Entretien avec Guillaume Laravoire (enseignant en 1ère STMG) - Lyon

font des courses de QCM (c'est la réussite qui paie et pas la vitesse pure), ... Depuis octobre j'ai une classe qui a déjà pris l'habitude de venir en avance en ...
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Entretien avec Guillaume Laravoire (enseignant en 1ère STMG) [email protected]

- Bonjour Guillaume, En quelles classes enseignes-tu cette année ? J’enseigne en 1eres STMG, la discipline management.

- Qu’est ce qui a motivé ton usage de la classe inversée avec tes élèves ? Sur quels « problèmes » voulais-tu agir ? Tout d’abord c’est un double phénomène déclenchant :  

des neveux qui ont fait leurs études au canada m’ont rappelé que TED était un support de cours facile, ludique. mon fils de 12 ans qui travaille avec son école sur une plateforme de type « drive » et qui rayonne quand il envoie son travail en ligne et que son professeur s’en sert pour illustrer le cours et pour l’évaluer infine.

Le projet TraAM éco-gestion « de la classe traditionnelle à la classe inversée » mené dans mon académie m’a permis d’inscrire mes expérimentations dans un cadre institutionnel et d’échanger avec des collègues sur leurs visions de la classe inversée.

- Peux-tu nous expliquer ce que tu fais en pratique ? Quand je monte une séquence/séance, je recherche la ou les vidéos courtes (2 à 4’) qui pourraient bien illustrer le lancement du cours. Je vais sur mon TED.ED, pour créer ma leçon et pose des questions (ouvertes et fermées à choix multiples) dont les réponses sont dans la vidéo. J’envoie le lien de ma vidéo par mail/école directe/Facebook aux élèves. Lesquels sont invités à visionner la vidéo en répondant aux questions. Les élèves ne peuvent que réussir car le questionnaire se valide dès que la réponse passe « au vert ». Et dans le cadre de la recherche du plaisir d’apprendre (cf Ph. Meirieu) ou de l’évaluation par contrat de confiance (cf A. Antibi), je ne sanctionne que positivement les élèves qui ont visionné et travaillé la vidéo (par des notes de 17 à 20/20) à coefficient 0.1. Du fait de la récurrence de la pratique un élève qui s’automotive pourra tout seul bonifier sa moyenne. De plus je me sers des élèves qui ont travaillé pour qu’ils lancent/animent mon cours ou l’illustrent.

- Ted.ed, qu’est-ce que c’est en pratique ? Qui peut l’utiliser ? Comment est-ce que ça fonctionne ? Le site se dénomme : ed.ted.com

Il s’agit d’un site de vidéos sur tous les thèmes (auquel on peut ajouter d’autres vidéos). Pour choisir sa vidéos on fait une recherche qui ressemble à ce que l’on fait sur Google : on peut trouver des vidéos dans de multiples langues vivantes ce qui permet de se rapprocher d’un professeur de langue vivante pour lui faire la promotion de transversalité disciplinaire. On fait défiler sa vidéo, on incrémente ses questions (et réponses) en même temps, on peut y annexer des documents complémentaires (texte, vidéo…), des discussions et des réponses en guise de feedback. Utilisent TED, les personnes qui s’y sont inscrites et qui ont confirmé leur inscription via boîte mail ou Facebook, puis qui disposent d’un login. Tout inscrit peut créer sa vidéo et l’envoyer par twitter, Facebook ou mail. Revenons au professeur : la pratique n’est pas chronophage, elle est souple, possiblement hors classe et facile d’évaluation car je peux suivre un tableau de bord des élèves qui sont entrés dans la vidéo et de ceux qui ont finalisé la vidéo. Je dispose à ma guise de fichiers récapitulatifs de la production des élèves. Si vous êtes curieux, inscrivez-vous sur ED.TED et testez vous :  

chap 5 : les associations chap4: Eclairage public

http://ed.ted.com/on/0LycYK1G http://ed.ted.com/on/Uv0GCFps

- Tu utilises Twitter avec les élèves. Est-ce qu’ils l’utilisent? Comment les inciter à le suivre davantage et est-ce souhaitable ? Je suis positionné dans de la recherche de motivation, de plaisir et la confiance donc je ne force pas : je recommande et utilise des suiveurs qui twittent parfois pour qu’ils participent en classe. Concrètement j’ai 29% des élèves qui twittent et la même proportion qui évalue que les twitts sont utiles pour réviser les devoirs. Je ne recherche pas un taux de suiveur twitt. J’incite et donne envie.

- Est-ce que ce fonctionnement te prend plus de temps que la classe « traditionnelle » ? Je trouve la question déjà biaisée ! Car je gagne du temps évidemment. Les élèves s’intéressent, y trouvent un intérêt (via une note qui remonte la moyenne) et donc cela me permet de les faire rentrer dans le cours, de participer. Ainsi cela fluidifie le cours et les TD. En TD, je viens de découvrir les « space-race » sur Socrative.com où les élèves par groupes de 2/3 font des courses de QCM (c’est la réussite qui paie et pas la vitesse pure), la course est visualisée en direct sur le vidéoprojecteur. On m’a montré cet outil au cours d’une formation donnée par une enseignante qui l’utilise avec ses classes. Ce qui montre encore l’intérêt des échanges entre collègues de travail.

- Quels changements as-tu pu observer sur tes classes (sur les notes, sur l’implication, sur la relation enseignant/apprenant,…)

Auto-motivation. Ce sont les élèves qui sont en coopétition (pas en compétition), en émulation et partagent de bonnes pratiques, en confiance. Et pour être cohérent, tous les 2 mois les élèves s’évaluent et m’évaluent : c’est eux qui me font progresser en me faisant leurs recommandations. Par exemple, quelques élèves désiraient une synthèse de cours avant le début du cours. J’ai écouté, testé et je constate qu’une partie (25%) des élèves utilise (stabilote, découpe, recopie partiellement, complète d’exemples) cette synthèse durant le cours. La confiance se gagne jour après jour pour tous. Alors j’ai confiance en eux et je leur répète notre fierté d’être dans la filière STMG. Depuis octobre j’ai une classe qui a déjà pris l’habitude de venir en avance en cours pour mettre en ilot la salle, note le plan au tableau et pour démarrer le cours à l’heure H (et non pas h+10’). Cette classe a compris qu’au travail on n’arrive pas « just in time » au travail : on arrive en avance pour démarrer les machines à l’heure, se préparer. Et en novembre, deux élèves se sont permis de venir avec des gâteaux que nous avons partagés en cours. Je n’ai pas bloqué/inhibé leur initiative. Je les ai remerciés et j’ai expliqué que cette pratique avait place dans le monde de l’entreprise dans les pays scandinaves.

- Pour toi, quelles sont les difficultés dans cette pratique ? Qu’est ce qui te pose problème ? Les écarts de mise en pratique de la part de certains élèves et leurs réactions du type : « je n’arrive pas à me connecter », « je ne lis pas mes mails de l’école alors je ne savais pas », « ça ne marche pas »…. En fait, comme c’est l’objet du management, je mets en perspective les élèves et les invite à être proactifs en venant avec leurs solutions pas leurs problèmes : par exemple j’utilise le groupe facebook de classe depuis peu pour d’une part m’adapter aux jeunes et d’autre part pour montrer le principe d’égalité intrinsèque (cf la théorie de la No broken window). En effet si je mets moi-même des freins, comment suis-je exemplaire ? Alors j’ai pris une heure de TD sur ordinateur et les élèves plutôt geeks ont joué le rôle de tuteur auprès de leurs camarades pour créer le compte TED (qui est en anglais et donc là encore c’est un frein pour certains : on les aide, on dédramatise et on enfonce le clou sur la vraie vie et l’intérêt de l’anglais). En fait je ne suis pas en face des élèves, je suis avec eux, côte à côte (encore Ph. Meirieu !) et en confiance (encore A. Antibi).