DOSSIER NOIR Logement et pauvreté - FRAPRU

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DOSSIER NOIR Logement et pauvreté Chiffres et témoignages

Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) Septembre 2014

Une véritable crise du logement Il faut remonter en 1996, au sortir d’une longue et dure récession économique, pour retrouver des statistiques plus alarmantes sur la situation des locataires que celles contenues dans l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) menée en 2011 par Statistique Canada. Il y a lieu de parler de crise du logement, tellement la disparité est flagrante entre l’offre du marché locatif et la capacité de payer d’une large partie des locataires. L’Enquête révèle que 479 750 ménages locataires québécois consacrent plus de 30 % de leur revenu au loyer, ce qui représente la norme généralement admise. Il s’agit d’une augmentation de 7 % par rapport à 2006.

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Logement et pauvreté 2

Parmi ces ménages, 227 835 y engloutissent plus de la moitié de leur revenu, ce qui les empêche de subvenir adéquatement à leurs autres besoins essentiels. Dans ce cas, l’augmentation a été de 12 % par rapport à 2006. Elle a cependant été supérieure à ce pourcentage dans certaines régions métropolitaines de recensement (RMR), en particulier à Gatineau et à Trois-Rivières où le nombre de ménages vivant ce problème a crû respectivement de 29 % et de 21 %. Photo : Yannick Mondion.

Tableau 1

Nombre et pourcentage de ménages locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer Province et RMR, 2011 Province ou RMR Province de Québec Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Trois-Rivières Saguenay

Plus de 30 % Nombre 479 750 284 370 45 785 15 825 16 000 10 825 7 870

 % 36,8 39,4 32,9 37,6 39,1 36,9 31,6

Plus de 50 % Nombre 227 835 143 900 21 140 7 700 7 110 4 880 3 590

 % 17,5 19,9 15,2 18,3 17,4 16,6 14,4

Plus de 80 % Nombre  % 108 475 8,3 71 610 9,9 9 600 6,9 4 070 9,7 2 865 7,0 1 930 6,6 1 720 6,9

Photo : Véronique Laflamme.

Les difficultés sont extrêmes pour les 108 475 ménages dont 80 % du revenu passe au logement. C’est 25 % de plus que cinq ans plus tôt. Dans la RMR de Gatineau, la hausse a été de 56 % et dans celle de TroisRivières de 37 %. C’est dans la région de Montréal que l’on trouve le plus fort pourcentage de locataires dans cette situation (tableau 1). Les loyers ont augmenté davantage que les revenus

Des données fiables ? Contrairement à son habitude, le FRAPRU publie un Dossier noir qui ne s’appuie pas sur les données d’un recensement. Pour 2011, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a en effet choisi de remplacer le formulaire long obligatoire de recensement par une enquête à caractère volontaire, l’Enquête nationale auprès des ménages. Au Québec, le taux de réponse à l’ENM est de 72 %. S’il est satisfaisant, ce résultat est nettement plus bas que celui de 94 % obtenu au Recensement de 2006. Cela crée deux difficultés majeures : 1) la fiabilité des données est moins grande dans les milieux géographiques plus petits, de même que pour certains groupes de la population, notamment les ménages à plus faible revenu, ce qui pourrait entraîner une sous-estimation de leurs besoins ; 2) les comparaisons avec les recensements antérieurs sont plus hasardeuses, en particulier dans les milieux géographiques de plus petite taille. Malgré ces difficultés, le FRAPRU a fait le choix d’utiliser les données de l’ENM, mais uniquement quand le taux de réponse est suffisant.

Tableau 2

Loyer et revenu médians et augmentation par rapport à 2006 Province et RMR, 2011 Loyer Province ou RMR Province Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Trois-Rivières Saguenay

Montant ( $) 643 694 655 731 584 532 532

Hausse depuis 2006 ( %) 13,6 13,0 14,9 14,0 13,2 13,7 12,0

Revenu Montant ( $) 32 118 33 622 34 902 35 728 28 179 26 633 30 068

Hausse depuis 2006 ( %) 9,2 8,6 13,4 11,2 6,7 11,1 17,4

L’augmentation du nombre de ménages locataires en difficulté est pour l’essentiel due à la hausse des loyers qui, de 2006 à 2011, a été supérieure à celle des revenus. ­L’Enquête de 2011 permet de constater que le loyer médian1 était de 643 $ par mois au Québec. Il s’agit d’une augmentation de près de 14 % par rapport à celui de 2006 qui était de 566 $. Quant au revenu médian des locataires, il était de 32 118 $ par an, au moment de l’ENM. Cinq ans plus tôt, il était de 29 416 $. Dans ce cas, la hausse a été à peine supérieure à 9 %. Là aussi, la réalité a évolué différemment selon les RMR (tableau 2). Il ne faut par ailleurs pas oublier que l’augmentation des revenus n’a pas été la même pour l’ensemble des locataires. Par exemple, une personne assistée sociale considérée « sans contrainte à l’emploi » recevait une prestation de base de 574 $ par mois en 2011. C’est à peine 6 % de plus qu’en 2006, alors que ce montant était de 543 $. Pour une personne « ayant des contraintes sévères à l’emploi », la hausse a été de 8 %, la prestation de base passant de 812 $ à 873 $. Partout, la hausse des loyers a été de loin supérieure à ce pourcentage. 1. Pour évaluer le loyer médian, on prend celui qui se trouve au milieu en termes de coût. Par exemple, pour savoir le loyer médian payé par 100 ménages, on prend celui du cinquantième.

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Annick

Arrondissement de Beauport (Québec) Photo : Cheryl-Ann Dagenais.

DOSSIER Je suis locataire et j’ai de la misère dans cette situation financière. NOIR à rejoindre les deux bouts. Mon Logement loyer me coûte cher. Je m’occupe et pauvreté de mon petit-fils depuis qu’il est 4 au monde. Il aura bientôt un an.

Cela fait deux ans que je vis seule, sans coloc. Je vais à la Saint-Vincent-de-Paul pour chercher de la nourriture. Mon logement me coûte 620 $ par mois, sans compter l’électricité. Je vis à Beauport dans un 4 ½. Mes revenus d’aide sociale sont de 740 $ par mois. Je reçois le maximum du Programme allocation-logement, soit 80 $ par mois. Ce n’est pas beaucoup, mais ça m’aide à mettre du lait et du pain sur la table. Ce que je trouve difficile, c’est la survie. On ne vit pas. C’est devenu comme une routine de ne pas pouvoir se permettre grande chose. L’angoisse, c’est pas bon pour la santé. Des fois, ça nous empêche de voir clair. Je suis positive, mais y a des fois que je suis tannée d’être

Dernièrement, j’ai vécu de la discrimination à la recherche d’un logement, car j’ai mon petit-fils avec moi. C’est très frustrant, il s’agit d’un être humain ! Là, je vais vivre avec une coloc. J’aime bien mon

intimité et je préfère vivre seule. C’est une question de fierté. Si tu rencontres un amoureux et que tu vas vivre avec, ç’est ton choix. Mais quand tu dois, pour des raisons financières, vivre avec un coloc, comme c’est mon cas, c’est pas vraiment un choix !

Un indice : le non-paiement des loyers Un des symptômes de l’appauvrissement d’une partie significative des locataires est l’augmentation du nombre de causes pour nonpaiement de loyer à la Régie du logement. Voici comment les choses ont évolué depuis 1980. Tableau 3

Moyenne annuelle du nombre de causes de non-paiement de loyer, 1980-2013 Période 1980-1981 à 1984-1985 1985-1986 à 1989-1990 1990-1991 à 1994-1995 1995-1996 à 1999-2000 2000-2001 à 2004-2005 2005-2006 à 2009-2010 2010-2011 à 2012-2013 Source : Rapports annuels de la Régie du logement.

Moyenne annuelle 15 602 24 164 33 953 34 367 42 355 45 661 46 084

L’évolution des loyers et des revenus depuis 30 ans Quoi qu’en disent les associations de propriétaires qui ne cessent de se lamenter sur le contrôle des loyers exercé par la Régie du logement, le loyer médian payé par les ménages locataires a augmenté davantage que leur revenu, depuis la création de cet organisme en 1980. C’est vrai aussi bien à l’échelle du Québec que dans toutes les RMR. L’écart a été encore plus prononcé dans celle de Montréal (tableau 4). Il n’est donc pas étonnant que le Québec compte davantage de ménages qui paient un pourcentage trop élevé de leur revenu en loyer que c’était le cas il y a trente ans. Ainsi, le nombre de ménages locataires payant plus de 30 % ou 50 % de leur revenu au loyer a augmenté de plus de 65 %. Cet accroissement est sans commune mesure avec celui du nombre de locataires au Québec qui, lui, n’a été que de 29 %. Le sort des locataires s’est particulièrement détérioré à la faveur des crises économiques connues au cours des trente dernières années, dont celles du début des décennies 1980 et 1990 et, dans une moindre mesure, celle des années 2008 à 2010 (tableau 5). Photo : François Roy.

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Tableau 4

Logement et pauvreté

Augmentation du loyer médian et du revenu médian Province et RMR, 1981-2011 Province ou RMR Province Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Trois-Rivières Saguenay

1981  $ 223 231 241 250 210 204 235

Loyer médian 2011  $ 643 694 655 731 584 532 532

Hausse  % 188,3 200,4 171,8 192,4 178,1 160,8 126,4

1981  $ 14 746 15 378 15 518 14 579 12 246 11 463 14 864

Revenu médian 2011  $ 32 118 33 622 34 902 35 728 28 179 26 633 30 068

Hausse  % 117,8 118,6 124,9 145,1 130,1 132,3 102,3

Tableau 5

Nombre et pourcentage de ménages locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer Province, 1981-2011 Recensement ou ENM

Payant plus de 30 %

Payant plus de 50 %

Nombre

 %

Nombre

1981

287 290

28,3

138 030

 % 13,6

1986

379 855

36,4

194 650

18,6

1991

404 040

35,1

194 225

16,9

1996

518 700

42,6

273 825

22,5

2001

445 220

35,9

218 490

17,6

2006

448 480

35,6

203 085

16,1

2011 (ENM)

479 750

36,8

227 835

17,5

5

Les personnes seules, la nouvelle réalité des locataires En 1981, les personnes seules ne représentaient que le tiers des ménages locataires, alors que les familles avec ou sans enfant en représentaient 60 %. La situation a bien changé. En 2011, le pourcentage de personnes vivant seules s’élevait à 50 %, alors que la part des ménages familiaux n’était plus que de 43 %. La proportion de personnes seules était encore plus élevée dans la région de Trois-Rivières où elle atteignait 58 %, de même que dans celles de Québec et de Sherbrooke où elle était de 54 %.

Or, c’est chez les personnes seules que l’on retrouve le plus grand nombre et le plus haut pourcentage de locataires versant une part disproportionnée de leur revenu au loyer (tableau 6).

couples avec enfants, qui représentaient 12 % de l’ensemble des ménages locataires, ne comptaient que pour 6 % de ceux qui payaient une part trop importante de leur revenu pour se loger.

Cette situation s’explique en très large partie par le fait que ces personnes sont, depuis des décennies, les grandes négligées des politiques publiques.

Même si leur situation est également meilleure que par le passé, les familles monoparentales locataires demeurent toutefois plus à risque de consacrer une part disproportionnée de leur revenu en loyer ­(tableau 7).

Nette amélioration chez les familles À l’opposé, le sort des familles s’est généralement amélioré, entre autres en raison de l’adoption de politiques gouvernementales qui leur ont été destinées. En 2011, les

D’autres types de difficultés guettent cependant l’ensemble des familles, en particulier celles à faible revenu, dont la rareté de grands logements et la discrimination lors de la recherche d’un appartement.

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Logement et pauvreté 6

Fréquenter les soupes populaires est le lot de bien des personnes seules. Photo : André Querry.

Tableau 6

Nombre et pourcentage de personnes seules consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer Province et RMR, 2011 Province ou RMR Province Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Trois-Rivières Saguenay

Plus de 30 % Nombre  % 320 270 48,6 176 635 51,2 33 545 44,2 9 850 49,9 11 510 51,6 8 410 49,5 5 835 45,0

Plus de 50 % Nombre  % 160 420 24,3 95 390 27,7 16 445 21,6 5 355 27,1 5 500 24,6 3 960 23,3 2 800 21,6

Plus de 80 % Nombre  % 75 465 11,5 47 560 13,8 7 275 9,6 2 850 14,4 2 225 10,0 1 540 9,1 1 380 10,6

Tableau 7

Nombre et pourcentage de locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer, selon le genre de ménage Province, 2011 Genre de ménages Personnes vivant seules Familles monoparentales Couples sans enfant Couples avec enfant(s) Autres ménages non familiaux1 Autres ménages familiaux2

Plus de 30 % Nombre  % 320 270 48,6 50 570 33,8 45 265 21,2 30 775 19,2 26 845 31,4 6 020 16,4

Plus de 50 % Nombre  % 160 420 24,3 21 150 14,2 17 740 8,3 12 635 7,9 13 670 16,0 2 215 6,0

Plus de 80 % Nombre  % 75 465 11,5 8 535 5,7 9 275 4,3 6 140 3,8 7 960 9,3 1 100 3,0

1. Par exemple, des personnes qui partagent un logement. 2. Il peut s’agit de deux familles qui vivent dans le même logement.

Jasmine

Quartier Hochelaga-Maisonneuve, Montréal Je suis mère monoparentale de deux filles de 5 et 12 ans et je travaille à temps plein. J’habite le quartier Hochelaga-Maisonneuve depuis 2005, année où je suis arrivée dans le logement où je demeure toujours. Je demeure dans un logement locatif privé. Quand on s’est fait reprendre notre logement par l’ancien propriétaire en 2005, mon chum de l’époque et moi étions tous les deux aux études et nous avions

en plus ma fille aînée. Les propriétaires avaient peur de nous, ils étaient très froids à l’idée de nous louer leur logement. Ils nous disaient : « Oui, mais vous êtes les deux aux études... ». Il y en a même qui ne nous ont pas répondu lors de la visite. On se déplaçait pour se heurter à une porte close.

DOSSIER NOIR Logement et pauvreté 7

Le propriétaire que j’ai présentement est tout simplement négligeant, il ne s’occupe pas de son bloc, il laisse les choses aller. On a eu un dégât d’eau en janvier et il a tout simplement vissé une plaque de gypse par dessus le trou que l’eau a causé. Notre lavabo dans la salle de bain ne fonctionne plus depuis au moins deux mois et il n’est même pas venu voir... Nous aimerions trou­ ver un meilleur logement mais avec le prix des loyers, c’est pas facile. Ce n’est pas juste le loyer : tout ce qui va autour augmente sans cesse. Ça fait que nous sommes vite étouffées ! Les familles avec enfants rencontrent bien d’autres difficultés, comme c’est le cas ici en Abitibi. Photo : Yannick Mondion.

Les femmes toujours plus durement affectées Photo : Julie Leblanc.

En 2011, le Québec comptait 660 050 ménages locataires dont le principal soutien était une femme, contre 644 045 lorsqu’il s’agissait d’un homme. Non seulement les femmes sont-­elles plus nombreuses à être locataires, mais elles courent davantage de risques de consacrer plus de 30 % ou de 50 % de leur revenu pour se loger (tableau 8).

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Cette disparité s’explique pour l’essentiel par l’écart de revenus qui persiste entre les deux sexes. Le revenu médian des hommes loca­ taires était de 35 802 $ en 2011,

Logement et pauvreté 8

Suzanne

Quartier Centre-Sud, Montréal En 2002, pendant la crise du logement, j’ai dû déménager de l’autre côté du fleuve, à Longueuil. Toute ma vie quotidienne se passait ici dans le quartier Centre-Sud, mais je n’avais pas d’autres choix que de partir, parce qu’ici, les loyers étaient devenus trop chers et j’étais victime de discrimination parce que j’étais pauvre. J’ai vécu plusieurs jours d’enfer dans cette nouvelle ville. Je ne connaissais personne, je me sentais seule. Mon propriétaire vivait en bas de chez moi. Il se baladait nu dans son logement, tout le monde le savait et il se faisait un plaisir de nous le dire et de nous faire sentir mal à l’aise en nous en parlant. Tout le monde a le droit de se promener nu dans son logement, mais on peut le faire sans déranger les autres et sans en faire la promotion. Il avait aussi l’habitude de venir chez moi à tout moment. Toutes les fois, il me faisait des avances. Je me tenais loin de lui, j’étais craintive, il me faisait peur. Je me sentais seule et sans ressource.

Souvent, quand je le croisais, il me frôlait, il me taponnait, il me prenait les seins. Cet enfer a duré pendant 2 ans. Il ne me respectait pas, il ne respectait pas mon corps. Je vivais constamment dans la peur et l’angoisse. Je n’étais plus en sécurité chez moi. J’avais peur de perdre mon logement. Je n’aurais pas su où aller. J’avais peur d’être jugée si j’en parlais ou d’être prise pour une folle. J’étais en souricière, je ne voyais pas d’autres solutions que de tolérer ce que je vivais. Je savais que ce n’était pas normal, mais je ne savais pas comment me défendre. Je dormais mal, je vivais tout le temps sous le stress. Aujourd’hui, mon logement me coûte environ 60 % de mon revenu. Je me sens vraiment en sécurité et les gens me respectent, mais mon loyer est très cher, j’ai de la difficulté à manger et à tout payer. C’est le prix que je dois payer pour me sentir en sécurité.

Tableau 8

Nombre et pourcentage de femmes et d’hommes locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer Province, 2011 Plus de 30 %

Sexe Femmes Hommes

Plus de 50 %

Plus de 80 %

Nombre

 %

Nombre

 %

Nombre

 %

267 735 212 015

40,6 32,9

120 790 107 045

18,3 16,6

54 700 53 780

8,3 8,4

Tableau 9

Nombre de femmes locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer RMR, 2011 RMR Montréal Québec Gatineau Sherbrooke Trois-Rivières Saguenay

Plus de 30 %

Plus de 50 %

Plus de 80 %

Nombre

 %

Nombre

 %

Nombre

 %

151 280 27 040 9 025 9 080 6 290 4 915

42,5 37,3 40,8 42,7 40,2 39,8

72 860 12 375 4 440 3 790 2 560 2 160

20,5 17,1 20,1 17,8 16,4 17,5

34 160 5 430 2 425 1 400 1 120 985

9,6 7,5 11,0 6,6 7,2 8,0

alors qu’il n’atteignait que 28 481 $ chez les femmes, pour une différence marquée de 7321 $ par an. Comme l’explique le rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement qui a fait le tour du Québec à l’automne 20121, bien des raisons sont à la source de cette inégalité persistante. Ce sont les femmes qui sont très majoritairement assignées au travail domestique et aux soins. Ce sont elles qui se retrouvent plus souvent qu’autrement cheffes de familles monoparentales. Ce sont elles qui risquent davantage de travailler à temps partiel, afin de répondre aux besoins de leurs familles. Comme le loyer médian est à peu près le même pour les deux sexes, il correspond en moyenne à 21,7 % du revenu des hommes et à 26,9 % de celui des femmes. Pas juste économique Les difficultés économiques ne représentent qu’un aspect de la réalité des femmes locataires. La discrimination lors de la recherche d’un logement en fait aussi partie, surtout pour les mères de familles, les femmes immigrantes ou celles à l’aide sociale. L’intimidation, le harcèlement et même le harcèlement 1. Urgence en la demeure, Rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, mars 2013, p. 2.

Le logement : un sujet de mobilisation pour bien des femmes. Photo : Véronique Laflamme.

sexuel sont aussi le lot de bien des femmes lorsqu’elles vivent en appartement. Citons là aussi le rapport de la Commission populaire itinérante : « Ces pratiques toucheraient tout particulièrement les femmes. Il y a des cas où les propriétaires ou les gérants d’immeubles proposent des réductions du coût du loyer ou

des délais de paiement en échange de rapports sexuels. Dans d’autres cas, les propriétaires, sous divers prétextes, entrent dans les appartements à tout moment et sans prévenir.2 » 2. Ibid., p. 19 et 20.

DOSSIER NOIR Logement et pauvreté 9

Quand tu viens d’ailleurs

DOSSIER NOIR

Logement et pauvreté 10 Une famille de Gatineau aux prises avec des problèmes d’insalubrité. Photo : François Roy.

Un document publié par le FRAPRU en 2012 décrivait en ces termes les problèmes de logement vécus par les personnes immigrantes: « Comme locataires, elles sont victimes d’une double discrimination. En situation de pauvreté, elles subissent les mêmes préjugés et les mêmes abus de la part des propriétaires que les personnes assistées sociales, les travailleurs et les travailleuses à petit salaire, les personnes âgées, les familles nombreuses, les mères monoparentales et les personnes handicapées issues de la population établie. Comme personnes d’origines diverses, elles ont en plus à supporter les généralisations, l’ignorance et le racisme, ce qui résulte régulièrement en refus, harcèlement ou stigmatisation1.» 1. FRAPRU, Mythes et réalité. Immigration et logement au Québec, hiver 2012, p. 2.

La Commission populaire itinérante sur le droit au logement a entendu plusieurs témoignages à cet effet, notamment lors de ses audiences à Montréal, Laval et Gatineau  : «  On nous relate des situations où les personnes immigrantes qui se présentent pour louer un logement se font poser des questions non seulement sur leur solvabilité, mais encore sur la taille de leur famille, sur leur origine («  de quelle race êtes-vous?  »). CertainEs nous ont dit qu’on leur demande une carte de crédit pour qu’elles puissent prétendre au logement. Dans certains

Tableau 10

Nombre et pourcentage de ménages locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer, par statut d’immigration, province, 2011 Statut d’immigration Non-immigrant Immigrant Avant 2006 Depuis 2006

30 % et plus Nombre % 372 115 35,3 91 215 41,0 61 345 37,8 29 870 49,6

50 % et plus Nombre % 168 080 15,9 47 675 21,4 29 835 18,4 17 840 29,6

80 % et plus Nombre % 74 825 7,1 24 845 11,2 13 950 8,6 10 895 18,1

cas, on leur passe des commentaires sur l’éducation de leurs enfants ou sur les risques que ceux-ci aient des comportements inadéquats ou gênants pour les voisinEs2.» Toutes ces situations ne sont pas chiffrables, mais d’autres le sont 2. Urgence en la demeure, Rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, mars 2013, p. 19.

et l’ENM en donne un aperçu. On y voit que les ménages issus de l’immigration sont plus à risque de payer un trop fort pourcentage de leur revenu pour se loger que le reste des locataires. Des logements surpeuplés Il est de notoriété publique que les familles d’immigration plus récente sont repoussées vers les ensembles de logements de moins bonne qua-

lité où les conditions de salubrité et de sécurité laissent le plus à désirer. Ces familles vivent aussi des problèmes majeurs de surpeuplement. Selon les chiffres de l’ENM, les ménages arrivés au pays depuis 2006 représentent moins de 5 % de l’ensemble des locataires, mais comptent pour 17 % de ceux qui habitent un logement trop petit. Sur 60 260 ménages d’immigration récente, 17 165 subissent ce sort.

Le logement : un droit Même si elle date de près de vingt-cinq ans, la définition du droit au logement fournie par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est encore d’actualité. Il y est défini comme le droit «  à un lieu où l’on puisse vivre en sécurité dans la paix et la dignité ». Toutes et tous doivent pouvoir y accéder sans discrimination et sans obstacle, y consacrer une part de son revenu « qui ne menace ni ne compromette la satisfaction d’autres besoins fondamentaux », vivre dans un logement salubre, sécuritaire et confortable, être à l’abri des évictions arbitraires, disposer de tous les équipements nécessaires, être à proximité des services de santé ou d’éducation, etc.1 1. Comité des droits économiques, sociaux et culturels, ONU, Le droit à un logement suffisant, Observation générale 4, sixième session 1991, 13/12/1991.

Des participantes à un atelier sur le logement dans le quartier Ahuntsic-Cartierville,  à Montréal.  Photo : Gabrièle Laliberté-Auger.

Ce droit au logement est indissociable de tous les autres droits. Il dépend largement de la satisfaction ou non de celui à un niveau de vie suffisant et il se répercute à son tour sur l’exercice des droits à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, à la sécurité ou encore à l’égalité. Le groupe Action-Autonomie a bien résumé cette interdépendance lors de son passage devant la Commission populaire itinérante sur le droit au logement: « Les conséquences du logement indigne, ce sont des droits bafoués et une citoyenneté amputée2».

2. Action-Autonomie, Droit au logement et santé mentale. Des droits bafoués, des droits à revendiquer, Mémoire présenté à la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, 7 novembre 2012, p. 14.

DOSSIER NOIR Logement et pauvreté 11

545 1 630 830

Beauharnois

Châteauguay

Cowansville

545

La Tuque

39 495

665

Montmagny

Québec

965

Mont-Laurier 195 170

985

Matane (AR)

Montréal

935

1 870

17 715

Mascouche

Magog

Longueuil

4 620

695

La Prairie

Lévis

2 135

Joliette

17 290

4 625

Granby

Laval

15 215

425

Gatineau

Gaspé

5 295

940

Baie-Comeau (AR)

Drummondville

635

Nombre 1 325

Amos

Alma (AR)

Ville

34,2 %

40,3 %

31,6 %

42,6 %

36,3 %

34,8 %

38,9 %

37,5 %

26,7 %

36,6 %

28,1 %

29,3 %

38,5 %

36,6 %

37,9 %

25,2 %

37,2 %

31,4 %

39,6 %

28,5 %

28,4 %

28,3 %

% 28,7 %

Consacrant 30 % et plus du revenu au logement

18 480

102 480

230

355

250

330

900

8 480

1 935

7 960

235

350

880

1 885

7 415

125

2 185

310

625

260

375

230

16,0 %

21,1 %

10,9 %

15,7 %

9,2 %

12,3 %

18,7 %

17,9 %

11,2 %

16,9 %

12,1 %

14,8 %

15,9 %

14,9 %

18,5 %

7,4 %

15,3 %

11,7 %

15,2 %

13,6 %

11,3 %

10,2 %

Consacrant 50 % et plus du revenu au logement Nombre % 480 10,4 %

8 440

53 030

85

140

n.d.

85

295

4 075

745

3 420

105

160

320

650

3 890

30

840

140

295

100

n.d.

85

7,3 %

10,9 %

4,0 %

6,2 %



3,2 %

6,1 %

8,6 %

4,3 %

7,2 %

5,4 %

6,8 %

5,8 %

5,1 %

9,7 %

1,8 %

5,9 %

5,3 %

7,2 %

5,2 %



3,8 %

Consacrant 80 % et plus du revenu au logement Nombre % n.d. —

34 099 $

32 629 $

27 715 $

23 986 $

23 860 $

39 411 $

28 449 $

33 375 $

37 859 $

35 996 $

22 801 $

36 983 $

27 411 $

30 589 $

35 678 $

31 816 $

27 673 $

30 067 $

31 746 $

30 084 $

29 363 $

28 631 $

29 195 $

Revenu médian en 2006

La situation des ménages locataires, par ville, selon l’Enquête nationale sur les ménages de 2011

Tableau 11

655 $

684 $

512 $

517 $

499 $

792 $

595 $

667 $

655 $

703 $

424 $

735 $

577 $

584 $

733 $

529 $

553 $

563 $

671 $

573 $

540 $

502 $

501 $

Loyer médian en 2006

2 090 7 870 2 935 1 045 3 660 13 800 2 165 2 500 2 295 1 635 4 095 5 030 6 100 2 690 1 205

Rouyn-Noranda

Saguenay (RMR)

Salaberry-de-Valleyfield

Sept-Iles

Shawinigan

Sherbrooke

Sorel-Tracy

Sainte-Thérèse

Saint-Eustache

Saint-Georges (AR)

Saint-Hyacinthe

Saint-Jean-sur-Richelieu

Saint-Jérôme

Terrebonne

Thetford Mines (AR)

1 622 700

40,1 %

36,8 %

40,1 %

27,3 %

37,4 %

31,1 %

34,9 %

41,0 %

33,7 %

34,2 %

33,4 %

42,9 %

39,7 %

36,2 %

39,6 %

35,6 %

27,0 %

38,2 %

34,8 %

30,7 %

30,0 %

33,3 %

% 41,7 %

773 555

227 835

1 080

505

4 530

525

1 195

2 600

1 915

1 570

555

1 020

1 340

890

6 105

1 320

560

1 295

3 590

810

365

1 145

19,1 %

17,5 %

14,2 %

9,9 %

16,6 %

13,5 %

15,5 %

17,5 %

12,8 %

13,1 %

11,3 %

19,1 %

21,3 %

14,9 %

17,5 %

12,8 %

14,5 %

16,9 %

14,4 %

11,9 %

8,2 %

14,3 %

Consacrant 50 % et plus du revenu au logement Nombre % 1 425 20,4 %

12–13

Logement et pauvreté

DOSSIER NOIR

Source : Statistique Canada — Enquête nationale sur les ménages, 2011 (commande spéciale) AR : Agglomération de recensement – RMR : Région métropolitaine de recensement

Canada

479 750

3 040

Victoriaville

Province de Québec

1 385

Val d’Or

10 220

1 340

Rivière-du-Loup (AR)

Trois-Rivières

2 675

Nombre 2 910

Rimouski

Repentigny

Ville

Consacrant 30 % et plus du revenu au logement

382 590

108 475

415

225

1 820

n.d.

425

980

785

620

n.d.

480

530

355

2 525

375

175

555

1 720

420

n.d.

485

9,5 %

8,3 %

5,5 %

4,4 %

6,7 %



5,5 %

6,6 %

5,3 %

5,2 %



9,0 %

8,4 %

5,9 %

7,2 %

3,6 %

4,5 %

7,2 %

6,9 %

6,2 %



6,0 %

Consacrant 80 % et plus du revenu au logement Nombre % 560 8,0 %

35 806 $

32 118 $

26 277 $

35 688 $

26 637 $

23 011 $

36 918 $

29 838 $

32 664 $

30 453 $

28 315 $

31 194 $

32 953 $

25 948 $

27 997 $

23 677 $

32 636 $

26 167 $

30 068 $

31 817 $

30 927 $

26 844 $

34 740 $

Revenu médian en 2006

784 $

643 $

540 $

550 $

533 $

434 $

726 $

641 $

610 $

591 $

534 $

679 $

694 $

504 $

583 $

458 $

582 $

555 $

532 $

553 $

563 $

566 $

716 $

Loyer médian en 2006

Une dame témoigne lors du passage de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement à Lévis, à l’automne 2012.   Photo : Réal Michaud.

L’âge, aussi un facteur DOSSIER C’est aux deux extrémités de la pyramide NOIR des âges que l’on retrouve la plus grande

Logement proportion de locataires en difficulté. et pauvreté La part de locataires consacrant plus de 30 % de leur 14 revenu au loyer est de 51 % chez les personnes âgées

de plus de 75 ans. Il atteint 57 % à Gatineau et à Sherbrooke, et 56 % à Québec. C’est la faiblesse du revenu de ces ménages, très majoritairement féminins, qui explique qu’ils se retrouvent dans cette situation. Leur revenu médian est en effet de 23 601 $, soit 8517 $ de moins que l’ensemble des locataires. C’est aussi la faiblesse du revenu des jeunes de 15 à 24 ans (25 673 $) qui explique que ces ménages viennent au second rang parmi ceux qui paient plus de 30 % de leur revenu pour se loger et au premier de ceux qui y engloutissent des pourcentages encore supérieurs. La situation est particulièrement difficile à Mont­réal où les pourcentages de jeunes ménages payant plus de

30 %, 50 % et 80 % de leur revenu pour se loger sont respectivement de 65 %, 44 % et 30 % ! Le vieillissement des locataires risque aussi d’accroître leur vulnérabilité. Ces personnes ont davantage besoin de soins et de services. Elles sont par ailleurs plus exposées à diverses formes d’intimidation et de harcèlement. Elles ne sont pas non plus à l’abri de la discrimination lors de la recherche d’un logement, puisqu’elles peuvent être considérées comme un fardeau potentiel par une partie des propriétaires. Ce dernier phénomène touche aussi les jeunes que des propriétaires soupçonnent a priori d’être des fauteurs de troubles ou de futurs mauvais payeurs. En juin 2014, le Tribunal des droits de la personne a justement ordonné à un propriétaire de payer 7500 $ en dommages à un jeune couple qu’il avait considéré incapable de payer le loyer, sans tenir compte de l’ensemble de ses revenus, dont une bourse d’étude.

Tableau 12

Nombre et pourcentage de ménages locataires consacrant une trop forte part de leur revenu en loyer, selon l’âge du principal soutien financier, province, 2011 Âge 15 à 24 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 54 ans 55 à 64 ans 65 à 74 ans 75 ans et plus

Plus de 30 % Nombre  % 49 080 48,6 83 375 31,3 64 360 31,3 75 185 32,3 75 450 36,9 57 950 38,8 74 360 51,5

Plus de 50 % Nombre  % 29 065 28,8 43 040 16,1 33 035 16,0 40 100 17,2 41 420 20,3 14 780 9,9 26 395 18,3

Plus de 80 % Nombre  % 17 870 17,7 24 570 9,2 17 360 8,4 19 620 8,4 17 680 8,7 2 925 2,0 8 445 5,8

Les chiffres ne disent pas tout sur la qualité de l’habitat

Or, rien ne permet de croire à une telle amélioration. Partout au Québec, les comités logement et les associations de locataires doivent régulièrement intervenir dans des dossiers où la mauvaise qualité des logements constitue un danger pour la santé et la sécurité des locataires : mauvaise isolation, moisissure, vermine, balcons ou escaliers dangereux, etc.

Photo : André Querry.

S’il est une réalité que les données de l’ENM semblent grandement sous-estimer, c’est bien la vétusté d’une partie importante du parc de logements locatifs. À en croire ces chiffres, le besoin de rénovations majeures aurait diminué. À l’échelle du Québec, ça aurait été le cas de 104 410 appartements en 2011, ce qui correspond à 8 % du parc, un pourcentage moindre qu’en 2006.

les logements. Quant aux locataires, les recours à leur disposition, entre autres à la Régie du logement, sont déficients et sont l’objet de délais intolérables. Une cause pour

obtenir des réparations et des travaux pourtant nécessaires prend en moyenne 20,7 mois à la Régie. En comparaison, une cause pour nonpaiement de loyer en exige 1,4 !

Claude Gagné

Cela n’a rien de surprenant. Le parc de logements locatifs est vieillissant. Selon l’ENM, 70 % des logements ont plus de 30 ans, alors que 33 % en ont plus de 50. Or, l’absence de codes de salubrité dans plusieurs villes et leur application déficiente dans d’autres n’obligent pas les propriétaires à bien entretenir

Gatineau

Claude Gagné s’est retrouvé à la rue parce que la maison de chambres où il habitait depuis un an a été jugé insalubre et « ������������������ impropre à l’habitation » ����������������������������������������������������������� par un inspecteur privé mandaté par Logemen’occupe. L’organisme de défense des droits des locataires a dû le faire, puisque la Ville de Gatineau n’en a pas le pouvoir en vertu de son règlement de salubrité. Comme M. Gagné Tableau 13 Nombre et pourcentage de logements ayant besoin de rénovations majeures et ne parvenait pas à se remettre de logements ayant plus de 30 ans d’une pneumonie, il a même dû Province, RMR et grandes villes, 2011 être amené à l’hôpital pour receLogements ayant besoin Logements ayant voir des soins et avoir un endroit plus de 30 ans Province, RMR ou villes de rénovations majeures où habiter en attendant de trouNombre  % Nombre  % ver mieux. Province RMR de Montréal Montréal (Ville) RMR de Québec Québec (Ville) RMR de Gatineau RMR de Sherbrooke RMR de Trois-Rivières RMR de Saguenay

104 410 62 595 46 020 8 635 7 330 3 645 2 110 1 965 1 750

8,0 8,7 9,5 6,2 6,4 8,7 5,2 6,7 7,0

908 420 538 895 398 895 89 130 77 085 23 350 23 860 18 395 16 495

69,7 74,6 82,3 64,0 66,8 55,5 58,3 62,7 66,1

Heureusement, l’histoire finit bien. Avec l’aide de son amie ­Johanne, de Logemen’occupe et de l’Entraide familiale, Claude Gagné a réussi à se trouver un HLM et des meubles. Il y a emménagé le 28 mai.

DOSSIER NOIR Logement et pauvreté 15

Ça empire chez les Autochtones Loin de s’améliorer, les conditions de logement s’aggravent chez les Premières nations et le Peuple inuit, selon l’Enquête nationale auprès des ménages. Ainsi, sur les 6380 logements situés sur des « réserves autochtones1 » au Québec, 2185, soit 34 %, ont besoin de rénovations majeures. De plus, 1445 ménages habitent un logement de taille insuffisante, pour un pourcentage de 23 %. En comparaison, au Québec, 8 % des logements locatifs ont besoin de rénovations majeures et un peu moins sont de taille insuffisante. Le surpeuplement des logements est encore plus désastreux sur le territoire inuit du Nunavik, au Nord du Québec. Sur 2535 logements construits dans l’ensemble des communautés, 1055, soit 42 %, sont de taille insuffisante. La situation n’est pas appelée à s’améliorer, la moitié 1. Ce terme est utilisé puisqu’il fait référence à des territoires soumis à la « Loi sur les Indiens ». L’ENM parle de « logements de bande ».

DOSSIER NOIR

Logement et pauvreté 16

À Kuujjuaq, au Nunavik. Photo : Priscilla Bittar.

de la population y ayant moins de 20 ans, ce qui accroîtra le manque de nouvelles demeures. Par ailleurs, 875 logements, représentant 35 % de l’ensemble, y ont besoin de rénovations majeures. De graves conséquences La Commission populaire itinérante sur le droit au logement a fait ressortir les conséquences du surpeuplement qui « nie à quiconque le droit à quelque intimité » : « Apparaissent alors des situations diverses : querelles, dépression, suicide, abus, inceste et violence, problèmes auxquels peut s’ajouter la consommation de drogues et d’alcool2 ».

effets des conditions déplorables de logement en termes de violation de droits : « Au Nunavik et dans les Premières Nations, le droit au logement apparaît nettement au cœur du dispositif des droits humains. La pénurie de logements devient vite dramatique lorsqu’elle est concentrée dans une communauté isolée et fermée. Elle agit comme un verrou qui bloque l’accès aux autres droits humains. Le plein exercice des droits à l’éducation, à la santé, à la sécurité de la personne, à l’égalité, à la non-discrimination et au droit à l’autodétermination passent par l’urgence d’assurer le droit au logement3 ».

La Commission a aussi illustré les

Les conditions déplorables de logement dans les communautés contribuent de surcroît à l’exode vers les centres urbains de plusieurs Autochtones qui y vivent aussi de multiples difficultés : discrimination, mauvaise qualité des appartements, surpeuplement et, pour plusieurs, itinérance.

2. Urgence en la demeure, Rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, mars 2013, p. 20.

3. Ibid., p. 21 et 22.

Un de ses effets est le développement de l’itinérance voilée. Faute de logement, des individus et même des familles doivent errer d’une maison à une autre, en quête d’un endroit pour dormir.

Une famille autochtone participe à une manifestation du FRAPRU, à Vald’Or, en Abitibi.   Photo : Richard Lalonde.

Pauline Val-d’Or

Je suis une Autochtone en couple avec des enfants. Mon conjoint et moi, nous avons vécu plusieurs ­situations en rapport avec le logement. J’ai d’abord connu le surpeuplement sur la réserve, dans un cabanon avec chauffage au bois. Après une année, le Conseil de bande nous a fourni une maison de 3 chambres avec un sous-sol de 3 pieds. La réalité dans les communautés, c’est le surpeuplement des maisons. Il manque de logements et il est difficile de s’en trouver un. En milieu urbain, c’est un vrai défi pour un Autoch­ tone de trouver un logement. J’ai essayé à maintes reprises. Après 3 ans, j’ai déniché un loyer de 4 ½ meublé dans un sous-sol. Le prix était abordable, mais le problème était la senteur de pisse du chat qui venait faire ses besoins au bord des châssis. À la recherche d’un autre logement, j’appelais, le propriétaire me fixait un rendez-vous pour visiter, mais quand je me présentais, le non-verbal se lisait sur son visage. Quelqu’un était venu visiter et attendait sa réponse. Le propriétaire me rappelait pour me dire que c’était loué ! Puis les logements à but non lucratif ont vu le jour. Nous étions éligibles pour avoir un loyer à prix ­modique. Nous sommes restés locataires pendant

quatre ans, mais la famille s’agrandissait. Les chambres étaient devenues très petites. Entretemps, nous avons acheté des biens. Je me cherchais à nouveau un loyer, mais tout le monde me disait que c’était trop petit pour une famille, alors que c’était mon identité culturelle qui était en cause. Un jour, nous avons trouvé une dame qui m’a loué son sous-sol chauffé et éclairé, mais elle est déménagée à l’extérieur et a loué son logement d’en haut. Nous avons quitté pour un logement à l’extérieur de la ville, puis nous avons eu un logement dans la communauté, mais, quelle surprise, il était insalubre à notre arrivée et nous y sommes restés pendant 11 années. Le désir de retourner à l’école était omniprésent, même avec mes 6 enfants. J’ai donc recommencé à chercher un logement, cette fois dans une autre ville. Je me suis butée au même phénomène de discrimination raciale. Les seules places qu’ils veulent louer sont des loyers insalubres, mal chauffés, des châssis et des portes mal isolés et le prix de loyer en hausse. Présentement, nous vivons dans un loyer de 5 ½ non chauffé et non éclairé et nous survivons seulement. Les enfants vivent la même expérience que nous, alors vous comprenez pourquoi ils restent pendant plusieurs années chez leurs parents.

DOSSIER NOIR Logement et pauvreté 17

Personnes handicapées

L’accès sans barrière à un logement

DOSSIER NOIR

Logement et pauvreté 18

Photo : Véronique Laflamme.

En 2012, Statistique Canada a mené une enquête révélant que 315 640 personnes ont une incapacité sévère ou très sévère au Québec1. Parmi elles, 59 % ont entre 15 et 64 ans et les autres plus de 65 ans. Les femmes en représentent 58 %.

conception et de l’aménagement de leur domicile. De plus, 34 970 personnes avaient besoin d’aménagements spéciaux dans leur logement. Ces problèmes sont d’autant plus grands que ces personnes vivent très souvent dans la pauvreté.

Une portion significative de ces personnes éprouve, à différents degrés, des difficultés à accéder à un logement et à y vivre sans obstacle. En 2008, l’Office des personnes handicapées du Québec évaluait que 21 000 personnes éprouvaient des difficultés à vaquer à leurs activités quotidiennes, en raison de la

C’est pour faire face à cette situation, qui s’aggravera avec le vieillissement de la population, et assurer l’inclusion de toutes et de tous que les groupes de personnes handicapées mettent de l’avant le concept d’accessibilité universelle, c’est-àdire d’environnement et de logement sans barrière permettant à toutes les personnes, quelle que soit leur situation, d’accomplir l’ensemble de leurs activités quotidiennes.

1. Statistique Canada, L’incapacité au Canada : premiers résultats de l’Enquête canadienne sur l’incapacité, décembre 2012. L’organisme définit l’incapacité comme suit : « difficultés avec les activités de la vie quotidienne ou réduction de la qualité ou du genre d’activités en raison d’un état physique ou mental ou de problèmes de santé ».

Dans un mémoire présenté à la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, Mœlle épinière et motricité Québec, anciennement connue sous le nom d’Association des paraplégiques du Québec, soulevait aussi le problème du manque de logements adaptés et les faibles-

ses des programmes gouvernementaux en ce domaine : ­« Finalement, le manque de logements adaptés dans le marché locatif régulier, tout comme dans celui des condominiums d’ailleurs, est également problématique, forçant des personnes simplement en recherche d’un lieu de vie pour une plus longue durée à occuper d’autres types de ressources plus spécialisées et coûteuses socialement2­. Il faut donc s’assurer que les projets de construction neuve comptent un pourcentage de logements accessibles ou adaptés répondant aux besoins de la part de la population vivant avec des limi­ tations »3. 2. Ailleurs dans le mémoire, le groupe nomme spécifiquement les Centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) pour parler de ces ressources spécialisées. 3. Moelle épinière et motricité Québec, ­Pénurie de logements accessibles et adaptés au Québec, Enjeux et pistes de solution, Mémoire présenté à la Commission ­populaire itinérante sur le droit au logement, 21 novembre 2012, p. 8.

Les multiples visages de l’itinérance Il est impossible de connaître avec exactitude le nombre de personnes qui sont en situation d’itinérance au Québec. De plus, comme l’explique la Politique nationale de lutte à l’itinérance, adoptée par le gouvernement en février 2014, « la durée et la fréquence des épisodes d’itinérance peuvent varier selon les personnes et selon les facteurs qui les ont conduites à l’itinérance1 ».

sont aussi, tout comme des personnes plus âgées, en mauvaise santé, qui vivent parfois cette problématique tardivement dans leur vie. La rareté de logements locatifs à bas loyer pousse aussi des familles à la rue. Certes, leur nombre est moins grand qu’au début des années 2000, mais le problème existe toujours et il fait régulièrement les manchettes en Outaouais. Les Autochtones vivent des situations diverses d’itinérance. Le problème est également croissant chez les personnes immigrantes.

La Politique définit trois grands t­ ypes d’itinérance.

Une aggravation

L’itinérance « situationnelle », la plus fréquente, est

celle vécue par des personnes ou des familles qui se retrouvent temporairement sans logis.

L’itinérance « cyclique » touche des personnes qui

alternent fréquemment entre un logement ou une chambre et la rue.

L’itinérance « chronique », que la Politique décrit

comme sa forme « la plus visible et la plus préoccupante », fait en sorte que des personnes sont sans toit pour de très longues périodes.

Plusieurs types de personnes sont touchés par l’un ou l’autre de ces phénomènes. Si les hommes sont encore majoritaires parmi les sans-abri, les femmes, moins visibles, y sont de plus en plus présentes. Les jeunes le 1. Gouvernement du Québec, Ensemble pour éviter la rue et en sortir. Politique nationale de lutte à l’itinérance, 2014, p. 30.

Tous les organismes intervenant en itinérance s’entendent pour dire que le problème s’aggrave : « Dans les services d’hébergement pour les hommes à Montréal, le nombre de nuitées a augmenté de 4,5 % à l’hiver 2012-2013 par rapport à l’hiver 2011-2012 et de 24 % par rapport à l’hiver 2008-2009, pour un total de 66 633 nuitées, selon le bilan de l’hiver 2012-2013 de la Ville de Montréal. La même année, le nombre de nuitées pour les femmes a augmenté de 31,5 %. À Québec, le YMCA refuse en moyenne 400 femmes par an, faute de places et de ressources suffisantes2 ». Les services débordent aussi à Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Sept-Îles, dans plusieurs villes de la Montérégie et ailleurs au Québec. Au même moment, des ressources doivent diminuer leurs services, faute de subventions suffisantes.

DOSSIER NOIR

2. Réseau SOLIDARITÉ Itinérance Québec, Au-delà de la rue. Réalités et enjeux de l’itinérance au Québec, 2014, p. 3.

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Photo : André Querry.

Logement et pauvreté

Un marché qui continue à se transformer La pénurie de logements locatifs qui a touché le Québec au début des années 2000 a contribué à la transformation de ce marché.

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Difficile de se loger à Montréal ? Pas pour tout le monde ! Photo : André Querry.

Ainsi, même si la situation générale s’est stabilisée dans presque toutes les régions au cours des dernières années, les grands logements familiaux, eux, demeurent rares. Au printemps 2014, le taux d’inoccupation des logements de trois chambres à coucher et plus était de 1,5 % dans la RMR de Québec, de 2,1 % dans celle de Montréal, de 0,0 % aux Îlesde-la-Madeleine, de 0,2 % à Rouyn-Noranda, de 0,3 % à Val-d’Or et Sept-Îles, de 0,7 % à Mont-Laurier, de 0,9 % à Amos et de 1,2 % à Rimouski.

La construction au ralenti En dépit d’une modeste relance, les mises en chantier de logements locatifs privés demeurent pour leur part beaucoup moins nombreuses qu’auparavant. En 2013, elles ont atteint 7759 au Québec, soit 3250 de moins qu’en 20041. La situation est particulièrement critique sur l’île de Montréal. En 2013, à peine 551 logements locatifs privés ont été mis en chantier2. Ce nombre est inférieur à celui enregistré dans des régions beaucoup moins populeuses. Depuis plusieurs années déjà, la construction d’unités de condominiums dépasse celle de logements 1. SCHL, Actualités Habitation, région de Québec, premier trimestre de 2014, p. 11. 2. SCHL, Actualités Habitation, RMR de Montréal, janvier 2014, p. 20.

locatifs. C’est spécialement le cas dans la RMR de Montréal où elle y a été quatre fois plus importante en 2013. Sur l’île elle-même, elle a été huit fois supérieure. L’abondance de condominiums a par ailleurs fait exploser leur utilisation à des fins locatives. À l’automne 2013, pas moins de 141 673 unités de condominiums étaient offertes en location dans la région de Mont­ réal3. C’est 32 % de plus qu’en 2010. Sur l’île même de Montréal, ce sont 83 431 unités de condos, soit 13 % de l’ensemble, qui sont mises en location. Le phénomène touche aussi la RMR de Québec. À l’automne 2013, 28 294 unités de copropriétés, soit 10 % de l’ensemble, y étaient en 3. SCHL, Rapport sur le marché locatif, RMR de Montréal, automne 2013, p. 26.

Lors d’une manifestation à l’hôtel de ville de Montréal. Photo : Samuel Saint-Denis Lisée.

location4. C’est 30 % de plus qu’en 2010. Ce marché est très différent du marché locatif traditionnel. Les loyers y sont notamment beaucoup plus élevés. Sur l’île de Montréal, le coût moyen d’un condo locatif de deux chambres à coucher atteignait 1240 $ par mois en 20135 ! Des loyers toujours plus chers Le coût du logement a par ailleurs augmenté dans l’ensemble du parc locatif. De 2000 à 2013, le loyer mensuel moyen d’un logement de deux chambres à coucher a augmenté de 41 % au Québec. Dans la RMR de Québec, la hausse a été de 46 % et dans celle de Montréal de 43 %. Le loyer mensuel moyen y atteint respectivement 757 $ et 730 $6. Il était de 744 $ à Gatineau. 4. SCHL, Rapport sur le marché locatif, RMR de Québec, automne 2013, p. 18. 5. SCHL, Rapport sur le marché locatif, RMR de Montréal, op. cit., p. 24 6. SCHL, Rapports sur le marché locatif, Faits saillants ­­– Québec, automnes 2000 et 2013.

Les grands chiffres pour le Canada À l’échelle du Canada, 30,7 % des ménages sont locataires. 40 % des locataires déboursent plus de 30 % de leur revenu pour se loger, 19 % plus de 50 % et 9,5 % plus de 80 %. Les provinces qui comptent le plus fort pourcentage de ménages locataires consacrant plus de la moitié de leur revenu sont dans l’ordre la ColombieBritannique (23,2 %), la Nouvelle-Écosse (20,4 %) et l’Ontario (19,8 %). Le Québec vient au 7e rang. C’est en Alberta où le nombre de locataires dans cette situation a le plus augmenté depuis 2006 (+ 30,5 %). Le revenu médian des locataires est de 35 806 $, alors que le loyer médian, lui, atteint 784 $. Ils ont augmenté respectivement de 13 % et 17 % entre 2006 et 2011. Au Canada, 9,0 % des logements locatifs ont besoin de rénovations majeures, alors que 10 % sont de taille insuffisante.

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Le logement social, une solution en péril Le logement social représente la meilleure façon d’assurer la mise en œuvre du droit au logement, puisqu’il est sans but lucratif, à propriété collective et qu’il est subventionné directement par les gouvernements.

Une famille qui a amélioré ses conditions de logement à la coopérative d’habitation L’Escalier, à Québec. Photo : Nicolas Lefebvre Legault.

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Au début de 2014, 142 000 logements sociaux1 recevaient toujours de telles subventions. Ils représentaient moins de 11 % du parc locatif. Entre 2000 et 3000 logements s’ajoutent à chaque année à ce parc, ce qui est beaucoup trop peu compte tenu de l’ampleur des besoins. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard pourrait toutefois être tenté de faire encore moins en ce domaine, compte tenu du remède de cheval qu’il a décidé d’imposer aux dépenses publiques. Tous les programmes seront passés à la loupe de manière permanente afin de juger de leur pertinence, de leur efficacité et de leur efficience. AccèsLogis, le seul programme qui permet encore le développement du logement social, résistera-t-il à l’examen et, si oui, dans quel état en sortira-t-il ?

pour tous ses programmes de logement dit abordable. Cette somme n’est pas même suffisante pour subventionner 700 logements dans AccèsLogis ! Pire encore, Ottawa est en train de se retirer du financement des logements sociaux existants2. Il a en effet décidé de ne pas renouveler les subventions qu’il leur verse depuis des décennies, une fois terminées les ententes de financement actuelles. En 2012, il accordait toujours des subventions à 125 900 logements sociaux du Québec. C’est 3400 de moins qu’en 2008. Le phénomène est encore plus avancé à l’échelle du Canada où 45 000 logements ont cessé de bénéficier de subventions fédérales entre 2006 et 2013. Or, l’érosion s’accéléra dangereusement au cours des prochaines années.

En tout cas, ce ne sont pas les contributions fédérales qui convaincront Québec de garder le cap. D’ici 2019, Ottawa ne lui accordera que 57,7 millions $ par an

À terme, le gouvernement fédéral aura cessé de financer les logements sociaux existants. C’est leur accessibilité financière qui en souffrira le plus, les subventions servant pour l’essentiel à diminuer le loyer des locataires à plus faible revenu.

1. Ce chiffre inclut les HLM, les coopératives et les organismes sans but lucratif en habitation, de même que les logements autochtones « sur réserve ».

2. À noter qu’il ne s’agit que des logements sociaux dont le financement a été annoncé avant 1994.

Les groupes participants Action Dignité Saint-Léonard, Montréal Association des locataires de l’AbitibiTémiscamingue (ALOCAT) Association des locataires de Sherbrooke Association des locataires de Villeray, Montréal Comité BAILS HochelagaMaisonneuve, Montréal Comité d’action de Parc Extension (CAPE), Montréal Comité d’action des citoyens et citoyennes de Verdun (CACV), Montréal Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, Québec Comité logement Ahuntsic-Cartierville, Montréal Comité logement d’aide aux locataires, Ouest de Québec Comité logement de Beauharnois Comité logement de Trois-Rivières Comité logement Montréal-Nord Comité logement Plateau Mont-Royal, Montréal Comité logement Rimouski-Neigette Comité logement Rive-Sud Comité logement Rosemont, Montréal Comité logement Ville-Marie, Montréal Comité populaire Saint-Jean Baptiste, Québec Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) Fédération des OSBL d’habitation de Montréal (FOHM) Infologis de l’Est de Montréal Logemen’occupe, Gatineau Loge m’entraide, Saguenay Maison La Virevolte, Longueuil POPIR Comité logement, Sud-ouest de Montréal Projet Genèse de Côte-des-Neiges, Montréal Regroupement information logement (RIL) de Pointe Saint-Charles, Montréal Les groupes associés Le FRAPRU compte aussi quelque 125 groupes membres associés qui appuient ses revendications et ses actions. Ils sont présents dans les quatre coins du Québec. Il s’agit de groupes intervenant directement en habitation ou en itinérance mais aussi d’organisations communautaires, syndicales, féministes, étudiantes, etc.

Photo : André Querry.

Les groupes membres du FRAPRU

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DOSSIER NOIR Logement et pauvreté

Ce Dossier noir a été rédigé par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Sauf indication contraire, toutes les données qui y sont utilisées proviennent de l’Enquête nationale auprès des ménages. Elles ont été fournies par Statistique Canada, suite à une commande spéciale du Groupe d’études et d’actions urbains (GEAU). Merci à tous les organismes qui ont contribué à la production de ce dossier. Graphisme : André Leclerc Impression : Payette et Simms Photo de la page couverture : Véronique Laflamme Photo de la couverture arrière : André Querry

Ce Dossier noir est le sixième publié par le FRAPRU depuis 1987. Rédigé à partir des données de l’Enquête nationale auprès des ménages, menée en 2011 par Statistique Canada, il dresse un portrait inquiétant de la situation du logement et de son évolution au cours des cinq dernières années. Au-delà des chiffres aussi alarmants soient-ils, il y a les personnes qui vivent les problèmes et leurs conséquences, d’où l’ajout de témoignages sur différentes facettes de la réalité de l’habitation au Québec. Septembre 2014 Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) 1431, rue Fullum, bureau 201, Montréal (Québec), H2K 0B5 514-522-1010 [email protected] Site web : www.frapru.qc.ca Facebook : www.facebook.com/FRAPRU.logement Twitter : @FRAPRU