Clôture du Forum mondial de l'Education - Confemen

21 mai 2015 - sont la proie de mafieux, passeurs et trafiquants, qui exploitent de manière assassine leur rêve d'une vie meilleure. Je pense, et vous aussi, ...
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Incheon (Corée du Sud), 21 mai 2015

Clôture du Forum mondial de l’Education

Allocution de Mme Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie

Seul le texte prononcé fait foi

Monsieur le Vice-Premier ministre et ministre de l'Éducation de la République de Corée, Madame la Directrice générale de l'UNESCO, Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Merci Monsieur le Vice-Premier ministre et ministre de l'Éducation, merci à la République de Corée de nous avoir accueillis

avec tant

d'égards, tant d'attentions pour ce Forum mondial de l'Éducation. Un Forum que l'on doit, d'abord, à l'UNESCO et à sa Directrice générale dont nous connaissons tous ici l'engagement indéfectible en faveur de l'éducation et de la culture. Je veux, une fois de plus, chère Irina Bokova, vous en féliciter et vous en remercier.

Mesdames et Messieurs, Chers amis, Que de femmes et d'hommes de grande volonté et de grande valeur ici réunis. Toutes et tous convaincus que l'éducation est la priorité des priorités. Toutes et tous prêts à agir et à s'investir. Mais ce qui nous unit toutes et tous ici dans cette salle, c'est une même inquiétude. Je suis inquiète. Le temps presse.

La population des jeunes à qui nous pensons et dont nous avons parlé tout au long de ce forum n'a jamais été aussi nombreuse dans toute l'histoire de l'humanité. Qu'avons-nous à leur offrir? Ils se le demandent eux-mêmes, tous les jours.

Ils

expriment

et

manifestent

un

sentiment

d'impasse,

d'impatience, de désenchantement et de frustration. Je pense, et vous aussi, à tous ces jeunes, hommes et femmes, qui vont jusqu'à affronter la mort sur des embarcations d'infortune et qui sont la proie de mafieux, passeurs et trafiquants, qui exploitent de manière assassine leur rêve d'une vie meilleure.

Je pense, et vous aussi, à tous ces jeunes en colère, en détresse, qui dans leur quête d'identité et d'appartenance, sont entraînés par d'autres mafieux à commettre l'irréparable ou à en être les victimes au nom d'une idéologie de la terreur et de la haine, une idéologie de destruction et de mort qui nous déconcerte. Quand comprendrons-nous qu’être désespéré à ce point à 12 ans, à 15 ans, à 20 ans est contre nature ? Le temps presse. Nous sommes dans une véritable course contre la montre. Il nous faut au plus vite leur redonner des raisons d'espérer. Vous les avez entendus, vous les avez rencontrés comme moi, autrement nous ne serions pas là. Nous savons la force de leur créativité. Nous savons leur désir de s'engager, de se dépasser, d'entreprendre. Ne laissons pas à d'autres le funeste projet d'exploiter cette formidable énergie pour la détourner. Prenons les devants. Transmettons à ces jeunes générations

les connaissances, les compétences, les valeurs qui leur permettront de devenir les architectes de leur vie et de la transformation du monde. L’éducation est une arme de construction massive. Investir dans l'éducation, c'est investir dans la stabilité mondiale, c'est investir dans la prospérité mondiale. Les

États,

les

bailleurs,

les

organisations

internationales,

les

entreprises doivent investir dans l'éducation. Nous sommes tous responsables, tous comptables, des échecs comme des réussites. Nous devons toutes et tous nous investir de manière inclusive et participative : la société civile, les jeunes eux-mêmes. Nous avons ici à Incheon, et nous nous en souviendrons, à l'invitation de l'UNESCO, fixé le cap.

Il nous faut maintenant mutualiser les expériences et les expertises, partager nos bonnes pratiques, au Nord comme au Sud, coordonner et rationnaliser les actions, imaginer des partenariats et des financements innovants, favoriser des synergies pour plus d’efficacité, un plus grand impact et des résultats concrets.

Coopérons autrement. L'enjeu l'exige. Ne nous interdisons rien. C'est bien dans ce sens que se mobilise et s'active stratégiquement la Francophonie, passerelle entre 80 États et gouvernements sur les 5

continents. Consciente que chaque année perdue met des vies en danger et le monde en danger. Le Mahatma Gandhi disait fort justement que la différence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait à résoudre une grande partie des problèmes de ce monde. Mesdames et Messieurs, Chers amis, Faisons tout ce que nous sommes capables de faire. Nous le devons à tous ces enfants, à tous ces jeunes. N'attendons pas. Le temps presse.