de neige, les services dentretien des routes ont traditionnellement tendance à attendre quune quantité prédéterminée de neige se soit accumulée sur les chaussées avant damorcer les travaux de déneigement. La plupart de ces services profitent également du passage des chasse-neige pour appliquer des dépresseurs chimiques du point de congélation, autrement dit des déverglaçants chimiques, afin de faciliter lenlèvement de la neige et du verglas. De nature réactive, ces déverglaçants ont un effet direct mais limité et ne peuvent empêcher laccumulation dune couche compacte de neige à la surface de la route. Le passage subséquent de véhicules sur cette route accentue le compactage de cette couche, laquelle adhère alors de plus en plus à
Le présent bulletin technique propose un bref tour dhorizon de ces techniques antiverglaçage ainsi que de certaines technologies connexes, dont celles des
Le Programme stratégique de recherche routière du Canada (C-SHRP) a été instauré en 1987 dans le but de tirer systématiquement avantage des résultats du Programme stratégique de recherche routière (SHRP) des États-Unis. Lobjectif du SHRP est de trouver des solutions aux problèmes de détérioration continue de linfrastructure routière en favorisant lamélioration de lingénierie et des technologies propres aux routes, le tout grâce au financement dactivités de recherches dans quatre principaux domaines. Le C-SHRP vise pour sa part à apporter des solutions aux problèmes routiers prioritaires du Canada en encourageant lexécution de recherches apparentées aux projets menés dans le cadre du SHRP. Le but ultime que poursuivent le C-SHRP et le SHRP est en définitive daméliorer le rendement et la durabilité des routes ainsi que de rendre celles-ci plus sûres pour les automobilistes et les travailleurs de la voirie.
1
compacte de neige et de verglas, ce qui diminuera la sécurité sur les routes. Pour déterminer le moment approprié dapplication des agents chimiques, il est donc très important de pouvoir compter sur de linformation météorologique précise et opportune. Alors que les services météorologiques régionaux et provinciaux diffusent des renseignements qui en règle générale sont suffisants pour répondre aux besoins des automobilistes, les techniques antiverglaçage exigent des données plus détaillées. Pour obtenir de telles données, des systèmes dinformation météorologique sur létat des routes (SIMER) peuvent être installés en différents endroits stratégiques afin de recueillir linformation voulue. Il est également possible dans ce contexte de recourir à la thermographie, une technique qui permet de réunir des renseignements détaillés concernant les caractéristiques thermiques des routes, renseignements qui peuvent de plus servir à déterminer les meilleurs emplacements pour les SIMER ainsi quà mettre au point des modèles de réchauffement et de refroidissement des tronçons routiers problématiques aux fins de la détermination des moments optimaux dapplication des agents chimiques.
la chaussée. Le cas échéant, il faut appliquer de grandes quantités de déverglaçants chimiques pour pénétrer la couche de neige et de verglas ainsi formée et vaincre ultimement ladhérence de cette dernière à la chaussée. Interventions préventives versus interventions réactives Comme le sous-entend le terme même, les « techniques antiverglaçage » ont pour but dempêcher sinon de réduire au minimum la formation de cette couche de neige et de verglas qui ne manquera pas dadhérer à la surface de la chaussée. Ces techniques consistent à appliquer des déverglaçants chimiques peu de temps avant le début des précipitations sous forme de neige ou de pluie verglaçante, de manière justement à empêcher ces précipitations dadhérer à la chaussée. Contrairement aux techniques de déverglaçage, les techniques antiverglaçage se veulent avant toute chose une intervention préventive et elles saccompagnent de deux principaux avantages. Premièrement, en empêchant la couche de neige et de verglas dadhérer à la route (ou en en réduisant laccumulation), la sécurité routière est grande améliorée durant une tempête. Deuxièmement, la quantité dagents chimiques antiverglaçants à appliquer pour empêcher ladhérence de ladite couche à la chaussée est nettement moindre que celle quil faut appliquer pour dissoudre une couche compacte existante de neige et de verglas. Dès lors, les techniques antiverglaçage peuvent savérer plus rentables que les techniques de déverglaçage tout en offrant un niveau de service comparable sinon supérieur, sans compter que la réduction des quantités de produits chimiques ainsi appliquées contribue à atténuer les incidences de ces derniers sur lenvironnement.
Antiverglaçage et SIMER : des éléments dun plan intégré dintervention La plupart des administrations routières établissent des plans intégrés de déneigement et de déverglaçage, plans qui précisent absolument tous les volets (qui, quoi, où, quand et comment) des activités dentretien hivernal des routes. Ces plans sont élaborés avec le concours des clients, à la lumière de différents paramètres : préoccupations dordre juridique, exigences de niveau de service, contraintes budgétaires, besoins en mobilité et questions environnementales. Dans ce contexte, les techniques antiverglaçage, la thermographie et les SIMER constituent de nouveaux (et puissants) outils. Ceci dit, ces outils doivent être intégrés aux programmes existants dentretien hivernal des administrations et non pas remplacer directement des techniques ou méthodes en vigueur. Le succès des activités dentretien hivernal des routes repose notamment sur le choix et la mise en uvre de la stratégie la plus efficace au moment le plus opportun et à lendroit le plus approprié. En dautres mots, il faut appliquer « le bon traitement au bon moment et sur la bonne route ».
Le choix du bon moment : un facteur clé Puisque les techniques antiverglaçage constituent essentiellement une stratégie préventive, il va sans dire que le choix du moment où les agents chimiques devront être appliqués représente un facteur absolument déterminant de loptimisation de la sécurité routière et de lefficience des techniques ici visées. Si les agents chimiques sont appliqués trop tôt avant une tempête, il pourrait savérer nécessaire de procéder à un deuxième épandage, ce qui ajoutera aux coûts dentretien. À linverse, si les agents chimiques sont appliqués trop tardivement, ils ne pourront empêcher la formation de la couche
2
TECHNIQUES ANTIVERGLAÇAGE
Température eutectique
Agents chimiques
Bien quil existe plusieurs définitions de cette notion, pour les fins des activités dentretien hivernal, la température eutectique sentend en définitive de la température à laquelle une solution donnée gèlera, compte tenu de sa concentration. Puisque la température eutectique varie donc selon la concentration de la solution épandue, on peut dire que la température eutectique optimale correspond au point de congélation le plus bas que lon puisse obtenir avec un produit donné ou une solution donnée. La conversion de la température eutectique en graphique, à différentes concentrations, permet dobtenir un diagramme de phase à partir duquel il devient possible de déterminer la température eutectique optimale. La figure 1 reproduit les diagrammes de phase du chlorure de sodium et du chlorure de calcium. La température eutectique optimale de chaque produit se situe à la pointe du « V ». Comme le montre cette figure, le chlorure de sodium a une température eutectique optimale de - 21 °C (- 6 °F) à une concentration de 23 %, tandis que celle du chlorure de calcium est de - 51 °C (- 60 °F) à une concentration de 30 %.
Un certain nombre de dépresseurs chimiques du point de congélation peuvent être utilisés pour les activités antiverglaçage et de déverglaçage. La majorité dentre eux sont des quelconques composés de chlorure de sodium (NaCl), de chlorure de magnésium (MgCl2), de chlorure de calcium (CaCl2), dacétate de calcium-magnésium et dacétate de potassium. On peut également utiliser dans ce contexte dautres produits de marque déposée, comme le ICEBANMC, lequel est un dérivé de sous-produits de lagriculture. Le choix de lagent chimique approprié est fondé sur un certain nombre de facteurs propres aux secteurs géographiques visés de même que sur des exigences spécifiques des administrations routières. Au nombre des principaux facteurs pris en compte dans ce contexte, mentionnons le rendement souhaité, les températures de lair et des chaussées, le taux dhumidité et le point de rosée de même que le coût et la disponibilité dun agent chimique donné ainsi que lexpérience dutilisation de ce dernier. La composition chimique et le rendement sont habituellement exprimés en termes de densité relative, de température eutectique et de concentration. Densité relative
NaCl
Te m p é ra tu r e o F
Te m p é ra tu re o C
La densité relative dun solide ou dun liquide se définit comme le rapport de la masse de ce corps à la masse dun corps de référence de même volume, habituellement de leau distillée, le tout dans des conditions identiques de température et de pression. Ainsi, la densité relative du fer forgé est de 7,7, cestà-dire que le poids dun mètre cube de fer forgé est 7,7 fois supérieur à celui dun mètre cube deau, dans des conditions de température et de pression identiques. La densité relative dun déverglaçant chimique est à la fois fonction de lagent chimique utilisé et de la quantité de ce dernier (concentration) présente dans la solution qui sera appliquée sur les routes. La densité relative de la solution elle-même est un facteur important à considérer aux fins de déterminer les dimensions des citernes et les caractéristiques techniques des équipements dépandage.
Solution CaCl 2 Solution + Verglas
Solution + Sel
Verglas + Sel
0
10
20
30
40
Concentration de la solution (% pondéral)
Figure 1 : Diagrammes de phase du NaCl et du CaCl2 3
Préhumidification
embarqué de pulvérisation permettant de préhumidifier lagent chimique sec au moment même de son épandage. Lemploi de systèmes embarqués est fort répandu.
Les déverglaçants chimiques peuvent être appliqués sous forme solide ou liquide. Pour être efficaces, les agents chimiques solides ont toutefois besoin dhumidité, doù le fait que nombre dadministrations routières ayant recours aux techniques antiverglaçage ont de plus en plus tendance à utiliser uniquement des agents liquides. Ceci dit, il demeure que des agents solides sont encore aujourdhui fréquemment utilisés du fait que plusieurs administrations routières possèdent déjà le matériel nécessaire à leur épandage. De manière à accroître lefficacité des agents chimiques solides et à pouvoir continuer dutiliser leur matériel dépandage, plusieurs administrations font maintenant appel à une technique dite de « préhumidification ». La préhumidification offre deux principaux avantages. Premièrement, le fait dincorporer directement la quantité dhumidité appropriée à lagent chimique solide avant son épandage sur la route permet dobtenir (beaucoup plus rapidement) une solution qui aura la concentration voulue pour vaincre ladhérence de la couche de neige et de verglas à la surface de la chaussée. Le second avantage de la préhumidification tient au fait que les granules ainsi humidifiés adhèrent beaucoup plus rapidement à la surface de la chaussée que sils étaient secs, ce qui permet de réduire les pertes attribuables au rebondissement des granules hors de la chaussée au moment de leur dispersion par lépandeuse ou encore sous leffet de la circulation subséquente de véhicules. La préhumidification des agents chimiques solides, qui peut se faire au moyen de tout liquide, permet donc de limiter les quantités dagents chimiques nécessaires pour obtenir un niveau de service donné. Ceci dit, les liquides les plus couramment utilisés à cette fin sont la saumure (solution de NaCl) ou encore des solutions de chlorure de calcium ou de chlorure de magnésium. Certes on peut utiliser de leau seule, mais cette pratique nest cependant pas très répandue puisque cette eau, une fois lagent chimique épandu, peut encore geler. La préhumidification peut être pratiquée par injection directe de la solution humidifiante dans les amas dagents chimiques entreposés aux centres de voirie sinon en prémélangeant les deux au moyen dun malaxeur à axe vertical. Enfin, la préhumidification peut également être exécutée en pulvérisant un liquide au moment du chargement du produit chimique dans lépandeuse ou encore en utilisant un système
Incidences environnementales Si lentretien hivernal des routes est essentiel à la sécurité et à lefficience du transport routier au Canada, il demeure que les agents chimiques appliqués dans ce contexte peuvent avoir sur lenvironnement des incidences que lon se doit de prendre en compte au moment délaborer et de mettre en uvre une quelconque stratégie antiverglaçage ou de déverglaçage. Lapplication de déverglaçants chimiques peut altérer la qualité de lair, les eaux de surface et souterraines, la végétation et les sols en plus de porter préjudice à la faune et de favoriser la corrosion des véhicules automobiles et des infrastructures routières. LAssociation des transports du Canada (ATC) a récemment publié un document dinformation intitulé Road Salt and Snow and Ice Control. Ce document traite entre autres choses de limportance du transport routier pour léconomie canadienne, du rôle des activités dentretien hivernal à lappui de la sécurité et de lefficience du réseau routier, de lutilisation du sel dépandage routier en hiver ainsi que des incidences environnementales de cette pratique et des méthodes datténuation de cellesci. Par nature, les techniques antiverglaçage et la préhumidification peuvent grandement contribuer à atténuer les incidences sur lenvironnement du simple fait quelles permettent de réduire les quantités de produits chimiques nécessaires à lobtention dun niveau de service donné. SIMER Un système dinformation météorologique sur létat des routes (SIMER) sentend dun réseau de capteurs permettant dobtenir en temps réel des données précises sur les conditions météorologiques locales et létat de la chaussée dune route spécifique. Pour les fins des techniques antiverglaçage, la température dune chaussée et la présence dhumidité à sa surface représentent des renseignements essentiels. Ceci dit, les SIMER peuvent être configurés pour fournir également des renseignements sur la température ambiante (de lair), lhumidité relative, le rayonnement solaire, la vitesse et la direction des vents, les
4
précipitations et nombre dautres conditions climatiques. Daucuns considèrent les SIMER comme des téléprocesseurs constitués de plusieurs capteurs atmosphériques installés sur une tour ainsi que de capteurs encastrés dans et sous la chaussée. Tous ces capteurs sont reliés à un processeur de données assorti dun système de communications. La figure 2 ci-après donne une bonne idée dun SIMER type. Les données recueillies par lintermédiaire des SIMER sont communiquées à un ordinateur central auquel sont reliés dautres postes de travail. Les données transmises en temps réel par les SIMER servent à établir ce quil est maintenant convenu dappeler des « prévisions pour limmédiat ». Concrètement, linformation ainsi obtenue des SIMER est combinée aux données recueillies par radar et par des patrouilles aux fins de prédire les conditions météorologiques et de chaussée pour lheure ou les deux heures suivantes. Dès lors, toute personne ayant reçu une formation de base en météorologie et connaissant bien les conditions locales est en mesure de tirer utilement parti des prévisions pour limmédiat aux fins daméliorer lefficacité globale dun programme dentretien hivernal.
Le processus ici visé est appliqué dans de multiples conditions atmosphériques du fait que différents facteurs, dont la couverture nuageuse, la vitesse des vents et les précipitations, influent sur le rayonnement à la surface dune route. Les données thermographiques peuvent non seulement servir à bien choisir les emplacements des SIMER, mais encore permettent-elles détablir des prévisions pour limmédiat aux endroits où il ny pas de SIMER et dès lors, à élaborer des stratégies de déneigement et de déverglaçage. La climatologie routière, une application plus spécialisée de la thermographie, permet pour sa part de réunir des données supplémentaires, par exemple la température de lair, le taux dhumidité relative ainsi que dautres paramètres, données qui peuvent ensuite être utilisées pour élaborer un modèle de prévision à court terme (jusquà 4 heures) des températures des chaussées, le tout à lappui des techniques antiverglaçage.
RECOURS AUX TECHNIQUES ANTIVERGLAÇAGE ET AUX SIMER Réduction du nombre de demandes dindemnisation en Colombie-Britannique Cest en 1995-1996 que des techniques antiverglaçage ont commencé à être appliquées en ColombieBritannique et ce, parce que lannée précédente la Ville de Kamloops avait connu une augmentation du nombre de jours de couvert neigeux au sol, ce qui avait entraîné une hausse du nombre daccidents dans cette municipalité. Cette année-là, lInsurance Corporation of British Columbia (ICBC) a enregistré, en deux mois seulement, une hausse de 18 % du nombre total des demandes dindemnisation qui lui ont été présentées, soit une augmentation approximative de 3,9 millions de dollars en indemnités. LICBC a donc conclu un partenariat avec la Ville de Kamloops aux fins dexpérimenter une stratégie antiverglaçage visant à prétraiter au moyen de chlorure de magnésium liquide 161 kilomètres dartères principales de cette municipalité. Dans le cadre de ce projet détude, un entrepreneur local sest également vu confier la tâche de prétraiter 156 kilomètres de voies de circulation situées à lintérieur des limites de Kamloops. À la fin de la seconde année de cette expérience, on a pu constater une réduction du nombre daccidents de près de 73 % sur les rues prétraitées tandis que les accidents
Figure 2 : Tour de SIMER type Thermographie La thermographie est une technique qui fait appel à des capteurs infrarouges mobiles dans le but de dresser le profil thermique de la surface des routes. 5
le nombre des États qui se sont donnés des lignes directrices sur lépandage dagents chimiques sur les routes est passé de 43 % à 60 %. Ces résultats témoignent clairement de lefficacité des efforts de lÉquipe des États responsables de la promotion des techniques antiverglaçage et des SIMER. Le rapport final de la seconde enquête, intitulée 1999/2000 Technology and Usage Survey Results: Anti-Icing Techniques and Road Weather Information Systems Technologies peut être obtenu par lentremise du ministère des Transports de lIowa (voir Références bibliographiques).
sur les voies de circulation non traitées a augmenté denviron 84 %. Pour la municipalité toute entière de Kamloops, le nombre total des demandes dindemnisation a diminué de 6 % les jours de couvert neigeux au sol, soit une économie de 300 000 $ à 600 000 $ par hiver pour lICBC. La Ville de Kamloops a depuis décidé détendre le champ dapplication de sa stratégie antiverglaçage, laquelle vise maintenant 465 kilomètres de voies de circulation. Ces derniers efforts ont certes porté fruit puisque le nombre total de demandes dindemnisation, pour Kamloops seule, a diminué de 8 %, soit une économie supplémentaire de 50 000 $ à 150 000 $ par année pour lICBC. À la lumière de ces résultats, les municipalités de Vernon, de Kelowna et de VancouverNord ont elles aussi adopté des stratégies antiverglaçage.
Utilisation des techniques antiverglaçage et des SIMER au Canada À la faveur des activités de collaboration quelle exerce avec le Comité directeur du C-SHRP, lAASHTO a fait parvenir le questionnaire de son enquête de 19992000 à des représentants du Comité des ingénieurs en chef de lAssociation des transports du Canada. Cette démarche avait évidemment pour objet de réunir de linformation à propos de la mise en application ici même au pays des techniques antiverglaçage et des SIMER. Au total, 32 répondants représentant chacune des dix provinces et un territoire du Canada ont participé à cette enquête. Ceci dit, il convient ici de souligner que même si les réponses recueillies dans ce contexte témoignent sans doute dassez près de la situation au Canada en matière de techniques antiverglaçage et de SIMER, elles ne sauraient daucune façon être considérées comme un parfait reflet de celle-ci.
Outre la diminution du nombre de demandes dindemnisation, lICBC estime que le recours aux techniques de préhumidification et lapplication à grande échelle des techniques antiverglaçage contribueront à réduire de 10 %, en une seule saison, les dégâts causés aux pare-brise par les activités conventionnelles dentretien hivernal des routes (épandage de sable et de sel solide), ce qui devrait se traduire par une économie annuelle de près de 6 millions de dollars au chapitre des indemnités à verser. Équipe des États responsables de la promotion des techniques antiverglaçage et des SIMER, de lAASHTO Depuis 1987, le Comité directeur du C-SHRP a veillé à encourager la mise en application au Canada des technologies mises au point à la faveur du Programme stratégique de recherche routière (SHRP). Ceci dit, alors que le SHRP original arrivait à échéance, en 1995-1996, lAmerican Association of State Highway and Transportation Officials (AASHTO) a décidé de se doter dune structure déquipes, chacune composée dun certain nombre dÉtats, aux fins de continuer à favoriser la mise en uvre aux États-Unis des produits ou résultats issus du SHRP. Lune de ces équipes a été chargée de promouvoir la mise en application des techniques antiverglaçage et des SIMER. Pour mesurer le succès de ses efforts, léquipe a procédé à une première enquête sur le sujet en 1997 puis à une seconde, en 1999-2000. Depuis lenquête originale, il appert que le recours aux stratégies antiverglaçage sest accru de 79 % à 90 % tandis que
Le tableau 1 rend compte de la situation décrite par les répondants canadiens. À la consultation de ce tableau, on peut demblée établir que les administrations routières des Territoires du Nord-Ouest, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de lOntario, du Nouveau-Brunswick et de lÎle-du-Prince-Édouard ont appliqué des stratégies antiverglaçage, dont certaines depuis plus de deux ans. Le pourcentage du nombre total de kilomètres traités au moyen de techniques antiverglaçage, par administration (tronçons non expérimentaux), variait de 4 à 100 %, soit une moyenne de 37 %. Pour la plupart des administrations, lagent chimique privilégié est le chlorure de sodium (sel), sous forme liquide (saumure) ou préhumidifié sous forme solide. Le chlorure de magnésium semble pour sa part recueillir la faveur en Colombie-Britannique et à Calgary. Ailleurs dans 6
Enfin, toutes les administrations exploitant des SIMER ont indiqué que leurs installations dentretien étaient dotées dordinateurs afin dajouter à lefficacité de la surveillance des conditions météorologiques et des techniques antiverglaçage.
la province de lAlberta, cest le chlorure de calcium qui est utilisé comme antiverglaçant. Des essais dantiverglaçage seront menés à terme au cours de la prochaine année en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario (ministère des Transports). De plus, plusieurs administrations envisagent détendre la portée de leurs programmes antiverglaçage existants.
RÉSUMÉ
Le tableau 2 témoigne pour sa part des résultats de lenquête précitée sur lutilisation des SIMER au Canada. Comme on peut le constater, la moitié des administrations répondantes possèdent ou exploitent des SIMER. Le nombre demplacements de SIMER, par administration, varie de 0 à 18, soit une moyenne de 6 SIMER par administration. Chacune des administrations a indiqué que les systèmes quelle exploitait étaient assortis de capteurs encastrés dans les chaussées tandis que seulement six dentre elles ont fait valoir quelles utilisaient des caméras vidéo à des fins de surveillance et de détection des précipitations sur les chaussées visées. Trois des administrations répondantes ont recours à la thermographie. En revanche, presque toutes les administrations utilisent des prévisions pour limmédiat aux fins de surveiller la formation et la progression des tempêtes en hiver.
Pour lutter contre les accumulations de neige et de verglas sur les routes canadiennes, les techniques antiverglaçage, les SIMER et la thermographie sont en voie de devenir des outils fort efficaces pour garantir une sécurité routière maximale à bon compte, tout en ayant des incidences minimales sur lenvironnement. Comme en témoigne lenquête menée par lÉquipe des États responsables de la promotion des techniques antiverglaçage et des SIMER, la mise en uvre des méthodes et systèmes ici visés au Canada est bien amorcée et devrait vraisemblablement se poursuivre tandis que les administrations qui y ont recours acquerront plus dexpérience en la matière et en tireront de plus en plus davantages.
7
Tableau 1 : Recours aux techniques antiverglaçage au Canada (daprès lenquête de lÉquipe de lAASHTO) Total km du voies entretenues
Nombre km traités avec des antiverglaçants
Principaux antiverglaçants chimiques
État à lapplication
Expérience des antiverglaçants
Ministère des Transports
2 200
700
Chlorure de sodium
Solide
Plus de 2 ans
Ville de Vancouver
1 400
500
Chlorure de sodium
Liquide
Plus de 2 ans
Ville de Kamloops
1 500
610
Chlorure de magnésium
Liquide
Plus de 2 ans
Insurance Corporation of British Columbia (ICBC) Projet pilote dantiverglaçage*
> 50 000
5 000 (environ)
Chlorure de magnésium et chlorure de sodium
Liquide et solide préhumidifié
1-2 ans
Emcon Services (Entrepreneur ministériel)
13 894
550
Chlorure de magnésium
Liquide
2 ans
Main Road Mid-Island Contracting (Entrepreneur ministériel)
2 056
1 303
Sodium Chloride
Liquide et solide préhumidifié
Plus de 2 ans
Province ou territoire
Administration
Territoire du Nord-Ouest ColombieBritannique
Alberta
Infrastructure Alberta
Essais prévus en 2000-2001
Ville de Calgary
7 000
10
Chlorure de calcium
Saskatchewan
Ministère de la Voirie et des Transports
32 600
20 (essai)
Chlorure de sodium
Manitoba
Ministère des Travaux publics
4 208
1 080
Chlorure de sodium
Ontario
Ministère des Essai sur des tronçons routiers Chlorure de sodium Transports jusquàprésent; dautres essais préhumidifié avec du débuteront en 2000-2001 chlorure de magnésium Région dOttawa-Carleton Ville dOttawa
3 200
30-40
875
Chlorure de sodium
Liquide
1 an Essai cet hiver
Liquide
Liquide
875 Chlorure de sodium préhumidifié avec du chlorure de calcium
Plus de 2 ans 2 ans
Premier hiver Plus de 2 ans
McCormick Rankin Corp. (Entrepreneur ministériel)
5 000
2 500
Chlorure de sodium
Solide
Plus de 2 ans
Ontario et NouveauBrunswick
Integrated Maintenance & Operations Services Inc. (Ministry contractor)
3 000
300
Chlorure de sodium
Liquide
Plus de 2 ans
NouveauBrunswick
Ministère des Transports
35 200
Variable
Chlorure de sodium
Solide
Plus de 2 ans
Île-duPrinceÉdouard
Ministère des Transports et des Travaux publics
5 800
300
Chlorure de sodium
Solide
Plus de 2 ans
* Le projet pilote que poursuit lICBC en matière dantiverglaçage vise 17 municipalitiés et 4 entrepreneurs routiers.
8
Tableau 2 : Utilisation des SIMER au Canada (daprès lenquête de lÉquipe de lAASHTO)
Province ou territoire ColombieBritannique
Alberta
Manitoba
Ontario
Administration Ville de Kamloops Ministère des Transports et de la Voirie
Nombre de tours SIMER
Capteurs encastrés dans les chaussées
Caméras vidéo
4
Oui
31*
Oui
Infrastructure Alberta
Thermographie
Prévisions pour limmédiat
Installations dentretien dotées dordinateurs
Non
Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Essais prévus en 2000-2001
Ville de Calgary
7
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Ministère des Travaux publics
2
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Ville de Winnipeg
2
Oui
Non
Non
Oui
Oui
Ministère des Transports
18
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Région dOttawa-Carleton
5
Oui
Non
Non
Oui
Oui
Ville dOttawa Centre régional dOttawa (Environnement Canada)
Capteurs encastrés dans chaussées et véhicules de surveillance de la température de lair au moyen de capteurs 35**
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
McCormick Rankin Corp. (Entrepreneur ministériel)
8
Oui
Non
Non
Oui
Oui
Comité de Huron
0
Non
Oui
Non
Oui
Oui
Ontario et NouveauBrunswick
Integrated Maintenance & Operations Services Inc. (Entrepreneur ministériel)
11
Oui
Non
Non
Oui
Oui
Québec
Ministère des Transports
10
Oui
Non
Oui
Non
Oui
NouvelleÉcosse
Ministère des Transports et des Communications
5
Oui
Oui
Non
Oui
Oui
Île-du-PrinceÉdouard
Ministère des Transports et des Travaux publics
2
Oui
Non
Non
Non
Oui
*Comprend 18 tours de SIMER installées ou à installer en 2000. **Le Centre régional dOttawa dEnvironnement Canada analyse et collige des données provenant de stations exploitées par dautres administrations.
9
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Keep, D. et Parker, D., Proactive Guide to Snow and Ice Control: A Guide for Highway Winter Maintenance Personnel, Insurance Corporation of British Columbia, Kamloops, C.-B., mai 2000. Communiquer avec Ingrid Brakop (
[email protected]), à lICBC, pour acheter ce guide. Federal Highway Administration, Manual of Practice for an Effective Anti-Icing Program: A Guide for Highway Winter Maintenance Personnel, rapport no FHWA-RD-95-202, juin 1996. Ce guide de la FHWA peut être téléchargé à : http://www.fhwa.dot.gov/ reports/mopeap/eapcov.htm. Association des transports du Canada, Primer: Road Salt and Snow and Ice Control, Ottawa, Ontario, décembre 1999. Prière de consulter la librairie électronique de lATC, à www.tac-atc.ca, pour obtenir un exemplaire du document. Gray-Fisher, D., 1999/2000 Technology and Usage Survey Results: AntiIcing Techniques and Road Weather Information Systems Technologies, Anti-Icing/RWIS Lead State Team, Iowa Department of Transportation, Office of Media and Marketing Services, Ames, Iowa, juin 2000. Prière de consulter la rubrique consacrée à lentretien hivernal des routes dans le site Web du ministère des Transports de lIowa, à http:// www.dot.state.ia.us/winter.htm, pour télécharger ce rapport denquête.
Préparation et distribution du présent bulletin technique : Programme stratégique de recherche routière (C-SHRP) 2323, boul. Saint-Laurent Ottawa (Ontario) K1G 4J8 Tél. : (613) 736-1350 Téléc. : (613) 736-1395 www.cshrp.org ISBN 1-55187-058-4
10