COMMENTAIRE D'UNE SCENE DE BRITANNICUS DE RACINE PAR ...

C'est au XVIIe siècle que naît et se développe la tragédie classique. Racine et. Corneille, deux grands dramaturges, connaissent alors le succès. Racine est ...
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COMMENTAIRE D'UNE SCENE DE BRITANNICUS DE RACINE PAR LA SECONDE ARTS VISUELS DU LYCEE ROLAND GARROS

C'est au XVIIe siècle que naît et se développe la tragédie classique. Racine et Corneille, deux grands dramaturges, connaissent alors le succès. Racine est devenu célèbre pour sa pièce Phèdre et également pour une tragédie plus politique, Britannicus en 1669, qui présente le conflit opposant Néron qui est l'empereur de Rome et son demi frère Britannicus, prétendant légitime au trône. Néron abuse de son pouvoir en faisant enlever Junie au début de la pièce. Dans la scène 6 de l'acte II, Junie est face à Britannicus, ce dernier et Néron sont tous deux amoureux d'elle et l'empereur la menace de tuer Britannicus si elle ne lui dit pas qu'elle ne l'aime plus. Les deux amants se retrouvent, Junie sait que Néron les observe, et elle envoie des signaux en essayant de lui transmettre un message. Dans le commentaire de cet extrait, nous analyserons d'abord le fait que Junie a été prise au piège par Néron. Nous étudierons aussi les malheurs de Britannicus, enfin nous verrons le tragique de la scène. Dans un premier temps, Junie est une jeune fille prise au piège dans cet extrait. En effet Néron la menace de s’en prendre à Britannicus si elle ne lui dit pas qu’elle ne l’aime plus. Elle s'entretient avec Britannicus pour le protéger de Néron « Ces murs mêmes, Seigneur peuvent avoir des yeux ; Et jamais l’empereur n’est absent de ces lieux. ». Cette personnification nous montre que Junie essaye de faire comprendre à Britannicus qu’elle est sous la menace de Néron et qu’il est pas loin, dans la même pièce. Cependant Junie offre à Britannicus un accueil glacial, ce qui ne le laisse pas indifférent, il s'exclame : «Vous ne me dites rien ? Quel accueil ! Quelle glace !» mais le public connaît la présence de Néron dans la salle et sait que la jeune femme, craintive, redoute que son amant se fasse tuer, elle est prête à tout pour le protéger, d'où l'ambiguïté de son attitude qui manifeste la piège qui la tient prisonnière. Grâce aux scènes précédentes, nous apprenons que Junie doit jouer ici le jeu de Néron, qui consiste à persuader Britannicus qu'elle ne l'aime plus. En effet Junie a toujours des sentiments pour Britannicus mais Néron la tient prisonnière, il la force à tromper le pauvre Britannicus qui est fou d'amour pour elle. Junie joue vraiment le jeu, elle est froide, elle ne répond pas aux questions, elle l'ignore, elle fait comme si elle n'avait jamais aimé Britannicus :« Qui vous rend à vous-même, en un jour,si contraire ? », « Vous craignez de rencontrer mes yeux ? ». Ainsi le pauvre Britannicus finit par croire que Junie aime Néron :« Néron vous plairait-il ? Vous serais-je odieux ? », « Ne suis-je plus dans votre souvenir ? ». Nous pouvons conclure que Junie joue vraiment le jeu de Néron au point que Britannicus finit par croire que Junie ne l'a jamais aimé et que celui qu'elle a choisi est Néron, il finit aussi malgré lui par rentrer dans le jeu de Néron. Pourtant Junie tente de transmettre un message à son amant à travers une personnification dans le texte. Elle tente de dire à Britannicus que Néron est présent avec eux en disant au vers 21 « Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux » et au vers 22 « Et jamais l'empereur n'est absent de ces lieux » mais Britannicus ne s'en aperçoit pas. De plus, au vers 32 « Ah ! Seigneur ! vous parlez contre votre pensée », elle coupe la parole à Britannicus pour l'empêcher de dénoncer ses complices car ils sont contre Néron. Junie craint que Néron ne tue Britannicus, sa mère et les autres personnes qui sont contre lui car c'est un fou. Pour finir, la jeune fille renonce au vers 50 « Retirez-vous, Seigneur,

l'Empereur va venir. » car son amant ne comprend pas que Néron est près d'eux. Les personnages de la tragédie sont donc bel et bien pris au piège. Après avoir étudié le comportement de Junie, penchons nous sur celui de Britannicus dans la deuxième partie du commentaire. Celui-ci est malheureux car il craint de ne plus jamais revoir la jeune femme qu'il aime : «Hélas ! Puis-je espérer de vous revoir encore ? ». Puis il se trouble car il est dans l'incompréhension ; il croit même que Junie est tombée amoureuse de Néron, il lui pose de nombreuses questions auxquelles celle-ci ne répond pas, comme « Et depuis quand madame êtes-vous si craintive ? Quoi ! Déjà votre amour souffre qu’on le captive ? ». Progressivement il doute de la fidélité de Junie, alors qu'il est en réalité victime d’un subterfuge. Il pense au bout d’un moment que Junie défend Néron car il lui demande « Néron vous plairait-il ? » et elle ne répond pas : «Vous ne me dites rien !». Il croit qu’elle a peur de croiser son regard «Vous craignez de rencontrer mes yeux ?». Britannicus se voit détestable aux yeux de Junie qui l’aimait, il l'interroge, horrifié: «Vous serais-je odieux ?». Britannicus est malheureux car il pense être trompé par Junie, sa bien aimée, qui en réalité ne fait que le protéger car Néron est sûrement capable de mettre sa menace à exécution. La scène est tragique car, tout d'abord, il y a de la jalousie, de la tromperie et des menaces : Néron a fait enlever la jeune fille et menace de faire périr Britannicus, si elle ne persuade pas ce dernier qu'elle ne l'aime plus. On y trouve donc le champ lexical de la souffrance comme par exemple les mots « chagrin », « hélas » ou « douleur » . La tragédie provoque également la pitié, comme dans cet extrait de Britannicus qui contient les mots « craintive » et « courroux » . Cette scène est un dialogue entre Britannicus et Junie qui parlent de leur amour malheureux, sur un fond de conflit politique qui passe alors au second plan. L'émotion du passage naît de l'ironie du sort qui empêche les amants de se retrouver et de communiquer. La rivalité entre les frères et le piège où se trouve Junie annoncent par conséquent un dénouement tragique. Dans ce commentaire nous avons vu tout d’abord que Junie était une jeune fille prise au piège. En effet elle doit jouer le jeu de Néron, mais elle essaie de transmettre un message à Britannicus. Cependant celui-ci est très malheureux car il est dans l’incompréhension du refus de Junie à le voir. Par conséquent cette attitude provoque le soupçon de Britannicus envers Junie qui le trahirait avec Néron. Le tragique de la scène repose donc sur le malentendu. Finalement cet extrait fait partie du genre de la tragédie comme la célèbre œuvre de Shakespeare, Roméo et Juliette, lorsqu'il y a une incompréhension dans la scène finale où Roméo met fin à ses jours croyant sa bien aimée morte. REDIGE COLLECTIVEMENT EN DECEMBRE 2014.