en-Gohelle

22 juin 2004 - Cette attention portée aux inégalités permet de garder à l'esprit le ..... minier toujours présent et un futur tourné vers l'écologie, et donc en.
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Projet Elaborons Ensemble l’Avenir (Elena) Rapport du diagnostic participatif sur la qualité de vie à Loosen-Gohelle

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Sommaire I - La Qualité de Vie pensée collectivement : comment délimiter la notion de « Vivre Ensemble » ? A- Quelle place pour le « Vivre Ensemble » dans la définition de la Qualité de Vie selon le rapport Stiglitz ? B- Le « Vivre Ensemble » au cœur des indicateurs de la Qualité de vie : exemple de deux concepts clés. 1. La cohésion sociale 2. La sociabilité II - Territorialisation problématisée de l’étude A- Le cadre de vie. B- Lecture problématisée du territoire loossois. 1. Le territoire loossois 2. Recomposition territoriale : entre évocation du patrimoine et création de l’avenir a. Une recomposition symbolique entre passé minier et avenir durable b. Une recomposition géographique : relier identité et territoire 3. Cartographie des acteurs

III - Les ateliers : mobilisation et participation a- Greffe sur un projet local existant b- Evènement de lancement c- Mobilisation d- Appels téléphoniques e- La participation f- Communication g- Choix de partition des ateliers h- Animation IV - Quel regard portent les habitants de Loos-en-Gohelle sur leur Qualité de Vie ? a- La qualité de vie à Loos-en-Gohelle 1) Culture et histoire a) Les lieux de la culture et de l’histoire. b) Mettre en valeur l’existant c) Loos-en-Gohelle face à son histoire 2) Environnement et espaces a) Paysages loossois b) Une dualité dans le rapport à l’environnement 2

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c) Aménagement et image Lien social a) Vie associative et vie locale b) La qualité du lien c) La fracture de Loos : les mots des habitants Sécurité routière et transports a) Des problèmes techniques, des conséquences sociales b) Comment faire se concerter sur les questions de sécurité routière c) Comment faire abdiquer la voiture à Loos Services de proximité et emploi local a) Rééquilibrer le territoire en matière de services b) Des usagers du territoire et des habitants c) Un lien complexe avec le monde agricole : entre rêve et réalité, l’impasse Des domaines passés sous silence, des acteurs absents

V - Comment améliorer le Vivre Ensemble A- Théorique 1. Autour de la concertation 2. Les démarches participatives 3. Les impacts de la démarche sur le Vivre ensemble - De l'individuel au collectif - Le vivre ensemble, un pas vers la durabilité ? B- Les propositions des habitants C- Le feed-back des habitants et des élus sur ce qui s’est passé

Annexe

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Le présent rapport se présente sous la forme d’une analyse croisée de la qualité de vie des loossois, à partir de diverses démarches diagnostic engagées sur le territoire et de l’expérimentation d’ateliers de co-construction avec les habitants, dans le cadre de l’élaboration d’une modélisation (projet Elena). En ce sens, il s’inscrit dans un « avant » constitué par un fort engagement de la municipalité dans le champ du développement durable (Réflexion sur le « Vivre ensemble », développement des démarches participatives …) et dans un « après » dans les prolongations que notamment la rénovation du PLU pourra saisir. Dans le cadre du projet Elena, l’expérimentation sur la commune de Loos-en-Gohelle constitue la première étape pratique d’un processus qui s’affinera et se précisera sur d’autres villes. Cette restitution intègre ainsi les éléments diagnostics fournis par la ville (PADD, Vivre Ensemble …), le résultat des entretiens exploratoires menés par l’équipe-projet auprès d’acteurs du territoire, la production émanant des ateliers de co-construction ainsi que le feed-back des parties-prenantes. Il a vocation de synthétiser le travail effectué, mais aussi à rendre compte aux loossois de leurs contributions, afin de servir de matériau à une opérationnalité ultérieure.

Il est à noter que les dynamiques inhérentes à la démarche de travail de groupe doivent être intégrées à toute interprétation des résultats : Rapports possibles de domination, de ralliement, d’intégration, normatifs ou revendicatifs … Aussi, au-delà des propositions et résultats bruts émanant des ateliers, des aspects méthodologiques d’animation qui peuvent apparaitre de prime abord comme annexes génèrent une dynamique particulièrement productive. De fait, la place de la convivialité compte parmi ces éléments valorisés. L’organisation de pause-repas offertes aux participants a ouvert des espaces informels fructueux, au-delà du caractère strictement utilitaire. Il apparait de façon plus globale, que l’intérêt de la démarche ne tient pas tant dans l’aspect novateur des propositions émises lors des ateliers, que dans la dynamique que ces derniers peuvent impulser. Ceci nous fournit un éclairage important dans une perspective d’opérationnalité des résultats.

I-

La Qualité de Vie pensée collectivement : comment délimiter la notion de « Vivre Ensemble » ? a- Quelle place pour le « Vivre Ensemble » dans la définition de la Qualité de Vie selon le rapport Stiglitz ?

La Commission Stiglitz l’avoue : il n’y a pas de définition consensuelle et unique de la qualité de vie. Un point commun existe cependant entre toutes les démarches initiées en ce sens, celui de ne pas limiter l’évaluation de cette dernière aux dimensions monétaires. Afin d’avancer dans sa précision, la commission établit quatre critères qui servent à mieux identifier ce qui relève de la qualité de vie : • La qualité de vie ne peut être exprimée que par les acteurs eux-mêmes, à travers les dimensions de la vie quotidienne qu’ils jugent comme importantes. Les acteurs sont individuels, institutionnels ou communautaires. La commission souligne ainsi l’importance de la prise en compte du bien-être subjectif. 4

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• La question de la justice sociale est au cœur des indicateurs de qualité de vie. • La qualité de vie est multifactorielle. • La qualité de vie concerne le temps présent. Ce dernier postulat n’est pas conservé dans le projet ELENA qui cherche au contraire à mettre en cohérence l’amélioration de la qualité de vie présente par des pratiques conformes au développement durable. Le rapport de la commission Stiglitz liste les critères qui doivent être pris en compte dans la mesure de la qualité de vie : santé, éducation, activités personnelles, représentation politique et gouvernance, liens sociaux, conditions environnementales, insécurité. Toutes ces dimensions peuvent être évaluées de diverses façons, mais la commission souligne à ce propos la complémentarité des données subjectives et objectives, individuelles et collectives. Ces dimensions multiples dont relève la qualité de vie, peuvent varier ensuite en fonction du contexte : les critères de mesure, l’expression et la perception des acteurs, sont fortement influencés par des variables culturelles, sociales et économiques. La définition de la qualité de vie par la revue Sapiens met en avant ces dynamiques : « Quality of Life (QOL) is the extent to which objective human needs are fulfilled in relation to personal or group perceptions of subjective well-being (SWB). Human needs are basic needs for subsistence, reproduction, security, affection, etc. SWB is assessed by individuals’ or groups’ responses to questions about happiness, life satisfaction, utility, or welfare. The relation between specific human needs and perceived satisfaction with each of them can be affected by mental capacity, cultural context, information, education, temperament, and the like, often in quite complex ways. Moreover, the relation between the fulfillment of human needs and overall subjective wellbeing is affected by the (time-varying) weights individuals, groups, and cultures give to fulfilling each of the human needs relative to the others. »1 Le projet ELENA propose alors de résoudre la difficulté d’approcher un objet si versatile en mettant en avant le processus d’évaluation et non la justesse absolue de la mesure. L’indicateur est dès lors perçu comme un outil de perception, de pédagogie, d’orientation de l’action. Le projet ELENA se réalisera sur des territoires et une temporalité restreints. Sa prétention est dialogique et pragmatique, il n’a pas vocation à définir de manière arrêtée une définition unique et universelle de la qualité de vie.

b- Le « Vivre Ensemble » au cœur des indicateurs de la Qualité de vie : exemple de deux concepts clés. 1. La cohésion sociale : Nous retrouvons ici l’une des dimensions de la qualité de vie mise en avant par la Commission Stiglitz : celle de la justice sociale. Dans les recherches faites autour de la « santé sociale » se pose la question de la soutenabilité sociale dans le paradigme du progrès fondé sur la croissance. Le lien à faire avec le Vivre Ensemble semble déterminant : si le progrès augmente les écarts et les inégalités, il vient menacer la cohésion sociale nécessaire pour construire le Vivre Ensemble. Les tensions sociales qui existent en Chine ou en Inde en sont des manifestations. Cette prise en compte des inégalités apparaît clairement dans l’indicateur territorial de santé sociale élaboré par Florence JanyCatrice2, construit à partir du BIP 40 (baromètre français des inégalités et de la pauvreté). Les 1

http://sapiens.revues.org/index169.html#text Florence Jany-Catrice et Rabih Zotti, « La santé sociale des territoires. Un indicateur de santé sociale pour les régions françaises », Futuribles, n° 350, mars 2009, pp. 65-88 2

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dimensions incorporées dans cet indicateur coïncident en partie avec celles définies pour la qualité de vie par la commission Stiglitz : revenu, travail et emploi, santé, logement, éducation, sécurité physique, lien social, lien interindividuel. Cependant, la déclinaison des deux premiers critères, met clairement en évidence l’accent mis sur les fractures sociales : • revenu : consommation, inégalités et fiscalité, pauvreté, salaires • travail et emploi : chômage, conditions de travail, précarité, relations professionnelles Cette perspective est encore plus marquée au regard de certaines variables retenues : taux de surendettement, taux d’impôt de solidarité sur la fortune, taux de pauvreté monétaire des moins de 17 ans, taux de fréquence des accidents de travail avec arrêt, taux de maladies professionnelles, part de l’emploi précaire, taux de travail à temps partiel, taux de conflits du travail, taux de personnes sans diplôme… Cette attention portée aux inégalités permet de garder à l’esprit le caractère non homogène des populations. Lorsque l’on aborde la question du Vivre ensemble, il ne s’agit pas de gommer les différences et disparités qui l’empêchent, mais bien de comprendre l’hétérogénéité d’une population pour créer de la cohésion sociale. C’est particulièrement le cas à Loos-en-Gohelle, comme nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard dans ce document. Le travail mené autour des indicateurs de santé sociale met en avant certaines variables pour « mesurer » le lien social. Ainsi, l’indicateur de Florence Jany-Catrice évalue la qualité du lien social par le taux d’adhésion à au moins une association. Cette corrélation entre vitalité associative et qualité du Vivre Ensemble est également souvent faite à Loos-en-Gohelle.

2. La sociabilité : Les individus sont encastrés dans des réseaux de relations qui contribuent significativement à leur potentiel d’action. Il s’agit à la fois de la question d'appartenance à un réseau et de connections des individus entres eux qui pourraient être utilisés afin de mener à bien leurs projets. La qualité des relations est importante. Il s'agit d'ailleurs aussi bien de leur nature que de la position sociale des personnes avec lesquelles chacun est connecté. En effet, tous les réseaux n'ont pas la même efficacité. Faire partie de tel ou tel réseau est un avantage dont dispose un acteur face aux autres. Pour décrire et évaluer ces réseaux sociaux, les sociologues ont créé le concept de « capital social ». L’utilisation du terme « capital » souligne bien l’importance axiologique des réseaux sociaux. Dans cette optique, l'approche qui est sans doute la plus connue en France est celle développée par Pierre Bourdieu. Pour lui, le capital social est «l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisé d'interconnaissance et d'inter-reconnaissance »3. En réaction à cette conception individuelle et utilitariste du capital social, d'autres auteurs ont développé une approche plus collective, avec une acception qui en fait l'expression des liens de réciprocité et d'appartenance. Cette approche propose de considérer le capital social comme étant une ressource collective, créatrice de confiance et de réciprocité. C'est notamment la vision développée par le politologue Putnam. Il différencie deux types de lien, à savoir ceux de type « bridging », qui « font le pont », et les liens de type « bondging » qui «unissent les égaux ». Le premier type de lien s’établit entre des individus de statut social différent, tandis que le second concerne les liens entre des individus de statut similaire. La création de lien ne se fait pas uniquement dans une optique purement utilitariste, ce qui interdirait le « bridging », mais selon des affinités interindividuelles d'un autre ordre. Cette appartenance au réseau apparaît comme relevant de l'acte volontaire. Cette acception du capital social rejoint celle développée par J-L.Laville et R. Sainsaulieu4. 3 4

J-L. Laville (dir.), Dictionnaire de l'autre économie, Gallimard, Paris 2006 Ibid.

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Pour eux, le capital social relève d’un lien plus fort que celui d’être membre d'un réseau. Le capital social apparaît comme l'association, autour d'un bien commun, d'acteurs issus de milieux différents mais sur le mode de l'égalité. Si chez Bourdieu cette égalité se retrouvait au niveau du statut social, ici elle relève d’une référence commune. C'est ainsi qui se construit le « bien commun ». Le capital social réside dans l'appartenance à la communauté ainsi créée, plutôt que dans les externalités générées pour chacun. La confiance et la réciprocité ainsi produites renforcent l'action collective. Cette forme de capital social naît des innovations sociales mises en place au sein de la communauté. Deux autres approches approfondissent cet aspect : le travail de Bernard Perret autour de la notion de « monde commun »5 et la recherche sur les « capabilités collectives »6 développée par Jean-Luc Dubois et son équipe. Ces notions entrent particulièrement en résonnance avec différents aspects du Vivre Ensemble. L’existence de réseaux sociaux forts matérialise le « bien vivre ensemble ». La notion de capital social, parce qu'elle formalise l'étude des réseaux sociaux, introduit cette notion au sein des études de la qualité de vie. Ces outils permettent de percevoir les rôles différentiés, les jeux d’acteurs, dans l’étude de leurs potentialités des acteurs à améliorer leurs situations individuelles et collectives. Ainsi, le Vivre Ensemble est déterminé à la fois par les liens qui relient l’individu à des groupes d’appartenances diverses, et par les écarts économiques et sociaux entre des individus qui ne se connaissent pas forcément mais qui vivent sur un territoire.

II-

Territorialisation problématisée de l’étude. a- Le cadre de vie.

Le contexte peut être approché par la notion de « cadre de vie », correspondant à l'environnement dans lequel évoluent les individus. Le terme est entendu au sens large et ne se cantonne pas à la prise en compte du seul foyer. C'est l'ensemble de l'environnement urbain que l'on dénomme ainsi. Ce cadre de vie représente un certain nombre d’apports pour les acteurs. Il est à la fois, un lieu de vie et un moyen d'épanouissement personnel. C'est une ressource pour ceux qui vivent sur le territoire concerné. Chaque acteur perçoit et utilise son environnement de manière différente, construisant ainsi son propre cadre de vie. Si l'environnement est commun, le cadre de vie est personnel. Chacune des dimensions du cadre peut être comprise comme un moyen pour l'agent de réaliser ses projets. A travers la construction du cadre de vie, il est possible d'analyser l'un des apports majeurs des collectivités locales dans la qualité de vie des habitants d'un territoire. Or, certains acteurs peuvent considérer leur cadre de vie comme non satisfaisant. Si cette non-satisfaction se révèle trop importante, le cadre de vie pourrait alors ne pas remplir sa fonction de ressource, et devenir au contraire un facteur de dégradation de la qualité de vie des habitants. C’est le cas par exemple si les services de santé ou de transport collectif sont considérés comme défaillants. Si l’on peut considérer ainsi le territoire comme une ressource, il convient également de prendre en compte sa spécificité lorsqu’on engage une action : c’est la question de la contextualisation de l'action. Si celle-ci s'inscrit dans le temps, elle est aussi le produit d'un espace aux contraintes particulières. L'espace est aussi bien physique que social. Il relève à la fois du territoire et des acteurs qui interagissent dans ce territoire. Les acteurs s'approprient, construisent ou subissent l'espace 5

B. Perret, De la société comme monde commun, DDB, 20 Voir notamment Repenser l’action collective, une approche sur es capabilités », sous la direction de J-L. Dubois, A-S. Brouillet, P. Bakhshi, Ch. Duray-Soundron, L’Harmattan, Réseau Impact, 2007. 6

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physique, qui se modifie à son tour progressivement du fait de leurs actions. Ainsi, la territorialisation multiplie les normes de développement durable et de qualité de vie. La notion de cadre de vie, parce qu’elle relie l’environnement existant à l’environnement perçu, contribue à la réflexion autour de l’intégration du Vivre Ensemble dans la rénovation d’un PLU. En venant questionner le modèle général du PLU par un projet local, Loos-en-Gohelle interroge la pertinence de normes globales à l’échelle plus locale. En démontrant des manques au niveau microterritorial, la ville de Loos-en-Gohelle souhaite changer les référents nationaux en matière de plan local d’urbanisme.

b- Lecture problématisée du territoire loossois. 1. Le territoire loossois On propose de considérer le territoire comme une construction issue des relations spécifiques qu’entretiennent les acteurs qui s’y trouvent : « la notion de territoire recouvre les diverses formes de rapport à l’espace que les individus et les groupes sociaux ne cessent de produire et de transformer dans le cadre de leurs relations sociales. »7 L’étude d’un territoire regroupe ainsi l’analyse du rapport à l’espace et du système local de production. Ce dernier, tout comme les interactions, n’est pas fixe mais évolutif. Le système de production comprend les rapports entre les firmes et les autres acteurs, autant individuels qu’institutionnels. Les relations qu’entretiennent les acteurs vont constituer des configurations productives particulières de la ressource territoriale. Les observations présentées ci-dessous sont donc très liées à la cartographie des acteurs dessinée plus haut. Le territoire loossois actuel est issu, d’une part, du système de production minier et d’autre part, de la transition vers le développement durable. C’est ce que la Mairie nomme « l’après-mine, vers le développement durable appliqué »8. Sans renier le patrimoine minier de la commune, qui en constitue toujours une forme de richesse, la mairie a engagé une politique qui modifie profondément le territoire. Elle est basée sur des ressources autres que celles du sous-sol et se caractérise par une volonté affirmée d’innovations. S’il s’agit bien d’une ville de par son nombre d’habitants, 70% de son territoire est pourtant à vocation agricole. De ce fait, Loos-en-Gohelle est plutôt une « ville à la campagne » 9 selon l’expression du maire. Depuis la seconde moitié de XIXème siècle, l’histoire de Loos-en-Gohelle est indissociable de celle des cités minières dressées sur le territoire communal. Ces cités, construites à proximité des fosses et gérées par des sociétés minières, ont été développées selon les seuls besoins de l’exploitation de la ressource qui nécessitait une certaine proximité entre l’habitat minier et les puits. Chaque compagnie construisait et gérait ses propres cités. Il n’était pas question de plan d’urbanisme au niveau de la commune qui ne maitrisait pas son territoire. Celui-ci était divisé en diverses concessions. L’éloignement entre les quartiers miniers et le centre historique de Loos-en-Gohelle a créé une rupture géographique et symbolique au sein du territoire loossois. Pour les générations les plus anciennes, le cœur de Loos est encore connu sous la dénomination de « village ». Les photos montrent, d’un côté, un centre-ville avec un réseau routier en toile d’araignée et, d’un autre côté, des cités minières avec un réseau routier en lignes droites entourant les habitations. De plus, ces 7

P Alphandéry, M Bergues, « Territoires en question : pratiques des lieux, usage d’un mot », Ethnologie française, XXXIV, 2004, 1, p. 5-12 8 Document Loos Ville Pilote 9 Source : site internet de la commune de Loos-en-Gohelle. http://www.loos-engohelle.fr/ville_a_la_campagne.php

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cités minières sont en périphérie de la ville. En ce qui concerne le Quartier Ouest, cet isolement est particulièrement notable : cet espace est plus proche de la commune de Grenay que du centre de Loos-en-Gohelle. Les habitants se déplacent davantage vers Grenay, sauf pour les démarches administratives. Concernant le lien entre les activités de la base 11/19 et les habitants de Loos-en-Gohelle, deux types de discours sont apparus lors des entretiens. Selon le premier, les entreprises de la base, bien que proches géographiquement de la ville de Loos-en-Gohelle, n’ont pas créé d’attirance, et la proximité géographique n’a pas engendré d’effet d’entraînement, ni en termes de création d’emploi ni d’intérêt pour les activités développées. Il faut, à ce propos, distinguer les emplois induits comme les activités de support type secrétariat, et l’attraction pour les emplois spécifiques de ce secteur qui sont liés à une qualification précise. Le second type de discours souligne, au contraire, l’intégration des activités de la base dans la vie de la commune et les perspectives qu’elles ouvrent aux générations les plus jeunes. Selon ce deuxième discours, il semble que les activités de la base 11/19 commencent à être attractives pour les jeunes qui orienteraient leurs études dans les secteurs qui y sont représentés. Le passé minier constitue donc une marque identitaire forte pour Loos-en-Gohelle. Les friches industrielles, l’habitat minier et la base 11/19 sont autant des symboles de cette histoire du charbon.

2. Recomposition territoriale : entre évocation du patrimoine et création de l’avenir La notion de territoire relie l’identité collective à un espace géographique précis. Dans le cas de Loosen-Gohelle, derrière une identité loossoise aux contours encore flous, se profilent diverses identités, essentiellement liées aux différents quartiers historiques de Loos-en-Gohelle. La ville semble divisée au minimum en trois parties : le centre-ville autour de la mairie, les quartiers périphériques de l’autre côté de la nationale et à proximité de Grenay, la zone de la base 11/19 entre ces deux espaces. La route D943 marque physiquement cette séparation. Cette division est également économique. Il existe un contraste important entre le Quartier Ouest, socialement et économiquement défavorisé, et le dynamisme de la base 11/19 ou du centre. a.

Une recomposition symbolique entre passé minier et avenir durable

Si le territoire est le fruit des interactions, la territorialité relève de la stratégie d’un ou plusieurs acteurs pour redéfinir un territoire. Dans le cas de Loos-en-Gohelle, il s’agit de créer un territoire pilote en termes de développement durable et de faire de ce projet l’une des ressources principales de la commune. De plus, le discours municipal cherche également à tenir compte des comportements individuels, et met l’accent sur les bonnes pratiques en matière écologique et citoyenne. Le message politique de la mairie révèle donc la volonté d’une modification profonde des modes de vie, ce qui pourrait avoir un impact sur la représentation que se font les habitants de leur quotidien. Le fait d’avoir créé une concentration d’activités économiques en lien avec l’environnement n’est donc pas un hasard, mais il traduit bien au contraire, la mise en adéquation entre le discours global et la création de nouvelles ressources économiques pour le territoire de la commune. Les vingt dernières années ont ainsi été marquées par le passage d’une économie locale basée sur la seule activité minière à une économie, en grande partie immatérielle, basée sur l’existence d’une concentration de petites entreprises liées au secteur du développement durable. Ainsi, la base 11/19 peut être considérée comme une sorte de cluster avec une certaine forme de coopération entre ses membres. L’existence de structures comme le CD2E (Centre de développement des éco-entreprises) qui met en commun des ressources informationnelles, en constitue une bonne illustration. Cette concentration est née de la rencontre entre la volonté politique de la mairie et le besoin économique des entreprises présentes qui partagent une certaine vision du monde. Le rassemblement de ces 9

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entreprises sur un même site et leur collaboration sont en écho avec le message fort véhiculé par la municipalité autour du développement durable. La base 11/19 et la Chaîne des terrils, au sein de laquelle la base s’inscrit, apparaissent ainsi comme la jonction entre un passé minier toujours présent et un futur tourné vers l’écologie, et donc en rupture avec ce passé. Les vestiges de l’activité minière sont autant de symboles de cette mutation. Le site de la base 11/19 est situé sur les anciens puits 11 et 19. Il comprend d’anciennes infrastructures permettant l’extraction du charbon ainsi que la tour de béton armé du 19, haute de 65 mètres. Les bâtiments ont été réhabilités afin de pouvoir accueillir des entreprises et des associations, toutes liées au développement durable. Un ancien site industriel a ainsi été reconverti en centre économique d’avenir. La Chaîne des terrils, quant à elle, est une association créée en 1988 qui a pour objet la mise en valeur du patrimoine que représentent les terrils, autant du point de vue culturel que pour leurs qualités environnementales. En effet, il semble que les terrils forment des écosystèmes particuliers. L’association met ainsi en avant et de manière conjointe la protection de la nature et du patrimoine, accompagnée d’un important souci pédagogique10. b.

Une recomposition géographique : relier identité et territoire

Pour combler la fracture territoriale créée par l’histoire minière entre les quartiers situés à l’ouest de la ville et le centre, la municipalité a lancé le projet de construction d’un quartier écologique. Ce dernier sera construit sur une friche industrielle qui sépare deux cités bien différenciées. Les enjeux sont multiples :  Il s’agit, comme dans la base 11/19, d’un projet centré sur le développement durable, qui s’inscrit dans la continuité du passé minier en ce sens qu’il vise à réparer des inégalités créées par lui.  Les cités concernées ont un niveau économique et social très différent. Il s’agit de favoriser la mixité sociale sans produire de l’antagonisme.  La création de ce quartier écologique ne sera réussie que si certains habitants des quartiers riverains viennent également s’y installer. Le projet doit être approprié par l’ensemble de la population loossoise.

3. Cartographie des acteurs A Loos-en-Gohelle, le développement durable est proposé comme un cadre pour l’ensemble du territoire communal. Pour la mairie, il sert aussi bien de but à atteindre que de mode de régulation via les normes qu’il impose, notamment au niveau environnemental. Afin de cartographier les différents acteurs qui entrent dans ce jeu territorial, nous nous proposons d’utiliser le critère du type de gouvernance. « De manière générale, la gouvernance peut se définir comme l’ensemble des mécanismes de régulation d’un système économique et social en vue d’assurer des objectifs communs (sécurité, prospérité, cohérence, ordre, continuité du système, développement durable) » 11 . Nous commençons par présenter différents modes de gouvernance, qui nous permettront ensuite d’identifier et qualifier le rôle de principales catégories d’acteurs dans la ville de Loos-en-Gohelle. Les modes de gouvernance ici exposés concernent la production, la gestion et l’attribution des ressources. Nous porterons une attention particulière au lien entre gouvernance et urbanisme.

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http://www.chainedesterrils.eu/ G Froger, « Significations et ambiguïtés de la gouvernance dans le champ du développement durable », Mondes en développement, Vol.34-2006/4-n°136 , Paris, De Boeck, 2006. 11

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Gouvernance privée: Les dispositifs de coordination et de création des ressources sont impulsés et pilotés par des acteurs privés. - Gouvernance privée collective: Le mode d'appropriation est ici institutionnalisé, et transite par des organismes collectifs de type syndicat professionnel ou organisme consulaire. L'acteur clé est une organisation professionnelle clairement définie et identifiée par tous. C'est elle qui impulse la coordination stratégique des opérateurs qu'elle regroupe. - Gouvernance publique: Les modes de gestion des ressources sont impulsés par des institutions publiques. Ce mode de gouvernance se caractérise par la disjonction entre les acteurs qui pilotent la gouvernance des ressources et ceux qui en bénéficient. - Gouvernance mixte: Le mode d'appropriation des ressources rend compte du fait que les acteurs dominants sont de nature publique et privée. Elle peut aussi bien prendre une nature conflictuelle ou partenariale, selon qu'elle fonde ou non la structuration du territoire sur la reconnaissance des besoins différents de chaque acteur. Loos-en-Gohelle a d’abord connu un mode de gouvernance privé pendant l’exploitation minière. Depuis la découverte de charbon en 1720, les compagnies des mines de Béthune et de Lens ont structuré le territoire en organisant la vie des mineurs autour des différents puits. La principale ressource territoriale était la production charbonnière, gérée par ces compagnies. Avec la disparition de la production de charbon, la gouvernance a évolué vers une modalité mixte. La municipalité apparaît comme l’acteur principal dans la coordination de la politique économique, via le développement durable. S’il ne s’agit pas de planification, les actions menées dans le but de rendre la ville durable ont favorisé l’apparition des activités liées au développement durable comme ressource. Dans cette nouvelle configuration, nous pouvons identifier cinq types d’acteurs : - La mairie : Acteur politique principal, elle est l’émettrice du discours sur le développement durable. Le mode de gouvernance est celui de la gestion publique : la mairie est l’instigatrice des actions en faveur du développement. Cependant, la mairie a une politique volontariste de décentralisation du pouvoir, qui se traduit par un effort important de développement de la démocratie participative (plusieurs initiatives existent en ce sens en termes d’action et de réflexion), et par la création de liens spécifiques avec les différents acteurs de la commune. Les entretiens réalisés auprès des élus et des acteurs économiques et associatifs en témoignent. - Les citoyens : Ils sont partenaires de la mairie via la démocratie participative, ils bénéficient de la politique de développement durable en ce qui concerne l’amélioration du cadre de vie, notamment en termes d’urbanisme. Il est difficile pour l’instant de savoir quelle est leur place réelle en termes de gouvernance. La population est, d’après la mairie, habituée à un certain « suivisme » lié au type de société très encadrée créée par le modèle minier. Cependant, l’action de démocratie participative menée par le maire actuel vise à donner aux habitants des pouvoirs politiques plus importants. Le projet de « qualification des acteurs », accompagné par G .Grass, consultant de référence dans la mairie en termes de démocratie participative, vise à créer chez les citoyens une vraie capacité à investir le champ politique. - Le secteur associatif : Loos-en-Gohelle accueille une centaine d’associations. Pour l’essentiel, elles ont pour objet une activité sportive ou de loisirs. Le secteur associatif tient une place très importante dans la stratégie de recomposition territoriale de la Mairie. Il ressort des entretiens que ce tissu associatif assez dense constitue un vecteur important pour la transmission des initiatives municipales. Les associations sont largement soutenues, voire financées par la commune. Elles sont les principaux partenaires de la mairie dans le cadre d’un mode de gouvernance basé sur la démocratie participative. Elles sont également génératrices de lien social et d’action collective dans la commune. - Les entreprises : Si la mairie semble disposer d’un certain pouvoir organisateur, ce sont les entreprises qui ont le pouvoir financier et technique de production de la ressource. La mairie a utilisé le développement durable comme une source d’attractivité pour son territoire. En développant, sur l’ancien site minier du 11/19, un pôle de compétence en matière de développement durable, elle recentre son identité économique. Les acteurs de la base 11/19 11

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que nous avons interviewés ont tous déclaré avoir répondu à une sollicitation de J.-F. Caron, dans une démarche proactive d’incitation et de facilitation pour s’installer. La volonté d’inscrire Mairie et entreprises dans une même cohérence, construite autour des principes du développement durable, crée un lien original entre ces deux acteurs. L’union du privé et du public sur la base de normes éthiques est l’un des effets de la démocratisation du discours sur le développement durable qui reste à étudier. Les consultants extérieurs : Depuis que Loos-en-Gohelle s’est inscrite dans le projet d’être une « Ville Pilote du Développement Durable », la place des consultants extérieurs semble avoir été renforcée. Ce tournant a été accompagné par la création d’un « Comité scientifique Loos Ville Pilote du Développement Durable ». En termes de gouvernance, la place des consultants, ou des « experts » de manière générale, est toujours délicate. Comment l’articuler à une démarche de démocratie participative afin de créer des décisions citoyennes « éclairées » ?

L’analyse que nous venons de développer s’inspire de l’état de l’art réalisée en amont du projet. Celle-ci, adjointe aux études déjà existants dans la commune et aux résultats des entretiens réalisés auprès de quelques élus et acteurs économiques de la ville, a nourri une lecture transversale des problématiques du territoire loossois. A présent, nous allons l’enrichir de l’expérience issue des ateliers de co-construction réalisés.

III-

Les ateliers : mobilisation et participation.

a. Greffe sur un projet local existant Le projet ELENA s’est associé à un volet de la révision du PLU portée par la Mairie, à savoir l’intégration de la notion de « Vivre Ensemble » dans ce document d’urbanisme. Le point d’accord entre ces deux dynamiques a été trouvé autour d’une évaluation alternative de la qualité d’un territoire et de l’attention particulière portée à ce qui concerne le quotidien de ses habitants et de ses usagers (cas des personnes travaillant sur le territoire mais n’y habitants pas). b. Evènement de lancement A Loos-en-Gohelle, la cérémonie de vœux du maire a été choisie comme évènement de lancement de la phase publique du projet. En effet, du fait du lien charismatique observé entre le maire et ses administrés, cette cérémonie a été identifiée comme moment fort de la vie loossoise. c. Mobilisation Personnes ressources : Une liste d’une dizaine de personnes du quartier centre, que l’on pourrait qualifier de notables, a été fournie par la mairie. Nous avons également disposé d’une autre liste d’une trentaine de personnes du quartier ouest, déjà investies dans la vie locale (participation à des réunions) à laquelle nous avons adjoint 6 « personnalités » supplémentaires : directrice d’école et autres acteurs socio-économiques. Ces dernières personnes du quartier centre ont été contactées par téléphone avant la cérémonie des vœux du maire. Elles se sont montrées un peu réticentes, ne comprenant pas pourquoi nous

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devancions la Mairie. Par ailleurs, elles ne nous ont pas fourni beaucoup de noms de personnes à contacter et ne nous ont donc pas permis d’étendre le cercle de participants. Mobilisation spécifique des jeunes : nous avons adressé un courrier d’invitation à tous les jeunes inscrits au recensement ces trois dernières années. Les jeunes du Local Jeune de Loos ont également reçu un courrier lorsqu’ils étaient concernés par la tranche d’âge visée. Ces derniers ont également été directement invités par l’une des éducatrices du local. Seules deux jeunes filles étaient présentes aux ateliers. Cette faible participation s’explique en partie du fait que nous nous sommes appuyés sur la structure du « Local Jeunes », qui en ce moment connait de manière globale une désaffection. Les acteurs économiques : La participation des acteurs économiques s’est révélée un peu décevante. En effet, en dehors des acteurs de la « base 11/19 » (directrice d’école, médecins …), nous avons assez peu réussi à élargir le cercle des acteurs socio-économiques. De plus, la prise de parole de l’unique atelier a été relativement accaparée par l’un des participants. La « fidélité » de la démarche a été très faible, peu des acteurs présents s’étant déplacé lors de l’atelier commun, alors même qu’ils soulignaient la séparation existante entre les personnes travaillant à Loos et les habitants… Personnes tirées au sort : le tirage au sort s’est effectué à partir des listes électorales, en les séparant par quartiers : un bureau dans le quartier ouest et quatre dans le centre. Dans chaque quartier, nous avons fait en sorte de sélectionner environ 150 noms (nous comptions sur 10% de participants). Autres : lors de l’événement de lancement (la cérémonie des vœux du Maire), nous sommes allés à la rencontre directe des personnes présentes et leur avons proposé de participer également aux ateliers. Nous avons noté leurs noms et n° de téléphone afin de les rappeler pour confirmer leur éventuelle participation Généralités : Personnes ressources et personnes tirées au sort ont reçu une lettre signée du maire les informant qu’ils ont été sélectionnés pour participer aux ateliers. Au bas de cette lettre, un coupon réponse leur permettait de nous laisser leurs coordonnées téléphoniques afin que nous les recontactions. Cette même lettre, légèrement adaptée, a été envoyée à tous les acteurs socioéconomiques de la base 11/19 et à tous les jeunes de la liste de recensement des 3 dernières années. d. Appels téléphoniques Un appel aux habitants sélectionnés a été effectué pour annoncer la date, lieux et heure des ateliers. La réception a été bien meilleure que lors de l’appel des personnes ressources. L’objectif est d’obtenir au moins un contact avec chaque personne. (méthodologie adoptée : Première série d’appels sans laisser de message sur les répondeurs. Deuxième série d’appels avec message en cas de non-réponse.) Après les deux ateliers, une nouvelle série d’appels téléphoniques est effectuée :

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si les personnes ont été vues moins d’une semaine avant, seules les personnes qui étaient absentes lors de la seconde séance en étant présentes à la première ont été appelées.  si les personnes ont été rencontrées lors d’un atelier plus d’une semaine auparavant, deux possibilités : soit toutes les personnes sont appelées, soit seules les personnes identifiées comme moins enclines à participer à l’atelier commun sont contactées. → Ce second appel a été perçu comme moins nécessaire. En effet, les personnes semblaient avoir bien noté la date. Le nombre d’appels auprès des jeunes n’a pas été comptabilisé. Cependant, la plupart des appels aboutissaient sur un répondeur. e. La participation Quartier Centre : * 30 personnes intéressées et informées : dont 40% par retour de coupon, 40% personnes ressources, et 20% lors des vœux * sur l’ensemble des personnes présentes à au moins un atelier, une moitié était habituée aux réunions, l’autre moitié était constituée de nouvelles participations et 3 personnes « ramenées » par un participant invité. * première séance : 23 personnes, seconde : 18, soit une perte de 5 personnes. 15 pour atelier commun. Quartier Ouest : * 15 personnes intéressées et qui ont reçu l’information. * Sur les personnes présentes au moins une fois: 2/3 sont des personnes qui ne viennent pas habituellement aux démarches de participation. Jeunes : * 72 lettres via recensement * 14 contacts via local jeune * 7 jeunes du local relancés plusieurs fois par téléphone * 2 jeunes du local présents à l’atelier spécifique et à l’atelier commun Base 11/19 : * 21 contacts * 6 contacts acteurs sociaux * 8 personnes annoncées * 6 acteurs socio-économiques présents à l’atelier unique homogène et 3 personnes à l’atelier commun f. Communication La publication locale « Agir Ensemble » a servi de support de communication. Afin de mettre en évidence la cohérence entre le projet ELENA et la révision du PLU, le vocabulaire commun reprenait

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les termes « vivre ensemble », « qualité de vie » et « avenir de la ville » que Loos-en-Gohelle s’était appropriés. g. Choix de partition des ateliers Les groupes homogènes se catégorisent ainsi : groupe « jeunes » (15-18 ans), groupe des acteurs économiques et sociaux, groupe des quartiers ouest de la ville, groupe des quartiers du centre de la ville. Le groupe hétérogène réunissait l’ensemble de ces petits groupes homogènes. h. Animation Les chercheurs ont eu recours pour l’animation des ateliers à une personne ayant une grande expérience dans l’animation de groupes citoyens. Deux éléments motivent ce choix :  La qualité du matériel récolté dépend de la qualité de l’animation des ateliers. Or cette fonction ne s’improvise pas, surtout quand l’objectif est d’amener les citoyens à réellement co-construire ensemble.  Dans cette configuration, les chercheurs peuvent pleinement se consacrer à l’observation. Ils reprennent alors une position de relative neutralité ce qui permet de faciliter l’utilisation scientifique des données au sein du projet de recherche-action. Le rôle de l’animateur est de faciliter la mise en mots sur un sujet qui peut apparaitre assez complexe. Il doit veiller à la prise de parole de tous et sert de régulateur entre les personnes habituées aux réunions ou bénéficiant d’une grande aisance dans la prise de parole et celles pour qui l’exercice s’avère plus difficile. Des options d’animation ont été choisies et ont fortement impacté la qualité des productions : des techniques de mise en confiance, l’aspect ludique des exercices proposés, un rythme rapide pour faciliter la spontanéité et éviter l’ennui, une alternance entre le travail en petits groupes et les restitutions collectives, une ambiance conviviale et chaleureuse. Par ailleurs, une co-animation conjointe est pensée pour certaines populations spécifiques. Ainsi, l’animateur des ateliers a été secondé, pour l’animation du groupe des jeunes de 15-18ans, par des professionnels du slam, dans la première phase du déroulement de l’atelier. Si la mission de l’animateur est clairement définie, il sera toujours difficile de distinguer la part du résultat final due à la méthode et celle induite par les choix de l’animateur. Nous allons à présent développer et mettre en perspective la production qui a émané de ces ateliers.

IV-

A-

Quel regard portent les habitants de Loos-en-Gohelle sur leur Qualité de Vie ? La qualité de vie à Loos-en-Gohelle

Au-delà de la simple pondération des critères de la qualité de vie, nous avons cherché ci-dessous à mettre en avant les tensions qui sont apparues comme structurant le territoire loossois, au cœur de l’expression de ces critères. 15

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Tableau récapitulatif des domaines pondérés par atelier : % 17.6 11.8 10.9 9.2 8.4 8.4 5.9 5.9 5 4.2 4.2 3.4 1.7 1.7 0.8 0.8

Centre Environnement sécurité routière Propreté Culture Déplacements Activité éco santé Vie associative animation Respect Solidarité – Relations Communication Diversité – tolérance Education Image de la commune Mémoire – patrimoine Fête-musique célébration Innovation

1.

% 32.1 20.7 18.9 15.1 7.5 5.7 1.9

Ouest Sécurité Relations, aides, Respect Commerces Urbanisme – Logement Information Vie associative – Loisirs Médiation Eco-quartiers Communication/quartiers Esthétisme Circulation Emploi transports

% 18.7 14.6 12.5 12.5 10.5 10.5 8.3 6.2 6.2

11/19 Coupure quartier Economie de proximité Gouvernance convivialité transport Solidarité, intégration sociale Vocation des espaces Expression Emploi

Culture et histoire a. Les lieux de la culture et de l’histoire.

Les habitants du quartier ouest nous ont assez peu parlé de questions culturelles en soi. Il n’y a pas eu de catégorie créée sur cette question. Cependant, nous la retrouvons d’avantage dans l’intitulé « information ». Ce qui est exprimé ce n’est pas l’absence d’activités culturelles à Loos, mais plutôt le sentiment d’isolement ressenti par les habitants du quartier ouest face à ce qui est réalisé. Les habitants sont cependant conscients que la présence de lieux culturels ou/et de loisirs dans leur partie de la ville est un facteur d’attractivité. Mais ils regrettent que les « gens du centre » puissent venir profiter d’une infrastructure qui n’existe pas près de chez eux et repartent après sans avoir rencontré les « gens du 5 ». Le désir est alors formulé que les salles de culture et de loisirs du quartier ouest soient d’avantage choisies lors d’évènements pour toute la ville de Loos, et qu’ils deviennent de véritables lieux de rencontre entre tous les habitants du territoire. Nous percevons dans le paragraphe ci-dessus comme dans le reste des ateliers que la demande de lieux culturels est avant tout basée sur l’investissement accru des structures existantes. Il s’agit de les mettre en valeur et de faire en sorte qu’elles soient réellement des espaces d’échange et de création du lien social à Loos au-delà des fractures du territoire. Dans le centre, la question culturelle a été formulée de manière bien plus claire par les habitants, qui lui ont donné une grande importance (4ème dans le classement des domaines les plus importants). La formulation des critères est alors beaucoup plus politique. Les habitants demandent que le matériel de spectacle acheté par la mairie soit installé de façon pérenne dans une salle. Ils soulignent ainsi l’importance de pouvoir identifier facilement un lieu commun à sa fonction : le système des salles communales permet une grande flexibilité de ces espaces mais réduisent cette « visibilité » des lieux. On sent que pour les habitants, un lieu culturel bénéficie d’un certain prestige grâce à l’investissement matériel qui y est fait, à la pérennité des structures offertes aux compagnies étant en visite sur le territoire, à la présence à plein temps d’un régisseur. 16

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b. Mettre en valeur l’existant. Cette demande de lieux culturels dédiés et identifiables matérialise une autre demande du centre, celle d’une vraie volonté de « politique culturelle ». La demande de salle est faite dans la catégorie « vie associative » alors que la volonté d’une « vraie politique culturelle » est rattachée à la catégorie « culture ». On constate alors avant tout l’expression d’une plus grande visibilité de ce qui est fait entre le foisonnement des initiatives associatives d’un côté et les politiques menées par la mairie de l’autre. Dans le quartier ouest, de nombreux habitants nous ont dit ne pas être au courant des évènements culturels et de loisirs qui se déroulaient dans leur ville. L’information est apparue comme un domaine de la qualité de vie en soi et est arrivé en 5ème position dans les priorités données (sur 8 domaines). Les habitants saluent positivement les initiatives de la ville dans la création de sites internes, même s’ils le perçoivent comme une action très récente et limitée à ceux qui ont accès à ces outils de communication. La question de panneaux d’information semble à réinventer. Les habitants du quartier ouest sont très peu informés par cette voie. Deux possibilités d’explications peuvent être avancées : * Ces panneaux sont peu visibles dans les espaces de réunion du quartier ouest et mal connus des habitants * Loos-en-Gohelle est une ville très investie par les voitures. Peu d’habitants travaillent près de l’endroit où ils vivent (cf PADD sur cet aspect), ils prennent leur voiture quotidiennement et n’ont donc que peu l’occasion de passer à pied devant ces panneaux. Mais le premier moyen d’information plébiscité par les habitants est celui de l’ « Agir Ensemble ». Il semble qu’il existe de gros manques dans la distribution de ce document municipal. De nombreuses personnes se plaignent de ne pas le recevoir dans leur boite aux lettres. Ce manque de visibilité dans le domaine culturel touche directement la question du dialogue entre la base 11/19 et le reste de Loos-en-Gohelle. Les acteurs du 11/19 qui sont venus participer aux ateliers ont formulé une catégorie « convivialité-culture ». De nouveau un lien fort est exprimé entre la culture et le lien social. Dans ce domaine culturel, classé en 3ème par ordre d’importance (sur 9 domaines), les acteurs économiques et sociaux ont placé des aspects aussi différents que : le cinéma en plein air, les fêtes de quartier, les temps de rencontre de toutes les personnes habitants et usagers du territoire, les liens inter-associatifs… « Culture Commune » n’a malheureusement pas pu être représentée lors de cet atelier avec les acteurs du 11/19. Cette structure est cependant identifiée par les personnes présentes comme étant la seule qui établisse un lien avec la population : « La base 11/19, mis à part « Culture Commune », ce n’est pas pour les habitants. Les gens ne savent pas ce qui se passe ici. » Pourtant, il semble que les habitants du quartier ouest en particulier mais de Loos en général, ne se sentent pas très informés de ce qui se passe sur la base en matière culturelle. Croisons ainsi trois propositions recueillies lors des ateliers : * Les habitants du quartier ouest ont dit être assez ignorants de ce qui se fait sur la base 11/19 et sur la ville de Loos en général. * Les habitants du centre ont demandé une salle de spectacle et une « vraie politique culturelle » sans même évoquer l’existence de la structure de Culture Commune, qui semble pourtant bien répondre à leur demande d’un point de vue extérieur. * Les acteurs du 11/19 ont affirmé : « On a fait un festival ici et personne n’était au courant. » Nous sommes persuadés, pour avoir écouté les équipes de la mairie et avoir lu des prospectus disponibles en mairie, qu’il existe une information sur ces sujets. Il semble cependant que les canaux d’information ne soient pas encore pleinement fonctionnels.

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c. Loos-en-Gohelle face à son histoire. Comme nous l’attendions, de nombreuses références ont été faites pendant les ateliers au modèle social lié à l’histoire minière. Les solutions y sont parfois puisées (nostalgie du moment où l’on se rencontrait en lavant son trottoir (même si c’était sous la contrainte), volonté de remettre au goût du jour les gardes champêtres …). En revanche, la guerre 14/18 qui a également fortement marqué l’histoire loossoise n’a quasiment pas été évoquée. A Loos comme ailleurs, la grande guerre disparait des mémoires en même temps que disparaissent les poilus. Loin de faire le tour du sujet, nous souhaitons ici souligner deux aspects intéressants qui ont émergé discrètement lors des ateliers. Un habitant a énoncé clairement l’existence de trois « catégories » à Loos-en-Gohelle : les agriculteurs, la guerre et la mine. Constatant qu’il y avait déjà un musée pour la guerre, son rêve était de voir ces trois aspects réunis dans un même musée. C’est ainsi que dans le centre un intitulé « mémoire » a été créé, qui visait essentiellement à souligner l’importance d’un « vrai lieu de mémoire du territoire » et la possibilité de mettre en valeur certains souterrains de mines. Nous pouvons proposer deux observations : l’aspect développement durable souvent présenté à la place qu’occupe ici l’agriculture n’est pas identifié ; l’enjeu est bien positionné sur le lien qui peut être fait « en un même lieu » entre les différents aspects de l’identité loossoise. Deux défis donc pour Loos sont à poursuivre : rendre visible ce qui fait l’identité loossoise aujourd’hui et le relier avec toutes les dimensions de son histoire. A cet égard, la création des parcours d’interprétation sont une perspective très dynamisante. Un second point concerne plus particulièrement la base 11/19. Les acteurs qui y travaillent sont très conscients du lien ambigu qui rattache les habitants à ce lieu depuis sa réhabilitation. Après avoir été liée à une histoire douloureuse, celle des mines incarnant tour à tour le travail plus que difficile et le chômage, la base 11/19 restaurée a été proposée comme un lieu incarnant la fierté loossoise. Mettre en valeur tout en laissant les traces de l’histoire, rendre à nouveau vivant au travers d’un nouvel usage sans pour autant dénaturer les structures originelles, tels ont été les enjeux de la réhabilitation du site. Pour les visiteurs que nous étions le résultat était plus qu’impressionnant. Mais le défi actuel ne concerne pas les visiteurs, nombreux sur le site du 11/19, qui viennent parfois de très loin voir ce site pilote à tous égards ; il est dans la réappropriation des lieux par les habitants loossois. Les acteurs du 11/19 nous racontent : « Ce n’est pas un espace de vie. Depuis que c’est aménagé il n’y a plus de promenade » « ça va à l’encontre de nos valeurs, ça me gêne » « Je ne me sens pas comme un prédateur, mais un peu. Il manque cette idée que ce n’est pas qu’un pôle économique ou un poumon économique » « plus de 90% de la population a travaillé ici, le grand point du dossier UNESCO c’est ici. C’est leur site mais ils ne sont pas présents ». L’enjeu est de taille. Le 11/19 se développe sur des activités tertiaires, abstraites et très en pointe sur le plan technologique. Elles sont donc par essence complexes à comprendre pour les riverains. Les difficultés propres au quartier ouest sur les plans économiques et sociaux aggravent cette incompréhension. Cependant, le 11/19 est également un site symbolique, qui appartient historiquement aux habitants. Sur le plan éthique, ce lien ne peut donc être coupé. Il est à parier (ce sont essentiellement des personnes ressources qui nous l’on dit) que le réaménagement du site a été un facteur de fierté pour la population. Il ne faut pas cependant se contenter d’une fierté sans réappropriation du site par les habitants : c’est une question de durabilité. 2. Environnement et espaces a. Paysages loossois. Avec 61 % du territoire loossois classé à vocation agricole, « Loos en une ville à la campagne ». Son paysage est marqué par les deux plus hauts terrils d’Europe, sur lesquels se développe une très grande biodiversité. Le territoire est cependant privé de zone forestière. 18

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Depuis la signature de la Charte de Cadre de Vie en mai 2000, l’accent est mis sur la protection et l’amélioration de l’environnement naturel des Loossois. Eco-construction, éco-mobilité, gestion de l’eau, ceinture verte, biodiversité, gestion des espaces verts publics… autant de domaines où se sont développés des projets appliquant les principes du développement durable. Globalement, l’accent est mis sur les éco-constructions, comme le montre le document « Loos Ville pilote ». Il s’agit bien de rompre avec un passé non respectueux de l’environnement. La ville n’est plus seulement un lieu d’habitation fonctionnel, elle est un environnement naturel en même temps qu’un lieu de vie pour ces habitants. Ceux-ci sont appelés à en devenir les principaux acteurs ainsi que des protecteurs avertis, ce qui renforce l’idée d’un urbanisme négocié et respectueux de l’environnement. Sur la question du diagnostic paysager, le document en élaboration pour le PADD offre un panorama très complet. Les atouts de Loos en la matière y sont bien mis en avant. Cependant, cette qualité paysagère et environnementale ne semble que très peu perçue par les habitants que nous avons rencontrés. La plupart des loossois habitent depuis longtemps dans cette ville, ils sont habitués à leur cadre de vie et n’en perçoivent plus forcément les richesses. De plus, si l’accent a été mis sur des orientations fortes en matière de politique environnementale globale, il semble qu’un des freins pour les habitants à percevoir ce dynamisme se situe dans des manquements plus quotidiens : pas assez de poubelles ou de chemins piétonniers. Notons de plus qu’il existe une très grande disparité sur le territoire loossois dans la capacité des habitants à relire leur territoire à la lumière du modèle proposé par la mairie : celui du développement durable. Certains aménagements peuvent alors, tout simplement, ne pas être perçus par ses riverains car il ne « fait pas sens » pour eux. b. Une dualité dans le rapport à l’environnement. Nous avons commencé les séances avec les habitants en les questionnant sur leur rêve pour leur ville. La nature a été très présente dans les réponses, surtout dans le quartier ouest. Quartier Ouest : Rêves : « une ville au milieu de la nature » « les oiseaux restent » « une ville fleurie » Passions : « le jardinage » « promenades dans la nature » Centre : « Je suis pêcheur, je voudrais un étang à Loos » « Des plantes partout » « une ville verte et un beau parc » Pourtant, la nature n’a pas pris du tout la même place dans les critères de qualité de vie pour l’une et l’autre partie de la ville, les rapports se sont même inversés. Dans le quartier ouest, lorsque nous avons demandé aux habitants d’attribuer des gommettes aux domaines qu’ils jugeaient les plus importants, la catégorie « environnement » n’a obtenu aucune contribution. Cette catégorie avait cependant été très peu investie par les participants, ne renvoyant pour eux qu’aux questions de pollution. L’éco-quartier a été proposé comme une catégorie également à part et peu investie, le lien y était seulement fait avec les énergies renouvelables. Nous pouvons questionner ce manque d’investissement dans ces catégories. Il semble que les participants ont proposé ces termes car ils commencent à les connaitre mais ne se les ont pas encore totalement appropriés et ont du mal à vraiment savoir quoi mettre dedans. Ainsi, de nombreux aspects qui auraient pu s’y attacher ont été proposés dans d’autres catégories, notamment celle de l’urbanisme. On y trouve de nombreuses problématiques du cadre de vie : « embellir toute la ville » éviter la dégradation des bâtiments publics, pistes cyclables et voies piétonnes, esthétisme des nouvelles constructions. Il a été par ailleurs demandé de ne pas construire d’éoliennes, certains participants avaient peur de la pollution 19

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sonore que cela pouvait impliquer. Entre la nature rêvée et leur cadre de vie ancré dans l’expérience quotidienne, les habitants du quartier ouest s’intéressent aux questions environnementales sans pour autant les formuler dans les termes du développement durable. Il en est tout autre dans le centre. Nous y percevons un intérêt de première importance, qui relève moins des rêves que d’une incorporation plus grande des enjeux du développement durable. Proportionnellement moins présente dans les rêves des habitants sur leur ville, la catégorie environnementale a obtenu le plus grand nombre de contributions dans l’étape des gommettes. Dans le centre la catégorie « environnement » incorpore nombreuses des dimensions qui lui sont données dans le développement durable : * les paysages et la nature : « planter des arbres le long des routes » « créer des parcs » « donner sa place à la nature sauvage : pas d’arbustes exotiques ! » « Des arbres et de forêts » « planter le long des champs et des routes » * la pollution : « sans déchets : les agriculteurs mettent des déchets le long des routes » « propreté des trottoirs » « sans voitures » « rue X très polluée » « effet de nuisance sur la santé » * énergie : « soyons économes en énergie : des lumières qui restent toujours allumées » * gouvernance : « la prise en compte de mécontentements : les autorités disent qu‘on ne peut rien faire » Notons enfin que cette dualité du rapport des loossois à la nature se retrouve dans quelques paradoxes soulignés par les habitants du centre à la fin de leur premier atelier : « Les gens qui veulent venir à Loos c’est pour construire et donc ça va à l’encontre de ce qu’ils aiment de Loos (la ville à la campagne) » « Les gens viennent pour la nature et il n’y en a pas tant que ça ». c. Aménagement et image. Les questions de la propreté et de l’image de la ville sont évoquées de manière nuancée par les habitants. Ils dissocient bien les problèmes ponctuels d’infrastructures, la question de l’incivilité et la question de l’esthétisme. Sur cette question, plus que sur d’autres, nous avons pu observer une vraie cohérence entre le point de vue du quartier ouest et celui du centre. Dans le quartier ouest comme du centre, les habitants déplorent que certains espaces de la ville soient pollués par des détritus divers, notamment les bords de routes ou de champs. Ils pointent les torts des personnes jetant leurs canettes par la fenêtre de leur voiture sans d’autres considérations. Mais ils demandent également que d’avantage d’infrastructures soit mises en place pour les déchets (manque de poubelles publiques). Pour les habitants, cette situation nuit à l’image de la ville, surtout pour les personnes qui ne font que traverser Loos-en-Gohelle en voiture et qui n’en voient que ses bords de route. Sans compter que, pour les agriculteurs, cette question est particulièrement sérieuse lorsque les bouteilles de verre se retrouvent broyées avec les légumes lors de la récolte… La question de l’image de la ville s’est plus spécifiquement posée sur trois autres sujets : * Les maisons neuves, souvent écologiques à Loos, doivent être esthétiques. * Les maisons abandonnées offrent une image dégradée de la ville, leur réhabilitation est pour les habitants une question de pollution visuelle plus que d’accès au logement. * Nous sentons les habitants partagés sur la question des éoliennes. S’ils ne disent pas directement qu’ils ne souhaitent pas en avoir dans leur paysage, ils en craignent le bruit mais également les veulent à distance des habitations. Ce point serait certainement à travailler en profondeur pour identifier les freins réels et ceux qui sont affichés à demi-mot par les habitants.

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3. Lien social a. Vie associative et vie locale. L’existence d’associations et le rassemblement des habitants autour de certaines activités constituent des éléments d’évaluation du lien social. Il ressort des entretiens auprès des élus et des responsables locaux, que le lien social serait particulièrement fort sur le territoire de Loos-enGohelle. L’existence d’un « esprit village », révèle pour eux un lien social fort basé sur une identité commune. Ce lien est déjà visible à travers la domiciliation d’une centaine d’associations sur la commune. Il s’agit essentiellement d’associations sportives et de loisirs. Elles peuvent concerner des activités se pratiquant individuellement comme le jogging ou de manière collective comme la « couverture sur le terril ». Les jeunes de la commune participent aussi à des activités collectives et se regroupent autour d’un certain nombre de projets associatifs ou à caractère économique (activités du local jeune). Il est cependant difficile d’évaluer l’impact de ces liens sur l’entraide au quotidien. Nous ne pouvons pas évaluer le nombre de personnes concernées par l’ensemble de ces activités. Il s’agit pourtant des éléments de sociabilité organisée, objectivables et chiffrables. Une autre difficulté réside dans l’évaluation des liens de sociabilité plus informels, notamment dans le domaine du voisinage. Le point de vue des habitants du quartier ouest rencontrés lors des ateliers, sur la vie associative est très négatif « il n’y a rien, il n’y avait rien. Les associations : on n’est pas concerné ici, les associations n’informent pas ». Ce propos peut paradoxalement être dû à une « réussite » dans les objectifs du projet Elena: celui de toucher pour ces ateliers des personnes moins insérées dans la vie citoyenne de Loos-en-Gohelle. La « vie associative » a fait l’objet dans le quartier ouest d’un domaine, qui n’est cependant arrivé qu’en 6ème position (sur 8 domaines). Les participants ne manifestaient pas forcément un manque d’intérêt pour le sujet, mais là encore, l’accent était mis sur le manque d’informations. Il en va tout autrement dans le groupe des ateliers du centre. Le dynamisme loossois en matière associative est reconnu et mis en avant. Nous y retrouvons des demandes plus « ordinaires », celles des moyens donnés aux associations pour réaliser leurs objectifs. A l’atelier du centre, une bonne moitié des personnes présentes connaissaient au moins 3 autres habitants du groupe. Seules 4 personnes ne faisaient partie d’aucune association. En prenant en compte l’ensemble des ateliers, y compris celui du 11/19, la question de la communication des associations est centrale, dans deux mouvements : * entre les associations et les habitants afin de mieux les informer sur ce qu’elles réalisent sur le territoire * entre les différentes associations afin de créer des synergies plus importantes. Soulignons ici la réapparition de la fracture loossoise, entre quartier ouest et « village », avec deux hypothèses. Dans un premier temps, nous pouvons questionner l’existence d’une logique de repli des associations sur leurs adhérents, où la logique communautaire prévaudrait sur la question du lien social. Dans un second temps, nous pouvons questionner la répartition des associations par rapport à la fracture quartiers ouest/centre : il y aurait des associations du quartier ouest et d’autres du centre, parfois avec les mêmes objets. Le milieu associatif serait alors un lieu de reproduction, ce qui n’enlève rien à ses vertus dynamisantes. Une réflexion pourrait être menée sur le soutien aux « associations passerelle » qui auraient pour public des personnes du centre et du cinq, mais également sur des passerelles entre associations ayant des objets similaires mais étant implantées dans des quartiers différents.

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b. La qualité du lien. De manière récurrente, dans les ateliers des habitants (centre et ouest), la question d’un lien social malade est revenue sous différentes formes : l’importance du respect, le lien intergénérationnel, la question épineuse de l’éducation et de la responsabilité, les tensions sur les cas d’incivilités. Une catégorie « relationnel » a été créée dans le centre, elle traduisait surtout des malaises. Les habitants font alors la liste « des manques » : de solidarité, d’entraide, de respect, de politesse, d’éducation à la maison, de respect des différences, d’intégration des personnes handicapées. Dans le quartier ouest aussi nous avons eu un domaine « relation », qui a été placé en deuxième dans les variables pesant sur la qualité de vie. Là aussi le constat était celui de la dégradation : « les chasseurs ne respectent pas les mesures de sécurité » « respect des règles de voisinage » « les chasseurs devraient être tolérants » « il faut éviter le racisme, aussi bien de peau que de religion, et c’est pas dans un sens, c’est dans les deux sens » « il y a des décharges sauvages » « il faut occuper les groupes de jeunes à faire autre chose qu’a dégrader » « importance de la médiation avec les jeunes ». Les termes utilisés : savoir vivre, éducation, politesse, respect. Dans ces propos, des dimensions différentes s’enchevêtrent. Bien souvent on perçoit au cœur une fracture générationnelle : les grands-parents ont connu la sécurité-sécuritaire du système minier, les parents ont connu la honte du chômage, les enfants connaissent la désespérance des parcours scolaires sans promesses ni perspectives. Personne ne se comprend. L’ « objet-art » du développement durable à Loos-en-Gohelle peut-il alors créer un langage commun entre ces générations ? Nous l’espérons, à condition qu’il soit reformulé pour chacun et par chacun pour qu’il prenne vraiment sens pour chaque habitant, quitte à ce que ce ne soit pas exactement le même sens. Sur ces questions où la réaction-réactionnaire pointe, la mairie est très consciente de l’enjeu présent : les scores du FN en Nord-Pas-de-Calais sont sans appel sur l’urgence d’une réponse politique. Ici de nouveau, Loos se veut ville pilote, il faudra donc inventer encore et encore. c. La fracture de Loos : les mots des habitants. Il n’est pas question ici de réécrire encore un paragraphe sur la fracture loossoise, mais de traduire par écrit des paroles d’habitants du centre et du 5 : Des rêves dans le quartier ouest : « Relier la cité 5 avec le centre-ville. On se sent un peu isolé » « que ma rue soit plus accueillante et chaleureuse, j’habite une rue très isolée » « je suis du centre, mes parents sont du 5, mon rêve c’est mieux vivre ensemble » « je me sens exclue du centre-ville » « je ne suis pas au 5 par choix, c’est suite à un divorce, je n’avais plus les moyens d’être au centre ». Les mots qui fâchent dans le quartier ouest : « Les gens parlent mal du quartier 5 » « l’école d’ici a mauvaise réputation par rapport à l’école du centre. Chaque année ils sont à la limite de fermer des classes » « On appelle ça Chicago, bon c’est vrai qu’au début ils n’ont pas vraiment respecté ». Et les habitants du centre affirment en écho : « Loos est coupé en deux ». 4. Sécurité routière et transports a. Des problèmes techniques, des conséquences sociales. Dans le quartier ouest nous avons été surpris lorsqu’une catégorie « sécurité » a été créée par les habitants pour se concentrer quasi-exclusivement sur la question de la sécurité routière. Les habitants la définissent ainsi : « La sécurité c’est se sentir bien chez soi et à l’extérieur. Permettre aux gens d’aller vers les autres, pour faire la connaissance des autres. On a une dégradation : plus de 22

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voitures, vitesse excessive, pas de pistes cyclables, les trottoirs ne sont pas abordables ». La continuité faite par les habitants entre sécurité sociale et lien social est très intéressante. La question de la sécurité routière s’est focalisée par moments sur la possibilité de traverser la route nationale pour se rendre dans le centre. L’enjeu est ici aussi symbolique que pratique (combien d’habitants du quartier ouest viendraient effectivement à pied dans le centre régulièrement ?). Alors que le quartier ouest pointe d’avantage des problèmes d’infrastructure, le centre évoque des questions de loisirs (chemins de randonnée), des dimensions liées à un idéal de durabilité d’avantage porté par les habitants du centre (des pistes cyclables), et des problème de mauvais usage des structures présentes (voitures en arrêt sur les trottoirs). Les problèmes liés à la sécurité routière accentuent le sentiment d’être confrontés quotidiennement à l’incivilité. b. Comment faire se concerter sur les questions de sécurité routière ? Dans le centre, les habitants nous ont rapporté les efforts faits en matière de démocratie participative sur les questions de sécurité routière. Ils nous ont pourtant pointé le fait que certains aménagements qui avaient fait l’objet de longues concertations s’avéraient au final très peu opérationnels. Ce qui est né de ce constat d’échec est une réflexion sur l’articulation entre participation citoyenne et avis des experts. La solution des jurys citoyens a été rapidement évoquée. Il n’y a pas de solutions idéales, mais un équilibre reste à trouver sur cette question des aménagements routiers. c. Comment faire abdiquer la voiture à Loos ? La voiture est omniprésente à Loos-en-Gohelle, pour trois raisons. D’abord, comme seuls 17% des actifs travaillent sur la commune, les habitants doivent effectuer des distances moyennes quasiquotidiennement. Ensuite, Loos étant située à proximité de noueux routiers, certains habitants ont choisi cette ville pour la rapidité de ces accès. Enfin, il semble que le réseau de transport en commun ne soit pas si qualitatif que cela, notamment dans la liaison avec Lens. Ajoutons que la mauvaise desserte du quartier ouest par les commerces et services de proximité accentue la nécessité de ce recours à la voiture. 45% de la population ont une voiture, et 30% en ont deux. Si Loos connait une densité moyenne correcte, son habitat reste majoritairement pavillonnaire, ce qui a tendance culturellement à s’associer à l’usage de la voiture comme premier moyen de transport. En lien avec cette forte utilisation de la voiture, il faut prendre en compte les fractures écologiques constituées par les routes à forte circulation. Malgré l’existence et la création de liaisons écologiques par la Mairie, le ressenti a peine à se transformer. La reconnaissance par les habitants des projets réalisés s’associe à une demande toujours prégnante de voies cyclables, d’aménagements piétonniers, de sécurisation des voies routières. En revanche, les transports publics sont peu sollicités par les habitants. 5. Services de proximité et emploi local a. Rééquilibrer le territoire en matière de services. Le déséquilibre dans la répartition des services est surtout ressenti par les habitants du quartier Ouest. Il s’exprime autant en ce qui concerne les commerces, que les équipements de santé. Une femme de ce quartier l’illustre bien physiquement en se déplaçant d’un seul pas à partir d’où elle se trouve, pour exprimer la concentration des services (kiné, médecin …) autour de la Mairie. Plusieurs points sont évoqués à cet égard. Le déplacement obligatoire des habitants du quartier Ouest pour 23

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toute commodité limite l’autonomie des personnes âgées qui doivent avoir recours à une tierce personne. Par ailleurs, la démarche « d’aller vers » uniquement dans un sens renforce le ressenti d’exclusion du quartier. Face à cette situation, la demande est celle d’une décentralisation de certains services (mairie annexe, annexe médicale), mais aussi de services ambulants par minibus. Pour autant le développement de services de proximité peut aussi être de nature à limiter les déplacements vers le centre et renforcer donc le sentiment d’isolement et de fracture. La solution du dialogue territorial est peut-être davantage à trouver dans une autre forme de circulation qui permette les rencontres et la mixité.

b. Des usagers du territoire et des habitants. La base 11/19 bien qu’implantée dans le cœur historique minier de la commune n’est pas investie par les habitants. Elle n’est en quelque sorte pas habitée. Les acteurs socio-économiques qui y travaillent ressentent cette fracture, mais ne résident pas à Loos. Ils préconisent d’instaurer un évènement inter-associatif tournant entre les quartiers en y intégrant la base, pour donner l’occasion aux habitants de venir voir ce qui s’y passe et s’y impliquer. La volonté de la commune de relocaliser les emplois sur le territoire doit traiter la question de l’accessibilité des emplois aux loossois. En effet la plupart des postes sont hautement qualifiés et ne correspondent pas aux caractéristiques de la population active locale, surtout dans le quartier ouest. Le diagnostic du PADD vient nuancer ce tableau. La situation des actifs s’est améliorée entre 1999 et 2006. Il y a moins de chômeurs et d’inactifs que sur le CALL et le SCOT. La répartition des catégories socio-professionnelles y est équilibrée. Bien qu’elle corresponde potentiellement aux emplois proposés sur Loos-en-Gohelle, seul 17% des actifs de la commune travaillent sur Loos. L’hôpital de Lens est l’un des premiers employeurs de la ville. Le problème de la désertification médicale, qui touche essentiellement le quartier ouest, vient renforcer les difficultés observées dans le Nord-Pas-de-Calais en matière de santé. On observe une surmortalité très importante sur le territoire en particulier chez les hommes, presque une fois et demi celle observée en France. La région Nord-Pas-de-Calais est connue pour être celle qui connaît la mortalité la plus forte et la plus précoce de France, ce qui est indicatif d’un mauvais état de santé général. Pour exemple, sur le territoire du SCOT, les risques de mourir à cause de maladies liées à l’alcool sont deux fois plus importants pour un homme, par rapport aux chiffres nationaux. La surmortalité précoce est également très importante, elle touche à la fois les hommes et les femmes. Ces problématiques liées à la santé sont aggravées par une plus basse densité de médecins sur le territoire du SCOT, phénomène encore plus important lorsque l’on regarde la population des médecins spécialistes (leur densité y est 40% plus faible que celle de la France). Bien que Loos-enGohelle ne bénéficie pas de structures de santé conséquentes, une petite dizaine de professionnels de la médecine générale et des soins paramédicaux sont installés sur son territoire. Mais ils sont tous installés au centre de la ville. c. Un lien complexe avec le monde agricole : entre rêve et réalité, l’impasse. Pour résoudre les coupures temporelle (mine / Développement durable), spatiale (quartiers) et sociale (jeunes, niveau de revenu), une des pistes récurrente relevée dans les ateliers est celle de l’agriculture. Elle apparait comme moyen de restauration du lien entre le secteur primaire et le développement durable, le passé et le présent, les jeunes et les anciens (visites des écoles dans les fermes, AMAP …). Cet aspect est d’autant plus marquant que très peu de personnes présentes aux ateliers ne se sont présentées comme agriculteur. L’organisation d’un groupe spécifique avec les agriculteurs aurait probablement été intéressante afin de relever leur opinion, d’autant que certaines positions semblent être sources de tensions avec les projets de développement durable déployés par 24

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la municipalité. Cependant, le premier diagnostic n’avait pas mis en évidence la prégnance de cette catégorie sur la ville en termes numériques et il semblait que la municipalité avait déjà des difficultés à constituer un groupe de démocratie participative avec cette population. Si l’espace agricole est très important sur la commune (61%), la tertiarisation de l’économie du territoire ne laisse que peu d’agriculteurs en activité. Cependant, dans une « ville pilote du développement durable » la prise en compte de la durabilité écologique des exploitations loossoises est à terme indispensable. Des habitants du centre proposent de mixer rural/urbain et intergénérationnel autour des enjeux du lien social et de la solidarité. Ils envisagent par exemple de glaner puis de donner aux restos du cœur ce qui aura été ramassé, ou encore de réaliser des opérations portes ouvertes chez les agriculteurs. Les acteurs socio-économiques du 11/19 sur cette question proposent de préserver le peu d’emplois agricoles restant, de faciliter les reprises d’exploitation lors des départs en retraite. Des filières bio sont proposées, avec une sécurisation des débouchés pour les agriculteurs qui s’y engagent : contractualisation entre la cantine scolaire et les agriculteurs, mais aussi développement des AMAP. Face à une certaine perte d’ancrage de l’agriculture, l’imaginaire de chacun se déploie, dans le cadre du développement durable, pour réinventer une agriculture respectueuse de l’environnement. Mais en l’absence de parole des exploitants, les réalisations demeurent virtuelles. 6. Des domaines passés sous silence, des acteurs absents Certains domaines sont quasi-inexistants comme l’éducation ou la santé (en dehors de la répartition des infrastructures). Ce constat s’explique peut-être par le caractère plus individuel de ces questions. En effet, les habitants se sont spontanément exprimés dans un cadre collectif. Pour autant, l’aspect psychologique qui, lui non plus, n’apparait pas pourrait s’exprimer en termes collectifs : angoisse de l’avenir pour ses enfants (qualité de l’éducation, pouvoir d’achat, chômage …). Ces problématiques très « actuelles » et particulièrement posées dans des bassins moins favorisés sur le plan socio-économique ne semblent pas reliées à la notion de qualité de vie ou de bien-être. Le fait d’entrer dans le thème par « la ville » de demain restreint peut-être le champ à des éléments plus palpables. Une autre absence notable concerne les acteurs de la qualité de vie. En effet, peu d’entre eux sont évoqués lors des ateliers, en dehors du citoyen et de la Mairie. Ainsi, il n’est pas fait notion des entreprises, des syndicats, des institutions publiques (hôpitaux, école), des syndicats.

V-

Comment améliorer le Vivre Ensemble a- A partir des apports théoriques

Même si elle ne résume pas le Vivre Ensemble, la participation citoyenne sous toutes ses formes participe à la construction d’espaces communs. Ces démarches sont alors des leviers pour améliorer le vivre ensemble (en construisant des objets communs concrets et abstraits, des représentations et des objectifs communs) et la qualité de vie (en construisant une définition commune des critères de qualité, en identifiant des problématiques et en innovant par la co-construction de solutions).

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1- Autour de la concertation. La concertation est une action collective en vue de la prise de décision. L’objectif pour les acteurs est de trouver un accord, de résoudre ensemble un problème qui se pose à eux. La décision peut faire l'objet d'une application immédiate, ou bien entrer dans un processus plus large, la décision finale intervenant à un autre niveau. Il faut noter que ce processus repose sur le collectif et la participation active des acteurs concernés. Ceux-ci vont devoir mettre en commun leurs points de vue et leurs compétences sur un sujet. La concertation renvoie à l’« association d’un public non spécifique avec un objet technique plus ou moins abouti »12. Cette association peut se décliner en trois modalités : * L’information : « communication, de manière univoque, d’un maître d’ouvrage vers le public, autour d’un projet d’aménagement dont il est porteur. Il n’existe pas à proprement parler dans le droit une procédure d’information du grand public. En revanche, elle est largement pratiquée dans les collectivités territoriales, à l’initiative des élus ou des techniciens. »13 * La consultation : « La consultation représenterait des procédures plus ou moins institutionnalisées dans lesquelles le public (ou « un » public) pourrait, après avoir été préalablement informé, faire part de son opinion, et éventuellement déclarer sa totale acceptation ou sa farouche opposition. Le principe qui se cache derrière une telle vision est celui d’une décision publique prise dans un cénacle d’acteurs administratifs et politiques isolé du grand public. Dès lors, la consultation est une méthode pour ces décideurs de prendre connaissance de l’avis des destinataires d’un projet ou d’une politique, sans qu’il existe aucun lien formel entre l’expression par le public de son avis et sa prise en compte effective. Dans une telle perspective, une des incarnations de la consultation est l’enquête publique. Conduite par un commissaire enquêteur, celui-ci doit recevoir et écouter ceux qui désirent s’exprimer à propos d’un projet d’aménagement. A l’issue de cette phase d’enquête, il émet un avis en son nom propre, sans obligation de suivre les opinions dont le public lui fait part. Cet avis est consultatif : l’institution qui détient le pouvoir légal de décision peut passer outre. Si l’avis est négatif cependant, la procédure se complique *…+. »14 La consultation peut également se définir de la manière suivante: « toute réunion (ou entretien) dont le but est un simple transfert d'informations (unilatéral ou réciproque). »15 * La participation : « La notion de participation va plus loin dans la gradation de l’implication du public dans les décisions autour d’un projet d’aménagement. Elle suppose que le public prenne part, à un moment ou à un autre, au projet, et qu’ainsi le résultat en soit pour partie une conséquence. L’archétype codifié de la participation à la vie locale en France est le référendum. *…+ De fait, dans une procédure participative et non plus seulement consultative, l’avis du public ou son action a une efficacité formelle, que l’on ne peut pas ignorer. »16

12

M. Ollivier-Trigalo et X. Piechaczyk, Evaluer, débattre ou négocier l’utilité publique ? Le débat public en amont des grands projets d’aménagement : un thème pour une communauté d’idées, Paris, Inrets, 2001, p.13 13 Ibid., p.14 14 Ibid., p.14 15 L Bellenger, La négociation, Paris, PUF, 1984 16 M. Ollivier-Trigalo et X. Piechaczyk, opp.cit. , p.15

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Les démarches de concertation sont obligatoires dans l’élaboration des Schéma de Cohérence territoriaux. Pendant toute la durée de l’élaboration du projet, les habitants, les associations locales et toutes autres personnes concernées peuvent être impliquées dans la concertation en fonction de modalités contextuelles.17 Ces pratiques sont également assez fréquentes dans les Plans locaux d’Urbanisme, même si l’importance et la place que l’on donne aux habitants dépend des objectifs définit par le conseil municipal. En amont des politiques publiques, la ville de Loos en Gohelle met en place une concertation basée sur l’explication des enjeux, l’échange sur les usages et la définition d’objectifs et de projets collectifs.18 Dans le document Loos Ville Pilote, la concertation est mise en avant comme l'un des éléments clef de la prise de décision dans la commune. En tant qu'élément de la démocratie participative, elle trouve sa place dans la relation entre le pouvoir et les citoyens dans le cadre conceptuel lié au développement durable. Avec son projet d’intégration de la notion de Vivre Ensemble au sein du Plan Local d’Urbanisme, la commune de Loos-en-Gohelle va plus loin que la simple participation citoyenne. Elle ne créée pas une démarche participative autour d’un projet concret et délimité, mais autour des désirs même des acteurs pour leur ville dans l’avenir. Si ce travail est réalisé à l’occasion de la rénovation du PLU, mais il le dépasse largement par son objet et ses enjeux. Il s’agit d’un projet plus flou que ce dont une commune a l’habitude de produire. Il interroge le sens même du « faire société », à la fois dans son rapport à la création d’une abstraction commune (Vivre ensemble) et dans son rapport au vécu sur un territoire (Qualité de vie).

Objectifs du projet

Type de concertation

Dispositifs participatifs

Qualification des acteurs

Accompagner les techniciens, les élus et les habitants pour partager et maîtriser les enjeux et outils de la DP

Information/formation

Séminaire techniciens: accompagnement de chaque technicien sur un projet (un séminaire/ 6 semaines en 2009-10) Projets identifiés: QO, rue Hoche, DD aux ST, interprétation Séminaire Elus, Séminaire habitants

DREAM +

Mise en place d'outils TIC au service de la participation

consultation

plateforme de type Internet 3.0 Série de RP avec le soutien des TIC (QO…)

Consultation et participation

Réunion du groupe d'habitants "QO" tous les six semaines environ, dès l'été 2010 Balades de redécouverte du quartier (trois programmées en été 2010) RP "traditionnelles" organisées dans le cadre de la création de la ZAC

Créer et animer un groupe d'habitants pour Quartier Ouest accompagner le développement du QO

17 18

http://www.sir-poitou-charentes.org/STOCKPDF/Developpement_economique/SCOT.pdf Document « Loos ville pilote du développement durable »

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Interprétation

mettre en place des circuits d'interprétation du DD

consultation

Projet de recherche action Elena

Travail de recherche sur la qualité de la vie (indicateurs + procédure par laquelle la population définit la qualité de vie

Co-construction

Révision du PLU

Travail de concertation dans le cadre de la révision générale du PLU

Concertation participative

Un site web participatif (http://loosinterpretation.wordpress.com/) Entretiens individuels (auprès de 12 représentants de groupes de citoyens d'associations, d'entreprises, ou de la commune), tables rondes Ateliers de travail avec les Loossois intéressés par les thématiques (identification d'un 28 groupe d'experts par boucle d'interprétation, 5 circuits au total) Un comité de pilotage (réunion tous les trimestres) composé d'habitants, d'élus, de techniciens

trois ateliers de concertation en phase de diagnostic du territoire (un par quartier: QO, Centre, 11/19); modalités à définir

2- Les démarches participatives Pour L. Blondiaux19, deux périodes de développement de la démarche participative peuvent être évoqués dans le contexte français. Le début des années quatre-vingt-dix a vu surgir une série de textes emblématiques qui ont posé le principe de la consultation, de l’information et de la concertation avec les habitants. La caractéristique principale de cette première vague législative est de se situer presque exclusivement au niveau des principes. Elle ne prévoit guère d’obligation formelle, sauf en matière de débat public. Depuis la fin des années quatre-vingt dix, nous assistons à l’introduction de mesures un peu plus contraignantes. L’ensemble de cette nouvelle législation va dans le sens d’un renouvellement des formes de la démocratie contemporaine, qu’illustre également la multiplication des dispositifs de concertation qui se mettent en place aujourd’hui dans les collectivités locales ou tendent à accompagner de manière de plus en plus systématique les grands projets d’aménagement. Pour le même auteur, il existe différentes formes contemporaines de participation : - La participation des habitants aux affaires locales se matérialise sous la forme d’assemblées ou de conseils qui empruntent aux formes les plus traditionnelles de la démocratie locale.

19

Blondiaux, Loïc. 11 novembre 2004 «Démocratie délibérative et démocratie participative : une lecture critique » (parue dans Démocratie participative et gestion de proximité, Paris, La découverte, 2004) Conférences de la Chaire MCD.

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- Des dispositifs de consultation accompagnent des projets d’aménagement ou la création d’une infrastructure susceptible de menacer l’environnement. - Il existe également des constructions démocratiques plus originales, pour la plupart issues directement ou indirectement des sciences sociales. Loïc Blondiaux distingue, au-delà de la diversité des démarches de démocratie participatives, un certain nombre de points communs : * L’objectif est d’assurer une forme de participation des citoyens ordinaires à la discussion d’enjeux collectifs. * L’intention est de produire du jugement public au travers de la discussion collective et de la rencontre entre acteurs d’origines différentes. Pour les élus, les objectifs qui motivent une démarche de démocratie participative peuvent être de trois ordres selon cet auteur : - Des objectifs managériaux, de l’ordre de la gestion publique. - Des objectifs sociaux et politiques, plus ambitieux et moins réalistes. - Enfin, certains élus poursuivent le projet d’expérimenter une alternative à la démocratie représentative traditionnelle. Pour Loïc Blondiaux, lorsque l’on souhaite initier une démarche de démocratie participative, un certain nombre de dilemmes se pose : * Les dilemmes de la représentativité : représentativité statistique ou représentativité politique ? * Les dilemmes de l’égalité: lieux d’intégration ou fabriques d’exclusion politique ? * Le dilemme de l’échelle: politique de proximité ou incitation à la montée en généralité ? (Il existe deux désavantages à agir au niveau du quartier : une possible exacerbation des comportements NIMBY et l’exclusion de fait d’une vrais participation citoyenne dans la mesure où les décisions majeurs ne s’effectuent pas à cette échelle.) * Le dilemme de la compétence : argumentation rationnelle Vs expertise profane. * Le dilemme du conflit : fabriques de consensus ou lieux de controverse ? * Le dilemme de la décision : leurres démocratiques ou partage des responsabilités ? La loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité définit les conditions dans lesquelles le public participe désormais à l’élaboration des grands projets. Elle a notamment créé les Conseils de Quartier. La politique menée à Loos en Gohelle se réclame de la Démocratie Participative, en la plaçant au cœur du développement durable. Mais en impliquant le citoyen tout au long du projet, la Mairie de Loos en Gohelle souhaite dépasser la définition classique de la démocratie participative. L’association du projet ELENA et de celui autour du PLU propose une implication des citoyens dans l’avenir de leur ville. L’enjeu est de déplacer la question de la prospective pour profiter de l’expertise des habitants de Loos-en-Gohelle sur leur propre Vivre Ensemble. Même si le « pouvoir de prospective » n’a pas de vocation directement opérationnelle, dans les deux projets la démarche est résolument bottom up. Pour la ville de Loos-en-Gohelle, le projet PLU s’inscrit dans une démarche ancienne et très dynamique de participation citoyenne. Un nouveau défi cependant sera d’adapter sa méthodologie à un objet plus abstrait que ceux qu’elle propose habituellement à la population.

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3- Les impacts de la démarche sur le Vivre ensemble → De l'individuel au collectif La référence à la dimension individuelle et collective concerne à la fois la question de la perception et celle du choix. * La perception : elle intervient au niveau de l'évaluation du vécu des acteurs tant sur la qualité de vie que sur le vivre ensemble. Cette perception peut être aussi bien de nature individuelle que collective. Il s’agit ici de prendre conscience qu’il n’y a pas d’indépendance entre les perceptions collectives et individuelles. La perception collective ne peut être réduite à la simple agrégation des perceptions individuelles, en compilant les informations collectées auprès de chacun des individus. Les acteurs ne sont pas isolés, des informations circulent en permanence entre eux, faisant évoluer les perceptions de chacun. Il nous faut donc penser comment se construit la perception collective. Si elle n'est pas la somme des perceptions individuelles, il existe cependant des allers retours entre les deux niveaux. L’individuel et le collectif sont interdépendants et s'influencent l'un l'autre en permanence. L’étude de ce mécanisme est l’un des axes d’analyse du projet ELENA. Or qu’est-ce que l’étude du Vivre Ensemble, sinon celle de ce lien qui relie l’individu au collectif ? Cette interdépendance se retrouve également au niveau des choix individuels et collectifs. * Le choix : L'analyse des vecteurs de transmission de l'information, comme les réseaux par exemple, s'avère nécessaire. En effet, on observe que les actes individuels sont très souvent fondés sur des valeurs qui sont partagées avec d’autres individus. Les actes ne sont pas isolés, le choix individuel pouvant relever d'un équilibre entre intérêts particuliers et respect du sens collectif. Il ne faut pas pour autant négliger le fait que les décisions collectives peuvent aller à l'encontre de certains intérêts individuels : les deux niveaux ne sont pas forcément cohérents et peuvent être parfois en concurrence. Par exemple, la mutualisation impose le dépassement des intérêts individuels par le collectif, car l’acteur renonce à la propriété privée. Pour rendre cela possible, la réalisation d’une mutualisation nécessité la création d’un « sens » collectif de l’intérêt commun. Une décision collective de la propriété commune doit être faite et avoir du sens pour chacun. Le projet ELENA, se situant dans une démarche de recherche-action, se donne comme objectif de faciliter le choix collectif. Si cet objectif est atteint, le projet serait alors créateur de Vivre Ensemble. Le Vivre Ensemble, peut être avant tout perçu comme la capacité d’une société à tendre vers une cohabitation harmonieuse. Cet enjeu, surtout sur le plan des tensions sociales, n’est pas négligeable. Mais le Vivre Ensemble peut également être perçu sous un jour plus dynamique, comme la capacité collective des habitants à réaliser des projets en commun, à faire des choix collectifs pour le bien commun.

→ Le vivre ensemble, un pas vers la durabilité ? Le développement socialement durable reprend notamment les apports de la pensée autour du capital social que nous avons déjà étudié dans ce document. Elle y ajoute l’idée des capabilités d’A. Sen20, qui permettent de ne plus uniquement penser en termes de capital « fixe », mais également en termes de potentialité : ce n’est pas uniquement qu’est-ce que possède un acteur mais également qu’est-ce qu’il est en moyen de posséder. Cette distinction se retrouve notamment dans

20

A. Sen, L'économie est une science morale, La Découverte, 2004

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les indicateurs de situation élaborés par le Conseil de l’Europe21 autour de l’évaluation du progrès sociétal et du bien-être. Le Conseil de l’Europe y distingue cinq situations. Dans les deux cas les plus difficiles, l’acteur ne possède pas le critère de bien-être. Mais le cas le plus extrême est désigné comme celui où l’acteur n’a pas la possibilité de le posséder un jour. Le vivre ensemble est au cœur des problématiques de la durabilité sociale, parce qu’il vient articuler la dimension individuelle et la dimension collective : « Au niveau des personnes, [le développement socialement durable] intègre le point de vue individualiste des personnes, rationnelles, raisonnables et responsables, dont on cherche à améliorer les capacités individuelles. Au niveau de la société, il considère les interactions sociales et de manière plus holiste, l’articulation entre les différentes formes de pauvreté, de vulnérabilité et d’inégalités qui en résultent. Il fournit ainsi un cadre de réflexion qui renvoie, d’un côté, à la qualité de la société, à ses capacités sociales et au rôle des acteurs sociaux et de l’autre, aux composantes personnelles du bien-être et aux capacités qu’une personne détient individuellement. *…+ Si l’on veut que le développement soit socialement soutenable, il faut qu’il s’appuie, de prime abord, sur une réflexion relative aux interactions sociales et à leurs implications économiques, écologiques et sociales, tant au niveau des personnes que celui des sociétés. »22

B-

Les propositions des habitants

Après la première étape de travail collectif des ateliers consacrée à la qualification des domaines, les secondes sessions et l’atelier commun ont porté sur l’élaboration des pistes d’action par les habitants. La retranscription intégrale des premiers ateliers homogènes ainsi que les propositions de l’atelier commun sont reportés en annexe du présent document. Des propositions spécifiques à certains ateliers homogènes peuvent également être relevées :

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 Atelier ouest : Demande de sécurité (liée à la voirie) comme préalable au respect Pour plus d’autonomie des anciens, favoriser les services ambulants par minibus (commerces, soins …), mais également un marché à proximité. Actuellement, il faut se déplacer vers le Centre pour tout. Plus de services médicaux et paramédicaux sur place (médecins, pharmacie, kiné) Plus de logements et adapter les habitats à la vie moderne à moindre coût pour les personnes modestes Plus de rencontres entre les gens, de mixité avec les habitants du Centre, peut-être par une personne qui servirait de médiateur Demande importante d’informations

21

Conseil de l’Europe, Guide méthodologique, Construire le progrès sociétal pour le bien-être de tous avec les citoyens et les communautés, Strasbourg, éd. Du Conseil de l’Europe, 2010 22 Jérôme Ballet, Jean-Luc Dubois et François-Régis Mahieu, « A la recherche du développement socialement durable: concepts fondamentaux et principes de base », Développement durable et territoires [En ligne], dossier 3 : Les dimensions humaine et sociale du Développement Durable, mis en ligne le 22 juin 2004. URL : http://developpementdurable.revues.org/1165

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 Atelier centre : Interaction entre le rural et l’urbain, mais aussi intergénérationnel Journée de la courtoisie Une journée pour nettoyer les trottoirs Développer un site informatique de mise en relation entre les habitants, d’échange de services

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 Base 11/19 : Cinéma en plein air Décentraliser les activités de la commune instaurer un événement inter-associatif, tournant dans chaque quartier : le centre-ville. Béthune, capitale de la région, base 11/19 …

C- Le feed-back des habitants et des élus sur ce qui s’est passé

Les habitants interrogés sur leur sentiment suite aux ateliers relèvent un certains nombres de points. Un sentiment général de satisfaction émane des remarques émises. Cette satisfaction concerne autant le fond, que la forme :  la qualité du travail effectué en commun,  possibilités accrues par l’aspect collectif, notamment en petits groupes plus riche que les réunions collectives classiques  qualité de l’accueil, du volet convivial avec la pause-repas  Pas de sentiment que les réunions ont duré longtemps  qualité de l’animateur.  l’impression d’avoir servi à quelque chose  Connaissance réciproque des personnes (habitants comme élus)  Fait naître des espoirs Cependant un certain nombre d’interrogations et d’incompréhensions ont aussi été émises :  Le rythme rapide du travail des ateliers ne permet pas l’émergence de tout  Une forte attente est née qu’il convient de ne pas décevoir (forte craintes en cas de non reprise des propositions émises)  A-t-on le pouvoir de changer quelque chose ?  Confusion entre le PLU et le travail effectué

Les élus se sont également exprimés, notamment lors de la réunion du 31 mars. Voici les éléments relevés lors du tour de table des élus :

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La mobilisation – participation  

 



Positif Présence de personnes non-habituées aux  réunions Qualité de la participation : les personnes  se sont largement exprimés, ont travaillé avec sérieux, ont montré une volonté de « faire » et de s’investir. Elles se sont  montrées fidèles aux différentes réunions, et ce jusqu’à des heures tardives (23h00) Les questions abordées n’étaient pas individuelles mais collectives. Il ne s’agit d’interpeller les élus, mais de présenter des demandes construites Les personnes étaient contentes de travailler ensemble, elles ont fait « un ». Intérêt de mixer des personnes qui ont l’habitude des réunions citoyennes avec celles qui ne sont pas habituées → apprentissage, de mailler différentes techniques : tirage au sort, personnes ressources … Le questionnaire en parallèle permet aussi de s’exprimer anonymement

Négatif Problème de la faible participation des jeunes Regret de n’avoir pas mobilisé les agriculteurs, peut-être dans un groupe spécifique, les propriétaires également Les ateliers ne touchent pas beaucoup de gens au total

Animation – convivialité 

 



Positif L’aspect convivial de la pause repas est très positif, de pouvoir offrir quelque chose aux participants et de pouvoir échanger dans l’informel. Beaucoup de la réussite vient de la qualité de l’animateur Le recours à un animateur professionnel est important : c’est un véritable métier pour amener à mettre des mots sur un sujet qui n’est pas facile Le travail en petits groupes facilite la participation du plus grand nombre

Négatif

33

33

Articulation avec le PLU, les suites à donner Positif Intérêt d’avoir associé le projet au PLU,  pour s’assurer des suites. Qu’en aurait-il été de la démarche s’il n’y avait pas eu le PLU ? C’est une démarche positive qu’il serait  bon de renouveler, y compris avec une participation des élus aux groupes Cela nous interroge sur comment travailler entre élus pour donner des réponses



 

      

Négatif Importance de ne pas décevoir les gens, très en attente à courte échéance, danger de générer des frustrations si aucune concrétisation n’en sort Problème de l’engagement concret à la fin du dernier atelier Les habitants ont exprimé clairement des demandes aux élus. Le politique est resté en retrait, par exemple sur la demande de salle culturelle, ils pouvaient répondre que le budget ne le permettait pas au lieu de lever de faux espoirs. Les gens se sont engagés dans une vraie dynamique, puis ont été renvoyés au PLU → énergie dégonflée. Importance de restituer aux habitants, de trouver un équilibre avec le PLU

Il serait intéressant d’intégrer des participants dans les comités techniques du PLU. Nous avons la volonté de faire un PLU pertinent et innovant Après l’élaboration collective, qui fait quoi ? Dans le retour aux habitants, un compte-rendu ne suffira pas, il faudra ensuite demander leurs impressions sur ce compte-rendu Il serait peut-être intéressant de sélectionner un ou deux actions réalisables, que les gens choisiraient de poursuivre. Il faut aussi dégager ce qui relève du PLU et ce qui doit être envisagé à part Continuité de la démarche participative dans les mises en œuvre qui seront décidées Question de la temporalité / qualité de vie Problème lié à l’interprétation de la parole. Une séance préalable aux ateliers d’explication de termes pour qualifier les acteurs et utiliser un langage commun serait peut-être utile

Les acteurs  

Positif Il est bon de voir que les gens ont  conscience qu’il n’y a pas que la Mairie qui peut résoudre les problèmes  L’implication de la Mairie a été importante, elle s’est révélé un véritable partenaire

Négatif La place des acteurs socio-économiques est questionnée Les acteurs socio-économiques n’apparaissent pas, peut-être du fait de la médiation de leur dialogue avec les habitants par la Mairie

34

34

Annexe

Restitution in-extenso des panneaux élaborés au cours des ateliers : 35

Atelier 11/19 Domaines pondérés (48 gommettes)         

9 : Coupure quartier 7 : Economie de proximité 6 : Gouvernance 6 : convivialité 5 : transport 5 : Solidarité, intégration sociale 4 : Vocation des espaces 3 : Expression 3 : Emploi

Regroupement des thèmes et des sous-thèmes (post-it)   

1 - Coupure/ quartier / acteurs Manque de communication Peur de l’innovation Elargir les conseils de quartier Et l’emploi ? Quels emplois pour qui ? → estime de soi, expression (3 gommettes) Jardins et économie 2

    

- Convivialité / Culture / Expression

Cinéma en plein air Faire des fêtes de quartiers ouvertes à tous Créer des temps de rencontre, projets inter-associatifs Qualité et quantité des espaces publics Dégradation des espaces publics Transports :

  

Pédibus Améliorer les voies de déplacement doux Penser connexion gare de Lens 35

Economie de proximité :    

Relocaliser production agricole, bio Commerces de proximité Un marché sur le 11/19 Du bio à la cantine 36

3  

- Expression / Débat / Réflexion publique

Créer le débat sur les jardins, les transports … Réfléchir aux conditions d’un tourisme durable Mixité :



Faciliter l’accès au logement pour les jeunes et les plus démunis Vocation des espaces :

 

Jardins partagés Espaces verts, naturels

4        

- Solidarité / Intégration sociale

Intergénérationnel Echanges humains Entraide partage Mixité sociale Intersectoriel Comprendre les différences Gagnant-gagnant Réinsertion locale Gouvernance :

  

Vulgariser le concept Possibilité de s’exprimer Transparence dans les arbitrages

36

Quartier Ouest Thèmes : Vivre ensemble Qualité de vie Bien être Mal être Savoir vivre

37

Domaines pondérés par système de gommettes (53)             

17 : Sécurité 11 : Relations, les aides, Respect 10 : Commerces 8 : Urbanisme Ŕ Logement 4 : Information 3 : Vie associative Ŕ Loisirs 1 : Médiation Eco-quartiers Communication entre quartiers Esthétisme Circulation Emploi transports

Regroupement des thèmes (affiches) et des sous-thèmes (post-it) 1    

      

– Information

Informer festivités Panneaux indicatifs Informer sur décès Outils de communication (site web) Evolution : stable mais hausse pour internet Sécurité : Vitesse excessive Qualité voirie Piste cyclable, voie piéton trottoirs voies piétonnes et cyclables Ralentisseurs Manque de présence policière Evolution : baisse 37

2  

Commerce et proximité Commerces de proximité Evolution : Niveau faible 3

 

Commerces et services

38

Urbanisme / logement

Pas d’éoliennes Dégradation bâtiments publics (cabine, bus) Mixité :



Faciliter l’accès au logement pour les jeunes et les plus démunis Vocation des espaces :

 

Jardins partagés Espaces verts, naturels Evolution : Amélioration 4

   

Eviter le racisme Tranquillité Règles de vie Tolérance Evolution : En baisse 5

  

Vie associative - Loisirs

Voyages organisés Impliquer les gens dans la vie de quartier Manque de communication de la vie associative Evolution : Niveau faible 6



Relations - Respect

Environnement

Pollution Evolution : en baisse

38

7 

Energie renouvelable Evolution : en hausse 8



Eco quartier

Médiation 39

CAJ Evolution : Niveau faible

Quartier Centre Thèmes : Qualité de vie Vivre bien ensemble Bien être Cadre de vie Domaines pondérés par système de gommettes (119)                  

21 : Environnement 14 : sécurité routière 13 : Propreté 11 : Culture 10 : Déplacements 10 : Activités économiques 7 : santé 7 : Vie associative 6 : animation 5 : Respect 5 : Solidarité Ŕ Relations voisinage 4 : Communication 2 : Diversité Ŕ tolérance 2 : Education 1 : Image de la commune 1 : Mémoire Ŕ histoire Ŕ patrimoine (mines, agriculteurs, guerre) Fête musique célébration Innovation

Sous-critères = Loos idéal 39

1  

– Education

Maintenir l’éducation pour tous à un bon niveau Cantine bio (école + foyer logement) 2

– Infrastructure 40



Respecter les 300 m autour des antennes relai, les distances minimales des éoliennes 3



Communication, disponibilité du médecin 4

 



– Activité économique

Activités économiques respectueuses de l’environnement Difficultés entre l’activité agricole et l’aménagement urbain Favoriser les créations d’emplois de loossois dans la ville (ou ZAL Une mercerie Des commerces et des productions de proximité 8

 

– Vie associative

Construire une salle de spectacles Participation Donner des moyens financiers plus importants aux associations (culturelles notamment) Vie associative riche 7

    

– Animation

Pouvoir sortir le soir et rencontrer des gens pour pouvoir se détendre (soirées, jeux, écouter des concerts, restaurants …) Il faudrait un restaurant ou brasserie 6

   

– Communication

Journaux locaux (retards) Panneaux lumineux 5



– Santé

– Diversité (animation)

Des lieux communs (jardins, promenade)

40

9 

– Mémoire

Un vrai lieu de mémoire et un souterrain mis en valeur 10 – Culture

  

Organisation de manifestations (calendriers …) Plus de couleurs Un lieu dédié à la culture, bien définir une politique culturelle

41

11 – Environnement             

Propreté des trottoirs Planter des arbres le long des routes d’accès à la ville Planter des haies le long des champs, des routes Faire des petits parcs verts (bosquets …) Sans déchets (verres, cannettes, bordure des routes, le long des champs) Sécurité routière Sans voitures Donner sa place à la nature sauvage Rocade (bruit / pollution) Soyons économes en énergie (lumière) Des arbres et des forêts Prise en compte de la nuisance sonore Effets des nuisances sur la santé et le quotidien 12 – Propreté

   

Trop d’incivilités Ville propre Poubelles Manque de poubelles publiques 13 –Image de la ville

 

Enterrer les lignes électriques Eviter de laisser des maisons à l’abandon 14 –Déplacement

  

Encore plus de chemins de randonnée Des pistes cyclables partout Facilité de déplacement 41



Voitures sur les trottoirs 15 –Sécurité routière

 

Sécurité routière Favoriser les rues (à forte circulation) à sens unique, éviter les stationnements en chicane lorsqu’il y a double sens de circulation) 16 –Relationnel - solidarité

   

Solidarité / entraide Respect / politesse Loos coupé en deux (centre / cité 5) Bonne intégration des personnes handicapées 17 –Respect

  

Tout le monde se respecte Accepter nos différences Manque d’éducation à la maison

Groupe jeunes (2 personnes) Ma ville rêvée :       

Le paradis L’utopie Le cadre de vie Quartier agréable Notre ville, ville belle, agréable, magnifique, accueillante, joyeuse Qui correspond à tout le monde Une ville au bord de la mer

-

Beaucoup de bistrots Beaucoup de magasins de vêtements Beaucoup de restaurants Beaucoup de parcs Aucun méchant Pas trop de bruit, juste ce qu’il faut Des lieux culturels Plusieurs espèces d’animaux différents (parce qu’il y a des espèces qui disparaissent) Pas trop de chiens domestiques, de crottes de chiens dans la rue 42

42

-

Respect mutuel Beaucoup de soleil Pas de SDF Des fontaines (8) Beaucoup de vélos, zones piétonnières Monuments historiques du 12ème siècle Œuvres d’art dans la ville Tout gratuit dans le monde Plus de végétation Moins de construction Beaucoup de personnes d’origine différentes … qui se mélangent Une grande fête tous les ans Des petits marchands (fruits, bonbons, scoubidous) Plus aucune personne qui meure La musique dans la rue Aucune souffrance Beaucoup de garçons jeunes, riches, beaux et célibataires qui rêvent de se marier … Des filles … ? de Julien Pas quelques-uns qui décident pour tous

43

Réunion commune :

La notion de fracture relevée lors des ateliers des groupes homogènes est abordée et détaillée : -

Géographique : quartiers ouest / centre Rapport à la ville : Base 11/19 et habitants Rural / urbain Générationnelle Historique : passé minier / développement durable

L’atelier commun reprend et réorganise les thèmes ressortis lors des différents ateliers homogènes. 5 grands domaines sont dégagés par l’animateur.

-

Culturel / convivialité Espace / environnement Relations entre habitants / harmonie 43

-

Sécurité routière / déplacement Service de proximité / politique emploi local

Travail de groupe pour proposer 2 ou 3 actions :

I - Culturel / convivialité :

44

Contenu, programmation pour tous, lieux agréables, communication  Etablissement d’un programme annuel culturel éclectique, pour tout public  Espaces conviviaux et lieux de promenade à rénover  Actions fortes : animations ponctuelles en ville (musique, expositions) pouvant brasser aussi les populations voisines, soirées pour les jeunes  Amélioration de la communication

II - Espace / environnement : Logistique règlementation, environnement cadre de vie vert et citoyenneté Par qui : Garde champêtre ? Association ? Volontaire ? Police municipale ?     

inventaire de ce qui est retrouvé plus de poubelles mettre des arbres le long des routes, des haies, des prairies fleuries, écran de verdure journée verte (plantation, ramassage de déchets) règlementation

III - Relations entre habitants / harmonie Représentativité démocratie vie locale, information, unité inter-générationnelle    

Groupe de personnes référentes par quartier, reconnues par la mairie Dialogue : commerce, marché, réunion de quartier, panneau information Lieu physique de rencontre et d’information (salle Caullet pour l’Ouest) Intégrer les jeunes à la réflexion

IV - Sécurité routière / déplacement  Dos d’âne ou équivalent  Aménager, empêcher les cycles sur les espaces « verts » 44

 Plus de liaisons en site propre  Sortie de la Rocade Ouest (trop courte)

V - Services de proximité – Politique emploi local     

45

Marché « fixe » ou « ambulant », épicerie solidaire Créer un SEL (Service d’Echange Local) Créer annexes mairie, médicale Opération portes ouvertes chez les agriculteurs Maraichage bio ou pas (achat panier) groupé ou individuel

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Tableau des résultats de l’atelier commun : les pistes d’action

Domaines

Pistes d’action

Culturel / convivialité

Espace / environnement

Relations entre habitants / harmonie

Sécurité routière / déplacement

Services de proximité/ Politique emploi local

Contenu, programmation pour tous, lieux agréables, communication

Logistique règlementation, environnement cadre de vie vert et citoyenneté

Représentativité démocratie vie locale, information, unité intergénérationnelle

Etablissement d’un programme annuel culturel éclectique, pour tout public

inventaire de ce qui est retrouvé

Groupe de personnes référentes par quartier, reconnues par la mairie

Dos d’âne ou équivalent

Marché « fixe » ou « ambulant », épicerie solidaire

Espaces conviviaux et lieux de promenade à rénover

plus de poubelles

Dialogue : commerce, marché, réunion de quartier, panneau information

Aménager, empêcher passage des cycles sur les espaces « verts »

Créer un SEL (Service d’Echange Local)

Actions fortes : animations ponctuelles en ville (musique, expositions) pouvant brasser aussi les populations voisines, soirées pour les jeunes

mettre des arbres le long des routes, des haies, des prairies fleuries, écran de verdure

Lieu physique de rencontre et d’information (salle Caullet pour l’Ouest)

Plus de liaisons en site propre

Créer annexes mairie, médicale

Amélioration de la communication

journée verte (plantation, ramassage de déchets)

Intégrer les jeunes à la réflexion

Sortie de la Rocade Ouest trop courte

Opération portes ouvertes chez les agriculteurs

règlementation

Maraichage bio ou pas (achat panier) groupé ou individuel 46

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