Développement, rythmes et besoins de l'enfant

trotteurs avant même de tenir sur leurs pieds. .... Henri WALLON (1879-1962) était un psychologue français qui a étudié le développement affectif et social.
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Développement, rythmes et besoins de l'enfant

1. Notions de bases Un bébé n'est pas un adulte en miniature. C’est une personne à part entière ayant des besoins particuliers du fait de son peu d'autonomie et de ses limites pour agir et pour s'exprimer. Plus un enfant est jeune, plus il est en état de dépendance pour la satisfaction de ses besoins. Les conditions de vie de l'enfant, son environnement socioculturel ont une grande incidence sur son développement. 1.1. Besoins Les besoins correspondent à l'ensemble des éléments physiques, affectifs et sociaux nécessaires à la vie. Exemples d'éléments physiques : manger, dormir, boire, être propre, etc. ... Exemples d'éléments affectifs : se sentir en sécurité, jouer, rire, apprendre, expérimenter, etc. ... Exemples d'éléments sociaux : rencontrer d'autres enfants, sortir de la famille, etc. ...

Un exemple autour des besoins primaires (physiques) Le besoin est l'écart qui existe entre ce qui est Un nourrisson a besoin de se nourrir. et ce qui devrait être. Cet écart produit un état de manque.

Il a faim

Le manque provoque une tension.

Il pleure

Cet état de tension exige une satisfaction Il est alimenté. spécifique. La satisfaction peut être rapide.

La sensation de faim disparaît dès la prise du repas.

Dans certains cas, la sensation de satisfaction peut être précaire et fragile surtout lorsqu'elle correspond à des attentes non matérialisables comme le besoin de sécurité affective. Elle peut être substitutive (ex : les personnes qui compensent par l'absorption de nourriture d'autres besoins non satisfaits). Ces besoins ne sont pas divisibles. Ils sont imbriqués et en constantes interactions. Les individus ont tous les mêmes besoins, mais leur intensité se module différemment d'une personne à l'autre et en fonction des étapes du développement. Par exemple, la sphère de relations sociales qui permet la réponse aux besoins de socialisation n'est pas la même chez un jeune enfant, un adolescent ou un adulte. …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 1/20

Si l'état de besoin se prolonge sans réponse, il conduit au déséquilibre. Si ce déséquilibre se prolonge, il mène à la détresse, voire à la mort.

1.2. Dépendance Le nourrisson est dépendant de l'adulte pour tous les actes de la vie quotidienne. Nos représentations professionnelles de la dépendance sont en lien avec « l'incapacité de faire seul ». La dépendance est souvent définie dans le secteur médico-social comme une relation liant un individu à un autre individu et relevant de la satisfaction d'un besoin ou de plusieurs besoins. De par sa dépendance, l'enfant est soumis à la volonté, la compétence, la compréhension et le respect dont l'adulte saura faire preuve. Progressivement, l'enfant passe d'une dépendance absolue à une indépendance toute relative car il y a toujours un besoin d'attachement affectif nécessaire et indispensable pour évoluer psychologiquement. La dépendance n'est donc pas seulement associée aux besoins primaires mais également aux besoins psychologiques. Nous sommes tous plus ou moins dépendants les uns des autres quel que soit notre âge.

1.3. Attachement L'attachement désigne le lien affectif et social qui se développe entre l'enfant et sa mère. L'attachement se construit progressivement en relation avec les soins que l'enfant reçoit au cours de la petite enfance. La nécessaire évolution de cette relation permet ensuite à l'enfant d'aller vers son autonomie physique et sociale. Le jeune enfant doit apprendre à se détacher progressivement de sa mère pour acquérir son autonomie.

1.4. Individuation L'individuation est nécessaire pour la construction de l'autonomie. Il s'agit du processus qui permet à l'enfant de se séparer de sa mère afin d'exister pour lui-même. L'individuation se fait très progressivement. L'autonomie physique (la marche, le langage) participe activement à l'autonomie psychique.

1.5. Autonomie L'autonomie, telle qu'elle est comprise dans le secteur de la petite enfance, se réduit souvent, à l'idée de « savoir faire seul ». Sont considérés comme autonomes par exemple, les enfants qui mangent proprement, s'habillent seuls, enfilent leur chaussures sans confondre gauche et droite, attachent leurs lacets, etc. ... Or ce mot vient du grec « auto » et « nomos », ce qui veut dire : celui qui fixe sa propre loi. Être autonome, c'est pouvoir se donner à soi-même le sens de son action. L'enfant qui s'habille seul uniquement parce qu'on le lui a demandé n'est pas autonome, il est dégourdi ! Est autonome, l'enfant qui s'habille seul, même maladroitement parce qu'il a envie de sortir et qu'il a compris qu'ainsi, il n'aura pas froid en sortant ! L'autonomie étant liée pour chaque être humain à la possibilité de répondre avec ou sans aide à ses besoins physiques, psychologiques ou sociaux, la question pour toutes les personnes qui accompagnent les enfants dans leur évolution est donc : comment donner progressivement à l'enfant un maximum de moyens d'agir par lui-même et pour lui-même ? Ce n'est pas parce qu'un enfant est très dépendant de l'adulte que ce dernier doit tout faire à sa place ou le manipuler comme un objet ! Une bonne adaptation de l'environnement permet à l'enfant de progresser à son rythme vers une réelle autonomie.

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1.6. Environnement Il ne peut y avoir de croissance motrice, intellectuelle et affective, sans un environnement suffisamment bon pour assurer à l'enfant sa sécurité physique et affective. Par environnement, on entend les conditions à la fois affectives et matérielles dans lesquelles l'enfant évolue. Il y a dans chaque bébé une potentialité extraordinaire qui va se développer plus ou moins. La qualité de l'environnement a une importance considérable sur la façon dont les bébés et les enfants vont grandir.

1.7. Socialisation La socialisation est la capacité à vivre et à interagir avec d'autres individus. C'est un processus par lequel l'enfant, au cours de son développement, apprend progressivement les règles de base de la vie en société. Il assimile petit à petit les comportements, valeurs, normes, coutumes, conventions et modes de pensées propres à l'environnement socioculturel dans lequel il évolue. Ceci se réalise par étape : en famille, à l'école, dans les activités de loisirs.

2. Les étapes du développement de l’enfant Les jeunes enfants sont tellement différents de nous qu'il nous est difficile parfois de les comprendre. Pour nous aider, nous allons nous appuyer sur de nombreux auteurs, spécialistes de la petite enfance. Il est intéressant d'y faire référence pour comprendre comment évolue l'enfant. Par exemple, FREUD 1 a donné un nom aux différents stades du développement affectif de l'enfant. Ces noms évoquent la partie du corps sur laquelle se centre momentanément l'intérêt de l'enfant (stade oral, annal, phallique). Toutefois, les périodes indiquées ci-dessous sont données à titre indicatif. Elles se chevauchent et en fonction de chaque enfant, elles peuvent être plus précoces ou plus tardives. Il ne faut jamais oublier que l'enfant type n'existe pas, chaque enfant est unique et différent. 2.1. Le développement psychomoteur Le développement moteur comprend le développement des postures, de la préhension, de la latéralisation et de la locomotion. L'activité première du jeune enfant passe par la découverte de son corps et la conquête de sa maîtrise corporelle, passage indispensable pour conquérir son univers. Il y a des interactions complexes entre les acquisitions motrices, l'utilisation et le développement des cinq sens et le développement psychique. Tout mouvement devient psychomoteur à partir du moment où il dépasse « l'activité réflexe ». Le nouveau-né a tout d'abord des « mouvements réflexes » qui provoquent des sensations nouvelles. Progressivement, ces mouvements deviennent volontaires. Le bébé expérimente ainsi de nouvelles sensations. Le moteur aide l'intelligence à se construire et inversement. Un bébé passe beaucoup de temps à découvrir quelque chose par hasard et faire le lien avec ce qu'il connaît déjà. Par exemple : il comprend petit à petit que la sensation de son bras qui bouge correspond à l'image du bras qui s'agite devant ses yeux. Le bébé va faire sans cesse ce genre d'expérimentations et passer ainsi d'une motricité involontaire à une motricité volontaire. L'activité motrice, dans la mesure où elle est intentionnelle, ne peut pas être séparée du développement affectif et de la qualité des échanges émotionnels avec la mère. Pour un développement psychomoteur harmonieux, il est nécessaire que l'enfant se sente bien. 1

S. FREUD (1856-1939) est le fondateur de la psychanalyse.

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Les facteurs de développement psychomoteur pour l'enfant sont : • le potentiel de son équipement organique (le corps doit fonctionner) ; • la maturation de son système nerveux ; • la qualité des relations affectives dont il bénéficie ; • le contexte culturel et social dans lequel il vit (possibilités d'expérimentations). Il n'y a pas de développement uniforme. Toutes les fonctions ne se développent pas simultanément et il n'y a pas un développement identique pour tous les enfants. 2.1.1. Les cinq sens L'environnement permanent « in utéro » du bébé : c'est sa mère. Aujourd'hui, on sait que le développement sensoriel du fœtus est très précoce. Il entend la voix de son entourage et plus particulièrement de sa mère. Il perçoit le contact au niveau de sa peau et peut goûter les différentes saveurs du liquide amniotique dès le cinquième mois. Les déplacements de sa mère le bercent. Toutes ces perceptions et ces sensations vont avoir une première influence sur son développement. À sa naissance, sauf problème spécifique, le nouveau-né est prêt à utiliser tous ses sens pour découvrir son nouvel environnement. Il voit, entend, goûte, sent. Ce comportement est régi en grande partie par des réflexes comme le réflexe de succion. Quelques repères importants :

• Le toucher : la peau est l'organe sensoriel le plus étendu chez l'être humain. Le nourrisson ressent la douleur, les différences de température, la texture des tissus. L'apprentissage sensoriel de l'enfant commence dès la naissance (et sans doute in-utéro). Le bébé a besoin de contacts : caresses, massages, portage le rassurent et lui font découvrir les limites de son corps.

• L'odorat est également très sensible. Dès la naissance, le petit enfant reconnaît l'odeur de sa mère. C'est à l'odeur qu'il trouve le sein dès sa naissance. L'enfant peut associer très rapidement une odeur à un goût.

• Le goût est « en place » dès la naissance. Le bébé distingue le goût sucré, qui déclenche une réaction positive, tandis que les goûts salé, acide et amer déclenchent des réactions négatives : grimaces, nausées ou vomissements. Il apprécie donc la saveur sucrée qui est celle du lait maternel. Les goûts du lait maternel et des laits maternisés lui sont adaptés.

• La vision n’est pas mature chez le nouveau-né. Mais dès la première semaine, la lumière douce amène une réaction d’ouverture des paupières et d’une orientation vers la source de lumière. À contrario, une lumière vive provoque des clignements de paupières et un rejet de la tête en arrière. Pendant le premier mois, le nouveau-né peut se concentrer sur les objets ou les visages à 30 cm environ. Son champ visuel est limité, mais il est capable de fixer et de suivre des yeux un objet. Vers trois mois, il peut fixer du regard et avoir des mouvements conjugués des deux yeux (mouvements binoculaires), se concentrer sur des objets plus éloignés.

• L'audition permet au nouveau-né de percevoir les sons. Il réagit aux bruits et aux voix. Il est sensible à l'intensité des sons. Il oriente sa tête dans leurs directions. Un bruit fort le fait sursauter et le perturbe. Si tout va bien : à trois mois, le bébé commence à s'intéresser à son corps et regarde ses mains. À cinq mois, il porte les objets à sa bouche et sourit à son image dans un miroir. À sept mois, il tourne la tête en entendant son prénom. 2.1.2. La motricité globale La motricité du nouveau-né est involontaire. On observe une hypertonie des membres et une hypotonie de la tête et du tronc. A deux mois, la tête ne tient droite que quelques instants, le dos est encore mou. Au quatrième mois la tête reste droite lorsque le bébé est tenu en position assise. Il commence à rouler du dos sur le coté. Posé sur le ventre, il se soulève à l’aide de ses bras et tente de se mettre sur le dos. A cinq mois, il est capable d'effectuer de nombreux mouvement de pédalage et de jouer avec ses pieds. …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 4/20

A six mois, il se redresse sur les mains s'il est en position ventrale et se retourne du dos au ventre. Il tient assis en se soutenant avec ses mains. A huit mois, il peut passer de la position couchée à la position assise sans aide. Il commence à se déplacer en utilisant les retournements. A neuf mois, il pivote sur ses fesses en position assise. Il rampe, se met debout quelques instants en s'agrippant. A partir de dix mois, c'est la marche à quatre pattes, puis la marche de l'ours, les premiers pas. Debout en s'agrippant à un meuble, il peut se baisser pour ramasser un objet. À partir de douze mois, avec l’acquisition de l’équilibre, l’enfant peut réaliser ses premiers pas. A quinze mois, un enfant marche seul, monte un escalier à quatre pattes, se met debout sans appui. A dix-huit mois, il monte et descend des escaliers avec aide, saute sur ses deux pieds, marche à reculons. A deux ans, il court et tape dans un ballon. A trois ans, il monte et descend les escaliers, peut sauter sur un pied et faire du tricycle. A cinq/six ans, il sautille d’un pied sur l’autre, saute à cloche-pied, fait de la bicyclette. 2.1.3. La motricité fine Le nouveau-né agrippe un doigt si on le place dans sa paume. C'est le réflexe d'agrippement. À trois mois, il a une « préhension de contact » A quatre mois, il réunit ses mains lorsqu'il joue et essaie d'atteindre les objets proches. Il peut tenir un hochet placé dans sa main mais le perd facilement. Vers cinq mois, la préhension volontaire apparaît. L'enfant peut saisir un objet de grosse taille. Vers sept mois, il peut passer les objets d'une main à l'autre, lâche volontairement un objet pour le faire tomber. A neuf mois, l'enfant peut saisir un objet de petite taille entre la base du pouce et l'index. A quinze mois, l'enfant peut tenir une cuillère, tourne les pages d'un livre et gribouille. A deux ans, il a une grande souplesse du poignet et peut dessiner et manger seul. A trois ans, il s'habille avec aide, dessine des bonshommes têtards, monte une tour de cube, utilise une paire de ciseaux à bout rond. A cinq/six ans, il lace ses chaussures, s'habille et se déshabille. Chaque enfant a son propre rythme de développement. De nombreuses acquisitions se font en décalage avec l'âge moyen habituel. Pour exemple, des enfants qui maîtrisent la marche entre 10 et 13 mois ne vont pas obligatoirement manifester plus d'acquisitions motrices comme : sauter, grimper, enjamber avant 30 mois. D'autres se mettant à marcher entre 18 et 20 mois enchaînent ensuite en deux ou trois mois de nombreuses acquisitions motrices. Le développement de l'enfant s'effectue dans une continuité dans laquelle chaque étape prépare la suivante. Trop souvent, les parents ou les adultes anticipent l'étape suivante plutôt que de laisser l'enfant passer par lui-même d'une étape à l'autre. Nourrissons assis trop tôt, bébés installés dans les trotteurs avant même de tenir sur leurs pieds. Les adultes pensent les aider et les stimuler et oublient que l'enfant doit expérimenter par lui-même les positions intermédiaires pour ensuite maîtriser réellement la suivante. Il en est de même pour toutes les acquisitions.

2.2. Le développement psychoaffectif 2.2.1. La naissance Juste après sa naissance, le nouveau-né perd le confort et la sécurité. Il lui faut respirer. Il ressent des besoins inconnus comme le froid et la faim. Il est dans l'impossibilité de se mouvoir seul. Sans l'aide d'un adulte, il est voué à la mort. C'est l'attention portée par les parents qui maintient l'enfant en …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 5/20

vie. C'est la qualité des relations portées par sa mère ou par les adultes qui l'accueillent qui va lui permettre de répondre à ses besoins vitaux et affectifs. Le nouveau-né est dans l'instant présent, lié à ses perceptions sensorielles. C'est à partir d'états de tensions que l'enfant fait l'expérience que l'autre existe. La frustration, due au laps de temps qui sépare le moment auquel l'enfant a besoin de l'adulte et le moment auquel l'adulte répond à ce besoin, permet à l'enfant de comprendre qu'il est différent de sa mère. Si les réponses sont immédiates l'enfant ne peut faire cette expérience. À la naissance, l'enfant ne fait pas la différence entre lui et sa mère, lui et les objets qui l'entourent : c'est la phase fusionnelle. La séparation psychique d'avec la mère demandera un long processus de séparation qui durera les trois premières années de la vie de l'enfant. 2.2.2. De zéro à cinq mois Ce sont les premiers sourires. Ils projettent l'enfant dans un monde de relations, de communication. L'attachement du bébé se manifeste par des comportements gestuels d'appels, des cris, des pleurs. Le sourire social intentionnel apparaît vers 3 mois. La réaction de la mère ou d'un adulte devant un sourire réflexe fait de ce sourire une relation. Un échange affectif s'installe. La relation s'enrichit à travers le contact visuel, les vocalisations et les échanges corporels. C'est la période dite « de symbiose » pendant laquelle l'enfant vit dans un état fusionnel avec sa mère. H. WALLON2 a nommé cette période (0 à 3/4 mois) : le stade impulsif. L'enfant va passer d'une symbiose physiologique à une symbiose affective avec son entourage. Suivra, le stade émotionnel, première forme de socialisation de l'enfant qui jusqu'à 12 mois sera marqué par les réactions expressives qui initient la communication non-verbale entre l'enfant et son entourage. Selon FREUD, c'est le début du stade oral (de zéro à un an) : le plaisir est lié à l'excitation de la zone buccale par la succion du sein maternel ou de son substitut. La succion est un réflexe ayant une fonction alimentaire. Pour satisfaire ce besoin, certains enfants se mettent à sucer un ou plusieurs objets, une sucette. Pour le bébé : le monde est une réalité à sucer, à mordre ou à manger. 2.2.3. De quatre à neuf mois Graduellement, le bébé différencie sa mère des autres personnes proches. Il est rassuré lorsqu'elle est présente et repère donc ses absences. Cette étape est essentielle pour le développement du schéma corporel. Petit à petit, un état de conscience plus précis de la différence entre sa mère et lui, sa mère et les autres, s'intensifie pour l'enfant : cela provoque ce que l'on nomme la crise d'angoisse du huitième mois ou angoisse de séparation. C'est à cette période que l'enfant va pleurer dès que sa mère s'éloigne de lui parce qu'il se rend compte de son absence mais ne peut comprendre qu'elle existe toujours même s'il ne la voit pas. L'enfant se sent en danger lors des séparations. Il a peur des visages étrangers. Le doudou prend alors toute sa signification, il permet à l'enfant de faire une transition entre lui et le monde extérieur en l'absence de la mère : c’est ce que l’on appelle l’objet transitionnel (WINNICOTT)3. 2.2.4. De huit à dix-huit mois Progressivement, l'enfant comprend que sa mère continue d'exister même lorsqu'elle est absente. Il a, alors, une période de forte activité. Il commence à marcher à quatre pattes puis à se tenir debout. Il explore son environnement, il touche à tout. L'enfant s'éloigne progressivement et physiquement de sa mère. Vers 8-10 mois, si l'occasion se présente, les bébés cherchent les interactions avec d'autres bébés du même âge. Il ne faut pas négliger le rôle que ces interactions peuvent jouer dans les apprentissages sociaux. Selon Freud, c'est le début du stade anal (de un an à trois ans) : l'intérêt de l'enfant se porte sur la zone ano-rectale et urétrale. Cela correspond à la période d'apprentissage de la propreté. L'enfant peut utiliser ses selles comme « un moyen de pression » pouvant être utilisé dans ses relations avec l'adulte. 2

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Henri WALLON (1879-1962) était un psychologue français qui a étudié le développement affectif et social de l'enfant. WINNICOT est un médecin anglais qui découvrit la psychanalyse dans les années 1920. Comme Françoise DOLTO (1908-1988), il fut connu pour ses émissions de radio où l'on donnait des conseils aux mères de famille. Il est réputé pour ses recherches sur l'objet transitionnel.

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2.2.6. De quinze mois à trois ans C'est approximativement le moment auquel les enfants deviennent propres, découvrent la marche, parlent de mieux en mieux. Ces acquisitions prouvent à l'enfant qu'il est moins dépendant de ses parents pour la satisfaction de ses besoins. Il prend conscience qu'il maîtrise son corps et il va chercher à en connaître les limites. C'est une phase d'opposition pendant laquelle l'enfant commence à dire : « non ». Il réalise ses propres expériences et prend conscience qu'il peut se détacher de sa mère. Entre dix-huit mois et deux ans, on peut observer une période de rapprochement. L'enfant oscille entre le désir de s'éloigner de sa mère et de se rapprocher d'elle, d'être grand et de rester un bébé. 2.2.7. De 2/3 ans à 5/6 ans Pour l'enfant, une nouvelle étape importante débute. La conscience de l'existence de lui et des autres se précise. Il utilise les mots « moi » et « je ». L'apprentissage des relations sociales commence. Elles sont très particulières à cet âge car, dans un premier temps, l'enfant n'est pas capable de se mettre à la place de l'autre. Il est égocentrique et le monde n'existe que par rapport à lui. Ce n'est que progressivement que l'enfant va commencer à chercher les relations avec d'autres enfants de son âge. Il commencera par jouer seul en étant proche des autres, puis il prendra le temps d'observer les autres enfants en imitant leurs actions. Progressivement et par expérimentations, des jeux communs s'installeront et l'enfant pourra s'investir dans une relation fondée sur l'échange (donner, recevoir). Selon Freud, c'est la période du stade phallique : découverte des organes génitaux. L'enfant prend conscience de la différence entre les garçons et les filles. Il comprend que ce sont les organes génitaux qui donnent cette différence. La masturbation est un phénomène normal du développement affectif. C'est la période de la projection des sentiments amoureux sur les parents. Freud a appelé ce phénomène complexe (!) : le complexe d'œdipe

2.3. Le développement intellectuel Jean PIAGET4 a étudié le développement de l'intelligence. Pour lui l'enfant découvre progressivement le milieu dans lequel il évolue et développe ses capacités au fur et à mesure pour s'y adapter. L'intelligence se définit comme la faculté de connaître son environnement, de le comprendre et ainsi de s'adapter à des situations non prévues à partir des connaissances acquises précédemment. 2.3.1. Le stade de l'intelligence sensori-motrice Entre zéro et deux ans, il s'agit d'une intelligence sans représentation et sans concept. L'activité de l'enfant est d'abord constitué d'exercices « réflexes », puis de répétitions d'actes sur des objets ou sur des parties de son corps, puis d'inventions dans le mouvement, puis d'expérimentations actives. C'est ainsi que l'enfant invente constamment des moyens nouveaux de combinaisons mentales. On peut dire que progressivement, l'enfant apprend à réfléchir avant d'agir. Deux temps forts marquent ce stade. Entre douze et dix-huit mois, il commence à imiter de nouveaux modèles en leur présence. Puis, vers la fin de la première année, l'enfant comprend la notion de permanence de l'objet (voir paragraphe 2.2.3.) c'est-à-dire le fait qu'un objet, ou une personne, continue d'exister lorsqu'il ne les voit pas. Il acquiert ainsi « l'imitation différée et reproduit certains gestes, en l'absence de modèles. 2.3.2. Le stade de l'intelligence préopératoire Elle évolue de deux à sept ans et permet d'accéder au langage et à la pensée. Dans un premier temps, l'enfant comprend le monde qui l'entoure au travers de ses intuitions, en fonction de ce que ses sens lui permettre de percevoir. Il ne se représente le monde que de son point de vue (pensée égocentrique). Il n'est pas encore capable de généralisation et ne peut se décentrer pour comprendre le monde qui l'entoure. Par exemple, s'il pleut au moment quand il sort de la maison, il pense qu'il pleut parce qu'il a mis sa capuche et non pas l'inverse. Entre deux et quatre ans, l'enfant développe la fonction symbolique ce qui veut dire que les objets ou les actions correspondent à une image mentale. L'enfant fait ainsi l'apprentissage des notions de quantité, d'espace et de temporalité même si, dans un premier temps, l'abstraction est encore difficile. 4

Jean PIAGET (1896-1980) était un psychologue Suisse.

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Pour exemple : c'est la période à laquelle l'enfant « compte en nuits » afin de se repérer dans le temps : « Tu dors deux nuit avant d'aller chez nounou ! » plutôt que « Tu retournes chez nounou dans deux jours. » 2.3.3. Les stades de la pensée concrète et de la pensée logique Le stade de la pensée concrète se développe entre sept et douze ans. L'enfant devient capable de faire des raisonnements logiques et acquiert la notion de causalité. Dans une première phase, ces raisonnements doivent être en lien avec des situations concrètes (compter des bonbons) pour progresser petit à petit vers un certain degré d'abstraction. Son sentiment de justice morale se développe. On considère que c'est à partir de douze ans que l'adolescent peut utiliser une logique abstraite : c'est la pensée logique.

2.4. Le langage 2.4.1 La communication Le bébé est un être de relation et de communication. Le langage est un de ses outils de communication et son acquisition est fondamentale dans le développement humain. Le développement du langage est un processus très lent qui prend sa source dans les premières communications et s’élabore progressivement. Les relations ne passent pas uniquement par la parole mais aussi par l'attitude, le regard, l'expression du visage, le ton de la voix. La communication prend des formes variées : activités communicatives posturales et gestuelles, échanges de sourire, dialogues vocaux. Le nouveau-né communique avec son corps. Il communique aussi par le regard : le contact œil à œil se fait très rapidement (dès la naissance). Les sourires correspondent à des états de bien-être, de contacts sociaux. Ils sont un stimulus social très puissant pour les parents. En souriant, les nourrissons incitent les adultes à des interactions sociales. 2.4.2. L'acquisition du langage Dès la naissance, le bébé s'exprime par ses pleurs. Nous avons vu que chaque type de pleur indique un malaise ou un besoin. Le nouveau-né crie, pleure puis gazouille. Le gazouillis (ou babil) est d'abord une activité sensorimotrice avant de remplir une fonction de communication. L'acquisition du langage se fait donc en lien avec le développement de la motricité. Dès deux-trois mois, une forme de dialogue entre la mère et son enfant se met en place. Il s'établit entre la mère et l'enfant une communication intentionnelle et réciproque selon un code commun : la mère parle puis le bébé émet des sons dès qu'elle s'arrête. La communication est faite de moments où l'un s'exprime et de silences pour laisser l'autre « répondre ». On qualifie ceci de "communication pré-linguistique" car elle n'est pas encore du langage. Elle est néanmoins capitale. Vers quatre-cinq mois, l'enfant peut utiliser son larynx et sa respiration pour produire des modulations de sons. À partir de six mois, le petit enfant commence à former les syllabes simples comme "ma", "pa","da". Au début les sons ne sont liés à rien de précis, mais l'adulte donne du sens à son babillage en renommant ce qui l'entoure. De six à douze mois l'enfant va progressivement passer des syllabes sans sens à une "forme bébé" de langage. Des sons et des assemblages de syllabes compris seulement de ses proches prendront progressivement du sens. À un an, un enfant possède quelques mots plus ou moins bien articulés associés au sens. À dix-huit mois, il maîtrise un vocabulaire de dix à vingt mots en moyenne et utilise des combinaisons simples de deux à trois mots ex : « pati » maman, « ti » chat. À la fin de la seconde année, le vocabulaire de l'enfant compte entre cent et deux cent mots. Vers vingt-sept mois apparaissent les premières prépositions (à de par pour...) et les pronoms personnels (je tu il …). À trois ans, c'est l'acquisition du féminin et du pluriel, des adverbes (dedans, dehors, dessous, maintenant, souvent) et des prépositions spatiales (sur, dans...) ; vers 3 ans et demi, l'utilisation des auxiliaires être et avoir et des prépositions de temps. …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 8/20

À six ans, l'enfant possède entre mille cinq cent et deux mille mots et fait des phrases de plus en plus complexes. 2.4.3. L'importance de la relation de l'adulte dans l'acquisition du langage Que le jeune enfant ait un langage pauvre ne dispense pas l'adulte de lui parler. L'affectivité, la richesse du bain linguistique sont des éléments déterminants pour l'apprentissage du langage. Le rôle de l'adulte est fondamental car l'enfant apprend à parler par imitation. L'enfant enrichit ses premières vocalises s'il trouve un auditeur qui l'écoute, lui répond. La communication s'installe progressivement parce que les mots prennent du sens grâce à l'adulte. Il est important que l'adulte « mette en mots » ce qu'il va faire ou ce qu'il est en train de faire avec l'enfant : « Je vais te changer car ta couche est sale, tu te sentiras mieux après ». Il est tout aussi important de verbaliser les émotions, les sentiments « Tu pleures ! Tu as l'air très malheureux ». L'assistant(e) maternel(le) doit prendre l'habitude de commenter et d'expliquer tout ce qu'il (elle) fait avec l'enfant. Françoise DOLTO a été l'une des premières psychanalystes à dire qu'il fallait parler aux enfants, dès la naissance. Généralement la compréhension précède la formulation. L'enfant va comprendre le sens des mots avant de pouvoir s'exprimer. Il commencera à prononcer des syllabes, puis des associations de syllabes, des mots seuls avant d'associer plusieurs mots pour faire des phrases de plus en plus complexes. Le langage va progressivement s'enrichir au niveau de la grammaire et du vocabulaire. Durant la période à laquelle l'enfant cherche à apprendre le plus de mots possibles, il désigne tout ce qui l'entoure et attend que l'adulte nomme chaque chose. En répondant à chaque demande de l'enfant, l'adulte prépare l'étape suivante. L'adulte doit compléter les mots lancés par le tout petit, les reformuler et les compléter par des phrases complètes. L'adulte l'aide ainsi à construire sa pensée, sa compréhension du monde et son langage. Les efforts doivent porter tant sur l'acquisition des nouveaux mots que sur la prononciation. Il ne faut pas reprendre systématiquement l'enfant lorsqu'il prononce mal, mais répéter systématiquement les mots mal prononcés par lui.

2.5. Les pleurs Les premières manifestations du bébé qui inquiètent les parents sont les pleurs. Les pleurs sont un moyen d'expression et de communication. Pour FREUD, les pleurs peuvent être provoqués autant par la non-satisfaction d'un besoin que par de trop vives stimulations du monde extérieur. WINNICOTT disait qu'un bébé ne pleure jamais pour rien et il est important de savoir distinguer les différentes formes de pleurs qui correspondent à une progression d'âge : • • • •

les pleurs de satisfactions (l'enfant expérimente ses capacités au début de la vie) les pleurs de douleurs (la faim en fait partie mais aussi l'inconfort, la douleur, la chaleur ou le froid) la rage (insatisfaction lorsque l'enfant n'arrive pas à agir comme il le souhaite, attraper un objet par exemple) le chagrin (demande une construction psychique plus élaborée).

La première difficulté est de comprendre le pleur mais laisser un nourrisson pleurer est fortement déconseillé. Un nourrisson ne pleure pas « pour faire un caprice ». Il ne s'arrête pas de crier parce qu'il a compris que sa demande ne sera pas satisfaite. En fait c'est la fatigue et l'épuisement qui le conduisent à se rendormir alors que ses besoins ne sont pas satisfaits. Le pleur d'un bébé est une demande. Repérer la nature du pleur pour donner la bonne réponse est important. À défaut de trouver la solution et de soulager l'enfant rapidement, il faut lui faire comprendre par des gestes enveloppants et des paroles apaisantes que l'on a conscience de son mal-être. Si l'enfant n'a aucune réponse, il se sentira abandonné et son malaise sera accru. Les pleurs correspondants aux besoins physiologiques peuvent être évités si l'assistant(e) maternel(le) prend le temps d'observer chaque enfant. Rapidement, la connaissance et le respect des rythmes de l'enfant lui permettront d'anticiper les réponses à ses besoins essentiels. Si WINNICOTT dit qu'il ne faut jamais qu'un enfant pleure sans être entendu, il développe également sa réflexion sur les dangers de réponses inappropriées aux pleurs de l'enfant. Souvent, on comprend la raison des pleurs de l'enfant tout en lui donnant une autre réponse. Par exemple, on donnera un bonbon à l'enfant qui réclame sa mère qui vient de partir alors qu'il n'a besoin que …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 9/20

d'exprimer son chagrin et d'entendre des paroles de réconfort. La séparation est difficile pour l'enfant et il doit pouvoir l'exprimer. Il conseille donc d'écouter et de comprendre le pleur pour répondre à sa véritable signification. Quitte à « écouter pleurer » l'enfant ; ce qui est différent de le « laisser pleurer » ! Le pleur participe à la construction de la vie émotive. Attention, il faut être tout autant attentif aux enfants qui ne pleurent jamais ! Cela cache parfois des problèmes de santé ou des handicaps.

3. Rythmes et acquisitions 3.1. Les rythmes L'expression « rythme » est ambiguë car elle peut être comprise de manière différente : • • •

la compréhension des variations périodiques des processus physiologiques, physiques et psychologiques de l'enfant ; le respect du temps, différent pour chaque enfant, dont il a besoin pour se développer, évoluer et progresser ; l'organisation de l'alternance entre les temps d'activité et de repos pour les jeunes enfants avec en plus, pour les plus grand, les temps scolaires et les temps de loisirs.

Tout être humain est soumis, au cours d'une période de 24 heures (rythmes circadiens) à des phénomènes biologiques périodiques qui conditionnent son comportement. L'enfant oscille entre les contraintes professionnelles de ses parents et sa propre horloge biologique. Dans son positionnement professionnel, l'assistant(e) maternel(le), doit agir et s'organiser en sachant que les rythmes de vie du jeune enfant, et plus particulièrement du nourrisson, ne sont pas du tout les mêmes que ceux de l'adulte. Le nourrisson a un rythme qui lui est très particulier : une alternance de périodes de grande activité suivie de phases de récupération indispensables à sa bonne santé. Plus l'enfant est jeune et plus les périodes de récupération sont nombreuses et longues. À partir de deux ans, on observe que le besoin d'activité de l'enfant augmente progressivement du début jusqu'à la fin de la matinée, chute après le moment du déjeuner, puis progresse à nouveau dans l'après-midi pour les plus âgés. Plus l'enfant est jeune, plus le pic de performance se situe tôt dans la matinée et plus le creux d'après-midi est prononcé. L'adulte est souvent inquiet ou désemparé lorsqu'il voit un enfant « ne rien faire ». Ces temps de repli sur soi-même sont pourtant indispensables à l'enfant. Il ne fait pas que se reposer au sens auquel nous l'entendons habituellement. Il ne s'ennuie pas forcément et surtout, il ne perd pas son temps. Comme dans le sommeil, l'enfant continue d'être profondément actif mais il s'agit d'une activité intérieure permettant l'assimilation des découvertes et des expériences qui ont précédées. Hubert MONTAGNER a montré que les enfants développent au mieux leurs compétences motrices, cognitives et relationnelles dès lors qu'on les laisse évoluer à leur rythme et à leur initiative dans un environnement riche de possibilités d'expression motrices, artistiques, ludiques et dans un climat de sécurité affective. L'assistant(e) maternel(le) doit donc : • s'organiser pour prendre en compte les particularités de rythme des différents enfants en fonction de leur âge (repas, temps de repos, temps calmes et temps d'activités) ; • alterner au cours de la journée pour les plus de deux ans, des temps laissés à la libre disposition des enfants et de très courts temps d'activités pédagogiques en tenant compte des créneaux pendant lesquelles leurs capacités d'attention sont meilleures ; • aménager les espaces pour permettre ces alternances. La possibilité de proposer des repas ou des temps de sommeil à la carte à l'enfant ayant moins d'un an est le meilleur moyen de respecter son rythme et de vivre dans un environnement calme et cela est bénéfique à tous. Dans la mesure du possible, il est donc nécessaire pour les plus jeunes, …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 10/20

de disposer d'un lieu de repos calme, utilisable à tout moment de la journée afin de leur permettre de s'endormir quand ils montrent des signes de fatigue. 3.1.1. Le temps Tout professionnel de l'enfance doit avoir en tête qu'un enfant ne se repère pas dans le temps comme un adulte ! Le petit enfant ne se repère pas entre hier et demain. Il ne fait pas la différence entre le matin et l'après-midi. L'organisation de la journée d'un adulte est pour lui dénuée de sens. L'adulte oublie souvent que l'enfant ne peut pas anticiper le passage d'une action à une autre : l'arrivée chez l'assistant(e) maternel(le), le jeu, le passage aux toilettes ou le change, le repas, la sieste... Ce qui est évident pour l'adulte ne l'est pas pour l'enfant. Anticiper l'action en prévenant l'enfant va lui permettre de gérer ces passages en douceur : « tu joues encore un peu pendant que je donne le biberon à ta sœur puis nous rangerons avant de manger ». Ceci permet à l'enfant de structurer son temps. L'arrêt du jeu ne sera pas vécu comme une intrusion dans son rythme. Pour l'enfant, le temps n'est pas associé à la notion des heures mais aux activités qui rythment sa journée : la fréquence des rythmes de repas, des temps de sommeil et la nature des activités pratiquées lui donnent des repères temporels. D'où l'intérêt d'une organisation régulière des journées. L'enchaînement des actions, répétées régulièrement au fil des jours, constitue ainsi des rituels très importants pour sécuriser l'enfant. Indirectement, cela participe aussi à la structuration des rythmes biologiques de l'enfant. 3.1.2. L'espace Les repères dans l'espace sont aussi très difficiles à assimiler. L'enfant a besoin de repères stables. Le lieu où l'on mange, celui où l'on joue, l'espace de repos doivent être repérables pour sécuriser l'enfant. L'assistant(e) maternel(le) accueille souvent plusieurs enfants à la maison et elle a parfois des contraintes à respecter pour ses propres enfants. Nous sommes donc bien conscient qu'il n'est pas toujours possible d'aménager totalement les temps et les espaces au sein de la famille pour respecter parfaitement le rythme de chacun. Pour les plus grands, aménager deux espaces distincts, dans la même pièce est intéressant. Un lieu d'activités libres où l'enfant peut agir à sa guise et un « coin coussins » pour leur donner la possibilité de se reposer. Cette installation permet à l'enfant de suivre son rythme. S'il est fatigué mais que votre organisation familiale impose qu'il reste éveillé (transports à l'école d'autres enfants, arrivée imminente des parents), il pourra tout de même se reposer. 3.1.3. Le doudou – (l'objet transitionnel) Lorsque WINNICOTT parle de l'objet transitionnel, il n'évoque pas directement l'objet (le doudou) mais l'utilisation de cet objet. Nous savons que les sens du nouveau-né se développent rapidement. L'odeur, la matière de cet objet familier rassurent l'enfant lorsqu'il n'est plus dans son environnement familier. C'est aussi le premier objet sur lequel il a « tout pouvoir » ! Il peut le mordre, le sucer, l'agiter dans tous les sens à sa guise. Pour l'enfant, la découverte d'une relation avec un objet concret qui n'est pas son corps est une défense contre l'angoisse de séparation. Cet objet familier lui permet de supporter l'absence occasionnelle de sa mère.

3.2. Le sommeil 3.2.1. La durée du sommeil Le sommeil représente un tiers de la vie à l'âge adulte ! La qualité de notre vie d'éveil dépend de la qualité de notre sommeil ! Plus un enfant est jeune, plus il a besoin de sommeil. Le respect du sommeil est fondamental. Le sommeil de l'enfant permet la récupération de la fatigue physique et nerveuse. Il est indispensable à la croissance du squelette et à la maturation du système nerveux et favorise de nombreuses fonctions mentales et psychiques comme la mémorisation et l'apprentissage. Avant la naissance, le cycle de sommeil du fœtus ne correspond pas à celui de la mère : • Le fœtus dort sans s'arrêter jusqu'à 20/24 semaines ; …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 11/20

• • •

Il vit des périodes d'éveil calme à partir de 38/39 semaines ; Le sommeil paradoxal apparaît entre le 6éme et le 7éme mois de grossesse ; Le sommeil lent apparaît entre le 7éme et le 8éme mois de grossesse.

Le nouveau-né ne connaît pas d'alternance jour/nuit. Ses journées sont partagées entre de longues périodes de sommeil, alternant avec des états de veille plus ou moins longs selon les enfants. Les cycles de sommeil sont courts, de 50 à 60 mn. Le rythme endormissement/éveil est essentiellement lié à la sensation de satiété et de faim. Chaque cycle correspond à 2 états de sommeil : • •

Le sommeil agité qui dure environ 30 mn. On peut observer des mouvements du corps et des yeux, une respiration plutôt irrégulière. Le sommeil calme qui dure de 20 à 30 minutes. C'est la période pendant laquelle l'hormone de croissance est secrétée (somatotrophine). L'enfant est immobile et sa respiration est régulière.

Au bout de 60 minutes, le nouveau-né est proche de l'éveil puis un cycle recommence. Les besoins sont très variables d'un sujet à l'autre dès les premières semaines de la vie. Il y a de petits et de gros dormeurs. Les variations individuelles sont liées au patrimoine génétique et probablement aux conditions de déroulement de la grossesse et de l'accouchement. Le tableau cidessous est donc donné à titre indicatif.

Age

Sommeil nocturne

Sommeil diurne

Durée totale

Naissance

17/20 heures

1 mois

10h

6-7h

15-17h

6 mois

9-10h

3 x 1h30 à 2h00

14h environ

1 an

10h

2 x 1h30 environ

13h environ

2 ans

10h

1h30 à 2h00

12 à 13 heures environ

Entre 3 et 5 ans

10h

1h00 à 1h30

12h environ

C'est entre 2 et 3 ans que le cycle du sommeil se rapproche de celui de l'adulte. 3.2.2. Le rôle du sommeil Le cerveau ne « s'endort » pas durant le sommeil mais c'est le rythme de son activité qui se modifie. Le sommeil se divise en cycles d'environ 90 minutes, eux-mêmes divisés en 3 stades. Le nombre de cycles varie chez une même personne en fonction de son âge (de 4 à 6 cycles). Chaque cycle débute par une période d'endormissement, poursuivie par une période de sommeil profond (sommeil lent) et s'achève par une période de sommeil paradoxal (sommeil rapide). Le sommeil profond représente 75 à 80% de la durée du cycle. Il correspond à la phase réparatrice de la fatigue physique et durant laquelle l'hypophyse sécrète le maximum d'hormone de croissance. Le sommeil paradoxal a une influence sur la maturation du système nerveux. C'est la période des rêves et de la sécrétion des hormones sexuelles. Cette phase est importante dans la construction de la sexualité, de l'affectivité et sur la mémorisation des informations acquises la veille. Lorsque des parents demandent à l'assistant(e) maternel(le) de supprimer ou d'écourter la sieste sous prétexte que l'enfant ne s'endort pas le soir : ils se trompent. Le manque de sommeil se répercute sur le comportement de l'enfant et un enfant agité aura parfois du mal à s'endormir le soir. De plus, il n'y a pas forcément de lien entre le fait de dormir à la sieste et de ne pas dormir la nuit et il est toujours nocif de réveiller un enfant qui dort. Si l'organisation de la journée fait que le réveil est nécessaire, il faut repérer pour chaque enfant le temps de son cycle naturel -en principe une sieste fait un ou deux cycles- et le réveiller en douceur à la fin du cycle. Ouvrir la porte pour que les bruits de la maison parviennent jusqu'à lui. Laisser entrer la lumière naturelle dans la pièce. 3.2.3. Les troubles du sommeil En principe, Un enfant bien sécurisé dort bien. La sécurité d'un tout petit : c'est la satisfaction de …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 12/20

ses besoins fondamentaux. Il ne doit pas avoir faim, les couches doivent être sèches. Il doit pouvoir retrouver les composantes de la vie intra-utérine : dos arrondi, tête tenue, odeurs familières. Le manque de sommeil exceptionnel provoque une irritabilité et des troubles de la concentration. Le rythme du sommeil perturbé sur du long terme engendre : un état de fatigue chronique, des troubles du comportement, des troubles de la croissance. Les troubles du sommeil, de l'endormissement et des éveils nocturnes sont le plus souvent réversibles par une modification des conditions qui les ont créées et les entretiennent. Nous avons vu que chaque fin de cycle de sommeil correspond à une période charnière pendant laquelle l'individu se réveille ou replonge dans le sommeil. Progressivement, l'enfant doit apprendre à gérer seul cette période veille-sommeil et donc d ésapprendre l'endormissement dans les bras des parents, le bercement, le biberon, le lit partagé. Il faut éviter l'endormissement en musique qui maintient en éveil un sens. Le bruit stimule le cerveau qui reste connecté avec son environnement alors que c'est l'effet inverse qui est recherché. Les mobiles posent le même problème car ils stimulent la vue. Ils n'ont pas leur place dans le lit. Les pathologies à écarter en cas de troubles du sommeil : • l'allergie aux protéines de produits laitiers • les anomalies neurologiques du système de contrôle veille/sommeil qui provoquent une hyperactivité du système d'éveil ou une hypoactivité du système de régulation du sommeil. Elles sont très rares. La prise alimentaire nocturne Elle est courante chez les prématurés et la difficulté est de les déshabituer de cette prise alimentaire lorsqu'ils ont repris un poids suffisant. Elle peut induire les pathologies organiques telles que les reflux gastriques et les pathologies ORL. La prise alimentaire nocturne doit disparaître progressivement lorsque l'enfant a atteint un poids suffisant. Les rythmies du sommeil sont des mouvements stéréotypés se produisant au cours de l’endormissement et pouvant persister lors du sommeil léger. L’âge de début se situe vers un an et ne concerne que peu d’enfants après l’âge de 4 ans. Ces troubles persistent rarement chez l’adulte. Les limites ou les règles éducatives inappropriées Le sommeil est un moment de retrouvailles avec soi-même et donc un moment de solitude qu'il faut apprendre à vivre. L'endormissement est une phase de régression qui impose à l'enfant de se replier sur lui-même. Il exige un espace sécurisant et sans conflit car accepter de dormir, c'est accepter de se retrouver seul et de laisser ceux que l'on aime. Deux périodes sont délicates : • •

Vers huit/neuf mois période à laquelle l'endormissement devient plus long et qui correspond à un période psychologique complexe ; Vers deux/trois ans au moment de la période d'opposition. 3.2.4. Les facteurs favorisants l'endormissement et la qualité du sommeil

L'assistant(e) maternel(le) doit repérer pour chaque enfant les signes annonciateurs du besoin de dormir. Ils sont différents selon les enfants. Les jeunes enfants ne sont pas capables d'interpréter par eux-mêmes ces signes. Ils ne peuvent pas formuler le besoin d'aller dormir. Il faut veiller à la manière dont est présenté le temps de repos à l'enfant. Lorsqu'un enfant bien que fatigué est agité, il n'est pas efficace de lui dire « ça suffit maintenant, tu dors ! ». Connaissez-vous un adulte capable de s'endormir « parce que c'est le moment » ! Mieux vaut laisser l'enfant jouer avec ses mains, se raconter des histoires, chantonner. Le sommeil viendra petit à petit si vous lui demandez tout simplement de se reposer. Les rituels aident à la préparation du coucher. Il faut être attentif à les respecter. Attention, envoyer un enfant au lit ne doit jamais être une punition ou il vivra comme tel le moment de se coucher. Il faut créer un climat favorable. Respecter des rites du coucher, cela représente pour l'enfant la nécessité de mettre de l'ordre dans son environnement. La présence du « doudou » (objet transitionnel) est souvent nécessaire pour accepter de rester seul. Par contre, ne transformez pas le lit en terrain de jeu avec trop de jouets ! La qualité de l'environnement de la pièce (sombre, aérée, fraîche) et du lit joue également sur la qualité du sommeil. Attention : • Les roulettes des berceaux et des poussettes doivent être bloquées. • Ne jamais coucher un enfant à plat ventre (augmentation du risque de mort subite du nourrisson). • Les tours de lit sont dangereux. Pas d'oreillers ! Pas de draps ! …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 13/20

3.3. l’éducation à l’alimentation Au début de la vie, le sommeil et l'alimentation sont les actes principaux du bébé. Manger et boire, se nourrir sont essentiels pour répondre aux besoins vitaux de l'être humain mais sont également l'occasion de tisser les premières relations et les premiers liens entre parents et enfants. Lorsque l'enfant grandit, les repas en famille, ou avec des amis, deviennent des moments propices à la convivialité au cours desquels les échanges peuvent être importants. Ce sont aussi des espaces pendant lesquels l'adulte peut transmettre des valeurs, des lieux d'apprentissage en matière d'éducation à l'alimentation et à la socialisation. L'acte alimentaire est également fortement déterminé par des normes sociales. Apprendre à se tenir à table permet de s'inscrire dans un cadre social . La mise en place des temps de repas, pour l'assistant(e) maternel(le) ne se réduit donc pas à préparer le repas et s'assurer que chaque enfant a suffisamment mangé. Il s'agit d'un acte de la vie quotidienne beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît au cours duquel se jouent les notions de plaisir, d'attention à l'autre et d'éducation : la façon de nourrir l'enfant est donc aussi importante que l'équilibre alimentaire. 3.3.1. Le repas dans le respect du rythme et des habitudes de l'enfant Nous savons que chaque enfant a un rythme qui lui est propre et qui s'est construit progressivement avec ses parents. Il est nocif de modifier ce rythme au moment de l'accueil chez l'assistant(e) maternel(le). Il faut donc respecter les indications des parents pour les heures de tétée. Si l'organisation de la journée demande une modification, ceci est à négocier avec les parents pour adapter au mieux les nouveaux horaires. Il n'est pas bon de réveiller un enfant qui dort pour le faire manger, pas plus que de le laisser pleurer s'il a faim sous prétexte que « ce n'est pas l'heure du biberon ! ». Un biberon ne doit pas être donné trop rapidement, à la fois pour satisfaire le besoin de succion mais également pour éviter les problèmes digestifs. Une tétée doit durer au moins 10 minutes. Ne pas oublier que certains enfants prennent le biberon à température ambiante, d'autres ont l'habitude d'une température plus élevée. Enfin, il faut prendre le temps de l'« après-repas » pour les nourrissons : penser à redresser l'enfant pour lui permettre de faire son rot, évoquer la suite de la journée avant de l'installer dans son lit. 3.3.2. Le repas : un moment d’éducation à la nutrition Pour maintenir un bon état de santé, une alimentation variée et équilibrée est indispensable et l'éducation à la nutrition nécessite un apprentissage très progressif qui ne peut passer que par la notion de plaisir. Découvrir la diversité des aliments et de leurs goûts est une des tâches de l'assistant(e) maternel(le) car le jeune enfant va mettre en place ses propres habitudes alimentaires par observation et imitation des adultes. Dans l'alimentation, de nombreux sens sont sollicités : l’odorat, le goût, le toucher, la vision. Très jeune, l'enfant apprécie certains goûts et manifeste son dégoût selon les aliments proposés. On peut inciter l'enfant à goûter de tout, mais il faut savoir que : • Très jeunes, certains enfants ont une aptitude de différenciation des goûts très élevée alors que pour d'autres c'est la sensation de satiété qui est importante et ils discernent peu les différences de goût des aliments ; • Le cerveau peut avoir du mal à identifier un goût si l'enfant est malade (rhume) ; • L'aspect d'un aliment peut rebuter un enfant, • Les goûts changent et il ne faut pas hésiter à présenter plusieurs fois un aliment, • Si on évite d'entrer dans le cercle vicieux de l'opposition, un aliment refusé plusieurs fois sera probablement accepté un jour. L'activité cuisine. Préparer le goûter, confectionner un repas simple avec les enfants, cuisiner les légumes et les fruits du jardin ou acheté au marché sont un bon moyen d'éduquer l'enfant à la nutrition et aux plaisirs du goût. L'éducation à l'hygiène fait partie des temps de repas. Lavage du visage et des mains avant et après le repas, brossage des dents s'apprennent dès le plus jeune âge.

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3.3.3. Les enjeux relationnels, affectifs et éducatifs lors de la prise des repas Le repas n'est pas que nourriture matérielle. C'est aussi une nourriture affective et psychique au cours de laquelle se jouent des interactions précoces entre l'enfant et sa mère. Pour le nouveau-né, la tétée ne produit pas que l'apaisement d'une tension, c'est aussi un temps de relations privilégiées où se mêlent plaisir du contact physique et de la succion, échanges de regards et de paroles. Le jeune enfant doit donc être alimenté dans les bras de l'assistant(e) maternel(le) et les conversations avec un autre adulte sont à éviter durant la prise du biberon. Le futur comportement de l'enfant face à la nourriture est lié à ses expériences émotionnelles. Les refus de s'alimenter mettent parfois en exergue des enjeux de pouvoir entre les parents et les enfants. L'alimentation devient un moyen d'affirmer sa personnalité. Refuser l'aliment devient un moyen d'imposer ses choix et d'étendre son autonomie face à l'adulte. L'essentiel est de dédramatiser le moment du repas. Pour apprécier un repas, l'atmosphère doit être détendue. Il peut arriver, dans les familles ou dans les groupes, que les repas soit l'occasion de manifester des tensions, de l'agressivité ou de la colère. Si les temps de repas ne sont pas accompagnés d'échanges relationnels sereins, l'enfant peut associer nourriture et déplaisir. Il risque de manifester son angoisse par des anomalies de comportement alimentaire. Chez les petits enfants, les situations délicates à gérer autour de l'alimentation sont nombreuses. Certaines sont bénignes et d'autres nécessitent l'intervention de spécialistes. Situations courantes : • De nombreux enfants hésitent à accepter de nouveaux aliments lors de la diversification alimentaire, il suffit de proposer plusieurs fois l'aliment, éventuellement sous une autre forme, toujours dans de bonnes conditions affectives pour qu'il soit accepté. Une dizaine de propositions sont parfois nécessaires. • Pour certains enfants, il n'est pas évident d'être nourri par une autre personne que sa mère, il faut accepter un temps de transition parfois relativement long lors du nouvel accueil chez l'assistant(e) maternel(le). Si l'enfant se nourrit normalement chez lui, il suffit d'être patient(e). • Quelle que soit l'éducation au goût proposée, de nombreux enfants connaissent un période dite de « néophobie alimentaire », (parfois dès l'âge de deux ans) dont l'apogée se situe généralement entre 5 et 7 ans. Situations préoccupantes : • L'enfant présente un poids inférieur à la normale. • Il y a des signes de retard de développement. Il n'y a que peu ou pas d'interactions avec la mère ou les personnes qui le nourrissent. • La sélectivité des aliments est telle qu'il y a un risque de déséquilibre alimentaire ou d'obésité. • L'enfant présente d'autres manifestations d'anxiété. • L'enfant est dans l'incapacité de manger en groupe. Pour de nombreux spécialistes, il faut avant tout accepter les réticences et les refus de l'enfant. Si l'on oblige un enfant à manger un aliment, il y a un risque d'aller vers des néophobies alimentaires beaucoup plus importantes. Les repas chez l'assistant(e) maternel(le), puis à l'école sont souvent l'occasion de manger un légume refusé à la maison. L'influence des autres enfants est importante. 3.3.4. Autonomie de l’enfant autour du repas : Gérer la quantité de nourriture. A priori, un jeune enfant peut régler de lui-même la quantité de nourriture dont il a besoin. Prendre l'habitude de laisser l'enfant manger les quantités qu'il désire et bénéfique pour la confiance qui va ensuite s'installer entre lui et adulte. Progressivement, l'enfant va comprendre la différence entre la faim et la satiété. Chaque enfant a sa propre manière de s'alimenter. Il est donc important de respecter le rythme de chacun qu'il soit petit ou gros mangeur, rapide ou lent. Manger seul représente une progression vers l'autonomie qui va dépendre de l''évolution des acquisitions permettant la prise alimentaire : téter, sucer, déglutir, avaler, mâcher... Il n'y a pas d'âge pour proposer le verre ou la cuillère. Lorsque l'on voit naître une possibilité, il faut la laisser se développer en aménageant le matériel. Il n'y a pas d'âge non plus pour supprimer le biberon. C'est l'enfant qui choisira le moment de renoncer à ce plaisir pour en découvrir d'autres comme manger avec les autres enfants ou à la table de ses parents. Manger avec des couverts. Manger avec ses doigts est une attitude normale qu'il faut respecter dans un premier temps. L'enfant a besoin de sentir, goûter et toucher. C'est par le contact que l'enfant comprend la différence entre mou et dur, chaud et froid, rugueux et lisse. Il ne faut pas poser d'interdit mais s'adapter à la situation (par exemple : prévoir deux assiettes si l'enfant ne mange pas encore …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 15/20

seul dont une pour lui avec une toute petite quantité de nourriture qu'il découvre et malaxe). Les attitudes réprobatrices ou les punitions n'ont pas de sens pour un enfant qui découvre la nourriture. Chaque enfant à un rythme qui lui est propre pour passer des doigts à la cuillère. En ce qui concerne ces apprentissages, un jour ou l'autre, par imitation des adultes, les enfants savent manger seuls et proprement ! Manger tout seul, se servir, servir l’autre De nombreux adultes, parents et professionnels de la petite enfance, cherchent plus à nourrir l'enfant qu'à l'amener à se nourrir. Pour exemple, les enfants, très tôt, sont capables de se servir seuls à table ou de se servir entre eux. Or, le déroulement des repas, orchestré par les adultes, que ce soit en famille ou dans les collectivités ne le permet qu'exceptionnellement. L'acte de laisser les enfants se servir eux-mêmes est pourtant très intéressant. Tout d'abord, ils acquièrent un peu plus de motricité fine et ils apprennent à gérer leur appétit. De plus, ceci permet à l'enfant de se positionner différemment face à l'adulte. Il n'est plus dans une relation de dépendance à l'adulte mais bien dans un acte d'autonomie l'amenant à se nourrir lui-même. Accepter le dialogue. Lors d'un refus de manger, l'assistant(e) maternel(le) ne se contentera pas de la phrase : « j'aime pas, j'en veux pas ! ». Si les adultes questionnent et écoutent les réponses de l'enfant, il pourra l'aider à verbaliser ses réticences : « je trouve que c'est gluant, la couleur ne me plait pas, l'odeur me dérange... ». L'enfant ne dira plus « je n'aime pas » sans savoir pourquoi. L'adulte pourra sortir d'une situation d'opposition en expliquant sereinement pourquoi lui, aime cet aliment. C'est un moyen de revenir sur le terrain du plaisir de manger et du droit de ne pas aimer certaines saveurs. 3.3.5. Aménagement du cadre d’accueil autour du repas Pour bien comprendre et s'adapter à la manière d'alimenter l'enfant, l'assistant(e) maternel(le) doit : recueillir des informations auprès des parents, afin de connaître les habitudes alimentaires spécifiques de chaque enfant : • se renseigner sur son rythme, sur les quantités habituellement absorbées, • observer pour connaître ses acquisitions motrices (mange-t-il seul ? De quelle manière ?), • prendre en compte ses goûts, les problèmes d'allergies ou les régurgitations éventuelles, Organiser le repas d'un ou de plusieurs enfants en anticipant leurs habitudes et le rythme de chacun, c'est favoriser les conditions de calme, de propreté. Éduquer à la nutrition, animer un repas en favorisant le besoin de communication et d'autonomie c'est : • Être disponible (pas de télévision ou de radio fonctionnant dans la pièce), • Prendre l'enfant dans ses bras pour la prise des biberons ou bien s'installer à sa hauteur s'il est plus grand, • Manger avec les enfants, consommer les aliments devant eux les incitent à expérimenter de nouveaux goûts et intégrer les « bonnes manières » par imitation, • Laisser les enfants se servir et manger seul dès qu'ils en expriment l'envie, • Accepter les refus et dialoguer pour comprendre et aider l'enfant à comprendre la nature du refus • Prendre son temps. Proposer des repas qui soient de véritables moments de plaisirs et de convivialité aide à construire chez l'enfant des comportements alimentaires favorables à son bon développement.

3.4. l’acquisition de la continence grâce à la maîtrise sphinctérienne. Les soins corporels, puis l'apprentissage de la continence sont des moments importants pour le jeune enfant. Ils rythment les journées, assurent le bien-être et le confort de l'enfant. Lorsqu'un soin de confort est effectué, il revêt à la fois une dimension technique et une dimension relationnelle. La maîtrise et la qualité des gestes techniques de l'adulte sont indispensables, mais ne peuvent remplacer : la disponibilité, l'écoute active, l'empathie. Ces soins de maternage, partagés entre la famille et l'assistant(e) maternel(le) doivent être complémentaires. C'est pour cette raison que l'on considère que : • Tout nouvel apprentissage doit se faire à la fois à la maison et chez l'assistant(e) maternelle. • Que ce sont plutôt les parents qui doivent donner le bain à leur enfant. Cependant, l'assistante maternelle peut être amenée à effectuer cette tâche (horaires décalés des parents, absences exceptionnelles). …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 16/20

Lors des ces temps de soins, l'assistante maternelle veillera à: • Assurer la sécurité affective de l'enfant (respecter la pudeur de l'enfant, être attentif à ses peurs) ; • Assurer la sécurité physique de l'enfant. 3.4.1. La relation entre l’enfant et l’adulte au moment des changes Le temps du change est propice à une relation individualisée et privilégiée entre l'adulte et l'enfant et participe, pour ce dernier, à la découverte de son corps. Au-delà des soins d'hygiène indispensables, les soins de confort (bain, changes) sont importants pour l'enfant car le contact avec la mère lui procure des sensations qui lui permettent de sentir son corps. Durant le change, l'enfant doit se sentir en sécurité. Il est donc indispensable que l'adulte permette à l'enfant d'anticiper cet acte. Il doit lui expliquer ce qu'il va se passer. Lors des soins de confort, pour favoriser la prise de confiance de l'enfant, l'assistant(e) maternel(le) garde un contact visuel, l'intonation de la voix est chaleureuse et la participation de l'enfant est favorisée. Le contact corporel est constant sans pour autant être envahissant car le moment de la toilette est un acte qui doit prendre en compte l'intimité de l'enfant. Cette qualité relationnelle facilitera plus tard l'apprentissage de la propreté. L'usage veut que l'enfant soit changé par les parents avant son arrivée chez l'assistant(e) maternel(le). Ce comportement est interprété comme un signe de respect à l'égard de l'enfant et du professionnel qui l'accueille. Cependant, il s'agit « d'un acte qui touche à ce qu'il y a de plus intime en nous » et changer un enfant peut être, pour quelques parents, plus complexe que ce qu'il n'y paraît. Des histoires douloureuses peuvent être réactivées à la naissance d'un enfant. 5 L'assistant(e) maternel(le) évitera donc tout jugement de valeur lorsqu'un enfant arrive régulièrement sale. Le dialogue est préférable car si le parent sent qu'il n'y a pas de jugement à son égard, il pourra peut-être exprimer ses éventuelles difficultés. L'enfant ne doit pas nonplus être confronté à des propos désobligeants tenus à propos du change ou durant celui-ci. Cet enfant a besoin, au contraire, d'une attention toute particulière de l'assistant(e) maternel(le). Des soins de qualité prodigués par un(e) professionnel(le) aideront à compenser les difficultés des parents. 3.4.2. Aller sur le pot : entre désir des parents et capacités de l’enfant L'acquisition de la propreté relève d'un processus naturel en lien avec le développement psychomoteur de l'enfant. C'est une étape essentielle pour la progression de l'autonomie de l'enfant. Les adultes exigent trop souvent une acquisition précoce de la continence alors que l'enfant n'est pas suffisamment mature. Pour contrôler ses sphincters, il doit pouvoir sentir que sa vessie est pleine : le développement psychomoteur doit donc être suffisant ce qui se produit en général entre deux et trois ans. En principe, deux éléments permettent de repérer qu'un enfant a un développement psychomoteur suffisant pour devenir propre : • il est capable de monter et descendre seul des escaliers ; • il peut prendre et manipuler des objets de très petite taille. Les conditions nécessaires à l'apprentissage de la propreté sont : • La maturation des sphincters : ◦ Les nerfs sensitifs sont suffisamment développés pour que l'enfant ressente la pression des selles dans les intestins et de l'urine dans la vessie ; • L'enfant maîtrise les nerfs moteurs qui innervent les sphincters. C'est ce qui lui permet d'avoir un contrôle volontaire sur les sollicitations de cette pression. • La compréhension intellectuelle de ce qu'on lui demande et un langage suffisamment développé pour communiquer à l'adulte son besoin. • Un développement affectif suffisant pour que l'enfant ait envie de devenir « un grand ». Pour l'aider, dans la mesure du possible, pensez à changer les plus grands en position « debout » afin de ne pas l'enfermer dans une condition de bébé. Le contrôle des matières fécales se fait avant celui des urines. La propreté diurne précède la propreté nocturne car le sommeil de l'enfant est trop profond pour lui permettre de ressentir son besoin d'aller aux toilettes. 5

ARGOD Charlotte, « L'enfant dont les parents ne changent pas la couche... », Métiers de la petite enfance n° 143, octobre 2008, pages 16 et 17.

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3.4.3. Acquisition de l'autonomie et découverte de son corps : le rôle de l’adulte Comme pour les autres acquisitions, le rythme de chaque enfant doit être respecté. Généralement, l'acquisition de la propreté se fait en deux étapes très progressives : L'enfant passe d'une phase au cours de laquelle il ne se comprenait pas qu'il était en train d'uriner ou de faire des selles à une étape pendant laquelle il prend conscience de ce qu'il est en train de faire. Il est alors important de lui expliquer ce qui se passe et de lui en parler sans dégoût. L'enfant anticipe de mieux en mieux ses besoins d'uriner ou de déféquer et comprend que cela va le soulager. Il est alors nécessaire d'aménager l'environnement pour lui permettre l'acquisition de la propreté en toute autonomie. Lorsqu'on laisse l'enfant être propre de manière autonome, l'acquisition de la propreté (sans contrainte) est souvent rapide. Un bon moyen d'aider l'enfant et de repérer le moment auquel il suspend toute activité afin de se concentrer sur ses selles. Cela montre qu'il est capable de ressentir la pression des sphincters et donc, peut-être de les maîtriser. Il ne sert à rien de se précipiter vers les toilettes car l'enfant ne pourra pas apprendre à anticiper. Il faut tranquillement expliquer à l'enfant ce qui ce passe « tu es en train de faire caca ! », puis lors du change, lui parler de la possibilité de demander à aller aux toilettes, lui montrer le pot et les toilettes et en expliquer l'usage. Le pot doit rester à la libre disposition de l'enfant dans les toilettes (ou dans la salle de bain s'il y a des problèmes de place). Pour des questions d'hygiène et afin de respecter la pudeur de l'enfant, le pot ne doit en aucun cas se balader dans toutes les pièces de la maison. Le pot peut-être placé au pied du lit le soir ou au moment de la sieste lorsque l'enfant ne veut plus porter de couches. Si l'enfant parvient à anticiper suffisamment pour utiliser son pot, ne pas le féliciter ou pire encore, lui donner une récompense. Il suffit de lui dire : « Tu as compris comment il faut faire, tu es grand(e) ». En cas d'insuccès, il ne faut surtout pas le gronder ou exprimer sa déception. Mieux vaut se contenter d'expliquer une nouvelle fois tranquillement l'usage du pot. Peur de décevoir les parents. Certains enfants sont confrontés à la pression des parents qui veulent commencer l'apprentissage de la propreté trop tôt, le plus souvent dans la perspective de l'entrée à l'école. Les reproches comme les félicitations excessives font ressentir à l'enfant une attente disproportionnée par rapport à ce qu'il peut effectuer. L'enfant risque de vivre cette période difficilement avec la peur permanente de décevoir ses parents. Chantage affectif. Selon FREUD, lorsque l'enfant prend conscience de la possibilité de maîtrise de ses sphincters, ses selles deviennent un objet qui l'intrigue. Il peut choisir de les retenir ou de les expulser pour en faire cadeau à sa mère. Les manifestations excessives de la part de l'adulte peuvent donc provoquer l'effet inverse de ce qui est recherché. Si l'enfant défèque au bon endroit et au bon moment, il est félicité et comprend qu'il fait plaisir à sa mère. Afin d'exercer un pouvoir sur les adultes et plus particulièrement sur sa mère : il retiendra ses sphincters s'il veut montrer son opposition ; à d'autres moments, il acceptera de faire plaisir en se laissant aller sur le pot. Les selles ne doivent pas devenir une monnaie d'échange entre les parents et les enfants. Cette étape est également l'occasion de la découverte de la différence de sexe. La manière dont les garçons et les filles urinent permet à chacun d'affirmer son identité sexuelle. On se contentera de répondre à toutes les questions le plus simplement possible, mais sans anticiper sur d'autres explications pour ne pas répondre à des questions qu'ils ne se posent pas encore. 3.4.4. Énurésie et encoprésie L'acquisition de la continence se fait progressivement, des retours en arrière peuvent exister. S'ils sont momentanés, ils peuvent montrer le signe d'une ambivalence entre désir de rester petit et de grandir. Retourner vers les couches, c'est garder un contact privilégié avec l'adulte au moment du change. L'enfant régresse parfois à la naissance d'un autre enfant, à l'occasion d'un déménagement ou lors de modifications dans la vie familiale. Il convient de ne pas gronder l'enfant et tout se remettra en place naturellement. En cas d'accident, comme pour l'apprentissage du pot, une attitude distanciée et compréhensive s'impose. L'enfant doit pouvoir verbaliser l'incident et l'adulte ne peut faire comme s'il n'avait rien vu. Par contre, si l'adulte dramatise, en parle à toute la famille, le gronde, l'enfant pourrait perdre confiance en lui. Par contre, si la régression persiste, elle peut aussi être le signe d'une souffrance plus importante …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 18/20

ou de problèmes physiologiques. L'énurésie est le plus souvent nocturne. Elle est dite primaire si l'enfant n'a jamais été propre, secondaire si le trouble survient au moins six mois après une période de continence. L'énurésie primaire est parfois due à un dysfonctionnement vésical, un dérèglement hormonal. L'énurésie secondaire peut montrer une infection urinaire ou un trouble psychologique. Il convient de consulter un médecin si l'enfant n'est pas propre la nuit après cinq ans. L'encoprésie est une émission de selles délibérée ou involontaire qui survient au minimum une fois par mois dans une période continue de six mois. Elle est dite primaire si l'enfant n'a jamais pu maîtriser ses sphincters et secondaire si le trouble a été précédé d'une période de continence. Comme pour l'énurésie, il convient de consulter un médecin si le trouble s'installe après quatre ans. 3.4.5. Constipation Il arrive que certains enfants souffrent de constipation. Les adultes doivent être particulièrement attentifs à ce problème. En effet, la douleur ressentie au moment de la défécation va inciter l'enfant à se retenir à nouveau. De plus, les adultes font souvent ressentir à l'enfant leur propre inquiétude face à ce type de problèmes. L'enfant aggrave ainsi sa constipation. Les problèmes de constipation peuvent révéler une hydratation insuffisante ou un régime alimentaire trop pauvre en fibres. Dans ces cas-là, la modification du régime alimentaire suffit à régler le problème. Mais la constipation peut-être provoquée par des difficultés que l'adulte n'imagine pas (des toilettes sales, pas de papier hygiénique à l'école) ou par du stress ou des angoisses plus importants. N'utilisez jamais de laxatif sans ordonnance même s'ils sont fournis pas les parents. 3.4.6. La propreté chez l'assistant(e) maternel(le) Soyez cohérent(e) ! Acquérir la continence pour un enfant nécessite que ses parents et l'assistant(e) maternel(le) soient disponibles pour procéder au même moment et de la même manière. Il a besoin de cohérence. Il ne comprendrait pas qu'il garde la couche à la maison et l'enlève chez l'assistant(e) maternel(le) ou le contraire. Commencez donc à discuter avec les parents pour être certains que vous agissez de concert. Transmettez les évolutions constatées ou les difficultés rencontrées afin de trouver des solutions cohérentes. Passez un contrat avec l'enfant ! C'est lui qui doit choisir le moment auquel il enlève sa couche, dans la journée pour commencer, puis durant la sieste. S'il n'en fait pas la demande, proposez-lui de tenter l'expérience mais en cas de refus, respectez ce refus. Il n'a peut-être pas suffisamment confiance en lui. Renouvelez votre demande au moment des changes, après la sieste par exemple surtout si la couche est sèche. Vous pourrez lui montrer qu'il ne se mouille plus. Éduquez avec patience ! Proposez le pot à l'enfant avant les repas et la sieste mais ne vous étonnez pas s'il refuse. Faire pipi quand on en n'a pas envie, c'est compliqué ! Ne vous étonnez pas si un enfant de dix-huit mois met les mains dans son pot pour toucher ses excréments. Pour lui, elles ne sont que le prolongement de lui-même et il expérimente toute nouvelle découverte. Évitez de montrer votre dégoût et contentez-vous d'expliquer que son corps rejette une partie de ce qu'il a mangé. Puis montrez-lui les WC, dite-lui où vont ses selles et apprenez-lui à tirer la chasse d'eau. Expliquez-lui simplement le fonctionnement des canalisations. L'enfant a besoin de savoir ce que devient « ce qu'il a produit ». Éduquez rapidement l'enfant au lavage des mains. Incitez-le à s'essuyer seul, à se rhabiller. Même si le geste n'est pas aussi bien fait que par un adulte, il est important que l'enfant apprenne à faire ces gestes. Expliquez-lui le fonctionnement de son corps. En cas d'incident, parlez à l'enfant tranquillement : « Tu as fait pipi, tu es mouillé, ce ne doit pas être agréable, je vais t'aider à te changer. » Si l'enfant se réveille mouillé après une sieste, enlevez avec lui le drap du lit pour le laver. Ne présentez pas cela comme une punition mais comme un soutien dans l'apprentissage de l'autonomie. …................................................................................................................................ CADÉI - conseil et formation est une activité de POLLEN-SCOP 6-8 rue Georges Couderc, 07200 AUBENAS - RCS d'Aubenas – SIRET 439 076 563 00048 - defp 82 07 00479 07 19/20

Aménagez l'environnement pour l'acquisition de l'autonomie ! Durant cette période, il convient de demander aux parents de privilégier des vêtements simples à enlever pour permettre à l'enfant d'aller rapidement sur le pot s'il en ressent l'envie. Pensez à mettre à portée de main le papier toilette, procurez vous un petit tabouret pour le lavage des mains. Veillez à choisir des modèles de pot confortable, stable et le plus simple possible. Le pot n'est pas un jouet ! Pensez à avoir plusieurs pots si vous accueillez plusieurs enfants en âge d'être propre. Les envies de pipi sont souvent contagieuses ! Prévoyez une transition pour les plus grands souhaitant aller aux toilettes. Pour les jeunes enfants, il existe des abattants adaptables à placer sur les toilettes. Sont à proscrire : • • • • • • •

les séances de pot collectives les mises sur le pot à heures fixes les mises sur le pot prolongées les réveils nocturnes ou pendant la sieste pour aller aux toilettes le rationnement en eau avant de se coucher le vidage du pot dans les toilettes sans explications sur ce que deviennent les selles. les mots à connotation morale. Ne pas dire « c'est caca ! » pour montrer à un enfant qu'un objet est sale, l'enfant pourrait assimiler ses excréments à quelque chose de sale ou de mauvais.

Pour clore ce chapitre, nous dirons qu'une pression sociale pousse souvent l'entourage de l'enfant à le stimuler plus que nécessaire : il doit être propre le plus rapidement possible pour aller à l'école, il doit manger correctement, accepter tous les aliments. Les adultes mettent beaucoup d'empressement à éduquer leurs enfants, parfois au détriment du respect de leurs rythmes et de leurs besoins. Une éducation respectueuse des besoins et des rythmes de chaque enfant n'est pas synonyme de laisser-faire ou d'absence d'intervention. Cette éducation se caractérise par la nature de l'intervention de l'adulte. L'assistant(e) maternel(le) devrait toujours se demander comment permettre à l'enfant d'agir par lui-même, grâce à un aménagement adapté des lieux, des rythmes de vie et du matériel. Ses interventions se doivent d'être discrètes et basées sur l'observation de l'enfant pour lui permettre de progresser par luimême en expérimentant son environnement.

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