Emergence - Camer.be

12 nov. 2012 - national à la mémoire de qui on de- mandera ... tirait la sécurité, la protection et l'im- munité ? ... elle, lui garantir la protection, la sé- curité et ...
1MB taille 9 téléchargements 939 vues
Recepissé de déclaRation n°0000031 / RddJ / J06 / Basc

Hebdomadaire d’informationS généraleS paraiSSant le lundi fondateur-directeur de la publication : magnuS biaga

Site web: www.journalemergence.info

n° 0121 dU lUndi 12 noveMBRe 2012 - édité paR : MaRCoM CoMMUniCation - siège : yaoUnde, Bastos - Bp 11845 yaoUndé - tél: 237 77 69-70-96 - eMail : [email protected]

Chantal Biya

les raisons

d’une inquiétude ses craintes sont légitimes à cause du flou qui auréole l’après Biya evocation pp 6 et 7 FonCtion pUBliQUe

Relookage de l’opposition

alteRnanCe

le personnel politique doit être renouvellé dès la base p. 3

possible

les promotions Christopher la leçon fantaisistes chinoise Fomunyoh dans un système affluent propose sa recette Même monolithique, l’alternance est les réseaux ésotériques au coeur du drame p. 10

lire notre éditorial en p.2

désormais, pour tous vos travaux d’imprimerie, n’hésitez pas à nous contacter. l’imprimerie MaRCoM est située à l’immeuble pharmacie Mvog-ada. Contact : 77 69 70 96

2

Editorial

EmergenceN° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

Quand la Chine nous parle

MagNus Biaga

B

ien qu’elle ne soit pas une démocratie à l’occidentale, l’Empire du Milieu a prévu un mécanisme clair d’alternance au sommet de l’Etat. Le président sortant, Hu Jintao, est entrain de céder la place, après avoir consommé deux mandats de cinq ans chacun, à Xi Jinping, 59 ans, vice-président depuis 2008. Comme le veut la tradition, il sera en principe désigné secrétaire général du parti à la fin du congrès qui a débuté le 08 novembre dernier, puis deviendra chef de l'Etat lors de la session plénière annuelle de l'Assemblée nationale populaire en mars prochain. Désormais, nous devons nous habituer à ce nouveau visage. Depuis l’accession de Paul Biya au pouvoir en 1982, la Chine a connu cinq chefs d’Etat. Cette Chine que les autorités camerounaises n’ont de cesse de vanter, nous parle. En effet, l’ordre international dominant est de plus en plus radicalement hostile vis-à-vis des pouvoirs éternels. Certains chefs d’Etat africains, notamment celui du Cameroun, ont tendance à se tourner vers la Chine qui n’est pas une démocratie et qui a adopté pour l’instant une politique de non-ingérence dans les affaires internes des Etats. Elle ne réclame jamais rien à aucun pays à propos de la bonne gouvernance, du respect de droits de l’Homme, de la transparence électorale, de la lutte contre la corruption… Elle-même n’étant pas un modèle dans ces matières. Pourtant, la pratique politicienne démontre bien que ce pays

a fait de l’alternance au sommet de l’Etat un principe cardinal, et du renouvellement de la classe politique dirigeante un élément nonnégociable. La preuve, la Chine est entrain de tracer la voie à son prochain président. Pendant sept jours, les délégués qui représentent les 82 millions de membres du parti, vont désigner au terme d'un processus complexe le nouvel exécutif mais aussi impulser des réformes économiques. Les principales instances du parti vont ainsi être renouvelées, en particulier le Comité permanent du Bureau politique, qui est le cœur du pouvoir chinois, là où se prennent collégialement toutes les décisions importantes. Il comprend actuellement neuf membres, dont sept vont être changés. Hu Jintao est entrain de passer la main, sans avoir eu au préalable à faire des pieds et des mains pour modifier la loi fondamentale chinoise afin de

de candidats naturels, de maîtres et ses esclaves, de personnalités indispensables dont les seuls battements de cils rythment la vie du pays. Elle ne s’en porte pas moins bien. D’après le Pr Jean Paul Ayina, enseignant à l’Iric, « cette alternance régulière au sommet de l’Etat montre à suffisance qu’en République Populaire de Chine, il y a bien de la gouvernance politique grâce à laquelle, en vertu de la constitution de 1982 (article 62), l’Assemblée Nationale Populaire, la plus haute institution de l’Etat, procède régulièrement au changement des personnes à la fonction présidentielle ». Le Pr Ayina pense également que la prospérité économique de la Chine a un lien direct avec la pratique de l’alternance. Chez nous au Cameroun, tant qu’on ne changera pas d’homme à la tête du pays, on fera indéfiniment du sur-place. Le président Mao Tse Toung aimait à dire que le

Hu Jintao est entrain de passer la main, sans avoir eu au préalable à faire des pieds et des mains pour modifier la loi fondamentale chinoise afin de s’éterniser et mourir au pouvoir. Les présidents chinois ont, en outre, les uns après les autres, depuis Mao Tse Toung, conduit avec constance une politique de développement économique qui est parvenue à placer la Chine sur un piédestal économico financier. Elle est à ce jour la deuxième puissance économique de la planète, derrière les Etats-Unis. D’après les experts et autres analystes, si sa croissance demeure aussi soutenue (7,5% en 2012), d’ici à 2016, elle prendra le meilleur sur le pays de l’Oncle Sam. En Chine, il n’y a donc pas d’hommes providentiels, de candidats naturels, de maîtres et ses esclaves, de personnalités indispensables dont les seuls battements de cils rythment la vie du pays. s’éterniser et mourir au pouvoir. Les présidents chinois ont, en outre, les uns après les autres, depuis Mao Tse Toung, conduit avec constance une politique de développement économique qui est parvenue à placer la Chine sur un piédestal économico financier. Elle est à ce jour la deuxième puissance économique de la planète, derrière les Etats-Unis. D’après les experts et autres analystes, si sa croissance demeure aussi soutenue (7,5% en 2012), d’ici à 2016, elle prendra le meilleur sur le pays de l’Oncle Sam. En Chine, il n’y a donc pas d’hommes providentiels,

poisson pourrit toujours par la tête. Supprimé en 1969 par ce même Mao Tsé-toung, leader historique chinois mort en 1976, le poste de président de la République Populaire de Chine fut rétabli par la constitution de 1982. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution, Li Xiannian fut élu président le 18 juin 1983 pour 5 ans. Dans ce pays où l’on est conscient des vertus du rajeunissement de la classe politique, il y a eu en 1988 un mouvement de départ massif à la retraite des « vieux briscards » ou vieille garde du parti. C’est dans cette perspective que Li Xiannan

quitte la présidence de l’Etat le 08 avril 1988 à 79 ans. Mais, compte tenu de son expérience, le parti lui confie la présidence de la Conférence consultative sur la politique populaire chinoise, un forum de discussion politique. Comme quoi, il pouvait faire valoir son utilité et son expérience ailleurs qu’au sommet de l’Etat. Le président Biya peut s’en inspirer. Lorsque Li Xiannan s’en va en avril 1988, Yang Shangkun lui succède. Ce dernier fera un mandat de cinq ans. Il tentera de s’arroger trop de pouvoir, faisant ombrage au secrétaire général du parti communiste, Jiang Zannin. C’est pourquoi il sera remplacé à la tête de l’Etat par ce dernier qui, à l’époque, avait 67 ans. Jiang Zannin prendra sa retraite en 2003. Il remettra ses attributs au Sg du parti, Hu Jintao, alors aussi vice-président, qui sera élu par l’Assemblée nationale populaire. Réélu le 15 mars 2008, Hu Jintao est actuellement en plein dans un processus de passation du pouvoir à Xi Jinping. Selon la constitution chinoise, le président ne peut exécuter plus de deux mandats, un mandat équivalant à une session de l’Assemblée populaire nationale qui se réunit généralement tous les 5 ans. L’alternance est donc sacrée pour les Chinois, bien qu’on ne soit pas dans une démocratie. Les rouages de cette alternance sont assez bien huilés et offrent une certitude et une certaine sérénité quant à la succession au sommet de l’Etat. En effet, le nom du futur président est souvent connu quelques années à l’avance. A partir du moment où vous êtes porté à la vice-présidence, il devient évident qu’un jour, vous prendrez les rênes du pays. C’est un mécanisme qui évite les luttes fratricides, ou encore l’entretien du doute sur l’avenir du pays. Une belle estocade à ceux qui estiment que Paul Biya doit cacher son successeur. Au Cameroun, nous ne vivons pas dans les chefferies de la région de l’Ouest, où les successeurs sont cachés. Nous sommes en République. Que la Chine enfin, nous ouvre les yeux.

L’image de la semaine

Hebdomadaire d’informations générales paraissant le lundi édité par MArCOM (MArKETING - COMMuNICATION) Siège : Yaoundé, face Gare Voyageurs, Bp: 11845 Tél standard: (237) 33 16 77 35 Site web : www.journalemergence.info Email : [email protected] Fondateur-Directeur de la publication MAGNus BIAGA (237) 77 69 70 96

Rédacteur en chef MAGNus BIAGA

Desk Politique Magnus Biaga Desk Economie Georges Auréole Bamba Desk Société et Culture Cyr Ondoa

Desk Sports Japhet T. Djetabe Rédaction centrale Yaoundé Claire Matje Michèle Ntede Cédric Toutcheu Kami Jefferson

Cyr Ondoa Oscar Onana Georges Aureole Bamba Abdel Aziz Harrison Aboubakar Stagiaires Fleuriche Ebolo Dorothy Baboulack Correspondant régional-Extrême Nord Alexis Kolwè Correspondant régional-Littoral Frank William Batchou Correspondant régional-Sud Jean Ismaël Bekilé Correspondant Nord Gausse Michel Secrétaire de Rédaction Oscar Onana Infographie Mbieda Ngounou Georges Impression Imprimerie Marcom Distribution Messapresse

And the president is… En réussissant à l’emporter face à son challenger républicain Mitt Romney, Barack Obama a démontré que l’élection du premier Noir à la Maison Blanche n’était pas le fait du hasard. Mais si une fois de plus, il a rendu fiers de nombreux Africains, ces derniers se demandent quand même si enfin, le président américain lèvera le petit doigt pour son continent d’origine. Pas très sûr car si les Africains ne veulent pas comprendre que leur développement passe d’abord par euxmêmes, l’Amérique quant à elle a pleinement embrassé l’Asie, notamment la Chine où désormais se dressent ses principaux intérêts. En outre, dans son discours de victoire, il qualifie son vice-président Joe Biden de meilleur vice-président de tous les temps. Une belle leçon de démocratie qui tranche avec les traditions camerounaises qui veulent que tous les honneurs d’un pays ne soient destinés qu’à un seul homme.

N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

L’Actu

Emergence

ReFondation de l’opposition

Relooker notre démocratie

BaroMètrE Chantal Biya

Un colloque sans précédent de trois jours vient de réunir du 7 au 9 novembre derniers, au Djeuga Palace de Yaoundé, des intellectuels sur le sujet repenser et reconstruire l’opposition camerounaise.

L

’opposition camerounaise pourra se départir du rôle ingrat de faire valoir qu’elle joue actuellement à condition qu’elle se donne la peine de s’approprier et d’appliquer les recommandations faites par universid’éminents taires au cours d’un colloque organisé trois jours durant à Yaoundé il y a quelques jours. Parmi ces propositions on retiendra celles toutes aussi pertinentes de Christopher Fomunyoh, directeur régional pour l’Afrique au National Democratic Institute for international affairs (NDI) aux Etats-Unis. En dix points il a proposé aux mouvements d’opposition de s’ouvrir à l’auto critique et à l’auto évaluation en explorant en même temps leurs forces et leurs faiblesses. Il s’agira aussi de reprendre l’éducation civique des citoyens en rapport avec leurs droits et devoirs tout en revoyant la stratégie de recrutement des militants à la base et au niveau du leadership politique par l’actualisation des bases de données. Selon Christopher Fomunyoh, l’opposition camerounaise doit impérativement établir des connexions avec les autres acteurs de la démocratie, en l’occurrence la société civile, tant il est vrai que ces opposants, selon le Pr Claude Abé, se sont plus contenté de

Christopher Fomunyoh

proposer la thèse de « Biya must go » au peuple sans véritablement appuyer ou suppléer la société civile sur le champ des questions qui se posent au quotidien aux camerounais. Pour preuve, en 2008 lors de la dénonciation de détournement de 600 millions Cfa destinés à la filière mais par Bernard Njonga aucun opposant n’a fait signe de vie pendant que ce leader de la société civile se faisait bastonner par les forces de l’ordre, de même lors de l’opposition à la modification de l’article 6 : 2 relatif au mandat présidentiel aucun de ceux qui se disent de l’opposition n’a pris clairement position à côté des Alain Didier Olinga, Matthias Eric Owona Nguini et d’autres brillants universitaires qui s’égosillait à ce sujet. Toujours selon Christopher Fomunyoh, l’opposition gagnerait à créer des actions politiques avec

l’évolution du calendrier électoral essentiellement malléable au Cameroun. Ainsi elle éviterait de se laisser gérer par l’Etat comme si elle était une auxiliaire de l’administration. Il faudra aussi s’atteler à nouer des relations professionnelles avec les grandes familles politiques internationales (libéraux, conservateurs, centristes) ce qui permettrait de riches o p p o r t u n i t é s d’échanges. A ne pas occulter, l’établissement des liens de communication substantifs avec les camerounais de la diaspora ce qui aurait pour vertu, d’éviter la multiplicité des initiatives. Selon le responsable du NDI, il faudra aussi élargir le champ débat aux démocrates africains et tisser des relations avec des alliés potentiels et en fin rénover le leadership des partis politiques en évi-

tant les erreurs du parti au pouvoir qu’il critique car selon lui « On n’a pas besoin d’un RDPC bis ». En effet, l’opposition camerounaise est en crise. Selon le Dr Ahmadou Sehou, enseignant à l’Université de Maroua « l’ethno régionalisme, les conflits d’intérêts, l’égocentrisme et le centralisme minent les partis politiques. Ceci montre qu’on n’a pas dépassé le cadre régional et tribal pour parler au peuple. » En effet, plusieurs exclusions des membres au sein des formations politiques de l’opposition ne sont pas fondées sur des divergences idéologiques ou de programme politique mais sur des conflits d’intérêts surtout financiers. Selon Matthias Eric Owona Nguini, dès mai 1997, on a assisté à une recrispation de la scène politique au Cameroun à cause du relâchement de l’opposition et du verrouillage des mécanismes démocratiques par l’Etat RDPC qui a reconduit le pays dans le monopolisme de jadis. Ces trois jours de colloque auront donc plus servi à établir des solutions de salut pour la démocratie au Cameroun ; car comme l’a dit le représentant résidant de la Fondation Fredrich Ebert lors de son discours d’ouverture « La qualité de l’opposition est un indicateur de la santé d’une démocratie. Cyr oNdoa

asseMBlée nationale

le budget et rien d’autre

L’imminence de la session budgétaire prévue dès ce lundi a justifié l’effervescence au Palais de Verres de Ngoa Ekelé. L’entrée en vigueur du budget-programme est une certitude.

L

es élus de la nation sont prêts à examiner le budget 2013. L’heure était aux derniers réglages depuis vendredi dernier, pour une session qui s’annonce bien cruciale. Dans l’échéancier programmatique des sessions à l’Assemblée nationale, la session budgétaire est certes la troisième et la dernière sur le plan chronologique, mais elle n’est pas la moindre en importance. A la différence des deux autres rendez-vous, l’objet est connu d’avance. Le budget de la nation, objet de toutes les attentions, les élus mesurent les enjeux. Le fait que la contexture du budget ait changé, qu’il y ait maintenant des programmes, des

objectifs, des indicateurs et des résultats attendus, fait en sorte qu’au niveau de l’exécutif déjà, on devrait bien prendre en compte les besoins des populations. Mais plus que par le passé, les

attentions seront soutenues car les élus doivent faire encore plus d’efforts pour pouvoir tenir par rapport à la nouvelle donne du budget-programme qui veut que ce soient les programmes qui

3

dictent l’élaboration d’un budget. En dépit de tout, l’on se prépare comme l’accoutumée. Les élus disent attendre cette session avec beaucoup de sérénité, en prélude à la mise en place dès le premier janvier 2013 du contrôle par la commission des finances de l’action du gouvernement. Et pour que les députés accomplissent honorablement leur mission, l’hémicycle a déjà reçu un coup de balai. Une quarantaine de chefs des dép a r t e m e n t s ministériels passeront devant les élus pour la cause. Le budget-programme est considéré comme un outil d’optimisation de la gestion des ressources. KaMi JEffErsoN

Encore un coup d’éclat de son Ong contre le Sida et les souffrances. C’est en effet sous le haut patronage de la première Dame qu’a été lancée la campagne de réparation des becs de lièvre chez les enfants à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé. Tandis que les enfants poussent un ouf de soulagement, on peut en profiter pour saluer l’action de cette dame au grand cœur.

guy sandjon Le président du conseil de l’ordre national des médecins s’insurge contre les charlatans qui ont désormais pignon sur rue au Cameroun. Une semaine d’action sera ainsi lancée contre les « arnaqueurs » qui gangrènent la profession. Il faut sensibiliser les populations à travers le pays. C’est le début d’une grande croisade contre ces pseudos médecins pour assurer la santé des Camerounais.

paul Biya L’homme du Renouveau a célébré le 06 novembre dernier le 30ème anniversaire de son accession au pouvoir. Tandis qu’on a essayé dans la presse publique de mettre en avant son bilan plus que positif et encourageant, il est pourtant clair que ce bilan est plus que négatif. Empêtré dans l’usure du pouvoir, le chef de l’Etat peine à mettre son pays sur les rails du développement. Pauvreté, corruption, chômage, manque d’infrastructures, voilà 30 ans que ça dure. Il est le seul à avoir vu son bout du tunnel.

david Bilé Les coupures électriques n’en finissent plus. Des villes autrefois épargnées telles que Douala et Yaoundé n’y échappent plus. Aes-Sonel démontre à suffisance son impuissance dans un contexte de déficit énergétique plus que jamais d’actualité, alors que récemment dans notre capitale économique, les populations ont manifesté contre ces coupures érigées en principe. Aes-Sonel est visiblement dépassée par la demande sans cesse croissante.

4

Message

Emergence N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

Politique

Emergence

5

longévité aU poste

l’instigateur de l’inertie s’appelle paul Biya La haute administration camerounaise est confisquée par des croulants qui souvent cumulent des fonctions sous le regard complice du président de la république.

I

l ne reste certes pas grand-chose du Centre d’étude et d’expérimentation du machinisme agricole (CEENEMA), en dehors d’un certain Ernest Roland Ela Evina tout puissant directeur général de cette structure. La longévité de ce dernier à ce poste n’a jamais été suivie une seule fois de résultats escomptés. Plusieurs hectares de terrain, qui jadis servaient à la culture du maïs dans le village NkomAssi, non loin du siège du Ceenema à Nkol-bisson sont abandonnés depuis belle lurette. Sur l’ensemble du territoire camerounais, les actions de cette société sont quasi- inexistantes. Pourtant Ernest Ela Evina est parvenu à survivre, comme directeur général, à cette décrépitude depuis bientôt 30 ans. Les seules fois qu’on a ouïe parlé de ce personnage n’étaient pas pour le vanter ou le louer pour une action d’éclat quelconque commise dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Son nom a été abondamment cité dernièrement lors de l’affaire des tracteurs qui avaient fini leur course dans les domiciles de plusieurs grosses pontes du régime. Plusieurs structures d’Etat sont ainsi prises en otage depuis des lustres par des individus que Paul Biya a pratiquement oublié à ces postes de responsabilité. Cet état de chose handicape sérieusement ces sociétés d’autant plus que, comble de l’incurie, Paul Biya « leur créateur » leur octroie en plus, en même temps, des postes ministériels. Ceci pose plusieurs problèmes dont celui du mépris de la loi fondamentale et des compétences pourtant si répandues dans notre pays.

prestations de serment à partir du 06 novembre 1982. Lui qui à chaque fois a juré d’être le garant de la loi fondamentale se trouve être celui qui, constamment, la met en péril. S’il faut y ajouter l’article 66 de la Constitution relative à la déclaration des biens, l’observateur averti entrevoit clairement la mauvaise foi du chef de l’Etat et surtout son mépris pour les lois de la république dont il est sensé être le garant. En filigrane, de cette non observance de la Constitution, c’est la personnalité de Paul Biya qui se trouve exagérément renforcée. Si bien qu’il ne serait pas malpropre de dire qu’au Cameroun, la loi c’est Paul Biya. C’est à cause de ces agissements d’une autre époque, que le RDPC ne peut pas se départir de cette étiquette éhontée de parti-Etat. Paul Biya qui a reçu le titre de Maitre de la sagesse millénaire des peuples de la forêt (Nnom Ngui) n’a-t-il pas, au moins, la maitrise des proverbes de son ère culturelle ? Ou alors feint-il d’ignorer qu’un proverbe bantou dit qu’un homme ne peut pas poursuivre deux lièvres à la fois ? En tout cas, cette posture de l’Homme du 06 novembre 1982, pour curieuse qu’elle puisse paraitre, affaiblit la république, place le RDPC sur le même piédestal que les partis communistes (Chine, Corée du Nord et ex Union soviétique).

Des hommes forts, des lois faibles La réalité du cumul des fonctions commence au sommet de l’appareil étatique avec un Paul Biya qui est à la fois Président de la république et président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Pourtant, l’article 7 alinéa 4 de la Constitution du Cameroun stipule que « Les fonctions de président de la République sont incompatibles avec toute autre fonction publique élective ou toute autre activité professionnelle». Dans ces conditions on est en droit de se poser des questions sur la sincérité de Paul Biya lors de ses nombreuses

Louis Yinda, Dg de la Sosucam

Or, gérer la présidence d'un parti comme le Rdpc requiert des responsabilités qui peuvent avoir des incidences sur la gestion de la nation en termes d'agenda et de priorités. C'est sans doute la raison pour laquelle les conseils de ministres sont irréguliers; le Conseil supérieur de

Camille Mouthè, Dg du Fne

la magistrature n'arrive pas à respecter son rendez-vous annuel; idem pour le Conseil national de sécurité, etc. La conséquence de cette situation est que le parti des flammes a fait 15 ans sans organiser de congrès ordinaire. D'où le vœu de le voir partir de la tête du parti comme cela est le cas dans les grandes démocraties. On l'a vu en France avec l'Union pour la Majorité Présidentielle (UMP) et le parti socialiste (PS). Nicolas Sarkozy avait cédé le siège. Pareil pour Hollande. Plusieurs localités sont restées sans député tout au long du mandat qui est en train de s'achever, parce qu'il n'a pas été organisé des élections, conformément à la loi pour remplacer ces élus du peuple décédés. Ce que Biya a fait pour lui même il a cru bon de le transposer au niveau des sociétés d’Etat et autres structures rattachées à l’administration. Dieudonné Oyono l’actuel recteur de l’Université de Douala demeure le coordonnateur du Programme national de Gouvernance. Avant lui plusieurs personnalités ont occupé plusieurs postes à la fois, une fois de plus au mépris des textes en vigueur. L’article 13 de la constitution dispose que « Les fonctions de membres du gouvernement et assimilés sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, la présidence d’un exécutif ou d’une assemblée d’une collectivité territoriale, toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et tout emploi ou activité professionnelle. » En dehors du cumul, le facteur de la longévité à ces postes ne milite pas en leur faveur. Comme à Ernest Roland Evina du Ceenema, Paul Biya a pratiquement légué certaines structures éta-

tiques à bien d’autres individus. C’est le cas de la Société Sucrière du Cameroun où trône Louis Yinda depuis plus d’une vingtaine d’années. Il y a aussi le cas de Iya Mohammed directeur général de la Société de développement du Coton et président à ces heures perdues de la Fédération camerounaise de football. A leurs côtés on peut ajouter Gabriel Abossolo Nna directeur général de l’imprimerie nationale qui souffre de l’obsolescence de son matériel de production, Ibrahim Talba Mala directeur de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures(CSPH), Adolphe Moudiki de la Société nationale des hydrocarbures(SNH), René Mbayen de la Camship, Camille Mouthé à Bidias du Fonds national de l’emploi (Fne) où il est Directeur général depuis la création de cette société d’Etat en 1990, soit 22 ans. Le maintien de ces gros légumes à leurs postes ne saurait être dû à leur efficacité professionnelle. Il faut surtout y voir le mépris de l’intelligentsia et des valeurs dont regorge notre pays. Les résultats auraient été probants et satisfaisants pour la bonne marche de notre pays que ces entorses à la loi passeraient inaperçues. Mais avec l’état de déliquescence actuelle, ces sexagénaires pour la plupart sont loin d’être les plus sages, les plus intelligents, les plus braves ou les plus instruits. Il faut également y voir le mépris du service public impulsé par son chef. Dans ces conditions, chacun de ces personnages a vite fait de transformer la structure qu’il dirige en une petite république tintée d’un zeste de tribalisme. Selon les affirmations de Vincent Sosthène Fouda socio politiste, dans une pétition publiée récemment à cet effet : « Le peuple camerounais devrait se fixer pour objectif d’aider les cumulards à abandonner les postes qu’ils occupent au mépris de leur âge, et du respect qu’ils doivent au service public et au devenir de leurs progéniture. Oui le cumul est un crime économique parce que l’on perçoit une rémunération sur la seule base du décret et non du travail qui est fait, et les hommes de Dieu qui le font savent mieux que quiconque qu’ils n’ont pas le don de bilocation ! o sCar oNaNa

la ChRoniQUe politiQUe de patRiCe nganang

l’axe atlantique et la fin de Biya Une idée reçue veut que chaque peuple ne puisse se libérer que de ses propres moyens. Nous dit-on, l'honneur veut qu'il en soit ainsi. Honneur que croit-on n'a pas eu de Gaulle quand, condamné à mort en 1940 par le président de France d'alors, Pétain, il vint dans notre pays convaincre nos grands-parents d'aller mourir pour libérer Paris. La politique, elle, sait que ce n'est pas l'honneur mais une coalition intelligente qui est le fondement de la libération. C'est cette coalition qui fonde une nouvelle puissance : dans le maquis en 1958, Um Nyobé comptait également sur la coalition hétéroclite de pays comme l'Egypte, l'Algérie, le Ghana, la Chine, bref, les pays de la conférence de Bandoeng, pour fonder cette indépendance dont nous rêvons encore. Cette coalition pour le Cameroun n'eut pas lieu ; il en paya le prix. Mais la libération de peuples opprimés est aussi liée à la fondation d'un nouveau paradigme parmi les puissants : ainsi le droit des peuples à l'auto-détermination peut difficilement être imaginé sans sa conception après la Premième Guerre mondiale par le président américain Woodrow Wilson, et l'institution de son

principe dans la Charte constitutive de l'ONU. La prise de parole d’Um Nyobé à l'ONU en 1952 s'inscrit dans la demande d'exercice chez nous de ce principelà. C'est que la formulation du projet de libération n'est pas seulement le monopole des coalitions nationalistes, elle s'inscrit aussi dans le cour de la cité des vainqueurs. Tant que la Chine ne sera qu'une puissance politique défensive - et ce ne sont pas les tyrans africains qui la feront changer cette politique -, l'axe transatlantique, par-delà l'ONU, sera le socle de cette cité-là, et la relation entre les Etats-Unis et l'Union européenne sa manifestation la plus concrète. La victoire de Barack Obama ce 6 novembre est significative à cet égard. Et ce n'est pas seulement parce qu'Obama aura la liberté de manouvre que confère toujours au président américain le second mandat. Pour la deuxième fois depuis 1960 en effet, celui-ci qui est de Gauche, aura comme partenaire européen pour de nombreuses années un président gauchiste - en France. La première fois c'était en 1992 : les résultats, nous les connaissons. Obama aura donc comme partenaire en France, un président qui, fait unique depuis 1958, a une majorité politique absolue dans son pays, François Hollande ayant des majorités à la pré-

sidence, dans l'Assemblée nationale, et au Sénat. Dans une Europe économiquement affaiblie, jamais la Gauche n'aura aussi profondément fait main basse sur l'axe transatlantique qui définit la politique internationale aujourd'hui de plusieurs manières. Durant son premier mandat, Barack Obama avait devant lui une Gauche européenne détruite, Zapatero, Brown, étant la succession d'amitiés manquées parce qu'elles n'auront pas pu prendre le bâton laissé suspendu, de la relation productrice Clinton-Mitterand. Que nous promet l'amité qui sera bâtie entre Obama et Hollande ? Sera-t-elle porteuse d'un projet renouvelé d'auto-détermination des peuples, comme ce fut le cas en 1992 ? Ces années sont bien récentes pour ceux de mon âge qui ont découvert leurs propres possibilités politiques dans le parlement estudiantin. Le tyran le plus vieux de l'espace francophone, Paul Biya, est encore au pouvoir. Les quatre ans qu'ont Obama et Hollande devant eux définiront, espérons-le, les contours internationaux concrets de la fin de Paul Biya - sa fuite comme Mobutu, son exécution comme Doe, qui sait ? -, en renouvelant le projet d'auto-détermination des peuples, cette quête dont les Camerounais ne seront pas sevrés éternellement.

6

Politique

Emergence N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

Chantal Biya

pourquoi la première dame croule sous le poids des craintes

Il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que la fin du régime Biya est proche. A cet effet, l’épouse du chef de l’Etat, de plus en plus, s’interroge sur ce qu’il adviendra d’elle et de sa famille.

Q

ue va-t-elle devenir ? C’est l’une des questions qui câlinent nos esprits dès qu'on envisage l’après Biya. D’aucuns soutiendront que le président laissera derrière lui une femme, cinq enfants et des comptes bancaires, pour assurer l’avenir de sa progéniture et de sa veuve. Ce serait toutefois avoir une vision étriquée et bâclée d’un avenir dont les contours demeurent obscurs. Que se passera-t-il au Cameroun au lendemain de l’empêchement définitif du président ? Même Paul Biya n'en sait rien. Si le pouvoir fait l’homme et sa cour, la perte du pouvoir les défait inéluctablement. Et quand on pense à la première Dame du Cameroun, on ne peut s’empêcher d’avoir un regard rétrospectif sur le 05 octobre dernier, lorsqu’elle a publiquement jeté la honte sur son mari durant les obsèques du frère aîné de ce dernier. Nous avions alors, à cette époque, qualifié son attitude d’intolérable, car en mondovision, elle avait porté le discrédit sur l’image du chef de l’Etat. Et pourtant, une autre école a estimé que ce comportement rébarbatif et condamnable de Chantal Biya était prémédité, et même calculé. Elle avait, d'après cette école, raison d'exposer ainsi les turpitudes actuelles que rencontre son couple. En vouant aux gémonies les images que l’on avait encore dans nos têtes d’un couple présidentiel rentrant au Cameroun bras dessus bras dessous le 10 septembre 2012, elle a voulu nous prouver que tout cela n’était que de la poudre aux yeux et que le malaise au sein du couple présidentiel n’était pas feint. Non, pour elle, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cet emportement stratégique visait à prendre les Camerounais à témoins quant aux jours pénibles qu’elle vit auprès de son mari, une pénibilité due aux multiples interrogations qu’elle nourrit quant à l’après Biya, pour elle et pour ses enfants. Notre première Dame est inquiète. Mais ses inquiétudes sont-elles légitimes ? Nous pensons que oui. Voici pourquoi. Que Paul Biya évite Ban Ki Moon ne la rassure pas Durant la 67ème assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenue du 18 septembre au 1er octobre derniers, Paul Biya n’y a pas mis les pieds. Des supputations vont aller bon train quant à cette absence, mais personne ne semblera être surpris. On sait que Biya n’a jamais été friand de sommets. Et pourtant, si le président a évincé de son calendrier des activités sa présence à cette assemblée générale, c’est parce qu’il voulait absolument éviter Ban Ki Moon, le secrétaire général des Nations Unies. En effet, comme nous vous l’avions expliqué auparavant, Paul Biya avait promis au Sg de l’Onu que l’élection présidentielle de 2011 était pour lui la dernière, qu’il n’avait besoin que de peu de temps pour assainir le Cameroun et mettre résolument son pays sur les voies du développement. De ce fait, il avait donné sa parole à Ban Ki Moon de quitter le pouvoir 3 ans après le début de son septennat. Or, Paul Biya n’a pas l’intention de s'extirper de son fau-

teuil présidentiel. Sachant que, notamment grâce à ses « sécurocrates », il tient le Cameroun d’une main de fer, il ne veut plus bouger. Comment pouvait-il donc se rendre à New York et regarder Ban Ki Moon droit dans les yeux tout en sachant que la promesse faite demandait déjà un début d’exécution ? Paul Biya n’est pas prêt à passer la main. Bien plus encore qu’il a brillamment réussi à passer indemne entre les mailles des filets des différents « printemps » qui ont secoué le continent à un certain moment. Le Cameroun n’aura pas connu ces turpitudes, Paul Biya ayant fait des pieds et des mains pour que nous ne soyons pas contaminés. Fort de cela, il sait que le vent de cette Perestroïka est passé pour le Cameroun. Or, Ban Ki Moon, à qui le président camerounais a fait des promesses, ne l’entend pas de cette oreille. Il souhaite ardemment que Biya tienne parole. C’est d’ailleurs pour cela que Ban Ki Moon a envoyé son représentant spécial en Afrique Centrale, Abou Moussa, le 19 octobre dernier, à la rencontre du chef de l'Etat. Officiellement, l’entretien avait porté essentiellement sur les problèmes de paix et de sécurité en Afrique centrale, ainsi que sur les questions de l’intégration sous-régionale. Mais loin des discours policés qu’on a tenté de nous servir au sortir de cette audience, il nous apparaît que cette rencontre entre Abou Moussa et Paul Biya était pleine de sens. Car, le Sg de l’Onu, ayant compris que Biya tentait de le rouler dans la farine, a

Paul Biya avait fait des promesses à Ban Ki moon qu’il ne veut plus tenir

dépêché cet émissaire pour lui rappeler la teneur des engagements pris par lui. Chantal Biya, qui est au courant de toutes les manœuvres déployées par son époux pour demeurer au pouvoir, même en flouant les grands de ce monde, s’en inquiète. La négociation d’une sortie honorable par Paul Biya, apporterait quelque gage de sécurité à la Dame d’Etoudi. Rappelons-nous que Chantal Biya est une femme qui à 23 ans, soit le 23 avril 1994, est devenue l’épouse d’un chef d’Etat alors âgé de 61 ans. D’une certaine manière, son mari était encore fort et vigoureux, et il était prématuré pour elle de penser que les beaux jours qu’elle vivait tendraient inexorablement vers leur fin. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les interrogations ont fait jour. Elle voit bien que la courbe de vie de son époux tire vers le sol. La donne a changé. Agé de 43 ans à ce jour alors que son époux flirte avec 80 ans (il est né en 1933), la Dame d’Etoudi sait qu’elle est encore

Est-elle encore si heureuse ?

jeune et qu’il lui reste encore du temps à vivre. Or, l’avenir est d’autant plus incertain pour elle qu’il l’est pour ses enfants. En effet, dans tout le sérail, on a compris que le dieu national allait bientôt tirer sa révérence et les luttes de positionnement font rage. Elle n’a aucune visibilité (même son mari ne peut prévoir ce qui va se passer), alors que l’hyperpersonnalisation du pouvoir par son mari a débouché sur une opération d’épuration politique d’envergure. Nulle part dans le monde, cela ne s’est vu : embastillement de 4 ex secrétaires généraux à la présidence, d’un ex premier ministre, des ex ministres et directeurs généraux. Il est allé jusqu’à écrouer l’homme qui avait conduit sa femme à l’autel lors de son mariage avec Chantal : Dieudonné Angoula, mort depuis lors en détention. Paul Biya qui sait pertinemment qu’il va s’accrocher au pouvoir jusqu’à ce que mort s’en suive, sait que ses actions auront des répercussions politiques dramatiques dans un futur proche ou lointain. Sa femme, qui est tous les jours à ses côtés, le pressent. Comme pourchassé par son karma, il faudra bien qu’il paye. Or, s’il n’est plus de ce monde, quels sont ceux qui deviendront les cibles privilégiées des conséquences de cette épuration du « Nnom Ngui » ? Nul doute que l’attention va se porter sur sa femme et ses enfants. En effet, cette personnalisation exacerbée du pouvoir par Paul Biya laissera des séquelles graves, et laissera béante des rancœurs qui ne se refermeront qu’une fois la vengeance consommée. Pour les familles des victimes de cette épuration politique qui voient la main de fer du président derrière ce processus, il y a des risques que sa famille devienne le destinataire phare de toutes les rancunes accumulées pendant le règne de son époux. Chantal Biya a donc raison de ce fait de craindre pour son futur et celui de ses enfants. Ces rancœurs peuvent en effet ouvrir le champ à des règlements de compte. On se rappelle ce qu’a vécu la famille de Mobutu Sesse Seko dès sa déchéance en 1997. Ce nom à lui seul n’était plus en odeur de sainteté avec les populations. Les victimes du défunt « roi » du Zaïre vont même, pour la présidentielle de 2006, alors que l’un des fils Mobutu (François Joseph Nzanga Mobutu) guettait le pouvoir suprême, le menacer d’une forme d’Al-

Qaeda s’il ne se retirait pas. Ce destin pas pour le moins reluisant plane aussi sur les enfants de Biya, du fait de la gestion de leur père, considéré à bien des égards par une certaine mémoire collective comme un fossoyeur national à la mémoire de qui on demandera des comptes. De plus, ces ex caciques devenus pensionnaires de l’espace carcéral ne sont pas des petits poissons. On parle de proches collaborateurs du chef de l’Etat, qui sont au courant des informations auxquelles nous ne pensons même pas encore. Quand le vrai grand déballage va commencer, chacun de ces gens ayant presque toujours des cadavres dans le placard, les scandales déclenchés risquent d’éclabousser aussi Chantal Biya. La faiblesse de nos institutions lui fait froid dans le dos Le secret de polichinelle, c’est que la fin du régime Biya est proche. S’il est plus que probable que jamais les urnes n’auront raison de lui, la nature quant à elle a toujours le dernier mot. Les luttes de positionnement et les ba-

Une famille qu'elle veut tant protéger

tailles rangées de succession, qui viennent confirmer la fébrilité de nos institutions dans un Etat purement tribal, pousse Chantal Biya à s’interroger sur son avenir, elle qui déjà sur le plan constitutionnel ne représente rien. Que deviendra-t-elle au milieu de toutes les agitations qui vont s’en suivre. Etant donné que les mécanismes constitutionnels d’alternance au sommet de l’Etat ont été mis à rude épreuve chaque fois que l’occasion s’est présentée, d’après de nombreux analystes, les premiers jours de l’après Biya vont être cruciaux, mais il est

N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

probable qu’on bascule dans une période de troubles, même brève. La faiblesse institutionnelle aidant, les militaires prendront le pouvoir, même si ce sera pour le remettre plus tard à un civil. Il est évident que la constitution ne sera plus qu’un vulgaire document sans valeur. Personne ne respectera sa lettre. Chantal Biya a besoin de garanties car, durant ces moments, tout pourrait se passer. Qu’adviendrait-il d’elle si elle était prise entre deux feux ? Qui lui garantirait la sécurité, la protection et l’immunité ? Ce sont là les questions auxquelles elle-même n’a pas encore des réponses idoines et rassurantes. Avec le vide politique qui risque de prendre le pays entier de court, les monstres du régime vont s’entredévorer. Même au sein du clan Béti, les luttes vont sévir entre Bulu, Ewondo, et Eton. Et si c’est une tendance qui lui est hostile qui prend le pouvoir, voilà qui ne sera pas de bon augure pour elle. Elle pourrait payer cher le fait d’avoir un jour entretenu des relations houleuses avec certains collaborateurs de son époux qui peut-être à ce moment-là, seront en position de force. C’est pour cela que, dans une de nos éditions, nous soutenions qu’avant de la ramener au pays le 10 septembre dernier suite à sa longue absence, le président avait dû faire des promesses et des concessions à son épouse. A ce jour, il ne les a pas encore tenues. Elle veut des actes concrets de la part de son mari, qui lui apporteront des gages de sûreté pour son avenir, ce que Paul Biya ne lui a pas encore donné. On comprend donc aisément les tenants et les aboutissants du scandale de Mvomeka’a. Mais que réclame-t-elle si désespérément ? Ce qu’elle veut La première Dame veut absolument que le futur président de la République soit issu de la même localité qu’elle. Seul son « frère » peut, d’après elle, lui garantir la protection, la sécurité et l’immunité dont elle pourrait avoir besoin en cas d’empêchement définitif de son mari. Elle a appris cette pratique de positionnement à la bonne école, celle de son mari qui lui a montré que s’il a pu faire 30 ans au pouvoir, c’est parce qu’il a pu être aidé en cela par ses frères à lui. Une pratique qu’elle veut reprendre à son compte. Elle voudrait donc installer des éléments à des postes stratégiques de l’appareil étatique, qui lui assureraient des lendemains tranquilles, en jouant sur la « filiation » si les choses basculaient dans le mauvais sens. Paul Biya qui, en la ramenant au bercail, lui avait promis d’accéder favorablement à ses désidératas traîne les pieds, et la première Dame s’impatiente, puisqu’elle ne peut arrêter le

Ce jour où coulèrent le lait et le miel

compteur du temps. Après la désignation des secrétaires généraux des ministères, d’aucuns avaient prédit l’arrivée imminente d’un tsunami qui allait balayer les indésirables de la première Dame tout en installant ses proches. Que nenni ! Le deal secret passé avec son époux tarde à prendre effet. Pour le moment, ses « frères » dans la machine exécutive ne font pas le poids et d’ailleurs, ne sont pas lé-

Politique

Emergence

Leila Ben Ali, Suzanne Moubarak et Simone Gbagbo, prototypes de ces premières dames qui ont mordu la poussière

gion, encore moins dans la « sécurocratie » de Biya, ni dans l’administration centrale. D’ailleurs, Paul Biya sait que installer « les frères » de sa femme à des postes clés de la République est un couteau à double tranchant, car il n’est pas exclu qu’ainsi positionnés, ils poussent « prématurément » le « Nnom Ngui » à côté. L’homme prudent voit le mal de loin. Et si Chantal Biya ne voyait pas juste

Son « frère » ou ses « frères » aux affaires ? Veut-elle absolument et rapidement se fabriquer une élite issue de la Haute-Sanaga ? Pourquoi pas ? Mais cette possibilité jouit-elle d’une absolue présomption protective pour elle ? Nous en doutons. Il n’y a rien de plus fourbe que la politique et le pouvoir. D’abord, elle pourrait affronter des trahisons de toutes parts, même de celles de ses soi-disant frères. Il faut rappeler que comme toutes les premières Dames dans les démocraties bantoues, elle n’a jamais fait l’unanimité dans les arcanes du pouvoir. Elle n’est pas ce qu’on pourrait appeler un être apolitique qui, durant le magistère de son époux s’est cantonnée dans son rôle exclusif de première Dame. Elle a toujours cherché à se constituer un réseau au sein du régime. Ses ennemis à l’intérieur de ce régime pourraient mettre sur la place publique, s’il en existe, certains faits qui la rendront comptable, même si elle n’a jamais occupé de fonction officielle. Quand le pouvoir change de main, les vestes aussi se retournent, au gré des intérêts des uns et des autres. La délation n’est jamais loin de là. Les malheurs de Chantal Biya peuvent dès lors être enclenchés à tout moment car, le nouveau président même s’il est issu de la même localité qu’elle, pourrait, pour donner une assise populaire et un souffle neuf à sa présidence, décider de livrer sans état d’âme l’ex première Dame à la justice par exemple, pour des faits qu’on établira. Gel des comptes, saisies des biens immobiliers, accusations de tous types, détention… seront peut-être désormais à l'ordre du jour. Les Camerounais exigeront certainement la traçabilité des financements de ses activités et pour le nouveau président, tous les moyens seront bons pour les satisfaire. Si Paul Biya n’avait pas hésité à se débarrasser de son pygmalion Ahidjo pour asseoir son pouvoir, qu’est-ce qui pourrait empêcher son successeur, même s’il a un lien de filiation avec sa femme, de s’en débarrasser à son tour pour ne pas donner l’impression aux Camerounais de couvrir ceux envers lesquels peut-être se porteront leurs griefs ? Ce qui se passe dans les autres pays montre que d’une façon ou d’une autre, les premières Dames sont autant comptables des malheurs du pays que leurs époux. Ces exemples d’ailleurs qui la paniquent

La première Dame panique davantage quand elle observe le tragique destin de ses homologues africaines victimes de la brutale chute de leurs époux, depuis les printemps arabes jusqu'au printemps ivoirien. Comme l’une des bénéficiaires du régime, il n’est pas exclu qu’on s’interroge, à la suite des révélations qui seront faites, sur ses activités, sa fortune. Qui l’eut par exemple cru, en ce qui concerne Leila Ben Ali, la femme de l’ex homme fort tunisien, Zine El-Abidine Ben Ali. Comme à Chantal Biya, on lui avait taillé une image de marque. En son temps, elle était adulée pour ses activités caritatives. Elle a présidé l’organisation des femmes arabes. En 2000, elle a même été élue par un journal russe « personnalité mondiale de la famille ». En mai 2010, elle fut la seule personnalité à figurer parmi les 50 Arabes les plus influents… Tant de lauriers qui n’ont empêché en rien qu’on la présente comme étant à l’ori-

Même en priant avec ferveur, difficile pour lui de predire l'avenir

gine de la généralisation de la corruption en Tunisie, une fois son mari tombé en disgrâce. Aujourd’hui, Leila Ben Ali est un repris de justice, condamnée par contumace à 35 ans de prison et plus de 25 milliards de Fcfa d’amende pour détournement et diverses malversations. Quand le pouvoir s’en va. Un autre exemple, c’est celui Suzanne Moubarak. A elle aussi, comme à notre première Dame, on lui avait bâtie une prestigieuse réputation. Elle aussi dirigea des associations caritatives, présida le Rotary Club. Que reste-t-il de tout cela ? Après la chute du Rais, tous ses verrous sécuritaires ont sauté. Des affaires de malversations ont jailli de l’ombre. On a ainsi estimé qu’au titre de ses activités caritatives, elle aurait détourné 5 milliards de dollar de dons. Elle fut même mise en détention préventive dans le cadre d’une enquête pour corruption. Cela aurait-il été possible si le Rais avait encore été aux affaires ? Nous en doutons fort. En Afrique Subsaharienne, la veuve de Lansana Conté le feu président de la Guinée Conakry, Henriette, dont le mari était mort au pouvoir, a subitement vu ses immunités fondre comme neige au soleil. En 2009, on a même évoqué l’hypothèse de son arrestation. Son nom a été cité dans des affaires de narcotrafic, de ventes illégales des domaines de l’Etat… Bref tout ce qui

7

n’avait jamais été possible pendant que son mari était au pouvoir, l’était désormais. Enfin, qui n’a pas vu en mondovision la déchéance de Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien ? Suite à l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, après dix jours de combats entre partisans pro-Ouattara soutenus par l'ONUCI et la force Licorne, et partisans pro-Gbagbo, Simone Gbagbo et son époux sont arrêtés par les forces d'Alassane Ouattara, le 11 avril 2011. Ils sont tous les deux placés en état d'arrestation au Golf Hôtel d’Abidjan. Par la suite, son mari est transféré et assigné à résidence à Korogho, dans le nord du pays7. Le 23 avril, elle quitte Abidjan et est placée à son tour en résidence surveillée à Odienné, une autre localité du nord ivoirien. Dans le cadre d'enquêtes visant 200 personnes liées à l'ancienne présidence, elle est auditionnée par le procureur de la République d'Abidjan le 8 mai, hors de la présence de ses avocats français (Roland Dumas et Jacques Vergès). Le 18 août 2011, comme son mari, elle est inculpée et placée en détention préventive pour « vol aggravé, détournement de deniers publics, concussion, pillage et atteinte à l'économie nationale ». En 2004, le directeur exécutif de l'Onusida dira que "la première Dame du Cameroun joue un rôle exceptionnel dans la lutte contre le Sida non seulement au Cameroun, mais aussi en Afrique...Pour moi, Chantal Biya est l'une des stars de la lutte contre le Sida dans le monde". Ces discours de reconnaissance, on les a souvent tenus à l'égard d'autres premières Dames. Ont-ils cependant suffi à calmer les mauvaises ardeurs lorsque les rideaux sont tombés? La vérité est que le peuple a un appétit vorace pour les femmes des présidents déchus, pour la simple raison que rejaillit presque toujours leur forte influence sur la personne de leurs époux, tant et si bien qu’on en conclut souvent qu’elles ont codirigé le pays, puisqu'elles influent largement sur la sélection de certaines politiques mises en œuvre. Elles ont pour habitude d'intervenir largement dans le choix des collaborateurs de leurs époux. Ces pressions exercées sur leurs présidents de mari pour obtenir ce qui leur plaît, pour faire nommer leurs proches à des postes clés ou pour leur accorder des faveurs et des facilitations illégales, plus tard les exposent. Chantal Biya aurait-elle dès lors, comme ses congénères ci-dessus citées, des choses à cacher qui la pousseraient à amener son mari à la doter d’une carapace d’acier avant de tirer sa révérence ? N’ayez pas peur Le pape Jean-Paul II n’avait-il pas déclaré à travers cette phrase devenue célèbre : « N’ayez pas peur » ? Si Chantal Biya a dû comprendre que la roue est entrain de tourner et que peutêtre, après des moments de joies viendront ceux des grincements de dents, elle devrait tout simplement garder la tête haute. Car, en affichant sa peur en public, en se comportant comme elle l’a fait à Mvomeka’a, elle contribue à afficher sa fébrilité aux yeux du monde. En outre, les Camerounais tiennent à leur havre de paix. Nous avons tellement appris de l’ère du maquis ou de celle du coup d’Etat de 1984 ou encore de celle relative aux troubles postélectoraux de 1992. Trop de sang a déjà été versé durant ces tristes épopées. Désormais, la nation entière est éprise de paix. Mais pas cette paix que nous conte tous les jours le chef de l’Etat, mais plutôt une paix consciencieuse, élaborée à partir des expériences douloureuses que le pays a subies. MagNus Biaga

8

société

Emergence N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

BaRReaU dU CaMeRoUn

en ordre dispersé Depuis quelques mois, une nouvelle équipe dirigeante au barreau du Cameroun fait ses classes. Malgré cela, de nombreux membres de l’ordre des avocats versent dans le scepticisme quant à la possibilité pour l'ordre de s’affirmer réellement.

L

e pugilat électoral à la faveur duquel Me Sama Francis Asanga a émergé comme nouveau bâtonnier, n’aura rien changé. Les sombres teintes d’une cure mal conçue, donc mal accouchée viennent dévaluer davantage le crédit que l’on pourrait accorder à l’ordre national des avocats du Cameroun. Le barreau crée le malaise, tristement auréolé par une déliquescence qui met en berne le moral de certains de ses membres. « Je ne veux plus entendre parler des affaires de l’ordre », nous confie cette avocate légendaire dans la profession, et qui préfère rester dans l'anonymat. Le barreau du Cameroun, on le dirait bien, semble avoir conclu un pacte avec l’ordre du désordre. Nombreux sont donc ces avocats qui se sont blottis dans les bras du découragement. Si la plupart se refusent à être diserts sur la question parce qu’ils ne « veulent pas mettre à mal la profession », sous cape ou de manière dévoilée, les hommes en robe noire sont d’avis que le barreau du Cameroun clopine, très en phase avec une période de déconstruction qui n’en finit plus. Une enveloppe en or au contenu infect L’ordre a tourné le dos à ses missions régaliennes, principalement celle de faire rempart contre le système politique devenu absolu. Me Emmanuel Yinda Yinda, avocat au barreau du Cameroun, remarque : « Depuis des lustres, le barreau ne me semble pas faire son travail, car la profession a perdu ses lettres de noblesse. Tant au Cameroun qu’ailleurs, ce sont en principe les avocats qui mènent le peloton ». Sauf qu'au Cameroun, non seulement l’ordre est à la lisière de ce peloton, mais encore, il avance à cloche-pied. Il s’est en effet invité au banquet du virus du mal, miné par la mal-gouvernance et les questions d’éthique. « Beaucoup d’avocats préfèrent ainsi ne plus évoquer les problèmes du barreau parce qu’on y a introduit le favoritisme, le népotisme, le tribalisme… », s’indigne notre avocate anonyme. Comment en est-on arrivé là ? Les uns et les autres pointent du doigt le système en place qui aura réussi à inoculer à l’ordre toutes les tares sociales ci-dessus citées. Et l’ordre semble s’être accommodé de ces aléas. Une aisance en eaux troubles que d’aucuns fustigent sévèrement : « L’ordre soutient ce désordre. C’est un état des choses qui les arrange puisqu’il leur permet de devenir bâtonnier. Le barreau du Cameroun

Le bâtonnier Sama Francis Asanga attendu au tournant

fonctionne comme le système camerounais fonctionne ». On en profite d’ailleurs pour indexer par exemple toutes les élections qui y ont souvent eu lieu et qui épousent sans coup férir l’achat des consciences, les fraudes, les cooptations.

C’est une question d’individus. Quand il y a des avocats qui nourrissent des ambitions politiques, qui sont membres du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), ils sont obligés de se compromettre ». Mais s’il est vrai que « le bâtonnier n’est pas sous les ordres du ministère de la justice », un changement drastique de cap pourrait déclencher les foudres noires du régime. Une larme pour les héros d’antan

Pour le comprendre, il faut refaire une immersion dans la dernière assemblée générale de l’ordre. Comme le remarque Me Emmanuel Simh, avocat au barreau du Cameroun : « Pour élire un président et un vice-président de l’assemblée générale, 15 membres du conseil de l’ordre, et un bâtonnier, il aura fallu quatre jours à Bamenda. Cela veut dire que le système électoral qui est en place est défaillant ». Toutes choses qui font du barreau une copie du modèle social, une corporation-potiche dit-on, à la solde du pouvoir. Ceci alors que, comme le rappelle Me Yinda Yinda, l’ordre doit « redorer son blason en s’affirmant sur le plan social, économique et même politique ». L’ordre du silence Ces derniers jours au Cameroun, les questions liées à la démocratie et aux droits de l’homme en général sont devenues redondantes. La récente actualité relative aux conférences de presse interdites du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) a rendu fertile le champ d’intervention des différents pans de l’univers sociopolitique camerounais. Du côté du barreau du Cameroun, c’est le silence radio. Aucune prise de position. Me Yinda Yinda, joue la prudence quant au silence du barreau sur les grandes questions de l’heure : « Je ne pense pas que le barreau soit silencieux. C’est le système qui ne permet pas aujourd’hui que les avocats puissent s’affirmer. En 1990, ce sont les avocats qui ont poussé ce pays vers le multipartisme. Aujourd’hui, il faut que le système politique donne aux avocats de faire leur travail sans toutefois avoir peur du pouvoir ». Une question de système politique qui doit moins tirer sur la corde, alors qu’on évolue dans un contexte où rien ne se donne mais où tout s’arrache. Si Paul Biya avait à l’époque estimé que la vérité vient d’en haut, tous ceux qui pensent le contraire s’exposent aux représailles. L’ordre des avocats a tout simplement perdu ses positions sur les premières lignes lorsque les intérêts nationaux sont en danger. On a adopté un code électoral censitaire, l’ordre a gardé le silence. On a mis en place un tribunal criminel spécial qui viole les principes les plus fondamentaux en droit, la corporation est restée à quia. On a transféré des citoyens Camerounais de la prison de Kondengui au secrétariat d’Etat à la défense (Sed), l’ordre n’a pas levé le petit doigt. Plus loin, on a modifié la constitution en violation du consensus national, sans que cela n’émeuve le barreau, qui tend à devenir la Grande Muette. On a l’impression que ceux qui jusqu’alors avaient en charge le

barreau avaient des intérêts politiques qui leur interdisaient de prendre position. Et pourtant, comme le souligne un membre de l’ordre : « Un barreau est un contre-pouvoir qui doit interpeller le pouvoir, diagnostiquer les dérives et tenter de les corriger ». L’ordre est timoré et c’est une question d’individus. Un membre de l’ordre précise que : « Il faudrait que lorsqu’on élit un bâtonnier, que ce dernier soit un modèle car c’est lui qui tient le bâton. Lorsqu’un problème politique ou social se pose, le barreau, sous la houlette de son bâtonnier, doit prendre position sans détour ». On l’aura notamment vu en Tunisie où l’ordre des avocats avait clairement pris position lors des révolutions arabes pour lutter contre l'injustice, le despotisme et la dictature. Les avocats en Tunisie sont parmi ceux-là qui ont défendu les principes fondamentaux des droits de l'Homme et les libertés. Les barreaux du Maghreb en général, auront mené un combat acharné pour les droits fondamentaux des citoyens, en l'occurrence la liberté d'expression et d'opinion, la préservation et le respect de la primauté des institutions du gouvernement. Cette année, il s’est même tenue la première session de la réunion du bureau permanent de l'union des avocats arabes, avec pour objectif affiché de réussir le processus de transition dans les pays arabes. Barreau et tutelle ne font-ils qu’un ? L’idée générale qui ressort des diverses conversations avec des membres de l’ordre est que l’ordre est non seulement un peu trop inféodé par le système politique, mais encore qu’il mange dans la main de la tutelle (le ministère de la justice). « Ce sont les avocats eux-mêmes qui se sont incrustés à la tutelle, parce qu’on a l’habitude de promettre aux bâtonniers des postes de ministres », nous confie-t-on. Le barreau ne devrait-il pas s’arracher des mailles de cette institution tutélaire qui tient fermement la laisse ? Me Emmanuel Yinda Yinda monte au créneau : « Il faut des hommes de cœur, des dirigeants courageux. Il faudrait que le bâtonnier et le président de l’assemblée générale qui viennent d’être élus impulsent une nouvelle dynamique au sein du barreau du Cameroun ». La raison invoquée en est que l’ordre s’est laissé négativement irradier par la tutelle. Il se serait outrageusement politisé devenant par-là même le portrait craché du système en place. Et pourtant, comme le souligne Me Yinda Yinda, « Je ne pense pas que le barreau n’arrive pas à s’exprimer parce que le système a déteint sur lui. Aujourd’hui, le système ne peut pas taire le barreau.

En 1990, année de braise, quand la rue se met à réclamer le multipartisme au Cameroun, l’un des premiers Camerounais à mettre sur pied un parti politique est avocat : Black Yondo. Il fut d’ailleurs arrêté pour cette initiative jugée subversive. L’ordre des avocats se leva alors comme un seul homme, sous la houlette des hommes tels que Me Lembe, Bernard Muna… pour demander la libération de Me Yondo. Ils parvinrent à leur fin et l’avocat embastillé fut libéré. D’ailleurs, Me Lembe disait à cette époque que l’ordre des avocats doit être le chien de garde de la liberté des citoyens, de la démocratie et des valeurs de cette démocratie. Il devrait avoir une place centrale dans la société civile car, sous d’autres cieux, le barreau a toujours été un réservoir de leadership. C’est souvent chez les avocats qu’on a retrouvé des chefs d’Etat. Bill Clinton, Barack Obama, Nicholas Sarkozy, Abdoulaye Wade… sont tous des avocats. La marche vers une véritable force vive « Ils ne veulent pas que le barreau devienne une force vive. Lors de l’affaire Black Yondo, le pouvoir s’est vite rendu compte que le barreau pouvait constituer une force. Et ils ont mis tout en œuvre pour briser cette puissance montante. Voilà pourquoi aujourd’hui, le barreau n’est plus que l’ombre de luimême, et ça ne changera pas tant que l’environnement ne change pas ». Certes, l’ordre des avocats fait pâle figure. Cependant, comme le dit Valère Kuaté : « Le monde est dangereux à vivre, non à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Parmi les membres de l’ordre, nombreux sont ceux-là qui, en affichant un certain pessimisme, préfèrent quand même ne pas complètement fermer la porte à l’espoir, surtout face à l’équipe dirigeante qui depuis peu s’est mise en branle. Me Yinda Yinda : « Lors de sa campagne, le nouveau bâtonnier a promis de tout faire pour que le barreau retrouve ses lettres de noblesse. Je pense qu’avec lui, les choses avanceront ». Mais il penche pour cela vers un certain nombre de mesures que devrait prendre ce barreau revigoré : « Il faudrait que le barreau oblige la tutelle à insérer les avocats de bonne moralité dans la préparation des textes de loi en général. Sur la prise des décisions, il faudrait que le chef de l’Etat avant de prendre des décisions d’ordre juridique, consulte le barreau. Pareil pour ce qui concerne l’organisation des élections présidentielles ou législatives ». Sauf que l’Etat aura bien du mal à inclure l’ordre dans un quelconque processus de prise de décision. Il faudrait surtout que l’ordre s’inscrive dans un processus de toilettage systémique ; ne pas attendre un improbable appel du pied du pouvoir, mais fournir des efforts pour s’ériger en une entité incontournable qui s’impose d’elle-même. Les avocats sont un facteur de contrebalance entre les citoyens et les hyperpuissants du système. Sans barreau fort, pas de justice forte en retour.

KaMi JEffErsoN

N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

Société

Emergence

Me eMManUel siMh

9

« nous devons avoir à l’ordre des avocats des hommes qui savent combattre, monter au créneau pour être des chiens de garde. des hommes qui ont la volonté de servir et non de se servir ». Membre de l’ordre des avocats, l’avocat prend position sur les questions liées au barreau du Cameroun. Quel regard jetez-vous sur le barreau du Cameroun aujourd’hui ? Le barreau du Cameroun renvoie l’image d’une corporation décapitée, qui n’est plus une corporation d’hommes distingués qu’elle devait être. L’ordre devrait être celui d’hommes distingués pour qui la probité ordinaire n’est pas assez, des hommes qui poussent le culte de la vertu à l’irréprochabilité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. C’est un ordre traversé par des intrigues, le tribalisme, les guerres de positionnement. Ce tableau a été encore plus attristé par le récent combat de coqs qu’il y a eu entre l’ex bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Eta Besong Junior et le président de l’assemblée générale de l’ordre, Me Hyppolite Meli qui, pendant deux années se sont tiré des flèches, parfois publiant des lettres dans lesquelles l’un invectivait l’autre. Et que pensez-vous du bâtonnier Me Sama Francis Asanga ? Je connais personnellement Me Francis Sama. Je pense qu’il porte en lui les valeurs séculaires de l’ordre, c’est-à-dire, celles qui sont d’être le chien de garde de la démocratie, de la défense des libertés, de la défense des droits de la veuve et de l’orphelin. Me Sama, qui est un militant des droits de l’homme reconnu, se fera fort de ramener l’ordre des avocats à ses valeurs ancestrales.

L’ordre aurait-il été inoculé par le virus des tripatouillages électoraux tant il y a eu des plaintes à l’issue des résultats des dernières élections pendant l’assemblée générale de Bamenda ? Pour le comprendre, il ne faut pas être sorcier. A la dernière assemblée générale, pour élire un président et son vice, 15 membres du conseil de l’ordre et un bâtonnier, il aura fallu quatre jours à Bamenda. Cela signifie que le système électoral qui est en place est défaillant. Cela fait des années qu’on milite pour la mise en place d’un système électoral informatisé. Il y a certains d’entre nous qui essaient de ramener les tares sociales dans la corporation. On a même vu avant la tenue de l’élection de Bamenda des réunions convoquées sur une base tribale. Il faut créer un système électoral qui ne tienne plus compte de ces considérations. Qu’on cesse d’avoir des avocats qui se positionnent dans l’espoir de devenir ministres, mais des bâtonniers qui sont entièrement au service de l’ordre. Justement à ce propos, est-ce que l’ordre n’a pas été entièrement politisé par le système, d’où son silence sur les grandes questions sociopolitiques de l’heure ?

hommes politiques du pouvoir. Mais un avocat doit pouvoir, quelle que soit son opinion politique, rester ferme sur les principes démocratiques, les principes de droit et de liberté. Or, on se demande si le poste de bâtonnier n’est pas devenu un tremplin pour accéder à une fonction ailleurs. C’est ce qui a fait penser que ces silences étaient orientés vers l’acquisition d’un poste au sommet de l’Etat. On dit l’ordre phagocyté par sa tutelle, ce qui rend son érection comme véritable force vive difficile.

L’ordre n’a pas été totalement politisé en tant que corporation. C’est ceux qui étaient en charge Me Sama a promis que l’ordre dede l’ordre qui se sont laissé in- vrait retrouver son autonomie. Il fluencer ou absorber par des y a une grande influence de la tu-

NOTRE PARTENAIRE MéDIA

L’information sur le Cameroun, en un clic et en temps réel, c’est sur votre site web. www.camer.be, le site le plus visité sur le Cameroun

telle sur l’ordre des avocats et le combat des membres, c’est de créer les conditions de notre indépendance, car l’ordre doit être indépendant du pouvoir politique, du parti politique au pouvoir et du ministre de la justice. Il faut pour cela des hommes de courage, de principes et d’éthique. Lorsqu’on commence à avoir des intérêts inavouables, on perd ses principes et son éthique. Nous devons avoir à l’ordre des avocats des hommes qui savent combattre, monter au créneau pour être des chiens de garde. Des hommes qui ont la volonté de servir et non de se servir. Il faut aussi que les lois changent grâce à un vrai travail de lobbying. ProPos

rECuEillis Par

KJ

IMMEUBLE R+4 A LOUER -Situé en zone résidentielle à 300m du complexe Beac (Ekié) en bordure de route bitumée -8 appartements de 3Ch.+ 3 salles d’eau avec terrasse par appartement -Une grande galerie commerciale sur tout le rez-de-chaussée Contacts: 77 62 64 60 / 95 95 50 87

10

société

Emergence N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

UniveRs dU tRavail aU CaMeRoUn

les promotions fantaisistes polluent les administrations Plusieurs jeunes fonctionnaires, le plus souvent fraichement sortis des grandes écoles se voient parachuter à des postes de responsabilités au mépris des textes en vigueur. Ceci créer de nombreuses frustrations au sein de nos administrations tout en pourrissant les rapports sociaux. Décryptage.

L

’expérience professionnelle ne s’achète pas. Elle s’acquiert surtout sur la durée et au contact de certaines réalités de terrain qu’aucun enseignant, fut-il excellent dans son domaine, ne peut faire apprendre. C’est pourquoi, généralement, à chaque appel à candidature, même si c’est parfois pour la forme, il y est adjoint la célèbre mention : Avoir au moins 05 ans d’expérience. Seulement, les pratiques en cours dans notre fonction publique ou même dans le para public et le privé donnent du tournis. Il y a environ 06 mois, une radio privée qui s’est construit une assez bonne réputation en termes de professionnalisme depuis des années, Radio Tiemeni Siantou en l’occurrence, connaissait des défections en cascade de ses plus brillantes signatures. Raison, la nomination de Valéry Siantou, fils du fondateur Lucien Wantou Siantou au poste d’administrateur exécutif. Le rejeton du promoteur du groupe Siantou, qui a certainement fait de brillantes études aux EtatsUnis n’a pas tardé à montrer ses lacunes en gestion des ressources humaines et à créer toutes sortes de misères à ceux-là qui ont mis cette radio urbaine sur le piédestal. Cette gestion cavalière n’a pas tardé à provoquer des départs : les animateurs Frenzy Fantômas et Ben Benjo, le journaliste Innocent Tatchou ou encore le technicien d’écran sonore Joe Ebonda ont ainsi quitté le navire avant qu’il ne coule. Des départs qui font suite à ceux de Bouba Ngomna, chef de desk sport ; Paulin Mballa, chef de desk économie ; Emmanuel Jules Ntap rédacteur-en-chef. Dans la fonction publique les promotions sont tout aussi surréalistes. Mohammadou, conseiller de jeunesse et d’animation et cadre au ministère de l’économie, du plan et l’aménagement du territoire se souvient d’un parcours atypique. « Nous avons connu le cas d’un camarade du nom de Serge en 2002. Avant les soutenances alors que tous nos promotionnaires faisaient encore la pédagogie pratique, cet homme, qui est aujourd’hui promoteur culturel a été nommé comme directeur administratif et financier au Programme National de Gouvernance basé au Premier ministère sur hautes instructions d’on ne sait qui. » Plus près de nous, en nous penchant sur la dernière cuvée des 25.000 recrutés à la fonction publique on retrouve plusieurs hérésies du même genre. C’est ainsi qu’un certain Agbor sorti tout droit du quartier est en ce moment ins-

pecteur vérificateur au ministère du contrôle supérieur de l’Etat, titre équivalent au moins au grade de chef de service. Selon Abba, fonctionnaire, « On se pose beaucoup de questions et çà crée des frustrations parmi nous mais on endure tout cela en silence.» Et des cas comme ceci on pourrait en citer à la pelle. Ils sont chargés d’études, chefs de service, sous-directeurs le plus souvent sur la base de leurs accointances familiales ou ésotériques. Pendant que leurs camarades se démènent dans les couloirs de la fonction publique pour suivre leurs dossiers d’intégration, ces adeptes de la facilité et du moindre effort trouvent du soutien auMinistère de la fonction publique: siège des valeurs à l’envers près de certaines hautes personnalités ayant la même petitesse d’esprit qu’eux et sont pa- hésion qui doivent en principe ré- dans l’acquisition des véhicules, rachutés à des postes qu’ils ne gner dans toute administration terrains, immeubles et chapeaupour parvenir à des résultats effi- tent le tout par un mépris et un maitrisent ni d’Adam ni d’Eve. cients. L’expérience ne peut s’ac- dédain innommable à l’endroit de quérir qu’au contact de certaines ceux qu’ils ont trouvé dans la Les textes sont pourtant clairs réalités. C’est pourquoi l’Etat a boite et qui sont en réalité mieux Pourtant l’article 17 alinéa 1 du prévu aussi au moins un stage ou outillés qu’eux. L’un de ces fanfadécret N°2001/108/PM du 20 une session de formation au Ca- rons, sorti de l’Institut de la Jeumars 2001 fixant les modalités meroun ou à l’étranger tous les nesse et des sports comme d’évaluation des performances cinq(5) ans pour les fonction- conseiller de jeunesse et d’animaprofessionnelles des fonction- naires. Et selon l’article 4 alinéas tion en 2002 et propulsé du coup naires stipule que l’évaluation 2 et 3 du décret N°2000/697/PM au poste de chef de service au conditionne l’évolution de la car- du 13 septembre 2000 fixant le Fonds spécial d’équipement et rière du fonctionnaire notam- régime de la formation perma- d’Intervention intercommunale « ment pour ce qui est de nente des fonctionnaires, les N’osait même plus prendre le tél’avancement. En plus un fonc- stages de formation et de perfec- léphone » selon un de ses promoqui a requis tionnaire en cours de régularisa- tionnement conduisent, suivant tionnaires tion ne peut être évalué sauf cas le cas, à l’acquisition d’un titre l’anonymat. Il est redescendu sur de force majeure dument justifiée nouveau ou à l’amélioration des terre, lorsque son parrain, un anpar son supérieur hiérarchique. connaissances professionnelles cien ministre de l’administration Au sens du présent décret, est du fonctionnaire. Ils peuvent don- territoriale et ancien gouverneur considéré comme stagiaire et sou- ner droit à une intégration, à un jadis Pca de cette structure mis à un stage probatoire : reclassement, à un changement n’était plus aux affaires et qu’il a L’agent nouvellement recruté à de corps ou à une bonification été viré par la nouvelle équipe. un poste de travail, mais non en- d’échelon, conformément aux dis- C’est aussi le cas de plusieurs aucore titularisé dans un grade de positions des statuts particuliers tres. Selon Eric Oyono, cadre commercial d’assurances à la hiérarchie des administrations ou spéciaux. Yaoundé « Ceux qu’on nomme en de l’Etat ; Le fonctionnaire qui, Les lobbies occultes sévissent brulant les étapes oublient le en cours de carrière est admis à droit d’ainesse et méprisent les un concours professionnel perMalheureusement, d’autres autres qu’ils prennent pour des mettant l’accès à un cadre supéconsidérations non réglemen- idiots et des incapables. Ils derieur. L’Article 3.- (1) ajoute que Tout taires entrent en ligne de compte viennent le plus souvent inhufonctionnaire stagiaire nouvelle- dans ces promotions fantaisistes. mains. C’est pourquoi il faut ment recruté est soumis à une pé- Il y a certes les accointances fa- barrer la voie à de telles prariode de stage d’un an, au cours miliales qui font que c’est parfois tiques maintenant. Sinon quand de la quelle il doit prouver sa va- lors d’un repas ou au cours d’une on aura besoin de ministres ils seleur professionnelle, sa bonne beuverie que tout se décide spon- ront éligibles alors qu’ils ne mérimoralité, ainsi que son aptitude tanément. Mais, surtout, le par- tent pas.» Leurs tares ne sont physique à assumer les fonctions rainage des lobbies occultes dont mises à nu que lorsque leurs souauxquelles il aspire. Le fonction- Charles Atéba Eyéné a si savam- tiens sont ébranlés ou quand la naire stagiaire nommé dans un ment parlé dans son dernier ou- mésentente s’installe entre le cadre de la Fonction publique vrage fait très mal à nos parrain et le protégé. Serge cité n’est évalué qu’à la fin de la pé- administrations déjà minées par plus haut, prématurément direcriode normale de son stage. Cette le phénomène des faux diplômes, teur administratif et financier au évaluation doit intervenir au l’absentéisme, les lourdeurs dans PNG, n’aurait jamais été en difficours de deux (2) mois qui suivent le traitement des dossiers et bien culté s’il n’avait pas résolu de d’autres maux. Pour ces arri- viser le siège d’une section du la fin du stage. Mais au lieu de respecter les vistes, tout baigne généralement Rassemblement Démocratique textes en vigueur qu’ils ont eux- dans l’huile tant que leurs sou- du Peuple Camerounais(RDPC) mêmes mis en place, ces hautes tiens sont aux affaires. Ils vont de occupé par son parrain dans sa personnalités se mettent sciem- missions en missions, aux frais Mefou et Akono natale. ment en devoir de compromettre du contribuable camerounais, se C yr o Ndoa la cordialité, l’harmonie et la co- singularisent par l’ostentation

N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

Sport

Emergence

déBâCle ColleCtive

le Cameroun aux enfers à tous les niveaux

histo-spoRt

Après les Lions Juniors, séniors et cadets qui sont tombés comme des mouches, les Lionnes indomptables ont suivi avec une piètre prestation à la Can féminine 2012.

M

algré tous les espoirs placés en elles, les Lionnes indomptables n’ont pas atteint leur objectif à la Can féminine qui vient de s’achever en Guinée Equatoriale. Les pouliches d’Enow Ngatchou n’ont pas fait mieux qu’une qualification au second tour ; qualification finalement acquise grâce à la victoire du Nigéria sur la Côte d’Ivoire lors de la troisième et dernière journée. Une fois de plus, les coéquipières de la capitaine Christine Mani ont déçu. Un peu comme aux Jeux Olympiques de Londres 2012 où elles ont essuyé trois cuisantes défaites (0-5 face au Brésil de Martha, 0-3 face à l’Angleterre et 1-3 devant la Nouvelle Zélande), encaissé 11 buts et marqué un seul. Bien sûr grâce à Gabrielle Aboudi Onguené la meilleure joueuse de l’équipe. Sur les traces de…

Les Lionnes n’ont fait que marcher sur les traces de leurs homologues du genre

masculin. Les Lions Indomptables par exemple, et que le tirage au sort ou alors la nature a pourtant aidés en mettant la modeste équipe de Cap-Vert sur leur chemin, n’ont pas pu se qualifier pour la Can 2013. Une deuxième Can manquée a tôt fait de sonner comme la débâcle de trop. Et même dans la course pour la qualification à la coupe du monde Brésil 2014, le Cameroun classé 3ème avec seulement 3 points, derrière la RDC et la Libye est dans une situation plutôt délicate. Avant la déconvenue des Lions indomptables, leurs petits frères, à savoir les Juniors ont manqué la qualification pour la Can U20 Algérie 2013. Après avoir remporté le match aller sur le score de 2 buts à 0 au stade Omnisport Ahmadou Ahidjo, les poulains d’Engelbert Mbarga ont perdu la rencontre retour sur le score de 4 buts à 1. Et c’est le même résultat de 4-1 qu’a enregistré l’équipe cadette amenée par le coach Richard Towa, face au Bénin. Après la déculottée essuyée à Porto-Novo, l’équipe nationale cadette

n’a pas pu faire mieux qu’un match nul (1-1) à Yaoundé et ne prendra donc pas part à la Can U-17 qui se discutera au Maroc en 2013. Décidemment, cette année 2012 n’aura pas été rose pour le Cameroun qui ne prendra part à aucune compétition majeure en 2013. C’est bien regrettable pour une nation de football de cette dimension. Et on ne le dira jamais assez, c’est plus que jamais le moment de tout reconstruire dès la base. J aPhEt t. dJEtaBE

alBanie vs CaMeRoUn

le match de la relance

Les Lions indomptables affrontent l’Albanie ce mercredi. Un match qui sonne comme celui d’un nouveau départ.

L

e Cameroun qui a souvent été à l’écart lors de période Fifa sera cette fois engagé dans une rencontre amicale. Celle qui l’opposera dans deux jours à l’équipe nationale d’Albanie. Après les nombreuses contre-performances réalisées par le Cameroun ces derniers temps, cette rencontre parait comme celle idéale pour repartir sur de nouvelles bases. L’Albanie est une modeste équipe, presqu’une équipe en devenir pourrait-on dire. Et le

match amical de mercredi comme tous les autres d’ailleurs est une rencontre sans enjeu. C’est donc le moment pour Jean Paul Akono et son staff, de lancer vraiment certains jeunes comme Fabrice

Olinga, Joël Babanda et autres dans le champ de bataille. C’est le moment de leur donner du temps de jeu. Afin de leurs permettre de s’exprimer et prouver de quoi ils sont vraiment capables. Même s’il faudra laisser des joueurs comme Samuel Eto’o par exemple sur le banc des remplaçants. Grand temps, semble-t-il, de permettre à des joueurs comme Jean Armel Kana Biyick et Aboubacar Vincent de confirmer leurs belles prestations. Surtout que plusieurs habitués

tels que Landry Nguemo, Stéphane Mbia Etoundi et Aurélien Chedjou Fongang ont été finalement écartés. Le Cameroun a besoin de victoires pour se mettre en confiance, se réconcilier avec son public et bien aborder le reste des matchs de la phase qualificative pour la coupe brésilienne de 2014. Parce qu’à ce niveau, seule une participation à la prochaine coupe du monde permettra de consoler le peuple camerounais, qui a marre des débâcles et même de la honte.

J.t.d.

paRoles de legendes

« la mise en scène, c'est comme le tennis. au début, on trouve ça déjà tellement difficile de renvoyer la balle dans le court qu'on ne cherche même pas à avoir de stratégie. » Francis veber - studio Magazine - octobre 1996

F

rancis Veber, né le 28 juillet 1937 à Neuilly-sur-Seine, est un réalisateur, scénariste, producteur, dialoguiste et dramaturge français. Il est notamment connu en tant qu'auteur de comédies à grand succès public dont il a signé le scénario (Le Grand Blond avec une chaussure noire, L'Emmerdeur) ou également la mise en scène (La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs, Le Placard...). Les

scénarios de Veber privilégient le burlesque et sont réglés sur une mécanique boulevardière, reposant parfois sur le ressort du duo comique traditionnel comme l'Auguste et le clown blanc. Expatrié aux États-Unis depuis les années 1980, il signe son retour professionnel en France avec Le Dîner de cons qui, sous forme de pièce de théâtre puis de film, lui a valu l'un de ses plus grands succès. J.t.d.

11

le plus grand tennisman de tous les temps

P

rofessionnel depuis 1998, Roger Federer était encore no 1 mondial au classement technique ATP en simple jusqu'au 4 novembre 2012, une place qu'il avait déjà occupée à deux reprises (jusqu'au 6 juin 2010), dont l'une lui avait permis, du 2 février 2004 au 17 août 2008, d'établir le record absolu de semaines consécutives (237) passées à cette place. En récupérant la première place mondiale, le 9 juillet 2012 après sa 7e victoire à Wimbledon, Roger Federer est devenu le joueur de tennis ayant occupé le plus longtemps cette place, dépassant le record de 286 semaines cumulées détenu jusqu'alors par l'Américain Pete Sampras. Le 15 octobre 2012, il atteint le cap symbolique des 300 semaines passées à la tête du classement technique ATP (302 semaines au total). Le 5 novembre 2012, Novak Djokovic lui succède terminant ainsi numéro 1 mondial pour la deuxième année consécutive. Roger Federer a gagné à ce jour 76 titres, dont 23 tournois majeurs (17 Grands Chelems et 6 Masters Cups) et 21 Masters 1000. Son doublé Roland-GarrosWimbledon en 2009 lui a permis de réaliser le Grand Chelem en carrière sur quatre surfaces différentes avant de le réaliser sur cinq surfaces différentes en remportant l'Open d'Australie 2010. Vice-champion olympique en 2012, il avait gagné, quelques semaines plus tôt, le tournoi de Wimbledon, égalant ainsi le record de sept couronnements à Londres jusqu'alors détenu par le seul Pete Sampras et augmentant son record en Grand Chelem pour le porter à dix-sept titres[2]. Il détient désormais le plus long règne en tête du classement technique ATP en simple ce qui a conduit de nombreux observateurs, joueurs et spécialistes, à le considérer comme le plus grand joueur de tennis de tous les temps. Il est le seul joueur de l’histoire du tennis à avoir gagné cinq fois de suite deux tournois du Grand Chelem (le tournoi de Wimbledon et l’US Open) et réalisé par ailleurs trois fois le petit Chelem (en 2004, 2006 et 2007). Il est également le seul homme à être allé en finale de chaque tournoi du Grand Chelem au moins cinq fois, et le seul avec Novak Djokovic à être allé en finale des neuf tournois Masters 1000. Il compte de plus une série record de vingt-trois demi-finales consécutives dans les tournois du Grand Chelem[11], ainsi que de nombreux autres records. Il termine l’année calendaire à la première place mondiale à cinq reprises (en 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009). Rafael Nadal en 2008 et 2010 et Novak Djokovic en 2011 lui succèdent en tête du classement. Il est considéré avec Nadal et Djokovic comme l'un des trois monstres du tennis mondial, loin devant les autres joueurs du circuit. J.t.d.

Etranger

12

Emergence N° 121

du 12 au 18 Novembre 2012

egypte

des milliers d’islamistes réclament l’application de la charia Plus de 2 000 fondamentalistes musulmans ont manifesté ce vendredi dans le centre du Caire. Ils souhaitent que la charia soit inscrite dans la Constitution égyptienne qui est actuellement en cours d’élaboration.

P

lusieurs milliers de salafistes se sont rassemblés vendredi 9 novembre sur la place Tahrir au Caire pour exiger l’application de la charia (la loi islamique) en Égypte. Cette manifestation, baptisée "vendredi de l’application de la charia", a été lancée à l’appel de groupes fondamentalistes comme le Front salafiste et la Gamaa Islamiya. Ces ultraconservateurs manifestent contre l’article 2 du projet constitutionnel qui stipule que "les principes de la charia sont la source principale de la loi". Ils font pression pour remplacer dans la future loi fondamentale le terme de "principes" par celui de "préceptes" voire par "charia" tout court. "Le Coran est au-dessus de la Constitution" ou encore " application de la charia", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants

Guido Westerwelle: De votre paix dépend la nôtre

sur la place emblématique de la révolte populaire qui a fait chuter Hosni Moubarak en février 2011. Pain, liberté, charia" "Les manifestants reprennent aussi des slogans révolutionnaires à leur sauce comme 'Pain, liberté charia' au lieu du 'pain, liberté justice sociale'", décrit Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 en Égypte. Pour la journaliste, ce rassemblement symbolise la montée en puissance des isla-

mistes : "Avant ils n’étaient pas politisés, mais ils ont réalisé une percée importante depuis les dernières législatives. Ils gagnent du terrain notamment chez une partie de la population conservatrice qui ne se reconnait pas dans les libéraux". Les Frères musulmans, dont est issu le nouveau président Mohamed Morsi, ont pour leur part décidé de ne pas participer à cette manifestation. "Ils ont minimisé le débat sur cet article polémique car ils ne veulent pas se mettre les libéraux à dos", explique la correspondante de FRANCE 24. De son côté, le nouveau patriarche copte d’Égypte, Tawadros II, n’a pas caché son inquiétude face à ces fondamentalistes. Le chef de cette communauté chrétienne qui représente 6 à 10 % de la population égyptienne a menacé de rejeter la Constitution si celleci impose un État religieux. syNthèsE

dE

C yr o Ndoa

jUstiCe sénégalaise

karim wade sera entendu Karim Wade, fils et ancien ministre de l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, est convoqué le 15 novembre par les gendarmes. Selon les déclarations d’un haut responsable de la justice, à Dakar, le 8 novembre, une enquête est en cours sur un possible enrichissement illicite.

«

Karim Wade est convoqué le jeudi 15 novembre devant la section de recherches de la gendarmerie », a déclaré à la presse Alioune Ndao, procureur spécial de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei). Cette convocation de Karim Wade par la gendarmerie n’est pas une première pour le fils de l’ex-président du Sénégal, Abdoulaye Wade. Il avait déjà été convoqué à deux reprises en juillet. Six autres anciens responsables sénégalais sont également dans le colimateur de la justice sénégalaise. Parmi eux, les dossiers de quatre ministres de l'ex-président Wade, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Madické Niang et Samuel Sarr, ont également « été transmis à la gendarmerie » pour enquête, a ajouté M. Ndao. En outre, Tahibou Ndiaye, ex-directeur du cadastre, rattaché au ministère de l'Économie et des finances, et Doudou Diagne, ex-directeur de l'Urbanisme, sont également concernés. Liste non exhaustive Selon le procureur spécial de la Crei, « cette liste est loin d'être

exhaustive. Dans les prochains jours, d'autres personnes pourraient s'y ajouter. Nous avons reçu des informations (selon lesquelles) il y a eu des actes de prévarication de deniers publics. Nous sommes en train d'enquêter ». « Les enquêtes ont commencé depuis plus d'un mois. Nous sommes à la recherche de milliards détournés et sortis du pays et que nous voulons faire revenir », a dit le procureur spécial. Selon des informations de la presse sénégalaise, non confirmées officiellement, l’enquête concernerait des sommes importantes placées à l'étranger par des responsables du pouvoir d'Abdoulaye Wade. "Super ministre" Ces investigations, qui concernent par ailleurs d’autres personnalités de l’ancien régime, font suite à la demande faite par Dakar, en juin, à la Banque mondiale (BM) pour l'aider à recouvrer les « biens publics spoliés de l'État et placés à l'étranger ». Sous le mandat de son père, Karim Wade était à la tête du ministère de la Coopération internationale,

des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Énergie. Doté de gros budgets, il avait été surnommé « super ministre » ou « ministre du ciel et de la terre ». Ancien conseiller de son père, Karim Wade a également occupé plusieurs fonctions dont celle de responsable de l'Agence nationale de l'Organisation de la conférence islamique (Anoci), chargée de grands travaux avant le sommet de l'OCI, organisé en mars 2008 à Dakar. La Crei a été créée en 1981 par l'ancien président Abdou Diouf. En sommeil depuis des années, elle a été réactivée après l'élection en mars de Macky Sall, qui a remporté le scrutin face à Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis douze ans. C. o

RaCisMe sUR twitteR

Barack obama qualifié de singe Twitter, symbole du web 2.0, peut parfois vous replonger dans un passé douloureux. Entre le 1er et le 7 novembre, la twittosphère a vu défiler abondance de messages haineux à l’encontre de Barack Obama, qualifié, à l’envi, de "nègre" ou de "singe". Or, un blog britannique a eu l’idée de cartographier la provenance de ces tweets racistes. Résultat : les États-Unis ne semblent pas tout à fait sortis de la guerre de Sécession.

A

voir un président noir depuis quatre ans et le réélire pour un second mandat ne pouvait pas, du jour au lendemain, faire disparaître les « préjugés » racistes. À en croire l’abondance d’insultes envers Barack Obama, via Twitter, du 1er au 7 novembre, lendemain de sa réélection, les États-Unis en font l’expérience. Un blog britannique, FloatingSheep, a ainsi cherché à géolocaliser la provenance de ces tweets. « Nous avons sélectionné 395 des pires tweets haineux envers Obama que nous avons ensuite comparés avec le nombre total de tweets géolocalisés dans chaque État, sur la même période », expliquent les responsables. Et, sans grande surprise, c’est le Sud qui regroupe les États qui émettent proportionnellement le plus de tweets racistes. Le trio de « tête » se compose ainsi du Mississippi et de l’Alabama (loin devant) suivis de la Géorgie. Dans les dix premiers figurent également la Louisiane, le Tennessee, le Missouri et l’Utah avec sa capitale mormone Salt Lake City. Fracture Si cette carte montre une certaine fracture entre des États historiquement touchés par la ségrégation et le reste du territoire, il s’agit de les relativiser. Ainsi, la carte ne mesure pas le nombre d’utilisateurs mais de tweets. En publiant plusieurs messages d’affilée, un utilisateur n’aura donc aucun mal à faire « grimper le score » de son État. Les régions les moins touchées sont logiquement celles du Nord-Est, autour de Washington, New-York, Boston ou Chicago, ainsi que la côte ouest dans les zones de San Francisco, Los Angeles et Seattle. C. o