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Dossier de presse

LA FRANCE ET L’ALGERIE, LE POIDS DE L’HISTOIRE POUR COMPRENDRE LE PRESENT Sommaire p.2 – Edito p.3– Introduction p.5 – Programme p.6 – La Cimade pendant la guerre : entre simple action humanitaire et engagement politique p.9 – La Cimade en Algérie aujourd’hui et ailleurs… p.10 – Repères p.11 – Pour aller plus loin p.12 – Présentation de La Cimade

POINT PRESSE Mercredi 26 à 11 H La Cimade 8 b rue J.M Cathala 13002 Marseille

Jean Pierre Cavalié 04 91 90 49 70/ [email protected]

« La France et l’Algérie, le poids de l’histoire pour comprendre le présent » DOSSIER DE PRESSE/ 21.04.2010

EDITO

Questionner le passé pour mieux comprendre le présent Depuis 70 ans, La Cimade agit auprès des exclus et des indésirables de chaque époque, en les accompagnant dans la défense et la conquête de leurs droits, et en témoignant auprès de l'opinion et des pouvoirs publics. Tout au long de l'année 2010 des événements sont organisés afin de revenir sur des lieux et des moments importants de cette histoire collective, faite de milliers d'histoires individuelles. Un an d'événements donc, de débats et rencontres pour s'interroger sur l'engagement de La Cimade d'hier à aujourd'hui, retracer les solidarités créées au fil de ces décennies et tenter de penser, aujourd'hui, une éthique de la responsabilité. Au fil des événements et des débats, certaines questions se font sensibles. Comment ne pas tomber dans le piège d'analogies historiques faciles ? Comment questionner une histoire qui n’est parfois pas encore écrite et qui fait toujours débat ? Comment réfléchir à la continuité de l'action de La Cimade au cours d'époques dont les contextes ne sont pas comparables? C'est bien la volonté de La Cimade, lors de cet anniversaire, de se questionner sans détours ni sauf-conduits. Il ne s'agit pas de chercher dans le passé des raisons d'agir aujourd'hui, bien au contraire. Retracer la mémoire, retracer les mémoires nous invite à questionner le présent et à rester vigilant en inscrivant notre action, ici et maintenant, dans une histoire de luttes et de solidarités. Parce qu'agir auprès des exclus et indésirables de chaque époque, c'est avant tout défendre notre propre humanité. Après s'être interrogés sur une politique européenne de l'hospitalité, puis sur les logiques de l'enfermement administratif de 1939 jusqu'à nos jours, et sur le parcours des enfants cachés et des enfants sans-papiers, La Cimade invite donc le public à revenir sur l’histoire des « colonisations et décolonisations » en prenant comme exemple la France et l’Algérie pour mieux comprendre le poids de cette mémoire, de ces mémoires, sur les sociétés des deux rives et sur les relations franco-algériennes.

70 ème anniversaire de La Cimade septembre 2009- Novembre 2010 Plus d'informations sur http://70ans.lacimade.org Contact presse : Jean Pierre Cavalié 04 91 90 49 70/ [email protected] 2

« La France et l’Algérie, le poids de l’histoire pour comprendre le présent » DOSSIER DE PRESSE/ 21.04.2010

INTRODUCTION

La France et l’Algérie, le poids de l’histoire pour comprendre le présent "La France et l’Algérie ? On ne s’est pas entrelacés pendant cent trente ans sans que cela descende très profondément dans les âmes et dans les corps." Jacques Berque A partir des années 50, La Cimade s’est engagée auprès des travailleurs immigrés algériens en France, en particulier à Marseille. Plus tard, lorsque la guerre débuta, elle accompagna en Algérie les populations déplacées par la guerre, les immigrés algériens placés en centre d’assignation à résidence en métropole, puis les rapatriés et les harkis en France. Après la guerre, elle participa aussi à la reconstruction et resta engagée en Algérie jusqu’à la fin des années 70. A l’occasion de son soixante dixième anniversaire La Cimade organise à Marseille une journée d’étude. Elle s’interrogera sur son propre engagement d’hier, ici et là-bas, et ouvrira le débat sur le poids de l’histoire franco-algérienne pour comprendre le présent. Comment ce passé commun qui divise pèse-t-il sur les représentations, sur les regards d’une rive à l’autre, mais aussi sur les politiques économiques, commerciales et migratoires ? Aujourd’hui, les Algériens sont les plus représentés parmi les étrangers expulsés de France. C’est aussi en Algérie que le taux de refus de visa pour la France est le plus fort. D’indigènes - français, mais citoyens de seconde zoneles Algériens sont-ils devenus des étrangers comme les autres. Les principes d’égalité et de liberté de circulation qui fondaient les rapports franco-algérien après la guerre ont peu à peu été remis en cause jusqu’à disparaître1. Pour autant aujourd’hui en France, Les Algériens sont ils vraiment vus et accueillis comme les autres immigrés ? Plus largement, quels blocages persistent dans les rapports entre immigrés dits postcoloniaux et les Français? nombreux sont les immigrés qui arrivent en France aujourd’hui en provenance des anciennes colonies. Actuellement d’ailleurs, sur les piquets de grève des travailleurs sans-papiers, des tracts circulent mettant en cause la politique coloniale et post-coloniale de la France. Alors que l’on célèbre le cinquantenaire des indépendances africaines, les anciennes colonies voient leurs hommes obligés de migrer vers les anciennes métropoles où ils se retrouvent sans droits. Les politiques migratoires européennes et françaises, en particulier la négociation des accords de réadmission, ne témoignent-elles pas alors de la continuité d’une certaine domination ? Quelle est la part de l’héritage colonial dans la gestion française de l’immigration toute entière ? La difficulté d’écrire à ceux l’histoire de la colonisation et de la décolonisation explique-t-elle alors les tensions actuelles, dans la société française en prise avec le racisme et le communautarisme, et dans les relations franco-algériennes ?2

1 2

GISTI, Les droits des Algériens en France, coll. Cahiers Juridiques, 2000 Frédéric Abécassis et Gilbert Meynier, Pour une histoire franco-algérienne, La Découverte, 2008 , 252p.

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1Affiche éditée par Immigration, journal commun de l'Association culture formation alphabétisation du Lyonnais (ACFAL) et de La Cimade Lyon - archives La Cimade Lyon, années 70

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PROGRAMME

Vendredi 4 juin 18h00 | Accueil par Geneviève Jacques, ancienne secrétaire générale de La Cimade et présentation de l’exposition « il n’y a pas d’étrangers sur cette terre, une histoire de La Cimade » 1939-2009 19h00 | L’engagement de La Cimade dans les luttes d’indépendances des colonies portugaises Charles Harper témoigne Ancien équipier Cimade, il participa à l’exfiltration du Portugal, en 1961, d’une soixantaine de militants de colonies portugaises qui jouèrent par la suite un rôle important dans les mouvements d’indépendance de ces pays. 20h 30 | Buffet

Samedi 5 juin 9h00/9h30| Ouverture par Patrick Peugeot, président de la Cimade et Françoise Rocheteau Cavalié , responsable Cimade en région PACA

10h | La Cimade et l’Algérie : entre accompagnement et engagement politique La mémoire vivante de La Cimade. Des anciens équipiers témoignent : Mireille Desrez,Tony Orengo, Charles Harper, Annik Grellet-Gentner et Marguerite Carbonare.

11h | Algérie/ France : le poids de l’histoire Gilbert Meynier, historien, et Ahmed Henni, économiste, croiseront leur regards pour mieux comprendre en quoi, dans l’histoire coloniale de la France, l’Algérie a toujours tenu une place particulière.

Gilbert Meynier est historien, professeur émerite à l’université de Nancy II. Il partira de la violence de la conquête coloniale et de la dépossession qu’elle a entraînée pour le peuple algérien. Il rappellera au passage que cette même colonisation, bien qu’à son corps défendant, a contribué à diffuser les principes de 1789, dans les limites offertes par une faible scolarisation. De son côté, le nationalisme algérien a été marqué dès le début par le recours au sacré. Aujourd’hui, il est difficile d’appréhender la réalité de la nation algérienne, entre l’adhésion de chaque individu à une communauté de base et la référence à la vaste communauté arabo-islamique, définie aussi comme une nation.

Ahmed Henni, économiste, professeur à l’université d’Artois, ancien directeur général des impôts en Algérie soulignera qu’il existe plus de continuité qu’on ne le croit, dans la manière de gérer le pays, entre le gouvernement des janissaires turcs (1518-1830), les administrateurs de l’époque coloniale (1830-1962) et les dirigeants de l’Algérie d’aujourd’hui. Débat animé par André Nouschi, historien. Contact presse : Jean Pierre Cavalié 04 91 90 49 70/ [email protected] 5

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Samedi 5 juin

14h | Comprendre les blocages du présent pour les dépasser L’impossibilité d’écrire une histoire commune n’explique t-elle pas les blocages actuels des relations francoalgériennes et les difficultés, en France, du « vivre ensemble » ? Avec Dalila Aït El Djoudi, Mohammed Harbi, historiens et Pierre Sorlin, historien. Débat animé par Mehdi Lallaoui, auteur-réalisateur. Dalila Aït el-Djoudi, historienne, constatera les blocages qui subsistent aujourd’hui au niveau des relations entre Etats. Par ailleurs, elle montrera comment l’histoire peut être utilisée par certains « groupes de mémoire », qui sont intéressés à promouvoir exclusivement la lecture du passé qu’ils retiennent. Dans ces conditions, elle compte sur le travail des vrais historiens pour établir enfin une « mémoire apaisée ». Parallèlement à ce travail, elle souhaite aussi que des démarches individuelles, conjuguées au travail des associations, permettent d’engager des actions communes du côté des valeurs et des droits de l’homme. A ses yeux - bien que les citoyens algériens soient davantage préoccupés, aujourd’hui, par leurs conditions de vie - la prise en compte de tels enjeux demeure essentielle. Afin d’établir des rapports plus sereins entre les deux sociétés, Mohammed Harbi, historien et ancien dirigeant du FLN compte pour sa part sur les échanges qui demeurent entre les deux rives de la Méditerranée, tant en matière de relations personnelles que d’intérêts privés. Se plaçant du côté français, Pierre Sorlin rappellera que la guerre d'Algérie n'a pas vraiment été "digérée" chez nous. Aujourd’hui, la génération qui a connu la guerre va disparaître, et les générations suivantes savent à peine de quoi il s'agit. Un effort doit donc être fait pour clarifier les enjeux du conflit, tout en soulignant le fait qu'il appartient désormais au passé.

16h30 | Les décolonisations ont-elles vraiment eu lieu ? Au-delà de l’Algérie, les situations de domination persistent et constituent un obstacle à l’accès des peuples à la souveraineté. Avec Jean Pierre Cavalié, délégué Cimade en Provence-Alpes Côte d’azur. La décolonisation des années soixante a bousculé le monde, mais elle est restée inachevée ; des formes diverses de colonialisme ont perduré avec le cas emblématique et récurrent d’Israël à l’encontre de la Palestine, mais également de la France vis-à-vis de l’Afrique francophone. Avec le grand changement climatique, un mouvement d’accaparement des terres arables se dessine. L’abolition du colonialisme reste un objectif central pour le mouvement altermondialiste dont la Cimade est partie prenante. Elle passe par une véritable refondation de nos modèles de société et de vie, tendant à réaliser au quotidien qu’il n’y a pas d’étrangers sur cette terre, il n’y a que des êtres humains.

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« ETRE AVEC » ICI ET LA-BAS

La Cimade et l’Algérie : entre simple action humanitaire et engagement politique.

Accompagner les travailleurs immigrés. A Marseille, dès le milieu des années 50, La Cimade est présente auprès des très nombreux immigrés algériens venus travailler notamment sur les chantiers de construction. Les travailleurs immigrés et leur famille sont alors cantonnés dans des quartiers défavorisés ou des habitats précaires. Pour faire face à l’exclusion de ces familles, La Cimade met en place, à Marseille, comme à Lyon ou à Nanterre, différentes actions, de l’alphabétisation au suivi médical en passant par l’animation de clubs de jeunes. Dans ces quartiers populaires, les équipiers de La Cimade vivent de façon communautaire et partagent la vie quotidienne de ceux qu’ils accompagnent

2Fête alpha, archives La Cimade Marseille

Ecoutez le témoignage de Geneviève Jacques, bénévole dans l’équipe alphabétisation à Marseille en 1964 Sur http://70ans.lacimade.org

Marseille, Paris, Alger. Quand débute la guerre d’Algérie, nombre d’équipiers s’engagent auprès des Algériens venus en France. Très vite La Cimade va mener des actions sur les deux rives de la méditerranée. Interpellée par le Conseil Œcuménique des Eglises et la Fédération Protestante de France, qui dénoncent la grave détérioration des conditions de vie de la population algérienne, La Cimade envoie une première équipe à Alger dans la cité Nador, au Clos Salembier. Puis, des équipes féminines s’installent dans d’autres régions pour assurer une présence auprès des populations déplacées par la guerre, notamment à Médéa et à Belkitane au sud de Constantine.

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3Centre de regroupement en Algérie, 1961 - archives Cimade

La Cimade auprès des populations déplacées. Dès le début du conflit, l’armée française crée des zones interdites pour « sécuriser » le territoire. Les habitants doivent alors évacuer les villages placés dans ces zones et trouver refuge autour des villes ou dans des camps de regroupement placés sous autorité militaire. Bien souvent, rien n’a été prévu pour les accueillir et les conditions de vie sont misérables. A l’appel du pasteur Boegner, relayé par Jacques Beaumont alors secrétaire général de La Cimade, un réseau de distribution est créé pour venir en aide aux déplacés. Là aussi les équipiers de La Cimade vivront dans les mêmes conditions que les familles déplacées, alors même que la société

coloniale était marquée par une forte ségrégation. A Médéa par exemple, les équipiers Cimade sont les seuls européens à vivre dans des HLM pour musulmans en dehors de la ville. Cette volonté d’être présent, d’«être avec» que l’on retrouve des bidonvilles de Marseille aux camps de regroupement d’Algérie, marque l’action de La Cimade depuis ses débuts dans les camps d’internement du régime de Vichy.

Ecoutez le témoignage de Mireille Desrez, équipière Cimade à Médéa pendant la guerre Sur http://70ans.lacimade.org

En métropole, dans les camps d’assignation à résidence Au même moment en métropole, différents camps d’internement sont créés pour détenir les Algériens suspectés de délits politiques. Comme l’état de guerre n’a jamais été reconnu, les Algériens arrêtés étaient condamnés à partir du code pénal. Quatre camps sont créés en métropole, d’une capacité totale de 5000 personnes : le camp du Larzac (Aveyron), de Saint Maurice l’Ardoise (Gard), de Thol (Ain) et de Mourmelon Vadenay (Marne). Le pasteur Marc Boegner obtient du ministère de l’Intérieur que La Cimade visite ces camps Témoigner, s’engager Dans ces camps, comme dans ceux d’Algérie La Cimade apporte d’abord un soutien matériel et moral. Il s’agit d’abord d’être présent, aussi de témoigner. Cependant, l’action de La Cimade a parfois été beaucoup plus loin qu’une simple action humanitaire, certains équipiers s’engageant pour l’indépendance de l’Algérie. Le secrétaire général Jacques Beaumont négociait à la fois avec le FLN et avec les autorités militaires françaises. Mais les équipiers sur le terrain témoignent d’un vrai questionnement politique. Certains signeront l’appel des 121 « Le droit à l’insoumission », d’autres s’engageront, toujours individuellement, comme « porteurs de valise », beaucoup, partagés entre la lutte contre le colonialisme et l’attachement à la France ne prendront pas ouvertement position. Au sein même du monde protestant, auquel alors La Cimade est étroitement liée, se produisent de vrais déchirements. Certains pasteurs font une analyse théologique des problèmes soulevés par le colonialisme3, d’autres refusent de s’impliquer. Aujourd’hui encore, l’histoire de l’engagement de La Cimade pendant la guerre reste marquée par quelques silences et malaises.

3

Roger Parmentier, Durant la guerre d’Algérie, protestants français devant l’ « appel des 121 », Pour la justice et la paix et contre les tortures un Pasteur prend parti pour le droit à l'insoumission, l’Harmattan, 2008, 138 p.

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Auprès des harkis et des rapatriés. Après la guerre, La Cimade sera présente en France dans les camps accueillant les harkis comme celui de Rivesaltes ou bien auprès des rapatriés.

4 Le camp du Grand Arénas, qui accueille des réfugiés à Marseille depuis 1948. Une équipe Cimade s'y installe de façon permanente en 1959 et y reste jusqu'en 1969 archives COE, 1964

« On était avec le peuple algérien, kabyle musulman et La Cimade nous a demandé aussi d’accueillir et d’orienter, être avec, les pieds noirs, les harkis, matériellement et moralement, à leur arrivée en métropole. La Cimade nous a enseigné cela : être là pour tous ceux qui souffrent, accueillir les pieds noirs dans une situation de grande tension, perdus, en colère, par exemple à la Joliette. » Charles Harper, équipier Cimade à Marseille de 1960 à 1962

La reconstruction En Algérie après la guerre, La Cimade s’associera à la reconstruction, en participant notamment au Comité Chrétien de Service en Algérie. Dans ce cadre, elle mènera, sous la houlette de Jean Carbonare, un programme de reboisement du pays : 100 millions d’arbres fruitiers et de résineux ont été plantés après l’indépendance, lors des chantiers populaires de reboisement.

5 Chantiers populaires de reboisement dans le Constantinois, 1964 – archives CCSA/La Cimade Les « pieds rouges ». De plus, des équipiers Cimade retourneront en Algérie après l’indépendance pour aider à reconstruire l’Algérie. Ces « pieds rouges »4 contribueront en particulier à la formation des cadres dont l’Algérie indépendante était dépourvue. Mireille Desrez ainsi monta une école d’infirmières à Médéa avant que ne lui soit confiée la direction de l’école des professionnels de santé de Constantine.

Ecoutez le témoignage de Mireille Desrez, qui reçoit dès l'indépendance, la demande du ministère de la santé algérien d'ouvrir un centre d'enseignement para-médical de 300 élèves à Constantine. Sur http://70ans.lacimade.org

4

Catherine Simon, Algérie, les années pieds rouges. Des rêves de l’indépendance au désenchantement, La Découverte, 2009, 288p.

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La Cimade aujourd’hui en Algérie et ailleurs…

6 À la frontière maroco-algérienne, des centaines de personnes sont refoulées dans les zones désertiques, Anne Sophie Wender/ La Cimade

Aujourd’hui, les anciennes colonies sont devenues des pays de forte émigration. Le durcissement des politiques migratoires européennes a transformé les mesures destinées à empêcher les migrants d’entrer sur le territoire européen en mesures destinées à les empêcher de quitter le sol africain. L’UE et ses États membres ont ainsi initié des partenariats avec les pays de départ et de transit pour contrôler en amont les flux migratoires vers l’Europe. Or, les dispositifs de surveillance des frontières et les accords discutés et conclus ont des incidences directes sur les parcours des migrants et sur leurs droits

Des milliers de personnes, ayant parfois quitté leur pays depuis des années, se retrouvent ainsi bloquées dans ces régions au sein desquelles elles se déplacent au gré des refoulements qui se multiplient : du Maroc vers l’Algérie et la Mauritanie, de l’Algérie vers le Mali et le Niger, de la Mauritanie vers le Sénégal et le Mali ou encore de la Libye vers le Niger et le Mali. Les routes migratoires deviennent de plus en plus longues, coûteuses et dangereuses. Les pays « tampons » comme le Maroc et l’Algérie, mais aussi le Sénégal et la Mauritanie en raison de leur proximité avec les Iles Canaries, sont désormais contraints de contrôler plus strictement leurs frontières. Il s’agit à la fois de leur déléguer des mesures de surveillance et de leur faire adopter des cadres institutionnels et législatifs plus répressifs. Face aux violations des droits fondamentaux des personnes migrantes aux frontières sud de l’Europe, La Cimade a lancé en janvier 2009 un projet régional de défense des droits des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés en janvier 2009. En Algérie en particulier, elle soutient les projets de l’association Rencontres et Développement qui fournit une aide humanitaire d’urgence aux migrants sub-sahariens ; Elle travaille également avec l’Association des Femmes Algériennes pour le Développement qui cherche à accompagner les familles de migrants disparus en mer.

En savoir plus sur le site de La Cimade, pôle Solidarités Internationales http://lacimade.org/poles/solidarites-internationales

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REPERES

Quelques dates de l’action de La Cimade en Algérie Années 50

Action auprès des populations immigrées venues travailler en métropole

1956

Ouverture du poste Cimade de la rue d’Aix à Marseille

1957

Extension des activités au camp de du Grand Arenas près de Marseille ( une équipe Cimade s’y installe de façon permanente en 1959 et y reste jusqu’en 1969)

1957

ouverture des centres d’assignation à résidence en France, des membres du service prisons de La Cimade y interviennent.

Mars 1958

ouverture du premier poste Cimade au clos Salembier à Alger suivie de l’installation d’autres équipes à l’intérieur du pays

1959

ouverture du service nord-africain de La Cimade

1959

Appel du pasteur Boegner, relayé par Jacques Beaumont alors secrétaire général de La Cimade pour mettre en place d’urgence un réseau de distribution en Algérie afin d’aider les populations déplacées. Des équipes Cimade s’installent à Médéa et à Sidi-Nâamane.

1961

Jean Carbonare établit une équipe Cimade dans le centre de regroupement de Belkitane, au sud de Constantine.

17 octobre 1961

Manifestations d’Algériens à Paris. Répression violente qui fait plusieurs dizaines de morts. La Cimade est présente dans les centres d’identification.

1962

Accueil en France des rapatriés d’Algérie. Des équipes Cimade se mettent en place à Marseille et à Lyon

1962

Accueil en France des rapatriés d’Algérie. Des équipes Cimade se mettent en place à Marseille et à Lyon

1962

Arrivée des harkis. La Cimade apporte une aide matérielle et psychologique dans les camps du Larzac, de Saint-Maurice-l’Ardoise ou encore de SaintLaurent-des-Arbres où les familles sont regroupées dans des conditions extrêmement difficiles.

1962

Création du Comité Chrétien de service en Algérie qui prolonge les actions de La Cimade

1997

Campagne pour un moratoire des renvois vers l’Algérie

2009

Projet régional de défense des droits des migrants en renforçant l’action d’acteurs de la société civile dans les pays de départ et de transit Contact presse : Jean Pierre Cavalié 04 91 90 49 70/ [email protected] 11

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POUR ALLER PLUS LOIN…

A lire • • • • • • • • • • • •

Frédéric Abécassis et Gilbert Meynier, Pour une histoire franco-algérienne , La Découverte, 2008, 252 p Dalila Aït El Djoudi, La Guerre d’Algérie vue par l’ALN, 1954-1962. L’armée française sous le regard des combattants algériens, Autrement, Paris, 2007 Roby Bois, Sous la grêle des démentis, Récits d’Algérie (1948-1959), L’Harmattan, 2009, 1p. Jean et Marguerite Carbonare, Ensemble, se remettre debout , éditions Olivetan, Lyon, mars 2010. Mohammed Harbi, Gilbert Meynier , Le FLN , Editions Fayard, 2004 Mohammed Harbi, Benjamin Stora La guerre d'Algérie - 1954-2004 La fin de l'amnésie , Robert Laffont, 2004 Ahmed Henni, Économie de l’Algérie indépendante, ENAG, Alger, 1991 Mehdi Lallaoui, avec David Assouline Un siècle d’immigration, Editions Au Nom de la Mémoire André Nouschi, av. Yves Lacoste et André Prenant, L’Algérie, passé et présent, Éditions sociales, Paris, 1960. André Nouschi Les Armes retournées. Colonisation et décolonisation françaises, Belin, Paris, 2005. Catherine Simon, Algérie les années pieds rouges. Des rêves de l’indépendance au désenchantement, La Découverte, 2009, 288p. Pierre Sorlin, La Société française, 2 vol. (t. 1 : 1840-1914, 1969 ; t. 2 : 1914-1968), Arthaud, Paris, 1971.

A voir • • •

Mehdi Lallaoui, Un siècle d’immigration en France, série diffusée sur France 3 ( 3x57’) Mehdi Lallaoui , En finir avec la guerre , - 3 x 52' – 2008 Mémoires Vives Productions Mehdi Lallaoui 2002 Marseille, Marseilles co-auteur Emile Temime (documentaire) Caravanes des quartiers (documentaire)

A écouter Sur le site des 70 ans de La Cimade…http://70ans.lacimade.org • • •

Le témoignage de Geneviève Jacques, bénévole dans les équipes d’alphabétisation à Marseille en 1964 Les témoignages de Mireille Desrez, équipière Cimade à Médéa pendant la guerre puis, après guerre directrice de l’école des cadres de santé de Constantine. Le récit de Charles Harper qui témoigne du vent de liberté des années 60 dans les colonies et, plus particulièrement, de la sortie clandestine du Portugal d'un groupe d'étudiants lusophones.

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LES ACTIONS DE LA CIMADE

Accueillir, accompagner, défendre et témoigner La Cimade est une association de solidarité active avec les migrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés. Avec ses partenaires à l'international et dans le cadre de ses actions en France et en Europe, elle agit pour le respect des droits et de la dignité des personnes. > ACCÈS AUX DROITS, AIDE À L’EXERCICE EFFECTIF DES DROITS Dans le cadre de permanences, essentiellement tenues par des bénévoles, La Cimade accueille et conseille chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes, en situation légale ou non. Cet accompagnement passe par la préparation de dossiers, la rédaction de lettres, de demandes et de recours en justice, l’accompagnement aux rendez-vous administratifs et, au besoin, l’orientation vers des structures spécialisées. La Cimade est également présente dans des lieux d’enfermement comme les prisons et les centres de rétention administrative où elle assure une mission d’aide l’exercice effectif des droits et d’accompagnement des personnes. > INSERTION, FORMATION, HÉBERGEMENT La Cimade travaille en faveur de l'égalité des droits économiques, sociaux et culturels des étrangers. Elle coordonne et met en oeuvre des actions d'accompagnement des personnes concourant au vivre ensemble. Ces activités, menées dans plusieurs régions, comprennent des actions socialisantes et notamment l'apprentissage du français. La Cimade compte deux centres d’hébergement, un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) à Béziers et un Centre provisoire d’hébergement (CPH) à Massy. > SOLIDARITÉS INTERNATIONALES La Cimade mène des actions de solidarité internationale depuis plus de 50 ans. Après avoir été longtemps axées sur l’aide au développement et sur la défense des droits de l’Homme dans les pays du Sud, ces actions ont été réorientées ces dernières années pour renforcer leur cohérence avec les actions de La Cimade en France. Aujourd’hui, à travers une conception du développement fondée sur les droits et qui passe par le renforcement des sociétés civiles, La Cimade soutient des partenaires à l’international autour de trois thématiques : défense des droits fondamentaux des migrants dans les pays de transit et des personnes expulsées dans leur pays d’origine ; valorisation des migrants comme acteurs du développement ; construction de la paix à travers le dialogue interreligieux et intercommunautaire. La Cimade est également membre de réseaux européens et internationaux comme Migreurop ou le collectif « Des ponts, pas des murs ». > LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS Dans le cadre de l’ensemble de ses actions, La Cimade défend l’égalité des droits et le respect de la dignité des personnes. Cela passe notamment par la lutte contre les discriminations, action évidemment transversale mais également portée de façon spécifique par une permanence dédiée à Montpellier et un réseau associatif en Languedoc-Roussillon, par des journées de formation : « Comment résister au racisme », et des intervenations scolaires en Région PACA. > SENSIBILISATION ET INFORMATION DU PUBLIC Forte de sa présence aux côtés des migrants et fidèle à ses engagements, La Cimade témoigne des injustices qu'elle constate et propose des alternatives pour une politique plus respectueuse des droits humains. La Cimade réalise de nombreuses publications et notamment des rapports d'observation, dont celui annuel sur les centres et locaux de rétention administrative. Elle organise également des événements tournés vers un large public comme le festival « migrant’scène » et le festival « voyage, regards croisés sur les migrations ».

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« La France et l’Algérie, le poids de l’histoire pour comprendre le présent » DOSSIER DE PRESSE/ 21.04.2010

HISTOIRE

Quelques repères chronologiques Auprès des indésirables d’une Europe qui implose 3 septembre 1939 : La France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne nazie après l’invasion de la Pologne 24 novembre 1939 : La Cimade est créée par des mouvements de jeunesse protestants 3 avril 1940 : Inscription de La Cimade au Journal Officiel Automne 1940 : Madeleine Barrot parvient à installer une équipe Cimade dans le camp de Gurs, d’autres équipes suivront dans les camps de Rivesaltes, Brens, Récébedou. Septembre 1941 : Rédaction des thèses de Pomeyrol, réflexion théologique sur les rapports de l’église et de l’état, qui dénoncent l’antisémitisme et condamne la collaboration. Juin 1940 : Armistice Mars 1941 : Recensement des juifs Printemps 1942 : La Cimade ouvre des centres d’hébergements pour les juifs au Chambon-surLigon et organise des filières d’évasion vers la Suisse 8 mai 1945 : Capitulation de l’Allemagne 23 octobre 1947 : Inauguration de la baraque Cimade à Mayence (Allemagne de l’ouest) 28 juillet 1951 : Convention de Genève statuant sur le droit d’asile pour les réfugiés européens déplacés par la guerre Avril 1953 : Ouverture de la baraque de Berlin pour l’accueil des réfugiés de l’Est Auprès des migrants, des réfugiés politiques et des populations du tiers-monde 1956 : Ouverture du poste Cimade à Marseille pour venir en aide aux populations d’Afrique du Nord. 1er novembre 1954 : Début de la guerre d’Algérie 1955 : Création d’un dispensaire à Dakar 1956 : Accueil des réfugiés du Vietnam à Sainte-Livrade 1958 : Ouverture du poste Cimade à Alger 1959 : Ouverture du Foyer international d’étudiants de Massy 17 octobre 1961 : Manifestations d’Algériens à Paris. Répression violente qui fait plusieurs dizaines de morts. La Cimade est présente dans les centres d’identification 1961 : Début des guerres de libération des colonies portugaises d’Afrique. La Cimade fait évader des étudiants africains du Portugal vers la France. 3 juillet 1962 : Indépendance de l’Algérie. Arrivée en France des harkis. 1966 : Accueil des premiers réfugiés d’Amérique latine. 1967 : Création du service développement de La Cimade 1973 : Famine au Sahel. La Cimade renforce ses actions de développement au Sud 1975 : Indépendance de l’Angola et du Mozambique. Fin des années 1970 : Accueil des réfugiés du Sud Est asiatique (boat people) Auprès des migrants d’ici et de là-bas, pour défendre leurs droits 1974 : Fermeture des frontières et fin de l’immigration de travail 1986 : La première loi Pasqua, donne le droit aux préfets de prononcer la reconduite à la frontière. 1990 : Création du Service des Solidarités Internationales de La Cimade. Constitution du Comité contre la double peine. 1989-1992 : Soutien de La Cimade aux déboutés du droit d’asile 1996 : La Cimade accompagne les mouvements des sans-papiers de Saint-Ambroise puis de Saint-Bernard 1999 – 2002 : Campagne contre la double peine (Une peine ./) 2006 : Publication des 75 propositions pour une politique d’immigration lucide et réfléchie. 2008 : Réforme de la mission associative dans les centres de rétention administrative. Contact presse : Jean Pierre Cavalié 04 91 90 49 70/ [email protected] 14