Définition de l'écoquartier pour une ville durable - Ville de Gatineau

Les objectifs visés sont ainsi de réduire l'empreinte écologique en minimisant les impacts du bâti sur la nature et ce, tout en favorisant un développement social ...
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Définition de l’écoquartier pour une ville durable 1. Introduction L’intégration des principes généralement reconnus du développement durable (environnement – économie – société) est de plus en plus reconnue et valorisée pour le développement des quartiers urbains, anciens ou nouveaux. À cet égard, les notions d’écoquartier et de quartier durable ou encore les certifications telles que LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) ou LEED-ND (Neighborhood Design), qui étend le label au quartier, cherchent à améliorer la qualité de vie des habitants par l’aménagement de bâtiments et de quartiers permettant le respect de l’environnement et la création de milieux de vie complets et diversifiés, qui s’arriment à un réseau de transport collectif et actif. La popularité grandissante des écoquartiers partout dans le monde révèle également que les autorités publiques, les experts, les développeurs et les populations sont de plus en plus conscients des impacts à court, moyen et long termes liés aux aménagements de types traditionnels. En effet, la facture énergétique actuelle élevée des modes d’occupation et les pressions exercées par la croissance urbaine sur la mise à niveau et l’entretien des infrastructures publiques provoquent une réflexion sur les « bonnes pratiques » à mettre en oeuvre. Le bâtiment et le quartier… considérés à l’échelle de la ville Pour ces raisons, l’écoquartier émerge comme une nouvelle manière de penser la ville, son organisation et les liens entre ses habitants. Les objectifs visés sont ainsi de réduire l’empreinte écologique en minimisant les impacts du bâti sur la nature et ce, tout en favorisant un développement social équilibré. Empreinte écologique

Source : Boucher, 2010

Quoi qu’il n’y ait pas de modèle unique de quartier durable, précisons que certaines composantes et principes de base sont fréquemment cités et utilisés pour guider la conception de ces milieux de vie.

Véronique Martin – SUDD – octobre 2011

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2. Les principes de l’écoquartier

Quelques principes de base de l’écoquartier Composantes Localisation et mobilité durable

Qualité de vie

Mixité et diversité des fonctions urbaines et de l’habitat

Espaces verts, milieux naturels et biodiversité

Gestion intégrée et optimale des eaux

Efficacité énergétique

Gestion intégrée des déchets Stationnement

Principes Consolider les zones urbaines existantes et orienter l’expansion urbaine dans les secteurs pouvant accueillir le développement de façon économique et dans le respect de l’environnement Organiser le quartier en fonction de son accessibilité au transport en commun et de l’intégration des sentiers piétonniers et cyclables Créer lieux de sociabilité accessibles à tous, favorisant les échanges intergénérationnels Déterminer une densité ambitieuse et cohérente avec le milieu existant Réduire les pollutions et les nuisances (sonores, olfactives, lumineuses, etc.) Travail sur la lisibilité et la qualité des séparations entre espaces publics, collectifs et privés Contribuer à faciliter la diversité sociale et générationnelle des habitants du quartier par la variété des typologies d’habitat et de services Diversifier les formes, les ambiances architecturales Interaction des différentes fonctions et usages afin de créer des quartiers complets et autonomes Actions en faveur de l’implantation d’équipements, de services publics et d’activités culturelles et de loisirs au sein ou à proximité du quartier Préserver et mettre en valeur le patrimoine naturel Développer les espaces de nature sur le site du projet, en quantité et en qualité, en instaurant une trame verte et bleue Instaurer si possible des jardins collectifs et des espaces consacrés aux activités agricoles de qualité Gérer localement les eaux pluviales et les eaux de ruissellement Choisir une végétation cohérente avec les ressources en eau et les besoins de drainage du site Conserver et améliorer la qualité des eaux de surface (cours d’eaux, bassins) Étudier le terrain, son orientation, ses dénivelés, la disposition des autres bâtiments et de la végétation afin d’adapter le projet aux contraintes géographiques Recourir aux énergies renouvelables et aux énergies propres Sélectionner des matériaux de construction performants et respectueux de l’environnement Réduire les déchets à la source Limiter, trier et recycler les déchets de chantier et valoriser leur réutilisation Adapter les logements au tri des déchets Réduire les possibilités de stationnement automobile en surface et sur l’espace public

(Sources : CMQ (2011), Guide de référence. Des façons de faire innovantes et durables pour aménager l’espace métropolitain, Plania, 10 pages. MDDTL (2011), ÉcoQuartier, appel à projets ÉcoQuartier 2011, Notice explicative de la grille ÉcoQuartier, Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, France, 57 pages.)

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3. L’écoquartier : de la volonté à la mise en œuvre L’approche de l’écoquartier, c’est intéressant en théorie et sur papier, mais qu’en est-il du passage vers la mise en œuvre? Plusieurs défis et limites peuvent effectivement être soulevés quant à la capacité réelle d’aménager un écoquartier. L’investissement requis, les connaissances techniques, la conciliation entre les diverses parties prenantes et les mécanismes d’accompagnement et de soutien ne sont que quelques exemples des obstacles qui peuvent parsemés la route d’exécution d’un tel projet. 3.1 LEED-ND Dans le but d’encadrer et de permettre l’atteinte de hauts standards de qualité en termes de construction de bâtiment et d’aménagement de quartiers durables, la certification LEED-ND (Leadership in Energy and Environmental Design in Neighborhood Development), conçue en 2007 par l’US Green Building Council (USGBC), propose un système d’évaluation qui conjugue les principes de la croissance intelligente, du nouvel urbanisme et du bâtiment écologique. Le conseil du bâtiment durable du Canada (CBDC) a été sollicité par les professionnels du milieu pour que cette récente certification soit offerte par cet organisme qui encadre déjà la certification du bâtiment durable (LEED).

Catégories de critères LEED-ND Premier critère : La localisation. Orienter le développement dans les parties de territoire pouvant accueillir le développement de façon économique et dans le respect de l’environnement (consolidation des zones urbaines existantes, interrelation des lieux d’habitation et de travail, optimisation du transport collectif et actifs). Deuxième critère : L’intégration de mesures évitant de mettre en péril les espèces menacées, les écosystèmes, les habitats naturels, les marais et les terres agricoles de grande qualité. Troisième critère : L’Incitation à des modes de vie sains – milieux de qualité, conviviaux, inclusifs et accessibles – intégration et mixité des activités. Quatrième critère : L’utilisation efficace des ressources – adapter le projet en fonction de la capacité de support des milieux naturels.

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3.2 Au-delà de la certification : une mouture maison? Si de plus en plus de projets visent l’atteinte d’une certification LEED-ND, une tendance existe également envers l’élaboration de démarches d’évaluation spécifiques au contexte d’intervention. Ces processus qui s’inspirent des principes de l’écoquartier proposent donc des critères et des grilles d’évaluation souvent assorties d’incitatifs divers, financiers ou non. Essentiellement, l’objectif de ces démarches est de propulser et d’encadrer, par le biais de critères reconnus et partagés, le développement de quartiers exemplaires. 3.2.1 Toronto Green Standard À titre d’exemple, mentionnons la démarche entreprise par la Ville de Toronto avec la conception du Toronto Green Standard, qui par le biais de critères associés à différentes catégories comme la qualité de l’air, l’émission de gaz à effet de serre, la qualité de l’eau ou l’écologie, vise la mise en place d’un système de mesure de la performance des nouveaux développements. Ce guide est considéré comme l’une des stratégies clé de la mise en œuvre du Plan d’action de la ville pour les changements climatiques. 3.2.2 Manuel de design urbain de Waterloo Toujours dans le même esprit, la Ville de Waterloo (ON) a conçue un manuel de design urbain qui met de l’avant cinq (5) objectifs étroitement associés à l’écoquartier : promouvoir de hauts standards de design urbain; respecter le contexte et créer un sens du lieu; valoriser la connectivité et l’interaction; promouvoir la créativité et l’innovation et encourager le design durable. Encore une fois, cette initiative permet de mettre en place une démarche reconnue qui vient en appuie aux orientations du Plan Officiel de la municipalité.

4. Études de cas d’écoquartier : Ampersand et le Faubourg Boisbriand Voici de manière très succincte, la présentation de deux cas canadiens d’écoquartiers. Il s’agit d’abord du quartier Ampersand, situé dans le secteur Chapman Mills de la Ville d’Ottawa et ensuite, du Faubourd Boisbriand, projet situé à environ 35 km de Montréal à l’intersection de trois autoroutes (13, 15 et 640). Allant au-delà de la fonction résidentielle, mais sans nécessairement intégrer tous les principes de l’écoquartier, ces deux études de cas illustrent qu’il est possible de concevoir d’ambitieux projets avec comme toile de fond la création de milieux de vie mixtes et diversifiés où la protection de l’environnement est une ligne directrice.

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4.1 Ampersand (Minto Group Inc.) Éléments de mise en contexte : 1 000 logements sur 25 000m2; Financée par l’Initiative des collectivités EQuilibrium (projet de démonstration de collectivités durables conjointement dirigée par Ressources naturelles Canada (RNCan) et la SCHL); « Prêt écologique » sous forme de remboursement d’assurance habitation ou encore location avec option d’achat.

Ampersand Composantes Localisation et mobilité durable Qualité de vie Mixité et diversité des fonctions urbaines et de l’habitat Espaces verts, milieux naturels et biodiversité Gestion intégrée et optimale des eaux

Efficacité énergétique

Gestion intégrée des déchets

Actions envisagées À 15-20 minutes de marche d’un point de transport en commun rapide et du train léger en cours de planification; Réseau piétonnier lié à des parcs. Zones ombragées disposées de manière stratégique; Jardins communautaire et familiaux. Écoquartier multifonctionnel aménagé en fonction d’un milieu de vie complet et dynamique (résidences, commerces, installations communautaires). Couvert végétal sur 30% de la superficie du quartier; Aménagement de sentiers naturels bordant Jock River. Gestion du ruissellement des eaux avec revêtement de chaussée perméable et toits verts; La rétention, le traitement et la réutilisation des eaux de pluie et des eaux ménagères destinées à des applications qui ne nécessitent pas de l’eau potable, comme l’irrigation; Captage et traitement de l’eau de pluie. Vise une certification LEED argent; Systèmes mécaniques et appareils ménagers moins énergivores (Énergie Star); Enveloppe améliorée pour les bâtiments; Système énergétique collectif alimenté par des combustibles non traditionnels comme la biomasse; Énergies renouvelables avec le solaire et l’éolien. Matériaux de construction fabriqués de matières recyclées et de produits conçut localement.

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4.2 Le Faubourg Boisbriand Éléments de mise en contexte : Superficie de 11 millions de pieds carrés; Volets commercial, résidentiel et industriel; Le secteur résidentiel est conforme aux normes LEED®-ND niveau OR (deuxième étape); Densification du tissu urbain; Opération de décontamination par la firme Cherokee; Élaboration de quatre (4) guides d’aménagement (résidentiel; commercial; industriel; enseigne) qui détermine les affectations du sol, les styles architecturaux et les normes à respecter.

Faubourg Boisbriand Composantes

Actions envisagées

Localisation et mobilité durable

Pôle régional multifonctionnel; Site de l’ancienne usine de General Motors démantelée; Cible de réduction de la dépendance à l’auto (proximité des services; réseau intégré de pistes cyclables et piétonnières; gare de train projeté) Piste cyclable, piéton, concept taxibus; Un réseau piétonnier et cyclable.

Design urbain et Qualité de vie

Développement « Life Style »; Éclairage concept (Dark Sky); Une grande place, un lac et un réseau piétonnier et cyclable.

Mixité et diversité des fonctions urbaines et de l’habitat

Le Faubourg accueillera progressivement une centaine de commerces de détail, 1700 triplex, condos et maisons de ville, ainsi que des locaux pour bureaux, un aréna, un théâtre, un hôtel et un complexe résidentiel pour personnes âgées. 2 Tout cela sur moins de 1 km ; Le projet comprend des maisons de ville, des triplex, des condos, des appartements et des résidences pour aînés; 2200 emplois pour le secteur commercial; plus de 1000 emplois pour le parc d’affaires. Un lac et un réseau piétonnier et cyclable; Cible d’espaces verts maximisés; Semailles et gazon écologiques sans fertilisant au phosphore. Cible de réduction de l’utilisation de l’eau (diminution de 30% par choix de robinetterie; utilisation de plantes et pelouses indigènes en collaboration avec un agronome); Un lac naturel de 50 000 pi2 créé par la rétention des eaux de surface et muni d’un système de filtration. Éclairage concept (Dark Sky).

Espaces verts, milieux naturels et biodiversité Gestion intégrée et optimale des eaux

Efficacité énergétique

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Encadré 1 - La gestion intégrée des eaux de pluie Selon un guide de bonnes pratiques élaboré par une équipe de recherche du Ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMROT), il y a trois principaux objectifs liés à la gestion durable des eaux de pluie (GDEP) : Augmenter l’infiltration des eaux de ruissellement à proximité des sites où elles sont produites; Préserver la qualité de l’eau des milieux récepteurs (rivières, ruisseaux, lacs) en favorisant la filtration naturelle des eaux de ruissellement et en réduisant les effets de l’érosion des berges; Rationaliser les investissements en infrastructures par une allocation des ressources qui valorise la multifonctionnalité des espaces. Avant ce concevoir une stratégie de GDEP, il importe de prendre en compte la typologie des pluies de même que les autres enjeux spécifiques au site visé afin de développer une approche qui favorise la connectivité naturelle des milieux par la conservation et la mise en valeur des écosystèmes existants. Sans en fournir une définition détaillée, notons qu’il existe une grande variété de mesures de gestion des eaux pluviales tel le jardin de pluie; la bande filtrante; la citerne d’eau de pluie; la toiture végétale; le puits absorbant; le pavage perméable; les noues et les fossés gazonnés; les bassins et marais filtrants; la réduction de la superficie pavée, etc.. Stratégies applicables à l’échelle du quartier et de la parcelle

(Source : BOUCHER, 2010)

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Encadré 2 – Un projet d’écoquartier exemplaire : La Cité Verte Sis sur un terrain de 93 000 mètres carrés central et urbain, la Cité Verte est un ambitieux projet d’écoquartier en cours. En 2005, SSQ Groupe Financier a fait l’acquisition de cet espace voué à la requalification d’un ensemble comprenant notamment des bâtiments patrimoniaux ayant autrefois habités les activités de congrégations religieuses qui dispensaient des services de santé à la population. Aujourd’hui, les promoteurs souhaitent faire de la Cité Verte un projet de démonstration de quartier durable pour tout le Québec.

Système de chauffage central à la biomasse

Le projet comporte donc plusieurs éléments relatifs à l’écoquartier : la densification urbaine, la gestion des eaux de pluie, l’efficacité énergétique des immeubles, la récupération sélective des matières résiduelles, la gestion des déplacements ainsi que la préservation d’un maximum d’espaces verts. Ajoutons que la Cité Verte pousse un peu plus loin son adhésion à ces diverses mesures en intégrant notamment: Une centrale thermique de biomasse ; L’utilisation de dispositifs à diode électroluminescente (DEL) pour l’ensemble de la signalisation du site ; Un système de collecte pneumatique des déchets à partir d’un réseau souterrain ; Des véhicules motorisés collectifs (bornes communauto) ; Des vélos en libre-service ; Des stationnements souterrains ; Une ventilation et une climatisation naturelle ; L’intégration de systèmes solaires actifs. Plusieurs autres éléments bonifient ce projet d’envergure dont la mise en œuvre mérite d’être suivie de près (http://www.citeverte.ca/app/webroot/eco/). De plus, ce site complémentaire, dédié aux divers aspects de l’écoresponsabilité, mérite grandement d’être consulté pour les nombreuses informations pertinentes qu’il contient : http://www.citeverte.ca/app/webroot/eco/

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6. Les références et les liens utiles BOUCHER, Isabelle (2010). La gestion durable des eaux de pluie, Guide de bonnes pratiques sur la planification territoriale et le développement durable, ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, coll. « Planification territoriale et développement durable », 118 p. BOUCHER, Isabelle et Pierre BLAIS et VIVRE EN VILLE (2010), Le bâtiment durable, Guide de bonnes pratiques sur la planification territoriale et le développement durable, ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, coll. « Planification territoriale et développement durable », 89 pages. CARON, Alain et Pierre BLAIS (2009), Les outils d’urbanisme au service du « quartier durable », Document de veille, MAMROT, ISBN 978-2-550-57139-1, 7 pages. CMQ (2011), Guide de référence. Des façons de faire innovantes et durables pour aménager l’espace métropolitain, Plania, 10 pages. COMMUNAUTÉ DU PAYS D’AIX (ND), Piloter un projet de quartier durable, Guide méthodologique d’après la Charte pour un développement durable à l’échelle du quartier de l’association des Eco-maires, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 26 pages. FÉDÉRATION DES EPL (2009), Écoquartiers. Suivez le guide. 12 engagements pour un aménagement durable, France, 108 pages. MDDTL (2011), ÉcoQuartier, appel à projets ÉcoQuartier 2011, Notice explicative de la grille ÉcoQuartier, MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT, France, 57 pages. PERREAULT, Marc (2009), Le développement durable… un objectif, pas une norme!, Comment traduite le développement durable dans les outils d’urbanisme, Daniel Arbour et associés, 30 octobre 2009, 36 pages. Ressource et assistance en habitation écologique : Ecohabitation.com : http://www.ecohabitation.com/leed La Cité Verte (projet d’écoquartier à Québec) : http://www.citeverte.ca/ Site complémentaire à la Cité Verte portant sur les différentes dimensions de l’écoquartier : http://www.citeverte.ca/app/webroot/eco/

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