Elections Canada 2015

d'Elizabeth May et, le Bloc Québécois de Gilles Duceppe. En Août dernier, Stephen Harper s'était rendu à Rideau Hall, la résidence officielle des gouverneurs ...
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Les outils de communication politique en France sont ils efficaces ? En France, la communication politique n’a jamais autant été exposée que depuis les élections présidentielles de 2007. Et pourtant, aujourd’hui, les campagnes électorales françaises sont toujours soumises à des obligations et à des interdits. Un niveau d’encadrement important qui s’oppose aux stratégies de communication employées par les partis politiques, au Canada. A l’heure actuelle, dans le pays, on se prépare aux élections législatives fédérales qui auront lieu le 19 octobre prochain. Un événement majeur qui verra s’affronter le Parti Conservateur en place, représenté par le Premier Ministre Stephen Harper, aux quatre autres partis  politiques canadiens : le Nouveau Parti Démocratique (NPD) de Thomas Muclair, le Parti Libéral de Justin Trudeau, le Parti Vert d’Elizabeth May et, le Bloc Québécois de Gilles Duceppe. En Août dernier, Stephen Harper s’était rendu à Rideau Hall, la résidence officielle des gouverneurs généraux au Canada, pour demander la dissolution du 41ème Parlement. Une rupture politique qui, selon un article des Affaires, a ouvert la plus longue campagne électorale de l’histoire politique canadienne. Soit, soixante-dix huit jours de marketing politique pour convaincre les électeurs de voter, au lieu de trente-six jours, d’après le Réseau du Savoir Electoral (RSE). Une stratégie différente de celle de la France qui limite la durée des campagnes officielles à seulement deux semaines avant le scrutin. Alors que l’efficacité de la communication politique en France est parfois interrogée, notamment à cause de ses méthodes contraignantes, il est utile de regarder les outils utilisés, ici, au Canada, pour susciter l’attention des citoyens, à l’approche des élections. L’affichage publicitaire au Canada Au Canada, les élections générales, partielles et les référendums fédéraux sont administrées par le Bureau du directeur général des élections du Canada ou « Elections Canada ». Un organisme indépendant, non partisan, ayant pour mission de veiller à ce que les citoyens canadiens puissent voter et se porter candidat. Mais au-delà des procédures électorales, Elections Canada se charge aussi d’encadrer la communication des partis politiques conformément à la Loi Electorale du Canada. Car, ici, la relation entre les électeurs et les élus politiques est «  essentielle au processus démocratique », rappelle l’organisme. Pour la développer, des moyens sont mis en œuvre. Si les partis politiques canadiens ont rapidement adopté les stratégies 2.0 pour diffuser leurs messages sur les réseaux sociaux par exemple, ce n’est pas ce qui a attiré l’œil de la population en priorité. Au Canada, la communication des partis politiques, avant une élection,

est loin d’être discrète. Et pour cause, depuis le lancement officiel de la campagne électorale, le 3 Août dernier, les candidats se mettent en scène  pour séduire les électeurs. Pour ce faire, ce sont principalement des affiches traditionnelles, mais soigneusement travaillées qui se déploient dans les rues de Montréal, dans le métro, et aussi sur les espaces privés, dans la ville d’Ottawa précisément. Là-bas, les équipes électorales autorisent l’affichage sur les propriétés privées soixante jours avant les élections. Contre trente jours pour les propriétés publiques. Un règlement municipal qui s’applique autant aux citoyens qu’aux candidats à Ottawa, précise un article de Radio Canada. A Montréal, au contraire, il n’existe pas de lois interdisant une communication politique à l’extérieur, sauf dans le cas où les messages publicitaires présentent un caractère abusif, comme lorsqu’ils sont diffusés à des fins autres que « la communication avec des électeurs » et dans un cadre différent d’une «  élection ou d’un référendum fédéral  », stipule la Loi Electorale. Les coalitions anti-partis Au Canada comme dans d’autres démocraties, l’objectif  de l’affichage est de favoriser un parti ou l’élection d’un candidat. Pourtant, peu après le début de la campagne électorale, des pancartes annonçant une opposition se sont ajoutées en dessous des affiches des candidats à l’élection fédérale, la plupart sur les poteaux en ville. « Démolition de l’assurance-emploi, Moi je vote contre ça », lit-on sur ces pancartes, à Montréal. Une campagne dissuasive dont l’initiative revient à la coalition des « Sans Chemise » du Québec, un groupe de pression rassemblant des intervenants locaux  : le Conseil National des Chômeurs (CNC), la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ) et l’Alliance des Techniciens de l’Image et du Son (ATIS). Depuis sa création en 1940, la loi de l’assurance-emploi, octroyant une aide financière aux chômeurs en priorité, a subit plusieurs évolutions. Mais, c’est précisément la réforme de 2000 incluant un redécoupage des régions bénéficiaires de l’assurance-emploi qui a marqué les électeurs. Un dispositif contraignant qui s’est renforcé en 2013 par le gouvernement Harper, lors de sa décision de réformer les critères d’éligibilité à l’assurance-emploi. Au Canada, 531  700 personnes ont reçu des prestations assurance-emploi en Juin dernier, soit une augmentation de 4 %, par rapport au même mois de l’année précédente, indique les derniers chiffres de Statistique Canada. Une hausse notable, toutefois, inégale qui suscite la colère de la coalition. Aujourd’hui, avec ses affiches publicitaires, elle réclame des «  améliorations substantielles  » au régime d’assurance-emploi dont les avantages ne touchent qu’une partie des cotisants depuis la réforme. «  La couverture du régime d’assurance-emploi atteint un plancher historique avec seulement 38 % de chômeurs qui peuvent percevoir des prestations », s’indignent les Sans Chemises. Parmi les premières revendications, on note un accès facilité à l’assurance-emploi, une augmentation du taux de prestations basé sur la moyenne des 12 meilleures

semaines de la dernière année de travail, et une plus longue période d’indemnités pour les bénéficiaires. Une campagne de sensibilisation qui, en somme, va même plus loin puisqu’elle joue aussi en défaveur du gouvernement en place, en exerçant insidieusement une influence sur le vote des électeurs. Le vote par anticipation Au Canada, pour donner la possibilité à tous les électeurs de prendre part à la vie politique du pays, l’on communique sur les différentes façons de voter. Contrairement à d’autres pays comme la France, le vote par anticipation est autorisé avant la date officielle du scrutin, pendant la campagne électorale, et sur quatre jours fixés par Elections Canada. Un dispositif d’ores et déjà bien mis en œuvre aux Etats-Unis, en Australie, en Suisse et en Allemagne. Ici, au Canada, le dispositif fonctionne  aussi : en l’espace de 4 jours, plus de 3,6 millions de canadiens ont voté par anticipation. Parmi les provinces qui ont le plus utilisé cette méthode, on retient l’Ile du Prince Edouard (15,74%), le Nouveau Brunswick (15,07%), la Nouvelle Ecosse (12,31%), et le Québec (11,92%), selon les derniers chiffres de Radio Canada. Au Canada, le vote anticipé a permis de gagner les voies des citoyens indisposés à se déplacer le jour de l’élection. Mais plus généralement  : voter de façon anticipée a renforcé la participation des électeurs car, pour beaucoup, son accès facilité est un facteur de motivation. Une méthode qui pourrait inspirer la France dans ses procédures électorales. Là-bas, aux dernières élections présidentielles de 2012, le taux d’abstention avoisinait les 20 % au premier et au second tour. Plus inquiétant : lors des élections départementales de 2015, les abstentionnistes formaient quasiment 50 % de la population française nationale, d’après le gouvernement. A l’heure où, en France, le désengagement politique est une préoccupation, le vote par anticipation constitue une solution éventuelle à l’augmentation de la participation française. La question du Niqab au cœur de la campagne canadienne Au Canada, des débats télévisés, en français et en anglais, réunissant les chefs des cinq partis politiques ont lieu pendant les campagnes, avant les élections. Des discussions animées, parfois controversées, qui suscitent l’attention des électeurs, comme à chaque période électorale. Cette année, c’est surtout le débat des chefs en français qui a marqué les esprits, le 24 septembre dernier. Une occasion unique pour les leaders canadiens de présenter leurs politiques d’avenir à un public essentiellement francophone. Lors de ce débat, les questions impliquant le chômage, les changements climatiques et la santé étaient à l’honneur. Mais, audelà des affaires économiques, le port du Niqab lors des cérémonies de prestation de citoyenneté, est le sujet qui a rythmé la campagne électorale fédérale depuis son lancement. Un enjeu majeur qui a provoqué de vives réactions au sein de la communauté canadienne, sur les médias sociaux. Mais aussi parmi les élus, en plein débat. Car, au Canada, la question identitaire est aussi une préoccupation essentielle au maintien de la stabilité du pays. Un point qui d’ailleurs, rappelons-

le, a fait débat en France lorsque Madame Morano a souhaité renforcé les sanctions sur le port du Niqab dans les lieux publics, estimant qu’il s’agissait d’un acte incivil condamnable, rappelle Libération dans un récent article. Alors qu’en France, l’on évoque une violation de la loi, au Canada, c’est plutôt dans le champ des droits de la femme que le port du Niqab se joue. Le mois dernier, la Cour d’appel fédérale a rejeté une directive ministérielle qui interdisait aux femmes de prêter serment à visage couvert. Lors du débat, le gouvernement Harper et les Bloquistes ont exprimé leur désaccord face à cette décision. Une position qui a créé des étincelles lorsque les libéraux et les néodémocrates ont avancé leurs avis favorables sur le sujet. De quoi influencer les intentions de vote des électeurs. Notamment ceux des francophones, dans la province du Québec, là où le pourcentage de personnes pour l’interdiction du Niqab aux cérémonies de citoyenneté est au plus haut, soit 93 % ; contre 72 % en Colombie Britannique, la province anglophone du Canada, révèle Radio Canada. Des statistiques qui, cependant, ne sont pas à l’abri des tendances politiques puisque, à l’heure actuelle, un « gouvernement libéral » s’impose à 38 % devant les conservateurs qui récoltent 30 % des voies, précise le dernier sondage Léger sur les intentions de vote.

AC