De l'électricité aujourd'hui et demain

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De l’électricité aujourd’hui et demain Perspectives pour l’électricité 2020 – mise à jour

Avant-propos de Heinz Karrer, CEO d’Axpo Holding AG 

3

L’électricité se raréfie  L’approvisionnement en électricité aujourd’hui La pénurie d’électricité arrive

4 4 5

La sécurité d’approvisionnement

6

Facteurs influençant les besoins en électricité Croissance économique et démographique  Efficacité énergétique  Besoins prévisionnels en électricité d’ici à 2050

8 8 9 9

Technologies de production Nouvelles énergies renouvelables  Énergie hydraulique Énergie nucléaire Centrales combinées à gaz Systèmes d’approvisionnement décentralisés Comparaison des grandes centrales 

10 10 12 13 15 15 16

Importations

17

Réseaux

17

L’électricité est une énergie bon marché

18

Une électricité écologique

20

Options pour la Suisse

21

La solution: un mix électrique équilibré

22

Unités de travail (énergie) 1 kWh = 1 kilowattheure 1 MWh = 1 mégawattheure = 1000 kWh 1 GWh = 1 gigawattheure = 1 million de kWh 1 TWh = 1 térawattheure = 1 milliard de kWh Unités de puissance 1 kW = 1 kilowatt = 1000 watts 1 MW = 1 mégawatt = 1000 kW 1 GW = 1 gigawatt = 1000 MW = 1 million de kW Quelques exemples pour se faire une idée 1 kWh = une heure de repassage 1 GWh = production d’électricité de la centrale nucléaire de Beznau en 84 minutes 1 TWh = consommation d’électricité de la ville de Berne en un an De l’électricité pour aujourd’hui et demain 02 | 03

Photo de couverture: Avenue Images / Stockbyte

Table des matières

Avant-propos En 2005, Axpo a lancé le débat sur l’approvisionnement futur en électricité de la Suisse en publiant l’étude «Perspectives pour l’électricité 2020». En tant qu’entreprise publique propriété des cantons du Nord-Est de la Suisse, Axpo estime qu’il est de son devoir de jouer un rôle actif dans ce débat et de présenter des solutions susceptibles de résoudre la pénurie d’électricité. Depuis sa publication, l’étude «Perspectives pour l’électricité 2020» a fait l’objet d’intenses discussions parmi les spécialistes ainsi que dans les médias et le grand public. Axpo souhaite favoriser le processus de prise de conscience et encourager le dialogue sur l’énergie au sein de la population tout en y participant activement. Seul un dialogue avec le grand public peut aider Axpo à résoudre les problèmes énergétiques de la Suisse. Beaucoup de choses ont changé depuis 2005. Nos prévisions se sont-elles révélées exactes? Où avons-nous commis des erreurs de jugement? Quels sont les développements que nous n’avions pas prévus à l’époque? La présente nouvelle édition de l’étude «Perspectives pour l’électricité 2020» fournit des réponses à ces questions et montre en tout cas clairement que le problème de la pénurie d’électricité est plus urgent que jamais. Axpo entend apporter une contribution majeure à la résolution de la pénurie d’électricité qui s’annonce, de manière à ce qu’à l’avenir la Suisse puisse continuer à disposer à tout moment d’une quantité suffisante d’électricité – pour ainsi dire exempte de CO2 – à des prix avantageux. Sécurité d’approvisionnement, production écologique, prix avantageux, il n’est pas toujours simple de satisfaire toutes ces exigences de la société. Axpo montre, dans les pages qui suivent, comment cet objectif peut être atteint et ce que cela implique. Heinz Karrer, CEO d’Axpo Holding AG



L’électricité se raréfie L’approvisionnement en électricité aujourd’hui L’électricité produite en Suisse provient en grande partie de centrales hydrauliques et nucléaires. La part des nouvelles énergies renouvelables reste faible dans l’état actuel des choses. À cela s’ajoute l’électricité en provenance de centrales nucléaires françaises, couverte par des contrats de fourniture à long terme. Environ 40% de l’électricité produite en Suisse provient des cinq centrales nucléaires de Beznau I et II, Mühleberg, Gösgen et Leibstadt. L’électricité d’origine hydraulique représente largement plus de 50%, ce chiffre tenant compte des centrales au fil de l’eau, des centrales à accumulation et des petites centrales hydrauliques.

Actuellement, à peine 2% de la production suisse d’électricité provient de nouvelles sources renouvelables telles que le photovoltaïque, la biomasse ou l’éolien. Les déchets des usines d’incinération des ordures ménagères et le biogaz produit par les stations d’épuration se taillent la part du lion (85%) parmi ces sources renouvelables. La Confédération a l’objectif ambitieux, d’ici à 2030, d’augmenter cette part de 5,4 TWh pour la porter à 8%. Aujourd’hui déjà, l’électricité produite en Suisse ne suffirait pas à garantir à tout moment l’approvisionnement en électricité du pays au cours des semestres d’hiver. La Suisse a donc besoin de l’électricité produite par un certain nombre de centrales nucléaires françaises et dont elle s’est assuré la fourniture par la conclusion de contrats à long terme.

Production d’électricité en Suisse par mode de production (2008) 0,06% 0,19%

3%

56%

0,24% 0,03%

39%

2%

1,48%

Énergie nucléaire

Photovoltaïque

Énergies renouvelables (hors petite hydraulique)

Biomasse

Énergie hydraulique (petite hydraulique incl.)

Énergie éolienne

Autres (part non renouvelable des déchets,

Partie renouvelable des déchets

centrales à combustibles fossiles)

(usines d’incinération) Énergie issue de l’épuration de l’eau (stations d’épuration) Source: Office fédéral de l’énergie

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 04| 4 | 05B 4

La pénurie d’électricité arrive La Suisse se dirige à coup sûr vers une pénurie d’électricité; au cours du semestre d’hiver en particulier, il faut déjà s’attendre à des problèmes d’approvisionnement dans les années qui viennent. Une situation critique qui résulte de la demande sans cesse croissante d’électricité et de la mise à l’arrêt de centrales nucléaires au cours des prochaines années en Suisse. A plus long terme, il en sera ainsi 365 jours durant. La sécurité d’approvisionnement ne peut être garantie qu’à condition de disposer de suffisamment d’électricité pour satisfaire la demande à tout moment. La situation est particulièrement critique au cours du semestre d’hiver: l’hiver, la production d’électricité ralentit en raison du débit réduit des cours d’eau, tandis que la consommation augmente (chauffage, éclairage, etc.). Et plus il fait froid, plus la situation peut devenir critique. De manière générale, les pays voisins sont confrontés aux mêmes conditions climatiques. Vraisemblablement, les installations de production existantes en Suisse (centrales nucléaires, centrales hydrauliques, nouvelles énergies renouvelables) ne fourniront déjà plus assez d’électricité au cours des prochains semestres d’hiver pour approvisionner à tout moment la Suisse en énergie électrique. De plus, à partir de 2016, les contrats à long terme pour la fourni-

ture d’électricité en provenance d’une série de centrales nucléaires françaises vont progressivement expirer. La Suisse va dès lors se trouver confrontée à des problèmes d’approvisionnement ponctuels pendant l’hiver dans les années qui viennent. Dès 2020, la Suisse n’aura pas seulement à faire face à des problèmes d’approvisionnement ponctuels mais à une véritable pénurie d’électricité et ce, pour les raisons suivantes: • Les centrales nucléaires de Beznau I et II et de Mühleberg devraient être arrêtées à partir de 2020. • La législation européenne ne prévoit plus de droits de transit transfrontalier privilégiés. Il faudra donc acheter aux enchères les droits d’accès aux réseaux pour pouvoir transporter et importer de l’électricité nucléaire française. Cette électricité ne contribuera donc plus à la sécurité d’approvisionnement de la Suisse. Notre pays négocie actuellement avec l’UE une date limite pour le maintien de ce privilège. Rien ne permet toutefois de présager de l’issue favorable de ces négociations. • Vu la croissance démographique et les nouvelles applications électriques (pompes à chaleur, nombre d’appareils électroménagers, etc.), une nouvelle hausse de la consommation électrique est probable en Suisse.

Déficit d’électricité sans centrales nucléaires de remplacement (semestre d’hiver) Production

TWh

Centrales au fil de l’eau

60

Centrales à accumulation Centrales thermiques conventionnelles

50 40

Nouvelles énergies renouvelables (parc existant)

30

Centrales nucléaires CH (parc existant)

20

Centrales nucléaires françaises, avec fourniture privilégiée Centrales nucléaires françaises, sans fourniture privilégiée

10

Besoins moyens Besoins élevés / besoins faibles

0 2000

2005

2010

2015

2020

2025

2030

2035

2040

2045

2050

Besoins effectifs 2000–2009 Source: Axpo

La sécurité d’approvisionnement Aujourd’hui, la sécurité d’approvisionnement en courant électrique de la Suisse ne présente quasiment aucune faille. Les pannes d’élec­ tricité sont d’ailleurs rarissimes en Suisse; elles sont très locales et de courte durée. Cela constitue un avantage essentiel pour la Suisse en tant que place économique. Un haut niveau de sécurité d’approvisionnement dépend de l’interaction complexe de différents facteurs. L’approvisionnement en électricité de la Suisse jouit d’une excellente réputation depuis des dizaines d’années grâce à son haut degré de fiabilité. La disponibilité moyenne de l’électricité s’élève à 99,99%. Une société moderne et une économie compétitive – comme c’est le cas en Suisse – ont besoin de pouvoir compter sur un approvisionnement en électricité garanti à tout moment et à long terme et ce, à des prix avantageux. Si tel n’était plus le cas, la place économique suisse en subirait aussitôt les conséquences. La sécurité d’approvisionnement ne dépend pas seulement de la demande mais aussi dans une large mesure des quatre éléments suivants: • accès aux énergies primaires nécessaires à la production d’électricité • capacités de production • réseaux • gestion des systèmes On peut dire que la sécurité d’approvisionnement est garantie quand les deux premiers éléments sont disponibles en quantité suffisante, en fonction des besoins, que les capacités de réseau sont

Énergie primaire

Centrales

adéquates et que la gestion des systèmes est en mesure d’utiliser la production et les réseaux selon les attentes des consommateurs. La sécurité d’approvisionnement, c’est comme une chaîne: c’est du maillon le plus faible que dépend le degré de sécurité, indépendamment de la force des autres maillons. La Suisse est étroitement interconnectée avec le reste de l’Europe. Cela présente l’avantage qu’en cas de problèmes d’approvisionnement de courte durée en raison de la mise à l’arrêt d’une grande centrale et/ou de plusieurs centrales moyennes, il peut être fait appel à des capacités de réserve quelque part en Europe. D’après des règles euro-péennes clairement définies, la Suisse a l’obligation, après une situation d’urgence, de mettre à disposition elle-même une quantité suffisante d’énergie, de manière à pouvoir libérer la réserve nécessaire à court terme pour les besoins européens. La Suisse profite en effet du portefeuille de production de l’Europe et, inversement, l’Europe a accès au portefeuille de production de la Suisse, en guise de réserve. Cette aide mutuelle ne fonctionne que si à court, moyen et long terme, une quantité suffisante d’électricité et les réserves nécessaires sont disponibles pour couvrir la consommation nationale normale. Il n’existe pas de sécurité d’approvisionnement absolue, étant donné que le lieu, le moment, la durée et l’ampleur de la perte de capacités de production et de réseau sont par essence imprévisibles. Avec la mise à l’arrêt prochaine des plus anciennes centrales nucléaires suisses et l’expiration progressive des contrats de fourniture conclus avec la France, la sécurité d’approvisionnement sera de plus en plus menacée.

Réseaux

Gestion des systèmes Source: Axpo

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 06 | 07

L’accès à l’énergie primaire que constitue la force hydraulique est l’une des raisons de la sécurité d’approvisionnement quasi sans failles de la Suisse. (Photo: lac de Panix)

Facteurs influençant les besoins en électricité Croissance économique et démographique La consommation d’électricité est influencée par différents facteurs, contradictoires ou convergents. Une analyse rétrospective montre qu’à long terme, la croissance démographique et la croissance économique sont deux facteurs déterminants de l’évolution de la consommation d’électricité en Suisse. Sur le long terme, la croissance démographique et le développement économique ont une incidence particulièrement grande sur la consommation d’électricité. Le climat, les prix de l’énergie primaire, le nombre d’appareils électriques, etc. influent eux aussi sur la consommation. La consommation d’électricité a plus que doublé en Suisse depuis 1970. Au cours des 20 dernières années, une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1% a entraîné une augmentation moyenne de la consommation d’électricité d’un peu plus de 1%. Cette évolution va se poursuivre dans les grandes lignes, avec un léger fléchissement néanmoins. Il ne faut pas oublier que depuis 1970, dans de nombreux secteurs très gourmands en énergie (comme la sidérurgie et l’industrie du papier), les outils de production ont été délocalisés vers d’autres pays. Sinon, la consommation d’électricité aurait enregistré une

hausse nettement plus importante. La croissance de ces dernières années est liée en particulier au secteur des services, où l’informatisation n’a cessé de progresser. Les économies réalisées par l’emploi de nouveaux appareils plus efficaces et, partant, plus économiques sont compensées par l’augmentation du nombre d’appareils électriques par ménage. À plus long terme, la consommation d’électricité en Suisse devrait être moins étroitement liée à l’évolution du PIB. Le développement du secteur des services et le recul constant des productions énergivores y contribuent. Parallèlement à la croissance économique, la croissance démographique entraîne elle aussi une hausse des besoins en électricité. Le lien est évident: une population plus nombreuse consomme forcément davantage d’électricité. En Suisse, la croissance démographique est en outre associée à une augmentation de la prospérité, ce qui entraîne là encore une hausse de la consommation d’électricité. Ainsi, un ménage suisse moyen possède aujourd’hui deux téléviseurs, plusieurs ordinateurs, un sèche-linge, etc., avec à la clé une hausse de la consommation par ménage. Le lien entre population et consommation d’électricité ne devrait pas subir de modifications importantes au cours des années à venir.

Consommation d’électricité et produit intérieur brut réel en Suisse TWh

en milliards de CHF

60

600

55

550

50

500

45

450

40

400

35

350

30

300

25

Consommation d’électricité

250

20

PIB réel

200

15

150

10

100

5

50

0

0 1970

1973

1976

1979

1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

2006

2009

Source: Office fédéral de l’énergie, Secrétariat d’État à l’économie (SECO) De l’électricité pour aujourd’hui et demain 08 | 09

Efficacité énergétique L’électricité est l’énergie de l’avenir. Beaucoup d’applications utilisant encore des énergies fossiles seront alimentées à l’électricité dans le futur. Parallèlement, les appareils électriques deviennent de plus en plus efficaces et requièrent de moins en moins d’énergie. Les appareils électriques, de l’ordinateur à l’aspirateur, gagnent sans cesse en efficacité et consomment de moins en moins de courant, à confort égal. Les cuisinières, réfrigérateurs et autres sèche-linge consommeront donc moins d’électricité à l’avenir. La longévité de ces appareils et des systèmes de chauffage p. ex. fait que, malheureusement, cette baisse de la consommation ne se matérialise que très lentement. L’évolution pourrait être plus rapide en ce qui concerne l’éclairage. Dans ce domaine, l’emploi de lampes économiques – en particulier de luminaires à DEL – permet de réduire la consommation. S’il est vrai que l’apparition d’appareils sans cesse plus efficaces a un effet positif, la multiplication du nombre d’appareils électriques par ménage produit l’effet inverse. Il n’est pas rare aujourd’hui de trouver dans un ménage plusieurs téléviseurs ou ordinateurs. De plus, le remplacement des systèmes de chauffage au mazout par des pompes à chaleur électriques se traduit, à confort égal, par une nette baisse de la consommation d’électricité. A contrario, dans le domaine du transport public, il faut s’attendre au cours des décennies à venir à une hausse de la consommation de courant d’environ 20% du fait de la création de nouvelles lignes (NLFA p. ex.), de l’augmentation des vitesses et de la mise en service de voitures climatisées. Dans le transport individuel, à long terme, la tendance est à l’abandon du moteur à combustion au profit du moteur électrique, moins gourmand en énergie. Là encore, cela se traduira néanmoins par une hausse globale de la consommation d’électricité. Aujourd’hui, un nombre croissant de chauffages au mazout sont remplacés par des pompes à chaleur. L’avantage, c’est que les besoins en énergie se trouvent réduits d’au moins 50%, à confort thermique égal. L’électricité améliore donc de manière substantielle l’efficacité énergétique globale tout en réduisant nettement les émissions de CO2.

Besoins prévisionnels en électricité d’ici à 2050 En Suisse, la consommation d’électricité a plus que doublé depuis les années 1970. Et il y a peu de chances pour que la tendance s’inverse complètement, même si la hausse de la consommation a légèrement ralenti ces dernières années. Comme décrit plus haut, la croissance démographique et économique ainsi que les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique sont responsables de la demande croissante de courant électrique. Selon différentes études, il faut s’attendre à ce que la consommation totale d’énergie (électricité, gaz, pétrole, carburants, chaleur) soit plus ou moins stable ou en léger recul dans les années à venir. Il n’en est rien en ce qui concerne l’évolution de la consommation d’électricité. Ces dix dernières années, elle a augmenté en moyenne d’environ 1,3% par an. Pour pouvoir évaluer l’évolution future de la demande d’électricité, Axpo a élaboré différents scénarios de besoins. Axpo part du principe que la consommation de courant va évoluer dans la fourchette «besoins élevés» / «besoins faibles». La limite supérieure (scénario «besoins élevés») table d’ici à 2025 sur une hausse de la consommation de 1,5% par an. Après 2025, on prévoit une croissance de 1% et à partir de 2045, une croissance nulle. La limite inférieure (scénario «besoins faibles») table sur une augmentation de la consommation de 0,5% d’ici à 2035. La croissance ralentira ensuite peu à peu pour stagner à partir de 2045. Entre 2005 et 2008, la consommation d’électricité a augmenté de 1% par an. En 2009, une baisse de 2% a été enregistrée pour des raisons conjoncturelles et météorologiques. Cette diminution est très faible par rapport aux autres pays européens et résulte d’une baisse de la production industrielle suisse, de la mise en œuvre de mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique et du remplacement des énergies fossiles par l’électricité. En 2010, la tendance s’inverse déjà de nouveau, puisque la consommation d’électricité repart à la hausse.

Technologies de production Nouvelles énergies renouvelables Le développement des nouvelles énergies renouvelables est tout à fait souhaitable. Néanmoins, le potentiel de ces énergies est assez faible, en Suisse en particulier, et les projets se heurtent souvent à des résistances locales. En 2005, l’étude d’Axpo «Perspectives pour l’électricité 2020» a chiffré le potentiel et les coûts de ces énergies pour la Suisse, pour autant que tous les sites appropriés puissent être exploités sans aucune restriction en termes de protection des paysages, d’acceptation par les populations locales, de réglementation des zones ou de coûts. Ces chiffres indiquent donc le potentiel maximal. Dans le domaine du photovoltaïque, il n’a été tenu compte – pour des raisons liées à la protection des paysages – que des installations à monter sur les toitures, les façades et les murs antibruits. 50% des surfaces ont été dévolus au photovoltaïque, l’autre moitié, au solaire thermique, donc à la production de chaleur (chauffage et production d’eau chaude) à partir de l’énergie solaire. L’analyse du potentiel ne tient pas compte d’éventuels nouveaux grands parcs photovoltaïques au sol. L’analyse montre que le potentiel total de l’ensemble des nouvelles technologies – géothermie comprise – tourne aux alentours de 20 TWh. Les apports respectifs de la petite hydraulique, du photovoltaïque, de l’énergie éolienne et de la biomasse sont à peu près d’égale importance, à savoir environ 5 TWh. À cela s’ajoute le potentiel de la géothermie, soit environ 17 TWh. Ce potentiel est technique et n’est encore en rien assuré. Les difficultés rencontrées avec le premier projet pilote suisse, à Bâle, ont retardé de plusieurs années l’utilisation de la géothermie pour la production d’électricité. Dès que la première installation pilote suisse aura pu être exploitée dans de bonnes conditions de fiabilité pendant un an, il sera alors possible d’évaluer correctement le potentiel technique de cette technologie. La construction d’installations de production d’énergies nouvelles est souhaitable mais elle se heurte aux réserves émises par les organisaDe l’électricité pour aujourd’hui et demain 10 | 11

tions de protection de l’environnement et les populations locales. On note aussi de grandes différences entre les diverses technologies. Ainsi, le photovoltaïque est bien accepté de manière générale, tandis que la petite hydraulique suscite souvent pas mal de résistance. Ces dernières années, Axpo a dû interrompre quelques projets pour cette raison. Les projets éoliens suscitent aussi des levées de boucliers, les sites les plus favorables se situant généralement dans des endroits exposés et dans des paysages préservés. Ces derniers temps, les projets biomasse sont aussi de plus en plus rejetés par la population. Les motifs les plus fréquemment invoqués sont les nuisances sonores et olfactives ainsi que les émissions atmosphériques de substances nocives. Il résulte de tout cela que l’exploitation des potentiels des nouvelles énergies renouvelables est beaucoup plus lente que souhaitable. Ainsi, en Suisse, l’électricité éolienne et solaire ne couvre toujours que moins de 0,1% de la consommation nationale, malgré de gros efforts et d’importantes subventions. Une situation qui, malheureusement, ne devrait guère évoluer à moyen terme. Les nouvelles énergies renouvelables domestiques présentent un potentiel limité en volume. Elles sont très loin de pouvoir résoudre la pénurie d’électricité qui se profile à l’horizon 2020. Néanmoins, à partir de 2050, elles pourraient apporter une contribution substantielle et couvrir à peu près un tiers des besoins d’électricité actuels. Aujourd’hui, les coûts de production de ces énergies sont largement supérieurs aux prix du marché et ils le resteront au cours des 20 années qui viennent. Quelques-unes de ces technologies (éolien, photovoltaïque) n’offrent pas une disponibilité continue, la production dépendant des conditions météorologiques. Le pays a donc encore besoin de centrales conventionnelles de réserve, ce qui accroît les coûts. De façon générale, les nouvelles énergies renouvelables sont bien acceptées par la population mais dès que l’on évoque des projets ou des sites concrets, on bute sur de grandes résistances. Suite à la révision de la loi sur l’énergie en 2007, la production d’électricité à partir d’énergies nouvelles est subventionnée à hauteur de 320 millions de francs par an. Et il est probable que ce subventionnement augmente encore de 50%.

Potentiel technique des nouvelles énergies renouvelables en Suisse après 2050 (hors coûts et aménagement du territoire) Petite hydraulique Photovoltaïque Éolien Biogaz Biomasse solide Géothermie

Pas encore au point techniquement 0

5

10

15

20 Source: Axpo

Production d’électricité en Suisse TWh/an

Coûts de production de l’électricité issue des nouvelles énergies renouvelables en 2010 et 2030 en Suisse Photovoltaïque

Petite hydraulique

Biomasse solide

Géothermie

Éolien

Biogaz ct./kWh 0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Prix du marché 2010

Fourchette de coûts 2010 Fourchette de coûts 2030

Source: Axpo

Énergie hydraulique Environ 55% de la production suisse d’élec­ tricité provient de l’énergie hydraulique. À l’avenir, le changement climatique et les nouvelles prescriptions en matière de débits résiduels entraîneront une diminution de la production d’électricité d’origine hydraulique. Un développement de l’énergie hydraulique n’est pratiquement plus pos­sible en Suisse. Dans notre pays, l’énergie hydraulique est la plus importante forme de production d’électricité. En Suisse, 35 TWh – soit environ 55% du mix électrique suisse – proviennent de l’énergie hydraulique. Cette production est assurée par de grandes centrales au fil de l’eau, de grandes centrales à accumulation et des centrales de pompage-turbinage mais aussi par de petites centrales hydrauliques (puissance inférieure à 10 MW). Les centrales à accumulation et de pompage-turbinage conviennent particulièrement bien pour compenser de brèves fluctuations dans la consommation et la production. Il n’est presque plus possible de développer encore davantage la grande hydraulique car les fournisseurs suisses d’électricité ont déjà largement exploité le potentiel existant. Les sites encore disponibles n’offrent souvent pas de bonnes conditions de rentabilité ou auraient un impact

écologique trop important. Ailleurs, ce sont les réticences des populations qui posent problème. Cela explique qu’il ne reste souvent qu’une possibilité: transformer les centrales existantes ou accroître leur capacité. Les petites centrales hydrauliques ont encore du potentiel mais elles doivent elles aussi répondre à toute une série d’exigences en matière de protection de l’environnement et être acceptées par la population locale. Dans les années à venir, l’apport de l’énergie hydraulique dans l’approvisionnement en électricité devrait encore être accru grâce aux projets d’extension déjà en cours de réalisation dans le domaine de la grande et de la petite hydrauliques. D’un autre côté, en raison des règles en vigueur en matière de protection des eaux (notamment en ce qui concerne les débits résiduels), il est probable que la production d’électricité des installations existantes ira en décroissant. Au total, d’ici à 2035, il faut s’attendre à une perte d’environ 7%. À cela s’ajoute que le changement climatique (moins de précipitations) entraînera lui aussi une diminution de la production. D’ici à 2035, cette perte est chiffrée elle aussi à 7% et elle devrait même atteindre 10% en 2050. Les projets d’extension sont donc contrebalancés par des baisses de production. Globalement, d’ici à 2050, la production d’électricité d’origine hydraulique baissera d’environ 10%, passant de 35 TWh à quelque 31 TWh.

Évolution de l’énergie hydraulique en Suisse d’ici à 2050 Suisse total 2010

35,0

Débits résiduels



2,4

Changement climatique



3,3

Potentiel d’extension

+

1,8

= 31,1

Suisse total 2050 TWh 0

10

20

30

40

Source: Office fédéral de l’énergie, Axpo

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 12 | 13

Énergie nucléaire Aujourd’hui, l’énergie nucléaire est la technologie de production d’électricité la moins coûteuse. De plus, les réserves de combustible sont pléthoriques. Le nucléaire demeure néanmoins un sujet controversé en raison des déchets radioactifs. Les réacteurs actuels appartiennent à la 3e génération ou à la génération 3+ et offrent une sécurité encore supérieure à leurs prédécesseurs par leur concept de sécurité passive; ils sont très compétitifs en termes de coûts de production. Une comparaison des coûts entre l’énergie nucléaire et la technologie des centrales combinées à gaz sur la base des prix pratiqués en Suisse en 2009 montre que, compte tenu des coûts liés au CO2, l’énergie nucléaire est de loin la technologie la moins chère. Aujourd’hui, en Suisse, le courant produit par les centrales combinées à gaz coûte environ 12 ct./kWh et est de ce fait à peu près 60% plus cher que l’électricité d’origine nucléaire. L’énergie nucléaire est peu touchée par les fluctuations du coût du combustible (uranium), étant donné que le combustible ne représente que 12% du coût total du kilowattheure produit. Cela permet de réduire la dépendance du pays à l’égard de l’étranger, à court et à moyen terme.

De plus, on trouve des gisements d’uranium un peu partout dans le monde. L’énergie nucléaire offre aussi de gros avantages en matière de protection de l’environnement car elle n’émet pas de CO2. Une analyse du cycle de vie fait apparaître qu’après l’énergie hydraulique, le nucléaire est la technologie émettant le moins de CO2 et fait nettement mieux que l’éolien ou le photovoltaïque. Cela dit, l’énergie nucléaire présente aussi des inconvénients. En Suisse, la construction de nouvelles centrales nucléaires n’est pas forcément vue d’un très bon œil, même si les sondages montrent qu’une grande partie de la population soutient le remplacement des centrales nucléaires en fin de vie sur les sites existants. Autre souci: les déchets radioactifs, qui doivent être entreposés en toute sécurité pendant une très longue période. La Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (NAGRA) a néanmoins élaboré un concept – approuvé par le Conseil fédéral – pour leur entreposage à très grande profondeur. La faisabilité technique est donc attestée. De plus, la disponibilité des combustibles nucléaires est assurée pour plusieurs siècles. Enfin, les combustibles nucléaires peuvent être stockés en Suisse pendant de longues années.

Voici à quoi pourrait ressembler l’île de Beznau avec la centrale nucléaire de remplacement et sa tour de refroidissement hybride.

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 14 | 15

Centrales combinées à gaz Les centrales combinées à gaz peuvent être construites dans un laps de temps relativement court. Un avantage contrebalancé toutefois par le haut niveau d’émissions de CO2, par la forte dépendance à l’égard de l’étranger en ce qui concerne la fourniture de gaz ainsi que par les coûts de production élevés de cette technologie. Les centrales combinées à gaz sont la technologie qui permet de transformer le plus efficacement le gaz naturel en électricité. Leur rendement actuel, d’environ 60%, devrait pouvoir être porté à environ 63% au cours des années à venir. Les centrales combinées à gaz présentent l’avantage que les procédures d’autorisation et la construction sont relativement rapides (cinq à sept ans) et les coûts d’investissement, faibles. Le gaz naturel représente plus de 70% des coûts de production. La dépendance à l’égard du prix du gaz est donc extrêmement élevée. Une hausse du prix du gaz de 20% a pour effet d’augmenter les coûts de production de 14%. Par ailleurs, la dépendance à l’égard de l’étranger est importante, étant donné que la Suisse ne dispose d’aucune installation de stockage permettant d’entreposer du gaz naturel pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois et ne peut donc constituer la moindre réserve. Il faut aussi tenir compte des émissions de CO2: une installation d’une puissance de 400 MW tournant 6000 heures par an émet un million de tonnes de CO2. Soit environ 2,5% des émissions de CO2 en Suisse. En outre, le CO2 émis doit être compensé, ce qui est très difficile en Suisse. Sous la législation actuelle, il est donc impossible en Suisse d’exploiter une centrale combinée à gaz dans de bonnes conditions de rentabilité. Il faut s’attendre par ailleurs à de considérables résistances locales au cours de la phase d’établissement de projet.

On peut aussi produire de l’énergie de manière décentralisée. À partir de biomasse par exemple. (Photo: installation d’Axpo Kompogas à Oensingen)

Systèmes d’approvisionnement décentralisés Ces systèmes se trouvent toujours à proximité du consommateur. Les petites centrales de cogénération produisent à la fois de l’électricité et de la chaleur. On distingue les installations utilisant des énergies renouvelables (petite hydraulique, photovoltaïque, énergie éolienne, biomasse) et celles employant des énergies non renouvelables (centrales de cogénération à gaz, microturbines à gaz, piles à combustible). Selon leur taille, les centrales de cogénération produisent de l’électricité avec un rendement situé entre 25 et 40% environ. On peut aussi utiliser la chaleur, ce qui permet d’atteindre un rendement total d’environ 90%. Une centrale de cogénération a du sens lorsque l’on peut simultanément couvrir des besoins de chaleur (chaleur de processus ou chaleur de chauffage l’hiver, p. ex.). La baisse des besoins de chauffage des bâtiments liée à l’amélioration de l’isolation réduit néanmoins le potentiel des centrales de cogénération, puisque l’on chauffe avec moins de puissance et moins longtemps. Les efforts pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments vont donc à l’encontre des intérêts des exploitants de centrales de cogénération. Les coûts de production d’une centrale de cogénération sont dominés par trois grands facteurs: les coûts d’investissement, le nombre d’heures d’exploitation par an et le coût du combustible. Les coûts d’investissement spécifiques dépendent de la capacité de la centrale. Plus une installation est petite (maison unifamiliale p. ex.), plus l’investissement est élevé. Les coûts de production des grandes centrales oscillent entre 15 et 20 ct./kWh compte tenu de l’exploitation des rejets thermiques; les coûts de production des très petites installations sont nettement plus élevés. Dans la pratique actuelle, pour l’électricité consommée, aucun coût n’est porté en compte pour les prestations système et les réseaux, si bien que, dans certains cas (centrales de plus grande capacité généralement), le propre approvisionnement peut être commercialement intéressant. Il n’est pas certain que cette pratique de subventionnement indirect sera maintenue à l’avenir. L’électricité produite par les centrales combinées à gaz est nettement plus chère que le courant électrique négocié en Bourse.

Comparaison des grandes centrales

les centrales combinées à gaz et les centrales nucléaires.

La comparaison des différentes technologies de production montre clairement que toutes les technologies présentent des avantages et des inconvénients. Entrent en considération parmi les grandes technologies les centrales nucléaires, les centrales hydrauliques, les centrales de cogénération à gaz et les centrales à charbon.

Une comparaison des coûts de production par kilowattheure montre que les centrales nucléaires produisent de l’électricité à un coût bien infé­rieur à celui des centrales combinées à gaz. La différence réside principalement dans le coût des combustibles, donc dans les coûts respectifs de l’uranium et du gaz. En l’occurrence, les centrales combinées à gaz sont soumises aux fluctuations du prix du gaz sur le marché mondial. Le gaz représente plus de 70% des coûts de production de l’électricité générée par une centrale combinée à gaz, qui s’élèvent à environ 12 centimes par kWh.

Même à plus long terme, les nouvelles énergies renouvelables et les installations décentralisées ne pourront pas produire suffisamment d’énergie pour résoudre la pénurie d’électricité. Il faudra donc que la Suisse investisse aussi dans de grandes centrales. Les options possibles sont les centrales hydrauliques, les centrales combinées à gaz, les centrales à charbon et les centrales nucléaires. En ce qui concerne l’énergie hydraulique, le potentiel est pratiquement épuisé. D’ici à 2020, il faut même s’attendre à des baisses de production d’environ 10% en raison du changement climatique et de la problématique des débits résiduels. Les centrales à charbon sont hors course vu leurs émissions élevées de CO2 et les difficultés logistiques que pose le combustible (transport du charbon en Suisse). Restent donc

Dans le cas des centrales nucléaires, ce sont au contraire les coûts d’investissement qui constituent le principal facteur, le coût du combustible ne jouant qu’un rôle négligeable. Les coûts de production incluent au demeurant les coûts liés à l’élimination des déchets radioactifs et au démantèlement des centrales à la fin de leur cycle de vie. À l’heure actuelle, les coûts de production d’une centrale nucléaire d’une puissance de 1600 MW se situent aux alentours de 7 à 8 centimes par kWh selon le type de centrale.

Coûts de production des centrales combinées à gaz et des centrales nucléaires

Centrale combinée à gaz 400 MW

Centrale nucléaire 1600 MW min. Centrale nucléaire 1600 MW max. ct./kWh 0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

Coûts d’investissement Exploitation et maintenance Coût du combustible Coûts liés au CO2 Élimination Source: Axpo

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 16 | 17

Importations La Suisse importe et exporte de l’électricité. Les importations ne sont toutefois pas une piste réaliste si nous voulons résoudre le problème de pénurie. Les pays voisins sont en effet confrontés aux mêmes défis énergétiques que la Suisse. La Suisse est une plaque tournante de l’électricité en Europe. Elle importe l’électricité nécessaire pour couvrir ses besoins et vend à l’étranger le courant excédentaire qu’elle a produit. Des droits d’achat à long terme auprès de centrales nucléaires d’Electricité de France (EDF) assurent actuellement à la Suisse des possibilités d’importation privilégiées qui lui permettent de surmonter des problèmes d’approvisionnement ponctuels l’hiver. Cela dit, le marché européen libéralisé de l’électricité n’autorise plus ce genre d’importations privilégiées. Ces accords ne pourront donc plus être maintenus bien longtemps. En Europe aussi, la consommation de courant électrique augmente sans cesse. En hiver en particulier, au cours d’une période de grand froid, il peut en résulter des situations critiques tant en Suisse que dans les pays limitrophes. Par ailleurs,

les autres pays européens sont confrontés à de gros problèmes au niveau du renouvellement et de la transformation de leurs systèmes d’approvisionnement en électricité. Les grandes centrales atteignent les limites de leur durée de vie prévue et les réseaux électriques doivent être adaptés à l’injection croissante (et fluctuante) de courant produit à partir d’énergies renouvelables. Nos voisins sont donc confrontés eux aussi au défi du renouvellement du parc de centrales. En outre, la Suisse ne pourra pas maintenir le faible niveau de prix de l’électricité si elle est contrainte de recourir aux importations. Il faudrait se résoudre à payer de plus en plus les prix plus élevés couramment pratiqués dans les pays limitrophes. Enfin, l’électricité suisse est aujourd’hui quasiment exempte de CO2. Comme la part des centrales fossiles (charbon, gaz) est plus élevée à l’étranger, le courant électrique importé a un effet plus négatif sur le climat. Conclusion: si la Suisse veut rester autonome en termes de sécurité d’approvisionnement, elle doit être en mesure de produire elle-même suffisamment d’électricité, y compris l’hiver.

Réseaux Un approvisionnement fiable en électricité passe par une bonne infrastructure de réseau. Le développement de cette infrastructure doit être soutenu, en collaboration avec nos partenaires européens. Pour garantir la sécurité d’approvisionnement, il faut disposer de capacités de production suffisantes et disponibles à tout moment mais aussi de réseaux électriques fiables. La fiabilité de ces réseaux dépend de l’infrastructure (lignes, transformateurs, etc.) et du soin apporté à leur exploitation et à leur maintenance. Depuis 2008, Swissgrid est responsable de l’exploitation du réseau haute tension en Suisse. Actuellement, l’infrastructure de réseau est suffisante dans le Nord de la Suisse. Ce qui pose problème, c’est l’interconnexion avec les régions de production dans le Tessin et le Valais. Pour garantir la sécurité d’approvisionnement à l’avenir, il est essentiel, au cours des années qui viennent, de mettre en œuvre le «plan sectoriel des lignes

de transport d’électricité (PSE)» selon le calendrier fixé. Ce plan, qui prévoit différents renforcements et extensions du réseau suisse, permettra de résoudre les problèmes d’approvisionnement ponctuels rencontrés déjà aujourd’hui dans les régions alpines et en Suisse méridionale (transport depuis les lacs de retenue). À l’avenir, les réseaux et les capacités de production devront encore être mieux coordonnés et développés à l’échelon européen. Parfaitement interconnectés, la Suisse et ses voisins peuvent se prêter une assistance mutuelle en cas de situations critiques (lors de grandes pannes dans le réseau p. ex.). Essentielle pour la sécurité d’approvisionnement, cette interconnexion garantit aussi le parfait déroulement des importations et exportations d’électricité. Vu l’augmentation de la production de courant – très fluctuante – à partir de nouvelles énergies renouvelables et sa régulation (à l’aide de lacs de retenue p. ex.), les réseaux seront davantage sollicités dans le futur.

L’électricité est une énergie bon marché Une comparaison des prix de l’électricité en Suisse avec ceux pratiqués chez nos voisins montre que le courant électrique est bon marché dans notre pays depuis de longues années. La comparaison avec d’autres sources d’énergie comme le gaz ou le pétrole tourne également à l’avantage de l’électricité. Il est extrêmement difficile de prévoir l’évolution des prix de l’énergie dans le futur. Les prix du pétrole fluctuent en fonction de la demande de carburants ou réagissent aux perturbations dans l’approvisionnement. Les prix du gaz sont liés aux prix du pétrole, étant donné que les investissements élevés qu’a nécessités l’approvisionnement en gaz de l’Europe ont dû être couverts dans le passé par les producteurs et transporteurs de gaz. Le marché mondial du charbon est en revanche fortement influencé par les besoins énergétiques du continent asiatique. Comme la production d’électricité en Suisse est assurée à plus de 90% par l’énergie hydraulique et nucléaire, les fluctuations de prix sur le marché du gaz et du pétrole sont d’une importance négligeable pour les prix du courant électrique suisse. Par ailleurs, la production d’électricité est quasiment exempte de CO2 en Suisse, si bien que contrairement à ce qui se passe en Allemagne ou en Italie, les prix des certificats CO2 n’ont pratiquement aucune incidence sur les prix du courant électrique en Suisse.

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 18 | 19

Cela dit, les centrales nucléaires ont besoin elles aussi de combustible et le prix de ce combustible est soumis lui aussi aux lois du marché. Toutefois, le prix de l’uranium ne constitue qu’une petite partie des coûts de production totaux et n’a dès lors qu’une incidence minime sur le prix de l’électricité. Par ailleurs, il est parfaitement possible en Suisse de stocker de l’uranium pour plusieurs années de production. Les centrales nucléaires sont donc plus ou moins à l’abri d’éventuelles fluctuations de prix à court et moyen terme. Cette situation se traduit par des prix de l’électricité à la fois stables et bas, comme le montre la comparaison avec les prix des autres énergies en Suisse. Une comparaison avec les prix du courant électrique pratiqués par nos voisins montre en outre que les prix de l’électricité en Suisse figurent parmi les plus bas.

Évolution réelle des prix de l’énergie entre 1995 et  2009 (Base 1995 = 100) 400 350 300 250 200 150 100 50 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Mazout: extraléger en CHF/100 l; catégorie 300 l à 6000 l Électricité en ct./kWh; type III (consommation annuelle: 4500 kWh) Gaz en ct./kWh; type II (consommation annuelle: 20 000 kWh) Essence en CHF/l; sans plomb 95 octane Source: Office fédéral de l’énergie, Office fédéral de la statistique, 2009; estimations Axpo

Comparaison des prix au client final pour les ménages (2008) et l’industrie (2009) Ménages France Suisse Autriche Allemagne Italie Industrie France Suisse Autriche Allemagne Italie CHF/100 kWh 0

10

20

30

40

Prix de l’électricité (énergie et réseau) Impôts incl. (hors TVA) TVA incl. Source: Eurostat, Office fédéral de l’énergie, Axpo

Une électricité écologique La production suisse d’électricité est quasiment exempte de CO2.

un système de négoce de droits d’émission a été introduit pour atteindre cet objectif au meilleur coût possible et respecter les limites maximales pour les gaz ayant un impact sur l’environnement. Les exploitants de centrales thermiques à combustibles fossiles doivent dès lors être en possession de droits d’émission, dont le prix peut fluctuer et influer ainsi sur le prix de l’électricité.

Dans de nombreux pays d’Europe, la production d’électricité repose sur l’emploi de combustibles fossiles tels que le charbon, le gaz et le pétrole. Une centrale à charbon émet environ 900 g de CO2 par kWh d’électricité produit, une centrale combinée à gaz, environ 430 g. Les pays possédant un grand nombre de centrales thermiques à combustibles fossiles émettent donc de grandes quantités de ce gaz ayant un impact considérable sur l’environnement.

La Suisse s’est aussi engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. De nombreux pays cherchent à conclure un nouvel accord international sur la protection du climat, qui imposera à la Suisse de gros efforts à long terme.

En Suisse, au contraire, la production d’électricité est quasiment exempte de CO2 car elle repose en grande partie sur l’énergie hydraulique et nucléaire et, à l’avenir, de manière croissante sur les nouvelles énergies renouvelables.

La Suisse disposant d’un parc de centrales quasiment exempt d’émissions, des améliorations paraissent presque impossibles. Vu la législation suisse en matière de CO2, l’emploi de combustibles fossiles ne peut être rentable, puisque le CO2 émis doit être essentiellement compensé dans le pays, ce qui est beaucoup plus onéreux.

D’ici à 2020, l’UE entend réduire les émissions de CO2 de 20% par rapport à 1990. Dans l’UE,

Émissions de gaz à effet de serre de la production d’électricité tout au long du cycle de vie Allemagne Italie Autriche France UE Suisse 0

100

200

300

400

500

600

Équivalent carbone en gramme par kilowattheure d’électricité produit

700

800

Source: EPFZ, ecoinvent, 2007

Émissions de CO2 de la production d’électricité CO2 combustible (émissions directes)

Centrale au fil de l’eau

CO2 d’autres processus

Centrale à accumulation Centrale nucléaire Centrale éolienne Géothermie Photovoltaïque Centrale de cogénération biogaz Centrale combinée à gaz Centrale de cogénération gaz naturel Centrale à charbon 0

100

200

300

400

500

600

Gaz à effet de serre en gramme par kilowattheure d’électricité produit De l’électricité pour aujourd’hui et demain 20 | 21

700

800

900

1000

Source: Axpo

Options pour la Suisse Il est clair que chaque technologie présente des avantages et des inconvénients, qu’ils soient économiques, écologiques ou sociaux. Ce sont les fournisseurs d’énergie en lice sur le marché qui construisent et exploitent les nouvelles centrales. Les décisions d’investissement pour de nouvelles centrales reposent sur différents facteurs. Ces facteurs incluent les coûts mais aussi l’évolution attendue de la consommation, les développements à l’étranger et le contexte légal global. Par ailleurs, la politique et l’opinion publique jouent un rôle dominant. La production d’électricité future se répartit en deux catégories: la première catégorie, celle des «capacités de production d’électricité assurées», englobe toutes les centrales actuellement disponibles, jusqu’à la fin de leur durée de vie économique. Concernant l’énergie hydraulique, on peut partir du principe que celle-ci sera disponible presque indéfiniment, même si les quantités d’eau exploitables sont appelées à diminuer au fil du temps – la baisse pourrait atteindre 10% – compte tenu du changement climatique et des règles en matière de débits résiduels. Pour ce qui est des centrales existantes basées sur les énergies renouvelables, on part du principe par ailleurs qu’elles seront de nouveau remplacées par des énergies renouvelables à la fin de leur cycle de vie. La deuxième catégorie recouvre les capacités de production d’électricité planifiées. En font partie toutes les centrales qui n’ont pas encore été construites. Ici, on part du principe que l’objectif du Conseil fédéral, qui prévoit que d’ici à 2030 5,4 TWh supplémentaires devront provenir des énergies renouvelables, sera atteint et que ce chiffre sera porté à environ 10 TWh d’ici à 2050. Selon les experts, les installations fossiles décentralisées ne pourront pas résoudre les pénuries restantes. Il en va de même des importations, qui peuvent tout au plus constituer un complément à la production domestique.

Les centrales combinées à gaz et les centrales nucléaires constituent donc les seules alternatives possibles. La dépendance à l’égard du gaz et le problème actuellement insoluble de la compensation domestique des émissions de CO2 ont amené Axpo à ne pas poursuivre la construction de centrales combinées à gaz en Suisse. Reste l’option de l’énergie nucléaire. Dans ce domaine, de concert avec BKW FMB Energie SA et d’autres partenaires éventuels, Axpo prévoit la construction de deux centrales nucléaires de remplacement, d’une puissance maximale de 1600 MW, destinées à prendre le relais des centrales nucléaires de Beznau I et II et de Mühleberg et à compenser la perte des importations d’électricité dans le cadre des contrats d’approvisionnement à long terme conclus avec la France. Le point essentiel est l’acceptation sociale des centrales nucléaires. En 2013 probablement, la population devrait avoir la possibilité de se prononcer sur la construction de centrales nucléaires de remplacement. Les options pour un approvisionnement en électricité sûr à long terme et quasiment exempt de CO2 en Suisse sont claires. Les avantages et les inconvénients sont connus. À présent, il faut des décisions rapides et fermes pour mettre en œuvre les options choisies. Si le remplacement et l’optimisation des centrales en Suisse – toutes technologies confondues – sont rejetés, la Suisse perdra son indépendance en matière d’approvisionnement en électricité et dépendra ipso facto davantage de l’étranger. La sécurité d’approvisionnement sera ainsi mise en péril et les prix augmenteront. De plus, la création de valeur ajoutée et le savoir-faire du secteur de l’électricité se déplaceront à l’étranger.

La solution: un mix électrique équilibré Seul un mix électrique équilibré peut assurer durablement l’approvisionnement en électricité de la Suisse. Axpo met tout en œuvre pour atteindre son objectif, à savoir garantir durablement l’approvisionnement en électricité sûr de la Suisse. Les problèmes d’approvisionnement ponctuels qui devraient déjà se profiler pendant l’hiver dans les années à venir ne peuvent être résolus que pour une toute petite partie par les nouvelles énergies renouvelables. L’approvisionnement en électricité doit être assuré pour l’essentiel par de grandes centrales. Il faut décider rapidement, avec discernement et durablement des orientations politiques à prendre pour mettre en œuvre des solutions réalisables. Seul un mix électrique

équilibré mêlant nouvelles énergies renouvelables, énergies renouvelables (la grande hydraulique notamment) et énergie nucléaire permettra d’assurer sur le long terme l’approvisionnement en électricité de la Suisse. Dans le domaine énergétique, la stratégie à suivre doit donc être de conjuguer les différentes options, non d’en exclure certaines. La population et le monde économique et politique doivent faire le maximum pour qu’à l’avenir, la Suisse puisse continuer à bénéficier d’un approvisionnement en électricité à la fois sûr, compétitif et écologique. Au cours des prochaines décennies, la production d’électricité en Suisse pourrait subir de profonds changements au niveau des volumes produits, comme le montre le diagramme ci-dessous.

Production d’électricité et besoins au cours du semestre d’hiver en Suisse Production

TWh

Centrales au fil de l’eau

60

Centrales à accumulation Centrales thermiques conventionnelles

50 40

Nouvelles énergies renouvelables (installations existantes)

30

Centrales nucléaires suisses (installations existantes)

20

Centrales nucléaires françaises, avec fourniture privilégiée Centrales nucléaires françaises, sans fourniture privilégiée

10

Nouvelles énergies renouvelables (nouvelles installations)

0

2 centrales nucléaires 2000

2005

2010

2015

2020

2025

2030

2035

2040

2045

2050

de remplacement Besoins moyens Besoins élevés / besoins faibles Besoins effectifs 2000–2009 Source: Axpo

De l’électricité pour aujourd’hui et demain 22 | 23

Que fait Axpo pour résoudre le problème de la pénurie d’électricité? Se basant sur les constats de l’étude «Perspectives pour l’électricité 2020» et sur les développements actuels, Axpo a tiré les conclusions suivantes pour sa stratégie: • Il est très difficile de prévoir avec précision comment évoluera le secteur de l’énergie. Cela dépendra dans une large mesure d’un certain nombre de facteurs globaux et politiques. Le mix électrique futur, censé garantir un haut niveau de sécurité d’approvisionnement, doit donc être diversifié. C’est la seule manière de limiter les risques. • Depuis 2006, Axpo a déjà investi environ 500 millions de francs dans les nouvelles énergies renouvelables. D’ici à 2030, des investissements d’un montant total de trois milliards de francs sont prévus. L’accent est mis sur la petite hydraulique, le biogaz et la biomasse et, dans le domaine de la recherche, sur la géothermie. Dans ce domaine, Axpo a l’ambition de consolider encore son rôle de leader de marché en Suisse.

• S’agissant de l’énergie de pointe, Axpo a décidé d’investir deux milliards de francs – en collaboration avec le canton de Glaris – dans la construction de la nouvelle centrale de pompage-turbinage de Linth-Limmern. • Pour combler la pénurie d’électricité en ruban, d’une part, Axpo renouvelle et optimise sans cesse ses centrales au fil de l’eau. De l’autre, l’entreprise envisage la construction de deux centrales nucléaires de remplacement, en collaboration avec BKW FMB Energie SA et d’autres partenaires éventuellement, pour remplacer en temps utile les centrales nucléaires existantes de Mühleberg et de Beznau I et II et pallier l’expiration des contrats de fourniture à long terme. • Pour préserver la sécurité d’approvisionnement, Axpo prévoit d’investir un milliard de francs dans l’extension des réseaux. • Axpo mise sur l’efficacité énergétique et, dans cette optique, optimise toutes ses installations et activités. Par ailleurs, l’entreprise encourage également les économies d’énergie.

Mix électrique d’Axpo en 2010 et 2030 2010

2030