En Espagne, Vox face à Podemos

2. RÉFORME NO 3787 • 31 JANVIER 2019. Événement. Notre pays en synode ... rio volendi gnimosam evelitius. Pudiaestios con re cuptatibus, nobisqu.
603KB taille 0 téléchargements 56 vues
2

Événement

ÉDITORIAL

Samuel Amédro

Notre pays en synode Edito-3-Texte maios conecti to tendem. Pour l’italique : « commun Utopia Semibold italic » doloresed militib usdanditatem quis magnimus, simusam, odipsam, cullatia niendus pa sitaspe dolorporpor accuptat eosaernam volupta tatium voluptatiur, et ipsam fugit as ut faccae plibusdamus elitatquia dolorro dio intustor molut harchiliqui doluptiur. Ipsapiet hiliquist, ommos nonseque eos et accat. Ibusam, utatis que consectiam, eveligendia vel ilit quassun tiumenias et pa aut licid quost, sincium a solupta speris et lab iur, excest, sita quia di quodi totaerio quosam que cus doloraesent. Harupta sinciis venim is accab ipsam quianda si beaque demporiatia volupta cum imus et paruptatus eos ad qui iumque volupta volupis aborernam ut aut recum reped mod quaturia a con ratque nonsererero etus di vero odit officia quam istiandi ducia dolore nonsequatum et et, sequidiam ea quatur, commolo rporest, occum volorio nsecupta culpariosam facescil ipit, simusam, ute ni consernatiam hil magnit vent, ut enienimet moles doluptatur. Qui occus sime od quis as inimus es coris susa solorror animporehent eserio volendi gnimosam evelitius. Pudiaestios con re cuptatibus, nobisqu idipsam sum velit autat pra dolupta erspero conse ducil moles at doluptatur, comnis quas ero earciatio culla nisit perferum seri dunt faceptat. Ique doluptat quo exceribeaque conseribus comnis re enditi ad et omnimaio ipideni similibus nes dolore veliquam necabora nia quiaecusae dipisci enienis quat. Ihitatiam ipicidunt harioratum ut earci ut quo volorere volores asitati dolor alitatius aliassitibus doloreratem niminus, sam qui que rate nullendis dolorporro conse expererfero cusam fugiat laces dolum, occatum aut essitib uscimint eos re dolutemquia nulpa volupta sitatem cupta culpariosam facescil ipit, simusam, quat fugitiam, volore qui consequodi dolupta quam cus a qui occusda eseque abo.•

Cet éditorial est en vidéo sur le site : reforme.net

RÉFORME NO 3787 • 31 JANVIER 2019

POLITIQUE. La percée de l’extrême droite, à l’occasion des élections en Andalousie, inquiète,

En Espagne, Vox face à

L

es élections locales de décembre 2019 en Andalousie ont été un véritable coup de tonnerre dans le ciel politique espagnol. Pour la première fois depuis la transition démocratique, un parti d’extrême droite, Vox, a obtenu des sièges dans un parlement régional. Un véritable séisme électoral qui n’avait pas été prédit par les enquêtes d’opinion. À la suite de ces élections, les conservateurs du Parti populaire (PP) et les centristes de Ciudadanos ont scellé un accord pour gouverner l’Andalousie, et en finir avec plusieurs décennies de gouvernement socialiste à la tête de la région. Toutefois, comme ces deux partis n’ont pas à eux seuls obtenus une majorité absolue dans un Parlement régional, ils ont du donc compter sur les élus de Vox, inaugurant pour la première fois un rapprochement entre le centre et l’extrême droite. Un accord que ni le Parti socialiste, ni Adelante Andalusia (la coalition entre Podemos et les verts) n’ont pu éviter.

Deux partis populistes Fondé en décembre 2013, Vox était resté relativement en marge du jeu politique jusqu’à cette année, contrairement au parti de gauche radicale Podemos, créé à la même période. Tous deux qualifiés de populistes par les autres formations politiques, ces deux partis ont su attirer des électeurs qui ne se retrouvaient plus dans le bipartisme traditionnel. Porteurs de valeurs radicalement opposées, tous deux critiquent néanmoins les dysfonctionnements du système démocratique mis en place suite au régime de Franco, et particulièrement mis en exergue par la crise catalane. Les sondages avaient souligné la probabilité d’une défaite du Parti socialiste espagnol en Andalousie, après quatre décennies au pouvoir, mais aucun n’avait prévu la percée historique de Vox. « Ces résultats ont été une surprise, admet Fernando Vallespín, politologue à l’université Autónoma de Madrid. Les enquêtes n’avaient pas prédit une victoire d’une telle magnitude pour Vox. Les électeurs de droite pensaient que la gauche allait encore gagner, et ont décidé d’avoir un votre plus expressif, plus radical, en se tournant vers Vox ». Comme Podemos avant lui, Vox a bénéficié des voix de nombreux Espagnols lassés du Parti socialiste (PSOE) et Parti populaire (PP), et souhaitant marquer leur colère envers « l’establishment ». L’origine des deux mouvements, et les motivations de leurs électeurs, restent toutefois bien différentes. L’émergence de Podemos sur la scène politique ne peut en effet se comprendre sans ana-

lyser l’impact de la crise économique de 2008 et du mouvement des Indignés. « Cette crise a généré beaucoup d’inégalités et de frustrations que nous voyons encore aujourd’hui dans toutes les communautés, note Alfredo Abad, président de l’Église réformée de Madrid. Les partis traditionnels, occupés par leurs luttes internes et leurs préoccupations électorales, n’ont pas su apporter une réponse adaptée ».

manifestations sociales qui ont eu lieu en Espagne et sur le mouvement du 15 Mai, confirme Andrew Dowling, spécialiste de l’Espagne, auteur d’un récent ouvrage sur l’indépendantisme catalan, tandis que Vox ne puise ses racines dans aucun mouvement social ». Autre différence de taille : si Podemos s’est essoufflé ces derniers mois, son positionnement de départ était celui d’un mouvement neuf, séduisant pour des individus jeunes et plutôt éduqués, qui n’allaient plus voter. Les électeurs de Vox, au contraire, apportent traditionnellement leur voix au Parti populaire, et souhaitent protéger des valeurs qu’ils considérent comme menacées. « Vox est un mouvement résolument tourné vers le passé, sur l’importance des valeurs traditionnelles – surtout celles ayant trait à la famille – et sur la vision de la patrie, précise Fernando Vallespin. On peut parler de franquisme sociologique. Le parti récupère ces électeurs d’extrême droite déçus par un PP jugé trop modéré ». Vox et Podemos se rejoignent toutefois dans leur diagnostic et leur stratégie de

« Vox est un mouvement résolument tourné vers le passé, vers les valeurs traditionnelles » Si Vox se fait aussi l’écho d’une certaine inquiétude face à la précarité et à la paupérisation des classes moyennes, il ne s’appuie en revanche sur aucun mouvement social et choisit plutôt de dénoncer l’immigration comme une source de problèmes économiques supplémentaires. « La grande différence entre ces deux partis, diamétralement opposés sur l’échiquier politique, c’est que la formation de Podemos s’appuie sur les grandes

Événement

RÉFORME NO 3787 • 31 JANVIER 2019

Et si les extrêmes se rejoignaient ?

, alors que les partis traditionnels s’essoufflent.

à Podemos

Fils d’un militant belge pronazi parti pour Tanger à la Libération–  avant de devenir, au début des années soixante, une des chevilles ouvrières de l’OAS –, Jorge Vestrynge a vu le jour en 1948. Il assume avoir été un jeune fasciste engagé dans l’extrême droite française avec la volonté d’en découdre. À la fin des années1970, Jorge Vestrynge part pour l’Espagne. Élu député en 1982 et 1986 sous l’étiquette de l’Alliance populaire, une fédération de divers mouvements d’origine franquiste, il compte parmi les personnalités de cette famille de droite. La constitution du conglomérat nommé Parti populaire, en 1989, provoque son départ pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en 1995. Trouvant ce parti trop timoré, il participe à la fondation de Podemos. Farouche opposant d’un système fondé sur l’alternance de deux partis modérés, il veut clairement modifier le paysage politique espagnol.

© PABLO MARTÍN / EFE / NEWSCOM / MAXPPP

La démocratie fragilisée

Au centre, le secrétaire général de Podemos dans les provinces de Castille et de León Pablo Fernández, entourés de deux élus du mouvements, lors d’une conférence de presse à Ségovie

LÉA SURUGUE CORRESPONDANCE DE MADRID

Politique et sentiments

BOITE INFO 1 ¿¿BI texte 2 col gras rouge BI texte 2 col rouge BI texte 2 col ¿¿BI texte 2 col gras rouge BI texte 2 col rouge BI texte 2 col rouge BI texte coltexte 2 col rouge BI texte 2 ¿¿BI texte 2 col gras rouge BI texte 2 col rouge BI texte 2 col texte 2 col rouge BI

BOITE INF0 2 ¿¿BI texte 2 col gras rouge BI texte 2 col rouge BI texte 2 col ¿¿BI texte 2 col gras rouge BI texte 2 col rouge BI texte 2 col rouge BI texte coltexte 2 col rouge BI texte 2

«  L’engagement dans la vie publique, pour moi, consiste à servir, nous a-t-il déclaré lors de son passage à Paris, voici quelques mois. Mais plus que de technique, il s’agit de sentiments. La politique, c’est une affaire de passion. Contrairement à ce que disent les bien-pensants, le peuple existe en tant qu’entité. Pour moi, le peuple, c’est la totalité de la population d’un pays, moins la classe dirigeante. Celle-ci vit dans un autre monde, elle a divorcé du peuple qui l’importune parce qu’il ne fait pas toujours ce qu’on lui dit de faire. En France comme en Espagne, la classe dirigeante méprise le peuple et n’a finalement qu’une seule idée en tête : en changer, façonner un autre peuple, plus docile ». On discerne dans ce discours la conception classique des penseurs radicaux, pour qui le jeu démocratique est devenu obsolète parce qu’il ne prend plus en compte les intérêts du « peuple », considéré comme un groupe homogène.

© CREDIT PHOTO

Jorge Vestr ynge est un cas  : passé de l’extrême droite à l’extrême gauche, il passe pour le théoricien de Podemos. À partir de son itinéraire, doit-on déduire que des rapprochements sont possibles entre les partis extrémistes en Europe ?

communication. Tous deux considèrent que le système politique espagnol est grippé, tous deux mettent en œuvre une excellente stratégie de communication. Leurs arguments sont radicalement différents, mais de leurs discours émerge une critique du consensus démocratique de 1978. On s’en rend compte quand on soulève la question territoriale.

Alors que Podemos souhaite évoluer vers un modèle plus poussé d’État fédéral, Vox ne cesse d’évoquer un retour à un État centralisé, dans lequel les régions perdraient une partie de leur autonomie. Dans ce contexte, la crise catalane cristallise les tensions. Avec sa rhétorique très dure à l’égard de l’indépendantisme, Vox apparaît pour certains segments de la population comme le rempart le plus efficace contre la désintégration de l’Espagne. «Le positionnement de plus en dur du PP sur les questions territoriales et sur l’immigration ouvre aussi une porte à ce parti, souligne Oriol Bartomeus, professeur et politologue à l’université Autonoma de Barcelone. Il donne une légitimité à son discours, alors même que Vox n’est pas associé aux scandales de corruption qui fragilisent les partis traditionnels ». Au-delà de la question catalane et de l’unité de l’Espagne, c’est la question de la viabilité du système politique actuel qui se pose à plus long terme. « Certains se demandent comment on a pu en arriver là, dans un pays qui n’avait pas connu l’extrême droite depuis la transition démocratique et qui semblait bien résister, du fait de son expérience avec le franquisme, explique Andrew Dowling. Il faut comprendre que les personnes acquises à ces idées n’ont jamais disparu. Une minorité se retrouvait dans ces valeurs, mais elle n’avait pas de parti jusqu’ici pour s’exprimer ». Si Vox gagnait encore du terrain, certaines valeurs démocratiques pourraient être fragilisées. Une source d’inquiétude pour de nombreux observateurs, à commencer par l’Église protestante qui se souvient des discriminations et des discours d’intolérance de l’époque de Franco. « Vox nous inquiète parce que c’est un parti qui rejette l’Autre, ajoute Alfredo Abad. Il remet en question certains droits qui sont garantis par le système démocratique espagnol depuis la fin du franquisme, comme l’égalité entre les hommes et les femmes, la protection des minorités ou encore le pluralisme religieux  ». Les prochaines élections européennes permettront d’évaluer le rapport de force national.•

3

Legende légende légende

« Du débat public, il ne sort pas toujours un consensus, observe le philosophe Michel Olivier. Quand on renonce au consensus, il n’y a que deux voies possibles. Celle, pacifique, qui consiste à accepter le désaccord et rejoindre le jeu démocratique parlementaire. C’est ce que font les représentants des partis républicains. L’autre voie consiste à se servir du conflit. Qu’ils s’autodéfinissent en classe sociale ( pour l’extrême gauche) ou en groupe ethnique menacé par les étrangers (pour l’extrême droite), les populistes prétendent agir au nom du vrai peuple et instruisent le procès en illégitimité des autres élus ». Pour séduire le plus grand nombre, les populistes n’ont d’autre choix que de présenter leur volonté de rupture comme un chemin d’unité. « L’argument le plus fort est de prétendre abolir les désaccords, ajoute Michel Olivier. Comme cela n’est pas réalisable, ils promeuvent une recherche de l’homogénéité des origines. Et comme cette recherche est vaine, ils emploient la violence pour en imposer le mirage ». Une telle démarche implique de nourrir à l’égard de l’exercice du pouvoir une stratégie précise. C’est ainsi que Jorge Vestrynge affirme : « Il n’est pas facile d’exercer le pouvoir et d’être favorable au peuple. La politique ne pourrit pas forcément, mais elle peut le faire. Quand on accède à des responsabilités nationales, on doit choisir avec discernement les orientations stratégiques ». En Espagne, l’extrême droite se concentre sur la question migratoire et l’extrême gauche sur les questions sociales. En France, un clivage demeure entre les deux familles extrémistes. « La dénonciation des élites les rassemble, mais la question migratoire les sépare d’une façon fondamentale,

analyse le politologue Jean-Yves Camus. Alors que les populistes de droite veulent réserver aux nationaux des droits essentiels de protection sociale et de citoyenneté, l’extrême gauche fait l’éloge de la société multiculturelle ». Tout rapprochement serait-il voué à l’échec ? Jorge Vestrynge affirme en toute quiétude faire la promotion du rejet des étrangers parmi les militants de Podemos : «Ils ne sont pas tous d’accord avec moi, mais ils m’écoutent avec attention quand je leur explique que le nationalisme est inévitable, que l’Union européenne est une machine à broyer les citoyens parce qu’elle défend les intérêts financiers des grandes entreprises dont les patrons, de tous temps, se sont révélés favorable à l’immigration d’une main d’œuvre bon marché ». Récemment, certains porteparole de la France Insoumise ont donné le sentiment que, sur la question migratoire, ils n’étaient pas éloignés des partisans de Marine Le Pen. « C’est un trompe-l’oeil, corrige Jean-Yves Camus. Les partisans de la France Insoumise restent attachés à la théorie marxiste suivant laquelle la nature du capitalisme étant de faire baisser les coûts du travail, l’arrivée massive d’une main d’œuvre étrangère participe de la recherche des profits. Cela n’a rien à voir avec la philosophie de l’extrême droite ». Un point de vue partagé par Michel Olivier, qui considère que les traditions politiques, en France, ont la vie dure : «Mais sur certains sujets, notamment à l’occasion des élections européennes, des rapprochements ponctuels, pourraient menacer les équilibres institutionnels ». De quoi rester fermes et vigilants pour défendre la démocratie. • FRÉDÉRICK CASADESUS