COLONIE MODERNE Le Cambodge d’aujourd’hui
COLONIE MODERNE Le Cambodge d’aujourd’hui Après des décennies de tensions et le massacre d’un cinquième de sa population il y a 40 ans, le Cambodge est aujourd’hui en pleine mutation économique avec un tourisme de masse et une présence chinoise de plus en plus écrasante. En effet, le nombre de touristes a doublé entre 2010 et 2015 et le pays a pour projet d’accueillir près de 10 millions de touristes en 2025. La stabilité politique établie sous l’autorité de Hun Sen, premier ministre, attire nombre d’investisseurs étrangers et permet au pays de bénéficier d’un des plus forts taux de croissance de la région. Mais avec un dirigeant au pouvoir depuis 34 ans, l’interdiction de l’opposition et la fermeture de journaux indépendants le pays est il encore vraiment une démocratie ?
centaines hôtels et casinos ont été récemment construits à l’attention de la classe moyenne émergente chinoise, les cambodgiens n’ayant pas le droit aux casinos. C’est alors au détriment des cambodgiens, de l’écologie et de liberté politique que le Cambodge est devenu aujourd’hui une destination paradisiaque pour un tourisme de masse et les investissements étrangers. La présence chinoise à chaque niveau du royaume laisse se questionner sur l’indépendance du royaume qui semble devenir petit à petit une simple parcelle de la république populaire de Chine
Plus de 50 ans après la fin du protectorat français, La proximité du royaume cambodgien avec le le Cambodge est il en train de devenir une colonie moderne ? gouvernement chinois métamorphose aussi le pays de plus en plus. En 2016, la Chine représentait 30% des investissements en capitaux dans le pays. Mais la pratique chinoise qui est d’importer sa propre main d’oeuvre pour opérer ses investissements au Cambodge fait que les locaux ne voient jamais les bénéfices de tels investissements. Un des exemples les plus concrets de l’afflux de capitaux chinois est la ville côtière de Sihanoukville, où des
Page précédente : Des touristes devant un temple dans les jardins du palais royal à Phnom Penh. En fond The Peak Cambodia Phnom Penh en construction par une entreprise singapourienne. Cet ensemble de trois buildings sera un hôtel de luxe et un centre commercial. À gauche : Le Sokha Phnom Penh Hotel, un hôtel de luxe dans la capitale appartenant au grand groupe Sokimex. Cet hôtel a été bâti en 2008 en plein essor du tourisme du masse dans le pays. L’entreprise est impliquée dans l’importation de produits pétroliers, le développement d’infrastructures (stations service etc...), la gestion d’hôtels, de casinos et une compagnie aérienne .
Jusqu’en 1953, à la fin de la guerre d’Indochine et ce pendant près de cent ans le Cambodge a été sous protectorat français qui s’est terminée par une grande instabilité politique. En 1967 le pays sombre dans la guerre civile avec le soulèvement des Khmers rouges, mouvement politique et militaire communiste radical d’inspiration maoïste. Durant cette guerre civile, les Khmers rouges arrivent au pouvoir de 1975 à 1979. Cette tranche de l’histoire qui s’est terminé il y a quarante ans pile a profondément marqué l’histoire du pays. C’est 1.7 millions de personnes qui sont massacrées par le régime de Pol Pot, soit environ 20% de la population de l’époque. Le Vietnam envahit alors le pays fin 1978 pour y mettre un régime sous son égide pendant plus de 10 ans. Le Cambodge verra le retrait militaire total du Vietnam en 1989. Durant toute cette période, le pays n’a plus aucune infrastructure, toutes détruites par la guerre, et se retrouve sans économie. Le pays traverse alors une période de maladie et de famine. Le pays est mis sous tutelle de l’ONU en 1991 dans le cadre du processus de paix. Pendant deux ans de tentatives de pour-parlés et d’élections le pays retourne à la monarchie parlementaire où c’est le premier ministre qui possède de plus en plus la majorité du pouvoir. De 1993 à 1999 le pays fait toujours face aux Khmers rouges qui perdent petit à petit leurs soutiens, au début la Chine, puis les Etats Unis dans les années 80. C’est en 1999 que les Khmers rouges sont écrasés une bonne fois pour toute, après l’arrestation de tous ses leaders. Aujourd’hui bien que officiellement une démocratie, son principal dirigeant, le Premier ministre Hun Sen, proche de la Chine, est en réalité au pouvoir depuis 34 ans. Le pays devient petit à petit un régime totalitaire, à l’ombre d’un tourisme paradisiaque, où les partis d’oppositions sont interdits et les militants traqués et emprisonnés, les médias sont contrôlés par le pouvoir et Internet de plus en plus surveillé.
Le musée du génocide Tuol Sleng, situé à Phnom Penh, est une ancienne prison, la plus connue des quelque 196 prisons que la dictature communiste des Khmers rouges avait disséminées à travers le Cambodge durant les années 1970. Il fût créé en 1980 juste après la chute du régime de Pol Pot. Ce musée créé sous l’égide vietnamienne a eu entre autre comme but politique de justifier l’invasion du pays contre le les Kgmers rouges et ainsi légitimer le régime nouvellement mit en place. Selon des historiens des rapprochements au régime Nazi ont été faits pour encore plus légitimer les changements politiques orchestrés par le Vietnam et certains opposants politiques n’ont pas hésité à qualifier ce musée de pure invention politique. Le musée est aujourd’hui un lieu de visite obligatoire pour les touristes et de nombreux écoliers.
Le Cambodge est aujourd’hui l’une des destinations du sud est de l’Asie les plus dynamiques dont 10% du produit national brut provient du tourisme. L’industrie du tourisme au Cambodge a pris une ampleur considérable ces dernières années. En effet, le nombre de touristes a doublé entre 2010 et 2015 et le pays a pour objectif d’accueillir près de 10 millions de touristes en 2025. Cette industrie devrait générer en 2020 un revenu de 5 milliards de dollar pour le pays. Le tourisme y est devenu un des piliers du développement économique et social. L’augmentation du tourisme est due à la stabilité politique et à la volonté du royaume d’attirer des investisseurs étrangers. En réalité, cette forte augmentation de visiteurs au Cambodge a un impact dramatique sur les locaux en plus du patrimoine architectural et naturel de ce pays d’Asie. L’attractivité du site archéologique d’Angkor et la stabilité du pays depuis l’ouverture du site il y a 25 ans l’ont gravement mis en danger en ne cessant de fragiliser son architecture. Rien que pour Angkor, il est prévu environ deux millions de visiteurs en provenance de Chine pour l’année 2019. C’est d’ailleurs avec le soutien d’un fond d’investissement basé en Chine que l’Etat cambodgien planifie de construire un nouvel aéroport près de Siem Reap, la grande ville proche des temples.
Durant une cérémonie religieuse un groupe de touriste marche en plein milieu de la prière sous le regard dépité des locaux. Ici, les coutumes locales sont rarement respectées.
Une rue de Phnom Penh où chaque enseigne est un bar où l’on trouve plusieurs jeunes femmes cambodgiennes qui attendent les touristes. L’on peu ainsi voir des groupes de touristes autour d’une seule femme ou l’inverse, un homme entouré de plusieurs femmes. Le tourisme sexuel au Cambodge est très rependu même si dans la majorité des restaurants il est interdit et sur des pancartes il est invité à dénoncer ceux qui le pratiquent.
Les décennies de conflit ont détruit la plus grande partie de l’infrastructure du Cambodge. L’UNICEF estime que la couverture sanitaire du Cambodge est de 8%, soit le taux le plus bas de la région et le second plus bas en dehors de l’Afrique. Beaucoup de logements ruraux ne disposent pas d’installations d’assainissement de base et les intéressés sont peu sensibilisés aux pratiques d’une bonne hygiène. Chez les particuliers ou à l’école, les toilettes sont souvent absentes tout comme le savon pour se laver les mains. Phnom Penh bénéficie néanmoins d’un approvisionnement en eau décentonnement en eau de Phnom Penh (PPWSA) étant potable. Cependant les canalisations souvent vétustes obligent la population et les touristes à boire dans des bouteilles en plastiques ce qui augmente gravement la pollution.
SIHANOUKVILLE Sihanoukville, dans le sud-ouest du Cambodge, est une ville balnéaire et touristique en plein essor qui compte de nombreux casinos et où les investissements chinois se multiplient ces dernières années. La ville abrite le seul port en eau profonde du Cambodge et un aéroport géré par le groupe français Vinci. Ancienne petite cité côtière elle est depuis quelques années un chantier à ciel ouvert qui défigure complètement le paysage et l’économie locale.
Les prix des terrains dans le centre de Sihanoukville ont augmenté d’environ 100% par rapport à la fin de l’année dernière. L’arrivée de ces investisseurs inquiète. Il devient impossible pour la masse des Cambodgiens de faire face à une telle concurrence et de pouvoir payer les loyers ce qui les pousse à devoir quitter la ville. Tous ces investissement ne favorise même pas l’emploi dans la ville. Avec environ 40.000 chinois dont plus de 10.000 travailleurs, les Cambodgiens ne sont que peu employés sur les chantier. Le gouverneur de Sihanoukville luimême met en garde le gouvernement contre certaines dérives : développement d’activités criminelles de membres de la mafia, impact négatif de l’inflation des logements sur le coût de la vie, absence de retombées économiques d’activités contrôlées et construites par et pour les Chinois.
Elle doit devenir une station balnéaire de haut standing notamment portée par l’industrie du jeu pour une clientèle avant tout chinoise. On comptait 15 casinos en 2015, contre environ 90 établissements aujourd’hui. Les devantures de magasins, hôtels et autres commerces sont souvent écrites uniquement en mandarin ce qui témoigne bien d’une présence chinoise de plus en plus forte. Selon un rapport des autorités provinciales de Preah Sihanouk, Une colonie chinoise en territoire khmer, les ressortissants chinois détiennent plus comme on l’entend régulièrement dans la bouche des locaux. de 90% des entreprises à Sihanoukville, allant des hôtels aux casinos, en passant par les salons de massage.
la ville de Shianoukiville depuis les hauteurs. Derriere et tout autour des chantiers partout. Aujourd’hui la ville est totalement polluée avec un smog constant de pollution et de poussiere audessus d’elle.
Selon le ministre cambodgien de l’économie et des finances, le nombre de casinos au Cambodge a augmenté de 53% au cours de l’année passée. Le royaume compte désormais 150 casinos enregistrés auprès des autorités dont 88 rien qu’à Shianoukville, contre 98 à la fin de l’année 2017. Et même si en théorie l’accès de ces établissements est interdit aux citoyens cambodgiens, beaucoup dépensent leurs économies sur les tapis verts du royaume.
Ici, les pannes d’électricités sont courantes. Pour remédier à cela, les grands hôtels utilisent de grands groupes électrogènes qui se mettent tous à vrombir en même temps sous une fumée de gaz d’échappement.
Les accidents du travail et de la route sont très réguliers ici. En 2018, 3267 accidents ont été enregistrés pour 1761 décès soit 34 fois plus qu’en France par rapport à la population totale. Le 22 juin, un immeuble en cours de construction, appartenant à un chinois, s’est effondré à Sihanoukville coûtant la vie à 28 ouvriers qui dormaient dans le bâtiment. Le chantier qui n’avait pas reçu les autorisations nécessaires comptait sept étage au moment de l’accident pour seulement deux de prévus à la base. C’est la première fois que le Cambodge fait face à une telle catastrophe. Chaque année des dizaines d’ouvriers trouvent la mort sur des chantiers mal encadrés.
Les critiques disent que «la Chine est en train de coloniser le Cambodge... et même si la Chine voulait contrôler le Cambodge, le Cambodge ne le laisserait pas faire», a déclaré M. Hun Sen lors de l’inauguration d’une future autoroute financée entièrement par la Chine à hauteur de 2 milliard de dollars qui reliera Sihanoukville à la capitale.